On est lundi matin. Il fait presque froid. Les températures ont chuté pendant le week-end, on a perdu vingt degrés. Lola vient de partir en pantalon et pull. Je ne suis pas très fier de ce que j’ai cru d’elle. Ceci dit, n’importe qui se serait posé des questions après l’appel de Deauville. Je n’avance pas sur mon travail. Je tourne en rond sur Internet à passer de site d’emplois en site d’emplois. Le temps s’égrène doucement... Je n’ai pas vu Amandine, ce matin. J’avoue que cela me manque. Ces petits passages en peignoir devant la fenêtre ne sont pas pour me déprimer. J’aurais envie de lui dire des choses... Rien que d’y penser, je sens le bas de mon pyjama se tendre... J’appelle, on verra bien... Personne !... J’attrape les dix chiffres de son portable, griffonnés sur un papier volant...— Oui ?...— C’est moi !...— Tu tombes mal, Mathis, je suis en entretien d’embauche...— Excuse-moi, je raccroche !...— Pas tout de suite, j’ai un peu de temps, là !... Ils ne sont pas ici. Cela me fait plaisir de t’avoir...— Moi aussi...— Je me suis déjà entretenue avec la responsable de secteur. Cela s’est bien passé. Elle veut me faire rencontrer le boss. Je suis un peu angoissée, là çà fait dix minutes que j’attends, ça me met la pression...— Cool, Amandine, tu ne joues pas ta vie !...— Tu as raison, mais...— Tu es une fille pleine de qualités, d’intelligence, avec un contact parfait. Tu n’as rien à prouver. C’est eux qui ont de la chance de t’avoir !...— Vu sous cette angle, çà me rassure un peu. Je devrais t’appeler plus souvent, Mathis...— C’est toujours un plaisir... Dis-moi, là tu es habillé comment ?...— Mathis !... Je ne crois pas vraiment que ce soit le moment...— C’est l’instant où jamais, tu as du temps...— Je ne sais pas combien...— Les boss, çà tarde à venir. Amandine, pour mon enquête !...— Tu sais, je n’ai rien mis d’exceptionnel, aujourd’hui...— Raconte !...— Il ne fait pas chaud. J’ai une jupe cintrée avec un pull en laine, une veste courte...— Dessous ?...— Eeeeeeeeh, Mathis !...— Dessous ?...— Un ensemble string... Des bas, un porte-jarretelles...— Tu me cachais çà ?...— Mmm, mmm, Mathis... Je ne peux pas tout te dire...— C’est comment où tu es ?...— Moderne !... Une grande pièce avec une immense table de travail et plein de chaises autour. Je suis assise, la porte est ouverte...— Tu vas défaire ton string !...— Tu es fou !...— Dépêche toi !... C’est fait ?...— Laisse-moi le temps de me lever, de retrousser ma jupe. Je me dépêche, je ne voudrais pas que quelqu’un risque d’entrer... Zut !... Cela ne va pas être possible !...— Pourquoi ?...— Mon porte-jarretelles, je l’avais oublié, m’empêche de sortir le string...— Défais-le, alors !...— Tu plaisantes !...— Tout de suite !...— Je suis folle de t’écouter !... J’enlève les pinces, mes bas ont tendance à filer le long de mes jambes. Je n’aurais jamais dû, ils tombent sur mes talons-aiguilles...— C’est bien !... Tu peux enlever ton string !...— Mathis !...— C’est fait ?...— Oui, cela me fait tout drôle... Je saisis mon bas. Je pose un pied sur la chaise. Je le remonte. Je place les pinces, les clipsent. J’entends du bruit. J’enfile l’autre bas. Vite, des gens arrivent !... Les cliquetis des talons de la femme... Je redescend ma jupe. Je dépose le string dans mon sac à main. Je ferme... A plus tard, Mathis !... Je t’adore !...
