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Natasha & Franck

Chapitre 22

Travesti / Trans
Pour lire ce chapitre, vous pouvez écouter cette liste chansons : ce sont celles jouées alternativement par Maiden Metal. On y retrouve une partie des titres de la première liste, bien sûr, mais tout un tas de nouvelles :
Def Leppard – Excitable ; ThundHerStruck – Highway to hell ; Thunder – Backstreet symphony ; Doro – Unholy love ; Heart – Straight on ; Iron Maiden – Run to the hills ; Lee Aaron – Judgement day ; Shannon Curfman – No riders ; Sass Jordan – Time flies ; Leah – Enter the highlands ; Van Halen – Jump ; In this moment – Call me ; Halestorm – Damn I wish I was lover ; Romeo’s Daughter – Attracted to the animal ; Cilver – I’m America ; Fit for Rivals – Damage ; We are the fallen – Bury me alive ; Ankor – I’ll fight for you ; The Letter Black – Fire with fire ; Lacuna Coil – Swamped ; Romeo’s Daughter – Perfect plan ; Rush – Nobody’s hero ; Rush – Leave that thing alone ; Saga – The pitchman ; Aerosmith – Walk this way ; ZZ Top – La grange ; Thundermother – It’s just a tease ; Crucified Barbara – Sex action ; Phantom Blue – Bad reputation ; Diamante – There’s a party in my pants (and you’re all invited) ; The Pretty Reckless – Goin’ down ; Halestorm – You call me a bitch like it’s a bad thing ; June Divided – Bullet.
Premier rappel : Lita Ford – Your wake up call + Hungry ; Pat Benatar – Sex as a weapon ; Evanescence – What you want.
Deuxième rappel : Haim – Right now (si possible la version live radio 1 big week-end) ; Alanis Morissette – You oughta know ; Linda and the Punch – Kill the light ; Delain – We are the others.
Bonne écoute et bonne lecture !

     Bergen, la deuxième ville du pays, réputée pour sa pluie. Il y pleuvrait tant que certains disent qu’il y pleut quatre cents jours par an. Ce devait donc être le quatre cent deuxième jour puisque le ciel était au beau fixe. A peine trois ou quatre nuages se prenant pour de fluettes patineuses artistiques glissaient dans l’azur.
     Après avoir traîné dans le centre historique de la ville, Natasha souhaitait une soirée tranquille en tête-à-tête. Enfin presque, puisque Alexandra était la troisième tête. Un tête-à-tête-à tête en quelque sorte. Ingrid et Tom étaient partis en ville pour continuer leur visite. Sigrid et Kristina avaient dégotté un pub aux banquettes en velours où poser confortablement leurs charmants postérieurs et se blottir en amoureuses l’une contre l’autre, sans prêter attention à ce qu’il se passait autour d’elles.
      Natasha se prélassait sous les jets brûlants de la douche. Elle s’était isolée dans cette cabine qui la préservait momentanément des questions incessantes mais légitimes de Roxanne. Je la regardais à travers la paroi transparente. Elle gardait les yeux fermés, le visage tendu vers cette source continue de bonheur liquide. Après quelques minutes de contemplation, j’ouvris la porte. Elle sursauta puis me sourit d’une manière qui était presque un reproche, celui de ne pas être entré plus tôt.
     Je me glissai dans son dos et la pris dans mes bras. Sa tête contre mes pectoraux, elle se laissait aller au double contact de l’eau et de ma main droite qui pelotait délicatement ses seins. Ses longs cheveux collaient à sa peau qui laissait échapper de lourdes volutes de vapeur. J’écartai les mèches qui serpentaient sur sa poitrine et jouai avec les mamelons. Elle se retourna pour réclamer le contact de mes lèvres. Je n’avais, bien sûr, aucune envie de les lui refuser. Elle s’adossa à la paroi embuée de la cabine de douche, offrant ainsi ses seins magnifiques à mes yeux, puis mes lèvres, et enfin ma langue.
     Ses mains couraient sur mes épaules et dans mes cheveux, les serrait à pleines poignées lorsqu’elle souhaitait que je la dévore à pleine bouche, puis elle insista pour que je la savonne. Je la faisais mousser de toute part ; mes mains glissaient sur sa peau comme une voiture sur le verglas, avec certes un peu plus de contrôle.
     Elle se laissa glisser au sol, et une fois à genoux elle joua de sa langue sur ma verge qu’elle prenait pour un cornet de glace. Deux boules et un seul parfum. Dans la moiteur de la douche, sa bouche était une véritable fournaise. Quand elle y prit mon sexe entier, mon sang me fit l’effet du mercure montant dans un thermomètre prêt à exploser après une exposition prolongée aux rayons directs du soleil. Jugeant son travail efficace, Natasha se releva et me tourna le dos, s’appuyant contre la paroi translucide et toujours plus embuée de la douche. Les gouttes de vapeur se faisaient plus grosses et plus lourdes. Elles résistaient aussi longtemps que possible à la loi de Newton mais toujours elles finissaient par se laisser entraîner dans ce mauvais plan vertical et y laissaient de grandes zébrures sombres. Elle remua son petit cul de gauche à droite, invitation pressante à la pénétration, comme s’il avait été impossible de comprendre le message sans cette précision.
