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Chroniques immortelles - Le roi requin

Chapitre 6

Le treizième titan.

Erotique
Sur le coup, j’en reste bouche bée de longues secondes, le temps de réaliser que je suis devant un personnage légendaire, un personnage qui n’existe pas, mais qui en revendique l’existence !
— Mais… c’est impossible ? Comment peux-tu… D’où sors-tu ?— C’est une histoire pas très ordinaire, me répond Tahiarii. Assieds-toi, je te la raconte ?— Je veux, oui !
Je m’assieds en face du colosse, sans souci de la pluie qui continue à tomber dru.
— Je suis né il y a… très longtemps sur une des îles Samoa. J’étais un garçon très ordinaire. J’ai grandi, je suis devenu un guerrier comme les autres, j’ai pris une épouse, j’ai eu des enfants… Mais un jour, je me suis rendu compte de quelque chose de bizarre. Quand je me blessai, je guérissais très vite, en quelques secondes alors que plus jeune, je cicatrisais comme tout le monde. Plus les années avançaient, et plus je guérissais vite, presque instantanément. Et autre chose m’étonnait. Alors que les gens de ma génération vieillissaient, que leurs visages se ridaient et que leurs cheveux devenaient blancs, moi je ne changeais pas, je restais jeune comme au premier jour…— Punaise ! Je devine : sans le savoir, tu étais devenu un héros. Tu étais sur la voie des immortels !— Eh oui… Mais je ne le savais pas. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Mais les gens de mon peuple voyaient ce qui se passait. Au fil du temps, comme je finissais par accumuler un savoir très important, ils ont fini par faire de moi le chef de leur communauté. Mais je n’étais pas heureux… Tu comprends Christine, je voyais disparaître au fil des ans des personnes que j’avais connu enfants jusqu’à ce qu’ils deviennent des sages vieillards. C’est difficile à la longue, à vivre, à endurer… Alors j’ai choisi de ne plus me fixer. Chaque fois qu’une expédition pour chercher de nouvelles terres s’est préparée, j’ai choisi d’en prendre la tète, de faire profiter les colons de mon expérience. D’île en île, année après année, j’ai participé et conduis des dizaines d’expéditions dans tout le Pacifique sans jamais me fixer.
— Au fil du temps, mes pouvoirs augmentaient progressivement. Un jour j’ai découvert que je pouvais me transformer, augmenter ma force, ma vue, ma musculature… ou changer de sexe. Je pouvais devenir n’importe qui. Encore quelque siècles et j’ai pu devenir un animal, n’importe lequel. Le premier que je suis devenu était un requin… C’est à cette époque que l’on m’a donné le nom de Tangaroa, le roi des requins.— Tu avais atteint le deuxième cercle ? Comme çà ? Sans aide ?— C’était il y a presque deux mille ans. C’est à cette époque que pour la première fois, une nouvelle expédition que je conduisais a débarqué sur Raiatea, pas très loin d’ici, dans la baie de Fa’aroa. Et quelques années plus tard, s’est produit un évènement extraordinaire… Christine, tu sais qu’avant l’arrivée des européens, les Polynésiens vivaient presque nus, avec juste leurs tatouages et des ornements naturels à base végétales ?— Oui. Il paraît que les missionnaires protestants ont fait pas mal de dégâts, en vous obligeant à vous vêtir et en détruisant une grande partie de votre culture…— Culture bien plus sauvegardée que tu le crois… Bref, un jour un couple étrange s’est présenté à l’entrée de notre village. Étrange, car ils portaient quelque chose que nous n’avions jamais vu : des vêtements. Ils portaient ce que l’on appelle de nos jours des tuniques et ont demandé à me parler. Ils se sont présentés. L’un d’eux m’a dit qu’ils étaient des dieux venus de très loin. Il a dit s’appeler Ouranos et sa femme Gaïa…
Putain ! Je suis contente d’être assise, je crois que j’en serai tombée sur le cul !!!
— Tu… tu dis que Ouranos et Gaïa sont venus ici il y a deux mille ans, sur Raiatea ???— Je comprends que çà te stupéfie. Mais laisse moi continuer. Au début, je ne les ai pas cru, mais très vite, ils nous ont fait une démonstration de leurs pouvoirs. C’était bien des dieux, avec des pouvoirs bien plus étendus que les miens.— Mais que sont-ils venus faire ?— Attends… ils m’expliquèrent qu’ils étaient bien plus anciens que moi, que leurs enfants avaient en charge une partie du monde ou se trouvaient d’autres hommes. Leur tache était de guider et d’instruire les hommes vivant dans les territoires de leur responsabilité, mais ses enfants l’avaient profondément déçu… Ouranos me dit « Peut être que leurs échecs sont dus au fait qu’ils sont de lignée divine, la notre, avec des défauts à la hauteur de leur puissance. Alors il m’est venu l’idée de confier la tache de guider les hommes à un homme issu de leurs rangs. Le grand océan se peuple progressivement, les hommes ont besoin d’un guide. Il y a longtemps que je t’observe. Veux-tu être le treizième grand dieu, le treizième titan de la terre ? ».— Faire de toi un grand dieu, le fondateur d’une nouvelle lignée, à l’instar de Cronos, Odin et les autres ???
