Yohann gara sa voiture devant la maison, il était plus de 22 heures, quand il rentra dans la maison. Il repoussa Shana, qui le regarda avec une effroyable tristesse. Il se rendit dans la salle de bain, où il passa plus d’une heure sous la douche, laissa couler l’eau sur son corps. Il vida le shampooing de Shana sur son corps. Quelle semaine ! La plus belle et incroyable dans les bras de la plus exquise et incroyable femme, sa propre petite sœur. Mais aussi la plus moche et horrible de sa vie, à cause de cette femme. Il sortit de la douche, et Shana vint se lover dans ses bras, il posa ses mains sur ses épaules, et l’éloigna de lui. — Il faut qu’on parle. Shana sentit son cœur se serrer, ce n’était jamais bon, quand quelqu’un dit ces quelques mots, il faut qu’on parle, généralement cela annonce de mauvaises nouvelles, de terribles nouvelles. La jeune fille le suivit dans sa chambre. Elle fit le sourire, elle avait eu peur quand il l’avait repoussée en arrivant, mais il devait être encore ... sale comme il le lui avait expliqué, pourtant elle s’en fichait, elle, de quelques poussières. — Tu as travaillé aujourd’hui ? demanda Shana. — Non ! — Ah !— Shana, j’ai bien réfléchi à notre situation. Nous ne pouvons pas continuer comme ça. — Comment ça ? — Tu te rends bien compte que toi et moi... ce n’est pas possible. C’était très beau... mais c’était juste du sexe. — Juste du ... Shana sentit son monde s’écrouler sous ses pieds. Il ... ne voulait pas d’elle. Il n’avait jamais voulu d’elle en fait... Pour lui, c’était juste la lubie du moment, et maintenant qu’il avait fait son affaire... Il voulait passer à autre chose. Elle n’était qu’une de plus... sur son tableau de chasse. Elle sentit son cœur se serrer dans sa poitrine. Elle avala plusieurs fois pour éviter de se mettre à pleurer. La jeune fille en avait marre de pleurer à cause de lui. Son frère était ... immonde. En fait, tout le monde avait cherché à la prévenir, même une inconnue dans la rue qui ne le connaissait même pas. La serveuse du premier restaurant aussi lui avait dit...Ses amies...Lina qui lui avait dit que si elle allait jusqu’au bout... et que ça ne marchait pas... elle y perdrait son frère. Ben voilà, c’était fait. Elle n’avait plus de frère. Elle n’était pas capable de le voir comme un frère... Il serait à jamais l’homme qui lui a brisé le cœur. Myla, lui avait dit qu’il n’était pas un homme pour elle, qu’il ne faisait que s’amuser avec les femmes. Mais pourquoi elle ? Est-ce qu’il n’y avait pas assez de femmes dans la ville, dans le monde ? Pour qu’il vienne ... auprès d’elle, qu’il la fasse tomber amoureuse de lui... pour ensuite la quitter... Elle n’avait plus d’homme dans sa vie. Même Anna dans son étrange attitude, lui avait dit que Yohann n’était pas pour elle. Pourquoi n’avait-elle écouté personne ? Pourquoi alors que tout le monde lui avait crié, ne va pas avec lui, ne l’écoute pas. Elle avait refusé de voir la vérité. Parce qu’elle, elle était amoureuse de son frère. Parce qu’elle avait cru à leur amour... Shana avala une dernière fois, prit son courage à deux mains, et prononça les mots les plus difficiles de sa vie.
