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Chroniques immortelles

Chapitre 6

Divers
J’ai eu du mal à trouver le sommeil. Mais ensuite, j’ai dormi comme une brute. Je me réveille collée à May, un bras passé autour de son torse. Une katoï… Je n’en avais jamais vu, qu’est-ce qu’elle est belle... J’ai récupéré…  Et je sens des frémissements dans mon bas ventre. Si l’on excepte ma crise de furie envers Wong hier et mes galipettes avec Sharka, je suis à la diète depuis dix jours ! Mes mouvements finissent pas réveiller May. On échange un sourire. Je la désire… et çà doit se voir ! Manifestement May est réceptive.
— Tu veux ?— Bien sur Christine, j’ai très envie moi aussi.— Mmm, dis-je dans un soupir, aujourd’hui j’aurai bien aimé que tu sois en fille. J’ai besoin de douceur après ces dix jours passé en forêt. Oh mais ? Tu es en fille aujourd’hui ? Oh ben çà tombe bien au fond.
Il se passe alors quelque chose qui me laisse perplexe. May semble surprise, étonnée… Qu’est-ce que j’ai pu dire qui l’ait choquée ? Wong avait-il anticipé mes désirs ?
— Euh… pardon May, çà ne va pas ? Je t’ai blessée ?— Non… non, c’est rien, j’ai juste été un peu surprise c’est tout.
Je ne comprend pas. Mais déjà May est redevenue souriante et nous commençons nos embrassades. Elle est délicieuse ! Elle se prête à tous mes désirs, toutes mes caresses, frémis sans retenue. Nous passons en soixante-neuf, nous croisons nos jambes, chatte contre chatte, nous nous masturbons frénétiquement à tour de rôle. J’adore la lécher ! Elle a un goût miel et émet des jets de liquide à chaque jouissance, jets qui m’inondent le visage. Après trois ou quatre orgasmes, nous décidons d’en rester là. Et puis je suis attendue, et ce n’est pas très poli de faire attendre Monsieur Wong !
— Je file à la rivière, lui dis-je, j’ai besoin de faire un brin de toilette. Je t’adore !— Je te prête un sarong si tu veux faire couleur locale ?
Un sarong ? Pourquoi pas… Encore qu’une Thaïlandaise en sarong, blonde aux yeux bleus, çà ne doit pas courir dans la campagne thaïlandaise. Mais je me sens très bien dans cette tenue en revenant de la rivière. Je retrouve May en compagnie de Wong sur la terrasse de la maison. Ils discutent avec animation. Je ne sais pas ce que May lui raconte, mais Wong semble très attentif à ce qu’elle lui dit, limite perplexe. Ils s’interrompent en découvrant ma présence. Oh ?
— Excusez moi monsieur Wong. J’arrive mal ? Voulez-vous que je revienne dans quelques minutes ?— Non Christine, aucun problème. Au contraire, nous parlions de toi : de tes capacités, de tes progrès, jusqu’où peut tu peux aller dans ta formation. Rien de confidentiel dans tout çà. Viens déjeuner. Et s’il te plaît, oublie le vouvoiement à mon égard !
Le vouvoiement… malgré tous mes efforts, je n’y arriverai pas, je n’arriverai pas à tutoyer Monsieur Wong ! Je ressens par toutes les fibres de mon être son incroyable personnalité. Je ne peux pas. Mais il aura le bon goût de ne pas m’en tenir rigueur...
Déjeuner inhabituel pour moi. Je n’ai pas l’habitude d’attaquer la journée avec du porc au basilic accompagné de riz et d’un œuf au plat !
— Monsieur Wong, quelque chose m’étonne… Vous avez dit hier que vous alliez faire de moi une experte en arts martiaux. Or en judo, j’ai mis huit ans entre mes débuts et l’obtention de ma ceinture noire. Mais pour faire de moi une experte, vous avez parlé… de jours ?— Le temps n’a pas d’importance pour les immortels, répond t-il avec un sourire. Mais il y a d’autres moyens. Regarde moi.
Il me fixe intensément quelques secondes. J’ai l’impression que mon cerveau est transpercé par une lame d’acier. J’ai un frisson. Il m’a fait quelque chose. Quoi ? Il tend la main vers la table et entame une longue suite de mots.
