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Apparences trompeuses

Chapitre 1

Erotique
Il y a ce qu’on appelle le sexe pour le sexe. Et le sexe entre amoureux. Lequel préférez-vous ? Ou peut-être, vous êtes du genre à mélanger les choses : Après tout, qui n’a jamais été infidèle ou du moins, a voulu l’être ? Pris entre deux envies : le grand dilemme. J’ai toujours pensé que nous, pauvres êtres humains que nous sommes, étions de nature très vicieuse. Même les sainte-nitouches ont des secrets pervers cachés bien au chaud, dans un placard.

Mon corps se convulse, des flemmes irréelles le ravagent. La chaleur irradie de tout mon être. Je ne suis plus que plaisir plaisir plaisir. Au bord du gouffre, j’ai l’impression de mourir. Je devrais céder et me laisser emporter au-delà de toutes mes limites. Ne vivre que pour l’amour de l’autre, de ce qu’il peut nous offrir. J’ouvre les yeux, une lumière aveuglante m’éblouit. Je reviens peu à peu à moi. Je le vois se pencher sur moi, que compte-t-il me faire cette fois ? Un regard circulaire me prouve que je suis toujours au même endroit, horriblement familier. Je ne me trouve ni au paradis ni en enfer. Comment reconnaitrais-je ces endroits de toute manière ? Les briques rouges, au mur, le sol nu sous mes pieds. La froideur de la pièce me fait pourtant toujours le même effet, j’ai le sentiment d’être dans un autre univers, complètement déconnectée de la réalité, du monde extérieur. Je cligne des yeux, défoncée, encore sous l’effet de l’éblouissement sexuel. Mais je vous avoue que la lumière n’y est pas pour rien. Je scrute son visage froid, il se penche sur moi. Le bout de sa langue, le serpent incarné, lèche ma bouche. Je serre les lèvres de dégoût. Comment est-ce possible, lui qui m’a offert autant d’extase ? Je détourne le visage, je veux m’en aller. Ne plus avoir affaire à lui, plus jamais. Jusqu’au prochain rendez-vous. Il m’attrape le visage, ses ongles s’enfoncent dans ma chair. Il exige que je lui fasse face. Les membres entravés, je n’ai pas le choix, j’obéis malgré moi. Je sens une immense tristesse se dégager de mon corps, je suis lasse.Son haleine chaude s’échappe de sa gorge et s’évapore. Ses yeux, on pourrait les qualifier de deux grands puits noirs, interminables et sans fond. Rien ne lui échappe, il contrôle absolument tout, dans les moindres détails. « C’est bientôt fini, repose toi ».Je suis passive, je ne bouge pas. Des flashs m’assaillent, un mal de tête insupportable se fait sentir. Je revois les images des dernières heures défilées sous mes yeux.Ses mains voraces sur ma peau, son regard luisant de perversité : C’est de cette manière que je le perçois. Moi, la bouche entrouverte, au bord de l’explosion, les joues rouges, le regard vague : C’est de cette manière qu’il me perçoit. C’est comme ça qu’il me décrit. Il aime me raconter dans les détails l’effet qu’il me procure, l’intensité de mes émotions qui s’expriment de par mon corps. Pas besoin de mots pour ça, je le ressens pleinement. Pourtant, c’est sa drogue, je ne peux pas l’empêcher de décrire crûment, ça l’excite.Il s’éloigne et s’approche à nouveau de moi. Son corps brulant, à travers ses vêtements, je le sens. Ils ne les retirent jamais. Il se penche à nouveau sur moi, il irradie. Il me caresse les cheveux délicatement comme par peur de me casser, il aime faire ça. Ça lui procure énormément de plaisir. Je suis sa poupée, son bébé, son objet, son expérimentation. Ce qui l’enflamme, c’est ce qu’il voit, ce qu’il ressent par ce qu’il donne. Ça l’électrise. Parfois, je le vois dans un état second, à peine perceptible. Il essaye de se cacher, de rester impassible mais il ne peut pas tout contrôler. Certaines choses ne se contrôlent pas.Mon corps, nu, obéit à ses caresses. Sa main sur mon crâne se glisse sur ma joue, ma gorge, se transforme en effleurement. Je réagis involontairement, mon corps tout entier se tend, en attente de ce qui arrivera. Ses attouchements s’accentuent sur ma poitrine. Il appuie sur ma peau, sans douceur, pourtant sans douleur. Je tourne la tête pour le voir, je voudrais qu’il me rassure. Il me sourit, un sourire qui apaise et il retire aussitôt sa main ; on aurait dit qu’il s’est brûlé.Ils s’en va encore une fois, quelques minutes passent, il revient d’un pas vif. Puis, je tombe, inconsciente. Mes paupières se referment, je ne peux plus lutter, je sombre.
J’émerge lentement, les membres endoloris, désorientée. Je suis dans mon lit, chez moi, à l’abri de tout danger. Je me redresse et me laisse finalement aller contre les coussins moelleux qui m’apportent un réel réconfort. Je regarde l’heure, plus d’une journée s’est écoulée depuis qu’il s’est manifesté.Je sais que je ne pourrais jamais me passer de sa présence singulière. Je suis convaincue qu’il est et restera toujours là, quelque part, à veiller sur moi.La solitude ne me ronge plus.Je ne suis pas la jeune femme réservée, étrange pour certains, qui passe ses journées, monotones, comme elles viennent. Je vis.
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