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Chroniques immortelles

Chapitre 5

Divers
De tout le temps ou je côtoierai monsieur Wong à l’avenir, c’est la seule fois ou je le vois déstabilisé quelques secondes. Harmonie était la fille de Vanessa/Aphrodite et je sais à présent que je lui ressemble fortement. Mais pourquoi Monsieur Wong  a t-il réagi ainsi ?
— Christine, dis-je. Bonjour Monsieur Wong. Pourquoi m ‘avez vous appelé Harmonie ? Vous l’avez connue ?
L’homme a repris pleinement la maîtrise de soi. Il retrouve son sourire perpétuel.
— C’est une longue histoire mademoiselle… Vous avez fait bon voyage ? Voulez vous partager notre repas ?— Oui merci, avec plaisir.
Il a esquivé la question. Il me fait passer devant lui, pendant que May me précède. Je ressens sa signature énergétique. Elle impressionnante, intense, très puissante, d’un niveau rarement ressenti. Cet homme fait partie à minima du troisième cercle, si pas des fondateurs. Mais une fois de plus je me demande qu’est-ce que je fous ici ?
Nous sommes assis tous trois à la table. Au menu des légumes variés et une pièce de viande en daube qui a passé pas mal de temps dans sa sauce. Et çà sent bon !
— C’est du sambar, une sorte de cervidé d’ici, me dit May, vous aimez ?— Je n’en sais rien, je n’ai jamais goutté.
En fait c’est délicieux et mon assiette se retrouve soigneusement vidée. Quelques fruits pour terminer, puis Monsieur Wong m’invite à prendre place dans un fauteuil sur la terrasse.
— Alors mademoiselle, que puis-je faire pour vous ?
Là c’est moi qui suis décontenancée. Il me laisse bouche bée. La question me prend à froid.
— Mais.. je ne sais pas ? Je ne sais même pas qui vous êtes ! Antinea m’a dit venir vous voir, que vous êtes un maître chez les immortels. Je ne sais rien de plus ?
Il ne répond pas. Il m’observe du coin de l’œil. Me voilà bien ! Moi qui m’attendait à tomber sur une sorte de bonze vêtu d’un drap orange, ou alors à un vieux sage façon Yoda dans « star wars », je ne m’attendais pas à trouver un paisible paysan qui me demande ce que, lui, doit faire ! Je regarde May qui rigole discrètement. Je comprends : Monsieur Wong est en train de jouer avec moi, peut-être en train de me tester...

— Aaah Antinea, soupire t-il. Quand elle veut quelque chose… Oui mademoiselle c’est vrai, je suis un maître chez les immortels. Mais je n’obéis pas aux fondateurs. Je suis MON seul maître. Moi seul décide de ce que je veux ou doit faire. Pas Athéna, ni Zeus, ni même Ouranos. Athéna, ou Antinea comme vous voulez vous a  envoyée ici pour vous faire bénéficier de mon enseignement. Et oui, je suis disposé à vous faire bénéficier de mon savoir. Mais je dois juger si vous en êtes digne… Antinea ne tarissait pas d’éloges sur votre compte. Je souhaite m’en rendre compte par moi même. Acceptez vous d’être mise à l’épreuve ? Je dois vous prévenir que çà n’a rien à voir avec ce que vous avez connu sur Mikro Kea, et que ce sera beaucoup plus difficile. Dernier point : sachez qu’à partir de la seconde ou vous acceptez, toutes vos facultés d’immortelle ne fonctionneront plus et ce jusqu’à ce que vous ayez terminé l’épreuve, en bien ou en mal…— Vous pouvez me priver de mes pouvoirs ? Tous ?
Il ne me répond pas… Il fait partie de ces personnes pour qui répéter les choses n’a pas d’utilité. Ce qui est dit, est dit . Il attend ma réponse. J’ai un léger frisson. Depuis plusieurs mois, je me suis habitué à jongler avec mes transformations, mes facultés… M’en priver ne serait-ce que temporairement me semble quelque part une mutilation. Hadès l’avait fait envers moi dans son antre, le seul endroit ou Zeus le tolère. Partout ailleurs, c’est interdit. Mais Wong le peut , et ignore totalement cette interdiction!
