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La mère de Jean

Chapitre 16

Apparences trompeuses

Divers
Le diner avait été parfait. Julien et Adèle venaient de passer au salon. La rousse l’avait gentiment invité à prendre place sur l’immense canapé de cuir fauve. Elle venait de lui proposer un digestif.
— Un « pousse » après le café ? J’ai du Cognac ou une petite Mirabelle de derrière les fagots.— Je me laisserais bien tenter par un alcool blanc local, mais seulement si vous m’accompagnez.— Évidemment. J’aime bien de temps en temps, comme ça, entre amis…
Les dés à coudre avaient vu l’eau de vie les remplir, puis les gosiers les vider. Julien savourait l’impression de bonheur qui était là, à portée de main. Et lorsqu’il tendit le bras pour attraper par un poignet la jolie Adèle, elle ne recula point. Il cherchait ses lèvres, mais elle minaudait de telle façon qu’il lui fut impossible de lui donner un baiser.
— Vous voulez que je mette un peu de musique ? — Oui… bien sûr quelque chose de doux et de tendre.— Quelques slows si vous voulez !— C’est parfait. Vous êtes de toute manière, toujours parfaite. Le diner, les alcools, la musique, tout est…— Chut ! Allons venez danser…— Volontiers…
Il la serrait déjà contre lui et les pas s’harmonisaient avec les accords de la musique. La laine de la moquette gênait la progression des talons de la rousse. Elle stoppa un court instant sa danse pour les retirer. Alors l’homme aussi défit ses chaussures. Désormais ils dansaient enlacés, pieds quasi- nus sur le sol su salon. Et il réitéra sa tentative de palot, se heurtant au même refus tacite, mais si bien réalisé qu’il lui était difficile de comprendre qu’elle ne voulait pas. Alors de ses doigts légèrement tremblants, il essaya une autre approche plus gestuelle cette fois.
La main qui la guidait sur l’épaule ne bougea pas, mais l’autre dérivait dangereusement dans la région de ses fesses. Elle attendit encore un peu que cette patte soit en lisière de son derrière.
— Je vois que vous avez envie de… jouer. D’accord ! Mais on applique mes règles ?— Vos règles… ? Oh ! Oui bien sûr, je saisis. Dites-moi !— D’abord vous ne touchez pas ! C’est moi qui bouge et vous me laissez faire. Mais pour corser le tout… j’aimerais que vous me laissiez… vous mettre ceci.
Elle le lâcha, abandonnant le slow pour se saisir, sur le dossier du fauteuil qui faisait face au sofa, d’un foulard.
— Je voudrais, j’aimerais que vous portiez ceci… un bandeau. L’amour à l’aveugle, ça peut aussi avoir son charme. Qu’en pensez-vous ?— C’est vous la reine du bal ! Vous décidez et je vous obéis.— Oui… rassurez-vous il ne vous sera fait aucun mal… juste un jeu…— Je vous sens coquine ce soir…— Vous ne pouvez pas savoir à quel point Julien.
Et l’autre avait désormais les yeux clos par ce bandeau que la rousse avait serré fortement sur l’arrière de son crâne. Il sentait sa présence et il se sentait prêt. Disposé à affronter le monde entier. Son plaisir passerait par des ordres ? Qu’à cela ne tienne ! Cette femme valait tous les sacrifices.
— Bien alors nous pouvons commencer. Tout d’abord… vous ne me voyez plus ?— Non, bien sûr que non !— Ne trichez pas sinon… je laisse tomber. Maintenant vous et moi, allons, nous dévêtir, vous êtes d’accord ?— Ou… oui !
La voix mâle tremblait. L’émotion sans doute. Il commença par déboutonner sa chemise en se doutant qu’elle aussi retirait ses vêtements. Puis la ceinture de son pantalon qu’il fit de suite glisser vers ses chevilles. Et enfin il enleva ses sous-vêtements. Nu dans le salon, la bite raide ; il avait conscience d’être indécent. Alors cette main qui venait de lui saisir les testicules pour le faire se rasseoir… l’avait fait tressaillir plus que la normale.
— Bien… je vous demande quelques minutes de patience… juste une ou deux !
