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Balbutiements

Chapitre 2

Vieille poussière et vernis tout neuf

Erotique
Je surveille la route depuis la fenêtre de la bibliothèque à chaque bruit de moteur qui ralentit. La ferme du moulin est tout de même éloignée de près de cinquante kilomètres, alors Michel ne va pas rentrer de suite avec son précieux chargement. Je dois absolument m’occuper l’esprit pour ne pas tourner et virer dans la maison sous l’impulsion de mon émotivité trop intérieure. Pas moyen de lire, manque de concentration, due au fait de savoir que mon rêve le plus puissant de toute une vie est en route vers sa réalisation. Alors, il me vient une idée...
Sur mon ordinateur, je tape : « Facteur de pianos. Accordeur de pianos ». La liste n’est pas très fournie. Je note toutefois quelques numéros pas trop loin du lieu de notre résidence et je me dis que j’appellerai lorsque j’aurai récupéré mon téléphone dont mon petit mari se sert pour l’itinéraire. Je suis tellement anxieuse que je finis par me dire qu’une douche ne peut que me faire du bien. Sans aucune hésitation, je me déshabille et je passe dans la salle de bain. C’est avec la cuisine, un de mes endroits favoris. Une bonne manière de tuer cet énervement qui me gagne au fur et à mesure des minutes qui passent.
Il ne m’est pas possible décemment de me confiner toute la matinée dans cette unique pièce. Donc je reviens dans la cuisine pour y préparer notre déjeuner. Entre trop de sel et pas assez de farine, je parviens finalement à concocter de quoi remplir nos estomacs ce midi. Et les secondes continuent de s’égrener une à une et chaque ralentissement sur la route qui contourne le lac me fait sursauter. L’attente peut parfois devenir pesante. Enfin à douze heures trente... ce n’est pas le bruit de la voiture de Michel qui m’alerte.
Non ! C’est celui du portail qui roule sur le côté pour ouvrir le chemin qui mène à la maison. Je trépigne d’impatience. La berline glisse sur le côté de la maison et derrière elle, un poids lourd manœuvre en marche arrière pour venir se mettre « à cul » de la porte-fenêtre de la salle à manger. Le chauffeur est un virtuose et sa machine arrive pile-poil au centimètre près, là où il veut la mettre. Michel est près de moi.
— Ben ma belle, ce n’était pas une mince affaire à monter dans le camion... il a d’abord fallu le descendre du grenier. Ça pèse un poids de chien ton truc. Enfin tes machins parce que le secrétaire n’est pas mal non plus. Tu verras, nous avons dû scotcher les tiroirs pour qu’ils ne branlent pas dans tous les sens.— Vous n’avez rien cassé ? Ça s’est bien passé ?— Oui... ces gars-là sont de véritables « pros ». On laisse le secrétaire à l’atelier ? Il a besoin d’être rafraichi.— Oui... mais pour le piano peut-être est-ce mieux de le mettre en place dans la bibliothèque tout de suite, comme ça, il n’aura plus à bouger...— Il est en parfait état ! Excepté la poussière et les habitants indésirables...— Les quoi ?— Ben, les araignées et autres bestioles...— Je vous prépare l’apéritif ?— Oui ! Ce ne sera pas du luxe et puis... les gars vont manger avec nous... ça le fait ?— Euh... oui, oui bien entendu ! Je remets des couverts supplémentaires... quatre en plus, c’est bien cela ?— Heureusement que nous étions cinq oui... parce que je ne te raconte pas comment déjà on a galéré pour le descendre, ton instrument...— Michel...—... !— Je t’aime !
Il me fait un bisou et file retrouver les types qui ont déjà ouvert le hayon du bahut. J’entends les voix des gaillards qui posent des questions.
— On vous met ça où, Chef ?— Le petit, vous me le posez dans l’atelier qui se trouve dans l’annexe de la maison. Mais nous avons des planches à roulettes pour ne pas porter de trop lourdes charges.— D’accord, et le crincrin, il va lui aussi dans cet atelier ?— Non dans la bibliothèque... venez je vous montre.
Et la voix de mon homme monte d’un cran...
— Claude ! Claude, tu viendras nous dire où et comment doit être disposé ton... engin !
