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Pauline - années adulte

Chapitre 14

Mariage heureux, mariage pluvieux

Erotique
Chapitre 14
— Comme tu es jolie… Tu ne stresses pas toi ? Moi, je suis à fond. C’est ton grand jour. Tu réalises ? C’est ton grand jour à toi…— Calme-toi Charline. Respire, tout va bien se passer. Tu veux aller faire un tour dehors pour prendre l’air ?— Oui, non, je ne sais pas. C’est un peu comme si j’étais à ta place…— Tu le seras peut-être un jour.— Qui voudrait d’une folle de 46 ballais avec des tatouages partout et des piercings ?— L’homme qui t’aimera pour qui tu es. Il y aura des célibataires, profites-en.— Juste trois, et je me compte dedans. Et non merci pour ton cousin, bien trop jeune et immature. Et l’autre, un cousin divorcé d’Yvan venu de Montréal… Génial, il va parler caribou toute la soirée ou de son ex-femme…— Amuse-toi juste et laisse aller les choses. — Comment tu fais pour avoir l’air si calme ? Tu es prête ? Il va falloir y aller… C’est bien la première fois que je voie une mariée en bleu et aussi sexy.
En bleu… les cheveux, la robe… J’étais vêtue exactement de la même manière qu’il y a 6 ans, lorsque j’ai vu Yvan pour la toute première fois. Je n’avais rien de plus, je n’avais rien de moins. Yvan croyait que je m’étais débarrassée de cette robe, je le lui avais fait croire. Je l’avais cachée en espérant qu’un jour cet évènement arriverait. Mais, c’était la dernière fois que je la mettais ; elle me faisait quelque part trop penser à André, ce vieillard pour qui j’avais posé durant mes études, qui me mentit et me donna l’impression de n’avoir été qu’une pute.
Charline m’attendait avec mon manteau et mon écharpe pour m’accompagner à la mairie. C’était le moment d’y aller. C’était le moment d’aller dire oui devant le maire, de vérifier que Jade était entre de bonnes mains, celles de la sœur d’Yvan. Je me sentais incroyablement sereine.
Yvan… lorsqu’il me vit sans manteau… le regard fixe, aucune expression ne transpirait de son visage. Mais ses yeux ont changé instantanément de couleur. D’un bleu sombre, ils se sont éclaircis, se sont illuminés, se sont mis à briller.
Pendant que le maire faisait son discours, il me glissa à l’oreille « J’ai repéré où sont les toilettes ». J’ai souri, et je lui ai répondu « moi aussi. J’espère que ça ne va plus durer trop longtemps ». Il fallait encore patienter un peu. Puis, nous avons signé les papiers, et pendant que c’était le tour des témoins, nous nous sommes éclipsés.
C’est seulement à ce moment-là, alors que j’étais mariée depuis quelques minutes, dans les bras de mon mari, j’ai réalisé… j’étais libre, j’étais bien. Ma vie commençait enfin. Je n’allais plus jamais être seule, et plus qu’un mari, j’avais une âme sœur.
Quelques jours avant, je m’étais demandée si mon choix de robe de soirée allait choquer, me faisant hésiter. Je n’ai eu au moment de l’enfiler plus aucun doute. Je n’avais plus peur de me montrer tel que j’étais, de dévoiler devant tout le monde mon manque de pudeur, et Yvan me trouva sublime, c’est tout ce qui comptait.
On parla longtemps de cette robe blanche au décolleté plongeant, moulant mon corps jusqu’aux fesses et s’évasant doucement jusqu’au sol, entièrement transparente, juste quelques dentelles bleu clair couvrant à peine mes seins, mes fesses et mon minou.

