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Sylvia, femme d’action

Chapitre 5

Hétéro
Chapitre 5
Cette mission avait failli très mal finir, mais ce n’était pas la première que Sylvia ait connue. L’année précédente, elle avait dû infiltrer le palais d’un émir afin de retrouver la trace de la fille d’un lord anglais qui avait rencontré un prince arabe et qui avait disparu quelques jours plus tard. Sylvia s’était retrouvée séquestrée dans son harem, où elle avait fini par retrouver la jeune fille enceinte, son prince s’étant amusé avec elle. Dans le harem, il fallut un mois à Sylvia pour parvenir à en sortir avec la jeune fille. Là aussi ce ne fut pas facile car elle avait failli se faire lapider, mais elle profita d’une révolte des femmes – ou plutôt des esclaves sexuelles – pour se faire la malle. Aujourd’hui encore elle se demande comment elle avait fait pour s’en sortir.
Ce qu’elle venait de vivre, c’était pareil. Elle ne devait la vie qu’à sa chance. Cette chance qui lui apporta de bonnes nouvelles. En effet, lors de leur fuite dans le tunnel, Manuel lui raconta qu’au camp le petit Gabriel faisait office de mascotte. Tous les membres du groupe jouaient les tontons gâteau et que, depuis l’incarcération de Carlos, tous étaient aux petits soins avec lui. Ça l’avait rassurée de savoir ça.
Quand ils sont arrivés à la planque, Sylvia récupéra une vieille montre de gousset, un porte-bonheur que son père lui avait donné et qu’il tenait lui aussi de son père. Elle la donna à Manuel pour qu’il la donne au petit avant de mettre les voiles, direction le port où les attendait un bateau pour leur sortie.
Cette mission fut l’élément déclencheur de la volonté de Sylvia de sortir de cette vie. Par deux fois elle avait frôlé la catastrophe, et elle ne souhaitait plus recommencer. Toutefois, il lui fallait attendre encore un peu, le président ne terminant son mandat que dans quelques mois. Elle allait devoir faire une autre mission avant de pouvoir raccrocher les gants. Compte tenu de ce qu’elle avait subi, les patrons de l’Agence lui ont trouvé une petite mission facile. Il s’agissait d’infiltrer un des labos de chimie d’une université anglaise très cotée. Cela faisait plusieurs mois que des rumeurs couraient sur un professeur d’université, jouissant d’une réputation irréprochable, faisant de la recherche. Il travaillait sur l’influence des substances chimiques sur le comportement humain. Il utilisait parfois certains de ses étudiants comme aides de labo, mais quelques-uns semblaient être victimes de trous de mémoire. Il y avait aussi des rumeurs selon lesquelles certaines étudiantes se serait fait avorter, sans pour autant se souvenir avoir couché avec qui que ce soit. Si les soupçons se portaient sur cet universitaire, c’est justement parce qu’il était le seul dénominateur commun, même si tous soutenaient que ce type était un homme bien, toujours à l’écoute, ne voyant pas ce qu’on pouvait lui reprocher.
Compte tenu de tous les témoignages, il semblerait que les filles étaient toutes jeunes, belles, et en général très court vêtues. Les garçons, eux, étaient toujours des jeunes gens grands et sportifs ; bref, des personnes en bonne condition physique. Sylvia allait devoir se faire passer pour une étudiante étrangère venant suivre son cursus auprès de ce spécialiste afin d’enquêter. Tous les papiers étant réglés, elle prit le train direction Londres, puis un taxi la conduisit au campus qui avait des faux airs de Poudlard.
Une fois sur place, on lui indiqua où était sa chambre et elle fut présentée à ses professeurs, et notamment à son futur chef de projet. C’était un homme d’une cinquantaine d’années, un physique à la Hercule Poirot aux cheveux grisonnants, qui lui sembla charmant au premier abord, même si elle avait remarqué son strabisme déviant sur sa poitrine. Bien évidemment, pour la mission elle avait dû ingurgiter le topo scientifique que ses collègues lui avaient préparé (elle avait eu l’impression de revenir à l’école, avec tous les termes techniques à apprendre et certains gestes à acquérir). Heureusement qu’elle avait une bonne mémoire, car pour dialoguer avec lui lors du premier entretien, il le fallait.