— Oui... Tu as raison, c’était juste ça... juste du sexe ! Puis elle quitta sa propre chambre, et alla dans la salle de bain, pour pleurer toute sa douleur, toute sa peine. Et maintenant que lui restait-il ? Que pouvait-elle faire ? Le regarder et lui parler pendant les repas de dimanche en famille. Elle allait en être incapable. Elle ne pouvait pas dire à ses parents ce qui était arrivé... en leur absence... Une seule semaine. Il a fallu seulement six jours... pour que tout soit gâché. Ils avaient détruit leur famille. Elle avait tout détruit. Elle se leva et ouvrit la pharmacie, et chercha les somnifères de sa mère... Si elle en prenait assez, elle allait pouvoir dormir pendant des ... jours... des mois... des années. Elle n’aurait pas à affronter le regard de son frère. Elle n’aurait pas à expliquer à ses parents pourquoi elle ne voulait pas plus voir son frère. Mais elle ne trouva malheureusement pas ses maudits médicaments. Elle retomba à genoux devant le lavabo, ses mains posées que le rebord. Et elle pleura ... toute sa rage, toute sa colère... Son frère était ... affreux... horrible... immonde de lui avoir fait ça. Elle ne savait pas très bien... comment elle réussit à traîner les pieds pour rejoindre sa chambre. Elle avait entendu la voiture de Yohann partir et démarrer. Shana entra dans sa chambre, et tomba assise sur son lit, elle laissa son buste tomber sur le matelas, et regarda droit devant elle. Combien de temps put elle fixer la porte ? Elle n’avait plus de larmes à verser... Elle était ... vide de toute émotion. Elle avait tout détruit. Le monde explosif de couleur de la veille était maintenant terne en noir et blanc, sans saveur, sans couleur. Sans peine... mais sans joie. Elle posa alors son regard sur le pyjama en pilou. Elle se redressa, le prit dans ses bras pendant une seconde, puis le fourra dans une poubelle. Shana défit les draps dans lesquels ils avaient dormi, et se mit à les déchirer, puis les fourra dans la poubelle. Elle aurait aussi jeté le matelas par la fenêtre, si elle avait eu assez de forces. Quand tout ce qu’il lui rappelait Yohann fut dans la poubelle, elle descendit en pyjama, pieds nus au milieu de la rue pour mettre le tout dans le conteneur. Puis Shana remonta dans sa chambre, mais « Yohann » était encore là. Il était allongé sur le lit, il était assis à son bureau, il était debout devant la fenêtre, il était appuyé contre le mur, il était partout. La jeune fille ressortit de sa chambre et s’assit sur le canapé, mais il était là aussi, assis sur le canapé. Il était partout dans cette maison. Elle se releva, et alla dans la chambre de ses parents. Mais il était là ... aussi. Elle ouvrit la salle de bain, mais il était aussi dans la baignoire. Elle referma la porte, un peu trop fort. — Que fais-tu Shana ? demanda sa tante en sortant de sa chambre. — Je ... Est-ce que je peux dormir avec toi, tante Hélène ! demanda-t-elle timidement. — Que se passe-t-il ? Shana faillit se remettre à pleurer devant la solitude de sa tante. Mais elle resta là, plantée au milieu du couloir. Hélène ne savait pas quoi faire, quoi comprendre de l’attitude de sa nièce. Alors, elle ne dit rien, et se contenta de l’inviter dans sa chambre. Shana avait l’air si malheureuse, qu’est-ce qui avait bien pu se passer ? Shana se glissa dans le lit avec sa tante. Elle ferma les yeux, avant de se souvenir que cette chambre... c’était celle de Yohann. Il était là... aussi. Elle se recroquevilla sous les couvertures, et pleura en silence. Elle finit par tomber de sommeil. Yohann était assis au volant de sa voiture, il se mit à rouler, à rouler sans s’arrêter... ce ne fut que quand la voiture, fit teuf... teuf qu’il dût s’arrêter, sans essence, la voiture n’allait pas aller plus loin. Il sortit de la voiture, et regarda où il était. Au milieu de nulle part ! Le jeune homme se laissa glisser le long de la voiture, et se prit le visage dans ses mains. Qu’avait-il fait ? Il avait brisé le cœur de sa petite sœur, brisant le sien par la même occasion. En six jours, il avait connu le bonheur le plus ... absolu, le plus pur qu’on puisse vivre. Et maintenant, il était au milieu d’une forêt, tout seul, avec des cailloux dans l’estomac, et le cœur en miettes. Il était tombé amoureux de sa petite sœur, mais leur histoire n’avait pas d’avenir. Qu’est-ce qu’ils pouvaient bien