Mad Max Fury Road, sorti en 2015 et réalisé par George Miller, raconte l'histoire de Max Rockatansky et l'Imperator Furiosa qui fuient le seigneur de guerre Immortan Joe dans un monde post-apocalyptique désolé.

Le scénario est des plus basiques, et certain•e•s se seront même amusé•e•s à le caricaturer à l'extrême en "les personnages doivent aller d'un point A à un point B, pour finalement revenir au point A". Et c'est tout à fait vrai !

Mais alors, pourquoi c'est si génial ?
Parce que même avec un scénario quasi-inexistant, on peut raconter des choses très fortes sur notre monde, et ce film en est un exemple particulièrement brillant. Ici, en l'occurrence, c'est l'univers du film qui fait tout.

George Miller a pris toutes les tares principales de notre monde, et a poussé tous les potards à 11. Une très belle manière de rendre les défauts visibles et repoussants : imaginez une lumière noire qui, en la pointant sur vous, n'éclairerait que vos défauts en les accentuant…

On a donc un monde qui s'est consumé suite à l'hyperconsommation, puis a essuyé le nucléaire, et qui maintenant… reproduit ce schéma, poussé à l'extrême. Les hommes qui règnent sur ce monde ont créé une religion qui mélange croyances viking (on dit aux "War Boys" qu'ils iront au Walhalla si ils meurent pour la gloire de leur maître), culte de la bagnole (ils s'aspergent d'huile de moteur avant leurs attaques suicides, ont des cris de guerre en rapport, du genre "V8!") et restes de capitalisme débridé (ils boiront de l'Aqua-Cola au McFestin du Walhalla!). Un condensé de croyances et de "hobbies" virilistes!

Outre la Citadelle, où commence le film, seul endroit qui regorge encore d’une eau potable soigneusement contrôlée par Immortan Joe, les deux autres villes sont à l’image de ce que ces hommes chérissent le plus, l’une produisant de l’essence, l’autre, des munitions. Même les humains sont considérés comme une ressource, puisque les humains sains sont utilisés comme poches de sang pour les War Boys anémiés…

Bref, qu'est-ce que les hommes ont fait quand l'ancien monde s'est effondré sous le poids de ses plus grandes dérives (violence, capitalisme, pollution) ? Ils ont si bien défendu ce mode de vie qu'il s'est renforcé et a pourri le monde à une vitesse décuplée. Ça devrait vous rappeler quelque chose…

Et la place des femmes, dans tout ça? Hé bien elles sont soit productrices de lait, soit assez bien dotées génétiquement pour porter les enfants du chef de guerre, et si elles ne sont rien de tout ça, elle iront traîner dans la fange et réclamer l'eau (la seule ressource qui compte, complètement contrôlée par les hommes de pouvoir) comme tout le monde. En bref: elles ne sont que des corps, des objets.

Alors, d’où vient le salut? D’une femme, évidemment Puisque c’est Furiosa, archétype de femme forte et indépendante, interprétée par une Charlize Theron aux cheveux rasés mémorable, qui provoque les événements du film en aidant les épouses d’Immortan Joe à s’échapper, dans le but de les emmener à la “Green Place”, un vestige de l’ancien temps, qui serait encore vivable et vivant…

Max dans tout ça? C’est littéralement un “allié” (sous-entendu: de la cause féministe) : passées ses premières réticences (logiques dans ce monde de fous), il comprend vite qu’il va devoir coopérer avec les femmes si iels veulent toustes avoir une chance de survivre. On peut également le voir mettre sa fierté de côté pour le bien du groupe, notamment quand il rate deux fois son tir au fusil de précision avant de renoncer, et de laisser tirer Furiosa.

Mais, parce qu’il faut bien qu’il ait un rôle central (le film porte son nom quand même), c’est quand même de lui que viendra la dernière leçon du film : alors que le groupe essuie la terrible désillusion de comprendre que la Green Place n’existe plus et poursuit dans les terres désolées en espérant trouver mieux ailleurs, c’est Max qui les rattrape pour les convaincre, donc, de revenir en arrière. Pourquoi?

Parce que la Green Place, c’est le passé. Oui, peut-être que c’était mieux avant, mais “avant”, ça n’existe plus. On ne peut vivre que dans le présent, et si le présent est merdique, la seule option qu’on a c’est d’y vivre et de se battre pour le rendre meilleur.

Voilà tout ce qu’on peut dire (et encore, j'ai fait assez vite et je pense que j'oublie plein de choses) avec un simple scénario “aller d’un point A à un point B et revenir”, simplement en développant soigneusement et richement son univers. Ajoutez à cela une musique dantesque et une réalisation impeccable, et Mad Max Fury Road est, à mon sens, véritablement un putain de chef d’oeuvre, féministe, écologiste et anti-capitaliste.


Avez-vous aimé ce film? Aviez-vous perçu tout cela? Ou bien y lisez-vous autre chose?