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Chroniques immortelles

Chapitre 27

Les filles perdues - 7e partie : Danielle

Divers
Je vous rassure, nous sommes retournées chercher Ingrid. Elle  finissait d’épuiser ses partenaires et ne s’était rendue compte de rien …
Moi par contre je ne suis pas rassurée. J’ai longuement conversé avec Kostia à Athènes d’une part, avec Philippe et Henri du SIA d’autre part. Je sais que Hicham A… en a fait autant avec le cheikh Hussein et que des tractations sont en cours à leur niveau. De mon coté, je surveille de façon la plus discrète possible Christelle. Cette dernière ne laisse rien paraître de son trouble, continue d’animer le centre quand ses activités professionnelles lui laissent un peu de répit et rien dans son attitude ne laisse supposer que quelque chose a changé.
La soirée chez le prince était un samedi soir. Dimanche est passé, puis lundi. Je n’ai pas de nouvelles… Il serait facile à Kostia de me contacter par télépathie, mais il ne le fait pas. Et puis la télépathie à longue distance est un art que peu d’immortels de très haut niveau maîtrisent. Kostia, maître Wong, Gaïa, quelques autres et bien sur Ouranos se jouent des milliers de kilomètres qui les séparent. Moi, je n’ai pas encore ce talent. Je porte à quelques centaines de mètres mais pas au-delà si mon interlocuteur n’est pas un télépathe d’exception. Bref, je suis dans le brouillard.
Mardi matin. Je suis à l’hyper voisin à trimballer des cartons de couche et des paquets de papier cul dans les rayons. Ma couverture… Encore une noble et motivante tache pour une déesse vénérée… Vénérée, vous pouvez le jouer en verlan, tellement je suis à cran. L’heure de la pause méridienne approche. Vivement…
— Pardon mademoiselle, fait une une voix féminine, ne seriez vous pas plus à l’aise dans le rayon de la cuisine grecque ?
De quoi se mêle cette pétasse ??? Elle tombe mal ! Je me retourne et…
— Antinea !— Bonjour Christine !— Mais… Qu’est-ce que tu fais ici ??? dis-je en me jetant dans ses bras.— On a jugé en haut lieu qu’il fallait que je te voie en personne. Tes découvertes ont mis pas mal de monde en émoi ! Il faut qu’on se parle en privé rapidement.— Pas de problème, je suis en train de terminer ma matinée. Va derrière le magasin, je t’y retrouve.
C’est par une étreinte fougueuse que nous fêtons nos retrouvailles. On s’embrasse passionnément, puis tendrement, un long baiser qui n’en finit pas. Antinea, mon amour… Dés qu’on est séparée, je vis cruellement son absence. Nous nous retrouvons dans un coin discret au M.D. , le fast-food voisin.
Pendant un long moment, nous faisons le bilan des découvertes et des constats. Puis elle me dévoile la nature des tractations et des décisions qui ont été prises au plus haut niveau. Une fois de plus, j’admire le pragmatisme et la solidarité des immortels. Ce qu’elle m’expose me semble parfait. Mais Christelle acceptera t-elle ce que l’on va lui proposer ?
Que m’a dit Antinea ? Là encore amis lecteurs, permettez moi de vous faire patienter encore un petit peu. D’autant que tout est conditionné à une question : Christelle est-elle vraiment une personne comme nous le soupçonnons ? Antinea en semble persuadée. Mais comment en être sure ?
— Ce qui est certain, reprend Antinea, c’est qu’elle n’éprouve plus le besoin de tuer. Tous ses contrats ont été annulés. Il ne nous reste plus qu’à attendre, qu’un indice indiscutable se fasse pour valider sa nature. Évidement, comme tu es à son contact, ce sera à toi de donner l’alerte, et tout se mettra en branle.

Antinea va rester en stand-by dans un hôtel proche. Sa présence sera nécessaire pour intervenir auprès de Christelle. Quant à moi, je retourne à l’hyper en piaffant d’impatience, et en râlant parce que chaque fois que je regarde la pendule en espérant qu’il se soit passé une heure, je constate qu’elle n’a progressé que de cinq minutes ! C’est interminable. C’est un peu avant la fin de mes horaires que je reçois une autre visite, anodine celle-là.
— Hello Christine, comment çà se passe ?— Danielle ? Ça va merci. C’est un boulot à la con, mais il faut bien que quelqu’un le fasse. Tu fais quoi ?— Quelques courses pour le centre, et voir si tout va bien pour toi ?— Oui, j’ai quasiment terminé d’ailleurs.— OK, on rentre ensemble si tu veux ?
