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Xanths

Chapitre 8

Hétéro
Romane (x)
Nous traversâmes la forêt en courant, sachant pertinemment qu’une patrouille risquait déjà de se trouver dans les parages. Naturellement, Septima me devançait largement : chacun de ses pas la propulsait sur plusieurs mètres, me laissant péniblement derrière à essayer de la suivre. J’aurais dû garder le miroir. Nous avions passé le dernier mois à attendre qu’il se manifeste ; malheureusement, la première fois, il faisait nuit, et le temps que nous parvînmes à l’endroit indiqué, la patrouille avait déjà emporté la femme. Cette fois-ci, nous n’avions pas fait la même erreur. Septima s’arrêta un instant, me permettant de la rattraper, toute essoufflée. Un coup de tonnerre éclata au loin, alors que contrairement aux dernières semaines, le ciel était plutôt découvert. La chose m’intrigua, mais j’étais bien trop préoccupée pour pouvoir m’y attarder.
— Le signal se déplace vers le nord. Ce n’est pas normal.— Ça ne peut donc pas être une simple plante ? Le signal était pourtant vert non ? — Oui. Mais à cette vitesse ? C’est absolument impossible, il doit être tout proche.
Le ciel se couvrit en quelques secondes, nous laissant sans voix. Nous continuâmes à suivre le signal, traversant la forêt pour finalement arriver à la limite du biome. En face de nous s’étendait la petite prairie qui sépare les deux types de terrais, avec la grande chaîne de montagne plus au nord.
— Je ne comprends pas : le signal s’est retrouvé derrière nous… Je…
Nous nous étions tues : une ombre passa devant le soleil et éclipsa sa lumière : un monstre gigantesque nous survola, avant de venir se poser sur l’une des falaises en face de nous. En se posant, il provoqua un éboulement. Je n’avais jamais vu d’abomination pareille : l’oiseau possédait deux grandes bosses sur le dos, et une queue gigantesque, au bout de laquelle se trouvait une femme. Son corps à lui seul devait mesurer dans les dix mètres, mais s’était sans compter sa tête et la longue queue derrière lui. Il déposa la jeune femme sur le bord de la falaise, et laissa couler sa bave sur son corps : elle arrêta de se débattre, hurlant de bonheur. Septima s’apprêta à s’élancer dans sa direction, je la retins.
— Qu’est-ce que tu fais ? Nous n’allons pas attendre qu’il l’engrosse, comme ça. La patrouille ne va pas tarder à pointer le bout de son nez, il faut agir maintenant.— Septima… Rend toi à l’évidence. Nous n’aurons même pas le temps de nous en approcher : il faut traverser la plaine, grimper sur la falaise sans qu’il ne provoque d’éboulement. Je…
Deux ogres sortirent en courant de la forêt, se précipitant en direction de l’oiseau. Il hurla, releva les hanches de la femme. Il se positionna derrière elle, et poussa un cri gigantesque. Un coup de tonnerre éclata juste derrière lui, et la jeune femme hurla de plaisir en se cambrant : il devait être en train de la posséder. L’action dura une minute, tout au plus : l’oiseau recommença son manège et utilisa sa queue pour lancer la jeune femme en direction des gardes, depuis une centaine de mètres d’altitude. Nous eûmes un frisson d’effroi, mais la jeune femme se releva, comme si de rien n’était, titubant en direction des deux gardes. Elle était brune, la peau très claire ; et son ventre commença à gonfler, et elle s’effondra.
— Regarde la taille de son ventre, c’est impossible…— Tu ne comprends jamais rien : si avec la patrouille précédente, tu as pu résister aussi longtemps, c’est tout simplement parce que tu en avais l’habitude, idiote. C’est sûrement sa première grossesse, c’est pour cela qu’elle grossit si vite.
La garde lui fit boire le contenu d’une petite fiole, et elle s’effondra sur le ventre.
— Je ne savais pas qu’il était possible d’accoucher dans cette position.
— Tu sais, après quatre mois passés ici, plus rien ne m’étonne. — …— Qu’est-ce qu’il y a ?— Regarde.
