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Chroniques immortelles - Colère divine

Chapitre 2

... et l'enfer

Divers
Tout est gris au petit matin. Une pluie fine tombe d’un ciel plombé. Et mon moral. J’ai la tète en vrac, un mélange de déception, de frustration, de chagrin… de jalousie. Et je fais la gueule, au point que je tourne le dos sans répondre quand Pawin me lance son « bonjour » habituel.
Il y a un malaise dans la tribu. Tous ont ressenti la tension qui est soudainement apparue. Et la tension dans un groupe aussi restreint que cette tribu, c’est pas bon du tout. La cohésion du groupe dépend de la bonne entente entre ses membres. Et mon arrivée inopportune a foutu le bordel !
Je me suis assise un peu à l’écart le temps de donner le sein à Yuma. Il a fallu que j’aille une minute au bord de la rivière pour un bon décrassage, parce que voyez-vous, si les couches culottes n’existent pas ici, un bébé reste un bébé si vous voyez ce que je veux dire. Et je m’interroge. Rester, avec les risques que çà comporte ? Ou partir ? Oui mais alors que devient la relation que j’imaginais débuter entre Yuma et son père ? C’est alors que Kanuna l’ancienne vient me rejoindre.
— Ne sois pas troublée ma fille, Pawin est un grand chasseur, il est suffisamment fort et adroit pour avoir deux femmes. La vie doit trouver son équilibre. Ce sera l’affaire de quelques jours. Viens maintenant, nous devons aller chercher de la nourriture au potager avec les autres femmes. La chasse n’a pas été très bonne ces derniers temps.
Deux femmes ! Pawin avoir deux femmes ? Moi, partager mon homme avec cette petite pute ? Et pourtant… Ce n’est pas un cas unique. Il y a plusieurs hommes au sein de la tribu qui sont dans ce cas. Non pas qu’il y ait des hommes sans femmes, mais… la chasse est dangereuse et parfois… un des chasseurs ne revient pas. Ce qui fait qu’il y a un peu plus de femmes que d’hommes dans la tribu.
Oui mais voila, Eyota acceptera t-elle ce ménage à trois ? Je ne veux pas être la briseuse de ménage.  Comme une automate, je suis l’ancienne avec les autres femmes après avoir mis Yuma dans son porte bébé d’un coté, et un sac pour la récolte de l’autre.
Il pleut. Il fait presque froid. On patauge, on glisse, on s’enfonce jusqu’à la cheville dans le sol détrempé, aussi la récolte est rapidement  expédiée. Nos sacs sont remplis et il est temps : je suis maculée de boue, les cheveux collés au visage par l’humidité, j’ai bonne mine ! J’ai senti sur mon dos le regard inquisiteur en permanence de la jeune femme. Ça va être gai !
Nous sommes presque arrivées lorsque soudain je titube, ma vue se brouille, ma tète tourne. Je pousse un cri et je tombe à terre, haletante, la respiration courte.
— Qu’est-ce qu’il y a ?— Kirin est tombée, elle a glissé ?— Non, elle a perdu l’esprit. Elle attend un autre bébé ?
Les femmes ont fait cercle autour de moi. Des hommes sont venus aussi. Pawin est avec eux, l’air inquiet. Eyota elle même est surprise. Je tremble, je halète, je reprends lentement mes esprits.
— Qu’y a t-il ? Me demande Pawin.— J’ai… j’ai senti quelque chose, un grand bouleversement dans la fo… euh, quelque chose de terrible est arrivé… quelque part… par là, dis-je en étendant le bras vers le lointain, des voix qui ont crié toutes ensemble, du feu, des … des détonations.
Je me mord les lèvres. Reprends tes esprits Christine, tu es encore en train de faire un truc de Jedi ! Je me calme.
— Par là, me demande Pawin ? Ou çà, tu peux le voir ?— Un autre village à peut être cinquante kil… à deux ou trois jours de marche d’ici, au bord de la rivière.
