J’adore passer du temps avec Johny. Mais j’ai l’impression, depuis quelque temps, qu’il me considère juste comme un ami avec qui il peut "baiser de temps en temps". Et a cette pensée, je me sens mal. Parce que moi, je l’aime. Depuis si longtemps. Et je ne peux pas m’en empêcher. Pour moi, le sexe n’est pas le plus important. Et ce qui s’est passé avec James me fait penser qu’en fait, pour certains, il y a que ça qui compte. Déjà, comment a-t-il osé m’embrasser ? J’avoue, c’était très mal de répondre à son baiser mais... il m’a provoqué. Je regrette. Et en parlant de ça, c’est Johnathan qui devrait aller s’excuser. Il n’y est pas allé de main morte avec le pauvre. Je me sens mal pour lui. Tout en marchant dans l’un des nombreux couloirs de ma Fac, je pense à tout ça, et ça m’agace. L’amour, c’est encore plus compliqué qu’une formule logarithmique du second degré. Je sens le rouge me monter aux joues, et j’arrête immédiatement de penser à mon âme sœur.— Dis-donc, toi, t’a l’air de penser à des choses pas très catholiques, hein ?Je m’arrête et lève la tête. C’est Samantha. Bonne surprise. J’avais vraiment envie de parler à quelqu’un qui ne soit pas du sexe masculin. J’ai eu ma dose de testostérone pour la semaine. Je tire Sam vers mon casier, et je regarde aux alentours pour voir s’il n’y a personne.— Je crois que je m’enlise dans une histoire bizarre, avec Johny.Elle me sourit une seconde avant de répliquer.— Ben, tu couches avec lui, et t’adores ça, où est le mal ?— C’est "ça" le mal. Maintenant il pense plus qu’à ça et moi... je veux plus que ça.— Genre, au lieu de te faire défoncer deux fois par jour tu préfères te faire défoncer trois fois ?Je prends un air faussement choqué avant de la fusiller du regard.— Arrête de déconner. Je suis sérieux. Il fait comme si on était dans le film "sexe entre amis".— Et alors ? A la fin les deux tombent amoureux non ?— Ouais mais, je veux cette fin maintenant. Pas dans trois mois.On a passé près de 10 minutes à faire un résumé de la situation. Puis je me suis rendu compte que j’avais un train de retard sur mon cours de science politique. Alors, j’ai couru. Pendant ce temps là...
Johnathan, en plein cours, pensait encore à cette scène qui se répétait sans cesse. Angy dans les bras de ce putain de connard. Celui-là avait intérêt a pas se montrer sinon... Il se rendait compte à quel point il ne supporterait pas qu’on lui pique son... son quoi ? Son ami ? Son petit-ami ?Non, ce n’était pas ça. Johny se rendit instantanément compte que sa relation avec Angel n’était pas du tout claire. Ils étaient plus qu’amis mais ils n’étaient pas en couple non plus. Et qu’est-ce qui empêcherait Angel d’aller voir ailleurs, puisqu’il n’était pas engagé à quoi que ce soit ? A cette pensée, le jeune homme décida de faire pareil qu’Angel. Angel avait flirté avec ce connard de James. Il allait faire pareil pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Comme ça, il verrait ce que ça fait de se sentir trahi. Juste pour une fois. Il ne savait pas encore quoi, mais il devait mettre en scène un plan du tonnerre. A la sortie des cours, IL a vu cette nana. Une jolie brune aux yeux noisette. Pas mal foutu du tout. Il l’avait déjà vu sur le phone d’Angy. Il lui avait dit que c’était sa meilleure amie, une certaine Savannah, ou Tamara, quelque chose du genre. Sans trop réfléchir, Johny fonça. Il rejoignit la jeune femme en quelques pas, et s’attarda pour lui parler.— Salut.La jeune femme se retourna, pour voir en face d’elle un mec, canon pour ne pas dire beau comme apollon. Elle joua aussitôt la carte du sourire ravageur. Il était tout à fait son genre.— Salut ; répondit-elle, resplendissante.— Je ne t’ai jamais vu dans la Fac... t’es nouvelle ?
— Ben non, pas vraiment... mais toi...— Ouais. Je suis là depuis à peine quelques semaines.Elle se retint de rire. C’était lui le nouveau en fait.— Tu pourras alors me faire visiter. Je ne connais pas grand-chose ici. Ok ? Dit-il, sûr de son charme.Elle réfléchit un moment. Elle était censée faire un truc avec Angy mais... un rendez-vous avec un beau mec ça ne se refuse pas. Elle voulait tenter sa chance.— Euh, ok. Maintenant je ne peux pas, mais vers 17 heures...— Ok princesse. On pourrait prendre un verre ensuite, si tu veux. — Ouais, carrément.Elle porta un regard à sa montre et sursauta.— Zut, je vais être en retard. Alors, ce soir, 17 heures, ici ?— Ouais. A plus alors. Mais je veux absolument ton numéro d’abord.Elle gloussa. En général on ne donne pas son numéro comme ça, aussi vite mais... elle craquait trop pour ce bel inconnu.— Voilà ; dit-elle en lui tendant un bout de papier sur lequel elle venait de noter son numéro.— Cool. Bon, alors, a ce soir, princesse.— Ouais ; bye. Et peu après cette scène...