— oooOOooo —
Adèle s’était éclipsée et elle arriva dans l’entrée alors que Lucie déposait son manteau sur la patère. La rousse, un doigt en travers des lèvres, faisait signe à son amie d’être discrète. Elle vint vers la porte, fermant cette fois à clé celle-ci.
— Il est prêt et à toi ma belle, pour le temps que tu voudras. Ne dis rien, ne te trahis pas ! Je serai près de vous, mais commence par te déshabiller avant d’entrer. Il croit que je suis nue… Vas-y, mais s’il pose une question, c’est moi qui réponds, je veux que l’illusion soit totale.
Lucie se pencha pour murmurer à sa copine quelques mots.
— Tu es vraiment incroyable… je ne t’aurais pas cru aussi… salope ! Enfin tu sais ce que tu fais, ce que tu veux, donc je peux en profiter ?— Autant que tu voudras… ! Il bande déjà comme un cerf et ne peut pas savoir comment j’embrasse ! J’ai refusé tous ces baisers jusque-là. À toi de jouer ma belle… puisque tu le voulais, tu vas l’avoir !
La femme qui pénétrait dans le salon était aussi nue que le type assis sur le divan. Lucie vint se frotter contre le mec. L’autre commença à passer ses mains sur ce corps de femme qui lui raidissait la queue d’une vigueur sans pareille. Quelle bonne idée que ce jeu de l’aveugle ! Excitant au possible de découvrir le corps de sa partenaire juste du bout des doigts. Il lui posa ses lèvres sur la bouche et cette fois, le patin qu’ils se roulèrent avait un goût savoureux. Enfin… elle se livrait, toute entière.
Les langues s’apprivoisèrent, se lièrent d’une amitié indéfectible. À tel point qu’elles revinrent plusieurs fois s’enlacer dans le palais de la belle. Il était aux anges et sa trique magistrale ne démentait pas son envie. Ensuite, il découvrit la poitrine. Celle-là formée par deux seins qu’il n’avait sans doute pas jugé aussi volumineux. Mais quel bonheur aussi de venir en titiller les tétons, d’une bouche avide ! Puis quand il mordilla celui que ses dents serraient, l’autre se trouvait pincé entre son index et son pouce.
Un long moment Lucie ne poussa aucun gémissement, de peur de trahir sa voix. Mais Julien était désormais trop excité pour s’arrêter aux détails des inflexions du timbre de la belle. Il était descendu vers un ombilic bien ourlé, et incrustait sa langue baveuse dans ce cratère qui donnait des frissons à la brune.
— Oh ! Adèle, comme j’ai longtemps espéré ce moment ! Personne ne sait mieux que vous, me donner un tel bonheur.
La femme ne répondit rien. Ses soupirs l’en empêchaient sans doute. Alors Julien continua son exploration, passant des seins à cette plage qui se trouvait lisse comme la peau d’un bébé. Ses doigts s’amusaient comme des fous sur d’autres lèvres, une autre bouche aussi très douce au toucher. Et seuls des gémissements sans visage lui revenaient.
Il se pencha davantage, laissant sa frimousse venir à la rencontre de cette main qui fouillait dans les affaires d’une autre. Alors Lucie ouvrit grand le compas, lui laissant le champ libre. Cette fois la langue naviguait en eau claire, se livrant à d’inédites arabesques sur la longueur d’une chatte délicieusement offerte. Et il tressauta aussi lorsque d’une menotte chaude, elle vint attraper la tringle qui ballottait entre les jambes masculines. Il se laissa entrainer par celle qu’il pensait être Adèle. Deux corps enchevêtrés étaient désormais sur la moquette.
Et une bouche tétait une bite tellement tendue d’envie que les lèvres de l’autre furent abandonnées, oubliées par la langue vicieuse. Julien aussi haletait sous la caresse tellement intime de sa rousse maitresse. Et s’il avait pu voir, s’apercevoir qu’en fait de rousse, la chevelure de la brune s’activait dans une pipe mémorable, aurait-il trouvé le courage nécessaire pour stopper là ces débordements ? Pas certaine de cela, Adèle qui suivait l’évolution depuis la porte du salon souriait de voir ce spectacle.
