Le lendemain matin, vers 7h, je me réveillai. Le reste de la maisonnée étant encore endormie à cette heure matinale, je décidai de commencer la lecture d’un livre pris au hasard dans la bibliothèque du salon. Environ une heure et demie plus tard, j’entendis des pas raisonner dans la maison. En me levant, je pus distinguer Axel et Sophie qui se dirigeaient vers la cuisine afin de préparer le petit-déjeuner. En attendant que le couple ait fini de préparer la collation, je poursuivis la lecture de mon ouvrage et, un quart d’heure plus tard, Axel vint m’informer que le petit-déjeuner était prêt. Je le suivis donc jusqu’à la cuisine où je trouvai ma soeur et Sophie en grande conversation. En fixant quelques instants les yeux de Karine, je m’aperçus que ceux-ci étaient rouges, couleur tristement témoin des larmes qu’elle avait laissées couler durant la nuit. Je me gardai cependant de la questionner, pensant que si Sophie lui avait posé la question, ma soeur aurait sûrement prétendu avoir mal dormi cette nuit et son amie n’aurait pas insisté. Nous mangeâmes nos tartines accompagnées de tasses de café puis, une fois la vaisselle faite, Karine et moi prîmes congé des deux tourtereaux pour rentrer chez nous. Je serrai la main à Axel puis fis la bise à Sophie tandis que ma soeur se contentait de leur donner une accolade. En chemin, je sentis que Karine n’était pas réellement dans son état normal. Elle me semblait comme plongée dans ses pensées. J’en conclus que sa conversation de la veille avec Axel l’avait beaucoup affectée mais, une nouvelle fois, je me retins de la questionner, pensant qu’un sujet aussi sensible ne devait pas être abordé en pleine rue. Une fois arrivés à notre domicile, comme nous pouvions nous y attendre, nous ne trouvâmes personne. Nos parents ayant des horaires irréguliers, il était assez fréquent que nous nous retrouvions seuls à la maison. Karine alla s’enfermer dans sa chambre tandis que j’allumais le téléviseur, essayant de trouver un programme susceptible de m’intéresser mais, après avoir fait défiler toutes les chaînes dans un sens comme dans l’autre, ne trouvant rien de captivant, j’éteignis le téléviseur et me dirigeai vers ma chambre. À mi-chemin entre le salon et ma chambre, en passant devant celle de Karine, j’entendis la voix de ma soeur grommeler des jurons entre deux sanglots. J’en déduisis une nouvelle fois qu’Axel était derrière tout cela. Je frappai à la porte et ma soeur me répondit d’entrer. — Salut. — Salut.— Ça n’a pas l’air d’aller. Il y a un problème ?— Non, tout va très bien.— Tu en es sûre ? Je t’ai entendue pousser des jurons et sangloter alors j’ai pensé que quelque chose n’allait pas.
— Ah... Tu m’as entendue ? Bon, dans ce cas, je vais te le dire mais interdiction d’en parler à qui que ce soit. Tu me le promets ?— Oui, je te le promets. Karine prit une grande inspiration pour reprendre contenance. — C’est au sujet d’Axel. — Axel ? Pourquoi ?— Disons que j’éprouve pour lui bien plus que de l’amitié.— Je comprends. Est-ce qu’il le sait ?— Je le lui ai fait savoir. Je lui ai caressé la bite à travers son pantalon hier, à la fête foraine. — Whaou ! Et comment est-ce qu’il l’a pris ?— Il a compris que j’essayais de lui dire que j’avais envie de lui. — Et c’est le cas ?— Oui, c’est le cas. Malheureusement, il est avec Sophie qui est ma meilleure amie et je refuse de connaître l’amour avec Axel si cela signifie faire souffrir Sophie. — Et Sophie, elle sait que tu es amoureuse d’Axel ?— Non, elle ne le sait pas. Je voulais le lui dire mais elle m’a devancée. — Comment ça ? — Elle m’a dit la première qu’elle aimait Axel. J’ai donc voulu m’effacer en espérant pouvoir l’oublier mais c’est raté.