— Table : Tārāng. Assiette : Cān. Femme : H̄ỵing…
Je suis fascinée. Plus rien n’existe que sa voix. Je suis comme hypnotisée. Je n’entends plus que ces mots qu’il me débite les uns après les autres, des mots en français suivi de leur traduction en thaï… Cela dure plusieurs minutes durant lesquelles il énumère plusieurs dizaines de mots, peut être deux ou trois cent…
— A toi maintenant, me dit-il en désignant la table.-… Tārāng.
Puis il me désigne l’assiette, puis May, et je réponds a ses gestes par les mots appropriés :  Cān,  H̄ỵing… Tout ce qu’il m’a dit ressort immédiatement et impeccablement. Médusée, je l’interrompt.
— Mais c’est pas possible ! Normalement je suis nulle en langues étrangères. A part le grec, je bafouille l’anglais, et zéro pour le reste ! Qu’est-ce que vous m’avez fait ???— J’ai simplement suractivé le centre de ta mémoire, répond Wong. Ce n’est pas évident car le cerveau n’est pas un organe comme les autres. Mais tu sais à présent modifier ton corps, tes organes, les guérir, les optimiser , te transformer n’est-ce pas ?.. Pourquoi veux-tu que ce soit différent pour le cerveau ?— J’en reviens pas. J’aurai même pas imaginé…— Oh, on peut faire des tas de choses au niveau du cerveau une fois qu’on a acquis la technique, dit-il avec un sourire ironique. Tiens, je vais te donner un autre exemple…
A nouveau, je ressens un frisson. Mais le résultat est tout différent. J’ai des frémissements dans la chatte… Je sens mes seins se durcir, mes fesses se serrer après un spasme… Je ressens des frôlements sur mon corps, comme des caresses, ma langue a des frémissements, mes lèvres me démangent, j’ai envie de baiser ! Je comprends : Wong est en train de manipuler mes centres du plaisir ! A présent, j’ai l’impression que des mains courent sur le corps. Des ondes de chaleur me balayent de la tète aux pieds. Si çà continue, je vais…
— Putain, arrêtez çà ! Je…
Mais Wong n’en a cure. Au contraire le plaisir monte progressivement. Je n’ai même pas le réflexe de mettre mes mains à contribution pour abréger le supplice. C’est presque horrible ! Je me renverse sur ma chaise, je halète, je gémis. Je dois avoir la même tète que Meg Ryan dans cette scène culte du film « Quand Harry rencontre Sally » ! Tout mon corps est à présent secoué de frissons que j’accompagne de gémissements sonores. Tout tremble, tout s’illumine, les étoiles explosent, je jouis !!!
J’ai frisé l’évanouissement. Je me suis effondrée sur la table et je reprends progressivement mes esprits.
— Oh punaise, c’est pas possible… C’est atroce ! Oh flûte, j’ai mouillé mon sarong...— Tu es très réceptive, reprend Wong. Vois-tu on peut faire beaucoup de choses sur le cerveau. On peut artificiellement y provoquer des sentiments très divers, tels que le bonheur, la colère, la peur ou tout autre sentiment humain. C’est donc à manipuler avec beaucoup de précautions. Le pouvoir de fascination que tu possèdes en est un tout petit échantillon. Zeus t’a mis en garde d’ailleurs, n’est-ce pas ?
Il se lève.
— Pour ton initiation, je vais activer ta mémoire pour qu’elle mémorise immédiatement le geste parfait, tout simplement. Ainsi, nul besoin de travail étendu sur des années. Bien. Nous allons commencer. Je te propose de te mettre en tenue. May te servira de sparring-partner.— En tenue ?
May m’entraîne dans une des pièces de la maison. Étrange décor… Aux murs, des dizaines d’armes y sont accrochées : arcs, arbalètes, épées de toutes formes et de toutes origines, armes diverses et variées venant de toutes les civilisations. Il ne manque que des armes à feu. … Que fait Wong avec tout çà ?
La tenue ? Un kimono noir, qui sera notre principal vêtement de travail durant les prochains jours. Nous l’enfilons rapidement ; un chouchou dans les cheveux pour une queue de cheval, nous sommes prêtes. Et je la suis dans une autre pièce ou Wong nous attend déjà.
