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La vérité sur (le divorce de) Lioubov

Chapitre 2

Divers
De retour en France, je me plongeai dans l’étude du sulfureux grimoire ; mes recherches durèrent pendant plusieurs mois. Cela ne me posait aucun problème, vu que la cérémonie d’invocation de Yog-Sothoth ne peut avoir lieu qu’une seule fois par an : après le premier août, lorsque le Soleil se trouve dans la maison du Lion avec Saturne en trin aspect.
Pour être en mesure de procéder au Rite Ultime d’invocation, il me fallait réunir divers éléments indispensables. Ce qui m’a pris le plus de temps fut de confectionner et de graver un cimeterre mystique de Barzai.
Il m’a fallu fabriquer de l’encens de Zkauba ; les ingrédients (myrrhe, civette, styrax, absinthe, fécule persique, galbanum et musc) étant pour certains assez rares, cela m’a demandé quelques semaines.
Le plus facile consista à me procurer une croix. J’en avais repéré une à l’intersection de deux chemins, non loin de ma résidence campagnarde ; je l’ai coupée à la tronçonneuse électrique par une nuit sans lune et l’ai rapportée dans une remorque attelée à ma voiture, puis je l’ai brûlée pour en récupérer les cendres.
En possession de tous les éléments nécessaires, j’attendis avec impatience la date prévue pour la cérémonie d’invocation de Yog-Sothoth. Je jeunai pendant les trois jours qui la précédaient.

***********

Le grand moment était venu. Juste avant le crépuscule, vêtu d’une chasuble de lin noir, j’entrepris de délimiter dans un pré à l’aide de pierres disposées à chacun des points cardinaux le temple maléfique où la cérémonie devait se dérouler. Comme indiqué dans le Necronomicon, je plaçai aux endroits prévus les sept pierres de Ceux qui errent dans les cieux afin d’établir le Foyer de la Puissance, puis je positionnai au centre de cette configuration l’Autel des Vénérables Anciens, marqué du symbole de Yog-Sothoth et des puissants noms d’Azathoth, de Cthulhu, d’Hastur, de Shub-Niggurath et de Nyarlathotep, et j’attendis patiemment la nuit noire pour débuter la cérémonie.
À la lueur du feu de branches de laurier et bois d’if qui se consumait sur l’autel, je décrivis par trois fois dans le sens sénestrogyre l’espace délimité par les pierres tout en traçant un large cercle avec la cendre issue de la combustion de la croix, puis je sortis le cimeterre mystique de Barzai du voile de soie noire dans lequel il était jusque là resté enveloppé et, de sa lame de bronze, je traçai le cercle d’invocation.
Me tournant vers le Sud, je prononçai la conjuration destinée à ouvrir la Porte à ces êtres issus d’un passé infiniment lointain, à ces créatures venues d’un désert glacé qui se situe au-delà de l’espace et du temps, lorsque les premiers humains contractaient des alliances sinistres et impies avec les anciens dieux, ces monstrueuses entités protéiformes qui sommeillent aux portes de notre univers : « Ô Vous qui demeurez dans les Ténèbres du Vide Immense, revenez à nouveau sur Terre, je vous en supplie ! Ô Vous qui vous trouvez au-delà des Sphères du Temps, entendez ma prière ! Ô Vous qui êtes la Porte et le chemin, venez ; votre serviteur Vous appelle. Benatir ! Cararkau ! Dedos ! Yog-Sothoth ! Venez ! Venez ! Je prononce les mots consacrés, je brise vos liens, j’ai enlevé le sceau ; passez par la Porte et pénétrez dans le monde, je fais votre Signe ! »
En prononçant ces dernières paroles, je fis le Signe de Voor, puis je me saisis d’un brandon incandescent pour tracer de Pentagramme de Feu. Ceci fait, je me plaçai en son centre, et c’est d’une voix assurée que je déclamai l’incantation qui permet au Très Grand de se manifester : « Zyweso, wecato keoso, Xunewe-rurom Xeverator […]* Hagathowos yachyros, Gaba Sub-Niggurath ! Mewéth, xosoy Vzewoth ! »Je fis le signe de Cauda Draconis avant de poursuivre : « Talubsi ! Adula ! Ulu ! Baachur ! Venez, Yog-Sothoth ! Venez ! »
Je sentis comme une présence dans les ténèbres ; une présence indistincte, mais qui se rapprochait. Un frémissement de l’air m’avertit que quelque chose d’indéfinissable était là, juste en face de moi. Quelque chose qu’il m’était encore impossible de voir mais dont je percevais la proximité, et qui me terrifiait.
Il fallait pourtant que je continue. J’exhortai l’entité : « Ph’nglui mglw’nafh Cthulhu R’lyeh Wgah’nagl fhtagn ! »
Je me sentis frôlé par une immonde brume qui, peu à peu, prenait consistance et envahissait progressivement la clairière où je me trouvais, la baignant tout entière d’une couleur inconnue et hideuse. La peur me gagnait lentement tandis que les branches des arbres, baignant dans la faible lueur d’une lune gibbeuse se tendaient vers le ciel, agitées d’effrayants mouvements désordonnés dans une chorégraphie abjecte.
Je jetai une pincée d’encens de Zkauba sur le charbon de bois qui rougeoyait en grésillant dans la coupelle et me mis à psalmodier : « Iä, Iä, Cthulhu fhtagn ! » Je répétais cette incantation depuis je ne sais combien de temps, pris dans une transe hallucinante, quand soudain l’espace sembla se déchirer. Des odeurs pestilentielles toutes plus répugnantes les unes que les autres se répandirent dans la clairière. « Putréfaction » est le mot qui me vint immédiatement à l’esprit, mais ce mot est bien pauvre pour exprimer la virulence de l’horrible puanteur qui s’exhalait.
Un effroi sans nom m’étreignit le cœur lorsque quelque chose de monstrueux s’interposa entre la pâle clarté des étoiles et la clairière où je me trouvais. J’eus à peine le temps de distinguer deux immenses ailes membraneuses, si grandes qu’elles dépassaient de loin l’horizon visible, avant que l’ensemble du site ne soit plongé dans des ténèbres terrifiantes.
Dans l’obscurité la plus totale, je ne pouvais entendre que des gargouillis infâmes qui provenaient d’un endroit situé bien au-dessus de moi ; la puanteur était devenue tellement insupportable que je crus défaillir. Mais j’aurais préféré m’évanouir plutôt que voir, comme suspendus dans le ciel, ces deux points d’un rouge ardent qui se déployaient en une paire d’yeux écarlates démesurés, et qui me regardaient fixement.

* C’est volontairement que je ne retranscris pas la totalité de cette incantation : elle ne doit pas tomber entre des mains profanes.

[à suivre]
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