Pawin s’est redressé. Il palabre rapidement avec les autres hommes pendant que les femmes, Kanuna en tète me cajolent pour m’aider à reprendre mes esprits. Je n’arrive pas à me concentrer sur leurs échanges tellement ma tète est remplie d’image horribles. Un village a été attaqué, c’est sur mais par qui, et pourquoi ? Je me relève.
— Je connais ce village, me dit Pawin. Quand j’étais enfant, ce sont eux qui m’ont enlevé. Plus tard nous avons fait la paix, mais j’ai grandi là bas. J’y avais une femme.— U… une autre femme ???— Oui, mais elle a rejoint très vite les forêts célestes. Un serpent. Alors je suis revenu ici vivre avec les miens.
Il se tourne vers les autres hommes.
— Nous devons aller à leur secours. Ce sont nos amis. Et nous devons savoir ce qui leur est arrivé. Ce qui les a frappé pourrait nous frapper aussi. Nous devons savoir.
Les hommes acquiescent. Ils se mettent rapidement d’accord. Pawin va y aller avec deux autres hommes. J’ai croisé le regard de Eyota, toujours aussi fermé pour ne pas dire menaçant. Me retrouver seule avec Yuma face à elle sans la protection de Pawin ? Alors je saute sur l’occasion.
— Je viens avec vous ! Dis-je.— Venir avec nous ? Répond Pawin. Non Kirin, tu ne peux pas.— Et pourquoi je ne peux pas ? Dis-je les sourcils froncés. Parce que je suis une blanche et que tu as peur que je ne puisse pas marcher aussi vite que vous ?— Non, non ce n’est pas çà. Mais justement tu es une blanche et tous les indiens de la région en te voyant….
Il s’interrompt net. En une fraction de seconde, j’ai changé d’aspect. Exit la blonde européenne. J’ai à présent les traits d’une indienne tout à fait ordinaire. Pour un rien on me prendrait pour un sœur de Taima tellement je lui ressemble. Pawin hoche la tète.
— Là oui, dit-il. Maintenant tu peux venir avec nous, dit-il avec un petit sourire.
Les préparatifs sont vite expédiés. Les trois hommes emportent machettes, arcs, flèches, sarbacanes, fléchettes. Kanuna et Taima m’aident à bourrer confortablement le porte-bébé avec des plumes et des fibres moelleuses bien fraîches. Nous prenons quelque nourriture et en route.
Les deux compagnons de Pawin, Patamon et Ohanko ont échangé quelques mots avec ce dernier. Manifestement ils ne sont pas d’accord. J’aurai du rester au village. Une femme va les retarder, surtout moi ! Vexant… mais ils en sont pour leurs frais ! Cette fois, je fais usage de mes facultés d’immortelle. J’ai poussé mes muscles, j’efface ma fatigue au fur et à mesure et du coup je suis capable d’aller plus vite qu’eux !
Vous vous demandez peut être pourquoi je ne suis pas partie faire un vol de reconnaissance au-dessus du lieu qui a été attaqué ? Eh bien je l’ai fait le premier soir lors de notre halte après avoir confié Yuma aux bon soin de Pawin (et malheur à lui s’il ne fait pas le boulot correctement!) et qu’il m’ait expliqué où et comment le localiser. Muée en harpie féroce, j’ai gagné le lieu  pour constater que le lieu est désert ! Pas une âme, juste quelques chiens et poulets à l’abandon, des traces d’incendies, des cendres fumantes… et des douilles qui n’annoncent rien de bon. Je n’ai pas osé faire une fouille approfondie, le ou les assaillants pourraient être encore dans les environs et je risquerai d’y laisser des plumes.
— Désolée Pawin, je n’ai rien vu, personne, pas la moindre trace.— Ils ont du fuir, répond-il. Tu ne sais pas suivre une trace, rajoute t-il avec un petit sourire, mais nous, nous les trouverons.
