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Chroniques immortelles

Chapitre 28

Les filles perdues - 7e partie : Héros !

Divers
J’ai réagi dés que j’ai vu son index se crisper. J’ai eu juste le temps d’accélérer mon métabolisme dans des proportions surhumaine. Tout se déroule pour moi selon un extrême ralenti. Je vois quelque chose sortir du canon du revolver, je distingue le souffle des gaz en expansion. Dés la première fraction de seconde, j’ai commencé un mouvement d’esquive car Christelle m’a visée droit au cœur.
Mais n’allez pas croire que tout va se passer comme dans un épisode de super-héros ! Le gars qui se déplace à une vitesse folle, qui arrête les balles en plein vol, çà c’est du cinéma. Car les lois de la physique et l’inertie liée aux masses ne se manipulent pas ! A la vitesse ou je vois les choses se dérouler, il me faut déployer des efforts insensés pour faire le moindre geste, le moindre mouvement ! Certes, en bandant mes muscles au maximum je vais bouger à une vitesse inhumaine, mais on peut résumer en disant que plus les choses se déroulent pour moi au ralenti, et plus l’effort que je dois faire pour bouger est important…
Alors que la balle est presque à ma hauteur et qu’elle va me frôler, je balance le casque du scooter que j’avais à la main en direction de Christelle. Tout se déroule avec une lenteur irréelle. La balle me manque de peu. Mon casque vole droit vers son visage, la frappe de plein fouet avec une force qui doit être terrible, parce que je n’ai pas ménagé mon effort. Elle bascule en arrière en lâchant son revolver, percute une table en verre qui explose sous l’impact et s’écrase au sol. Je reprend mon métabolisme normal. Le son revient, le temps reprend son cours, les objets s’animent à nouveau. Et Christelle qui a roulé sur elle même se redresse déjà avec un poignard à la main. Elle me regarde méchamment mais avec une pointe de stupéfaction dans son regard. Comment ais-je pu éviter cette balle se dit-elle ? Elle s’essuie le visage car mon casque lui a éclaté la pommette et l’arcade.
Et alors…
Alors se produit un de ces événements que l’on attendait... Stupéfaite, je vois ses blessures se refermer rapidement, le sang cesser de couler… Et tout bascule !
— Arrête Chris ! Écoute-moi ! On n’a plus besoin de se battre. Regarde…
Je ramasse rapidement un morceau de verre, m’insensibilise, et devant elle, je me fais une longue balafre sur un bras, qui se referme instantanément. Christelle s’est immobilisée. Elle regarde abasourdie mon bras sans la moindre trace de blessure.
— Co… comment fais-tu çà ? Dit-elle presque en bégayant. Tu es un Jedi ???— Je suis comme toi Chris. Moi aussi je peux me guérir instantanément.— Mais putain, qui es-tu ?— Je suis une immortelle Chris, et toi… tu le seras un jour. Tu ne l’es pas encore mais tu en es sur le chemin. Tu es ce que l’on appelle… un héros, une héroïne, une « presque » immortelle.
Cette fois, Christelle semble ébranlée. Son poignard s’abaisse, son attitude menaçante s’efface.
— Tu te fous de ma gueule, dit-elle, il y a forcément un truc !— Tu sais qu’il n’y a pas de truc puisque te guérir spontanément tu le fais aussi. Et puis regarde. Tu pensais m’avoir déjà rencontrée ? Tu avais raison.
Instantanément, je prend mon aspect masculin, celui de Cyrille. Cette fois, Christelle ouvre des yeux ronds.

— Le… le petit stagiaire du commissariat !— Et oui. Mais franchement je me préfère sous cette apparence-ci. Je te plais ?
Aussi soudainement, je redeviens Christine, mais cette fois celle « d’avant », avec ses muscles, ses cinquante et quelques kilos, sa poitrine généreuse et tout ce qui va avec.
— C’est pas possible ? Bégaye Christelle, c’est une histoire de fou ???— Christine a dit la vérité, lance soudain une voix féminine derrière nous.— Antinea ! Tu tombes à pic, dis-je ravie. Comment nous a tu retrouvées ? On ne sera pas trop de deux pour tout expliquer à Chris.— De la même façon que tu as suivi mademoiselle, j’ai suivi ta trace. Au fait, je ne suis pas une pétasse, dit-elle à l’adresse de Christelle. Je m’appelle Antinea, et je suis ravie de faire votre connaissance Christelle.— Qu’est-ce que… Vous avez lu dans ma pensée ?