Julien allait jouir grâce à une bouche, des mains, une chatte qu’il croirait toujours être ceux de la rousse. Elle ne démentirait jamais et Lucie non plus ne la balancerait pas. Alors elle aussi jouissait de ces scènes pornographiques au possible. Toutes orchestrées par une mystificatrice de génie. Faire l’amour par personne interposée, un nouveau concept qu’Adèle trouvait plutôt sympathique. Et le couple sur son sol qui débutait une danse du ventre si précise qu’elle aussi en sentait des relents d’envies. Elle ne pouvait qu’admirer la dextérité de sa copine.
Lucie avait lentement, par des gestes simples et précis amené Julien à un état second. Il n’en pouvait plus. Il devait se retenir encore et encore, mais la rousse qui imaginait où se nichait la langue de sa copine en frémissait elle aussi de plaisir. Sans se toucher, elle sentait sa culotte qui récoltait la sueur de son sexe. Alors que la raie des fesses d’un Julien à genoux, face posée sur l’assise du fauteuil, recevait les hommages appuyés de la baveuse de Lucie. Lui laissait s’échapper de sa queue les premières gouttes de liquide séminal. Et la brune butinait toujours, dans une feuille de rose éblouissante, la fleur du mâle, pour lui tirer tout son miel.
À quel moment Adèle avait-elle senti ses jambes qui tremblaient ? Quand son ventre pourtant solitaire et sans soutien, avait-il commencé ses longs spasmes qui la tétanisaient debout ? Elle s’était pincé les lèvres pour ne pas crier et indiquer par des bruits bizarres, sa présence. Alors que l’homme couché sur le dos sur le sol était chevauché par une Lucie fiévreuse. Le corps de la brune montait et descendait sur le piston de Julien. La chevauchée qui entrainait les deux-là dans un même abime de jouissance avait des effets positifs également sur celle d’Adèle. Et elle se sauva de devant ce spectacle pour se rendre dans sa salle de bains.
Elle devait à tout prix se cacher pour enfin laisser exploser sa jouissance qui allait la délivrer. Les deux tourtereaux finissaient eux aussi leur cavalcade. La rousse se dévêtit sur le carrelage de la douche et elle revint à son poste de guet. Les cuisses brillantes d’une mouille dégoulinante, elle vit Lucie qui s’étalait sur le sol alors que sur le ventre de son amant une tache blanchâtre lui démontrait qu’il était bien allé jusqu’au bout de son plaisir. Lucie elle, levant les yeux vers son amie semblait demander des directives. D’un mouvement de la main, la rousse lui fit comprendre qu’elle devait sortir du salon.
— oooOOooo —
La lumière était brusquement revenue. L’homme avait joui comme il ne l’avait plus fait depuis… bien longtemps. Décidément cette Adèle était une bombe. Elle était à poils près de lui, à l’exception de sa culotte qu’elle avait déjà remise. Pourquoi avait-elle des scrupules à se montrer totalement nue devant lui ? Il eut un peu de mal à comprendre cela. De plus elle refusait de nouveau tous ses baisers sur les lèvres. Il ne saisissait pas bien la finalité de ces rejets. L’important n’avait-il pas été ce jeu complètement fou ? Et le plaisir immense qu’il en avait retiré.
Elle aussi avait joui et les trainées luisantes que gardait l’intérieur de ses cuisses ne sauraient pas mentir. De plus, ses regards étaient eux également voilés par cet orgasme dont il avait perçu tous les bruits. Le coup du bandeau avait décuplé les sensations et c’était à l’infini qu’ils avaient pris leur pied. Cette femme était tout bêtement géniale. Rien que cette idée lui faisait remonter la bite. Mais pour se donner bonne conscience, il se leva. Il prit la bouteille de champagne et versa deux verres…Faire l’amour lui avait donné soif !
Adèle et lui trinquèrent à leurs amours et Julien se rhabilla lentement. La fête des sens était finie. Oh ! La rousse ne disait rien, ne le chassait pas, mais il sentait bien qu’il était l’heure de partir. Le reverrait-elle ? Elle ne lui avait rien laissé entendre, ni pour ni contre. À croire qu’il existait un écart considérable entre la femme avec qui il venait de baiser et celle qui après le sexe, le congédiait sans violence pourtant. Incompréhensible ! Il aurait cependant bien continué un peu, pousser le jeu encore plus loin, mais elle n’en avait visiblement plus envie.