Goujat !…
C’est au matin du troisième jour que nous pénétrons dans ce qui reste du village incendié. Les trois hommes avancent avec prudence. Je suis restée en retrait jusqu’à ce qu’ils me fassent signe.
— Il y a  des traces qui partent par là, le long de la rivière, dit-il, des pieds d’indiens. Ils ont du fuir. Mais il y en a d’autres qui vont par là, vers la montagne, des traces d’indiens mais aussi de chaussures, beaucoup de chaussures, des empreintes profondes, des hommes lourdement chargés sans doute avec des armes à feu. Probablement des gringos, accompagnés de « mauvais indiens »
Ceux que Pawin et les siens désignent comme « gringos » sont des blancs ou des métis issus de la « civilisation » et qui pénètrent un peu plus la foret chaque jour. Et sous le terme de mauvais indiens sont ceux qui sont à leur service ou ont adopté le mode de vie occidental. Je remarque alors des traces de sang sur le sol…
— Il y a aussi des tombes un peu plus loin, trois toutes fraîches. Ceux d’ici n’ont pas eu le temps de faire brûler leurs corps.— Oh non…
Que faire ? Les trois hommes palabrent. Alors je décide d’utiliser mes perceptions à la limite de leur puissance. Pawin vient me rejoindre.
— Patamon va descendre la rivière pour retrouver ceux d’ici. Ohanko va venir avec moi sur la piste de leurs agresseurs. Tu… devrais aller avec Patamon, rajoute t-il prudemment.— Non, je viens avec toi. J’entends des voix par là, vers la montagne, et des drôles de bruits, comme du métal qui frapperait la pierre, je n’arrive pas à l’identifier. — Bien… Qu’il en soit ainsi. Mais à une condition : si je juge qu’il y a un danger imminent et que je t’en donne l’ordre, tu fuiras.
Il ne plaisante pas. J’ai l’impression de faire une grosse bêtise surtout avec un bébé accroché à mon flanc. Alors d’accord, mais mes facultés je le sais, peuvent les aider.
Nous prenons la piste. Elle est facile à suivre, presque un sentier. Même moi je pourrai la suivre, des empreintes de pieds nus, de bottes, des branches cassées ou coupées à la machette, de la végétation foulée… « Repère bien le chemin, me dit Pawin, c’est par là que tu devras fuir si çà tourne mal ». J’entends de plus en plus distinctement les bruits que je percevais ce matin. Et soudain, Pawin s’arrête net. « Là, fait-il ».
Interloqué il me désigne un petit boîtier attaché au tronc d’un arbre, un petit boîtier totalement incongru dans ce milieu sauvage. Je palis !
— Sais-tu ce que c’est ? Me dit-il— Je crois que c’est un détecteur de mouvement, un capteur infra-rouge !— A quoi çà sert ?— Ça envoie un signal d’alerte à quelqu’un. Ça détecte l’approche des êtres vivants. S’il marche, quelqu’un sait que nous sommes ici !— Nous devons partir.
Pawin et Ohanko échangent un regard. Ils ont immédiatement compris, arment rapidement arcs et flèches et scrutent la forêt. D’un geste Pawin, ordonne le repli. Mais les évènements nous prennent de vitesse ! Des craquement se font entendre justement vers le chemin de notre fuite. Je comprends alors que nous avons peut être croisé d’autres boîtiers d’alarme sans nous en rendre compte. Et des hommes, gringos et métis en treillis militaires, armés de fusil d’assaut font leur apparition et nous mettent en joue.— Manos arriba ! Suelta tus armas !
Et à partir de cet instant, vous allez voir un grand numéro de ma part…
Un des soldats répète l’ordre dans un dialecte proche de celui de la tribu. Dans un réflexe, Pawin et Ohanko ont bandé leurs arcs.
« Non ! » dis-je mentalement aux deux hommes.
Ils échangent un regard. Et Pawin fait « oui » de la tète à l’adresse de son compagnon. Les arcs s’abaissent.