Je suis venue avec un scooter prêté par Christelle. Outre un dressing plein de tenues de toutes sortes en libre-service, son immense garage au sous-sol est bien garni aussi. Outre la Ferrari, Christelle et les filles y rangent leurs voitures, Danielle sa moto, il y a un quad, des vélos et ce scooter que j’ai pris avec plaisir. Je retrouve Danielle devant sa moto sur le parking. C’est alors que se produit « l’incident »… Quatre jeunes, le genre qui roule les mécaniques et aime se faire valoir avec des gros muscles. Bref, des idiots.
— Hé regardez, lance l’un d’eux en nous désignant. Vous avez vu ? C’est la gouine du magasin de moto !— Eh poupée, tu as bien brouté le minou de ta copine ? Tu préfères pas essayer une bite ?— Tiens elle s’est trouvée une autre poule, il les lui faut toutes alors !— Moi je la trouve excitante avec tout ce cuir !
Oh les cons… Le regard de Danielle a viré au noir. Une énorme colère s’empare d’elle. Elle marche droit sur le plus proche. J’essaie de la retenir…
— Laisse tomber Danielle, c’est des crétins.— Et il lui faut l’aide de sa petite pute en plus, c’est mignon !— Comment tu m’a appelée connard ? Rugit-elle.— Oh, mais c’est qu’elle miaule la petite chatte !
Le gars n’a rien vu venir. Danielle a frappé sans sommations, droit au visage, poing serré. Le gars s’écroule sur le sol en se tenant la tète, pendant que Danielle frappe à coups redoublés un autre garçon !
— Elle… elle m’a cassé le nez, pleurniche le gars au sol. La salope, pétez lui sa gueule !
Les trois autres entourent alors Danielle. Mais cette dernière est une vraie furie. Elle n’a pas de technique, elle frappe aveuglément tout ce qui passe à sa portée, mais elle ne va pas pouvoir résister à trois contre un ! Alors mon sang ne fait qu’un tour et je me jette dans la bagarre !
— Foutez lui la paix ! Barrez vous, sinon… et puis merde !
L’un d’eux s’est retourné, surpris. J’enchaîne le mouvement de base : coup de pied dans les couilles qui le fait se plier en deux avec un cri de douleur, puis le coup de genou au visage qui l’envoie à terre ! Celui qui était déjà au sol s’est relevé et tente de m’empoigner. Je vise son nez déjà blessé, ce qui le fait reculer en hurlant de douleur. Les deux autres garçons cèdent devant la rage de Danielle. Je ne me rappelle pas avoir jamais vu quelqu’un se battre avec autant de violence ! Ils ont reculé, stupéfaits. Alors elle se venge sur le garçon à terre, lui envoyant de violents coups de botte dans les cotes et le visage. Il faut que je l’arrête, elle va finir par le tuer ! Je m’interpose.
— Arrête Danielle, c’est bon ! Je crois qu’ils ont compris maintenant !
Ah oui, les garçons ont compris, ils ont relevé rapidement celui qui était à terre. Ils pissent le sang, ils sont contusionnés, griffés, balafrés. Je vois dans leurs yeux un mélange de dépit et de stupéfaction, ils battent en retraite…
— Ou vous fera la peau, salopes ! Nous lance de dépit l’un d’eux en s’éloignant.— Quand tu voudras, arrive petit pédé que je t’explose l’autre couille, rugit Danielle.— Et n’oublie pas tes petites copines ! dis-je en conclusion.
Dois-je l’avouer ? Je suis ravie de ce petit intermède… C’est pas bien, mais j’ai pris un vrai plaisir à me bagarrer de la sorte. Danielle me regarde avec étonnement.
— Ou est-ce que tu as appris à te battre comme çà ?— Au… au squat, dis-je en rougissant. Il a fallu que j’apprenne à défendre mes… mes affaires. Et mon fric. C’était pas toujours très drôle là bas...— Viens, me dit-elle en riant. Allons prendre un café au M.D.