Juste une rue à traverser pour retrouver son univers de solitude. Un monde plutôt froid dont il croyait réchauffer l’intérieur après cette première partie fine avec sa délicieuse voisine. Elle ne semblait pas décidée à de semblables perspectives, alors, il devait s’incliner. Chez lui, pourtant, il revisionna mentalement les scènes qu’il avait si bien vécues physiquement. Un vrai bonheur que ce foulard qui avait transcendé la partie de cul en géniale chevauchée. Le corps de la rousse était… surprenant, à bien des égards.
Lucie était passée dans la chambre à coucher de son amie, conformément aux instructions que lui avait données Adèle. Elle ne bougeait pas, entendant la rousse congédier gentiment son invité. Cette idée d’avoir clos les yeux de Julien… il fallait y penser et c’était… inouï comme sensations. Elle venait de se passer un coup de gant de toilette sur le visage quand sa copine vint la rejoindre.
— Tu as été magnifique ma chérie. Tout simplement, belle à croquer et je pense que notre ami, n’y a vu que du feu.— Comment tu as fait pour lui cacher ta crinière ? Parce qu’à sa place j’aurais flairé de suite la supercherie.— À oui ? Mais il n’a pas touché mon sexe, pas plus que je ne l’ai embrassé. Donc j’avais remis ma culotte et regarde…
En ouvrant son peignoir, l’autre effectivement ne voyait absolument pas la toison.
— Oui ! Je vois. Tu es maligne. En tout cas, il baise comme un Dieu. Et qu’est-ce qu’il était raide !— Remarque tu n’étais pas mal non plus Lucie. La feuille de rose était splendide, je l’avoue qu’elle m’a grandement aidé à mouiller. Il était ravi en partant. Tu veux une coupette de champagne ?— Oh oui ! C’est une bonne idée, je l’ai bien mérité non ? Je t’assure que c’est bien la première fois que je baise sous un faux nom…
Deux éclats de rire venaient de fuser dans la maison. Elles saluèrent cette soirée avec le reste du vin pétillant. Puis ensemble, mais sans vraiment se toucher, les deux nanas prirent une douche. Enfin, Adèle voulut garder pour le reste de la nuit son amie. La chambre d’ami restait libre, donc l’autre accepta sans trop de difficultés. Et sur le canapé, deux nymphes nues discutaient encore un peu avant que chacune ne parte dormir. Le corps de Julien avait été passé en revue par les deux femmes qui en avaient pris plein les yeux… et un peu ailleurs pour la brune.
Le petit déjeuner de ce dimanche matin avait des airs de fête. Les croissants préparés la veille par la maitresse de maison avaient gonflé dans le four avant de dorer. Deux bouches croquèrent avec gourmandise dans ces pâtisseries si bien réussies. Puis Lucie prit elle aussi, congé de son amie. Adèle remit en état le salon et bien lui en prit. Vers onze heures, Jean déboulait en compagnie de Nadine et son fils tournait en rond dans la maison. Sa copine elle restait sagement assise, mais se tortillait les mains d’une étrange manière.
Au bout d’un moment, la maman ayant repéré le manège de son fils, elle explosa.
— Bon Jean… qu’est-ce que tu as ? Tu… vous ne vous sentez pas bien ? Vous avez des soucis ? Bon sang à te voir virevolter comme une sauterelle, tu m’en flanques le tournis. Alors, qu’est-ce qui vous arrive à tous les deux, là ?— Ben… belle-maman, tenez…— Qu’est-ce que c’est que ça ?
Nadine venait de sortir de son sac à main, un emballage de carton. Celui-ci tout semblable à ceux des tubes de dentifrice venait d’atterrir dans sa main !
— Ben… ouvre maman et tu vas comprendre. — … ? Vous en faites bien des mystères !
Adèle ouvrit le cube de carton et en extirpa une sorte de thermomètre. Sur le cadran de ce dernier, un liseré bleu apparaissait. En signe d’incompréhension, elle leva le regard vers les deux têtes qui venaient de se réunir. Les visages, collés joue contre joue, affichaient un léger sourire. Alors Adèle lut sur la boite.