     A mon tour je m’enduisis le corps de savon pour parfaire le glissement de nos peaux l’une contre l’autre. Je l’attirai par les hanches et envahis son corps par la partie qu’elle affectionnait le plus me voir conquérir. Les avant-bras et le front plaqués à la vitre, elle offrait son cul bien tendu en arrière. Quand elle prenait cette position, je savais ce qu’elle attendait de moi. Une longue chevauchée. Que je la prenne comme on prend la route en été, un coude à la portière, l’air chaud qui vous caresse le visage accompagné des parfums champêtres de l’herbe sèche fraîchement fauchée, des plantes et la terre surchauffées par un soleil de plomb et, dans l’autoradio, un album carré, binaire et efficace. Avec le volume à la limite de la saturation pour couvrir le bruit du moteur qui râle d’avoir à s’ébranler sous une telle chaleur, comme si le déplacement de l’air provoqué par les membranes des haut-parleurs pouvait faire baisser la température ambiante de quelques degrés. Le pied sur la pédale d’accélérateur, du rock sans superflu, la main sur le volant que l’index tapote en rythme, un son qui va à l’essentiel. Un trio, forcément. Du ZZ Top pur jus !
     Alexandra entra dans la salle de bain. Je ne saurais dire si c’était les gémissements de Natasha ou simplement que cela la démangeait au même endroit, mais quelque chose lui avait mis la puce à l’oreille, et maintenant elle souhaitait vivement qu’on lui mette autre chose autre part.
   ─ Oh, les amoureux ! Auriez-vous une petite place pour moi ?   ─ Il n’y a plus de place… mais exceptionnellement, puisque mon homme adore les belles rousses, on se serrera.   ─ Vous êtes trop aimables, répondit Alexandra sur un ton exagérément aristocratique en entrant dans la douche.
     Elle commença par se prélasser, elle aussi, sous le torrent d’eau chaude puis se savonna, sans omettre de nous reluquer en pleine action. Excitée par la scène qui se déroulait sous ses yeux, elle se mordait la lèvre inférieure. Elle se versa un peu de gel douche dans la main puis masturba doucement sa verge qui prenait rapidement une proportion honorable.
     Une fois la mousse rincée, elle vint se placer entre les bras de Natasha et l’embrassa voracement. Elle lui mordait les lèvres, suivait de la langue une ligne imaginaire jusqu’à la pointe de son nez, donna un petit coup de dent sur son aile. Ses mains tantôt lui pétrissaient la poitrine, tantôt jouaient avec ses mamelons du bout de ses doigts agiles. De la pointe de la langue, elle parcourait le cou à la manière d’un vampire à la recherche de l’endroit idéalement tendre où planter ses crocs. Natasha, victime consentante, offrait ses jugulaires à la tendre morsure de cette belle vampire à la chevelure de sang et de feu.
     Lorsqu’Alexandra sentit Natasha près de l’orgasme, elle se glissa sous elle, prenant le temps de donner quelques cours de langue étrangement efficaces sur la poitrine qui la surplombait puis dériva rapidement jusqu’à se mettre en orbite autour du nombril. Quand Natasha écarta davantage les jambes comme pour me permettre d’ajouter la touche finale à son orgasme, Alexandra se précipita pour gober le sexe qui balançait d’avant en arrière au rythme de mes coups de reins. Elle se délecta du fluide qui se répandait dans sa bouche. Dans l’attente de mon éjaculation, elle restait soudée à la verge de Natasha jusqu’à ce que, dans un râle grave et continu, je me répande en staccato dans son accueillant et confortable boyau de la joie. Alors elle lâcha l’affaire pour se délecter de la preuve de ma jouissance qui s’écoulait lentement par l’orifice que sa langue sabotait.

     Après une longue nuit de repos, je me réveillai de la meilleure des manières : Natasha, allongée contre moi, effleurait ma verge du bout de ses doigts. Je n’avais pas encore ouvert les yeux que je sentis la chaleur humide de sa bouche se refermer autour de ma queue. Après avoir émis un son proche d’un M majuscule, je lui avouai qu’elle pouvait me réveiller ainsi tous les jours. Je n’obtins évidemment pas de réponse, en tout cas, pas formulée de manière articulée. Elle avait retenu la leçon du corbeau et du renard : elle n’était pas prête de laisser tomber ce qu’elle tenait en son bec, même si ça n’avait rien d’un fromage. Je lui avouai aussi avoir rêvé d’elle, sans lui en préciser la nature. Là encore, je dus me contenter de borborygmes en guise de réponse. Évidemment, rêver de la femme qu’on aime n’avait pas grand-chose d’étonnant en soi, mais certains détails de ce rêve ne s’étaient pas évanouis à l’instant où j’avais pris conscience d’être éveillé. Et ils n’avaient rien de banal, ces détails.
      Elle continua jusqu’à ce qu’elle estime la rigidité de mon sexe suffisante pour s’y empaler. Décidément, quel réveil ! Elle était, elle, active depuis un important laps de temps qui lui avait permis de passer sous la douche pour finir de se réveiller et de m’offrir une haleine bien plus fraîche que celle d’un individu lambda au sortir d’une nuit de sommeil. Elle affichait une mine épanouie, étonnamment épanouie pour un matin. Peut-être était-il plus tard que je ne l’estimais, ce qui lui avait laissé plus de temps pour se réjouir de ce début de journée. A côté de moi, Alexandra continuait de dormir profondément, sans qu’elle ne semble perturbée par le début d’activité dans la chambre. Un bref coup d’œil sur mon téléphone me prouva que mon raisonnement était erroné : il n’était que huit heures et demie. J’obtins finalement une réponse au large sourire qu’elle arborait. Elle grimpa sur moi, saisit ma verge, la présenta contre son petit trou et, en un clin d’œil, elle se la planta jusqu’à la garde.