Je les ai rejoints alors que le secrétaire est sur le monte-charge du camion. Lentement, le plateau électrique s’abaisse et sous des couvertures propres, bien sanglé, le meuble à tiroirs descend. Des bras musclés empoignent mon nouveau passe-temps et c’est presque un jeu d’enfant de le faire rouler vers ce qui me sert d’atelier. Au fond duquel le bateau de Michel passe les hivers. Il est arrivé à bon port et un des types récupère les emballages de laine qui protège le bois.
— Bon ! C’est pas tout ça ma petite dame... mais il nous reste votre... instrument... un coup à se casser le dos. Vous savez faire les massages ?
Michel rigole et les autres mecs se marrent de concert. Tous les cinq quittent le local où la lumière entre par de larges baies vitrées... j’en profite pour faire le tour de ce qui va me prendre un temps fou. La restauration de cette jolie pièce est déjà dans mon esprit. De loin, je suis les grandes manœuvres qui s’avèrent plus compliquées que prévu, le piano ne passe pas à l’horizontale. Alors le mettre debout est tout un cinéma. Mais ces gars-là savent et connaissent leur boulot. Le Yamaha achève son pèlerinage à la place exacte où je le désire.
Le rituel du déballage se rejoue dans la bibliothèque. Et les hommes se réunissent autour de l’engin. Michel ouvre le couvercle du clavier... la longue rangée de touches blanches et noires est là avec leur urgent besoin d’un vrai dépoussiérage. Je soulève la table d’harmonie et la repose sur sa béquille. Là aussi, de nombreuses toiles d’araignée demandent un nettoyage complet. L’un des types m’interpelle.
— C’est du bois ?— Oui ! Normalement de l’épicéa... épicéa d’Alaska appelé Sitka ! Il permet d’avoir un son presque parfait en stoppant les sons parasites, les harmoniques... en fait, c’est très compliqué. Ce bois a la particularité d’arrêter les sons les plus aigus et d’amplifier les bonnes sonorités... une belle trouvaille. Seuls les sons que nous percevons comme ronds et mélodieux sont transmis, et ce, avec une grande richesse.— Hé ben ! C’est tout un poème votre Piano... vous savez jouer ?
Pour toute réponse, je monte une gamme. Ce n’est pas parfait... la saleté et surtout le désaccord de certaines cordes ne rendent pas un son impeccable...
— Il a besoin d’être remis en état, mais il va reprendre du service... tout comme le secrétaire, revenez dans un mois ou deux...— Vous nous enverrez une photo... qu’on se rende compte.— Bien messieurs... vous voulez peut-être vous laver les mains et prendre l’apéro avant de manger ? Michel, tu veux bien emmener ces hommes-là à la salle de bains.
Il n’y a aucune récrimination et tous le suivent, sans discuter. Mon lapin et sa purée pomme de terre-carotte font aussi le bonheur de ces ogres qui finissent le plat. Ensuite un bon café, puis mon mari règle le déménagement. Les quatre bonshommes nous quittent presque enchantés de leur samedi. Il faut dire que j’ai aussi remis à chacun une enveloppe dont leur boss n’entendra sans doute jamais parler. De quoi leur offrir un peu de distraction ou mettre un peu de beurre dans les épinards. Nous voici de nouveau seuls, Monsieur mon homme et moi.
— Alors ? Tu as trouvé facilement la ferme du moulin ?— Ah oui ! Il faut que je te rende ton téléphone. Oui, en plus le petit jeune là-bas était sympa. Je lui ai dit de passer s’il en avait l’occasion. — Tu as bien fait. Il est beau, non ?— Tu parles du garçon ou du piano ?— Enfin... pourquoi le jeune homme ? Tu es un peu... tu ne penses tout de même pas que je vais draguer un presque gosse.— Il ne doit guère avoir que dix ou quinze ans de moins que nous. Et les cougars... ça existe aussi.— Quelle idée ! Je lui donnais à peine vingt-cinq piges... J’ai déjà un vieux à la maison et il est difficile à satisfaire.— Tu trouves ? Je croyais que j’étais facile à vivre moi...— Oui... mais à faire jouir, c’est de plus en plus long !— Ah ! On pourrait s’y prendre dès maintenant pour que j’y parvienne avant la fin de la nuit, qu’en dis-tu ?—... que ce n’est pas une si mauvaise idée !
