Le site de l'histoire érotique
  • Histoire érotique écrite par
  • Fantasme
  • Publié le
  • Lue {{{NB_VUES}}} fois
  • 13 J'aime
  • 6 Commentaires

Chroniques immortelles - Le roi requin

Chapitre 2

Raiatea

Erotique
Raiatea est une des grandes îles de la Polynésie, située à deux cent kilomètres au nord ouest de Tahiti, une des îles sous le vent dont fait partie Bora-Bora. C’est un long voyage. Nous avons quitté Digne hier pour Avignon ou nous avons pris un TGV qui nous a déposés dans la soirée à Roissy. Ce matin très tôt, nous avons embarqué sur le «Mangareva», un bel avion turquoise et blanc aux couleurs d’Air Tahiti Nui (j’espère ne pas avoir d’ennuis pour citation commerciale) pour vingt deux heures de voyage dont dix neuf de vol et trois heures d’escale à Los Angeles ! A la nuit tombante nous arriverons à Faaa, l’aéroport de Papeete. Enfin, à la nuit tombante, avec le décalage horaire c’est quand même une journée de trente six heures ! Et demain, un autre avion de la compagnie Air Tahiti nous déposera à Uturoa sur Raiatea après deux courtes escales sur Moorea et Huahine.
Ça donne envie, pas vrai ?
Le tiare Apetahi… Une des plantes les plus rares et les plus fragile de la planète, endémique de Raiatea où elle ne pousse que sur les plateaux du mont Temehani. Elle n’existe que là. Une dizaine de plants connus, plus peut être quelques autres dans une réserve naturelle intégrale proche. Toutes les tentatives d’acclimatation sous d’autres cieux ont échoué. Elle est sévèrement protégée et le simple fait de la toucher ou de dégrader son environnement est passible d’une amende de un million de francs pacifique. Même à cent dix neuf francs pacifique pour un euro, je vous laisse faire le calcul. On va éviter…
C’est une curiosité avec sa corolle blanche à cinq pétales disposés en éventail, tellement atypique qu’elle est devenue l’emblème de l’île. Et ce sont ces quelques fleurs perdues sur une île du bout du monde que Gaïa m’a chargée de sauver… Pourquoi celles là? Il y a tellement d’espèces en voie de disparition sur Terre. Et s’il y avait une autre raison ?
Je gamberge sur cette interrogation en somnolant, ma tète appuyée sur l’épaule d’Alex alors que notre avion survole le sud du Groenland. Peut-être cette mission n’est elle qu’un prétexte pour me permettre de me reconstruire ? Mais alors pourquoi Raiatea ? Car cette île a quelque chose de spécial. Pour les polynésiens, c’est l’île « sacrée », le lieu d’origine où est née la culture polynésienne, là où elle s’est développée avant de se répandre dans tout le Pacifique. Ça ne peut pas être une coïncidence.
Mon interrogation reste entière quand le lendemain nous arrivons dans la petite aérogare de Uturoa. Il y a des voyagistes avec des pancartes qui attendent les clients de tel ou tel hôtel. Gaïa m’a suggéré de descendre à l’hôtel Fa’aroa (cet hôtel n’existe pas, NDLA) au bord de la baie Vaharai, car dit-elle « c’est depuis cet hôtel que l’accès au mont Temehani est le plus facile ». J’ai des doutes. Elle me téléguide, c’est certain, mais pourquoi...
-Ia ora na, nous lance un jeune homme brun. Vous êtes Christine et Alex ? — Euh… ia ora na, dis-je étonnée.— Soyez les bienvenus, embarquez à bord du minicar aux couleurs de l’hôtel.
J’ai oublié de vous dire : je ne parle pas le polynésien. Comme je le disais précédemment, je refuse désormais d’utiliser mes facultés d’immortelles, notamment dans le cas présent ou j’aurai « copié » dans la tète des tahitiens leur connaissance de la langue. C’est terminé. Tout bien réfléchi, c’est du vol, pour ne pas dire du viol. Je ne le ferai plus. Plus jamais. Alex par contre le comprend, l’ayant appris en 1768 en participant à l’expédition de Bougainville. Euh… c’est une autre histoire. Et ça ne nous rajeunit pas.
