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L'Aube se lève

Chapitre 1

Hétéro
L’aube se lève. À peine sans un bruissement, me semble-t-il. Ou peut-être suis-je endormi ? Après tout, la frontière entre le rêve et la réalité est parfois si mince que, pensant pourchasser un rêve, on peut heurter un mur ; et pensant heurter un mur, on peut plonger dans un rêve. Oui… D’ailleurs, c’est évident que c’est un rêve. L’aube ne fait pas de bruit. Quoi-qu’à trop réfléchir sur des questions inutiles, je vais me réveiller.
Je m’éveille. Seul dans mon lit, comme toujours. Innombrables matins du célibataire où, se réveillant, il espère trouver dans son lit une magnifique femme en petite tenue, dormant dans une position obscène. Quand on a l’habitude, on n’espère même plus une belle femme : juste une femme. Puis, plus loin dans l’amertume, on se dit qu’on accepterait même une vieille. Ou un vieux, pour ce que ça change ! Au cours de ses trois premières années, l’être humain est asexué ; et dans les trois dernières, il l’est également. Mais en plus laid.
Même pas un vieux ? Non ? Une jument ? Un bébé poney ? Toujours pas ? Un castor, dans ce cas !
On en vient à se dire que ce que l’on considérait hier, alcoolisé, comme des boulettes de brocolis était en fait des boulettes de shit... À la réflexion, qu’un ami vous propose, à trois heures, des boulettes de brocolis en sortant de boîte, ça semble étrange. Mais, quand on est bourré, on aime tout ; y compris les boulettes de brocolis.
Je me lève. Houlà… doucement ! Le sol bouge... Un peu comme à Fukushima, à la différence que, cette fois-ci, les radiations proviennent de mon cerveau.
Je marche d’un pas chancelant vers les toilettes. Passons les détails ; je dirai juste que j’ai gerbé. Étant donné qu’il y avait, bizarrement, deux cuvettes, j’espère avoir choisi la bonne !
Je me sens beaucoup mieux ; je suis tout neuf. La journée peut commencer.
Nous sommes samedi matin : je ne sors jamais en boîte en semaine. Mon travail me bouffe déjà suffisamment de temps ; si en plus je devais y aller avec la gueule de bois...
Je suis recruteur de football. Rapide topo sur ce que c’est.C’est moi, l’homme exécré de tous les fans du ballon rond. Celui qui parcourt les petits clubs français, déniche les perles rares, et hop ! Les kidnappe au profit d’un gros club anglais.« Tu seras bien payé, tu auras de la notoriété, tu seras riche, célèbre, et tu évolueras avec les meilleurs. »Comment veux-tu que le gamin résiste ?
Ça, c’est mon job : dénicher les perles rares. Quatorze ans, pas plus ; après, c’est trop tard. Avant 14 ans, il est plus facile de donner une somme juteuse aux familles et au club contre leur gamin. Job exécrable, mais ça me plaît.
J’avale mon petit déjeuner, avec toujours mon portable à portée, au cas où un ami me proposerait une beuverie. Je me noie dans la contemplation d’un carré de chocolat, tout beau, tout verni, tout propre. Il est beau, ce chocolat. Je ne dois pas encore être totalement sobre : je suis en train de parler à un carré de chocolat.
Mon portable vibre si fort que je laisse tomber le carré. Pestant, je regarde qui m’appelle. Merde ! Le directeur du club… Je souffle trois secondes avant de décrocher, histoire qu’il ne se doute pas que je suis dans un état loqueteux.
Il me demande comment ça va, et me dit que le club va opérer une grande nouveauté. Intrigué, je lui demande de quoi il retourne. Il me répond qu’il va créer une équipe féminine, en réponse aux autres clubs qui se lancent sur ce marché. Il m’annonce qu’en tant que recruteur du club, je devrai également m’occuper du recrutement des futures stars du ballon rond. Étonné, j’accepte ; je n’ai de toute façon pas le choix. Merci, au revoir.
Je suis perplexe. C’est le mot juste, je crois. J’ouvre mon PC et commence à envoyer quelques mails aux différents présidents de clubs féminins que je connais. Ne pensez pas que le patron me lance là-dedans sans discernement : je connais bien le domaine féminin.Il y a une grosse pointure en Europe : c’est Lyon. Donc, hors de question d’aller là-bas car personne ne voudra quitter ce club. Il faut donc aller piocher à Strasbourg, Marseille, Paris ou Évian. En sachant qu’en-dessous de 16 ans, je peux les recruter. Je décide d’aller à Strasbourg, qui est éloigné de Lyon ; les recruteurs lyonnais ne vont dans doute pas jusque là.Je réserve un billet à destination de Strasbourg pour ce lundi : en effet, c’est le jour de la semaine où se déroulent les championnats des cadettes.
Le lundi arrive vite, trop vite ; ces week-ends sont décidément trop courts à mon goût lorsqu’on dort une bonne partie du samedi.
Je prends le train de huit heures, et dors pendant une bonne partie du trajet. Le match a lieu à 14 heures ; j’ai donc le temps d’aller déjeuner avec l’entraîneur du club, qui est un ami. En achetant ses footballeuses, mon club va lui faire gagner un joli pécule. Le déjeuner se passe sans encombre, sans rien de notable ; nous discutons sport, avenir, équipe de France, foot féminin.
L’heure du match arrive ; il s’agit de Strasbourg contre Sedan. Je m’installe dans les gradins avec mon calepin à la main, mon portable, divers feuillets et informations.
Le match débute. Elles se battent, ces filles. Le foot féminin est moins dangereux que son homologue masculin, c’est vrai, mais il n’en est pas moins hargneux. Je repère une joueuse, reconnaissable à sa belle chevelure blonde, qui a un niveau de jeu très correct. Elle délivre un beau ballon à sa partenaire brune qui marque le premier but pour Strasbourg. Puis Sedan égalise, et la blondinette redonne l’avantage à Strasbourg. Elle joue bien, cette petite. Et jolie avec ça… Après la reprise, Strasbourg ne fait plus d’erreurs et écrase son adversaire 6 à 1, avec deux nouveaux buts de la blondinette.
À la fin du match, après avoir parlé à l’entraîneur, je vais m’entretenir avec la blonde. C’est une partie de mon job, évoquer un possible recrutement. Les joueurs sont souvent réticents, n’acceptant pas de quitter le cocon familial, et encore moins le pays.
Elle est dans le vestiaire. Je souhaite lui dire de venir me voir après. Personne ne répond. Pourtant, l’entraîneur m’a bien dit qu’elle était là... Je toque de nouveau, puis ouvre la porte.
Elle ne m’a pas entendu, étant sous la douche. Je me fige devant cette vision. Elle est musclée, fine... Sa poitrine magnifique, en forme de poire, donne envie de la croquer. Sa chute de reins est un pur appel au viol. Et, entre ses deux jambes parfaites, se dissimule son intimité complètement rasée. Je suis subjugué par l’érotisme qui se dégage de cette scène ; ses mains parcourent son corps... Je me délecte du spectacle, puis referme la porte, craignant d’être vu.
Je soupire de satisfaction, et décide de l’attendre devant la porte.
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