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La Muse

Chapitre 7

Hétéro
Chapitre 7 : Le choc

Après cette semaine de folie amoureuse, nous sommes rentrés à Lyon, où nous habitions la grande banlieue. Je suis retournée au salon. Cécile était rentrée de vacances ; elle ressemblait à une Black tellement elle était bronzée alors que j’étais toujours aussi blanche : je ne bronze pas. J’avais même rapporté le dialogue. Je cite :
« Retour de vacances ; j’ai trop hâte de raconter ça à Cécile, je vais aller prendre un rendez-vous. Je me suis garée devant le salon ; justement, elle est sur le trottoir, en pause avec des collègues.
— Hello, Jen… T’as une voiture ? La classe ! Raconte-nous ça.— Coucou, Cé, j’arrive ! »
Je l’appelais Cé ; nous étions devenues copines. Je l’aimais bien, elle était dynamique, pétillante et câline aussi. J’ai pris un rendez-vous pour un massage avec Cé, espérant en avoir un comme celui de mon anniversaire. Comme elle finissait sa journée, elle me proposa de prendre un pot dans un café branché. Devant notre Coca, je lui ai raconté le bac, le permis, et les vacances avec Rémi ; elle était ravie pour moi. Ensuite, je lui ai demandé si elle me referait un massage comme celui de mon anniversaire, et que si elle voulait bien on pourrait faire des trucs. Elle me répondit que non : le massage qu’elle m’avait fait était unique. Elle ne le referait pas, sauf si je venais chez elle ; mais son copain serait là. Pour elle, pas question de faire quoi que se soit avec qui que se soit sans que son copain soit au courant ou présent, sinon pour elle c’était le tromper. Par contre, si on voulait s’amuser, on pouvait se faire un plan à quatre ; pour ça, pas de soucis.
Un plan à quatre ! J’avais pris peur : pas question de faire ça en public, donc j’ai laissé tomber. Cécile a bien compris.
J’étais en formation de juriste et Rémi dans un truc genre programmeur en informatique. Notre amour était parfait, non nous entendions à merveille. Nous sortions au ciné pour nous caresser et même plus. Je me souviens qu’une fois je l’ai sucé, et qu’au moment d’éjaculer j’ai mis sa bite sous sa chemise : il s’est fait dessus et moi je me suis marrée, mais pas lui. Nous allions au resto, au musée ; j’aime l’art. Nous nous baladions en forêt, encore pour faire l’amour ; nous étions devenus des forçats du sexe ; la nouveauté de jeu, je pense.
Je continue à parcourir mon journal. J’ai fini mon sandwich, je me prépare un café. Tiens, j’ai rayé la date ! Ah oui, je sais pourquoi.
Nous sommes début février, la saint Valentin approche ; je suis déjà tout excitée et je cherche une idée pour surprendre mon chéri. J’ai trouvé : nous irons au resto. C’est moi qui l’inviterai, et pour le surprendre je mettrai le trench en guise de robe, et rien dessous ; nous allons passer une soirée et une nuit de folie !
Comme tous les samedis, il venait passer la journée à la maison. Ce jour là, il pleuvait. Mes parents étaient partis chez mes grands-parents car papa partait ce soir en voyage d’affaires. Toujours aussi amoureuse, j’avais une grosse envie. Pour le surprendre, j’ai piqué une nuisette à maman (entre nous, c’était une chose normale). Je l’ai mise avec dessous un string minimaliste, un soutif à dentelles noires et liseré rouge, et pour finir des escarpins à talons hauts.
Pour commencer, chose inhabituelle, il est arrivé en retard ; moi, je n’en pouvais plus d’attendre quand il sonna à la porte. J’allai lui ouvrir dans cette tenue. Mon cœur battait la chamade : et s’il n’était pas seul ? Tant pis, j’étais trop excitée pour reculer. Quand j’ai ouvert la porte, il me fit un grand « Waouh ! » admiratif. Je l’ai embrassé comme une furie ! Je l’ai déshabillé, sucé et nous avons fait l’amour comme jamais. J’ai eu un orgasme terrible, mais pas lui ; en fait, je n’avais pas vu qu’il n’avait pas l’air en forme. Le lui posais cette question :
— Ça ne va pas, mon chéri ?— Non je ne suis pas trop en forme ; je crois que je vais me doucher et rentrer. Tu viens avec moi ?
