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L’amnésique (adoucit les mœurs)

Chapitre 7

Erotique
Tandis que nous venons de franchir les grilles de ce fameux manoir, je ne comprends pas bien. Certes, la maison est belle, vaste et parfaitement entretenue, mais nous sommes à des kilomètres de ce que j’avais imaginé.Un vieil homme, le dos voûté, sort sur le pas de la porte. Marie-Charlotte s’arrête auprès de lui et baisse ma vitre. Le visage du type s’éclaire.
— Monsieur Dubreuil ! Mon Dieu, que je suis heureux de vous revoir ! Ça fait si longtemps...
Naturellement, je lui adresse un sourire amical tandis qu’il me serre la main. Nous repartons.
— Vous voyez ? Quand je vous disais que vous lui ressemblez... Il vous a connu pendant des années, et pourtant il n’a pas tiqué.— Ah ? Parce que ce n’est pas votre manoir ?
Elle éclate de rire.
— Oh non ! Ça, c’est la maison du gardien. Le manoir, il est encore à deux kilomètres.— Deux kilomètres ? Elle a pété un boulon, mémère ?
C’est en voyant apparaître le fameux manoir que je réalise que c’est plutôt moi qui débloque... En vérité, en fait de manoir, moi j’appellerais plutôt ça un château. Peut-être pas Versailles, mais dans le genre pavillon de jardin, ça se pose là.
— Je vais vous présenter rapidement au personnel. En dehors de Victor, le gardien, il n’y a que deux personnes qui ont connu le vrai Claude Dubreuil en chair et en os.— Je vous rappelle encore une fois que je ne vous ai toujours pas dit que j’acceptais.
Elle explose.
— Mais bon sang, je viens de vous dire que je suis prête à vous laisser le tiers d’une boîte dont la valeur est estimée à quarante milliards d’euros, et vous hésitez encore ?— Quarante milliards ?— Oui, en comptant quelques actifs à risques dans quelques pays à l’économie douteuse, mais l’estimation est assez fiable. Vous imaginiez sans doute que j’étais en train de prendre tous ces risques pour sauver la pizzeria du coin ?