La femme ne mit personne au monde. La bête hurla et un autre coup de tonnerre retentit. Il sauta de la falaise et s’écrasa dans la plaine en faisant trembler la terre. Les deux ogres lui glissèrent deux mots à l’oreille, et l’un deux ramassa la fille, partant avec elle, toujours enceinte, et s’enfonçant dans la forêt. Septima et moi nous regardâmes, étonnées. Comment était-ce possible ? 
— Ils ne lui ont pas fait boire de liquide de natalité ? demanda Septima.— Apparemment pas. Tu t’en occupes ?
Nous traquâmes la garde sur quelques centaines de mètres, attendant d’être éloignées suffisamment de la bête. Au bout d’un moment, Septima fondit sur eux en les assommant d’un coup sur la nuque. Une fois dans les vapes, il fut facile de les fouiller. Le problème, c’est qu’aucun d’entre eux ne portaient de liquide de natalité. Seul l’un d’entre eux détenait une petite fiole rouge, à moitié vide. Aucun moyen donc de faire accoucher la jeune femme. Je me sentais impuissante, et terriblement frustrée : pour la deuxième fois, il nous était impossible de sauver cette jeune femme.

***

— Tu ne pouvais pas juste attendre qu’on trouve une autre solution ?— Laquelle ? Nous savons tous les deux qu’il était impossible de la faire accoucher sans le liquide de natalité. Tu le sais aussi bien que moi !— Mais on aurait pu conserver la fiole rouge, et chercher un sort arc-en-ciel, quelque chose. On n’avait pas le droit de la laisser comme ça !— Mais je t’en prie, arrête de raconter des bêtises… Cela fait trois mois qu’on en cherche, et que l’on n’en trouve pas. Elle serait morte. Rentre toi dans la tête le fait que tu ne peux pas sauver tout le monde, les faibles sont condamnés, dans ce monde comme dans l’autre.
J’étais furieuse. Septima avait utilisé un sort de soin sur l’un des gardes, et en avait laissé un autre à proximité du deuxième. Bien sûr, je comprenais l’objectif de son acte : permettre à la patrouille de ne pas perdre de temps, et donc de sauver la jeune femme. De fait, j’en voulais moins à elle qu’à moi-même, parce que nous aurions pu nous attaquer à la bête avant qu’elle ne l’engrosse. Malgré le fait que nos chances étaient quasi-inexistantes, je m’en voulais encore. Au fond, Septima avait raison : à Xanths comme dans l’autre monde, les plus faibles périssaient ; ce qui avait tendance à me faire peur, constatant que j’avais été plusieurs fois sauvées uniquement par le biais de coïncidences et de coups de chance. Nous nous étions disputées, encore.
En rentrant, nous remarquâmes que Zvolk était de retour : je lui sautai dans les bras, heureuse de le retrouver après toutes ces semaines. Evidemment, Septima était beaucoup plus réservée, et elle le lui montra directement.
— L’ogre bleu. Est-ce que nous pouvons savoir où tu t’es caché ? Quel plan as-tu préparé cette fois ?
Je jetai à Septima un regard noir, mais elle ne s’en soucia pas le moins du monde. Cette fois-ci, Zvolk prit sa remarque à la légère, sachant pertinemment qu’elle le soupçonnerait toujours quoi qu’il fasse. D’ailleurs, il avait la larme à l’œil. Moi qui pensais que Septima l’avait poussé à s’en aller, j’étais contente de le revoir, et aussi émue.
— Bonjour Romane. Et toi aussi Septima. Vous m’avez man… Oh ! Moi aussi je suis content de te revoir. Je vois que vous vous êtes bien débrouillé.— C’est-à-dire que l’on a jamais eu besoin de toi surtout.
Septima était aussi sèche que d’habitude, mais je sais aujourd’hui qu’elle ne pensait pas vraiment les mots qu’elle disait : c’était sa manière de le charrier, et cette fois-ci, Zvolk s’était montré au-dessus de cela. D’ailleurs, elle eut une réaction à laquelle je ne m’attendais pas du tout :
— Zvolk… Je… Je suis désolée. Je ne sais pas si tu es parti à cause de moi. Mais si c’est le cas je suis désolé.
