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Le royaume maléfique

Chapitre 1

Erotique
La Reine du royaume d’Isborg fut d´abord considérée comme la gouine impérial de l´Europe selon l´expression alors en vigueur à cette époque lointaine. On s´en aperçut alors qu´elle et son amante occupaient le trône de ce royaume qui, s’il existait encore, serait situé aujourd’hui en Norvège. La Reine Anna, malgré sa jeunesse, était tyrannique et faisait fi de son peuple. Les hommes cependant n\’étaient nullement cloîtrés dans des ghettos, ils se devaient simplement de respecter la loi, et de participer aux jeux où beaucoup d’entre eux mourraient dans d’atroces souffrances. Les femmes n’étaient pas exemptes des plaisirs ludiques de la Reine. Cette dernière, appelée plus communément « La Reine nue » en raison de ses penchants avérés pour l’exhibition, avait également instigué un système matrimonial particulier, les « récolteuses » apportaient plaisirs et jouissances à ceux qui se donnaient la peine d’en accepter les contraintes et les tourments.
    Malgré la fortune de son père, qui lui avait cédé le trône sous la menace, la jeune femme ne trouvait aucune satisfaction dans la vie luxueuse qu\’elle menait au palais... Pire, elle était devenue indifférente à tout. Aux plats les plus fins, comme aux loisirs les plus recherchés. Mais hélas, les obligations de son rang le coupaient de la vie de son royaume et hormis en de rares occasions, elle ne pouvait jamais s\’éloigner du palais. Le soleil, fut-il à son zénith, ne l’aidait aucunement à supporter le poids de sa charge qui ne trouvait à s’exprimer que dans la tyrannie, les jeux et la lubricité. Personne ne pouvait l\’aider, pas même une de ses nombreuses amantes et esclaves qui lui juraient qu\’elle était plus importante que leurs propres vies. Peut-être son père mais elle n\’y croyait pas, dans l\’état où il était. L’homme s’était effondré quand elle s’était emparée du pouvoir, le laissant sans avenir...
    Le seul point de lumière dans cette noirceur orgiastique et démentielle, elle le trouvait en la personne de Karine, la chef de sa garde rapprochée. Jamais elle n’aurait osé rêver personne plus belle et plus perfide à ses côtés, une beauté d’ébène au cœur de pierre. Son imagination féconde en matière de torture faisait son émerveillement. La reine était légèrement plus mince que Karine et certainement aussi belle, les membres longs et souples, minces, mais présentant pourtant des formes assurées, qu\’elle pouvait aisément jauger, lorsqu’elle partait guerroyer, sous la fine cotte de mailles étincelante et la légère tunique de cuir qui épousait son corps comme une seconde peau. Elle portait un arc composite long en bandoulière, une épée longue à la ceinture et il pouvait apercevoir une dague sertie de joyaux cachée dans une des hautes bottes de cuir qu\’elle avait aux pieds...
    Parfois leurs regards se prenaient d’assaut comme une forteresse en colère, et s\’enflammaient. La jeune Reine se fendait d\’un large sourire, qui éclairait encore un peu plus les traits fins d’un visage qui s’offrait à la pâleur, et Karine se sentait rougir de la tête aux pieds... Elle était si belle, dans la lueur du soleil couchant... La Reine portait la tenue qu\’elle aimait mettre quand elle n\’était pas à faire la guerre, une simple tunique rouge sur laquelle se reposait ses longs cheveux noirs à l’ondulation légère. Quand à Karine, elle arborait une tunique noire, fermée par des lacets à l\’avant et laissant apparaître son nombril, souvent décoré d\’un bijou en forme de feuille, et une courte jupe de la même couleur, fendue sur le côté, qui, selon l\’avis de la Monarque mettait encore plus en valeur des jambes qui n\’en avaient guère besoin... Le vent jouait avec sa jupe, pour le plus grand plaisir des gardiens.
Entre les deux femmes, la tension du désir était telle que les corps en tremblaient...
    - Je te désire tant, murmurait alors la jeune Reine
    - Viens, lui répondait à l’envie Karine en lui tendant les bras.
    Les deux femmes aimaient alors à comparer leur postérieur nu et se bataillaient de baisers pour savoir lequel était le plus beau. Celui de Karine était un rien plus gros que celui de sa Reine mais les deux se valait, ni trop gros ni trop mince, il en était de même pour leur poitrine dont les tétons se tendaient à la moindre alerte épidermique.