Durant les premiers jours, tout se passa correctement. C’est vrai que c’était moins dangereux car aucun danger mortel ne planait au-dessus de sa tête. De plus, elle n’avait aucun problème pour dialoguer avec ses collègues, n’étant pas obligée de se cacher. Un simple coup de bigo suffisait. Elle s’est mise à suivre les cours, et grâce à ses fausses qualifications elle fut très vite repérée par celui qui était sa cible.
Elle avait prévu, pour attirer son attention lors de son entretien, de lui parler avec des phrases à double sens. Ce qu’elle voulait, c’était émoustiller sa libido, le faire rêver ; bref, se détacher des autres. Durant l’entretien, bien souvent elle se levait pour lui montrer parmi ses références, tout en s’asseyant sur ses genoux, ce qu’elle pouvait lui apporter. Ce type étant originaire d’Europe de l’Est, elle avait saisi l’occasion d’utiliser son nom imprononçable pour lui sortir : « Excusez-moi, Monsieur, mais j’ai quelque chose à vous avouer. J’ai toutes les peines du monde à prononcer votre nom. C’est déroutant pour moi, d’autant que d’habitude je sais très bien me servir de ma langue en toute occasion… » alors qu’elle était sur ses genoux, qu’il avait les yeux à la même hauteur que ses seins et qu’elle sentait, dans son pantalon, un début d’érection.
Une fois intégrée dans l’équipe du professeur, elle allait pouvoir enquêter. Elle ne comprenait pas ce qu’elle faisait ici. Tout semblait bien se passer. Parfois, certains étudiants restaient au labo un peu plus tard, et ce devait être à ce moment-là qu’il fallait enquêter. Du coup, elle fit en sorte de ne pas finir ce qu’on lui avait demandé ; ainsi elle allait pouvoir rester plus tard pour terminer. Le soir où elle le fit, ils étaient trois dans le labo : elle, un autre étudiant, et le professeur. Elle fit exprès de ralentir son travail. L’autre étudiant ayant fini le sien, elle se retrouva seule avec le professeur qui, toujours souriant, s’approcha avec une tasse de café pour elle. Elle fit une pause en compagnie du professeur qui la questionna sur sa vie, ce qu’elle voulait, comment envisager l’avenir, mais soudain elle sentit un gros coup de fatigue. La voyant tituber, le professeur vint la soutenir pour la mener sur le sofa de la salle de pause. Visiblement inquiet, il essaya de savoir si elle allait bien mais elle finit par s’assoupir pour se réveiller le lendemain, allongée sur le canapé recouverte d’une couverture. Elle repartit le lendemain avec ses affaires.
Cette nuit avait été étrange. Elle avait bien le souvenir de s’être assoupie sur le sofa de la salle de pause, là où elle s’était réveillée. Rien ne manquait : pas trace de vol dans ses affaires ni dans son sac… Étrange comme situation, mais de toute façon elle allait en avoir le cœur net. Ayant prévu le coup, elle portait un pendentif qui était en fait une caméra. Elle avait aussi un micro dans ses boucles d’oreilles, le tout connecté par une liaison sans fil à un enregistreur caché dans son sac. Ainsi, si quelque chose avait dû lui arriver, elle le saurait. Elle connecta son enregistreur sur son PC et regarda la vidéo.
Sur les images, elle était visiblement à demi-consciente quand le prof l’allongea sur le sofa. Il sembla inquiet de la voir s’évanouir jusqu’au moment où elle perdit connaissance. C’est là que l’attitude du professeur changea du tout au tout.
— Ah, enfin ! J’ai bien cru qu’elle ne s’endormirait jamais. Bon, tâtons la marchandise.