   ─ Cette nuit j’ai rêvé que j’étais enceinte… avec un ventre bien rond et des seins énormes. La simple vue de ma poitrine te faisait bander comme jamais, bien évidemment, rigola-t-elle.   ─ Comme je te l’ai dit, j’ai aussi rêvé de toi. Jusqu’ici rien de plus normal, me diras-tu. Mais dans mon rêve tu étais aussi enceinte. Et ton visage était recouvert de traces rouges ; pas de sang, mais de peintures, un peu comme celles des Indiens.
     Elle se pencha sur moi et m’embrassa. Fougueusement, tendrement. Et brièvement, car le moulin à questions s’était déjà mis en marche. Je le voyais à ses sourcils qui s’arrondissaient alors qu’elle essayait de faire un tri dans le flot d’interrogations que son cerveau lui envoyait.
   ─ Tu crois qu’après le stade des visions, nous sommes passés à une étape suivante ?   ─ Qu’est-ce que tu veux dire par là ?   ─ Crois-tu que nous allons faire des rêves prémonitoires, maintenant ? Je sais que ça peut te paraître stupide, mais avoue que c’est tout de même étrange que nous fassions le même rêve en même temps.   ─ Oui, j’imagine que ce n’est pas courant, cette simultanéité. Mais attention, la signification des rêves n’est jamais simple. Ce n’est pas parce que tu t’es vue enceinte que tu le seras un jour.    ─ Je sais, même si je sais aussi, comme nous l’a rappelé ta fille, que la médecine évolue vite. Sais-tu que certains médecins travaillent sur des greffes d’utérus ? Bon, pour le moment c’est uniquement réservé aux femmes stériles. Mais d’une certaine manière, je suis une femme stérile.   ─ Pourtant, d’une autre manière, tu n’es pas du tout stérile. Et je ne te parle pas de la grossesse de Karen. Musicalement, émotionnellement, tu engendres une inventivité telle que beaucoup de femmes ne parviendront jamais à égaler.   ─ Dites donc, Monsieur, vous ne seriez pas en train de me draguer, par hasard ?
     Natasha me regardait avec les yeux d’une femme amoureuse et s’apprêtait à me rouler une pelle, modèle pelle à neige quand une main me tourna le visage sur le côté. Mes lèvres rencontrèrent celles d’Alexandra, et celles de Natasha glissèrent le long de mon cou pour finir sur l’oreiller.
   ─ Je n’ai jamais entendu un homme proférer d’aussi belles conneries, encore moins au réveil, souffla Alexandra. Alors si un jour tu réussis à arrondir le ventre de ma copine, tu devras faire de même avec le mien. Pigé ?
     Je vis dans ses yeux verts une pointe d’amusement. Je devinais l’expression furibarde que Natasha devait simuler ; je vis sa main atterrir sur la tempe rousse et Alexandra faire mine de l’éviter.

     Nous étions tous les trois attablés devant des tartines de brunost, des pains et des jus de fruit, à nous désoler de ne pas avoir un local où aller jouer quand une envie matinale de prendre les instruments se faisait sentir, quand Sigrid et Kristina nous rejoignirent. L’envie de jouer était notre réponse à toutes ces questions dont nous sentions bien qu’elles nous dépassaient. Sigrid proposa donc qu’après les deux concerts de Bergen, et avant de jouer les touristes dans les Lofoten, nous allions nous installer près de chez ses parents. Ils avaient une grande maison et nous pourrions poser nos instruments et y jouer tranquillement. Lorsqu’Alexandra s’inquiéta du dérangement, Sigrid éclata de rire, sans donner toutefois d’explication à ce soudain accès de bonne humeur. Elle parvint, malgré tout, à négocier une arrivée anticipée dans la salle où nous devions jouer le soir même.
     Je voulais faire une surprise à Roxanne lors du concert. Je voulais qu’elle joue un peu de batterie et qu’elle chante quelques chansons qu’elle avait entonnées lors de notre rencontre. Elle serait certainement réticente et il faudrait trouver un subterfuge pour la faire grimper sur scène. Donc si quelqu’un avait une idée imparable, j’étais preneur. Natasha se proposa pour trouver une solution ; elle semblait d’ailleurs avoir déjà une petite idée.
     Je vis arriver la chevelure bouclée de ma fille. Elle était joyeuse et débordante d’énergie. Marie, elle, semblait avoir moins bien dormi.
   ─ Ça n’a pas l’air d’aller ?   ─ Bof, mal dormi…   ─ Tu as fais des cauchemars ?   ─ Non même pas. Enfin, si c’est le cas, je ne m’en souviens pas. Peut-être, après tout ; il était question d’hôpital dans mon rêve. C’est tout ce que je me rappelle.
     Nous nous installâmes dès le début d’après-midi dans la salle de concert. Un bonheur intense de ne jouer que pour nous seuls nous envahit. Oh, bien sûr, quelques personnes qui travaillaient dans cette salle nous écoutaient lorsqu’ils pouvaient en prendre cinq ou tout simplement parce qu’ils veillaient à ce que tout se passe bien. Nous avions eu quelques papiers élogieux dans la presse norvégienne suite à nos précédents concerts, et deux belles journalistes de la radio P4 Bandit avaient fait le trajet depuis Lillehammer avec l’intention de décrocher une petite interview et même, si nous étions d’accord, diffuser une partie du concert.