« Laissez moi faire » dis-je mentalement. « Faites moi confiance. Et de toute façon, ils auraient vite fait de nous massacrer. Ils ne le savent pas, mais je les tiens en mon pouvoir ».
Pawin est stupéfait. Le coup de la télépathie, je ne lui avait pas encore fait ! Quant à Ohanko, il se tapote la tète pour en faire sortir ma voix ! Les soldats, si on peut les appeler ainsi se sont approchés. Ils désarment mes deux compagnons, me lancent un regard inquisiteur que j’évite de soutenir. Ce ne sont pas des soldats d’une armée régulière. Guérilleros, trafiquants ? Pour l’instant, je ne sais pas.
— On les amène au camp, lance l’un d’eux à ses compagnons. Paco saura quoi en faire. On a toujours besoin de main d’œuvre. Adelante ! Fait-il à notre intention.
La marche est courte, une dizaine de minutes au plus. J’entends les hommes parler de moi. « Elle est jeune et plutôt pas mal, on en tirera un bon prix ». « Oui, et elle va bien servir, reprend un autre hilare ! »
Fumiers !
J’ai donc la rogne quand nous arrivons dans un espace dégagé. Massacré devrais-je plutôt dire. La foret a été rasée pour en faire une clairière. A flanc de la montagne, une ouverture ou des indiens poussent des wagonnets sous la surveillance de gardes armés. Dans un coin, un vaste enclos cerné de barbelés, un mirador. Un autre plus petit, avec de très jeunes enfants et deux vieilles femmes. Plus loin quelques baraquements et un vaste zone ou des femmes trient la roche extraite de la montagne à la recherche de… quelque chose.
— Ola ! Alors c’était quoi ?— Trois indios, Paco, peut être de la même tribu. La femme a un petit en bas age. Il n’est pas encore sevré.— Ah bueno. Mettez les deux hommes aux wagonnets. La femme au triage avec les autres. Et faites lui comprendre qu’elle doit laisser son marmot avec les autres sous la garde des vieilles.
L’un des gardes me saisit méchamment par le bras. Et je perds les pédales !
— Enlève tes sales pattes, connard !
Il y a quelques secondes de surprise parmi les soldats. Puis celui qui semble être leur chef se dirige vers moi.
— Tiens ? Elle parle l’espagnol ? Qu’est-ce que tu as dit ?
La gaffe. Je baisse les yeux m’attendant au pire.
— Je t’ai posé une question, reprend-il plus durement. Tu parles espagnol ?— ...oui… un peu.
Il me toise quelques secondes de plus dans un silence pesant.— Bien. Allez, mettez moi ces deux là au travail, lance t-il à ses hommes. Quant à toi, tu mérites une petite mise au pas !
Je prends une baffe qui n’a rien de simulé. Mais je l’ai vu venir. J’ai accéléré mon métabolisme et j’ai eu le temps de m’insensibiliser avant l’impact. A partir de ce moment, tout se déroule pour moi au ralenti. Avec une extrême brutalité, l’homme me saisit par les cheveux et me traîne plus qu’il ne me pousse vers un baraquement. Je panique, du moins je le laisse croire, je me mets à hurler.
— Non arrêtez, laissez moi, aïe ! Vous me faites mal !
La porte du baraquement claque nous isolant de l’extérieur. Je découvre une pièce miteuse, en bordel, puante, suintante de crasse et d’humidité, des canettes et des bouteilles d’alcool vides au hasard, un bureau avec un ordinateur couplé à un système de communication satellite, un lit crasseux en désordre. Il me pousse brutalement au milieu de la pièce me faisant tomber à genoux.
— Tu as du caractère mais j’aime çà. Tu es jeune et jolie, on tirera un bon prix de toi quand on t’enverra dans les bordels après que mes hommes en aient marre de toi, dit-il en dégrafant son pantalon. Ils n’ont pas tous les jours de la chair fraîche. En attendant pose ce marmot dans un coin, on va voir ce qu tu sais faire !