Mais ce n’est pas d’être reconnus qui m’étonne, nos photos accompagnaient la réservation Internet. C’est l’aspect du jeune homme. Il est très joli garçon, mais très... efféminé, il n’y a pas d’autre mot. Il a de longs cheveux noués en queue de cheval, il est maquillé, son chemisier est manifestement bien plus féminin que masculin et il a parlé avec une voix très douce. Extérieurement, il a tout d’une fille dans ses manières, mais j’ai senti son énergie et il n’y a pas de doute, c’est un garçon. Oui. Je perçois toujours les énergies. La mienne est sur « off », mais je n’ai aucun moyen d’affaiblir mes perceptions. Elles sont ce qu’elles sont, elles font partie de moi. C’est comme la vue ou l’ouïe, et je ne peux l’amoindrir… sans utiliser mes facultés ! Alors je fais avec…
Alex a réagi lui aussi.
— C’est un mec non ? Dis-je. Tu crois que c’est un travesti, un transgenre ?— Presque. Je pense que c’est un mahu.— Un quoi ?
— Les mahus sont une particularité de la Polynésie. J’en avais déjà vu quand j’ai fait le tour du monde avec le marquis de Bougainville. Ce sont des garçons qui ont été élevés comme des filles, qui pratiquent des activités de filles. Ils ne s’habillent pas comme des femmes mais portent comme tu le vois des tenues très efféminées. Ils sont très soigneux de leur personne. Bref, c’est pratiquement des transgenres, sauf qu’ils ont une vie de couple masculine. Ils se marient, ils ont une femme, des enfants et on leur parle au masculin. Les véritables transgenres comme dans nos sociétés occidentales, autrement dit des hommes qui vivent complètement comme des femmes, qui s’habillent comme elles sont appelés des rae-rae. Les premiers font partie de la tradition Polynésienne, les second… sont moins facilement acceptés. Ce n’est pas dans la culture.
Un mahu… Il s’appelle Oronui. Il est vraiment très joli garçon et oui, je sais, j’ai déjà des envies qui me titillent. Mais pour l’instant je me concentre sur le paysage qui défile depuis la fenêtre du minicar. A gauche la montagne couverte d’une végétation luxuriante, là ou se cache tout la haut cette fleur que je dois sauver. De l’autre le lagon, d’un bleu ! Nom de Dieu, à croire que la couleur turquoise a été inventée ici…
L’hôtel est constitué d’un groupe de farés en bord de plage, comme sur les cartes postales. Des pelouses vertes soigneusement tondues, une piscine, des frangipaniers odorants et des tiarés… malheureusement ordinaire, le tout groupé autour d’un bâtiment central faisant office de restaurant avec une grande terrasse et une piscine, le tout en bord de mer avec une plage de sable blond et fin…
Nous avons été accueillis par Denise, la patronne de l’hôtel, une popaa, autrement dit une métropolitaine, qui a épousé un polynésien. Elle a la quarantaine et rayonne la joie et la bonne humeur. Les formalités sont vite expédiées. Nous sommes confiés à sa belle-fille Ohana qui va nous conduire à notre faré, et je sursaute à nouveau.
— Alex ! Dis-je en chuchotant. Cette fille, c’est un mec ???— Oui, me répond-il. Cette fois c’est une rae-rae. Si c’est vraiment la femme de Oronui, c’est assez atypique. Mais bon, même la société polynésienne évolue.
Nous nous sommes installés… Je suis crevée ! Le voyage, le décalage horaire, je n’aspire plus qu’à du repos et de la détente. Aussi lorsque Alex vient me solliciter, je décline gentiment…
— Que fait-on à présent Christine ? On se met en chasse du tiaré ?— Demain Alex. J’ai besoin de récupérer «naturellement», et pas en faisant disparaître ma fatigue par des moyens surnaturels. Mais si tu veux, tu peux partir en reconnaissance ? Tu pourrais faire un vol au dessus du mont Temehani par exemple ?— Comme ceci par exemple ?
Alex change de forme instantanément. Ses vêtements s’écroulent en tas, au milieu duquel apparaît un bel oiseau brun, une sorte de croisement entre un fou de bassan et une frégate.
— Tu es devenu quoi ? Dis-je étonnée. Je ne connais pas cet oiseau ?« Je suis un noddi brun » me répond l’oiseau par la pensée, « un oiseau très commun dans ces îles. Je passerai inaperçu comme çà »— Tu es très beau. Bon vol ?
Je regarde Alex s’envoler vers les montagnes. J’ai un pincement au cœur. J’aime tellement me transformer en oiseau ! Voler, ça me manque. Tant pis, mais je suis un peu frustrée… Pour l’heure, je veux simplement profiter de l’instant. Je me change et enfile un maillot de bain deux pièces. J’ai envie de me baigner.
Je ne suis jamais venue en Polynésie. C’était un vieux fantasme quand j’étais Jacques Gautier. Et c’est comme dans mes rêves, comme sur les cartes postales : un petit village de farés, plantés sur une pelouse verte coupée court ou déambulent des coqs et des poules à demi-sauvages, ornés de tiarés, d’hibiscus et de frangipaniers. Dans les frondaisons, des noddis se poursuivent ou se disputent avec des sortes de merles.
