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Chroniques d'un employé modèle

Chapitre 4

SM / Fétichisme
Un homme entre. Les pas résonnent sur le carrelage.
Il est tard. La journée a été harassante. La pression baisse petit à petit dans le calme des bureaux vides. Il s’arrête à côté de moi, face au mur de faïence blanche. Mes yeux se baissent vers l’urinoir dans lequel je suis en train de me soulager, gêné comme on peut l’être quand un inconnu vient interrompre votre confortable solitude dans une cabine d’ascenseur. Il ouvre sa braguette. Du coin de l’œil, je le devine de taille moyenne, plutôt élancé, blond. Il porte un costume gris, une chemise blanche et une cravate bordeaux. Il fait un pas en arrière. Je n’ai pas le temps de me dire qu’il en a bien vite terminé qu’il fait un second pas, sur le côté cette fois. Il est juste derrière moi. Un léger frisson me parcourt, et je me fige. Il est tout près. Très près. Je le sens, je l’entends respirer. Les pans de sa veste frôlent la mienne. Son bras gauche passe le long de mon flanc, et le léger bruit de frôlement du tissu vient se superposer dans mes oreilles à celui, sourd, des battements de mon cœur.
Une main fine aux longs doigts se pose délicatement sur mon sexe. Il se presse contre moi, allonge encore le bras pour mieux se saisir de ma virilité timidement flétrie en ces circonstances. La sienne est beaucoup plus forte. Je la sens s’écraser contre ma cuisse, puis se caler entre mes fesses. Je déglutis. Des sentiments mélangés m’envahissent et m’étourdissent. Peur, curiosité, honte, excitation… Excitation… La main caresse ma peau tressaillante, lentement, d’avant en arrière. Les secondes me semblent s’étirer en longues minutes de malaise. La main me saisit avec fermeté et commence son va et vient, me faisant grandir et durcir petit à petit à la force du poignet. Son corps bouge imperceptiblement contre le mien au rythme de la masturbation, langoureux. Mon cœur accélère encore. Une douce chaleur m’envahit, anesthésiant l’angoisse. Brutalement, ses deux mains agrippent mon pantalon et le baissent sèchement sur mes chevilles. La ceinture défaite n’offre aucune résistance.
Il me saisit la nuque, me force à baisser la tête. Je perds l’équilibre, fais un petit pas en arrière et plaque mes deux paumes contre le mur pour me rattraper. L’étreinte reste ferme. Quelque chose de froid et de visqueux s’insinue dans la raie de mon derrière. La pression est désagréable. Il cherche et trouve le petit orifice dans lequel il semble vouloir faire son nid. Je sens le gel dégouliner. Il se fige un instant puis me déchire. La douleur est si soudaine et si forte que je ne puis réprimer un cri, prolongé en long râle. Il se retire doucement. J’ai la désagréable sensation que mes intestins vont se vider à sa suite, à travers mon anus écartelé. Il entre à nouveau, plus doucement cette fois, m’arrachant un nouveau gémissement. Il me saisit fermement par les hanches pour trouver son rythme de croisière. Le tissu de son pantalon vient effleurer la peau délicate de mes testicules à chaque coup asséné. La douleur persiste mais se mêle de plaisir. Il ralentit. Le baroud d’honneur est le plus violent, me choque. Je ne résiste pas à la main ferme qui s’abat à nouveau sur ma nuque et me jette au sol.
A quatre pattes sur le carrelage, je tente de reprendre mes esprits. Toujours derrière moi, sans me laisser la moindre seconde de répit, il m’empoigne par les cheveux. Je ferme les yeux, serre les mâchoires, redresse la tête. Je le sens se baisser, son torse plaqué contre mon dos. Je sens sa poitrine se mouvoir contre moi. Sa main libre se saisit de ma main droite et la porte au sexe encore dur qui pointe entre mes jambes, ne la lâchant qu’une fois le mouvement de masturbation amorcé. Je m’exécute, obéissant. J’accompagne la ferme traction qu’il exerce ensuite sur mon cuir chevelu pour me redresser sur mes genoux. Fièrement tendu hors de la braguette du pantalon de costume gris, son engin me fait face. Un énorme gode noir et luisant sur lequel il m’empale. J’ai un haut le cœur lorsque le pieu de plastique effleure ma luette. Ses deux mains plaquées sur mes tempes imposent petit à petit un rythme que ma dextre branleuse tente de suivre. Le bout de sa cravate bat la mesure en venant chatouiller mon front à chaque temps.
J’essaye de lever les yeux sur mon agresseur, mais ne puis en apercevoir que la poitrine : deux magnifiques seins aux formes harmonieuses encadrés par la chemise blanche et la veste grise, et entre lesquels tombe le métronome bordeaux. J’explose littéralement. Les mains humiliatrices accélèrent leur mouvement et celui du piston noir qui envahit ma bouche, alors que mon sperme se répand à gros jets. La dernière goutte de ma jouissance expulsée, elles rejettent ma tête en arrière pour mieux reprendre leur emprise sur ma nuque et me jeter à nouveau à terre. Le nez dans ma propre semence. La pression s’intensifie, écrasant mon visage contre le sol. Se relâche. S’intensifie à nouveau. Jusqu’à ce que mes lèvres s’entrouvrent. J’aspire et déglutis avec peine. La pression cesse. Le calme semble étrangement revenir en moi. Les battements de mon cœur ralentissent. Et pourtant je ne bouge pas. Je respire. Il est tard. Une journée épuisante se termine.
Les pas résonnent sur le carrelage. Une femme sort.
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