Le site de l'histoire érotique
  • Histoire érotique écrite par
  • Fantasme
  • Publié le
  • Lue {{{NB_VUES}}} fois
  • 85 J'aime
  • 0 Commentaire

L’amnésique (adoucit les mœurs)

Chapitre 9

Erotique
Immense bureau de marbre situé au dernier étage d’une des tours les plus hautes de la Défense, silence de cathédrale : l’endroit est conforme à ce à quoi je m’attendais. Même Edgar ressemble également à l’idée que je m’étais fait de lui : petit, rondouillard, le cheveu rare, mais le regard vif. Aussitôt arrivé, il se précipite pour me serrer la main avant de me donner une chaleureuse accolade.
— Claude ! Putain, que ça fait du bien de te revoir !
Il a un drôle de vocabulaire, Monsieur le directeur général.
— Alors, comme ça, tu as perdu la mémoire ? On n’est pas dans la merde, mon pote...
De toute évidence, ce type-là n’est pas uniquement que le numéro deux de la boutique. J’essaie d’en savoir un peu plus.
— Euh... veuillez m’excuser, Edgar, mais je n’ai effectivement aucun souvenir de vous. Peut-être pouvez-vous m’en dire un peu plus sur ce que nous sommes l’un pour l’autre ?
Pendant une fraction de seconde, il paraît quelque peu décontenancé. Il me serre de nouveau la main.
— Des amis, je l’espère. Nous nous connaissons depuis l’enfance.
Ce qui explique ce tutoiement pour le moins singulier dans ces hautes sphères. Autant ne pas tergiverser.
— C’est entendu. Bon, comme vous... euh, pardon, comme tu t’en doutes, je ne suis pas venu ici seulement à la recherche de mon passé. J’aimerais en savoir plus sur le projet de Marie-Charlotte concernant cet empire.— Pour le moment, ce n’est qu’un projet qui doit être peaufiné. Tu comprends, ta réapparition a été aussi soudaine qu’inattendue.
Ça, c’est le moins que l’on puisse dire.
— Mais je ne comprends pas pourquoi tu ne décides pas de reprendre toi-même les rênes de Dubreuil Technologies. Jusqu’à preuve du contraire, c’est quand même ta création.
Je m’attendais à cette remarque depuis pas mal de temps. Je brode.
— Je n’ai aucun souvenir remontant à plus de six ans...
L’époque où Michel Slotinsky m’a recueilli.
— ... et en six ans, j’ai eu le temps de me refaire une existence. Et en fait, je ne suis pas certain de vouloir renouer avec ce passé que tu décris... Non, je préfère laisser la main à Marie-Charlotte.
Résigné, il hausse les épaules.
— Toi, renoncer à l’œuvre de ta vie... Mais bon, je respecte. Après, c’est vrai, ta fille a toujours été beaucoup plus douée pour dépenser l’argent que pour le gagner.
De plus, si j’en crois Marie-Charlotte, il n’y a pas grand danger qu’elle finisse un jour à la rue. Je profite de ce qu’il a le dos tourné pour coller à l’envers de son bureau le petit truc que Christian, le motard, m’a rapporté. Il s’agit d’un petit micro-espion, et s’il est assez loin de ceux de James Bond, il devrait toutefois me permettre d’entendre sur mon téléphone l’ensemble des discussions qui suivront mon départ. On n’est jamais trop prudent.
— Et Marie-Charlotte, c’est une bonne gestionnaire ?— Exceptionnelle, tu veux dire. Lorsqu’elle a repris les commandes de l’entreprise, personne n’y croyait. Mais au bout de quelques semaines à peine, l’ensemble du conseil a été bluffé. Depuis qu’elle dirige la boîte, nous sommes devenus une multinationale, et le chiffre d’affaires a été multiplié par vingt.
Bigre... Même si le trader amateur que je suis sait qu’il y a le même rapport entre le chiffre d’affaires et les bénéfices qu’entre l’honnêteté et la réussite, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit tout de même d’une belle performance.
— Et si tout se passe comme elle le veut, qui s’occupera des documents de cession des parts ?— Maître Rousseau, du cabinet Rousseau, Klein et associés. Tu connais ?— De nom, seulement.— C’est un notaire spécialisé dans ce genre de transaction, et nous avons déjà travaillé avec eux : ce sont des pointures. C’est d’ailleurs ton épouse qui nous l’avait trouvé... Quand je te dis que c’est une femme formidable.
Je saisis alors la balle au bond et ajoute, avec un sourire :
— Et que tu cherches à mettre dans ton lit depuis pas mal de temps, si je ne m’abuse ?
Mon interlocuteur vient de se rembrunir. Il réfléchit quelques secondes, puis reprend.
— Écoute, et je ne pense l’insulter en aucune manière en te disant ça, mais si je n’avais vraiment voulu que...
Il insiste sur le « que ».
— ... coucher avec Marie-Charlotte, cela serait fait depuis longtemps. Hommes ou femmes, il n’y a pas grand-chose qui l’effraie.
D’une certaine façon, cela ne me surprend pas vraiment. Les sièges de la Bentley peuvent en témoigner, et je suis bien conscient que les techniques utilisées pendant le festival auquel j’ai eu droit hier soir ne s’acquièrent pas davantage par correspondance que dans les écoles. Il poursuit :