Et puis il y a ce bout de plage et cette eau turquoise qui invite au bain. Il fait lourd, humide. Avril n’est pas la meilleure période pour visiter la Polynésie. Il y a de gros nuages par places d’où se déversent des pluies abondantes. Mais pour l’instant j’ai un beau rayon de soleil. Je pénètre dans l’eau. Vingt sept degrés environ, un délice ! Je m’immerge,  je plonge, me laisse couler dans l’eau. Il y a un jardin de corail tout prés. J’y croise des demoiselles, des poissons anges, et pleins d’autres poissons que je ne saurai nommer. J’en oublie que je suis naturellement amphibie depuis mon premier séjour sur Mikro Kea et passe de longues minutes sous l’eau.
Une violente averse s’abat lorsque je sors de l’eau. Adossée à un cocotier je me laisse rincer. Je suis en train de me laver de tout ce qui me torture, de tout ce qui m’angoisse, j’oublie tout. L’eau tiède ruisselle sur mon corps, nettoie mon corps, purge mon esprit.
Aussi vite qu’elle a commencé, l’averse cesse. Je m’étend sur un relax à coté du faré, me laisse réchauffer par les rayons du soleil. Je me sens bien. Je m’étire comme une chatte, c’est tellement bon ! Sans m’en rendre compte, j’ai commencé à faire courir mes mains sur mon corps, mon ventre, mes seins. Très vite, mes doigts se glissent sous le tissu, agacent les pointes, me faisant soupirer. Mon autre main est descendue au contact de ma culotte, presse à travers le tissu, puis l’écarte pour pouvoir accéder à mon bouton. Je me caresse. Pour la première fois depuis longtemps, je cherche du plaisir, des sensations, pas des jouissances brutales comme il y a peu. J’en oublie que je suis dans un lieu public jusqu’au moment ou la jouissance me prend.
Je dois me mordre les lèvres pour jouir en silence et m’oblige dans un sursaut de conscience à rester aussi immobile que possible. Horrible ! Je reprends lentement mes esprits lorsque des bruits de pas se font entendre. C’est Ohana avec un plateau supportant deux verres et une assiette de fruits coupés en dés. Elle a un petit sourire aux lèvres. Punaise, je suis persuadée qu’elle m’a vu en train de me masturber ! J’en suis rouge de honte. Mais Ohana ne laisse rien paraître.
— Je t’apporte un petit cadeau de bienvenue, me dit-elle de sa voix chaude et grave. Cocktail de fruit frais et quelques agapes. Si vous le désirez, il y a « happy hour » à partir de dix huit heures trente au restaurant. Il y aura un groupe musical… Ton ami n’est pas là ?— Euh non, il a été faire un tour…
Elle me regarde en souriant. Elle tient une fleur de tiaré entre ses mains.
— Excuse moi, dit-elle, tu es en couple ou tu es libre, enfin je veux dire sans compagnon ?— On peut dire que nous sommes en couple.— Alors la fleur de tiaré se porte sur l’oreille gauche. Si tu étais célibataire ce serait à droite. Tu permets ?
Elle a glissé la fleur entre mes cheveux et le lobe de l’oreille. Me voilà devenue vahiné…
— Merci.— C’est un plaisir. Au fait je voulais te dire, je t’ai vue nager et tu fais des apnées incroyables. A tout à l’heure et… bonne continuation.
Oh putain, elle m’a vue...
Alex est parti depuis presque une heure lorsque deux noddis bruns se posent devant le faré. L’un d’eux pénètre directement dans l’habitation. C’est Alex, qui reprend aussitôt sa forme humaine.
— Dis moi tout, dis-je. Tu as découvert quelque chose ?— Malheureusement… non, dit-il dépité. Je pense que ce sera difficile. J’ai volé jusqu’au plateau, j’ai sillonné de long en large la zone, je me suis faufilé sous les arbres, mais je n’ai rien vu qui ressemble à ce qu’on cherche. S’il n’y a pas plus d’une dizaine de pieds là haut, ce sera difficile de les trouver sans savoir ou chercher. Il nous faudrait un guide.— Je vois… Il faudra demander à Denise si elle connaît quelqu’un qui pourrait nous conduire jusqu’à un de ces fameux tiarés…
Un piaillement me fait tourner la tète. Le noddi qui accompagnait Alex s’est posé au bord de la terrasse et pousse des cris plaintifs.