Angy, désespéré, se consolait avec un pot de glace à la vanille. Assis sur un banc, dans le parc de la Fac, il regardait le ciel et s’inquiétait. Johny n’avait répondu à aucun de ses deux messages. Etait-il en colère ? Mystère. Mais Angy ne voulait pas faire le premier pas. C’était à Johny de venir s’excuser.— Ne me dis pas que tu déprimes à cause de lui...Angy leva les yeux. James, iPhone en main, le fixait intensément.— Ca ne te regarde pas. Va t-en.— J’n’irai nulle part. Réponds-moi d’abord et peut-être que j’y réfléchirai.Exaspéré, il se résigna à lui parler.— Oui, c’est à cause de lui. Ou plutôt à cause de toi.— Moi ? S’étonna-t-il.— Oui, toi !— Et qu’est-ce que j’ai fait ?Angel ne savait pas comment réagir face à une provocation aussi ouverte. Il se calma et joua la carte de l’indifférence.— Tu m’as embrassé. Comme ça. T’avais pas le droit.— Et t’as répondu à mon baiser. — C’est faux. Je n’en ai aucun souvenir.Il me sourit et s’agenouilla à mes côtés. Il s’approcha et murmura.— On peut recommencer pour voir... peut-être que ça te rafraichira la mémoire...Rouge comme une tomate, le blondinet le repoussa violemment et s’écria.— Tente encore et tu auras mon poing dans ta face.James rit en s’éloignant un peu. Il alluma son portable et dit:— Je blaguais. J’ai bien compris que tu ne m’aimes pas du tout. J’ai capté le message.— Tant mieux.— Et que dirais-tu d’une autre glace pour me faire pardonner ?Ça sentait le rendez-vous à plein nez. Un piège. Peut-être. Mais Angel en doutait. Et puis... il adorait les glaces. Encore plus quand elles étaient gratuites.— Ok. Mais deux.— Génial. Alors on se voit devant la Fac dans une heure, ok ? J’ai un truc à faire. Angel sourit et se dirigea vers son casier. Samantha n’était pas loin. Il l’appela. Mais elle lui fit signe de la rejoindre. Il capitula.— Alors, ce soir, ça tient ? On aura des glaces gratuites, James nous a invités.— Sérieux ? Répondit-elle, surprise.— Bon, ok, il m’a invité, mais je veux que tu viennes au cas où. En plus, on devait passer la soirée ensemble je te rappelle.Elle soupira et prit un air suppliant. Elle battait des cils, et avec sa voix la plus mielleuse, elle prononça un discours bref.— Désolé, vraiment désolé mais en fait, il y a un mec... super canon, qui m’a demandé de lui faire visiter la Fac et je n’ai pas pu dire non alors. En plus il a pris mon numéro, je crois qu’il flashe sur moi alors... une prochaine fois ? Promis, je te referai pas ce coup-là.— T’as intérêt ; dit-il, en s’éloignant, un peu déçu.
Ce soir-là... Angy accompagna James jusque devant le glacier. Un endroit très sympa ou les étudiants aimaient trainer entre potes ou entre amoureux du dimanche.— Tu verras, on va passer un bon moment.Ne rêve pas. Il n’y a que la glace qui m’intéresse. Sur ces mots, Angy entra dans le salon de thé, et a sa plus grande surprise, il vit Samantha et Johny en train de s’embrasser. Son cœur s’arrêta de battre un instant. Ses pensées s’entrechoquaient. Depuis quand Johnathan aimait les meufs... et le plus important... comment osait-il lui faire ça ? Le tromper avec sa propre meilleure amie. Car oui, Johny savait très bien que cette "Samantha" était une amie. Et il ne se gênait pas. James aussi regardait la scène, un peu surpris. Quelques secondes plus tard, Samantha, rouge après ce baiser enfiévré, aperçut Angy et l’appela de loin.— Hey, Angel, je suis là. Viens.A ces mots, Johny tressaillit, mais il était bien déterminé à faire son jeu jusqu’à la fin. Il se retourna et sourit à Angy. Un sourire qui voulait dire, "prend ça dans ta face. Je fais ce que je veux". Angel, ne sachant pas trop quoi faire, se retourna et courut hors du salon. Il n’allait pas donner à Johnathan la satisfaction de le voir pleurer. Car oui, tout ce qu’il voulait, c’était pleurer, puis se venger. Johny allait payer très cher cet affront. Très cher...