Depuis sa caméra, elle voyait les mains du prof en train de lui peloter les seins. Sylvia hallucinait. Ce type l’avait droguée pour abuser d’elle ? Non, il y avait autre chose. Après s’être fait plaisir elle entendit un bip, et c’est là qu’elle sut la vérité.
— Ah, ça y est, c’est l’heure. Réveille-toi, je te l’ordonne.— Oui Monsieur.— Bien, à partir de maintenant je suis ton maître, ton homme, ton mâle. Tu devras exécuter le moindre de mes ordres.— Oui Monsieur.— Grâce à ma nouvelle formule, tu n’auras aucun souvenir de cette soirée demain matin quand tu te réveilleras. Quand tu ouvriras les yeux, tu tomberas follement amoureuse de moi. Folle de désir, tu m’embrasseras et me feras un strip-tease avant de me sucer comme jamais.— Bien Monsieur.— Ensuite tu devras te laisser faire et m’obéir, toujours avec le sourire.— Oui Monsieur.— Parfait. Je vais compter jusqu’à trois. Quand, à trois, tu entendras un claquement de doigts, ta programmation débutera. Un… Deux… Trois. Clac.
Depuis son PC, Sylvia constata que durant plus d’une heure ce type avait profité d’elle. Dès qu’il donnait un ordre, elle l’exécutait. Elle lui fit un strip-tease, puis c’est toute nue qu’elle le suça avec gourmandise. Ensuite ce type la pénétra dans diverses positions et par les deux orifices. Durant ces ébats dont elle n’avait aucun souvenir, elle s’entendait dire « Oh oui, mon amour, prends-moi, c’est tellement bon. T’arrête pas. » Alors qu’elle contemplait la scène, elle sentit la rage monter en elle, mais il fallait qu’elle se contienne. OK, elle savait ce qu’il se passait avec les jeunes filles, mais elle ne savait pas ce qu’il pouvait faire avec les jeunes hommes… à moins qu’il soit à voile et à vapeur.
Après avoir vu ce qu’il se passait, elle repartit au labo avec dans son sac plusieurs mini-caméras qu’elle cacha dans la salle de pause et dans le labo. Elle les dissimula, ainsi que son enregistreur, dans la pièce alors que tout le monde partait déjeuner. Ainsi, durant plusieurs jours, elle put constater tout ce qu’il se passait. Ce type faisait absorber une décoction de sa composition à base de plantes qui provoquait un effet hypnotique lui laissant tout loisir de programmer temporairement un individu. Ses cobayes hommes lui servaient pour les tests, et les femmes pour l’expérimentation réelle. En gros, il avait décidé de s’en servir pour satisfaire ses envies sexuelles.
Après chaque séance, il sortait son dictaphone et enregistrait un rapport de sa soirée. Autant pour les hommes c’était du genre « Le sujet test n’a pas présenté de réaction allergique ; le temps d’assimilation de la substance est de quinze secondes, et le sujet ne semble pas ressentir d’effets secondaires notables tel que les migraines comme ce fut le cas pour les versions précédentes. » que pour les filles, les rapports étaient, disons… plus crus « Cette salope est une vraie chienne en chaleur ; elle aime la bite, et ça se voit. Il sera préférable de prévoir une autre séance pour voir son degré de tolérance à certaines pratiques. »
Il ne lui fallut pas une semaine après sa séance personnalisée pour recueillir suffisamment de preuves vidéo. Grâce à ses caméras, elle put aussi découvrir l’endroit où il cachait sa formule. Elle transmit son rapport et ses fichiers à ses supérieurs et récupéra son matériel. Il ne fallut attendre que quelques jours avant de voir débouler les flics pour l’interpeller. Lors de son interrogatoire, il aurait avoué avoir découvert des substances chez certaines variétés de plantes permettant d’influencer l’inconscient des personnes, voire même de le modifier complètement à plus ou moins court terme. Quand il réalisa ce qu’il pouvait en tirer, il ne résista pas à la tentation de s’en servir pour « s’amuser un peu », comme il l’a dit. En fait, il n’était rien d’autre qu’un pauvre type en manque d’affection qui souhaitait profiter de sa découverte juste pour lui. Il ne travaillait pour personne, et tout fut saisi. Son amusement lui a valu la taule ; bravo !