     Natasha appela Roxanne ; elles eurent une petite discussion à l’issue de laquelle ma fille attrapa une guitare. C’était raté pour la surprise, mais à l’évidence, la réticence que j’avais imaginée de sa part n’avait pas daigné pointer son nez. Ainsi nous avions tout l’heur de répéter tranquillement les chansons qu’elle souhaiterait interpréter. Elle choisit en premier lieu les deux titres de Rush qu’elle avait joués le premier soir, une évidence. Elle chercha d’autres titres ; je la voyais clairement hésiter. Elle souhaitait jouer une chanson qui n’était absolument pas dans la veine de notre répertoire. Avec toute la musique que nous avions écoutée sur les routes ces derniers jours, il était incontestable que nous avions soif d’ouvrir l’éventail de notre catalogue, sans toutefois trop dévier de notre ligne originelle.
     La chanson qu’elle souhaitait interpréter m’était totalement inconnue. Il n’y avait en fait qu’Alexandra qui l’avait déjà entendue. Roxanne brancha son portable sur la sono pour nous la faire écouter : c’était « Right now », et le groupe composé principalement de trois frangines multi-instrumentistes avait pour nom Haim. Tout le monde fut conquis. Ce n’était absolument pas du heavy metal, mais la hargne qui s’en dégageait lui laissait sa place ; il fallait justement lui trouver maintenant cette place.
   ─ En début du deuxième rappel, cela nous permettrait de démarrer sur le rythme lent de ce morceau qui fait une vraie coupure. Et puis ce n’est pas comme si nous avions trop de titres lents, proposa Alexandra.   ─ Tu as complètement raison ; ça me plaît comme idée.   ─ Je suis aussi pour, ajouta Kristina.   ─ Et toi, Franck ?   ─ Ça me va aussi. L’énergie qui émerge petit à petit de cette chanson, le sujet – une séparation qui laisse la chanteuse désabusée – me fait penser à « You oughta know » d’Alanis Morissette, dans l’esprit. On pourrait peut-être jouer les deux titres à la suite, puis finir par les deux derniers morceaux habituels.   ─ Banco !
     Roxanne rayonnait à cette idée. Savoir qu’elle pouvait choisir ses chansons préférées et que nous adapterions notre répertoire pour intégrer ses choix la rendait folle de joie. Sa dernière préférence se porta sur une reprise de Sophie B. Hawkins qu’Halestorm avait enregistrée sur leur dernier mini-album de reprises, « Reanimate 3.0 ».
   ─ Pourquoi rigolez-vous ?   ─ Ne le prends pas mal, ma chérie, mais il se trouve que nous avons écouté cette chanson sur la route qui nous menait à Stavanger le jour où ta sœur t’a amenée au concert. Et ton père nous a fait un récit de ses premiers souvenirs de la chanteuse ; un descriptif émerveillé de sa chevelure abondante, le même genre de crinière que la tienne. D’ailleurs, si je n’étais pas au courant de ta parenté, je n’aurais aucun mal à imaginer que tu puisses être le fruit d’une rencontre improbable entre ton père et Sophie, répondit Natasha, mi-hilare et mi-sérieuse.   ─ Et puis c’est un inconditionnel amateur de chanteuses. Musicalement parlant, j’entends, ajouta Kristina sur le même ton.   ─ Il n’est pas uniquement amateur de chanteuses : les guitaristes font aussi bien l’affaire, et pas que musicalement, conclut Alexandra avec une moue espiègle.   ─ Allez, ne vous gênez pas, prétendez donc que je me suis accouplé avec la moitié des chanteuses de la planète !   ─ Surveille ton langage, papa : ta fille écoute !
     L’après-midi passa à toute vitesse. Tout le monde était si heureux de jouer et de modifier un peu la set-list que nous évoquions la possibilité d’en établir une parallèle, notamment pour les villes où nous serions amenés à jouer deux soirs de suite. Les deux journalistes eurent leur interview, découpée en tranches, tant le besoin de rejouer se faisait sentir après quelques minutes d’arrêt. En remerciement de leur patience, elles obtinrent l’autorisation de diffuser une partie du concert et purent enregistrer les nouvelles chansons lors de leur répétition. En fin d’après-midi, les bouches sèches nous imposèrent une pause plus conséquente, et c’est donc autour d’une table que nous nous retrouvâmes tous ensemble, au plus grand plaisir des deux filles qui pouvaient ainsi continuer leur entretien et espérer des réponses moins morcelées.
   ─ Je crois que tu as encore fait une victime, me souffla Natasha.   ─ Quoi ?   ─ Arrête de faire l’innocent… La brune te dévore des yeux. Alexandra t’avait dit que tu ferais des ravages avec ta belle gueule de Viking. Propose-leur de venir manger avec nous avant le concert : cela fait quelque temps que nous n’avons pas eu un bon plan cul, et j’aimerais bien lui bouffer la chatte avec ta queue dedans. Et ce n’est qu’un début…   ─ Eh bien ma foi, voilà un charmant programme. Et qui a le mérite d’être clair.
     Natasha but la dernière gorgée de sa bière puis se leva. Quand elle fut dans le dos des deux journalistes, elle fit signe à Sigrid de la suivre. Alors que nous discutions tous ensemble, j’observai Natasha complotant avec notre ingénieur du son. A la manière furtive de regarder les deux journalistes lors de leurs échanges, je me demandais si cela concernait purement les contingences relatives au repas ou à la suite plus salace qu’elle envisageait. Les deux journalistes s’intéressaient maintenant plus à la vie du groupe qu’à la musique en elle-même. Certainement parce qu’Alexandra avait lancé une allusion sexuelle lors d’une réponse à une question relative au choix des chansons.