Eh bien... oubliées mes douleurs lombaires de la soirée de la veille. Ou alors simplement remplacées par de nouvelles. Aux mêmes causes, les mêmes effets, ne le dit-on pas ? Nos corps en fête se retrouvent avec un évident bonheur et ce qui suit reste du domaine de l’intime. La jouissance n’est pas non plus une science exacte, mais je dois avouer que je savoure ces instants où nous sommes en communion. Je ne crois pas que Michel s’en plaigne et puisque c’est lui l’instigateur de nos jeux d’adultes, il n’a donc pas son mot à dire.
— oooOOooo —

Après ce jumping d’un genre spécial, Michel passe dans son bureau et moi... je mets des gants, et me munis de mon aspirateur. Les bébêtes et grains de poussière n’ont plus qu’à bien se tenir. J’astique, nettoie, embellis. Dans un premier temps, j’aspire tout ce qui peut l’être. Et enfin, je lave les boiseries vernies. Finalement, l’instrument reprend un peu de ses couleurs initiales. Michel revient dans mon environnement une bonne heure plus tard.
— Waouh ! On peut dire que tu lui as refait une beauté...— On voit où je suis passée ?— Ça, tu peux le dire...
Comme je reste un peu courbée vers l’avant, il s’en inquiète d’un coup.
— Tu t’es fait mal ? — Parce que tu crois que le traitement de faveur que je subis depuis hier soir est fait pour calmer mes maux de dos ? — Ce n’est donc que cela ? Attends ! Je sais un remède...— Quoi ? Tu ne vas pas encore...— Mais non ! Viens par là. Étends-toi sur le canapé.
Dans la bibliothèque, en plus de cet immense piano fraichement arrivé, il y a aussi contre le mur qui lui fait face un sofa où j’aime venir lire. Et Michel m’empoigne par le bras gentiment, me poussant vers ce confortable endroit. Sans me laisser le choix, il me force à me coucher. Mon tablier et mes gants sont les victimes directes de son idée. Ma robe est rapidement dégrafée et c’est sur sa petite femme en soutien-gorge et petite culotte que le monsieur commence à opérer. Au bout de quelques minutes d’un massage bienfaisant... il se redresse.
— Je vais chercher une serviette de bain et une huile essentielle... si tu veux bien tout enlever...— Je te vois venir...— On a qu’une vie mon amour... et la nôtre n’est pas si moche.
Je me tais, il a tellement raison. Je m’assois également et en deux temps et trois mouvements, les derniers oripeaux qui me couvrent sont en tas avec ma robe, mon tablier et mes gants de ménage. Mon diable de mari est déjà là qui dispose sous moi son drap en éponge.
— Voilà ! Je ne voudrais pas saloper ton beau sofa...— Pff ! Quelle prévenance ! Je t’en remercie.
Et sans demander mon reste, je me glisse à nouveau dans la position préconisée pour un massage efficace. Lui reprend alors ses longs va-et-vient, cette fois avec un baume fleurant bon la menthe. Et je dois reconnaitre que c’est agréablement doux. Il passe, repasse sur des endroits découverts, sans pour autant tenter une approche plus sexuelle de cette opération. Et très tranquillement, c’est l’ensemble de mon corps qui échauffé par les mains bien trop douces, réclame petit à petit en me donnant une chair de poule incontrôlable, plus de câlineries encore.
Je sens bien que Michel n’est pas dupe. Il s’efforce de ne rien laisser paraître, continuant son travail de sape savoureux. Et plus ça va, plus mes soupirs sont perceptibles. Il arrive donc un moment où je ne tiens plus et c’est moi qui quémande des caresses plus osées. Mais je ne le fais pas de la voix. Je laisse traîner mes bras et mes mains pour attraper tout ce qui navigue à mes côtés. À force de chercher, je réussis à accrocher la ceinture de son pantalon, il ne tente plus de m’échapper. Et mes doigts ont très vite ouvert ce qui renferme l’objet de ma convoitise.
Michel ne recule plus. Il rit aux éclats...
— J’avais cru comprendre que c’était non... Gourmande va !—...