— Positif si une ligne bleue apparait sur l’écran !
Soudain sa main se mit à trembler. Dans son esprit quelque chose venait de s’ouvrir. Une autre vision de ce monde, et aussi un autre sourire naquirent sur ses lèvres… un petit Jean était donc en préparation. De mère elle venait de comprendre que ce serait bientôt grand-mère qu’elle passerait.
— C’est… c’est merveilleux… Wouahh ! Je n’arrive pas à réaliser et… ça fait longtemps…— Je n’ai plus de règles depuis… deux mois alors, par acquit de conscience, j’ai acheté ce test et…
La rousse venait de se lever et ses bras entouraient les deux êtres qui comptaient le plus au monde pour elle. Puis une idée traversa son esprit…
— Je voudrais partager ma joie avec mon amie Lucie…— Oh oui ! Bien sûr, c’est ma marraine de cœur, tu sais bien…— Alors je l’appelle et je vous emmène tous au restaurant à midi ! Il faut fêter cela. D’accord ?— Fait comme tu veux, après tout maman, Lucie fait partie de la famille, un peu…— Oh oui ! Plus que tu ne peux l’imaginer. Bon je lui téléphone ?— Oui, oui belle-maman… enfin ce sera… bientôt mamie…— Pff ! Ne me vieillissez pas trop vite…
— oooOOooo —
— Allo ! Lucie ? Tu es chez toi ?— Ben oui. Après la nuit que j’ai passée… j’avais besoin de me reposer. Mais il y a un problème ?— Non ! Je voudrais t’inviter au restaurant ce midi. Jean est de retour avec Nadine et ça nous ferait plaisir que nous déjeunions tous ensemble. — Ah bon ! Alors nous fêtons quoi ? Le retour de tes jeunes ou notre astuce de la soirée ?— Un peu des deux.— Je me prépare et vous retrouve chez toi ? Vers midi moins le quart ? Ça me fait plaisir que mon « filleul » pense encore à sa vieille « marraine ».
Réserver une table pour quatre avait été rapide et les embrassades de Lucie et des enfants avaient tourné aux larmes de joie quand elle avait appris la bonne nouvelle. Elle posait des tas de questions, sur ce qu’ils voulaient, sur le prénom possible. Mais Jean et sa compagne bottaient en touche ses questions trop ciblées. Le repas prenait des allures de réunion familiale qui finalement collaient bien à la bonne humeur ambiante. La mère surprit encore quelques clins d’œil équivoques entre Lucie et Jean, mais le sourire affiché par Nadine suffisait à la rassurer.
Entre le fromage et le dessert, dans la caboche d’Adèle les choses se remettaient en place lentement. Décidément elle ne serait jamais vraiment amoureuse de ce Julien et elle était presque contente que sa copine la plus proche l’ait remplacée… avantageusement lors de leur rencontre de la soirée. Elle n’aurait aucune peine à remettre les pendules à l’heure. La joie de Lucie était palpable et la venue de ce petit bonhomme annonçait bien des changements dans les vies de tous. Adèle sentait sa poitrine se gonfler d’aise et de bonheur.
Un petit de son petit… un fils venu de la chair de sa chair, n’était-ce pas là un cadeau du ciel ? Et les jours heureux seraient toujours bien devant eux, dans un avenir que tous à grand renfort de coups de fourchette entrevoyaient bien rose. Lucie quant à elle méritait sans doute aussi un peu de joie et de tendresse. Et ce Julien s’il n’était pas trop obtus, serait un compagnon idéal pour cette jolie brune qui l’avait tant attendu.
Les deux femmes sur le trottoir devant chez la bientôt grand-mère, virent avec quelques paillettes dans les yeux repartirent le couple de futurs parents. Et un rideau dans la maison du voisin avait seulement remué imperceptiblement. Pourquoi donc, au lieu de rentrer vers chez elle, Adèle alla-t-elle sonner chez lui ? Lucie ne trouva aucune explication plausible à ce comportement pour le moins imprévu. Mais elle emboita le pas à sa copine lorsque le gars vint leur ouvrir.