construire ? Qu’est-ce qu’ils pouvaient faire tous les deux ? Il l’avait traitée comme la pire des ... gourdes, passant pour un s*l*p, mais il valait mieux ça. Elle pouvait le haïr, le détester, ce n’était pas grave, tant qu’elle trouvait l’amour avec un homme, qui pourrait l’aimer, la chérir et lui offrir une belle vie. Il ne voulait que son bonheur, il voulait qu’elle puisse sourire et rire à nouveau. Ce ne serait pas avec lui, mais ce n’est pas grave. Il était prêt à être malheureux toute sa vie, si cela permettait à Shana d’être heureuse. Il avait tout gâché, tout détruit. Il serait incapable de lui faire face, de croiser son regard... que ce soit un regard éteint... ou même heureux sans lui. Il ne pourrait pas partager des repas de dimanche en famille comme si de rien n’était. C’était impossible. Il avait perdu sa petite sœur en même temps que la femme de sa vie. Il avait tout ... détruit... tout perdu. Il se releva, il ne pouvait pas rester là, toute sa vie, à se lamenter sur son sort. Demain, ses parents allaient rentrer de leur séjour de Venise... Quelles retrouvailles familiales ! Il remonta en voiture, et prit son téléphone pour chercher une personne à contacter, mais qui pourrait venir l’aider au milieu de la nuit, au milieu de nulle part. Il activa son GPS, pour voir au moins, où il était. Bon, il était à trois kilomètres d’un village. Il allait y aller sans doute quand il allait pouvoir voir plus loin qu’à un mètre devant lui. Il fit descendre son siège pour s’allonger un peu, et essayer de dormir. Il n’y parvint pas... plus... sans serrer le corps chaud de sa petite sœur contre lui, dans cet horrible pyjama en pilou. Finalement, il n’était pas si horrible que ça. Elle était belle sa petite sœur dedans, si sexy, si innocente en même temps. Il avait tenu un trésor entre ses mains pendant six merveilleux jours. Et maintenant, il allait passer le reste de sa vie... tout seul. Parce qu’il avait été incapable de chérir, ce que Shana lui avait donné. On dit que l’amour transcende tout, qu’il est merveilleux ... malheureusement, l’adage qui dit qu’il ne fait pas tout, est malheureusement vrai. Il ne pouvait pas faire de sa petite sœur, une femme ... acceptable pour vivre à ses côtés, aux yeux de la société. Il ne pouvait pas... changer les choses. Il aurait aimé remonter le temps, et dire au « Yohann » d’il y a une semaine de ne pas se rendre à ce rendez-vous. Le pire, c’est qu’il avait failli ne pas y aller... Il avait hésité jusqu’au dernier moment. Yohann revit le visage de sa petite sœur, quand il lui avait dit que ce n’était que du sexe. Il s’était décomposé, et il était devenu tout blanc. Son regard s’était éteint, il avait ... étouffé le feu intérieur de sa petite sœur, qui brûlait avec tellement d’ardeur. Il savait qu’elle vivait tout avec intensité. Un simple sourire, et Shana est la plus heureuse des femmes, et un mot de trop, elle tombe en pleurs. Elle n’a pas de demi-mesure. Il savait qu’il l’avait rendue malheureuse. Tout comme lui, elle était amoureuse. Mais il lui avait fait croire le contraire, pour qu’elle ne s’accroche pas à lui. Qu’elle n’espère rien de lui ! Il était le méchant de l’histoire, c’est lui qui avait tout fait. Qui l’avait pelotée au milieu du salon de son ami, qui l’avait ensuite éveillée à l’amour, qui l’avait caressée, embrassée, qui lui avait fait l’amour. Il était bon à enfermer. Il pensa au mari d’Hélène, qui avait battu sa femme pendant vingt ans, dans le fond, il avait fait bien pire que ça. Yohann se maudit de tous les noms, laissant couler les larmes le long de ses joues. Il n’y avait plus rien à faire. Plus rien à espérer. Six jours avaient suffi. Il finit par s’endormir. Il dormit mal entre l’inconfort de sa voiture, et les cauchemars, où il se voyait ... frapper sa petite sœur à coups de massue. Ou se voyant debout avec un sourire méchant sur le visage, et sa petite sœur recroquevillée à ses pieds en pleurant. Il se redressa quand un camion passa à vive allure sur la route à côté de sa voiture. Il faisait grand jour, maintenant. Il se passa la main sur le visage, et regarda dans le rétroviseur, s’il n’avait pas trop mauvaise mine. Puis il prit ses affaires, sortit de la voiture, la ferma à clé, et se mit en marche vers le village. Première nuit sans Shana. C’était affreux.
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