— Tu te sens bien dans ce vêtement ?— Oui Monsieur, j’ai l’impression de rajeunir de soixante ans ! Mais la couleur est inattendue. On dirait que nous sommes des ninjas !— J’en ai entraîné…
J’en reste bouche bée. Mais je me ressaisis… L’entraînement va commencer, je me dois d’être attentive et appliquée. Je réactive alors ma mémoire comme Wong me l’a fait tout à l’heure. Je suis prête… Et Wong je ne sais pourquoi affiche une mine interrogative durant quelques secondes.
— Nous allons commencer par le judo puisque tu y es ceinture noire, reprend t-il sans autre commentaire. N’aie pas peur d’y aller franchement. May a bénéficié de mon enseignement depuis longtemps déjà. Tu ne risques pas de lui faire mal, elle t’est très supérieure dans tous les domaines. Harai-goshi !
Avec application, j’exécute le mouvement et fait voler May sur le tatami.
— Pas mal, pas mal… On va affiner le mouvement. Remettez-vous en position. Le pied droit plus en avant, le gauche, plus dans l’axe. La prise de main est trop haute…

C’est le menu des jours suivant. Avec une extrême minutie, Wong corrige mes positions, les rectifie centimètre par centimètre. Désormais, tout l’enseignement va se dérouler ainsi. Après avoir fait un mouvement une première fois, il me le fait refaire avec une infinie lenteur, corrigeant la moindre imperfection, exigeant un positionnement parfait jusqu’à ce qu’il soit pleinement satisfait. Et chaque travail sur un mouvement se termine de la même façon de sa part : « C’est parfait. Mémorise-le ». En quelques jours, comme promis, le judo, l’aïkido, le karaté, le kung-fu, toutes ces disciplines n’ont plus de secret pour moi !
C’est après trois ou quatre jours de ce régime que Wong se laisse aller à des confidences. Il est content de moi, et il me fait à présent pleinement confiance. Lors d’un repas, alors que nous faisons un bilan de mon apprentissage, je me hasarde à quelques questions.
— Monsieur Wong, j’ai été surprise de la présence de toutes ces armes dans l’autre pièce. Allez vous m’en apprendre le maniement ?— Non Christine. Ce n’est pas ce que Athéna m’a demandé. Le but n’est pas de faire de toi une guerrière ou un soldat d’élite, mais de te rendre apte à te défendre si les circonstances l’exigent.— Les circonstances ?— Tu es encore une jeune immortelle. Au fond tu ne sais pas grand-chose de ce que nous pouvons affronter au fil du temps. Christine, tu découvriras que l’existence des immortels n’est pas un long fleuve tranquille. Elle est paisible la plupart du temps, mais nous ne sommes pas à l’abri de menaces…  Nous avons des responsabilités, des devoirs, et notre existence doit rester secrète. Et même au sein des immortels, il n’y a pas que des gens pleins de bonnes intentions… Tu auras certainement l’occasion de mettre mon enseignement en pratique.
Sa dernière phrase est lourde de menace. Mais il refuse de m’en dire davantage. « Ce sera à Zeus et à lui seul de décider de t’en dire plus, ou pas » m’a t-il dit.

Cela fait une dizaine de jours que je suis son enseignement. Au cours d’un après-midi, en fin de travail sur un mouvement de kung-fu, il nous entraîne May et moi sur la terrasse.
— Christine, j’ai terminé ton entraînement.— Ah bon ? Dis-je étonnée… Punaise, je n’ai pas vu passer le temps ! Euh… que dois-je faire alors maintenant ?— Mais ce que tu désires, tout simplement. Tu peux rester ici autant que tu le désires, tu peux rentrer en Europe également, tu es libre de tes choix. Mais moi, contractuellement , j’ai fait ce que je m’étais engagé à faire... Et je peux rajouter que tu es une élève particulièrement douée !
Je réfléchis rapidement quelques secondes. C’est tellement subit. Et May va me manquer… Mais je sais qu’on m’attend en Europe. Antinea me manque, Alex me manque, tous me manquent.
— Alors dans ce cas Monsieur Wong, je vais me permettre de prendre congé de vous demain. Et… j’aimerai également pouvoir revenir vous voir quand j’en aurai envie, que ce soit par pure courtoisie… ou autre chose. Et je vous remercie du fond du cœur de tout ce que vous m’avez appris.— Tu sera toujours la bienvenue Christine, conclut t-il en souriant.