— Seulement moi, ce que je veux, c’est l’épouser, pas simplement la baiser. Des gonzesses plus jeunes et plus jolies qu’elle et qui ne demandent qu’à écarter les cuisses, j’en connais des centaines. Mais des femmes comme la tienne, je n’en connais qu’une.— D’accord, mais je te rappelle que tu es censé être mon ami.— En effet, mais tu sais, quand tu es parti en Afghanistan, les choses n’étaient pas au beau fixe entre Marie-Charlotte et toi.— Vanessa ?
Il sourit.
— Oh non... Le jour de ton mariage, si on t’avait laissé faire, je crois que tu aurais baisé la demoiselle d’honneur sur le bureau du maire et devant tous les invités. Non, tu sais, si Marie-Charlotte t’a épousé, ce n’est pas parce qu’elle comptait sur ta fidélité !— Pourquoi, alors ?— Parce que tu as toujours considéré le travail comme étant prioritaire sur tout le reste. Cette boîte, c’était ta vie, ton âme, ton sang, et le reste n’importait pas. C’est pour ça que quand tu me dis que tu es prêt à lâcher la rampe...— Je vois...— Cela dit, si tu es à la recherche de ton passé, je peux te fournir quelque chose qui peut potentiellement t’aider. Simplement, je veux que tu me donnes ta parole d’honneur que Marie-Charlotte n’en saura jamais rien.— Tu l’as. De quoi s’agit-il ?
Il sort alors de son bureau un énorme bouquin. Visiblement, il s’agit d’un manuscrit.
— Peu de temps avant ta disparition, des photos de toi et de Vanessa avaient fait la une des journaux people...— Je suis au courant.— Tant mieux. Dans ce cas, pas la peine de te dire que cela n’a pas fait très sérieux, surtout auprès des Américains et dans une activité comme la nôtre. Les frasques des chefs d’entreprise, en France, tout le monde s’en tamponne. Mais à l’étranger, c’est une autre paire de manches.— Ça aussi, je le sais.— Toujours est-il que tout cela a été à deux doigts de couler le bouzin.
Ça, par contre, je ne le savais pas. Après le battement d’une aile de papillon qui pourrait déclencher une tornade à l’autre bout du monde, voilà que l’on m’annonce qu’un coup de bite malencontreux aurait pu couler un empire.
— Ennuyeux, en effet. Et alors ?— Et alors, le journaliste qui avait pris ces photos a par la suite écrit un bouquin sur toi.— Compromettant ?— Disons que je n’en ai parcouru que quelques pages ; mais le peu que j’en ai lu s’est avéré exact.— Et vous avez fait un pont d’or à ce journaliste pour que ce livre ne paraisse jamais ?— Absolument.— Et Marie-Charlotte, pourquoi n’est-elle pas au courant ?— Parce qu’à l’époque, elle peinait à se remettre de ta disparition. Si ce bouquin était paru, je crois qu’elle se serait tout bonnement fait sauter le caisson.
Décidément, cette femme ressemble de plus en plus à une énigme. Baiseuse émérite, chef d’entreprise et meneuse d’hommes exceptionnelle, et malgré tout follement amoureuse d’un mec responsable d’une paire de cornes capable de l’empêcher de passer sous l’Arc de Triomphe.
— Admettons. Mais il y a prescription, non ?— Non. En fait, en bientôt dix ans de boîte, c’est la seule et unique fois que je lui ai menti. Je ne veux pas qu’elle l’apprenne.— Compte sur moi, elle n’en saura jamais rien.
Dans le couloir, je compulse rapidement l’ouvrage qu’Edgar vient de me remettre. Chaque page est pour moi une gifle en plein visage ! Je ne sais qui était ce journaliste et qui l’a renseigné, mais c’est tout juste s’il ne connaît pas la couleur de la layette que Claude Dubreuil portait le jour de son baptême. En même temps, cela accrédite que ce bouquin est authentique, et non un torchon créé de toutes pièces à la sauvette dans l’unique but de m’enfumer... Personne, pas même une multinationale, n’aurait pu réunir une telle palanquée d’informations sur moi en aussi peu de temps, ma trombine n’étant apparue au public qu’il y a trois jours. De plus, l’ouvrage a été tapé à la machine, et le papier n’est pas de première jeunesse.
En face des ascenseurs, il y a un bureau où une ravissante hôtesse chargée de renseigner les visiteurs me lance un sourire responsable à lui seul de la moitié du réchauffement climatique.
— Veuillez m’excuser, Mademoiselle ; il doit bien y avoir un service copies, dans cet immeuble ?— Oui, bien sûr... Au dix-septième étage.
Tiens, c’est curieux, le dix-septième étage, cela me rappelle étrangement quelque chose.
— Merci. En attendant, voulez-vous m’appeler un taxi ?
Elle s’étonne.
— Votre hélicoptère vous attend, Monsieur.— Eh bien, prévenez le pilote : qu’il continue à m’attendre. J’ai une course à faire.
Diffuse en direct !
Regarder son live