Nous nous retrouvons devant un café quelques minutes plus tard.  Notre bagarre a eu des témoins et à une autre table, trois bikers nous regardent avec un air amusé. L’un d’eux nous salue avec le pouce en l’air. Manifestement, ils ont apprécié ! Ah ! La solidarité entre motards…
— Tu m’as épaté, me dit Danielle. Avec tes quarante kilos tout mouillés et tes sourires timides, je n’aurai jamais cru que tu puisses te battre comme çà.— Je les ai pris par surprise, dis-je en haussant les épaules. Et tu en avais déjà amoché un, çà aide… Mais j’ai été surprise de ta réaction. c’était juste des petits cons au fond ?— Je supporte pas ce genre de tarés. Les mecs, tous des ordures !— Tu n’aimes pas les hommes ? Dis-je surprise. J’ai bien vu que Chris et toi vous… enfin, vous êtes en couple, mais…— Je les déteste ! C’est tous des porcs. Parfois je rêve qu’on les élimine jusqu’au dernier après avoir coupé leurs couilles pour les mettre en culture pour ne produire que des spermatozoïdes X. Il n’y a rien d’autre utile chez eux. Nous les femmes, nous donnons la vie, eux sèment la mort.
Je la regarde avec curiosité. Danielle est remplie de haine à l’égard des hommes. Que lui est-il arrivé pour… Je me laisse emporter par ma curiosité.
— J’en connais pourtant qui sont vraiment des gens biens. Pourquoi les détestes tu à ce point ?— Parce que je…
Elle a hésité . Et puis elle se laisse aller...
— Tu es au courant de l’histoire d’Ingrid... Et bien moi, c’est une histoire semblable. Sauf que si, elle, est une prédatrice, moi j’ai été une victime… Oui… J’ai été baisée par mon père, par mon frère, je devrai plutôt dire violée, tantôt par l’un ou l’autre, tantôt les deux. Parfois ils faisaient venir des types. Je crois qu’ils me vendaient. C’est ce qui aurait pu arriver à Nicole si elle ne s’était pas enfuie. C’était des salauds. Si je protestai, j’étais battue, fouettée… Je n’avais personne pour m’aider. Je n’ai pas de mère, ou du moins je ne l’ai pas connue, elle s’est tirée il y a longtemps. Je n’en ai pas de souvenirs.
Elle a la tète baissée, plongée dans ses souvenirs. Soudain elle se redresse, une froide détermination dans les yeux.
— Seulement un soir, j’ai été prise d’une crise de rage… Le client ce soir là était encore pire que les autres. Il m’a pissé dans la bouche pendant que je lui faisais une pipe. Alors je l’ai mordu, de toutes mes forces ! Il a hurlé, hurlé, j’avais le sang qui giclait de sa bite dans ma bouche. Il paraît qu’il est impuissant maintenant… Mon frère est accouru, mais je lui ai fracassé une bouteille qui traînait là sur le crane. Quant à la saloperie qui me servait de père, on s’est retrouvé  face à face au sommet de l’escalier. Je lui ai envoyé un coup de latte qui l’a fait rouler dans l’escalier. Il s’est brisé la colonne vertébrale en chutant. Depuis, il est dans un fauteuil roulant, paraplégique à vie, et mon frère a gardé des séquelles cérébrales après plusieurs semaines de coma…— Oh Dany, je te demande pardon, jamais je n’aurai imaginé une histoire aussi horrible... Mais comment t’es tu retrouvée aux « filles perdues » ?— J’ai fait plusieurs mois de taule, évidement. J’avais quand même envoyé trois mecs à l’hôpital ! J’en suis sortie sous contrôle judiciaire et on m’a placé dans un premier foyer pour jeunes filles. Le responsable, je le reconnais était un mec bien. Mais le deuxième soir, au réfectoire, il m’a tendu la main je sais pas pourquoi. Je ne sais pas ce qui s’est passé dans ma tète à ce moment là, peut-être que j’ai eu peur qu’il me touche, mais dans un réflexe je lui ai cloué la main sur la table avec mon couteau... On m’a embarqué à nouveau. Quand j’ai expliqué mon geste à Roland N… il m’a proposé d’être hébergée aux « filles perdues » ou aucun homme n’est présent. Et voilà.— Mais, tu travailles dans un magasin de motos si j’ai bien compris ?— Oui, j’y suis mécano, j’adore les motos, répond-elle les yeux brillants. C’est ma passion. Quand je suis sur ma Yam’, j’ai l’impression de dominer le monde.— Et avec les mecs du magasin, çà se passe… ?— C’est un peu différent, dit-elle en haussant les épaules. C’est des motards. La mécanique est notre point commun. Ils sont passionnés, compétents, et moi aussi. Alors on se respecte. Mais ils savent qu’ils n’ont pas intérêt à me faire une réflexion de travers !