— Je n’ai pas l’habitude de reculer devant une épreuve. Et Antinea a confiance en moi. Si elle m’a envoyé ici , c’est qu’elle pense que j’en suis capable. Alors j’accepte.— Très bien qu’il en soit ainsi.— Dites, c’est une manie chez les immortels ces mises à l’épreuve incessante ?— Très amusant, dit-il en riant. Antinea m’avait parlé de votre caractère. Je vois qu’elle n’a pas exagéré.
Il se lève, m’invite à en faire autant.
— Vous allez me suivre. Votre épreuve… a déjà commencé, même si vous ne vous en êtes pas rendue compte. Déshabillez-vous. Entièrement. Ôtez tout, y compris les bijoux qui vous transpercent un peu partout, c’est indispensable.
Ce disant, il commence lui-même à se déshabiller. Je lance un regard à May. Elle me glisse un « bonne chance ! ». Bon… Je me déshabille à mon tour. Si c’est une histoire de cul, il va trouver à qui parler ! Monsieur Wong… et puis au diable les « Monsieur », me fait signe de le suivre. Aussi nus que des nouveaux nés, je le suis jusqu’au bord d’une petite rivière.
— Antinea m’a dit que vous aviez déjà pris l’aspect d’animaux. Est-ce exact ?— Oui Monsieur, avec elle. La toute première fois en biche, puis en chouette. Sur Mikro Kea, en jument une fois sur les conseils de Monsieur Kostia, en sirène puis en dauphin et en otarie avec Paolo. C’est une autre histoire.... J’avoue ne pas le faire de moi même sans avoir un immortel avec moi pour me conseiller avant de faire de nouvelles expériences.— Tu peux les appeler par leur nom originel : Zeus, Poséidon… Eh bien tu vas en faire une nouvelle. Mets toi à quatre pattes.
Là je ne m’y attendais pas… A peine suis je en appui des quatre membres sur le sol que je sens soudain le frémissement familier. Je suis devenue quoi ? Stupéfaite, je vois mes bras couverts d’une fourrure rousse, zébrée de noir, des pattes larges équipées de griffes puissantes ! Ma vision devient soudain acérée, mon ouïe plus fine. Je sens de nouvelles odeurs. Je regarde mon reflet dans l’eau. Un tigre, une tigresse !
A coté de moi, Wong est devenu un grand tigre mâle… Est ce qu’il va me sauter comme çà ?
Je me goure complètement…
— Suis moi, me dit-il.
Il a juste émis un léger bruit de gorge, mais çà m’a suffi. Je me rappelle de ma première expérience en tant que biche quand je m’exprimais par bêlements avec Antinea. Il s’enfonce dans la forêt. Je le suis. Je suis submergée par les bruits, les odeurs, les couleurs. J’entends, je vois et je sens mille chose que des sens humains n’auraient pu capter. Pourvu qu’on ne tombe pas sur des chasseurs, des braconniers ! Comme s’il avait deviné, Wong me rassure.
— Nous somme ici dans le parc national de Thung Salaeng Luang. Il n’y a ni chasseurs ni braconniers, je m’en suis assuré. Il n’y a que des gardes, mais tu n’en verras aucun. Je suis le garde attitré du secteur ! Et maintenant, suis moi et fait silence…
Je le suis sans mot dire, faisant attention à marcher dans le plus grand silence. Nous avançons ainsi prés d’une heure. Puis, Wong ralentit, les sens aux aguets . Moi aussi j’ai entendu et senti quelque chose… Il continue sa progression, lentement. Je réalise alors qu’il est en chasse. Il est après une proie ! Finalement il se blottit dans un fourré et me fait signe de venir avec lui. Et s’adresse à moi par télépathie.
« Ne bouge plus, attends et regarde... »
Nous n’avons que deux minutes à patienter. Devant nous les frôlements se font plus insistants. Un animal paraît, une sorte de chevreuil. Il vient vers nous, inconscient du danger.
«  C’est un muntjac, me dit Wong par la pensée. Tue-le »«  Quoi ? »«  Oui, c’est facile, tu le renverses d’un coup de patte, tu le mords à la gorge et tu attends qu’il succombe. C’est l’épreuve que je t’impose... »« Mais… je ne peux pas tuer comme çà cette pauvre bête sans défense ! »«  Tu es une tigresse, c’est ton destin. Tu n’as pas le choix. »— Non mais çà va pas mon vieux, vous pouvez vous brosser !