Zvolk et moi nous regardâmes, complètement désorientées. Septima avait rougie, et n’osait pas nous regarder dans les yeux. C’est la seule et unique fois où je l’ai vue aussi gênée. Le hobgobelin mit pas mal de temps à réagir, tout aussi étonné que moi.
— Ne t’inquiète pas. Je ne suis pas partie à cause de toi. Je devais régler certaines affaires. Asseyez-vous. Déjà, ce que vous avez rencontré est un rokh. Je le sais parce que j’ai entendu les coups de tonnerre. Un truc pareil ça se réveille tous les dix ans, et dans un tel vacarme que l’on s’en rappelle pendant longtemps. Et à propos du reste… J’ai de mauvaises nouvelles.
Septima s’était assise à côté de moi. Contrairement aux quelques mois qui avaient précédé la disparition de Zvolk, elle participa à la conversation. Cela m’étonna presque plus encore que ses excuses.
— Où étais-tu parti ? — Je me suis pas enfui. Je suis parti rechercher quelques informations. Il se trouve qu’ayant parcouru presque l’ensemble du continent, j’ai rencontré un très grand nombre de personne. J’ai plein de trucs à vous raconter, mais j’ai pas beaucoup de temps. Faut que vous vous dépêchiez. La chose nous intrigua. Nous nous regardâmes, et l’écoutâmes attentivement.
— Me demandez pas comment je le sais, j’ai pas le temps de vous l’expliquer. Je sais qu’une jeune femme va être déposée dans Xanths dans ce secteur. En gros, un secteur c’est une centaine de kilomètre de large sur une centaine de longueur. Y en a partout à Xanths, et ça permet aux patrouilles de savoir où chercher. Sauf que c’est pas une femme normale. C’est une marquée. Ça va être la guerre, toutes les espèces du secteur vont chercher à l’inséminer.
— Attends, mais nous en avons déjà croisé une ce matin. — Non, elle a dû apparaître dans un autre secteur. Mais vous avez très peu de temps : à l’heure qu’il est, elle est peut-être déjà arrivée. Il faut que vous vous dépêchiez.
Septima intervint :
— Quelle est la différence ? Je veux dire : entre une marquée et une femme normale ?— Les marquées saignent. Je ne sais pas pourquoi. Toutes les espèces se les sont toujours arrachées : celle qui parvient à l’inséminer peut en disposer toute sa vie, en plus de rajeunir. Donc pour chaque espèce, ce type de fille est indispensable.
Elle était vierge, c’était sa caractéristique. Toutefois, chercher une femme sur une centaine de kilomètres carrés équivalait à chercher une aiguille dans un meule de foin : aucun moyen de la trouver rapidement. Et lorsque le signal biperait, il serait trop tard. Sans compter que se séparer n’était pas une option valable : avec le popobawa, nous ne voulions même pas envisager cette possibilité. Bien sûr, Septima n’aurait pas refusé, par honneur ; mais ne le proposant pas, je ne voulais pas tendre la perche. Nous étions dans de beaux draps.
— On va s’y mettre tout de suite. Je vais utiliser un sort de vision nocturne, un sort de puissance et un sort de sens. Je vais avoir du mal à me concentrer mais je vais m’en sortir.— Donnes m’en aussi.— Arrête. On en a déjà parlé, c’est hors de question.
Septima soupira. Elle continuait pourtant d’insister malgré les peurs de Zvolk. De toute façon, la question était close : tant que les effets du double sort de puissance ne s’étaient pas estompés, je ne l’autoriserais pas à en prendre un autre, même d’un autre type.
— Je commence à en avoir marre que tu me dises toujours ce que je dois faire, de quel…— Septima ! On n’a pas le temps. On en reparlera une fois qu’on l’aura trouvé.
Elle dégaina son épée, et acquiesça. Le soleil se couchait, et les reflets orangés du soleil brillaient sur la lame parfaitement aiguisée. Elle avait presque mis deux semaines à faire la sienne, mais trainait pour construire la mienne. Je me dis qu’il fallait absolument que je lui trouve une monnaie d’échange, qui rendrait ma demande plus légitime à ses yeux, étant incapable d’en construire une. Du moins, elle avait eu la gentillesse d’accepter.