J’hésite. Du moins je fais semblant. Toi mon coco, j’ai bien compris ce qu tu as l’intention de faire. Et je n’ai pas l’intention de me laisser faire stoïquement. Et comme je donne l’impression d’être indécise, il prend lentement un revolver en main.
— Je t’ai dit de poser ce gosse dans un coin, dit-il sèchement. Et tu vas faire ce que je te dis, sinon je lui met une balle dans la tète. Ce serait dommage, rajoute t-il. Lui aussi on pourra en tire un bon prix !
Alors tremblante, je m’exécute… Je dépose Yuma et le porte bébé dans le coin le moins crade de la pièce. Il me reprend par les cheveux, me traîne vers le bureau sur lequel il me couche brutalement.
— Et même pas un poil, super, les gars vont t’adorer !— Non, s’il vous plaît, ne faites pas çà….— Ta gueule !— Aaaaah !
Il me pénètre brutalement de toute la longueur de son membre. Il me viole sans la moindre retenue, indifférent à mes cris de douleur. Dois-je le préciser ? J’en rajoute… Il me baise à forte cadence, son bas ventre claque sur mes fesses. Il rajoute des claques qui rapidement font rougir ma peau.
— Ah la petite pute, dit-il entre deux halètements. Tu es serrée, j’adore çà. Tu verras, tu finiras par aimer. Ça c’est de la queue hein ? Ça doit te changer de la petite bite de ton indien ! Ah merde, je vais décharger… trop vite, non attends on va voir ce que tu sais faire d’autre.
Il se retire rapidement, m’attrape à nouveau par les cheveux, me force à me mettre à genoux, sa queue à hauteur de mon visage.
— On va voir si tu sais sucer. Allez ouvre la bouche ! Suce moi salope ! Et pas trop vite, on a le temps et je n’en ai pas fini avec toi… Oh mais dis donc, tu t’y prends très bien ! C’est pas la première fois que tu suces un vrai mec pas vrai ? Ah, c’est bon, continue comme çà, pas trop vite… Putain ! Je vais pouvoir monter les prix !
Apparemment soumise et résignée, je m’applique à lui faire une fellation dans les règles de l’art. C’est écœurant. Il est plein de poil, çà fait longtemps qu’il n’a pas connu le savon. Il pue. Il y a des odeurs de… je vous laisse imaginer. C’est immonde. Mais il aime çà. Il soupire, il gémit. Il force ma gorge, enfonce son engin le plus loin possible jusqu’à suffocation. Manquerait plus qu’il jouisse dans ma bouche. Pour une fois, je crois que je vomirai ! Mais il se retire.
— Ah, c’est trop bon ! Allez viens par là, dit-il en me traînant pas les cheveux, je vais te finir par derrière ! Voyons si ton petit trou est aussi serré que je l’espère !
Il me jette sur le lit, m’oblige à me mettre à quatre pattes, et…
— Non, non, pas par là ! Je n’ai jamais…. Aaaaah !
……………………………………………………………………………….
Assise sur une chaise dans un coin de la pièce, je termine de donner le sein à Yuma. Je regarde l’homme se tortiller sur le lit en proie à une intense excitation qui l’a déjà fait polluer les draps plusieurs fois.  Sans doute l’avez vous compris, rien de ce que vous venez de lire n’est réel. Tout s’est joué dans la tète de l’homme dont j’ai pénétré l’esprit. Jamais il ne m’a touchée.
Mais çà suffit. Yuma a terminé et lui aussi regarde l’homme l’air sévère. Peut être a t-il senti comme moi la noirceur de l’âme de cet homme. Ce que j’y ai découvert est monstrueux, à vomir. Je sais ce qu’ils font dans cette mine, il récoltent des émeraudes, de misérables petits cailloux verts et réduisent en esclavage les tribus alentour. Les hommes y travaillent jusqu’à mourir d’épuisement et les corps sont jetés dans la rivière proche.