Là, j’ai « parlé » à voix haute ! Le muntjac détale soudain de toute la vitesse de ses pattes. Je suis en colère. Si quelqu’un pouvait me prendre en photo à ce moment, il me verrait grondante, les crocs menaçants, les babines retroussées et les oreilles en arrière, prête à voler dans la fourrure de mon compagnon. Mais déjà, Wong s’est redressé, reprend forme humaine.
— Très bien. Tu as fait ton choix… Je vais te laisser. Tu resteras ainsi, sous ta forme animale jusqu’à ce que tu aies tué une proie. Inutile de chercher à reprendre ta forme humaine, tes pouvoirs sont bloqués jusque là. Et prends garde à ne pas te blesser, car tu ne pourrais pas te guérir.
Avant que j’ai pu revenir de ma surprise, Wong se transforme en un espèce de merle, décolle et disparaît dans les frondaisons.
— Non mais attendez, vous ne pouvez pas me… Revenez, merde !
Je suis stupéfaite. Il m’a planté là, comme une descente de lit... J’arrive pas à croire ce qui m’arrive. Instinctivement, je cherche a reprendre forme humaine… en pure perte ! Je suis coincée dans le corps de cette peluche géante ! Eh bien çà ne va pas se passer comme çà mon gaillard ! Je vais revenir dans ta bicoque et tout casser jusqu’à ce que je redevienne humaine ! Quant à ton enseignement, tu peux te le foutre au cul !
**********
Quelques heures plus tard, je dois déchanter… J’ai retrouvé le chemin, je devine même l’emplacement de la clairière, j’y entend les poules caqueter, mais quelque chose me bloque, m’empêche d’aller plus loin. Au delà d’une certaine limite, impossible d’avancer une patte ! C’est comme si un champ de force protégeait le secteur. Malgré tous mes effort, je ne peux le forcer…
La mort dans l’âme, je me résigne à m’enfoncer dans la jungle. Je râle, je peste, je gronde, mais rien n‘y fait. Je ne sais que faire. Je ne connais pas la région. Je ne connais pas la jungle. Une seule certitude, je me suis fait baiser en beauté !
Je passe une nuit de cauchemar à coté d’un ruisseau, blottie sous un buisson, tremblante, inquiète, aux aguets, m’éveillant au moindre bruit. Et il y en a dans la jungle la nuit ! Pour le coté « seigneur de la jungle » je fais piètre figure… Et lentement le jour se lève. Alors je reprend ma marche au hasard… Quoi faire d’autre ?
Et je commence à avoir faim ! Je me souviens d’avoir lu qu’un tigre avale en moyenne dix kilos de viande par jour ! J’ai beau retourner le problème dans tous les sens, la seule façon pour moi de m’en sortir serait de faire ce que Wong m’a mise au défi de faire. Mais à cette heure, je ne peux m’y résoudre. Je refuse de faire çà. Je me borne donc à déambuler au hasard en cherchant une solution…
Drôle d’odeur… Ça a frappé immédiatement mes narines. Par précaution, je me faufile dans un fourré. J’entends crisser des feuilles mortes sous la démarche d’un quadrupède. Un cerf ? Une proie potentielle ? J’ai le cœur qui bat la chamade. Et je le vois soudain. C’est… un tigre !!!
Pendant la minute qui suit, je suis morte de peur ! Je sais que les tigres sont solitaires et jaloux de leur domaine. Et je suis sur le territoire de l’un d’entre eux ! Il est plus grand que moi, visiblement nettement plus puissant. Si bagarre il y a, il va me mettre en pièces ! Et il m’a vue…
Le fauve avance à pas lents dans ma direction. C’est un mâle… Il cherche à me jauger. Il veut savoir d’où sort cette intruse. Instinctivement, je me suis recroquevillée, toutes griffes dehors, et je gronde après lui en montrant mes pauvres petits crocs !Mais il semble intimidé, sur la retenue. Il fait mine de me tourner autour, mais je pivote au fur et à mesure pour rester face à lui, tout en continuant à gronder et feuler. Au point ou j’en suis, autant essayer de bluffer !
Mais l’attitude du fauve ne semble pas menaçante. Peut-être ais-je de la chance que nous soyons de sexe opposés ? Il n’empêche, chaque fois qu’il tente un pas dans ma direction, je lui lance un grondement sonore qui le maintient à distance. Mais la situation ne peut pas s’éterniser ainsi…
C’est alors qu’il fait quelque chose inattendu. Sous mes yeux ébahis, il arbore une sorte de « sourire » bizarre. Et ce sourire, je sais de quoi il s’agit, je l’ai vu plusieurs fois sur des documentaires animaliers. Non… J’y crois pas ! Il est en train d’essayer de sentir si je suis une femelle en chaleur !