J’éclate de rire ! Christelle vient de réagir de la même façon et avec les mêmes pensées que moi lorsque j’ai vu Antinea pour la première fois !
— Asseyons nous Christelle, vous voulez bien ? Nous ne vous voulons aucun mal, bien au contraire. Et nous avons beaucoup de choses à vous dire. En particulier que vos problèmes sont terminés et qu’une nouvelle vie va commencer pour vous. Euh… il me semble avoir vu quelques bonnes bouteilles dans le bar là bas ? On se prend un petit quelque chose pour se remettre de nos émotions ?
Quelques minutes plus tard, nous sommes assises sur un divan un verre à la main. Je sens Christelle encore tendue, même si la curiosité teintée de méfiance a pris le dessus sur la défensive. Mais elle jette parfois des regards vers son fusil, qui attend.
— Ne vous inquiétez pas Christelle, dit Antinea. Votre contrat a été annulé par la CIA à notre demande. Si vous ne me croyez pas, voyez votre boite aux lettres habituelle.— Comment savez-vous çà ?— Nous savons à présent beaucoup de choses sur vous, et nous en avons encore plus à vous apprendre. Christelle, savez vous comment naît la pensée, la conscience de soi ? C’est la vie, la matière vivante qui lui donne naissance et au fur et à mesure, notre esprit prend de plus en plus de force au service de la vie. Mais il arrive, dans des cas très rares, que l’esprit prenne tellement de force qu’il commence à prendre le contrôle de la matière, jusqu’à un stade ou entre autre, il peut empêcher le vieillissement, ou ordonner une guérison immédiate des maladies… ou des blessures. C’est le premier stade qui conduit à devenir un immortel. Et c’est votre cas.— C’est… dingue. Si je n’avais pas vu Christine se transformer, je croirai que vous vous foutez de moi.— Depuis quand savez vous que vous pouvez guérir immédiatement ?— A peu prés depuis l’adolescence, suite à une écorchure. J’ai été terrifiée, je me demandais ce qui m’arrivait, j’ai même cru que j’étais morte ou que je rêvais ! Ça m’a beaucoup perturbée, et alors…
Alors Christelle se lâche, elle nous raconte sa vie. Je ne peux ici que la résumer tellement il faudrait de volumes pour la détailler. J’en suis désolée. Un jour peut-être... Elle fait une crise d’adolescence tardive. Ses parents sont affectueux et respectables, mais Christelle est perturbée par ce qui lui arrive. Elle se sent différente, elle sait qu’elle est différente, mais ne peut se résoudre à se confier à quiconque. Ses sensations s’exacerbent comme il est de nature chez les immortels, sauf que elle, elle ne le sait pas. Elle devient irritable, elle fait des fugues à répétition, découvre sa forte sexualité. Elle s’envoie en l’air avec des garçons, les uns après les autres en cherchant à apaiser ses sensations. Et puis il y a cet événement terrible, qui va faire basculer sa vie… On est en 1998.