Mais, si beaucoup se souvinrent de cette robe le jour de notre mariage, mon souvenir était plutôt porté sur les baisers de Charline avec « caribou », le cousin d’Yvan. Je trouvais qu’ils allaient bien ensemble, et je n’ai pas été étonnée lorsqu’elle m’annonça quelques semaines après qu’elle allait passer plusieurs jours à Montréal… Trois ans plus tard, j’étais témoin à leur mariage.
Entre temps, nous avons déménagés. L’appartement était devenu bien trop petit pour y habiter à cinq. Les enfants du premier mariage d’Yvan préféraient vivre avec nous, et ils étaient arrivés à un âge où leur avis comptait. S’en était fini de ma nudité des journées entières. Mais, je n’en étais pas frustrée pour autant. Nous étions une vraie famille, comme j’en avais rêvé depuis toute gamine. Même si ce n’était pas tout le temps rose, c’était ainsi que je concevais la suite de mon existence.
Les années ont continué à défiler. J’ai quitté mon travail à plein temps de mère au foyer pour devenir adjointe au maire de notre ville sur la famille et l’éducation. J’en avais eu marre d’entendre que Jade ne mangeait rien à la cantine parce que c’était dégoûtant. Je m’étais ainsi associée à un candidat, élu maire ensuite, renouvelé aux élections suivantes… Désappointée au début par certaines lourdeurs administratives, j’ai tenu bon. J’étais fière de ce que j’avais réussi à mettre en place : faire intervenir des agriculteurs locaux plutôt que de passer par des entreprises plus soucieuses de leurs bénéfices que de la qualité de leurs produits. Ça avait demandé énormément de travail, beaucoup d’investissements à tout le monde…
— Pauline, je comprends votre désappointement…— Désappointement ? Je meurs d’envie de le voir crever.— Il prépare déjà les futures élections et cherche un bouc émissaire. Votre popularité est un frein pour lui.— Ho oui, faire croire que toutes ses hausses d’impôts sont liées à ce que j’ai mis en place pour les écoles alors que j’ai pu améliorer la qualité de vie en diminuant les dépenses. Je suis certaine qu’il fait du détournement d’argent publique.— Que comptez-vous faire ?— … Peut-être monter une liste contre lui.— Je vous soutiendrai, comme je vous soutiens depuis la première heure. Vous avez toute vos chances.— Peut-être pas tant de chances que ça… Il sait des choses sur moi…— Quel genre de choses ? Parlez-vous de ce qui s’est passé en terminal ou durant vos études ?— … Monsieur le député ? Non… Je parlais de photos avant la naissance de Jade… Comment savez-vous ?— J’en ai été informé il y a bien longtemps de cela suite à une enquête administrative sur vous. Je vous le répète Pauline, vous avez toutes vos chances. Ne laissez pas ces détails vous faire perdre vos convictions. Prenez votre décision, et ensuite, je vous aiderai autant que je le pourrai. Saviez-vous qu’il est directeur de différents comités d’urbanisation et connaissez-vous le montant de toutes les indemnités qu’il touche ? Rien d’illégal dans tout ceci, cependant…— … Je comprends mieux son train de vie. Je ne sais pas comment vous remercier.— Je crains que vous ne le sachiez que trop bien. Et pour ma part, je sais que ça n’arrivera jamais… Pendant que j’y pense, si votre fille a besoin d’une lettre de recommandation pour entrer dans une grande école…— Jade… Merde. Je suis désolée, mais je dois y aller. Nous reprendrons cette conversation une autre fois.— Passez le bonjour de ma part à votre fille et votre mari.
J’avais oublié, elle avait certainement eu les résultats de son bac blanc… J’allais encore passer à ses yeux pour une sale mère indigne qui ne la méritait pas. Mais, j’avais l’esprit préoccupé.
J’étais très en colère contre le maire qui tentait de me faire porter le chapeau de toutes ses mauvaises décisions. Il me croyait inoffensive, il ne savait vraiment pas à qui il avait à faire. Il était tard, j’avais passé beaucoup de temps à discuter avec ce député que je considérai comme un ami depuis bien longtemps. Il m’avait soutenue dès le début de mon projet de réforme des cantines… Tout ceci commençait à dater.
J’espérais qu’Yvan s’occupe de moi, qu’il pose ses mains sur mes épaules, qu’il les masse comme il sait si bien le faire, m’aidant ainsi à me détendre. Durant toutes ces années de mariage, je n’ai jamais regretté une seule seconde de lui avoir dit oui. Allais je le retrouver à jouer à la console avec Jade ?... Non, il était trop tard pour ça, elle avait école le lendemain… J’appréhendais sa réaction de me voir arriver autant en retard.
Jade a toujours été dure avec moi, me faisant des crises comme pas possible, alors qu’avec Yvan elle était douce et gentille. C’était bien la petite fifille à son papa. Elle ne me pardonnait rien, avait toujours une excuse pour son père. Lors de nos disputes, qu’il ait raison ou tort, elle prenait toujours sa défense. Je sentais qu’elle allait m’en faire baver une fois de plus.
Je suis ainsi arrivée chez nous, j’ai entendu Yvan hurler, cela provenait de la chambre de Jade. J’y suis allée. J’étais déjà énervée par ma journée, et j’espérais avoir le calme à la maison. Je découvris Yvan crier sur Jade ; elle était sous sa couette dans le lit, en pleurs, tenant d’une main sa joue. L’avait-il frappée ?— Yvan ? Tu l’as tapée ?— Oui ! — Calme-toi ! C’est bon, moi aussi j’ai des raisons d’être de mauvaise humeur ! On a toujours dit aucune violence physique ! T’es devenu fou ou quoi ?— … Oui, je suis devenu fou ! Je l’ai frappée sans raison, juste par plaisir ! T’es contente, c’est ce que tu voulais entendre ?— Déjà, calme-toi maintenant !— Noooooon !
Il sortit de la chambre, je ne comprenais rien de ce qu’il se passait. Jade n’arrêtait pas de pleurer et j’entendis Yvan enfiler un manteau. Le temps que j’aille voir ce qu’il faisait, il avait son casque de moto dans les mains et sortait de l’appartement. Je lui ai demandé « tu vas où ? » et, pour toute réponse, il claqua la porte derrière lui.
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