Bon, comme prévu, c’était facile. Pour Sylvia, il ne restait plus qu’une chose à attendre : le résultat des élections présidentielles. Plus qu’un mois à attendre, sans compter la passation de pouvoirs. Grâce à l’Agence, elle en avait appris de bonnes sur le futur ex-président qu’elle espérait futur taulard. Des témoignages, des indiscrétions, des enregistrements sonores et vidéo compromettants… Bref, de quoi alimenter les choux gras des journaux, et aussi quelques séances du « Journal du hard » durant plusieurs semaines, voire quelques mois avec tous les détails.
Plusieurs semaines plus tard, le fameux président à la libido surdéveloppée venait de terminer son deuxième mandat. Ce fut le signal pour elle de se consacrer pleinement à son bouquin de révélations chocs. Et si, par le plus grand des hasards, aucune maison d’édition n’acceptait de le publier à cause de certains groupes de pression, elle avait monté un blog, hébergé dans un pays où la législation ne permet pas d’intervenir. Dans ce blog, elle mit tous les documents audio, vidéo, et écrits qu’elle avait eus par l’Agence. Ainsi on pouvait entendre les menaces du président à son encontre lors de la garden party, les courriers détournés adressés par l’Élysée aux organes de presse pour ne l’employer qu’à des postes subalternes, des vidéos en caméras cachées où l’on voyait le président forcer certaines femmes de son staff et du personnel de l’Élysée à coucher avec lui, témoignages et preuves à l’appuis… Bref, tout pour le faire tomber.
Même si cette affaire avait fait l’effet d’une bombe dans le paysage politique, l’ancien président ne fut pas condamné. Il s’arrangea pour faire traîner les choses et minimiser les faits grâce à son escouade d’avocats. En tout cas, cela lui avait au moins permis de prouver qu’elle était toujours la journaliste qu’elle avait été, et qu’elle était toujours disponible, contrairement aux ragots colportés sur elle. Grâce à toutes ces preuves mises sur Internet – et dont les originaux étaient cachés en lieu sûr – de nombreuses agences de presse, journaux et chaînes de télé se battirent pour l’avoir. L’agence pour laquelle elle avait œuvrée en tant qu’agent actif sur le terrain avait parmi ses filiales une agence de presse qui profitait des infos glanées par les agents sur le terrain. C’est là qu’elle fut finalement engagée, mais cette fois à un poste à responsabilités.
Fini de jouer l’envoyée spéciale risquant sa peau pour ramener le scoop de sa vie. Elle était à la tête d’une équipe de journalistes ambitieux, du genre de ceux dont personne ne voulait à cause de leurs méthodes peu orthodoxes. Ils avaient carte blanche pour constituer des dossiers sur des sujets divers et variés, people, politique, sport. Et une fois complétés par des preuves accablantes, c’était elle qui se chargeait de négocier avec les journaux et autres organes de presse. Il lui arrivait ponctuellement de se charger de couvrir personnellement certains évènements, mais ça restait anecdotique.
Durant les années qui suivirent, Sylvia ne manqua pas de suivre ce qu’il se passait en Amérique centrale. Le pays de l’ancien dictateur s’étant un peu ouvert au monde, un semblant de démocratie commença à y émerger. Carlos fut libéré de prison au bout de cinq ans grâce à la pression internationale. L’opposition politique dans le pays étant désormais toléré, c’est sur ce plan qu’il se lança pour faire changer les choses.