— C’était trois garçons comme les autres que j’avais rencontré dans un bar. Je suppose qu’ils ont mis dans mon verre une « drogue du viol »… Quand j’ai repris connaissance, j’étais attachée nue sur un lit. Ils m’avaient probablement déjà violée plusieurs fois. Putain… Pardon… Ils ont continué deux jours durant à me prendre, me torturer, les uns après les autres, je veux pas entrer dans les détails. Plus tard, j’ai appris que leur truc c’était d’amener les filles qu’ils enlevaient à les supplier de mettre un terme à leurs souffrances. J’étais persuadée que j’allais mourir, mais je ne leur ai pas donné ce plaisir. Je me rendais compte à quel point j’avais été conne, comme je regrettais, je pensais à mes parents… Le deuxième jour, un des mecs était sorti. Les deux autres m’ont détachée du lit pour me suspendre au plafond comme un cochon. J’ai vu un couteau à ma portée. J’ai pu l’attraper et j’ai frappé, frappé, frappé encore, aveuglément, dans une sorte de crise de folie… Quand j’ai repris mes esprits, ils étaient sans vie. Il y avait… du sang partout. J’étais horrifiée, de ce que j’avais subi, de ce que j’avais fait. J’étais morte de trouille à l’idée que le troisième puisse revenir. J’ai cherché des vêtements. J’ai trouvé un flingue, des munitions, quelques billets… Et j’ai attendu le cœur battant que le troisième revienne. Mais il n’a jamais reparu…
Le troisième homme vient d’être arrêté par la police. Il était recherché dans une affaire d’enlèvement, séquestration et meurtre… Elle l’ignore. Au bout d’un long moment d’angoisse, elle quitte son lieu de détention. Peu de temps après, la police investit l’appartement et découvre le carnage. La police scientifique y trouve son ADN mais aussi celui de plusieurs autres filles disparues au cours des semaines précédentes… Les policiers pensent que l’homme a tué ses deux complices au cours d’une dispute qui a mal tourné. Il est condamné à une longue peine de prison.
Pendant ce temps, en état de choc, Christelle ne peut se résoudre à rentrer chez elle. En ce mois de Décembre, nombreuses sont les villas inoccupées sur la cote d’azur. Elle force l’une d’elle. Elle y trouve des vivres, des vêtements, de quoi attendre…
Après plusieurs jours, les vivres sont épuisées. Elle se résigne à quitter sa cachette. La faim fait sortir la louve du bois. Elle utilise l’argent pris dans le repaire des criminels mais il est vite épuisé. Elle se retrouve désemparée. Ce jour là, elle prend un café dans un bar un peu louche sans savoir quoi faire. Et puis arrive ce garçon, qui se méprend, pense qu’il s’agit d’une prostituée et lui propose une « passe » rapide contre une belle somme… Oui, c’est une belle somme, de quoi la dépanner quelques jours, et puis c’est pas le premier mec avec qui elle va baiser. Alors elle accepte. Elle est la première étonnée. C’est si facile, si rapide ? Et bizarrement, elle a aimé, malgré ce qu’elle a subi il y a peu. L’appétit sexuel dévorant des immortels est à l’œuvre...
Alors elle va recommencer. Et quelques soir plus tard arrive ce jeune arabe. Elle ne le sait pas, mais c’est le fils d’un émir, un prince venu des Émirats, il s’appelle Hassan W... Et ce soir là, il a envie de s’encanailler. D’accord, on y va… Il est très fort, très viril, d’une endurance exceptionnelle au lit. Sa fierté, son truc, c’est d’épuiser ses partenaires, de leur faire crier grâce. Mais cette fois, il tombe sur une fille qui lui résiste, qui ne capitule pas, qui ne se soumet pas, une immortelle en devenir. C’est une guerrière, une furie ! Au contraire, c’est lui qui demande grâce. Il est estomaqué, vexé, plein d’un mélange d’amertume et d’admiration. Cette fille, il la vaincra !
Mais il ne la vaincra pas. Ni le lendemain, ni le surlendemain, ni jamais ! Alors il tombe dans le plus vieux  piège du monde : il tombe amoureux… Il la veut, non pas pour la dompter, mais justement parce qu’elle est indomptable. Il veut l’emmener avec elle, oui c’est çà, chez moi, dans mon palais. Tu seras comme une reine, avec des serviteurs, les plus beaux vêtements, les plus beaux bijoux. Elle hésite… et accepte.
Elle devient sa maîtresse pendant deux ans. Il est amoureux, mais pas elle… Elle a de la reconnaissance, de l’affection pour lui, mais son cœur est fermé. L’histoire aurait pu être différente, mais à l’automne 2001 de graves événements se produisent, aux États Unis d’abord, en Afghanistan et en Irak ensuite. Une nouvelle guerre commence. Le prince est jeune, ardent, fougueux. Il veut se battre contre l’envahisseur détesté. Il décide de partir rejoindre les talibans au Pakistan. Et elle décide de le suivre… Non, tu ne peux pas, ce n’est pas la place pour une femme ! Si, j’irai, je me battrai, pour toi, avec toi, parce que tu es le seul a m’avoir aidé !