Pour le coup, ma peur change de registre ! D’accord, je me suis déjà fait prendre par un cheval, puis par un dauphin et une otarie mâle (je vous raconterai à l’occasion…) mais à chaque fois, c’était un immortel qui en avait endossé l’aspect. Mais là, il s’agit bien d’un animal, sa signature énergétique est formelle. Non, désolée, pas çà… Il tourne la tète une seconde attiré par un cri d’oiseau. Je bondis immédiatement, je décampe au hasard, je galope aussi vite que je peux, ne m’arrêtant que quand je suis à bout de souffle et mon cœur cognant à grand coup dans ma poitrine… Ouf……
Je me couche en haletant. Les félins manquent d’endurance parait-il. Je confirme… C’est alors que les fourrés craquent à coté de moi. Oh non… il est là, il m’a suivi. Et il me « sourit » à nouveau… Et je m’énerve, je sens monter la rogne en moi. Je l’engueule avec force de rugissements. Mais enfin tu vas me foutre la paix toi ? Tu n’as pas une autre minette qui t’attend par là ? Va plutôt me chasser une poule que je sorte de cet habit de peluche rayée. Barre toi, merde !
Mais il ne s’en va pas. Au contraire il s’approche tellement que je lui décoche un coup de patte qui le manque de peu. Et il insiste l’animal ! Oh punaise, je sais plus quoi faire… Je n’ai plus la force de faire une nouvelle course de sitôt, et l’autre pot de colle semble décidé à tirer son coup… J’essaie de m’écarter, il me suit. Je saute sur le coté, il bondit à coté de moi, tellement prés que je pourrai lui chopper la patte entre mes crocs…
Je ne le fais pas… Quelque part dans mon inconscient de tigresse, l’instinct animal prend progressivement le dessus sur ma nature humaine. J’ai des frémissements dans ma… chatte, si l’on peut dire. L’odeur puissante du fauve me fait tourner la tète… Quelque chose en moi capitule. Malgré moi je m’accroupis, me couche sur le sol. Par Zeus, ce n’est pas possible… Le tigre n’a fait qu’un bond, je vois ses pattes de part et d’autre de moi. Sa mâchoire se referme sur ma nuque ! Il me bloque, je ne puis plus bouger !Je suis tétanisée, presque horrifiée. Et je sens soudain le membre de l’animal me pénétrer… Je pousse un cri, ou plutôt un rugissement. Je suis en train de me faire prendre par un tigre ! Il donne des coups de reins rapides, je sens le plaisir monter à une vitesse folle, c’est sensible au point que je ne peux même pas le décrire. C’est hors de proportion avec la sensibilité humaine ! Un coup de rein plus violent ! Il m’éjecte littéralement. Il m’a fait mal ce con ! Je me retourne sèchement, lui lance un coup de patte en grondant. Doucement, flûte !
Il s’est retiré à quelques pas. Il a du se vider en moi… mais moi, j’ai la chatte en feu ! Il ne peut pas me laisser comme çà, j’ai besoin qu’il me prenne, je veux jouir, merde ! J’ai perdu toute humanité, seul l’instinct animal me guide à présent. Cette fois, c’est moi qui vient vers lui, museau contre museau, je lui met des petits coups de langue. Je lui roulerai une pelle si je le pouvais ! Je me frotte contre lui, tète contre tète, allez secoue toi, viens me prendre, viens me faire jouir !
Il a de la ressource l’animal ! Il se redresse, je m’allonge, il me prend ! Ses coups de reins me donnent l’impression d’être perforée de part en part. C’est court, çà ne dure pas, mais toujours je le sollicite à nouveau et il revient à la charge. Merde, je jouiiiiiiis ! Oh putain… Je gronde, ou alors je ronronne, je sais plus, tout mon corps vibre. Je roule sur moi-même, me frotte contre le sol,  attendant que les frissons qui me parcourent s’atténuent. Je suis bien !
A cours de la journée, il me prend peut être une trentaine de fois… J’ai tout oublié : ma nature humaine, Wong, Antinea, les immortels… Je m’en contrefiche ! Mais le soir tombe… Dans le lointain, on entend alors comme des rugissements, comme des appels, un autre tigre… ou une autre tigresse ? Mon mâle s’est relevé. Il hésite, regarde au loin, me regarde… Puis il se décide, me lance un dernier regard et s’enfonce dans les fourrés. Non, c’est pas possible ? Il ne va pas me laisser comme çà ? Je ne le reverrai pas… Ben, et moi alors ?