La nuit est tombée. Je suis couchée avec May, dans les bras l’une de l’autre, nues toutes les deux comme d’habitude. Elle dort déjà. Elle a eu du mérite de résister à tout ce que je lui ai fait subir ces derniers jours ! Et je ne parle pas seulement de ce qui s’est passé sur le tatami…  Je ne parviens pas à dormir. Baisse de la tension de ces derniers jours ? Perspective de rentrer en Europe ?
Je me redresse, fait quelques pas dans la chambre, sort sur la terrasse. Il fait doux, pas de nuage, un très léger vent, un clair de lune blafard. Quelque chose m’a attiré… Je descend dans l’herbe m’avance les sens aux aguets vers la rivière. Je ressens une impression bizarre, je suis dans un état second. Je me baisse, me met à quatre pattes. Je ne réfléchis plus, j’agis d’instinct. Je ne me suis même pas rendu compte que je me suis métamorphosée en tigresse. Je pars au trot dans la jungle.
Je n’ai pas remarqué que Wong m’a vue partir, une lueur d’étonnement dans les yeux… Pour l’instant, je trotte à travers les fourrés. Quelque chose m’attire, me guide inexorablement. Il est là, je le sens, je l’appelle à coups de rugissements plaintifs. Je l’ai trouvé, Sharka, le tigre mâle, le seigneur des lieux. Il semble étonné, si tant est qu’un tigre puisse l’être. Je viens contre lui, je frotte mon museau contre le sien, je lui envoie quelques coups de langue. Viens Sharka, viens mon beau mâle, je suis prête ! Je me tourne, je m’accroupis, je me soumets, je le veux. Il vient sur moi, il me prend. Je pousse un rugissement de bonheur. Quel mâle !
Trop vite il se retire. Je le veux encore ! Je n’ai plus rien d’humain, je ne suis plus qu’une femelle en chaleur. Je délire ? Je ne sais pas ! Je ne me rends même pas compte que j’ai repris forme humaine, au grand étonnement du fauve ! Je prends sa tète à deux mains, je l’embrasse, je lui roule une pelle d’enfer ! Je colle mon visage contre sa tète sans souci de ses mâchoires, je le caresse tant que je peux. Je me retourne à nouveau, suppliante, soumise. Sharka ne peut pas comprendre, moi non plus… Alors il se comporte en mâle face à sa femelle et il me prend à nouveau avec une telle violence que je crie comme s’il venait de m’égorger…
Est-ce que je rêve ? Est-ce un cauchemar ? Je ne sais plus ! J’ai perdu toute humanité. Je passe sans arrêt de ma forme humaine à ma forme animale, sans arrêt je sollicite Sharka, jusqu’à ce que je tombe de sommeil, épuisée, entre les pattes du tigre.
Quand je me réveille, je me découvre sous ma forme humaine, blottie contre le flanc de l’animal. Alors je n’ai pas rêvé ? Sharka s’anime lui aussi l’air interrogateur. Je redeviens tigresse, je redeviens sa femelle…
J’ai perdu la notion du temps. Nous déambulons ensemble dans la jungle. Nous nous arrêtons souvent pour un moment d’amour. Dans ces moments là, je ne contrôle plus rien. Qu’est-ce qui se passe ? Je n’en sais rien et je m’en fiche !
C’est un de nos rares moment de repos. On s’envoie des petits coups de langue, on se fait des câlins… lorsqu’il se redresse soudain, les sens aux aguets. Moi aussi, je l’ai senti… Il avance lentement et je le suis. Nous sommes en chasse ! Il y a une proie pas loin… C’est un gaur ! Un énorme buffle de prés d’une tonne, le plus gros bovidé d’Asie, un monstre. C’est un vieux mâle, qui broute paisiblement au milieu d’une clairière. Sharka et moi échangeons un regard. Il n’a rien fait de particulier, mais j’ai compris ce qu’il attendait de moi. Aussi silencieusement que je le peux, je le quitte, contourne la clairière. Le gaur a relevé la tète. Est-ce qu’il a senti quelque chose ?
Alors je quitte les fourrés. Je me découvre à sa vue. Va t-il charger ou fuir ? Ni l’un ni l’autre. Il me fait face cornes baissées, prêt au combat. Il a concentré son attention sur moi. Je ne suis plus qu’à quelques mètres quand Sharka s’abat par surprise sur son dos ! Il le mord férocement sur la nuque. J’attaque à mon tour, le saisit à la gorge. Le gaur s’effondre sous la double attaque. Il se débat, il est perdu ! Les terribles mâchoires de mon compagnon lui broient la nuque pendant que je lui déchire la gorge. Au bout de deux minutes, le vieux solitaire rend son dernier soupir...