Une fois de plus le prince capitule. Ils finissent par arriver dans un camp d’entraînement après maintes péripéties. Mais le prince est connu des talibans, sa famille aussi, çà vaut tous les passeports du monde. La présence d’une européenne à ses cotés étonne. Encore plus quand cette dernière annonce qu’elle veut se battre elle aussi !
— Depuis mon viol, malgré la compagnie d’Hassan, j’avais des envies de meurtre qui allaient croissant. J’en voulais au monde entier. Quelque part, je regrettais d’avoir quitté la France. Il fallait que je passe ma rage sur quelque chose. Le jour même ou j’ai annoncé aux hommes présents que je voulais suivre l’entraînement et aller me battre, l’un d’eux a… voulu me traiter comme une de leurs femmes. J’ai piqué une crise. J’avais envie de tuer, et il était parfait pour le rôle. J’ai attrapé un couteau, lui ai sauté dessus et mis mon couteau sous sa gorge ! Un gars s’est levé à coté de moi, je lui ai arraché son arme et l’ai braqué sur sa tète. Je les tenais en respect, l’un avec mon couteau l’autre avec son arme. Ils étaient médusés. Jamais ils n’auraient pensé que je sois capable de faire ce que je venais de faire. Vous auriez du voir çà… Je leur ai intimé l’ordre de s’asseoir et de m’écouter ! Ils étaient stupéfaits, jamais une femme n’avait osé leur parler comme çà. Je leur ai dit que j’allais me battre, comme un homme, chasser les américains d’Afghanistan et que je tuerai le premier qui oserait dire le contraire ! Le pire c’est que j’étais déterminée à le faire. Hassan a plaidé ma cause. Estomaqués, ils ont accepté à condition d’obéir à leurs ordres comme tout soldat qui se respecte. J’ai dit OK.
Durant les mois qui suivent, Christelle force le respect des moudjahidines. Elle se découvre un talent rare pour le tir de précision. Elle va au combat avec eux, se bat à plusieurs reprises avec les soldats américains. Deux années passent. On est en 2004. Arrive alors la terrible nouvelle. Ses parents sont décédés dans un accident de voiture… Durant cinq ans, ils l’ont recherchée, remuant ciel et terre à la recherche de la moindre piste. Christelle s’effondre. Elle mesure l’immensité de sa bêtise, elle a gâché sa vie, celle de ses parents, de ses amis. Ils l’aimaient et elle les a perdu, elle ne les reverra jamais.
Elle sombre dans l’abattement. Elle a perdu le goût de vivre. Sa relation avec Hassan bat de l’aile et ce dernier commence à douter de la justesse du combat qu’il mène. Un djihadiste chinois lui propose alors d’aller chercher secours et soutient dans un monastère chinois. Là, elle pourra apaiser son chagrin, retrouver sa sérénité, et apprendre de nouvelles choses. Au point ou elle en est... Ou çà ? Au monastère de Yongtai ? En Chine ? Connais pas…
Quand de long mois après Christelle quitte Yongtai, elle est devenue une pratiquante redoutable du kung-fu. Elle a retrouvé sa sérénité. Elle rentre en France, revient sur la cote d’azur. Le prince ne l’a pas oublié. Il lui a proposé de revenir avec lui aux Émirats, mais elle refuse, ce ne serait pas honnête envers lui. Alors il lui fait cadeau d’une maison. Plus tard, la maison s’appellera « les filles perdues ». Mais dans un premier temps, c’est le quotidien qui commande. Et sa fierté la pousse à refuser l’aide financière du prince, elle se débrouillera seule ! Elle n’a aucun bagage, aucun diplôme, pas de papiers, pas d’identité, pas d’existence. Alors elle s’en invente une. Elle se procure des faux papiers. Et sa sexualité est toujours aussi intense. Elle aime çà. Ce sera son « travail ».