    L’excessive fortune du royaume basée sur les ruines d’un peuple asservi leur permettait des choses très singulières, et le lecteur ne doit point s\’étonner d’apprendre que la perfide Reine s’était allouée un budget par an affecté aux seuls plaisirs de la bonne chère et de la lubricité. Avec un esprit aussi sombre que sa peau, Karine, dont l’emprise sur la couronne n’était pas feinte, avait su potentialiser les excès d’une âme scélérate et dure, vouée aux désordres d’un libertinage effrayant et cruel.
    Ce jour était parmi tous un jour important. La rebelle dissidente, Tirséa, avait été enfin arrêtée. La Reine n’avait pas tardé à clamer sa victoire et à organiser de nouvelles « olympiades ». Ce mot n’avait pas à l’époque la signification que l’on lui connaît de nos jours.
    Elle avait fait construire depuis peu une arène, que n’aurait pas désavoué Jules César lui-même, et dont elle entendait bien faire usage au plus tôt.
    Karine avait soufflée l’idée de faire creuser au milieu de cette dernière un profond trou au sein duquel reposeraient des serpents. Les duellistes devant s’affronter sur un tronc poser au dessus du vide sur un tronc. La Reine, avait accepté l’idée avec enthousiasme : « ça nous changera des lions » avait-elle rajouté.
    Pour proclamer sa victoire elle avait convié une part importante de la population et de rares notables au spectacle.
    Les premiers invités apparurent bientôt, ceux qui voulaient être bien placés pour tout voir. Peu à peu, il en venait d´autres, des femmes qui faisaient un bruit d´étoffes, un bruit de soie, des hommes sévères, presque tous chauves, marchant avec une correction mondaine.
    Les pauvres, plus nombreux encore s’étaient agglutinés comme des bestiaux.
    Machiavélique autant que belle, la Reine regardait tout ce remue ménage du haut de sa chambre. Elle posa sa main gauche sur le tissu à la fois chaud et frais de Karine qui l’accompagnait dans ses regards.
Tu ne crains pas qu’ils finissent par se révolter un jour, demanda alors Karine en regardant le peuple s’agglutiner en bas
Jamais ils n’oseront et s’ils le font j’ai de quoi leur répondre.
Karine glissa sa main sur le satin de la jeune femme et remonta vers la poitrine. Les tétons de la Reine étaient déjà tendus. Des frissons couraient le long de son corps. Les doigts effleuraient ses extrémités durcies par le plaisir avant de reprendre le chemin du ventre, cherchant la frontière entre la fin du tissu et le début de cette peau connue et si douce. Le contact était établi, l\’endroit était chaud et invitait à l\’exploration. Centimètre après centimètre elle reprenait l\’ascension, repartant à la conquête des ces douces collines, espérant cette foi en prendre entière possession. La main finit par capturer un sein, le pouce s\’occupant du téton. La peau se tendait, le téton se durcissait, la poitrine se soulevait rapidement. La Reine se pencha et posa ses lèvres sur celles de Karine. Les lèvres se soudèrent, les bouches s\’ouvrirent, les langues se mêlèrent, se lièrent, entamant un balai frénétique, les cœurs battants plus forts, les respirations devenant plus courtes. Les caresses, de part et d\’autre, se faisaient plus insistantes, les mains enserrant, pétrissant, caressant ses seins gorgés par le plaisir. Les lèvres se dessoudèrent, les bouches se séparent...
    La Reine, en sus de sa jeunesse avait la féminité pour elle : elle avait les formes les plus délicieuses, quoique contenue, s\’offrant sous une peau d’une blancheur laiteuse, un rien teintée de rose. On eût dit que l\’Amour même avait pris soin de la former avant que la haine ne s’empare de son être. Son visage était un peu long, ses traits extraordinairement nobles, plus de majesté que de gentillesse et plus de grandeur que de finesse. Ses yeux grands, narquois et pleins de feu, lui donnaient l\’air d\’une héroïne de roman. Elle avait la langue mince, étroite, du plus bel incarnat, et son haleine était plus douce que l\’odeur même de la rose. Elle avait la gorge de la blancheur et de la fermeté de l\’albâtre ; ses reins, extraordinairement cambrés, amenaient, par une chute délicieuse, au cul le plus exactement et le plus artistement coupé que la nature eût produit depuis longtemps. Les plus beaux cheveux noirs qu\’on puisse voir. Ses fesses n’étaient pas très grosses, mais fermes ; une nuance du rose le plus tendre colorait ce cul, charmant asile des plus doux plaisirs de la lubricité.
