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Acrostiche

Chapitre 1

Avec plusieurs femmes
Si vous connaissez le poème qui a permis à Alfred de Musset de séduire Georges Sand, alors vous pourrez sans doute déchiffrer cet acrostiche. Si vous le trouvez, je vous invite à me l’adresser en messagerie privée et de laisser les autres chercher.
J’aime les femmes et l’amour. Comme le disait mon ami Pierre Desproges (Je ne l’ai jamais rencontré, mais je l’ai tellement lu et il m’enchante tellement qu’il est mon ami), comme disait donc mon ami Pierre ‘’ l’amour, il y a ceux qui en parlent et ceux qui le font. A partir de là, il m’apparaît important de me taire...’’ Mais bon, ma grande gueule fait que je l’ouvre quand même... J’aime imaginer le moment, j’aime le vivre, j’aime le faire vivre à travers les mots.
Deux ou trois fois, je les avais remarquées. Deux copines ? Deux collègues ? En tout cas, deux très jolies femmes. Pour moi, deux jolies quinquas, pour des plus jeunes deux jolies couguars. Pour tous, deux jolis fantasmes... Souvent, les fantasmes restent des fantasmes, quelquefois...
Femmes avec un grand F. Bon, ça c’était dit, maintenant comment faire ? Ce n’est pas que ma vie en dépende, mais mon vit, lui, a quelquefois une vie et une pensée à part, particulière... Et ma bonne nature me pousse à lui faire plaisir. Inutile de les suivre, je sais où elles déjeunent. Même petit resto de quartier, même table en terrasse dès qu’il fait beau. Reste juste à trouver l’entrée en matière, il reste tout quoi... Pourtant, trouver une entrée au resto, ce devrait être simple...
Et c’est donc le lendemain un peu avant midi que je me pointe à ce petit resto. Je demande une table en terrasse et désigne-la-leur pour savoir si je peux prendre celle-là. La réponse est bien sûr négative, déjà réservée. Celle d’à côté ? Pas de soucis. Nickel... Je m’installe. Qu’est-ce que j’ai préparé ? Rien. Si nous ne trouvons rien à nous dire à la verticale, il n’y a pas d’intérêt à aller jusqu’à l’horizontale... Présomptueux ? Sans doute. Joueur ? Sans aucun doute. Arrivée du serveur et son coreligionnaire, le sempiternel, vous avez choisi...
J’aimerais connaître leurs goûts avant de répondre. Une femme, c’est souvent très observateur, et ça tire vite des conclusions de ce qu’elle voit ou de ce qu’elle ressent. Alors deux femmes... Elles seront sans doute plus prêtes à engager la conversation si je picore une tomate mozzarella que si je me bâfre avec un hareng saur, plus prêtes à un sourire si je déguste un filet de bar à la pointe de la fourchette que si je m’empiffre un Tartare à la cuillère, et je ne vous parle même pas des spaghettis qui bavent au coin de la bouche et tachent la chemise... Je suis venu en mâle adroit, évitons d’être maladroits.
Terminer ma commande avant leur arrivée, c’est fait. J’ai donc tout le loisir de les admirer lorsqu’elles s’approchent. Admirablent, éclatantent. En plus, il fait soleil. De jolies femmes dans toute leur féminité. Evidemment, je vois leurs dessus et pense à leurs dessous. Je reste un homme. Mais il n’empêche qu’avant de découvrir le fond de leurs natures, j’ai besoin de connaître le fond de leurs personnes. C’est ainsi, je n’envisage pas une intromission sans m’être présenté, encore moins avant d’avoir séduit. Ou cru séduire. Pour l’inverse, c’est déjà fait...
Mon repas commence et il s’annonce bien. Je tends l’oreille pour essayer de choper un peu de leur conversation. Je rêve ou elle parle de moi ? ‘’Tu as vu il est là – Oui j’ai vu – On le branche ? – T’es folle ! – Pourquoi on en a envie depuis je ne sais pas combien de temps’’. Je saute sur l’occasion et leur dis que si c’est moi qu’elles veulent brancher, il va falloir qu’elles se dépêchent, que je frôle le court-circuit, et que si mon cerveau se met à bouillir, elles en porteront toute la responsabilité... L’une se marre, l’autre semble un peu plus sur la réserve. N’importe, la glace est rompue, la banquise fond à grande vitesse, je sens bien le réchauffement climatique, et si tout se passe suivant mes rêves, on va droit à la mousson sensuelle, cent pour cent d’humidité et des rafales qui décoiffent... Je leur avoue que je ne suis pas là, à ce resto et à cette table par hasard, que moi aussi je les ai remarquées depuis quelque temps et que je souhaitais faire leur connaissance.
Existence excitante que la mienne ce jour-là, il faut que ce soit partagé. La conversation m’apprend qu’elles sont collègues, copines, et sous-entend qu’elles sont coquines. Célibataires toutes les deux, elles partagent leur logement. Je leur dis qu’au vu de leur complicité, elles doivent partager plus qu’un appartement... Leurs yeux brillants répondent pour elles. Mais elles ramènent le sujet sur des choses plus soft, et veulent en savoir plus sur moi. Je profite de mes réponses pour échanger des regards, des sourires, et laisser mes yeux caresser leurs courbes.
Entre le dessert et le café, je leur dis que je n’ai pas envie que l’histoire s’arrête là, elles acquiescent, et m’invitent à l’apéro le soir même en sortant du boulot. Me donnent l’adresse d’un bar à cocktail, en précisant que ce n’est pas très loin de chez elles. L’après-midi est très longue et très peu productive. Avec mes fonctions commerciales, et quelquefois des rendez-vous imprévus, pro ceux-ci, j’ai toujours un rasoir au bureau. Une douche et c’est parti.
Elles sont là, elles m’attendent au bar et m’adressent un sourire quand elles me voient. Une promesse ? Je veux y croire. La conversation reprend, toujours aussi naturelle, aussi chaleureuse. La plus affable a fait sauter un bouton à son chemisier. Elle m’offre une vue magnifique sur la naissance de sa poitrine. Elle a vu que j’ai vu et me sourit. Puis se tourne vers sa copine et se penche vers elle. Je l’entends lui susurrer à l’oreille ‘’mets-toi à l’aise’’ tout en faisant sauter un bouton à son chemisier... Je crois que c’est clair, elles lancent le jeu.
Deux cents mètres, deux étages, deux femmes... Trois étreintes, trois corps, trois baisers... Et un seul plaisir, offert, reçu, partagé, ce moment où l’on retrouve l’instant de l’infini.
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