Les femmes trient le minerai et accessoirement servent de divertissement aux soldats. Pour le plus chanceuses ou les plus jolies, elles sont vendues à des trafiquants et se retrouvent dans les bordels de tout le pays. Le dessus du panier est envoyé à l’étranger pour devenir des prostituées de luxe. Et malheur a ceux qui se rebellent ou tentent de fuir, la punition est terrible et la mort toujours au rendez-vous.
Et pour les enfants… Vendus eux aussi à de richissimes clients en mal d’enfants, pour les plus chanceux du moins. Pour les autres… je vous laisse imaginer la suite.
Je sens une colère noire monter en moi, une colère que je ne cherche pas à maîtriser. Ce mec est un porc immonde ! Mais j’ai vu autre chose dans son esprit. Ce camp n’est pas unique. Il en existe des dizaines d’autres un peu partout ou sont produits or, pierres précieuses, bois rares ou coca, toutes marchandises qui rapportent gros. Mais où ? Je ne suis pas assez forte pour çà…
— Savoir, viens.
Le bâton du savoir se matérialise dans mes mains. Alors je vois, j’entends… Je vois l’emplacement de chaque camp à des dizaines, des centaines de kilomètres. J’entends les cris, les gémissements, les paroles des bourreaux. Pour la première fois peut être je ressens toute la puissance d’un immortel du cinquième cercle.
Et la colère qui va avec…
— Pouvoir…
Je me lève, assure Yuma dans son porte bébé. Je reprends mon aspect de blonde incendiaire. Christine est de retour et elle n’est pas contente ! Le bâton du pouvoir se matérialise dans mon autre main. Et l’inattendu se produit. Les ornements de Viracocha se matérialisent à leur tour sur moi, le diadème, les imposantes boucles d’oreille, le masque, le lourd pectoral, les brassards, les bracelets, la large ceinture et les chaînes qui dissimulent mon intimité, les jambières, tous objets finement ornés et ciselés. Je ruisselle d’or, de jade  et de pierres précieuses. J’irradie une lumière dorée, l’image même de Viracocha dans toute sa gloire…
La lumière tombe brusquement. A une vitesse affolante, le ciel se couvre de nuages noirs non seulement sur ce camp, mais aussi sur tous les autres aussi loin qu’ils puissent être. Le vent se lève et le premier roulement du tonnerre se fait entendre.
J’ai libéré l’esprit de l’homme. Comme s’il se réveillait d’un rêve il cherche étonné ou je suis, qu’est-ce qu’il s’est passé ? Hagard, il regarde à droite, à gauche et me découvre.
— Qu’est-ce que ??? Qui es-tu ? Ou est passé la pute ? Hé qu’est-ce qu’il m’arrive ? C’est quoi çà ?
Il s’est levé, mais ne peut faire un pas. Des lianes se sont enroulées autour de ses pieds et le maintiennent solidement malgré ses efforts pour s’en débarrasser. A t-il compris ?
— Non attendez, on peut s’arranger ! Dit-il d’une voix tremblante de peur, je vais vous libérer, je vais… Aaaaah, non pas çà, pas çà !!!
D’autres lianes percent le plancher en le faisant craquer. A des centaines de kilomètres à la ronde, j’ai provoqué la germination et la croissance rapide de millions de graines dormant dans les sols dévastés. L’une d’entre elle a pénétré son anus et progresse dans son corps. Il hurle autant de douleur que de terreur. Puis la peau d’une de ses épaules se soulève et éclate sous la pression de la jeune plante.
A l’extérieur et dans tous les lieux sur lesquels je laisse aller ma colère, l’enfer se déchaîne. Des vents violents, une pluie diluvienne. Des orages effroyables se sont formés et les premiers éclairs frappent, sans pitié tout ce qui porte une arme ou un uniforme militaire. J’entends leurs cris de panique, le sauve-qui-peut général qui ne sauvera personne. Les hommes tombent foudroyés les uns après les autres, par dizaines, par centaines, pendant que les plantes, buissons ou arbres s’élancent du sol vers les hauteurs dans un grondement sourd…
Quand à mon tortionnaire, il ne va pas s’en tirer comme çà. Les lianes l’ont entouré, le dissimulent, le noient. Sa voix disparaît mais son esprit est toujours là. Je modifie sa physiologie. Son système sanguin se raccorde à celui de l’arbre qui l’englobe maintenant totalement. Il n’est plus que végétal. Seule sa pensée paniquée me parvient à présent.