Elle touille son café, se met à sourire.
— Et puis j’ai fait la connaissance de Chris… A mon arrivée au centre, j’étais tendue, j’en voulais à tout le monde, j’étais sur mes gardes, prête à frapper. Je l’ai vue, je n’ai éprouvé que du mépris. Je me suis dit que cette nana me faisait pitié avec sa douceur et ses sourires mielleux. Instinctivement, j’ai voulu plier toutes les filles présentes à ma volonté. Alors… comment dire ? Un matin, alors que nous n’étions que toutes les deux, Chris m’a « recadrée ». Et je me suis rebellée. On s’est battue. Dans le salon, comme des chiffonnières ! Et elle m’a écrasée, il y a pas d’autres mots. Quoi que je fasse, je me suis retrouvée à terre en quelques secondes. Et à un moment, je ne sais pas ce qui s’est passé, alors qu’elle m’avait bloquée couchée sur le dos, assise sur moi, une pulsion… De rage, j’ai voulu la mordre au visage, mais au dernier moment, je l’ai embrassée… Et tout a changé. On s’est embrassé à nouveau furieusement. Je ne comprenais pas ce qui arrivait, je me disais que j’étais pas lesbienne et… On a baisé comme des folles ! Ça a été une révélation et là, je me suis dit « si, tu es lesbienne, salope ! Mais qu’est-ce que c’est bon ! ». Depuis, on est en couple. Je me suis trouvée, mon vrai moi, ma nature profonde. Je l’aime. Je l’adore. Je ferai n’importe quoi pour elle.— Elle a du charisme, c’est vrai. C’est une fille exceptionnelle.— Attention ma poule, me dit-elle en riant. Chris, c’est ma femme. Si tu t’approches trop d’elle, je te crève les yeux !— Ne t’inquiète pas, dis-je en riant à mon tour, je ne suis pas lesbienne, sauf naguère pour les affaires.
« Pas lesbienne » me dis-je… Non, c’est vrai, en réalité je suis bisexuelle. Mais si Antinea entendait çà…
Nous sommes rentrées à la maison, elle m’escortant sur sa moto, moi sur mon scooter. Nous y retrouvons Odile et Nicole. Christelle n’est pas là, probablement en train de « travailler ». Ingrid arrive peu après.
— Je me suis fait que deux mecs aujourd’hui…— Ingrid, va te doucher !
Il fait déjà nuit. Après tout, nous sommes mi-décembre… Je plaisante avec les autres filles pendant que nous préparons le repas. Mais au moment de mettre la table, Danielle nous arrête.
— Juste cinq couverts les filles, Chris ne rentrera que très tard après son travail.
Pourquoi a t-elle dit çà ? Manifestement elle sait ce que fait Christelle ce soir ? Et puis le téléphone sonne. Nicole décroche.
— Oui, ici les « filles perdues »… Qui ? Oui je vous la passe. Christine, c’est pour toi, une de tes collègues du  magasin.— Une collègue ? Tiens ?… Merci. Allô ?— Christine, c’est Antinea, fait la voix dans l’écouteur. Garde une attitude neutre et mets toi un peu à l’écart.— Ah, tiens, quelle surprise ? Dis-je en tentant de contenir mon émotion. Qu’est-ce qui se passe ? Un… problème avec le boulot ?— Oui. Je te résume : on a fait le nécessaire pour que tous les contrats de Christelle soit annulés. Mais il y a un os. « C » a accepté d’envoyer l’ordre d’annulation pour le dernier. Seulement Christelle aurait du confirmer par retour. Or elle ne l’a pas fait… Comme elle est loyale avec eux, on pense qu’elle n’a pas pris connaissance de l’ordre d’annulation.— Aïe… Et euh… çà pourrait poser problème ?— Oui. Grâce au mouchard que tu as posé sur sa voiture, on sait qu’elle s’est arrêtée au bureau de poste pour retirer un colis. Une mallette apparemment d’après la vidéo de surveillance. Mais après, elle est partie avec une voiture de location et on a perdu sa trace. Or le contrat ordonné par « C » devait se faire … ce soir.— Oh merde !
Un frisson glacé me court dans le dos. Elle va passer à l’action ! Je dois empêcher çà, à tout prix, je le ressens à travers toutes les fibres de mon être. Elle a tué un nombre incalculable de gens, mais celui-là, le dernier, je veux lui éviter de le faire !