Je n’ai rien à ajouter. Et comme il s’est suffisamment rapproché, ma bouche prend le relais de mes mains. Ce qui n’est pas pour lui déplaire. Une autre partie se joue, là ! Couchée, je peux me laisser aller à goûter aux joies de téter sans qu’il rechigne. Il continue à me masser les épaules, le cou, mais c’est de plus en plus mollement. Et pour finir, ses pattes s’arriment sur le haut de mon crâne, pour que j’aille jusqu’au terme de mon entreprise. Pourquoi aurais-je l’idée seulement de le lâcher en plein milieu d’une action qui me convient autant qu’à lui ? Il ne relâche son étreinte que lorsque j’ai mené à son achèvement cette gâterie dont il raffole.
Il n’en demande pas plus alors que pour son plaisir comme pour le mien, je déglutis ce que généreusement il a abandonné dans ma gorge. Il se croit quitte après que la mollesse a gagné cette partie qui vient de pleurer fièrement. Mais je réclame une dernière faveur... celle de l’embrasser pour qu’il déguste ses propres saveurs. Ce dont il s’acquitte sans sourciller, avec un empressement à la hauteur de l’amour qu’il me porte. Et il reprend son massage comme s’il ne l’avait jamais arrêté.
Un interlude des plus plaisants dont il ne se plaint nullement. Quant à moi, j’adore ses caresses qui frictionnent ma peau sur toutes les parties accessibles, voire sur celles moins palpables. Mais toutes les meilleures choses doivent se savourer avec modération. Et lorsqu’il décide que ça suffit, je ne cherche pas à le retenir. Non ! Au bout d’un long moment, ce n’est plus amusant et mieux vaut peu souvent que beaucoup parfois. Il me reste tant à faire... et côté piano, il me faut attendre le passage d’un accordeur que je n’ai pas encore contacté. Ce qui fait que je me rabats sur le secrétaire.
Et pour commencer, j’extrais chaque tiroir de ses coulisses, notant sur un plan l’emplacement de chacun. Chaque chose à sa place et chaque place à sa chose... ainsi pas de surprise au remontage. Je fais de même pour tous les meubles que j’ai à remettre à neuf. À la vingt et unième alvéole, le squelette du secrétaire est prêt à se voir refaire une beauté. Tout débute par un savant shampoing. Eau savonneuse et huile de coude doivent faire l’affaire. Ça me prend la moitié de l’après-midi et mon petit mari passe la tête par l’entrebâillement de la porte.
— Alors Claude ? Ça avance un peu ?— Oui ! Regarde comme il s’éclaircit. — Ouais...
Il se baisse pour regarder de tous les côtés et d’un coup, il fait une drôle de réflexion...
— Tiens ! Le tiroir du milieu n’est pas de la même longueur que les deux autres de chaque côté ?— Quoi ? Allons laisse-moi bosser ? J’en ai pour encore un sacré bout de temps...— Tu as tout ton temps ! Je ne vais pas sortir le bateau demain... alors !— Je croyais que tu voulais pêcher ?— Je peux le faire depuis le bord. Tu sais bien que les brochets ne sont pas toujours très loin des berges... enfin, tu devrais le savoir depuis le temps que je te le répète. Mais tu ne t’intéresses guère à moi, mes loisirs, mes passe-temps.— Eh bien ! Monsieur me fait sa petite crise ? Tu sais bien que la pêche et moi...
Il rit de nouveau et j’ai droit à une claque sur les fesses, plus sonnante que douloureuse.
— Frappe-moi encore et je divorce.— Si tu veux un bon avocat, j’en connais un très bien !— Mais je suis capable de me défendre toute seule. Et puis les conseils ne sont là que pour soutirer de l’argent aux pauvres malheureuses comme moi...— Il faut bien également qu’ils paient les achats compulsifs de leurs épouses... tu sais celles qui ont la folie des grandeurs.— Parce que pour vous cher Maître, un piano c’est le must de la bourgeoisie ? J’imagine bien que vous préférez le violon au piano pour des raisons plutôt... pénales.— Elle est bonne celle-là. Madame Claude fait de l’humour... on aura tout vu. Je suis un mari délaissé...— Et bien qu’est-ce que ce sera lorsque je ne voudrai plus que tu me tripotes...— Ça n’arrivera jamais. Tu es bien trop nymphomane pour cela...— On dit cela, on dit cela... et puis on tombe de haut !