Soudain, il me semble indispensable de mettre les choses au point.
— Du calme, s’il vous plaît... C’est bon, je vais me faire passer pour Claude Dubreuil. Mais je vous préviens, si quelque chose ne me convient pas, j’arrête tout.
Elle a un sourire narquois. Pour elle, c’est simple : je réponds à l’appât du gain. Il me faut dissiper le malentendu.
— J’imagine qu’à l’hôpital, ils vous ont transmis mon dossier avant que vous ne veniez me voir. Vous savez donc que, sans rouler sur l’or, je n’avais aucun problème d’argent.
Cela peut paraître surprenant, mais je n’ai jamais voulu voir les choses en grand. J’aurais pu amasser une fortune à la Bourse, mais je n’en ai jamais ressenti le besoin. Une belle voiture, un bel appartement, des voyages où je veux et quand je veux, cela me convient très bien. Et comme, en plus, j’ai un certain nombre « d’amies » qui, pour autant que je les emmène aux quatre coins du monde, sont toujours prêtes à me tenir chaud sous la couette, je n’ai vraiment pas à me plaindre.Elle se ravise.
— Je vous prie de m’excuser. J’ai sans doute mal évalué vos intentions.— Vous l’êtes. Bon, on y va ?
Sur l’immense perron et au bras de Marie-Charlotte, je me retrouve face à une dizaine d’hommes et de femmes, tous vêtus d’un uniforme impeccable.
— Je vous présente votre personnel de maison, Claude.
Tout ce petit monde se fend d’une courbette digne d’une chorégraphie de la Star Ac’.
— Pour ceux qui ne l’ont jamais connu, je vous présente donc Monsieur Claude Dubreuil, mon époux. Comme vous en avez sans doute eu connaissance, il est amnésique et ne se souvient de rien. Par contre, je compte sur vous pour l’aider à recouvrer la mémoire. C’est entendu ?
L’un d’entre eux, un grand brun aux tempes grisonnantes et à la cinquantaine bien tassée s’avance alors.
— Nous sommes ravis de vous revoir parmi nous, Monsieur Dubreuil. Je suis Georges, votre majordome et, au nom de tout le personnel, je tiens à vous souhaiter un bon retour chez vous.
Machinalement, je lui tends la main. Il reste interdit quelques instants, avant de se raviser et de me la serrer chaleureusement tandis qu’une salve d’applaudissements retentit. Il me paraît alors difficile de ne pas prendre la parole.
— Je vous remercie tous, votre accueil me va droit au cœur. Je vous prie de m’excuser, mais il va me falloir un peu de temps pour mettre ou remettre un nom sur chacun de vos visages. Par avance, je vous remercie de votre sollicitude et de votre collaboration.
Si je veux être crédible, il serait bon de savoir comment le vrai Dubreuil se comportait avec son personnel. Était-il, comme je m’efforce de l’être moi-même, plutôt respectueux d’autrui, ou était-ce – comme trop souvent chez les friqués – un vrai con avec ses subalternes ?Je n’en sais rien, mais mon amnésie a toutes les chances de devenir l’explication la plus plausible à toutes les bizarreries et autres étrangetés qui ne vont pas manquer de se produire.
— Cela dit, vous allez pouvoir reprendre le cours normal de vos occupations, Georges. Monsieur Dubreuil et moi-même allons nous retirer dans nos appartements. Vous venez, Claude ?
Bien entendu, je lui emboîte le pas dans l’immense escalier de marbre. Tandis que nous arrivons sur le palier, elle se retourne et s’adresse à une petite brune plutôt mignonne, mais que je n’avais pas véritablement remarquée jusque-là.
— Vanessa, d’ici une petite demi-heure, veuillez nous apporter du thé, s’il vous plaît. Un Lapsang-Souchong bien fort et sans sucre, je pense que vous vous souvenez ?
Puis, à mon adresse :
— C’était votre préféré. D’après ce que j’en sais, c’est ce genre de petites attentions qui peut vous aider à recouvrer la mémoire.
Je souris.
— C’est un excellent choix, et je vous en remercie, Marie-Charlotte.
Ont-elles conscience, toutes les deux, qu’en matière de thé, je suis une buse finie ? Bah, pour cela comme pour le reste, je vais m’efforcer d’approfondir mes connaissances.
Le canapé de cuir bordeaux dans lequel je suis a dû, à lui seul, être responsable de la mort d’une bonne douzaine de vaches. Le reste est à l’avenant : meubles Louis XVI, tapis épais à en égarer sa montre, et tout cela se trouve dans une pièce à peine moins grande qu’un terrain de football.
— C’est coquet, chez vous...— Ce manoir était une volonté de Claude ; je préfère à titre personnel une demeure plus intime et, pourquoi pas, au bord de la mer.— Cela nous fait un point commun, donc. Bon, pour en revenir à nos moutons, admettons que tout fonctionne comme prévu. Quand les papiers seront signés et que le partage sera effectif, que comptez-vous faire ? Je ne vais pas rester éternellement votre mari, je suppose ?
Elle sourit.
— Oh, si vous vous débrouillez à chaque fois aussi bien que dans la voiture, il est tout à fait possible que je veuille vous garder avec moi quelque temps encore.— Soyons sérieux, si vous le voulez bien...— Tout à fait. Le plus simple serait de vous demander le divorce, ce qui me permettrait d’épouser Edgar.— Et, sans indiscrétion, qui est cet Edgar ?— Le président du conseil d’administration de Dubreuil Technologies. Cela fait des années qu’il rêve de m’épouser. Mais vous comprenez aisément que la chose était impossible.— Pourquoi ? Il ne vous plaît pas ?— Réfléchissez donc un instant... Si je m’étais remariée, à qui cela aurait-il profité ?
Des fois, je me demande si j’ai bien la lumière à tous les étages. Elle poursuit :
— Cela dit, même si l’ensemble du conseil est plutôt favorable à mon maintien, il est le seul du conseil à vous avoir connu, et c’est également le seul à pouvoir s’opposer directement à vos décisions. Or, en cas de souci, la perspective de m’avoir dans son lit et de me passer la bague au doigt pourrait faire pencher la balance du bon côté.— J’imagine qu’une fois tout cela fini, il pourra se la mettre sur l’oreille ?— Absolument pas. D’abord, je vous l’ai dit, il me plaît...— Pourtant, encore une fois, il me semble vous m’avez déclaré aimer votre mari... Et s’il réapparaissait ?
Elle reste pensive quelques instants avant de reprendre :
— Nous aviserions. Simplement, un bon tiens vaut mieux que deux tu l’auras... Et pour Edgar, j’ai brisé le cœur de quelques garçons dans ma jeunesse et je m’en veux encore. Je ne recommencerai pas.
Décidément, cette femme est la contradiction née.
— Et si, en tant que Claude Dubreuil, je décidais de tout garder pour moi ?— Je prends le risque. Maintenant, n’oubliez pas qu’il me serait facile de jouer avec votre amnésie pour prétendre que j’ai été abusée.
Elle n’a pas tort, en vérité.
— En clair, vous êtes en train de jouer une partie de poker avec un total inconnu, et la mise est de quarante milliards ?— Absolument. Plus l’existence de quelques centaines de milliers d’employés dans le monde.
Le chef d’une entreprise de cette taille qui se soucie de ses salariés, c’est assez inhabituel. Elle poursuit :
— Dans une semaine et demie, cela fera dix ans jour pour jour que Claude a disparu. Après avoir dépensé une fortune pour essayer de le retrouver, j’en ai dépensé une autre pour que des juristes trouvent une faille dans la loi qui me permette de rester aux commandes. Les deux opérations ont fait chou blanc.— Et l’idée d’un malencontreux accident de chasse ou d’un suicide organisé ne vous a jamais effleuré l’esprit ?— Si, souvent... Mais je ne suis pas une criminelle. Si je l’étais, Dubreuil Technologies serait bien plus puissante encore, mais je ne mange pas de ce pain-là.
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