De son côté, Sylvia avait fait la connaissance d’un rugbyman. Elle s’était chargée d’un sujet sur le dopage dans le sport et avait questionné pas mal de sportifs de tous horizons. Grâce à l’Agence, elle avait obtenu un tuyau selon lequel un groupe pharmaceutique testait sur certains – toutes disciplines confondues – de nouvelles molécules sans en mesurer la dangerosité. Ce rugbyman, qui était clean, avait consenti à collaborer avec elle. Une fois son reportage fait, ils restèrent en contact, se rapprochèrent, et finalement se mirent en couple.
Six ans plus tard, Sylvia s’était casée. Elle était maman d’une petite fille de trois ans et filait le parfait amour avec son homme, ancien rugbyman devenu consultant sportif et chroniqueur télé. Par souci d’honnêteté, son homme fut le seul – sans compter Thierry – à savoir ce qu’elle avait vécu avec Carlos. Elle avait fini par le lui dire car elle lui faisait confiance, mais surtout parce que Carlos, s’étant lancé dans la course à la présidence dans son pays, venait tout juste d’être élu et avait annoncé vouloir se déplacer en voyage officiel, notamment en France. Elle voulut faire partie du panel de journalistes qui allaient l’interviewer, espérant ainsi avoir des nouvelles de Gabriel et discuter avec lui. Même s’il avait été son ravisseur, elle le connaissait comme un homme droit. Pas un ami, mais juste un collaborateur avec qui elle pouvait parler.
Quand Carlos sortit de l’avion, Sylvia le trouva aminci par rapport à sa période révolutionnaire ; sûrement son séjour en prison. Derrière lui se tenait son équipe. Et notamment le fameux Manuel qui l’avait sauvée du général, à l’époque. Devant les journalistes, Carlos se présenta en costume, presque méconnaissable. Il répondit à de nombreuses questions, eut quelques regards discrets pour Sylvia qu’il avait repérée dans l’assistance, mais prit soin d’esquiver ses questions. Vexée et en colère, elle commençait à prendre la direction de la sortie quand elle fut rattrapée par un jeune homme du staff présidentiel.
— Bonjour, Madame. Vous êtes Sylvia ? L’ancienne captive de son camp dans la jungle ? La mère de Gabriel ? lui dit-il en chuchotant sa dernière phrase.— Oui, et je suis aussi celle qu’il a ignorée durant la conférence de presse, et celle qui l’a indirectement aidé pour qu’il en arrive là aujourd’hui.— Ne prenez pas mal son attitude. C’était délibéré car il voulait s’entretenir avec vous en privé à l’ambassade. Une voiture nous attend. Veuillez me suivre.— Ah ? J’appelle mon boss alors.
Le président nouvellement élu venant de partir avec son escorte (on parle ici de son service de sécurité, pas d’une pute de luxe payée à prix d’or), elle prit place dans sa voiture et fit le trajet en direction de l’ambassade. Une fois sur place elle fut accueillie par Manuel qui, ravi de la revoir depuis sa dernière mission dangereuse, lui tapa la discute, parlant de ce qu’il s’était passé. Il la fit entrer dans le bureau où elle patienta quelques minutes avant que Carlos arrive.
— Bonjour, Sylvia, ça faisait longtemps...— Oui, c’est vrai. Comme promis, le reportage a fait son effet.— Oui, merci. Ce fut le début d’un grand changement. Suite à cela de nombreux membres du cabinet du général Alvarez ont retourné leur veste sans pour autant pouvoir agir.— Je sais. Sans l’un d’eux, toi comme moi nous ne serions sûrement pas là.— Manuel m’a expliqué pourquoi tu étais là lors de cette fameuse nuit. Merci, même si c’était dangereux.— C’est Manuel qui l’a buté, pas moi. — Disons que l’un sans l’autre, ça n’aurait probablement pas marché. Bon, si j’ai voulu te faire venir, ce n’est pas pour répondre à tes questions.— Ah ? Et pourquoi je suis là ?— J’ai quelqu’un à te présenter.