— D’où sort-il ? Dis-je. Que veut cet oiseau ?— C’est une femelle. Elle m’a rejoint pendant que je survolai la montagne et depuis elle ne m’a pas quitté.
L’oiseau semble troublé. Il hésite entre pénétrer dans le faré ou s’envoler. Malgré la différence de nos esprits, je perçois un émoi profond et la vérité se fait jour en moi. Cette femelle était célibataire, poussée par l’instinct de la reproduction. Et elle a vu passer ce mâle solitaire. Alors elle a suivi son instinct et jeté son dévolu sur lui. Mais maintenant, je la sens désemparée, indécise. Elle ne comprend pas. Ou est passé ce beau mâle qui l’a ainsi attirée ? Elle l’a vu se métamorphoser soudain et elle ne sait plus que faire… Alex se met à genoux, à deux pas de la femelle qui continue à piailler comme un poussin.
— Je ne suis pas ce que tu crois, lui dit-il doucement. Tu vois, je suis un humain. Même si je le voulais, nous ne pourrions pas nous unir, bâtir un nid, élever des petits, ce n’est pas possible. Tu dois trouver un autre mari, un vrai, de ton espèce. Je suis désolé…
La femelle continue à lancer des petits cris. Je ressens comme de la tristesse ou du désespoir. Puis elle fait quelques pas vers la sortie, lance un dernier coup d’œil à Alex puis s’envole. Je viens m’agenouiller à coté d’Alex, mets ma tète sur son épaule.
— J’ai l’impression que tu as brisé un petit cœur…— La vie est cruelle, répond-il en soupirant.

Il est dix neuf heures. La nuit est tombée. Sous ces latitudes, les horaires du soleil c’est presque toujours six heures-dix huit heures. Nous sommes au bar à déguster un mojito, nous discutons avec Denise. Oronui le mahu prépare les boissons. Ohana sert les tables ou se pressent les clients de l’hôtel. Elle me lance un clin d’œil complice. Putain… la honte.
— Maimiti, lance t-elle à Denise, une piña colada et un cocktail sans alcool pour la douze.— C’est parti, répond Oronui pendant que Denise tapote sur l’écran de sa caisse.— Maimiti ? Dis-je surprise. Je croyais que vous vous appeliez Denise ?— Oh, c’est le nom qu’on m’a donné ici. Denise c’est mon prénom de popaa. Maimiti, çà veut dire quelque chose comme « qui vient de la mer ».— Ma fois, c’est explicite… Et votre fils, Oronui ?— Oronui, c’est « dieu grand ». Quand à Ohana ma… belle fille, çà évoque la famille, le foyer, le nid, autrement dit quelqu’un avec qui on se sent bien, en famille.— Je dois dire que çà s’applique bien…
Je regarde le couple. Effectivement Oronui est beau comme un dieu ! Et quand je le vois échanger de furtifs sourires avec Ohana, nul doute qu’il se sente bien auprès de la rae-rae. Et puis je décide soudain de revenir au but de notre voyage.
— Dites moi… Maimiti, Alex et moi nous aimerions voir des tiaré Apetahi. C’est même le but principal de notre voyage. Savez vous ou il s’en trouve et comment y aller ?— Ah çà mes enfants c’est compliqué, répond-elle en se grattant la tète. Ils sont extrêmement rares. Le mieux serait de demander à un guide de vous y conduire, mon tane Tahiarii par exemple. C’est un des gardes de la réserve. S’il est de bonne humeur, peut-être… Ah ben tenez, le voilà qui arrive. Chéri, je suis ici !— Tane ?— Son mari, son homme, me souffle Alex. Il faut vraiment que tu te mettes au polynésien !— Ia ora na ! E aha tō ‘oe huru ? (Comment vas-tu) ? — Maitai (Bien !). Je te présente deux de nos nouveaux pensionnaires : Christine et Alex. Ils ont quelque chose à te demander.
J’éprouve un choc. Le gars est une montagne de muscle, une sorte de croisement entre Dwayne Johnson et Maui (du film d’animation Vaiana), tatouages compris, si vous voyez le genre. J’en reste bouche bée. Mais Tahiarii semble surpris lui aussi en nous voyant. En fait c’est surtout Alex qu’il regarde avec étonnement. Moi, c’est à peine si j’existe ? Mais il se détend rapidement et sourit.
— Et que puis-je pour vous ? Dit-il directement à Alex.— Est-ce que vous pourriez nous guider vers le Temehani pour aller à la découverte des tiarés Apetahi ?— Aita.
Il y a un blanc. J’interroge Alex du regard.
— Ça veut dire «non».
Ah merde…
Épisode à suivre
Diffuse en direct !
Regarder son live