Il m’a de nouveau attrapée par le bras. Et nos lèvres se ressoudent, toujours avides de retrouvailles aussi spontanées ! Mais pour les galipettes, il devra se faire à l’idée que je ne veux plus... que pour l’instant, j’ai eu ma ration. Je travaille encore une bonne heure sur mon meuble. Et il reprend déjà des couleurs plus vives. Le bois doit encore sécher pour que je puisse le cirer. Il me revient à l’esprit la phrase de Michel :
Le tiroir du milieu n’est pas de la même longueur que les deux autres de chaque côté ?
Je me mets donc à genoux pour inspecter l’intérieur de l’armature du secrétaire. Et aussi bizarre que cela puisse paraître, je découvre qu’il avait raison. Je tâte un peu partout sans trop comprendre à quoi peut servir cet espace non utilisé.
En tapotant sur le caisson qui se trouve en butée de l’emplacement du tiroir, j’entends bien que ça sonne le creux. Une cachette secrète ? Il n’en faut guère plus pour me faire rêvasser. Mon esprit un peu fantasque se retrouve à la fête. Et je tripote un peu partout. Pas moyen de découvrir un endroit, un mécanisme permettant d’ouvrir ce casier qui peut-être détient un secret. Alors de guerre lasse, j’abandonne en songeant qu’il doit finalement s’agir d’un renfort pour que la structure de bois ne travaille pas trop. Et j’abandonne mes songes de pièces d’or cachées ou de bijoux perdus...
À l’extérieur, le ciel est d’un bleu profond. Pas de nuage, pas de vent. Je devine, sur le bord du lac, le scion de la canne à pêche de mon mari. Je me décide donc à aller voir mon pêcheur qui se fait plaisir. Mais il est lui aussi de repos et ma foi, nous occupons nos temps libres de la manière qui nous convient le mieux. Il a sans doute déjà perçu mon pas pourtant léger. Et il me fait signe de ne pas faire de bruit.
— Ça va, tu as pris notre souper ?— Non ! Pas encore, mais tu vois là...— Quoi ? — Là, sur cette seconde canne, le fil qui déroule ! J’ai un joli départ.— Eh bien ! Pourquoi tu le laisses filer ?— Il faut qu’il avale mon poissonnet... encore un peu de patience et il viendra peut-être dans l’épuisette.— Attendons alors ! Puisque Monsieur Brochet se décide à mordre. C’est bien un brochet ?— Je n’en sais rien. Il y a depuis quelques années de grosses perches et des sandres... C’est un carnassier, c’est tout ce que je peux t’en dire.
Alors je m’assois près de lui qui, patient, laisse la bête sous l’eau manger son vif. J’admire son calme. Moi je suis déjà tout énervée par l’idée d’une capture, alors comment mon diable de mari fait-il pour rester aussi stoïque ? Il m’étonnera toujours. Et machinalement pour jouer, je lui pose une main sur la cuisse.
— Eh ! Tu ne voulais plus tout à l’heure et là, ce n’est plus le bon moment pour moi...— Un de raté, dix de retrouvés ! Non ?— Tu parles de quoi ? Du brochet ou...— Devine donc, Monsieur mon homme... Bon il te faut réagir... nous avons faim.— Si tu me le fais louper, je te jure que je te jette à l’eau pour que tu ailles le récupérer à la nage...— Des promesses, toujours des promesses...
Nos regards se sont croisés. Et le trouble de ses yeux n’a d’égal que celui qui traverse les miens. J’ai un coup de chaud. Dire que nous en sommes à je ne sais plus combien de séances de tendresse depuis hier soir... comment est-ce possible que mon ventre ne soit jamais rassasié ? Et lui ? De quel bois est-il construit pour arriver à recouvrer une pareille érection chaque fois que mes doigts l’effleurent ? Ça nous est déjà arrivé bien entendu, mais nous étions plus jeunes de quelques années.
Il a relevé d’un coup sec le bout de sa gaule. Le fil a fait comme un arc et à quelques dizaines de mètres du bord, un quelque chose a fait un bond en avant.
— Waouh ! La vache... ça a l’air gros ! En tout cas, ça tire pas mal.— S’il vient jusqu’au bord, il aura bien mérité le droit de vivre... alors il repartira d’où il vient. Le plaisir, c’est aussi la touche, pas forcément de consommer...— Je t’aime Michel ! — Et moi ma belle, j’ai ce dont tous les hommes rêvent. Un beau lac près de chez moi, une jolie femme et du soleil. Tu vois l’existence nous apporte parfois de belles compensations...
— oooOOooo —


À suivre...
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