— Désormais tu ne seras plus qu’une plante, dis-je froidement. Tu as dévasté la foret, coupé des centaines d’arbre. Tu vas comprendre ce que tu as fait subir à ces arbres. Celui dans lequel tu te trouves peux vivre des centaines d’année. Mais un jour, des hommes viendront, avec des tronçonneuses. Tu sentiras leur morsure a chaque fois qu’il couperont une de tes branches, qu’ils te tronçonneront au ras du sol. Et tu mourras lentement, cellule après cellule, de soif et de manque de sève. Tu ne sauras jamais quand çà se produira. Moi je le sais. Et tous les jours, tu te demanderas si ce jour n’est pas le dernier de ta vie. Profites bien de ton immortalité.
« Non attends, pitié, pitié……... »
Je lui ai menti. Je ne peux pas lire son avenir et désormais je m’en fous ! Je m’apprête à sortir. C’est alors que Pawin apparaît en coup de vent, des traînées rouge sur le corps, une machette à la main. Il reste interdit en me voyant.
— Tu es couvert de sang, dis-je inquiète.— Ce n’est pas le mien, répond-il après avoir surmonté sa stupeur.
Je sors de ce qui reste du baraquement. L’orage s’est calmé aussi brutalement qu’il a commencé. Seule une pluie fine détrempe une foret nouvellement constituée. Les indiens célèbrent leur victoire avec force cris joyeux et danses. Beaucoup sont armés et ils n’ont pas fait de cadeaux à ceux de leurs tortionnaires que mes foudres avaient épargné. Et ils me découvrent, médusés, moi même portant tous mes ornements et baignée d’une lumière dorée… J’entends alors la voix de Ohanko troubler le silence.
— Chimali…
Chimali, Chimali… L’oiseau couleur de l’aurore. Le nom est repris par un, deux, puis tous les indiens, hommes et femmes. Ohanko le premier met un genoux en terre, imité par tous les autres. Désemparée, prenant conscience de l’effroyable massacre que je viens de faire je retire mon masque, les deux bâtons flottant dans les airs à coté de moi. Je me tourne vers Pawin.
— Je… non, je ne veux pas, pas çà, je ne veux pas qu’ils me vénèrent. Qu’ils se relèvent, je ne suis pas une déesse.
— Si, tu l’es, répond-il simplement.
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Nous sommes de retour dans notre village. Je suis sonnée, presque horrifiée de mes actes. Je comprends mieux ce que pouvaient ressentir les immortels de haut niveau quand leurs instincts prenaient le dessus sur leur raison. Je ne peux m’empêcher de penser que ce que j’ai fait est à la fois juste... et abominable.
Je suis assise au bord de la rivière. Je joue avec Yuma. Il essaie d’attraper mes cheveux et je le félicite quand il y arrive. Un bruit de pas se fait  entendre. Eyota. Je suis sur mes gardes, mais quelque chose a changé. Je ne ressens plus d’agressivité en elle. Au contraire, elle vient s’asseoir à coté de moi.
— Je vais m’en aller, dis-je. Pawin est à toi. Je ne te volerai pas ton homme. Je partirai dans quelques jours. Mais Yuma est son fils. Je voudrai qu’il le voit grandir et que Yuma puisse connaître son père. Me permettras-tu de venir de temps en temps ?
Elle a un sourire. Sa plus grande angoisse a disparu. Son enfant sera bien protégé, c’est ce qu’elle voulait. Elle n’a plus rien à craindre de moi.