— Tiens… Lucie ! Vous connaissez donc mon amie Adèle ?— Je dois vous avouer que nous sommes amies de longue date, bien avant de vous avoir rencontré. Et l’autre jour, j’ai compris lorsque vous m’avez donné son prénom et votre lieu d’habitation…— Ah ? Mais entrez, ne restez pas sur la porte… je suis heureux finalement de vous revoir Lucie. Les choses ont un tantinet évolué entre… madame que voici et moi…— Attendez, ne vous précipitez pas Julien. Parfois la perception de certains faits n’est pas… ou plutôt, la vérité est masquée délibérément. Il arrive que l’on pense qu’il est arrivé ceci ou cela, mais que tout soit totalement diffèrent de ce que l’on croit ou sait.— Je ne vous suis pas dans vos explications. — Je vois bien, mais voulez-vous me laisser parler ?— Bien entendu. Allez-y ! Je vous écoute.— Vous étiez bien chez moi hier soir et cela personne ne le contestera. Mais êtes-vous certain de ce qui s’y est réellement passé ?— À moins que je ne sois totalement sénile, je crois tout de même me souvenir que…— Oui ? Que quoi justement ? Vous pouvez parler devant Lucie, elle me connait par cœur.— Alors… nous avons fait l’amour vous et moi et d’une façon tellement brillante que je ne pourrais plus m’en passer.— Eh bien ! C’est là que vous vous trompez. Je n’ai jamais couché avec vous Julien.— Mais… mais c’est impossible. Je ne suis pas fou.— Non ! Mais je vous ai abusé et j’en suis confuse. Ce n’est pas à moi que vous avez donné des baisers, pas plus que vous ne m’avez prise… souvenez-vous, le foulard, le bandeau…— Mais… je ne… je, expliquez-moi ça.— Oh non ! Je vais le faire pour elle, mon bon Julien.— Vous Lucie ? Mais qu’avez-vous à voir là-dedans ? C’est une histoire de dingues.— C’est avec moi que vous avez couché cette nuit, même si Adèle était là. Je dois dire que je vous ai trouvé formidable.— Vous vous foutez de moi, toutes les deux ? Je sais pourtant bien, ce que j’ai fait.— C’est là que vous vous trompez. Je vous assure. Tiens dites-moi… vous m’avez donc caressée ? Et ça vous a laissé quoi comme souvenirs ?— Comment ça ? Mais… — J’ai des poils ? Je suis toute lisse ? Mon corps vous a plu oui ou non ?— Mais bien entendu et je sais bien que vous êtes épilée entièrement.— Vous en êtes si certain ? Parce qu’à mon avis vous allez déchanter.— Comment ? Mais qu’est-ce que vous me chantez là ? Je sais reconnaitre une toison pubienne d’un sexe lisse et glabre à mon âge.— On lui montre Lucie ? Toutes les deux en même temps ?— Oui allez on compte… un deux, et trois !
À la fin de compte à rebours lancé par Lucie, deux jupes venaient de se soulever. Quatre mains avaient baissé deux culottes et les yeux de Julien venaient de rencontrer une réalité bien loin de ce qu’il croyait. Le sexe d’Adèle était rouge comme sa crinière et il ne pouvait plus décemment douter. Aux côtés de son amie, Lucie elle présentait une chatte aussi nue que celle de la nuit. Alors il dut reconnaitre… qu’il avait tort.
— oooOOooo —
Le ventre rond de la jeune femme avait cette nuit, totalement fondu. De ces eaux perdues, un bébé tout rose était venu enrichir leur monde de ses cris aigus. Au tour d’un petit berceau transparent, Adèle avait une larme. Puis arrivèrent Lucie et celui qui, s’il n’était pas encore son mari, était au fil des mois, devenu une essence dans laquelle on les fabriquait. Jean avait le regard fier et la mamie rousse qui scrutait l’enfant trouva d’un coup qu’il avait tout du sosie d’un Gilbert ressurgit d’un lointain passé…
Mais ce Gilbert-là aurait Arnault pour prénom… et cinq visages souriants le suivraient tout au long des années à venir…
— oooOOooo —
Fin… (de la première saison )
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