Tous les mâles sont des salauds !

Je ne sais pas combien de jours ont passé. Une semaine, dix jours ? Je ne sais plus… Je meurs de faim ! Je n’ai toujours rien avalé. J’ai essayé de manger des fruits, çà m’a rendu malade. J’ai tout vomi. Je m’affaiblis. Blottie dans mon fourré, j’alterne entre somnolence et tortures stomacales… J’ai des hallucinations. Si je ne mange pas maintenant, je vais mourir… Je suis tellement affamé que je mangerai n’importe quoi : un curé tout habillé, un lapin famélique, voire même un pauvre petit poulet, plumes comprises. Je m’y suis résignée. Je sens confusément que j’ai perdu cette mise à l’épreuve. Si seulement Wong pouvait avoir un peu de pitié…
Le miracle ! J’entends quelqu’un qui arrive… un quadrupède, une odeur forte, non pas un tigre, autre chose. C’est un sambar ! Tant pis, je n’en peux plus. Complètement inconscient du danger, il avance lentement. J’en salive d’avance ! Il n’est plus qu’à deux mètres de moi quand je déclenche mon attaque.
Je ne lui laisse aucune chance. Je met tout ce qui me reste de force dans mon élan, et l’animal bascule immédiatement en criant. Je l’enserre entre mes pattes, toutes griffes dégainées. Je les enfonce dans sa fourrure. Pas question qu’il m’échappe ! Je referme mes mâchoires sur une partie de son corps ! Je mords aussi fort que je peux ! Il se débat, mais je le tiens fermement. Soudain un liquide tiède au goût acre envahit ma gueule que l’avale sans chercher à comprendre. Plusieurs jets m’inondent les mâchoires et le museau. Je suis comme enivrée ! Du sang ! Je réalise que je l’ai saisi à la gorge et que j’ai du lui broyer une artère, car au bout de quelques instants, les jets cessent. Il s’abandonne, cesse de lutter, juste animé par quelques spasmes qui diminuent avant de cesser complètement…
Je relâche mon étreinte. Quelque part au fond de ce qui me reste de conscience, je suis horrifiée, terrifiée de ce que je viens de faire. Mais j’ai trop faim ! Toute humanité a disparu en moi, je ne suis plus qu’un animal poussé par l’instinct. M’aidant de mes griffes et de mes crocs, je déchire le cuir d’une de ses cuisses, mettant à nu une viande rouge, bien chaude…
Une demie heure plus tard, je me repose à l’abri de mon buisson. J’ose à peine regarder les restes du sambar... Je lui ai dévoré presque en totalité l’arrière train. Je ne sais pas combien j’ai englouti de sa chair. Vingt ? Trente kilos ? Plus ? Je pleure… si tant est qu’un tigre puisse pleurer. Je pleure de rage et de dépit, de ce que j’ai été obligée de faire, de ce que ce salopard de Wong m’a obligé à faire. J’ai honte, je suis désespérée, démoralisée… Je vais vivre, mais à l’intérieur, j’ai l’impression d’être morte.
— Tu l’as fait. C’est bien.
Je sursaute ! Wong ! Je ne sais pas d’où il sort. Peut-être arrivé sans que je m’en rende compte sous la forme d’un merle ? Il est nu, tranquillement assis en tailleur dans les feuilles mortes. Il me regarde placidement, sereinement…
— Espèce de salopard !
J’ai rugi ! Je ne réfléchis pas. D’une détente, je me jette sur lui, je le mords furieusement au visage, mes griffes plantées dans ses bras ! Quelque chose me transperce le ventre, je crie ! Un cri humain ! Stupéfaite, je constate que j’ai repris forme humaine. Je suis entrain de l’embrasser furieusement ce que dans mon délire j’ai pris pour des morsures ! Je me suis empalée sur son sexe, va savoir pourquoi ou comment. Et puis au diable ! Je le chevauche furieusement, décidée à lui faire mal, ne lui laissant aucun répit, je suis une furie, une tigresse ! Et je pousse un hurlement de bête lorsque la jouissance me transperce. Je me rejette sur le coté, je reprend lentement mon souffle…
— Ça va mieux ?— Vous n’êtes qu’un sale enfoiré de fils de pute ! Vous n’aviez pas le droit de me faire çà ! A cause de vous j’ai tué un pauvre animal innocent. C’est dégueulasse !— Ah pardon : le jour de ton arrivée, tu as trouvé le sambar absolument délicieux. Pourquoi le fait de l’avoir tué aujourd’hui est-il si ignoble ?— Mais… mais c’est pas pareil ! Dis-je décontenancée. C’était… de la viande, de la viande en sauce !— C’était un sambar, qui  est mort pour te permettre de vivre. Le fait de l’avoir cuisiné est secondaire. C’est exactement ce que tu viens de faire. Sauf que le jour de ton arrivée, c’est un autre qui l’a tué à ta place. Mais c’est pareil.