Je suis repue… Sharka et moi avons dévoré une partie de l’animal, et il en reste pour plusieurs repas… A petits coups de langue, nous nous nettoyons mutuellement le museau du sang qui s’est collé sur nos poils. Puis après un moment de repos, je sollicite à nouveau les faveurs de mon mâle. Plus rien ne subsiste de mon humanité…
Plus rien… Je perds à nouveau la notion du temps. Dans mon sommeil, je fais des rêves étranges, des rêves ou je donne le jour à des jeunes tigres, des rêves de chasse, des rêves d’amours animales… Mais est-ce du rêve ou la réalité, je ne sais plus… Et puis à un moment, j’émerge. Je me remet à penser en tant que Christine. Alors je fait un dernier câlin à Sharka et m’élance au petit trot. Il me regarde m’éloigner, mais ne me suit pas. Sans doute a t-il compris que c’est terminé.
Je reprends forme humaine en bordure de la clairière. Avec surprise, je vois que Wong m’attend, un tunique entre les mains que je revêt.  « J’ai senti ton retour » me dit-il. Nous nous retrouvons devant un thé sur la terrasse. J’ai l’impression de sortir d’un long sommeil. J’entame la conversation. Je lui résume ce dont je me souviens.
— C’est à vous que je dois ce qui s’est passé ?— Non Christine, je n’y suis pour rien. Que t’es t-il arrivé ?— Je… je ne sais pas. Je dormais avec May, et puis… Quelque chose m’a réveillé, m’a attiré. C’est comme si j’avais été… comment dire ?— Appelée ?— Oui, c’est exactement çà. Combien de temps ais-je été absente ?— Trois jours.— Seulement ? J’ai l’impression que çà a duré des mois. Bon sang, que s’est t-il passé ?
Wong réfléchit quelques secondes…
— Quelque chose de tout simple à mon avis. Lors de ton dernier repas, tu as du absorber sans le savoir une plante hallucinogène. Il n’en manque pas par ici. Quant à savoir si ce que tu me racontes s’est réellement passé… je pense que oui, parce que tu as une marque de griffe sur l’épaule. Dans le détail par contre, je ne saurai le dire.
Oui… Peut-être. Mais je ne sais pourquoi, j’ai le sentiment qu’il me ment… Il sait ce qui s’est passé, pourquoi j’ai ainsi été attirée. Et je me demande pourquoi il me cache une vérité. Mais je devine aussi qu’il ne m’en dira pas plus. Alors, autant me focaliser sur le retour. Peut-être Antinea ou Kostia pourront-ils m’en dire davantage ?
Le lendemain, May s’apprête à me ramener au petit terrain ou m’attend l’avion-taxi qui va me ramener à Bangkok. Je prend congé de Wong.
— Merci encore pour votre enseignement Monsieur Wong, même si je ne suis pas sure d’avoir compris pourquoi Antinea a souhaité que vous me le donniez. Aurais-je le plaisir de vous rencontrer à Mikro Kea un de ces jours ?— Je ne pense pas Christine. Zeus m’en a... banni il y a bien longtemps. Et le maître des dieux à la rancune tenace. Même après ces centaines d’années, il n’est pas sur qu’il me veuille à nouveau sur l’Olympe.— Banni ? L’Olympe ?— Ah oui. Tu ignores donc que L’Olympe, c’est ce que l’on désigne aujourd’hui sous le nom de Mikro Kea…— Mikro Kea : l’Olympe ??? Mais… le mont Olympe est le plus haut sommet de la Grèce ?— Ça c’est une invention des hommes, répond-il en riant. Pour les peuples de l’époque, il ne faisait pas assez prestigieux que la demeure des dieux soit une petite île insignifiante de la Méditerranée. Tu ne crois quand même pas que les dieux aient été se geler sur une montagne désolée ou rien ne pousse ? Alors que Mikro Kea est un petit paradis…— Et que voulez vous dire par « banni » ?
Encore aujourd’hui, je ne sais pas pourquoi Wong s’est ainsi livré à de telles confidences… Son regard se fait lointain, il plonge dans ses souvenirs. Son visage s’attriste.