— Kanuna et les anciens ont beaucoup parlé pendant ton absence, dit-elle. Ils ont raison. Pawin est bien assez fort et bon chasseur pour s’occuper de nous. Et même de son membre, il pourra nous satisfaire. Si tu veux nous le partagerons ensemble. Tu veux bien ?
Sur le coup je suis décontenancée. Elle pose sa tète sur mon épaule, regarde Yuma, caresse son petit ventre bien rond.
— Dans quelques temps, mon bébé va venir, reprend-elle. M’aideras-tu à le mettre au monde ?… J’ai un peu peur…— Rien ne me fera plus plaisir, dis-je d’une voix nouée par l’émotion.
Je ne m’attendais pas à cela. Elle reprend après de longues secondes de pause.
— Dis moi Kirin ; les hommes ont raconté ce que tu as fait aux gringos, comment tu as libéré les indiens. Tu es une déesse, mais tu es aussi Chimali, tu est une « gringa », et aussi une indienne . Tu peux être n’importe qui. Mais qui es tu réellement ?
Qui je suis ?
Qui je suis… Alors en un éclair passent les vingt années qui se sont écoulées depuis que je suis immortelle, en comptant les quinze passées sur Éden. Les personnages que j’ai croisé défilent devant mes yeux, Protée et sa malédiction, mes amours Alex et Antinea,  Zeus et les olympiens, le puissant Mardouk, la reine Pasyphaë, maître Wong le sage d’entre les sages, Prométhée le titan fou, le terrible Odin et ses Asgardiens, et Ouranos, le tout puissant, le créateur, le vrai maître du monde, et tous les autres…
— Je m’appelle Gautier, dis-je, professeur Jacques Gautier. Enfin, anciennement professeur. J’avais 75 ans, j’étais à la retraite, veuf depuis bien des années quand par un hasard extraordinaire un dieu de l’Olympe a fait sans le savoir éclater mon immortalité. J’ai choisi par curiosité de vivre sous un aspect féminin et je suis partie ainsi à l’aventure dans le monde des immortels. Je suis une déesse olympienne des vents et de la nature, j’ai été une tigresse, je suis une guerrière amazone, j’ai hérité d’un ancien dieu inca. Mais aujourd’hui, je suis la compagne d’un grand chasseur indien. Je suis femme et j’ai un enfant. Peu importe ce que j’étais avant, seul compte ce que je suis à l’instant présent. Mais qui suis-je fondamentalement ? Je ne sais pas…
Elle se serre affectueusement contre moi.
— Moi je sais. Tu es Viracocha.
Que serais-je demain... Seul l’avenir le dira.
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Quelques jours plus tard, une luxueuse propriété proche de Washington… Un groupe d’hommes conférent dans un petit salon ou trône en bonne place un homme a la stature imposante.
— Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire ???— C’est la vérité Monsieur. Nous avons envoyé des équipes après avoir perdu le contact avec nos centres de production. Sur place, nos agents n’ont plus trouvé trace de ces centres, tout au plus des débris et des équipements envahis par la végétation prouvant qu’ils étaient bien là. C’est comme si des centaines d’années s’étaient écoulées depuis la perte de contact. Mais nos équipes ont entendu les indiens raconter une histoire incroyable d’une femme, ou d’une déesse qui a ouvert les portes de l’enfer et détruit tous nos centres au moyen d’un orage de fin du monde.— Une déesse ?— Oui Monsieur.— Une déesse… Dans combien de temps pourrons-nous reprendre notre niveau de production normal ?— Oh dans quelques semaines Monsieur, le temps d’envoyer de nouvelles équipes. L’impact sur nos productions reste faible. Ça ne représente par exemple que quelques pour cent de notre production odinaire de coca…— Oui bien sur, mais pas question de laisser çà impuni.
L’homme reste silencieux quelques secondes.
— Parfait! Je vous laisse gérer ces détails. Mais la personne qui a fait ce coup là, femme ou déesse, retrouvez là, et butez là !— Bien Seigneur Odin.

Fin de l’épisode.
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