— Zvolk, sais-tu où se trouve le centre du secteur ?— Euh… Attendez. Le secteur est recouvert uniquement de forêt, mais il me semble que son centre se trouve au sud-ouest d’ici ; mais les limites sont assez floues. Faites attention, en dehors des jiangshis, que vous avez déjà rencontré, il y a un Obake qui rôde.
Effectivement, nous avions déjà rencontré plusieurs hordes de jiangshi en partant chasser : ce sont des cadavres vivants, à moitié décomposés. Ils ont pour habitude de se déplacer très lentement, mais peuvent fournir de formidables accélérations en croisant une proie. Nous ne nous étions jamais vraiment battues avec eux, étant facile à éviter car peu attentifs. Mais peut-être que cette fois-ci nous ne pourrions pas y échapper.
— Qu’est-ce que c’est ?— Un Obake ? C’est une bête très dangereuse : elle peut changer de forme à volonté. Faites gaffe, niveau intelligence, elles font de la concurrence au popobawas. D’ailleurs elles sont tellement dangereuses que Nathanaël en a exterminé une bonne partie il y a une centaine de printemps. J’ai appris qu’y en a un qui est dans le coin, en plus de toutes les autres. Je vous en prie, faites gaffe.
Avec Septima, nos regards se sont croisés : nous étions évidemment prêtes à en découdre, surtout que le popobawa risquait de profiter de la situation pour montrer le bout de son nez.
— Zvolk, quand on reviendra… Tu nous expliqueras plus en détail tout ce que tu sais. Je ne sais toujours pas ce qui s’est passé entre Heichkâ et toi, mais je veux toute la vérité. Cette fois, tu ne pars pas, compris ? On compte sur toi pour veiller sur la cachette.— Faites attention.
Nous partîmes en chasse.

***

Combien de mois avions-nous passé sur Xanths ? Je n’arrivais pas à m’en souvenir à l’époque. Aujourd’hui, avec le sort de souvenir, je le peux : presque quatre. La lune était pleine dans le ciel, et nous sommes parties à la chasse. Septima et moi étions séparées d’une cinquantaine de mètres de distance : nous ne nous apercevions que tous les cents mètres environ, entrecoupées par la végétation luxuriante. Mais de toute façon, avec mon sort de sens, j’étais capable de la repérer à plus d’un kilomètre rien qu’à l’ouïe. Je devais faire attention : si j’étais en mesure d’utiliser un sort de réveil pour reprendre mon souffle ou récupérer toute mon énergie, ça n’était pas son cas.
La situation s’était inversée : aujourd’hui, malgré son sort de puissance, c’était à moi de veiller sur Septima. Un jour, nous trouverons une sphère arc-en-ciel. Ce jour-là, je l’utiliserai pour la renvoyer dans son monde. Avec sa force, elle pourrait facilement survivre, et vivre une belle vie. Je lui devais bien ça. Nous commencions à avoir l’habitude d’utiliser des sorts de puissance : nos mouvements étaient plus fluides, mieux appuyés et beaucoup plus efficaces ; ils nous permettaient de franchir de très grandes étendues en très peu de temps. En moins d’une heure, nous parvînmes à l’endroit prévu : une clairière légèrement plus grande que les autres, au centre de laquelle coulait un petit ruisseau. Selon les indications de Zvolk, elle devait globalement se trouver au milieu du secteur ; même si c’était difficile de l’affirmer avec précision.
Septima me regarda ; je tendis l’oreille, cherchant à capter un bruit spécifique au milieu de la nuit. Sentant la fatigue monter au bout d’une dure journée de chasse, je lançai un sort de réveil. C’était le quatrième en quelques heures ; heureusement, leurs effets néfastes étaient annulés par ce sort en particulier. Par contre, je m’inquiétais pour Septima.
— Tu vas t’en sortir ?— Bien sûr, pour qui me prends-tu ?— Il n’y a pas de honte tu sais, je n’aurais pas tenu sans les sorts. Si tu ne te sens pas d’attaque, rentre.— Tais-toi et avance.