   ─ N’est-ce pas trop dur d’être le seul mec dans le groupe ? demanda la brune Elke.   ─ Sous-entendrais-tu que travailler en permanence avec des filles est une corvée ? C’est ta collègue qui doit apprécier… lui répondis-je avec ironie.   ─ Ce n’est pas ce que je voulais dire, reprit-elle en rougissant.    ─ Si les filles souhaitent faire une sortie shopping par exemple, les suis-tu ou restes-tu à l’hôtel ? poursuivit Léna, sa blonde collègue pour lui venir en aide.
     Je voyais que la conversation avait tourné et risquait de déraper, surtout si l’un d’entre nous décidait de s’amuser un peu. Et je m’y employais allègrement. D’autant plus que je percevais dans le regard d’Alexandra qu’elle était prête à me suivre. Heureusement, Roxanne était déjà repartie jouer avec Tom. Ces deux-là s’entendaient à merveille, et je le soupçonnais de vouloir collaborer avec ma fille dans son futur groupe. Marie s’en était également rendu compte et s’inquiétait pour la suite de sa scolarité. Pour l’instant, il avait le mérite de tenir les oreilles encore chastes de Roxanne loin des conversations qu’elle n’avait pas à entendre.
   ─ Au début je restais à l’hôtel, le plus souvent pour mater un porno. Mais je me suis rendu assez vite compte que c’était encore plus chaud de les suivre dans les cabines d’essayage.   ─ Une fois, en revenant d’une sortie shopping, nous l’avons surpris en train de lorgner sur un film lesbien. Nous lui avons fait promettre de nous attendre la prochaine fois : nous aussi voulons nous palucher en reluquant du porno entre filles. Mais je dois avouer que nous n’avons pas eu trop de mal à le convaincre ; il faut dire que nous avons les moyens pour cela. Et puis, n’est-ce pas le rêve de tout mec que s’envoyer en l’air avec plusieurs nanas ? renchérit Alexandra en faisant des clins d’œil outrageusement appuyés pour bien montrer qu’elle était dans la gaudriole.   ─ Ne pouvez-vous pas être sérieuses quelques minutes ? demanda Elke en s’esclaffant.   ─ Mais nous sommes sérieuses… à part le passage du film porno. En fait, on le fait nous-mêmes, le porno. C’est juste que personne ne pense à filmer.   ─ Si vous y tenez, nous avons nos caméras, proposa Léna, fière de sa réplique qui pouvait tout aussi bien se présenter comme une blague que comme une proposition.   ─ Merci pour la proposition, mais personne n’aura le temps de mater le film ; et puis nous préférons jouer chaque fois de nouvelles scènes. Par contre, si vous souhaitez participer…
     Elke balaya l’assistance de ses yeux, et à chaque personne ses joues s’empourpraient un peu plus. Mais sa bouche immense trahissait par sa courbure son désir de prendre part aux festivités qui s’annonçaient.
     Le barman nous indiqua l’adresse d’un petit magasin où trouver des sandwichs originaux et succulents, à quelques rues de la salle de concert. Ils en servaient avec de la viande séchée de cerf, d’élan ou de renne. Ils avaient également des wraps aux fruits de mer plus que frais. Être dans une ville en bord de mer avait culinairement de grands avantages. Toute cette succulente nourriture disparut très vite, affamés que nous étions. Le retour vers la salle fut rapide, d’autres faims devant être comblées.

     La salle commençait à recevoir les spectateurs. La scène était prête, plongée dans le noir dans l’attente du lever de rideau. Sauf qu’il n’y avait bien sûr pas de rideau à proprement parler. J’entraînai Elke derrière la scène ; elle s’inquiétait quelque peu de la proximité du public. Je la rassurai en lui expliquant que le brouhaha de la foule couvrirait ses cris, et à moins qu’elle ne hurle littéralement, rien ne risquait de la trahir. Une ampoule éclairait très faiblement l’endroit où nous nous trouvions, et je vis les yeux d’Elke briller outrageusement dans la pénombre. Des yeux que j’avais observés à son insu, des yeux d’une couleur qui oscillait entre vert et bleu pâle.
     Elle m’embrassa délicatement, amoureusement. Cette fille, qui me dépassait d’une demi-tête et affichait un sourire franc et éclatant, renvoyait un mélange de timidité et de volonté pugnace. Je devinai à la chaleur de sa joue sous ma main qu’elle rougissait encore mais qu’elle n’avait aucune intention de s’arrêter en si bon chemin. Elle avait juste besoin qu’on la laisse commencer gentiment ; elle avait presque un côté fleur bleue. Elle ôta mon tee-shirt et ses mains parcoururent mon torse avec une infinie douceur. Elle y posa ses lèvres en plusieurs endroits qu’elle semblait avoir choisis selon un plan qui lui était propre. Je fis tomber son blouson en cuir fin, dévoilant une robe en denim sans manches dont l’échancrure descendait jusqu’à la taille. Je déboutonnai de deux crans sa robe et me courbai pour embrasser le haut de sa poitrine qui attirait œil et main dans son écrin de dentelle noire. Je remontai le long de son cou, histoire de lui souffler à l’oreille que Natasha nous rejoindrait certainement. Elle ne montra aucune réticence à cette idée. Elle posa même ses lèvres sur les miennes encore une fois en guise d’acquiescement tandis que ses mains prenaient la direction opposée. Elle entreprit de baisser mon pantalon, et au fur qu’il descendait, ses lèvres se rapprochaient de mon sucre d’orge sans sucre ni orge. Au moment où elle donna quelques coups de langue sur mon gland, quelqu’un coupa malencontreusement la lumière dans la salle. Le public, croyant l’arrivée du groupe imminente, se mit à crier.