— C’est vraiment moche, ça. Sinon, est-ce qu’Axel t’a reparlé de ce que tu as fait à la fête foraine ?— Oui, hier soir, pendant que vous dormiez, Sophie et toi. — Qu’est-ce-qu’il t’a dit ?— Il m’a dit qu’il voulait être avec moi et pas avec Sophie. — C’est plutôt bien pour toi, ça. — Ce serait bien pour moi s’il n’y avait pas Sophie. Je réfléchis quelques instants à ce je pouvais répondre à cet énoncé. Ma soeur était vraiment une amie loyale. Par conséquent, je ne pouvais lui suggérer de se laisser aller à coucher avec Axel. Ce fut alors que j’envisageai la possibilité que Sophie poussât elle-même son petit ami dans les bras de Karine. — Tu refuses de trahir ton amie et c’est tout à ton honneur mais imaginons que Sophie trompe Axel. Dans ce cas-là, irais-tu le consoler en te jetant dans ses bras ?— Oui, c’est ce que je ferais sans hésiter mais tu as bien vu que Sophie ne le lâche pas d’une semelle.— Dans ce cas, il faut espérer qu’Axel la quitte pour toi.— C’est ce qu’il comptait faire mais je lui ai dit qu’il devait rester avec elle parce que je ne veux pas faire souffrir ma meilleure amie. — Et tu crois qu’il a compris ça ?— Malheureusement, non. Si tu m’as entendue pleurer et m’énerver, c’est justement parce qu’il revient continuellement à la charge. Regarde. Karine déverrouilla son téléphone et me montra quelques photos et messages qu’Axel lui avait envoyés par SMS. À leur vue, je compris tout de suite que le petit copain de Sophie ne plaisantait pas la veille au soir quand il disait qu’il avait envie d’elle. Sur une photo, Axel tenait une règle dans sa main droite et mesurait la taille de son sexe en érection. Le résultat obtenu était de 20 centimètres. Juste en-dessous, un message plus qu’explicite sur ses sentiments venait s’ajouter à cette image érotique. « Tu vois cette queue ? C’est 20 cm que je fourre dans le cul de Sophie mais, crois-moi, je préférerais tellement le tien. Quand je baise ta copine, c’est avec toi que je m’imagine. J’ai même failli l’appeler par ton nom plusieurs fois. C’est toi que je veux et je sais que tu me veux aussi. Je ne te lâcherai pas. » — Eh bien, on peut dire qu’il a le mérite d’être honnête avec toi. — Oui, mais tu comprends pourquoi ça me met dans un tel état ? Il m’excite en m’envoyant une photo de sa bite mais il y a Sophie de l’autre côté de l’équation. De plus, elle m’a dit ce matin encore qu’elle comptait lui proposer d’aller à une plage naturiste dès qu’elle le reverrait seule à seul, c’est-à-dire demain, histoire de pimenter leur sexualité.— Oui, je comprends que ça ne soit pas facile pour toi. Qu’est-ce que tu comptes faire dans cette situation ?— Je vais appeler Axel pour lui dire de venir ici. Je lui raconterai ce que je t’ai dit tout à l’heure. Je lui dirai que Sophie s’est confiée à moi et qu’elle m’a chargée d’être sa messagère même si elle m’a demandé de ne rien dire.— Beau plan. Je marche. Je te laisse t’occuper des détails.— Je t’appellerai dès que ce sera fait. Merci, Xavier. — Je t’en prie, Karine. Environ une heure plus tard, ma soeur me rejoignit dans le salon, le sourire aux lèvres. — Tout fonctionne comme sur des roulettes. Il va venir ici cet après-midi donc je compte sur toi pour ne pas tout faire capoter. — Je te promets de ne rien faire de compromettant. Mais, maintenant que j’y pense, je croyais que tu ne voulais pas trahir Sophie. C’est pourtant ce que tu es en train de faire. — Je sais mais en y réfléchissant mieux, je me rends compte que si je veux être en paix avec cette situation, il faut que je lui raconte ce que je