Le message avait le mérite d’être clair. Je perçus plusieurs bruits en direction de l’est. Nous partîmes donc dans cette direction. Les bruits n’étaient pas très éloignés : une vingtaine de kilomètres environ, soit rien du tout avec les sorts de puissance. Le chemin nous parut d’abord assez monotone, jusqu’à ce que nous arrivions à un certain point : là où la forêt était composée auparavant de grands arbres avec beaucoup de branches, nous arrivâmes dans une forêt de conifères : il nous était impossible de voyager de branche en branche, et nous dûmes mettre pied-à-terre. Nous en avions profité pour reprendre notre souffle.
— Tu ne trouves pas que quelque chose cloche ?
Je n’avais rien remarqué. Par contre, j’avais appris à bien prendre en considération les remarques de Septima ; de toute façon, elle a toujours été meilleure que moi en ce qui concerne la survie pure.
— Non. Qu’est-ce que tu ressens ? — Nous n’avons toujours pas rencontré de jiangshis. D’habitude, on en croise quelques-uns sur le chemin, mais là rien du tout. Pourtant, si ton ogre bleu a raison, on aurait dû en croiser plus que d’habitude. Tends l’oreille, ça fait du bruit ce truc.
Je tendis l’oreille, et me crispai : les cris provenaient de toutes parts, droit devant. Ils m’assourdirent, m’obligeant à placer mes deux mains sur mes oreilles pour faire taire leurs bruits. Je grimaçai : ils étaient tout proches.
— Ils sont en face ; et très nombreux : je n’arrive pas à déterminer exactement à quelle distance, mais je crois qu’ils se rapprochent.— Dans notre direction ?— Oui. Peut-être que la fille est plus à l’ouest ? Il faudrait les regarder passer pour…
Je n’eus pas le temps de finir ma phrase : le sol se mit légèrement à trembler, et même sans tendre l’oreille, il me fallut à peine un coup d’œil envers Septima pour me rendre compte que je n’étais pas la seule à les entendre approcher. Le problème, c’était que nous étions à découvert, au milieu d’une jungle de conifères sans branche auxquelles nous pourrions nous accrocher. L’adrénaline commença à monter lorsque nous aperçûmes une horde de ces zombies se profiler à l’horizon : le terrain était quelque peu pentu, et nous étions en aval. Nous écarquillâmes les yeux. Là encore, quelque chose ne tournaient pas rond : ces bestioles sont capables de formidables accélérations, d’une vitesse égale aux sorts de puissance, mais elles n’en produisent que si elles y sont poussées. Hors nous n’étions pas dans leur champ de vision quelques secondes auparavant, et ils fonçaient dans notre direction ; et ils étaient des dizaines.
Septima et moi eûmes la même réaction : aucune. Nous étions prises de court, et les jiangshis nous passèrent au travers sans même nous voir, leur puanteur passant bien moins rapidement que leur corps. Aujourd’hui, nous aurions eu le réflexe de sauter pour nous accrocher au tronc des arbres, mais à l’époque, nous aurions facilement pu être leur proie : un coup de chance. Ils se dispersaient dans toutes les directions, et en quelques secondes, se fut terminé. Nous mîmes une bonne minute à réagir : j’ouvrai d’abord la bouche.
— Tu penses à la même chose que moi ?— On a eu de la chance ?— Certes. Mais ils ne nous ont même pas remarqués. Combien de fois est-ce que c’est déjà arrivé.— Aucune fois. Ils ne cherchent rien : ils fuient quelque chose.
Exactement. Un frisson parcourut mon échine : ces créatures étaient déjà cauchemardesques, je ne voulais même pas savoir quelle autre était en mesure de les effrayer à ce point. Nous commençâmes à progresser très doucement. En tendant l’oreille, je perçus quelques chuchotements deux kilomètres au nord-est. Nous nous y rendirent. L’environnement changea encore, et nous pûmes enfin remonter vers la cime des arbres pour se sentir protégées. Nous finîmes enfin par trouver ce que nous cherchions, et plus encore, puisque nous nous trouvâmes pétrifiées de surprise : nous nous échangeâmes plusieurs regards pour être sûres de ne pas être en train de rêver.