   ─ Aurais-tu cru un jour que tu recevrais de tels encouragements pour une fellation ?
     Elle éclata de rire et promit de se montrer à la hauteur de cette ovation. Elle attendit cependant que la lumière soit remise et que la foule cessât de protester pour me démontrer l’étendue de ses talents en linguistique. Bien que ne pigeant absolument rien à sa langue natale, je dus toutefois admettre qu’elle était douée pour les langues, particulièrement de la sienne. Elle enfourna dans sa bouche immense ma queue et parvint même à y faire entrer mes couilles. C’était la première fois que l’on me faisait ça ; la sensation était incroyable ! Elle leva son visage vers moi, me regardant avec un regard satisfait qui revendiquait triomphalement que les encouragements du public étaient amplement mérités. Et, devant l’obscénité de ses joues ainsi distendues, je ne pus me retenir de décharger promptement dans sa gorge. Elle continua cependant de jouer de ses lèvres, de sa langue et de ses joues, ne me laissant ressortir de sa bouche qu’une fois que ma verge eut repris suffisamment de rigidité pour se la fourrer entre les cuisses.
     Elle ne me laissa pas le temps de souffler et s’activa sur mon manche comme une forcenée. C’est ce moment que choisit Natasha pour débarquer dans ce recoin de luxure. Je soulevai Elke et maintins le compas de ses jambes bien ouvert afin de laisser libre accès à la bouche de ma belle. Elle lécha la cyprine qui s’écoulait du sexe de la jeune journaliste. Je sentais régulièrement ses lèvres ou sa langue venir récolter sur mon dard les fluides qui s’y étaient déposés. Une fois désaltérée, Natasha sortit son téléphone de sa poche ; je crus un instant qu’elle voulait filmer la journaliste en pleine action mais elle se contenta d’appeler Alexandra qui finissait sa bière en compagnie de Léna.
     Les deux arrivèrent, attirées par la promesse d’une petite partouze en guise d’entrée sur scène comme un ours par le miel. Natasha céda sa place à Léna qui, par le regard qu’elle lui adressa, semblait avoir toujours eu envie de lui fourrer sa langue au chat ; à moins qu’au contraire elles fussent coutumières du fait.
     Bien que la pratique intensive de la batterie m’ait forgé les muscles des membres supérieurs, je ne pouvais pas indéfiniment soutenir Elke à bout de bras. Pour me soulager, elle reposa ses jambes sur les épaules de sa collègue qui se délectait de ses sécrétions intimes. J’allais ainsi pouvoir occuper mes mains à autre chose. L’une d’elle partit d’ailleurs rapidement en exploration par l’échancrure de sa robe et trouva rapidement des reliefs qui n’attendaient que cela. Lorsque l’un de mes doigts prit d’assaut le sommet de cette courbe démarchée, Elke soupira, soulagée que quelqu’un daigne enfin mettre fin à la torture de ses tétons livrés à l’oppression de la dentelle. Elle ne s’inquiétait plus de savoir si ses soupirs et ses gémissements seraient entendus par les premiers rangs de la foule qui s’était déjà amassée au pied de la scène.
     Léna, la tête enserrée dans un écrin de cuisses, ne vit pas qui s’attaquait à son short en cuir rouge, mais elle ne chercha pas à se soustraire à l’effeuillage. Elle sentit le cuir descendre le long de ses jambes, et elle exposait à présent une magnifique paire de fesses ornées par un superbe mini-boxer en satin qui se différenciait d’un string par seulement quelques centimètres de tissu. Trois brides striaient chaque hanche, renforçant son aspect minimaliste mais délicieusement chic. C’est presque à regret qu’Alexandra lui fit suivre le même chemin que le short.
   ─ Il faudra que tu me dises où tu as trouvé cette merveille.   ─ Je te l’offre ; garde-le. Je te donnerai l’adresse du site : ils ont vraiment de belles choses, répondit Léna qui avait enfin pu reconnaître à la voix qui s’était accroupi derrière elle.
     Alexandra avança la main, et son majeur vint effleurer la fente entrouverte de la Norvégienne aux si bons goûts vestimentaires. Le doigt suivait doucement les lèvres et la journaliste répondait déjà corporellement à ce contact délicat. Alexandra suça brièvement son pouce, suffisamment pour qu’il glisse sans trop forcer à l’intérieur de cette petite rondelle brune qui lui faisait comme un clin d’œil. Son majeur progressait maintenant entre ses lèvres, doucement, de plus en plus profondément. Elle roula enfin son pouce sur son majeur, massant ainsi la paroi qui les séparait. La concentration de Léna sur la vulve et la verge qui dansaient face à elle se dissipa un instant. Elle laissa échapper un premier cri.