Il appuya sur un bouton de son interphone et demanda à une personne de venir. Quelques minutes plus tard, un fringant jeune homme arriva, typé européen avec un teint légèrement bronzé, et pas très à l’aise dans son costume. Sylvia commença à se douter de l’identité de ce jeune homme, mais elle n’en douta plus quand elle le vit avec la montre de gousset qu’elle avait confié à Manuel pour le petit. Montre qui lui pendait autour du cou. Elle se tenait debout en appui des deux mains sur le dossier d’une chaise quand Carlos prononça ces mots « Gabriel, je te présente ta mère. » À ce moment-là, Manuel, qui était resté avec eux, sortit de la pièce pour leur laisser un peu d’intimité.
Ce n’est que quelques heures plus tard qu’elle fut ramenée chez elle par une des voitures de l’ambassade. Quand elle passa la porte de son appartement, elle avait un large sourire aux lèvres. Enfin elle avait pu revoir ce petit garçon, qui était devenu presque un homme, et lui parler. Sylvia venait de rentrer chez elle, et son mari venait de coucher leur fille. Elle lui raconta tout, et il en fut ravi pour elle. En tant que journaliste, elle allait pouvoir couvrir les déplacements de Carlos et ainsi revoir son fils, obtenir de ses nouvelles. Bien entendu, il fallait garder le secret de leur lien filial. Entre Carlos et Sylvia, il ne restait plus que des rapports cordiaux, chacun ayant refait sa vie de son côté
Durant leur entrevue, Gabriel lui parla dans un français approximatif ; il lui expliqua que lorsqu’il était petit, il comprenait mal le fait de ne pas avoir de maman, mais qu’avec le temps ça lui avait passé et qu’il avait fini par comprendre. Son enfance n’avait pas été malheureuse. Très souvent logé chez une nourrice, il avait ainsi pu aller à l’école. Pour lui, tous les membres du groupe de révolutionnaires étaient comme autant de tonton. Même si son existence avait été divulguée, sa véritable identité, elle, était restée secrète. Depuis que Carlos s’était lancé dans la course à la présidence, il menait des études de commerce international, pour faciliter et aider son père lors d’échanges commerciaux, mais aussi parce qu’il espérait bien un jour débarquer en France pour rencontrer sa mère.
Sylvia lui raconta qu’après sa libération, elle avait monté son reportage et était devenue une reporter de choc. Plus tard, comptant sur sa discrétion, elle lui révéla avoir joué l’espionne et avoir effectué certaines missions à la moralité douteuse, sans jamais rentrer dans les détails. C’est lors de l’une d’elles, celle de la mort du général Alvarez, qu’elle lui avait confié cette montre sur laquelle il veillait précieusement.
Ils ont parlé de nombreuses heures de leurs passés, de leur vies, et des circonstances de la naissance de Gabriel (en omettant certains détails et en restant dans la limite de la décence). Carlos étant encore présent en France durant quelques jours pour rencontrer son homologue français et négocier des partenariats, il comptait organiser une rencontre discrète à l’ambassade entre lui, son fils, Sylvia et sa famille, histoire de tout déballer sur la table et mettre les choses à plat.Une fois reparti en avion pour « l’european tour » de son père à la rencontre des dirigeants européens, Gabriel garantit à sa mère de garder contact.
Il est arrivé à Sylvia et à sa famille de partir en vacances dans ce pays nouvellement démocratisé, ne serait-ce que pour visiter les restes du camp où elle avait été captive avec Thierry, et qui faisait maintenant l’objet d’un circuit touristique.
Au départ petite fille de bourge pourrie gâtée, Sylvia était devenue, par la force des choses, une femme forte et indépendante qui s’était découvert des aptitudes qu’elle n’imaginait même pas. Grâce à sa rencontre avec Gabriel, elle avait bouclé la boucle, et l’histoire ne dit pas si qui que ce soit – en dehors de son cercle familial très fermé – était au courant de ce qu’elle avait vécu et de leur lien filial.
Peut-être qu’un jour elle choisira d’en faire un bouquin.Ça fera un autre best-seller à son palmarès.
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