    - Aujourd’hui le temps est clément, je veux que les combattantes soient nues dans l’arène.-, décréta-t-elle
    Karine connaissait par cœur les désirs de sa partenaire toute couronné fût-elle. Si les combattantes luttaient nues dans l’arène, la Reine, elle, serait tout aussi nue sur son trône et elle pas moins excitante à ses côtés.Quand la Reine entra avant de s’asseoir sur son trône elle s’assura que chacun puisse goûter son corps du regard, elle aimait à ce que le désir la touche même de loin. Karine se tenait à ses côtés, avec pour tout attribut, des chaînes aux pieds plus proche du bracelet de cheville que du collier d’esclave et une autre autour de la taille, à la main elle tenait un bâton qui lui donnait des allures de maîtresse de cérémonies.
Que le combat commence, dit la jeune Reine plus insolente que jamais et d’un geste souverain répété du bout du bâton par Karine.
Thyrséa fut contrainte de monter sur le tronc suspendu au dessus de la fosse où reposaient les serpents dont le sinistre sifflements provoquait l’effroi. Son opposante était considérée comme la championne : à défaut d’être jolie elle était robuste et c’était bien le moins qu’on lui demandait. Le combat fut cependant de courte durée ; après quelques coups d’épées la robuste jeune femme s’écroula et demanda à Thyrséa de l’épargner. Thyrséa n’avait plus qu’un coup d’épée à donner ou à la pousser dans la fosse mais sa bonté d’âme lui interdit une victoire acquise face à une adversaire désarmée et elle lui laissa la vie. La population enthousiasmée de ce geste empreint de noblesse et de cette victoire scandait le nom de Thyrséa à l’envi et comme s’il venait de se trouver une nouvelle force il se jettère sur les gardes qui furent très vite débordé,
    - Il faut fuir ma reine ! dit affolée Karine
Les deux femmes entrèrent dans le palais suivies de près par une partie de la population en proie à une rage diffuse.
Thyrséa entra à leur suite. Quand elle pénétra dans la salle d’arme, elle était vide et le corps nu et sans vie de Karine reposait à terre dans une pose lascive comme s’offrant à la mort.
Elle avait très certainement voulu couvrir la fuite de la Reine et n’avait pu résister à la vindicte de la foule. Un bruit se fit entendre alors, comme un froissement derrière l’une des tentures de la salle.
Thirséa ouvrit d’un geste ample et rapide la tenture et vit au loin la Reine s’enfuir en courant et prenant le chemin de la falaise. A nous deux ! se dit- elle.
Thyrséa eu tôt fait de rattrapper la fuyarde dont les pas s’étaient arrêtés sur le bord de la falaise. Impossible d’aller plus loin.
La Reine plus nue et arrogante que jamais, la vindicte aux lèvres, était armée d’une simple couteau tout comme Thyrséa.
Le grognement des lions dont l’enclos se situait plus de cent mètre contre-bas de la falaise arrivait péniblement aux oreilles des deux guerrières.
\"Tu crois vraiment réussir à me battre !!\" s\’exclama la reine pleine d\’insolence... \"prépare-toi à mourir !!\" crut-elle bon d\’ajouter...
\" C’est finit pour toi, c’est dans cette impasse que ton règne s’achève\" lança à son tour Thyrséa.
Après les langues, les fers s\’apprêtaient à se croiser. A arme égale, le combat des chefs commençait et quel combat, chacune rivalisant de nudité et d’adresse. Le rebord de la falaise semblait attendre sa victime tandis que la Reine s\’énervait de ne pouvoir atteindre sa rivale. Les armes s\’entrechouaient dans le bruit harmonieux du combat.
Thyrséa finit par profiter d’une ouverture laissée par la Reine pour la meurtrir au ventre.
— AAAAAH !!
Gravement touchée elle vacilla tout en reculant sur le bord du précicipe avant de perdre l\’équilibre et de disparaitre dans un \"NNNON AAA...\" théatrale digne de sa couronne dans le profond précipice. Comme si cela ne suffisait pas, elle termina sa chute au milieu des fauves affamés qui se disputèrent rapidement le droit de goûter de son rose.
Thyrséa pensa « quelle horrible fin » ». Quelques instant plus tard, sous les vivas d’une foule en délire, elle s’approcha de la fosse et y jeta en guise de symbole le couteau que la Reine avait laché avant sa chute et qui portait le sceau de son défunt reigne.
Elle s’approcha ensuite du trône qui lui tendait les bras mais elle refusa de s’y installer malgré les demandes répètées de la foule.
Thyrséa décida de faire une consultation populaire pour décider de la future reine.
Ce fût le début de ce que bien des siècles plus tard on allait appeler La Démocratie.

    FIN
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