— J’avais toujours envie de baiser et j’étais prête à tout et à n’importe quoi. J’ai baisé avec des mecs, des filles, des groupes, je me suis prêtée à des séances sado-maso, tantôt comme esclave, tantôt comme maîtresse, j’ai fait de l’uro, de la zoo… Et putain j’aimais çà !  Je profitais de mes clients, mais je n’avais en général que du mépris pour eux. Parfois de la pitié. Mais je n’ai jamais été rassasiée. Avec le temps, je peux dire qu’il n’y a pas de prostituée heureuse. Ça n’existe pas, c’est du flan… J’avais vingt-six ans, et j’avais gâché ma jeunesse. J’aurai tellement aimé retrouver mes vingt ans…— Et c’est ce qui s’est passé. A ton insu, tu as rajeuni ton corps et arrêté son vieillissement…
Christelle découvre alors que dans ce milieu glauque, les « indépendantes » sont vites repérées par le milieu local. Un soir, deux hommes d’un caïd local tentent de l’intimider. Mal leur en prend ! Utilisant son entraînement au combat, elle les met rapidement hors de combat. Un problème à régler... Une idée lui vient. Qui est votre patron ? Parlez, ou je vous coupe les couilles ! Ils parlent. Et ainsi, moins d’une heure plus tard, elle se retrouve en face du parrain local pour parler « affaires ».
— Si vous aviez vu sa tète ! Rigole t-elle. Je m’étais présentée à sa porte et avait demandé à lui parler. Ses porte-flingue ont voulu me virer. Je les ai assommés les uns après les autres au kung-fu et je me suis retrouvée face au patron avec un flingue que j’avais piqué sur l’un des gars ! Il était stupéfait. Il a cru que j’allais le descendre, mais je lui ai proposé un marché.
Le marché ? Gagnant-gagnant. Elle revendique le droit d’exercer son « métier » sans être inquiétée. En échange, elle lui rendra n’importe quel service ou prestation qu’il jugera nécessaire. Et quand on voit ce qu’elle a été capable de faire à ses gardes du corps, l’homme comprend vite qu’il pourra tirer grand profit du talent de la jeune femme. Est-ce que tu serais capable de descendre quelqu’un de sang-froid ?… Réflexion... Sa soif de sang est toujours présente. Tuer pour le compte de cet homme n’est pas différent de ce qu’elle a fait au profit des talibans. OK. Mais je veux que ce soit des salauds, sinon je me réserve le droit de refuser un contrat. Ça marche. Tope-là.
Elle tue sur ordre. Et elle aime çà. Et çà rapporte. Elle est tellement compétente, qu’elle est prêtée à d’autres organisations. Elle honore des contrats de plus en plus loin, dans le monde entier. Son adresse au tir fait merveille. Elle sait se faire discrète, elle passe inaperçue. Et puis, une femme ? Invraisemblable ! Elle met même en place une « boite au lettres » sur le darknet, cette partie d’internet normalement invisible au commun des mortels... Elle sélectionne ses cibles : hommes d’affaires véreux, trafiquants de tous poils, conjoints violents, politiciens corrompus… Les affaires marchent bien. Ça dure des années. Et puis un soir…
— Elle avait l’air d’un chaton abandonné. Elle pleurait, elle était à bout. C’était le jour de la saint Nicolas. Je me demande encore ce qui m’a poussé à l’amener avec moi. Nicole…
Elle ne le sait pas, mais elle en train de changer. L’instinct maternel s’éveille en elle. Un lien très fort se tisse entre la tueuse et l’adolescente. C’est à cette époque qu’elle se trouve confrontée aux affaires sociales, et que naissent « les filles perdues ». Malgré tout, elle continue ses sombres activités. Mais elle finit par se faire repérer…
— C’était la CIA… Je me suis fait serrer un soir par une de leurs cellules. Ils m’avaient repérée. Sans le savoir, j’avais descendu une de leurs cibles. J’avais fait leur boulot ! Ils auraient pu me remettre à la justice du pays, mais c’est eux qui m’ont proposé un deal du même genre qu’avec mon « parrain ». Je travaillais pour eux et je pouvais continuer mes activités. Ils se réservaient juste le droit de contrôler mes cibles. Dans le cas contraire, je me retrouvais en taule dans un pays ou j’aurai certainement été exécutée pour meurtres. A la limite je m’en foutais. Mais il y avait les filles. Elles avaient besoin de moi. J’étais coincée. Pour elles, j’ai accepté.