Au beau milieu d’une grande clairière se tenaient deux individus. Nous étions dans la cime des arbres, protégés de leur vision par les branches, nous faisant toutes discrètes. La première était une jeune femme brune, au teint basané, absolument magnifique : à une cinquantaine de mètres de distance, j’arrivais à percevoir le noir de ces yeux percer celui de la nuit ; ou alors, c’était peut-être le sort de sens qui amplifiait ma vision, je ne sais pas. Elle était nue, et cachait désespérément sa poitrine avec ses bras croisés. Elle était assise sur une pierre, les jambes croisées pour cacher sa foufoune. A côté d’elle se tenait un homme.
Il était vieux, complètement chauve avec une moustache et une barbe très typée oriental : longue, fine, et pendante. Il était habillé d’un manteau marron, très long, et se tenait très arqué. Il aurait presque pu doubler sa taille en se tenant droit. Son manteau, très long pour son corps, descendait jusqu’à ces talons. Ses mains dépassaient de ses manches, et semblaient d’une maigreur abominable. Septima fut encore plus choquée que moi.
— Je rêve là ? C’est un homme ? — Evidemment pas. Ce doit être l’Obake, Zvolk a dit qu’il était capable de se transformer. Mais ça n’explique pas comment il en est capable, s’il n’en a jamais vu. On ne sait pas de quoi il est capable, autant attendre que la femme soit réellement en danger avant d’intervenir.— Comme ce matin ?
Elle marquait un point ; à la différence que la créature aurait sans doute bien plus de mal à s’enfuir avec sa proie si l’on se décidait à intervenir. Mais Septima dû s’en rendre compte, puisqu’elle n’ajouta rien. Je pus entendre toute la conversation en tendant l’oreille : mes sorts étaient toujours actifs.

***

L’Obake a un rire narquois : il voit les deux vagabondes du coin de l’œil ; il sait ce qu’elles complotent. Elles veulent lui mettre des bâtons dans les roues, mais cette fois ce sera impossible : il a un plan, et sait comment agir. Qui plus est, cette marquée semble complètement naïve : elle boit ses paroles, et peut lui faire faire ce qu’il souhaite. Intérieurement, il se sent revivre : le sang de sa pénétration ravivera sa jeunesse au sein de son corps, et il pourra repartir presque de zéro ; avec en prime une compagne dont il pourra abuser autant de fois qu’il ne souhaite.
— Je ne comprends pas, monsieur. Mon père m’a toujours formellement interdit de converser avec une personne qui m’est inconnue. Il disait vouloir me conserver toute pure, pour mon mariage.
L’Obake se met à rire. Son plan fonctionne, et il en est fier. Il sait que les vagabondes n’interviendront pas avant que lui-même ne passe à l’action, donc il prend son temps. Il attend.
— Je suis justement la personne à qui il a offert ta main. C’est pourquoi nous sommes réunis cette nuit ma chère.— Mais lorsque mes frères et sœurs ont juré fidélité à leurs époux, nous étions tous réunis pour fêter cet évènement. Pourquoi me retrouver ici, et dénuée de tout costume.
Il prend délicatement la main de sa proie, la gênant plus encore. Ses beaux cheveux bruns tombent sur ses épaules, et jusqu’au creux de ses reins. Elle n’ose pas bouger.
— Ecoutez, mon enfant. Je vais vous expliquer. Votre père et moi habitons deux mondes complètement différents. Et vous êtes très spéciale, ne vous l’a-t-il pas répété maintes fois ? — C’est le cas ; toutefois il ne s’est jamais gêné de le dire à ses autres enfants.— C’était dans l’optique de ne point faire de jaloux, mon enfant. Votre père est une personne honorable, et je suis persuadé que vous en êtes convaincue. En outre, il se trouve que vous êtes beaucoup plus spéciales que les autres.
Le visage de Fahra s’éclaire ; et pourtant elle ne tarde pas à rougir, sa bonne éducation l’empêchant d’interrompre son interlocuteur.