— On surveille sa « cible », mais on ne peut pas le prévenir qu’il risque d’être abattu. C’est compliqué, de la cuisine merdique entre services spéciaux… On espère la repérer et l’empêcher d’exécuter son contrat. Mais honnêtement, les chances sont faibles d’après le SIA. Sauf si tu as un indice sur l’endroit ou elle compte agir ?— J’en sais rien… Attends.
Je me tourne vers les filles.
— Est-ce que l’une de vous sait ou est Chris ? Dis-je précipitamment.— Qu’est-ce que tu lui veux ? me demande Danielle.— L’empêcher de faire une grosse bêtise tout simplement ! Si tu sais quelque chose, dis me-le ?— Ce que fait Chris ne te regarde pas, me dit elle froidement.
Je suis saisie. Il y a une sourde menace dans le son de sa voix. Alors je comprends, elle est au courant ! Elle sait ! Évidement, que je suis bête ! Elles sont en couple, Danielle s’est forcément rendue compte des activités meurtrières de sa femme ! Et maintenant elle va la protéger ! Putain, au diable les conventions et les règlements : je plonge dans l’esprit de Danielle…
— Antinea ! Le restaurant Canto à coté du port de plaisance de la pointe Croisette ! J’y fonce ! (Ce restaurant n’existe pas, ne cherchez pas ; NDLA)— Hé, comment sais-tu ? Me lance Danielle. Tu bouges pas. Tu ne vas nulle part ! Et tu vas devoir t’expliquer ma poule !— Toi, me fais pas chier. Dors !
Danielle s’écroule instantanément. Je l’ai anesthésiée d’une brève pensée ! Les trois autres filles me regardent avec de yeux ronds, elle n’ont rien compris à ce qui vient de se passer. Alors, je pénètre leur esprit.
— Les filles, vous allez OUBLIER ce qui vient de se passer. Pour vous, je suis sortie me promener. Danielle a eu simplement un malaise. Allez la coucher… Et passez une bonne soirée !
J’étais en pyjama. Tant pis, pas le temps ! J’attrape un blouson qui passait par là, mon casque pour ne pas attirer l’attention des keufs, et en courant, je me rue sur mon scooter. A cette heure-ci et la circulation qu’il y a dans Cannes, j’irai bien plus vite comme çà. J’y suis en moins d’un quart d’heure… J’ai slalomé entre les voitures, grillé des feux rouges, brûlé des stops, fait un doigt d’honneur à des policiers en faction et j’ai été saluée par d’innombrables coups de klaxon indignés !
Je m’arrête juste avant le square de Verdun… Je vois l’entrée du restaurant. Il s’ouvre largement vers le boulevard. Elle va faire un tir à distance quand son « client » va se présenter dans l’entrée, c’est évident… Mais ou peut-elle être ?
Je m’assoit dans l’herbe. Je ferme mes yeux, je me concentre. Gaïa… Ton enseignement va me servir… Mon esprit se connecte avec la végétation qui m’entoure, arbres, buissons, fleurs… Je les interroge, je leur envoie l’image de Christelle. Ils l’ont vue ! Elle… elle est rentrée là, dans cet immeuble ! Je m’y précipite. La porte sécurisée est désactivée. Elle a été forcée il y a peu. Christelle, évidement… Je ne sais pas ou elle est, mais je connais à présent son énergie si particulière. Je me laisse guider par mon instinct. Un étage… Deux étages… Au troisième, je suis attirée vers un des couloirs et m’arrête devant une porte. Elle est là, j’en suis sur, je le sens. Je pousse la porte.
Elle a réagi instantanément. A peine ais-je fermé la porte qu’elle pointe vers moi un pistolet équipé d’un silencieux. Posé devant une fenêtre, un fusil à lunette…
— Qu’est ce que tu fait ici ? Me dit-elle durement.
La voix est froide, et même glacée, déterminée. Il n’y a aucune trace de la chaleur qu’elle dégageait au sein du centre. Au contraire, c’est la mort que je vois dans ses yeux.
— Je suis venue t’empêcher de faire une bêtise Chris, c’est terminé !— Terminé ? Je n’aurai jamais cru çà de toi. Une fliquette ! T’es une fliquette, n’est-ce pas ?— Non ! Enfin, si… pas vraiment. C’est compliqué !— Dommage pour toi, dit elle.
Et elle appuie sur la détente…
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