Et puis il y a peu, elle apprend une nouvelle qui va tout bouleverser. Le troisième homme, son troisième tortionnaire vient d’être libéré de prison sous contrôle judiciaire. Elle ne tarde pas à trouver sa trace, son domicile. Ce sera pour ce soir. Elle est pensive. Toutes ces années perdues à cause de cet ordure, oui, il faut qu’il paye. Elle frappe à sa porte. Qu’es-ce que tu veux sale pute ? Vous ne me reconnaissez pas ? Je suis une des filles que vous avez torturé. Va te faire foutre, j’ai payé ! Non, pas à moi. Elle a tiré sans utiliser de silencieux. Elle veut qu’on sache autour que justice est en train de se faire. L’homme se traîne en hurlant jusque dans son salon, elle le regarde se vider de son sang. Pitié, ne fait pas çà, je ferai tout ce que tu voudras ! Pitié ? Ah oui, c’est ce qu’ont dit chacune des filles que tu as tué n’est-ce pas ? La deuxième balle le touche au cœur, la troisième traverse sa tète. La boucle est bouclée…
— Quelque chose s’est brisé en moi, reprend Christelle. Ma soif de sang a disparu d’un coup. Brusquement, je me suis retournée sur ma vie passée et je me suis dit « tout çà pour çà ? Christelle, regarde ce que tu es devenue, ce que tu as fait de ta vie ! ». J’ai décidé de tout arrêter. Mais la CIA, je ne pouvais pas, vis-à-vis de filles, ils me tenaient. J’aurai été seule, j’aurai disparu. Mais je ne pouvais pas les abandonner.— Et le fusil, il sort d’où ?— Hassan me l’envoyait ou me le faisait envoyer par la poste depuis sa résidence de Cannes chaque fois que j’en avais besoin. Et je le lui retournait de la même façon une fois les contrats exécutés.— Oh putain...— Qu’est-ce que vous allez faire maintenant ? Me livrer à la justice ? Je l’ai mérité. J’ai tué tellement de gens… C’était des salauds, des ordures, mais… chacun d’eux me hante à présent.— Non, nous n’allons pas te livrer, reprend sobrement Antinea. Tu es sur la voie de l’immortalité, tu n’es plus  vraiment comme le commun des mortels, et nous nous protégeons mutuellement. Tu es déjà des nôtres. Et je le vois, je le sens, tu n’es plus la même. Peu importe ce que tu as été, l’important est ce que tu es MAINTENANT.— Alors que va t-il se passer ?— D’abord, je te confirme que la CIA a accepté de te libérer de tes obligations envers eux. Tu ne leur doit plus rien. Ça été négocié au plus haut niveau. Ton histoire, tes antécédents, tout çà restera enfoui dans un dossier ultra-confidentiel entre les mains d’autres immortels. Ensuite pour les frais de fonctionnement de ton centre, c’est nous, notre… communauté qui allons les assurer. Et enfin en ce qui te concerne, tu vas recevoir dans deux ou trois jours la visite d’un « professeur », un immortel dont la fonction est de guider et former les héros au cours de leur évolution pour qu’ils apprennent au plus tôt à la maîtrise de leur pouvoir.— Ah ? Qui çà ?dis-je.— Chez les immortels on les appelles les « muses ». Et normalement, tu aurais du avoir affaire à l’une d’elles. On a fini par le comprendre tardivement, Jacques Gautier était un héros lui aussi…— HEIN ???
Je la regarde bouche bée. Elle arbore ce petit sourire coquin comme chaque fois qu’elle me fait une bonne blague. Qu’est-ce qu’elle est en train de me raconter ???