     Natasha vint à l’aide de sa comparse dont les possibilités manuelles autres que sexuelles étaient maintenant divisées par deux. Elle ouvrit son pantalon et dégagea son sexe qu’elle emboucha aussitôt. Quand elle fut dans les meilleures conditions, Alexandra sortit ses doigts des orifices de la journaliste qui ne comprit pas très bien ce qu’il se passait quand elle sentit une verge pointer contre son cul. Elke, voyant la scène qui se jouait devant elle, lâcha un simple « Oh… » ressemblant plus à un accueil favorable qu’à une inquiétude pour la suite des événements. Alexandra agrippa Léna par les hanches et s’enfonça entre ses fesses d’une poussée volontaire et régulière, mais sans brusquerie.
     Natasha était depuis un long moment déjà excitée comme une puce. Elle se positionna derrière Alexandra, enchantée de recevoir son amie qu’elle n’avait pas eu l’honneur de faire jouir en elle depuis déjà quelque temps. Elke en fut quitte pour un « Oh, oh… ».
   ─ Il ne reste plus que Kristina pour parfaire ce moment de partage.   ─ Oui, je suis là !
     La voix de Kristina venait de la scène qu’elle avait traversée le plus discrètement possible. Elle surgit de l’ombre, se tenant sur le rebord de la plateforme, exactement à l’endroit où je m’appuyais. Elle observa les prises possibles où elle pouvait mettre les pieds. Elle posa un pied sur une barre métallique d’un montant qui soutenait la scène. Je compris où elle voulait en venir. Elle baissa l’autre pied et son bassin se retrouva au niveau du visage d’Elke qui n’eut pas le temps d’émettre une troisième série de « Oh ». Rapidement, ce fut un concert de gémissements. Les deux journalistes se demandaient certainement pourquoi Sigrid ne se joignait pas à nous, mais elles étaient trop occupées pour formuler la question. Puis elles eurent la réponse. Dans la salle, les lumières s’éteignirent et le public put entendre sortir des haut-parleurs des bruits de jouissance passés à travers les divers effets sonores du pupitre de mixage de notre ingénieuse responsable du son. Les cris de la foule réagissant aux salves de cris et de halètements décuplaient nos ardeurs, qui à leur tour augmentaient encore la réceptivité du public. Tom avait empoigné un micro et, caché dans l’ombre, répétait les premiers mots de l’intro de la chanson de Def Leppard qui nous servirait dans quelques minutes à démarrer le concert. Ses « Are you excitable ? » étaient eux aussi passés par la moulinette sonore de Sigrid, tout heureuse que sa proposition ait été retenue, puis surtout réalisée.
     Natasha et Alexandra furent les premières à atteindre l’orgasme et donc à monter sur scène, une fois remises de leurs émotions. Alexandra plaquait quelques accords sur son clavier mais s’amusait surtout à créer des bruits exotiques qui accompagnaient les derniers cris. Natasha faisait glisser ses doigts le long des cordes de sa basse, ajoutant des crissements métalliques qui s’accordaient parfaitement à la panoplie des sons variés qui étoffaient ce début de concert. Quand Kristina se fut vidée dans la bouche d’Elke, elle remonta directement sur la scène par là où elle était arrivée. Elle balança quelques riffs de guitare pour laisser le temps à Léna de me faire une petite toilette intime, histoire de ne pas avoir les bonbons qui collent au papier tout le long du concert. Ce fut certainement une des intro les plus longues que nous ayons faites, et s’il n’était pas question de la refaire tous les soirs, occasionnellement l’idée restait plaisante. De toute manière, Sigrid ne s’était pas contentée de diffuser les cris de plaisir mais en avait profité pour les enregistrer, d’une part parce que chaque concert ne se prêterait pas forcément à une petite partouze improvisée, et d’autre part parce que cela lui laisserait la possibilité de se joindre à ladite partouze.
     Puisque nous avions dérogé à la règle qui faisait que les concerts débutaient par Iron Maiden, nous avons décidé de modifier également le second titre. Toujours AC-DC, mais cette fois ce serait le célébrissime « Highway to Hell ». Le renouvellement de certains titres donna l’effet escompté. La soirée fut une pure décharge électrique. Roxanne s’éclatait sur scène. Il serait difficile de lui faire maintenant changer d’avis quant à l’avenir qu’elle envisageait. Faire comme son père. Musicalement, en tout cas. Pour le reste, je n’étais pas pressé de savoir.

     La nuit s’annonçait courte, sur le plan du sommeil. Les deux journalistes furent ravies de remettre le couvert, avec plus de temps pour profiter de toutes les possibilités qu’offraient les membres du groupe. Sigrid était tout simplement heureuse de pouvoir participer. Cela avait été une torture de devoir rester à son poste de travail pendant que nous nous éclations à l’arrière de la scène. Mais c’était elle qui avait émis l’idée… Marie se serait peut-être bien glissée dans le groupe, mais elle devait être en train de gérer l’euphorie post-concert de Roxanne. Puis le coup de fatigue.
     Je me rhabillai et laissai les ébats continuer sans moi. Si Marie était occupée à son rôle de baby-sitter, elle pouvait toujours nous rejoindre une fois que sa sœur serait endormie, si le cœur lui en disait. Enfin, le cœur…
     Il me revint soudainement à l’esprit qu’elle avait passé une mauvaise nuit. Peut-être était-il préférable de la laisser tranquille, finalement ? Je restai derrière sa porte un instant, m’interrogeant si ma réticence à y toquer venait d’un réel souhait de la laisser se reposer ou tout simplement de ma difficulté à décider si oui ou non je voulais sentir le corps de Marie contre le mien. Peut-être lui en voulais-je encore un peu de sa fuite. Non, elle avait eu raison. Je ne me voyais pas prendre mon pied avec la demi-sœur de ma fille, quand bien même je l’avais fait avant la naissance de Roxanne. Je restai encore quelques secondes, puis je fis demi-tour.