— J’habitais l’Olympe jadis… Avec les autres dieux, nous guidions les peuples sous notre responsabilité vers leur destin. Mais moi, contrairement aux autres, j’avais tendance, trop sans doute, à vouloir résoudre les conflits par la force… J’ai incité des rois à se battre contre d’autres rois, J’ai manipulé leurs sentiments, exacerbé leurs colères, j’ai conduit des batailles… Je suis responsable de bien des massacres, de bien des génocides, de bien des drames. D’un coté, je suis devenu un maître dans la science guerrière. Tu ne trouveras nulle part sur cette terre quelqu’un qui maîtrise les techniques de combat, le maniement de n’importe quelle arme, la stratégie et la tactique militaire comme moi. Je suis un expert. Personne ne peut me battre.
Il me regarde droit dans les yeux, sourit à nouveau.
— Mais j’avais tort… On ne résous rien par la force. La violence engendre la violence, on ne gagne jamais. Et çà m’a coûté cher. Mon père m’a banni de l’Olympe. J’ai vu mourir mes deux fils qui ont eu l’imprudence de me suivre. Je n’ai pas vu grandir ma fille… D’une certaine façon, j’ai fait la paix avec mon père, mais je ne souhaite pas revenir en Grèce. Cette vie simple me suffit…
Je suis ébahie. Son déballage tourne à toute vitesse dans ma tète, et la vérité éclate dans mon esprit.
— Un expert de la guerre… Deux fils, une fille. Zeus est votre père... Et vous m’avez appelé Harmonie le jour de mon arrivée parce que… je vous rappelai votre fille… Arès… Vous êtes Arès, le dieu de la guerre…
Il hausse les épaules— Peu importe ce que j’étais. Seul compte…— … le nom que l’on porte aujourd’hui.— C’est exactement çà. Je vois que tu as bien retenu cette leçon. Allons, il est temps ! Ton avion ne t’attendra pas toute la journée.
Je ressens alors une pulsion inconnue. Malgré moi, je me colle à lui, je passe mes bras autour de sa taille, je me blottis dans ses bras, ma tète contre son torse, je le serre chaleureusement contre moi. Je reste ainsi de longues secondes. Quand je m’écarte enfin de lui, Wong semble bouleversé. Et malgré moi, je m’entends dire "Au revoir, père"...
Je me suis envolée depuis un bon moment, direction Bangkok. Je n’ai pas compris ce qui s’est passé. C’est comme si un esprit inconnu s’était emparé de moi. Harmonie ? J’en ai des frissons ! May est de retour à la clairière. Wong est assis sur une marche de la terrasse, l’air pensif… Cette scène, on me la rapportera plus tard :
— Pourquoi ne lui avoir rien dit papa, pourquoi lui avoir menti ?— Parce que Christine est à un niveau critique de son évolution. Zeus et Athéna avaient raison, elle a un potentiel énorme. C’est à eux à décider de la suite, pas à moi. Normalement, elle n’aurait pas du pouvoir faire de toi une femme le premier matin, tu te rappelles comme çà t’avait surpris ? Un immortel du deuxième cercle ne peut pas induire de transformation chez une autre personne. Elle l’a fait d’instinct, sans le savoir. A son niveau elle ne peut pas non plus modifier son cerveau. Et pourtant elle a fait cela naturellement. Quand au fait d’avoir été « appelée » par Gaïa, c’est très rare, et pour un immortel aussi récent, c’est unique. Ça ne s’est jamais vu. Elle ne le sait pas, mais elle a atteint le troisième cercle. Oui, je l’affirme, elle est devenue un déesse…

Mikro Kea, quelques jours plus tard. Je me suis plantée au milieu du gymnase, les pieds dans le sable, uniquement vêtue du pagne traditionnel. Je vais lancer un défi !
— Qui veux-tu affronter Christine ?— Antinea !
Sous les applaudissements, cette dernière retire ses habits et vient me rejoindre en riant. Nous tournons l’une autour de l’autre, préparant notre assaut. Théoriquement, nous avons le même niveau. Elle est plus expérimentée, mais moi, j’ai chassé avec un tigre...
— Et maintenant que nous avons le même entraînement, dis-je, laquelle de nous deux va gagner ?— La plus vicieuse, me répond t-elle en riant !
Oh putain…
*** FIN de l’épisode ***
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