— Eh oui ma chérie, reprend-elle, toute l’explication de ton évolution ultra rapide est là. J’en ai parlé longuement avec mon père, avec le cheikh Hussein et avec… le créateur, c’est la seule explication. Jacques Gautier était un héros. Et comme beaucoup d’autres il ne le savait pas.— Attendez, intervient Christelle, qui c’est ce Jacques Gautier ?— C’est mon nom de naissance, dis-je abasourdie. Je suis née « homme ». J’aurai soixante dix sept ans pour l’état civil si je n’avais pas été déclaré décédé. Il faudra que je te raconte l’histoire de « l’héritier de Protée »… Mais je ne comprend toujours pas en quoi…— Écoutez moi bien toutes les deux reprend Antinea. Un héros, un immortel, c’est comme un réacteur atomique qui monte progressivement en puissance. Le processus est long. Il faut des centaines, voire des milliers d’années pour atteindre sa pleine puissance. Et il est très rare. Les héros sont rarissimes et nombre d’entre eux meurent sans savoir qu’ils avaient des facultés surhumaines. Or dans le cas de Christine, il s’est produit une coïncidence extraordinaire : un héros s’est retrouvé dépositaire de l’esprit de Protée…— Et Protée, c’est… OK, on m’expliquera ?— Protée ne s’est pas rendu compte qu’il était en présence d’un héros. Tu l’as vu toi même Christine comme l’énergie de Christelle est difficile à ressentir. Et lorsqu’il t’a transmis le… pouvoir de l’immortalité, celui-ci a fait exploser ton énergie. Ton « réacteur » est parti en surpuissance. C’est pour cela que tu évolues si vite. Ceci ne s’était jamais produit auparavant.— Putain…— J’allais le dire, reprend Christelle. Alors je suis une sorte de padawan ? Et je vais avoir un maître Jedi ?— Oui, si vous acceptez. Vous êtes libre du choix.
Elle a accepté. Ma mission est terminée. Je regagne Digne avec la satisfaction du devoir accompli. Dés le surlendemain, une muse s’installe aux « filles perdues ». Christelle abandonne ses activités meurtrières et sexuelles, sauf pour le plaisir dans le second cas. Deux ans plus tard, elle est solennellement reconnue comme une immortelle du premier cercle. Elle aura une longue vie, pleine d’aventures.
Et les filles perdues, que sont-elles devenues ? Eh bien Nicole va devenir une patineuse de classe internationale. Elle aura une brillante carrière au plus haut niveau parsemée de nombreux trophées et épousera un patineur Ukrainien quelques années plus tard et elle sera très heureuse. Et personne ne saura jamais son identité réelle…
Danielle aura un destin tragique… Indomptable et indomptée, elle vivait à deux cent à l’heure à tous les sens du terme. Sa vie s’arrêtera brutalement quelques mois plus tard quand un chauffard lui coupera la route… Christelle en sera longtemps affectée, et puis le temps fera son œuvre…
Ingrid décrochera avec brio un diplôme d’ingénieur chimiste. Elle va devenir vulcanologue et s’installer sur l’île de la Réunion ou elle pourra assouvir sa passion des volcans et des grands blacks bien membrés. Son addiction au sexe s’atténuera avec le temps, mais elle fera bien des heureux d’ici là et brisera bien des ménages !
Odile va obtenir brillamment son diplôme d’infirmière deux ans plus tard. Elle va épouser le jeune interne et elle aussi sera très heureuse. Mais son angoisse et son mal-être en présence d’une forte population masculine ne disparaîtra jamais totalement.
Au fait, vous vous demandez si par hasard j’ai pas fini par baiser avec Christelle autrement qu’en vitesse dans les bureaux d’un commissariat ? Oui bien sur, nous avons souvent fait l’amour par la suite. Un jour, elle m’a même lâché son vrai nom. Elle s’appelait Jackie et avait choisi de s’appeler Christelle. Moi c’était Jacques et j’avais choisi Christine. Étonnant non ?
Fin de l’épisode
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Épilogue…
Athènes, bureau directorial de Kostia, quelques jours plus tard, en présence d’Antinea et de moi-même…
— En conclusion, une mission à l’issue imprévue mais heureuse, résume le maître de l’Olympe. Mais nous ne savons toujours pas si le meurtre de cinq immortels était fortuit ou pas ?— Non Monsieur, dis-je. Christelle ignore tout de ses commanditaires. Mais Henri, du SIA, pense que tout porte à croire qu’il s’agit d’un hasard.— Et sur quoi s’appuie t-il ?— Parce que Christelle sélectionnait ses cibles. Elle ne tuait pas n’importe qui. Et le SIA a découvert que Georges S. le député recevait de larges pots-de-vin pour l’attribution des marchés publics. Madeline R. blanchissait l’argent des mafias russes dans ses casinos. Marcel K. vendait le résultat de recherches nucléaires à l’étranger. Shlomo E. était un trafiquant d’armes et Mohamed A. finançait des groupes armés jihadistes…
Kostia fait silence un long moment.
— Le ver est dans le fruit…
A suivre ?...
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