— Laissez-moi vous conter l’entière vérité : la porte entre nos deux mondes s’ouvre très rarement. Hors en ce siècle, elle s’est ouverte bien plus tôt que prévu, c’est pourquoi il n’a pas eu l’occasion de vous en parler, ni de vous faire ses adieux.— Je n’en ai pourtant jamais entendu parler.— C’est vrai, votre père avait peur de votre réaction. Mais vous ne voudriez pas le décevoir.
Fahra a un mouvement de recul : elle porte son autre main sur sa bouche, imaginant un seul instant le décevoir : pour elle qui a grandi dans sa lumière, cela la plongerait dans la honte la plus absolue. L’Obake sourit, il la tient, et profite de la vue de sa poitrine, dénudée.
— Mon père ? Avoir peur ?— Mais bien sûr, mon enfant. Tout parent s’inquiète pour ses enfants, et il voulait que vous fassiez une femme exemplaire, tout à fait soumise à la volonté de son mari : après tout, on ne discutait pas ses ordres. — Je ne me suis jamais vraiment posée la question : il nous a toujours donné la marche à suivre.— Exactement, et il veut que vous en fassiez autant, vous comprenez ?— Oui monsieur.
L’Obake matérialise un anneau dans le creux de sa main. Il le prend, et le glisse à l’annulaire de sa future, qui replace immédiatement la main sur sa bouche, folle de joie à l’idée de son mariage.
— Ma chère enfant, je voudrais célébrer nos épousailles, laissez-moi vous offrir un cadeau. Il nous faut célébrer cet évènement, qui j’en suis sûr, marquera un tournant dans nos deux vies.
L’Obake passe sa main droite dans son manteau ; il en sort une jolie sphère, grosse comme le poing, de couleur blanche. Ses reflets laissent apparaître plusieurs couleurs : le bleu, le violet. L’orange, le rouge et le vert… Fahra est émerveillée : son mouvement de recul fait frétiller sa poitrine très ferme. Elle bredouille quelques mots :
— C’est… Cet artéfact est resplendissant de beauté. A-t-il une fonction où ne sert-il qu’à décorer ? Je ne sais point laquelle de ses deux fins je préfèrerais lui voir attribuer.— Oh, mon enfant, vous êtes si douce… Malheureusement, il a une fin. Il nous permet de réaliser n’importe quel vœu. Quoi de mieux pour célébrer la magie de notre mariage ?
L’Obake se retourne en direction de Septima et de Romane.
— Je fais le vœu d’éloigner la magie des sorts de cette clairière.
Les deux femmes s’élancent dans sa direction. Malheureusement pour elles, elles rencontrent un mur invisible qui les repousse d’une force équivalente. Elles sont à moitié sonnées, et ne peuvent plus empêcher l’Obake de répondre à ses désirs. Fahra a eu peur : elle a crié lorsqu’elle s’est fait surprendre. Mais heureusement pour elle, son époux est à proximité.
— N’ayez crainte, ma douce. En ma compagnie, il ne peut rien vous arriver. Et maintenant que nous avons utilisé ce sort, plus rien n’est en mesure de nous menacer dans cet endroit.
Fahra recroise les bras sur sa poitrine, avant de froncer les sourcils.
— Je vous crois. Toutefois je me sens toujours terriblement exposée par la situation. Ne devrions-nous pas nous retrouver chez vous ? Plutôt qu’au milieu de cette nature ?— Voudriez-vous faire honte à votre père.
Fahra a de nouveau un mouvement de recul : la terreur se lit dans le bleu de ses yeux.
— Non… Non… Pour rien au monde…— Alors laissez-vous guider. Connaissez-vous les choses de l’amour, mon enfant ?— Non… Ma mère m’expliqua que je serai guidée par mon mari la nuit de mon mariage, mais c’est l’unique chose que l’on m’ait dite.
L’Obake fait tomber son manteau, exhibant un corps totalement squelettique. Il a la peau sur les os, et l’on pourrait presque distinguer l’ensemble de ses organes à travers sa blancheur maladive. Fahra s’en rend compte et détourne le regard, terriblement gênée.