     La journée ressembla à celle qui avait séparé nos deux nuits à Oslo. Avec moins d’alcool absorbé pendant la nuit, cela rendait la récupération plus rapide. Je consacrai un peu plus de temps à Roxanne, un peu honteux de m’être rapidement éclipsé la veille pour rejoindre les deux journalistes qui avaient décidé de faire une nuit open-bar. Une vraie nuit de groupies, très rock, comme pour nous remercier de l’accueil, de l’interview… ou tout simplement parce qu’elles adoraient s’envoyer en l’air, dans toutes les variantes possibles. En croisant Elke et Léna après le réveil, Roxanne se doutait de la tournure qu’avait prise la nuit. Mais cette fois, elle se garda bien de poser des questions, se satisfaisant de ma présence à son côté. Elle me raconta des souvenirs d’enfance, m’en soutirant quelques-uns tout en mangeant une énorme glace, assis sur les rochers qui faisaient face à la mer.
   ─ Tu es prête à recommencer ce soir ?   ─ Et comment ! J’aimerais tant faire toute la tournée avec toi, avec vous… Vous allez me manquer.   ─ Hey, nous ne sommes pas encore partis ! répondis-je en la serrant contre moi.
     Je l’embrassai sur le dessus de la tête. Elle sentait bon le shampoing. Elle avait dû se laver les cheveux en se levant. Je restai un moment ainsi, le nez dans ses cheveux, son coude droit dans mes côtes. Je jouais avec ses boucles. Je regrettai que Marie ne fût pas venue avec nous, mais elle avait tenu à ce que je passe un peu de temps en tête-à-tête avec Roxanne et avait résisté à mon insistance.
   ─ Merde !   ─ Qu’y a-t-il ?   ─ Je t’ai mis de la glace dans tes cheveux tout propres avec ma barbe.
     Il était temps de retourner à la salle. Jouer un peu, faire la balance. Le concert, encore une fois, fut fantastique, même si cette fois les cris de jouissance qui lançaient l’attaque étaient ceux enregistrés la veille. Roxanne, ainsi que Marie et Ingrid qui l’avaient tenue à l’écart la veille pour éviter toute interactivité entre elle et la source de sonorisation de l’intro, purent profiter de cette nouveauté. Je la voyais au premier rang, se trémoussant au rythme des chansons et attendant impatiemment que vienne son tour. Et quand elle monta sur la scène, elle était comme transfigurée. C’était la deuxième fois qu’elle jouait avec nous, et déjà elle avait pris ses marques. Elle semblait avoir progressé depuis le concert de la veille, et encore plus à l’aise devant une foule. Et dire que je l’avais supposée sur la réserve quant à monter sur une scène…
     Quand le concert se termina, je voyais déjà dans ses yeux l’attente du prochain. Cela m’inquiétait car jouer en public avait visiblement sur elle tous les effets d’une drogue. Heureusement, les dates allaient s’espacer à partir de maintenant ; cela lui éviterait une trop longue et subite exposition à cette drogue. J’essayai de lui en toucher un mot pendant que nous rangions les instruments, le plus délicatement possible, pour ne pas lui donner l’impression d’une quelconque réprobation ni encore moins d’une punition. Juste un conseil. Comme souvent, Natasha était logiquement la première à être prête. Généralement suivie de près par Kristina. Elles venaient toujours me donner un coup de main ensuite, mais comme j’étais en pleine explication avec ma fille – qui me donnait par la même occasion toute l’aide nécessaire – elle répondit directement à l’appel de Sigrid qui avait eu le temps de transcoder le signal parasite fourni par Marie et était maintenant prête à le faire écouter. Le public avait totalement évacué la salle et elles étaient libres d’écouter le résultat sans trop de monde autour : Marie, sans savoir à quoi s’attendre, préférait garder un peu de discrétion à ce sujet.
   ─ Alors, Marie, prête ? A toi l’honneur de lancer l’écoute… Tu as juste à cliquer sur le fichier. Et si c’est une grande découverte… ce soir, champagne !
     Marie cliqua. Rien ne semblait se passer. Le signal était en fait un son grave, et il fallut quelques secondes pour le percevoir. Marie et Sigrid se regardaient, perplexes. Pas sûr qu’il y aurait du champagne au programme ce soir.
   ─ Ça ressemble à une sorte de craquement, un peu comme du bois qui casse. Ou la croûte terrestre…   ─ On dirait une onde qui se répète. Le son part de très bas et monte un peu vers du moins grave. On ne peut pas à vraiment parler d’aigu dans ce cas-ci. Ça redescend légèrement, puis ça remonte encore, ça rebaisse encore légèrement, et encore une progression, puis ça revient au point de départ et le cycle recommence.
     Sigrid imageait son propos en suivant de sa main une courbe qu’elle essayait de dessiner dans l’air. Marie acquiesça. Natasha posa une main sur l’épaule de Marie.
   ─ Les filles… ça ne va pas très fort, là…
     Natasha était pâle ; elle grimaçait. Elle porta ses mains à son ventre, se plia de douleur. Tous les regards se portèrent sur ses jambes. De longues traînées de sang dessinaient un réseau de petites veines qui atteignaient le sol où une petite flaque s’était déjà formée. Puis elle s’effondra.
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