Il me laisse sans voix. Le pire c’est que quelque part, il a raison… Tous les jours dans le monde des millions d’animaux sont tués par d’autres pour que NOUS, dans notre petit confort douillet puissions continuer à nous régaler l’âme sereine. Mais que c’est dur ! Je me regarde… De longues coulées rouges sont encore visibles sur mon torse et mon visage. Je fais quelques pas vers le ruisseau voisin, m’y assoie, entreprend de me laver, pour faire disparaître les traces de mon acte meurtrier.
— Alors c’était çà l’épreuve ? Me faire tuer un animal ? Ce n’est pas un peu « simple » dit comme çà ?— Cette épreuve est celle que je fais passer à tous ceux qui viennent solliciter mon enseignement. Certains ont obéi le jour même à mon ordre sans protester. D’autres ont refusé jusqu’au bout, quitte à se laisser mourir de faim. Je te rassure, personne n’est jamais mort ici. Mais dans les deux cas, ils ont échoué . Toi, comme quelques autres, tu as réussi cette épreuve.— Je… je ne comprends pas ?
Il se lève et vient s’accroupir à coté des restes du sambar.
— Toi, tu as su faire preuve de discernement. Tu as refusé de tuer dans un premier temps quand ce n’était pas nécessaire, mais tu t’es résignée à le faire quand JUSTEMENT, c’était nécessaire. Et c’est ce qu’il fallait faire. C’est en çà, que tu as réussi l’épreuve. On ne doit pas tuer, sauf quand il n’y a pas d’autre solution.
Il revient s’asseoir auprès de moi.
— Christine, Antinea t’a envoyée à moi pour que je t’apprenne les techniques de combat à mains nues. Dans les jours à venir, tu vas devenir une experte en lutte, judo, aïkido, kung-fu, karaté et quelques autres arts dits « martiaux ». Mais certaines techniques que je vais t’apprendre peuvent tuer. Elles ne doivent pas être utilisées à la légère. Je devais savoir si tu saurais faire preuve de retenue suivant les circonstances. Et tu l’as fait.— Je vois… Vous aviez raison, dis-je une boule au ventre. C’est l’épreuve la plus dure que j’ai affronté… Je ne regarderai plus jamais un plat de viande de la même façon. Et… le tigre ? Il faisait partie de l’épreuve ?— Le tigre ? Quel tigre ? Dit-il avec un sourire amusé.— Je… j’ai croisé un grand tigre mâle il y a quelques jours.-Oh ? Ainsi tu as fait connaissance avec Sharka ? Oui, c’est un tigre qui a son territoire pas très loin d’ici… et un harem de trois ou quatre femelles. Non, je n’y suis pour rien. Ça s’est bien passé ?
Je rougis jusqu’aux oreilles. Visiblement, un léger sourire au coin des lèvres, Wong devine de quelle nature a été notre rencontre. Mais il ne s’y attarde pas.
— Bien… Tu sais voler m’as tu dit ? Ça te dit d’être de retour chez moi en cinq minutes ?
Je me mue en chouette. Il se transforme en cet espèce de merle qui je m’en rends compte à présent ne m’a pas quitté durant ces quelques jours ! En quelques coups d’aile, nous sommes de retour à sa maison. J’en étais si proche sans le savoir... May nous accueille sur le pas de la maison, avec un regard interrogatif. Sans mot dire, je la prends dans mes bras, me serre contre elle de longues minutes. J’ai besoin de réconfort…
J’ai du mal à avaler le poulet du repas du soir. A ma demande, je m’endors, épuisée nerveusement, en compagnie de May, un sommeil agité envahi de cerfs, de tigres, de rugissements, de cris d’agonie…
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