— Mon enfant : n’ayez pas peur, vous ne risquez aucun mal. Laissez-moi vous guider. Vous ne voudriez pas faire honte à votre père ? Ne vous a-t-il point appris à obéir. Voilà, donnez-moi votre main. Ceci est mon sexe : prenez-le dans votre main. Allez-y, n’ayez pas peur. Voilà.
Fahra est rouge comme une pivoine. Elle serre comme elle peut la chose dans sa main. L’Obake attrape la pointe de ses seins entre ses doigts squelettique : elle n’ose pas bouger, cherchant à faire honneur à la mémoire de son père. Après tout, celui-ci avait sacrifié son amour à son égard pour la donner en mariage, pour son propre bonheur : elle est tout émue, les larmes lui montent.
— Voyons, mon enfant. Il est inutile de vous mettre dans des états pareils. Vous connaîtrez des plaisirs qui dépasseront vos peurs dans très peu de temps. Faites-moi confiance et laissez-vous aller : je suis sûre que vous en ressentez l’envie.
Et pourtant non. Xanths est un continent où la magie gouverne et oriente toute forme de vie. Les plaisirs charnels sont au cœur de son action. Mais les marquées fonctionnent légèrement différemment : elles ne sont pas du tout concernées par ses effets, leur hymen étant encore intact. Fahra est en théorie hors de portée de la magie de Xanths, mais son éducation a été partielle, concernant les choses de l’amour : elle en ignore tous les secrets. Ajoutez à ceci un manipulateur tout à fait à l’aise dans son rôle, et la jeune femme ne se retrouve plus en mesure de résister à son prédateur, dont elle ne soupçonne même pas l’existence.
— Je ne sais pas. Je vous assure que les choses de l’amour me sont étrangères.— Croyez-moi, mon enfant, plus pour très longtemps. Je vais vous apprendre. Voulez-vous que je vous apprenne ? Voulez-vous faire honneur à votre père ?— Oui…
L’Obake sourit : il a remporté son paris, la jeune femme lui appartient ; et maintenant elle va s’offrir complètement. Il passe ses mains le long de son corps, et la relève : debout, elle fait presque une fois et demi sa taille, alors il se redresse comme il peut. Il passe la main sous ses seins, les soupesant. Ils sont très fermes, et Fahra se sent tout à fait exposée et gênée par le fait de se faire toucher au milieu de la nuit et de la nature. Mais elle ne dit rien, bien décidée à honorer son père : sa volonté est si forte qu’elle doit se mêler à son instinct de survie, inconsciemment.
— Allongez-vous sur le sol. Je ne tiens pas à vous faire attendre.
Elle obéit, docile. L’Obake se place à genou entre ses cuisses, avant de s’en emparer : il les replie sur elles-mêmes, exposant la fleur de sa proie. Sa queue grossit, du mieux qu’elle peut. Fahra sait ce qui l’attend : même en ne sachant rien des choses de l’amour, l’être humain est instinctivement porté à se reproduire. Elle préfère regarder ailleurs, par crainte. Alors elle lève les yeux vers la lune, haute dans le ciel, ses deux pieds encadrant le paysage lunaire.
L’Obake a un rire gras. Il ne peut s’empêcher de trépigner d’impatience : son vieux corps se bouscule, et il a du mal à garder sa métamorphose : son vieux corps s’excite, se rétracte, et se comprime. Il place son gland sur la fleur de sa proie, et ressent tout de suite un fort afflux d’énergie en provenance de Fahra. Elle sent sa mâchoire se secouer involontairement : sous le coup de l’émotion, elle est au bord des larmes. Mais elle veut faire plaisir à son mari : donc elle ne dit rien, et attend son lot comme une libération.
L’Obake frotte son gland dans la fleur de sa proie, et vient buter contre son hymen : il le sent, tout dur. Il ne bouge plus, sentant l’énergie affluer depuis son sexe : elle passe par ses veines, ses vaisseaux sanguins et le long de ses os : sa peau se raffermi, ses os durcissent, ses muscles durcissent et ses cheveux poussent. Il est prêt à déflorer sa proie : il n’a qu’un mouvement à faire.
Il reprend son souffle une dernière fois, et une lame fend l’air.
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