t’ai dit tout à l’heure. — Bon, dans ce cas, j’espère que tout se passera bien. — J’espère aussi. Sur ces paroles encourageantes, Karine et moi nous préparâmes à manger. Peu après que nous eûmes fini de faire la vaisselle, la sonnette de la porte retentit. — C’est sûrement Axel. Va dans ta chambre. Sans discuter, j’obtempérai et laissai la porte de ma chambre entrouverte afin de pouvoir voir ce qui allait se passer entre Axel et ma soeur. Karine ouvrit la porte et invita celui qu’elle aimait à entrer. Ils se firent la bise et prirent place sur le canapé du salon. — Il n’y a que toi ici ?— Oui, mes parents sont au travail et mon frère est sorti.— Alors ? Tu m’as dit que Sophie s’était confiée à toi sur notre sexualité. De quoi est-ce qu’il s’agit exactement ?— Elle m’a fait part de son souhait de t’emmener à une plage naturiste.— Une plage naturiste ? Je la vois mal se mettre à poil comme ça devant tout le monde.— Moi aussi mais elle m’a dit qu’elle te sentait légèrement frustré sexuellement. Elle a donc pensé qu’il fallait tenter une expérience.— Moi, frustré ? Oui, c’est vrai mais toi et moi on connaît la vraie raison de cette frustration.— Je t’en prie, ne recommence pas avec ça. Tu sais très bien ce que j’en pense.— Dans ce cas, pourquoi m’avoir fait venir jusqu’ici ? Ne me dis pas que c’est seulement pour me faire part du souhait de Sophie parce que je sais qu’il y a autre chose. Je te l’ai déjà dit par SMS mais je te le redis en face : je t’aime et je sais que tu m’aimes aussi. En prononçant cette dernière phrase, Axel prit les mains de Karine dans les siennes et les baisa. — Oui, tu as raison, Axel. Je t’aime. Je voulais le dire à Sophie mais elle m’a déclaré son amour pour toi avant.— Mais, moi, c’est toi que j’aime. — Et Sophie dans tout ça ? Tu ne l’aimes plus ?— Je t’avoue que j’ai encore des sentiments pour elle mais je pense tout le temps à toi depuis ce qu’il s’est passé à la fête foraine.— Si je comprends bien, tu nous aimes toutes les deux ?— Oui, c’est ça.— Dans ce cas, je ne pourrai jamais m’engager dans une relation avec toi parce que je sais que je ne serai pas la seule dans ton coeur et aucune de nous deux n’acceptera d’être un second choix.— Crois-moi, Karine, je suis vraiment amoureux de toi et je veux te le montrer. Je t’en prie, laisse-moi t’aimer. Sophie n’en saura rien.— Sophie n’en saura rien mais moi, je vivrai avec ça sur la conscience.— La conscience... Parlons-en. Tu me dis que Sophie compte m’emmener à une plage naturiste. Elle est jolie et, de ce fait, peut bien attirer le regard des hommes. Qu’est-ce qui te fait dire qu’elle n’a pas pour projet de me tromper juste sous mes yeux ?— Elle ne l’a pas encore fait. Et Dieu sait si elle le fera ou non. — On verra bien. Mais je te préviens : si elle ose me tromper, je la plaque sur-le-champ. — Attends demain qu’elle t’en parle. Cela pourrait être bénéfique pour vous deux, qui sait.— Très bien. Je vais attendre demain mais je t’enverrai un SMS pour te tenir au courant de ce qu’on va faire.— Comme tu veux. En tout cas, merci d’être passé. Axel se leva pour reprendre le chemin de la porte mais avant de tourner les talons, il s’arrêta net. Il aida Karine à se relever et l’attira à lui. Les mains sur le corps de ma soeur, Axel lui donna un baiser qu’elle lui rendit. Le copain de Sophie sortit ensuite de la maison et Karine se rassit sur le canapé, mi-triste, mi-joyeuse. Le fait d’avoir avoué la vérité à celui qu’elle aimait devait l’avoir soulagée d’un énorme fardeau mais le fait qu’elle se trouvait en compétition avec sa meilleure amie ne rendait pas les choses faciles. [ à suivre ]