Habituellement après avoir fait l’amour, nous prenions notre douche ensemble : comme cela, il y avait toujours un petit supplément. Mais j’eus l’impression que quelque chose ne tournait pas rond ; une intuition. Il alla prendre sa douche seul et moi je m’installai à moitié nue sur le canapé du salon. J’avais toujours tendance à me faire des films avec rien. Je réfléchissais quand son portable oublié sur la table du salon vibra ; instinctivement je regardai (nous avions pour habitude de ne jamais verrouiller nos portables, question de confiance). Un texto ? Je lis : « dpcht JTM Caro ». Je traduis : « Dépêche toi, je t’aime, Caro. » Je lis et relis. Je fus transpercée par un éclair ; mon cœur s’est arrêter de battre. Je serrais les dents pour ne pas pleurer, mes tempes battaient : je venais de me prendre la plus grande claque de ma vie ! Mon instinct de révoltée remonta : je me transférai le message. Vite, il allait avoir fini sa douche. Son numéro, il me le fallait. Je cherchais, je tremblais. Répertoire : Caro. C’était elle ! Donc ce n’était pas une erreur ; vite, envoi. J’avais tout. Merde, il fallait que j’efface les envois ! J’étais au bord des larmes, j’avais envie de bondir, j’allais l’étriper ; une petite voix en moi me dit : « Calme-toi, Jen, calme-toi : la vengeance est un plat qui se mange froid, respire. » Elle avait raison : je n’allais rien faire. Il arriva :
— Ton portable à sonné, mon chéri.— Ah, merci.
Il l’ouvrit et regarda. Je le haïssais, mon amour était en train de se transformer en une colère folle.
— Je ne suis pas bien, Jen, je vais rentrer.— Tu es malade ? Qu’y a-t-il ?— Non, rien, ça va aller. J’y vais.— Si tu es malade, je ne te fais pas de bisous alors.— Oui, c’est mieux ; plus tard. Je t’appellerai.
Ses réponses ne ressemblaient à rien : même malades on se faisait des bisous, et il était parti sans même se retourner. Je filai dans ma chambre et me jetai sur mon lit, en larmes. Autour de moi, tout s’effondrait. Ma vie ne ressemblait plus à rien, je lui en voulais terriblement, je ne comprenais pas et je pleurais toutes les larmes de mon corps.Je n’avais pas entendu maman entrer dans ma chambre ; je l’ai sentie s’asseoir à côté de moi sur mon lit et me dire :
— Eh bien, qu’est-ce qu’il se passe, mon bébé ?
Je me suis retournée ; je ne voyais qu’une image floue d’elle. Je devais être très moche, les yeux rougis par le chagrin. J’étais incapable de faire une phrase. Elle me prit dans ses bras et tenta de me calmer :
— Allez, mon bébé, calme-toi… Qu’est-ce qu’il t’arrive ? Raconte-moi.
Je levai les yeux, et une nouvelle vague de larmes me submergea. Maman tenta à nouveau de me calmer :
— Explique-moi ce qu’il se passe, sinon je ne peux pas t’aider ; c’est Rémi ?
Je fis un oui de la tête, mais toujours en larmes je reniflais telle une gamine. J’attrapai mon portable qui lui aussi était parti pleurer sons mon oreiller ; j’affichai le message que je m’étais transféré et tendis l’appareil à ma mère.
— Écoute, Jen, je n’y comprends rien à ce charabia. Qu’est-ce que cela veux dire, « dpcht JTM Caro » ? Explique-moi.
Le chagrin faisait place à la colère : Rémi, et ma mère qui ne comprenait pas… Ce n’était pourtant pas compliqué à comprendre ! Dans ma tête, c’était le chaos, et je me souviens encore de ces pensées horribles : « Mais merde ! Elle ne comprend pas, elle ne voit pas que je suis perdue… Elle n’a jamais rien compris ! Et l’autre con qui me laisse tomber, et incapable de me le dire en face. Et cette pouffiasse de Caro… c’est qui, celle-là ? Putain ! Si je lui mets la main dessus, je l’étripe ; et le Rémi avec ! »
Puis la raison repris le dessus et, entre deux sanglots, je lui criai :
— Maman ! Tu ne vois pas ce qu’il m’a fait ?— Ben non. Je vois que ma fille est amoureuse d’une autre fille et qu’elle l’attend, c’est tout. Il n’y a pas de quoi en faire un drame !
Maman avait haussé le ton ; quelle gourde je faisais ! Évidemment qu’elle ne pouvait pas comprendre à cause de mon histoire de transfert de SMS à la con. Je réussis à me calmer pour enfin lui expliquer. Je lui racontai tout en détail, et une fois mon histoire terminée, maman à l’optimisme indéboulonnable me dit :
— As-tu pensé un instant que cela pouvait être une erreur ? Que ce message ne lui était pas destiné ? Tu lui en as parlé ? Tu l’as appelé avant de te mettre martel en tête ? Sans doute que tu te fais des idées pour rien.— Mais, maman… Il est parti comme un lâche ; il ne m’a même pas embrassée en partant. Je suis certaine qu’il a une autre meuf. De toute façon, si je leur tombe dessus, je les étripe tous les deux.— C’est ça, ma fille ! Pour te retrouver en prison. Tu vas commencer par te calmer et prendre une douche ; ton père part ce soir, et s’il te voit dans cet état, il va s’inquiéter. Allez, bouge-toi ; tu t’affoles pour rien. Nous en reparlerons ce soir, toutes les deux. D’accord ?

[À suivre]
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