— Juge de ma surprise. J’ai refusé bien évidement. Comment aurais-je pu veiller sur les peuples du Pacifique alors que j’avais déjà du mal à veiller sur ma petite colonie ? Mais Ouranos et Gaïa m’ont parlé longtemps. Ils m’ont expliqué qu’ils allaient m’instruire, me rendre plus puissant en espérant que je conserverai ma sagesse. J’hésitai. Quelque part, j’avais envie de dire oui car leur proposition me donnait une véritable raison d’exister. J’ai fini par dire oui. Alors, ils m’ont transporté par… magie dans leur monde, ce qu’ils appellent le jardin d’Éden.— Punaise… tu connais aussi Éden…
Tahiarii me parle un long moment, les années passées sur Éden, instruit et entraîné par Ouranos et Gaïa, son évolution rapide vers les cercles suivants jusqu’au cinquième, sa surprise lors de son retour sur Raiatea de constater que dans le monde réel, il ne s’est écoulé que quelques jours. Il entreprend alors de transmettre la somme tout le savoir acquis, comment naviguer avec précision en se basant sur les étoiles, la connaissance des vents et des courants, l’agriculture adaptée aux îles et aux atolls du Pacifique… et des lois.
— A mon retour, j’ai ordonné la construction du marae, de façon à ce que les Polynésiens deviennent un vrai  peuple avec une culture et des traditions communes. Elle s’est bâtie et développé ici, puis a essaimé dans tout le Pacifique… avec plus ou moins de bonheur. Je me demande parfois si j’ai mieux rempli ma tache que les autres titans.
Le marae… Punaise ! Je comprends tout a coup que mes perceptions ont été troublées par le déluge de sensations qui m’ont assaillie ce jour là. Tahiarii était à coté d’Alex quand j’ai tourné de l’œil. Celui que les esprits appelaient « Tangaroa », ce n’était pas Alex, mais Tahiarii !
— Depuis cette époque, je veille sur les peuples du Pacifique… Les autres dieux pensent se le disputer, mais c’est moi qui y reste le maître. J’en ressens chaque frémissement, chaque tremblement, chaque éruption, chaque raz de marée, chaque tempête, chaque souffle de vent. Et quand les gouvernements insulaires se réunissent, sans qu’ils le sachent, j’oriente leurs décisions toujours dans l’intérêt des différents peuples du Pacifique. Et plus prosaïquement, je suis patron d’hôtel, le conservateur du marae et un des gardes de la réserve botanique. J’y surveille particulièrement ceux qui espèrent naïvement pouvoir aller cueillir le tiaré. Ce qui m’amène parfois a faire des rencontres inattendues, comme un jeune couple arrivé il y a quelques jours…
Tahiarii a prononcé cette dernière phrase avec un petit sourire en coin.
— Nous ?— J’ai tout de suite perçu Alex comme un immortel, mais pas toi puisque ton énergie était en veille.— Punaise ! C’est pour çà que tu n’en avait qu’après lui, sans me remarquer ? Moi qui croyais que tu étais seulement gay !— Pas que ! Répond-il en riant. Mais j’ai été étonné de votre intérêt pour le tiare. Au contraire de bien d’autres, vous y mettiez de l’entêtement. Çà me rendait perplexe. Et une autre raison : je suis persuadé d’avoir déjà croisé Alex, sous une autre forme, il y a longtemps, lors de la visite d’un explorateur, un français je crois…— Le voyage de Bougainville… Décidément, il faut qu’il me raconte… Mais le tiare, c’est autre chose. C’est Gaïa qui m’a donné comme mission de le sauver…— Gaïa ? Notre mère suprême ? Mais… comment compte-tu t’y prendre ? Les derniers pieds sont en train de disparaître.— Ça, je n’en ai pas la moindre idée, dis-je désemparée. Je me demande même si elle ne cherchait pas tout simplement à me faire découvrir ton existence… Putain, j’en reviens pas !
Tahiarii se dresse sur ses jambes, m’aide à me relever.
— On ne discute pas les souhaits de notre mère, dit-il. Comme toi, je ne vois pas quel pouvait être son but. Mais la seule façon de le savoir, c’est d’accomplir la mission qu’elle t’a confié. Tu sais voler sous la forme d’un oiseau ?— Oui, bien sur.
Quel plaisir de voler à nouveau ! Tahiarii s’est changé en frégate, moi en noddi brun. Il s’est dirigé sans hésiter vers le mont Temehani et je le serre de prés, car il a plongé immédiatement dans la brume. Il sait ou il va, moi pas, et je comprends pourquoi Alex ne pouvait arriver à rien : la brume noie tout. Si on ne sait pas ou sont les tiares, impossible de les trouver.
Sans avertissement, des arbres apparaissent soudain dans la brume. Tahiarii se pose, reprend sa forme humaine. Je l’imite.
— C’est par là me dit-il. Suis-moi.
Je le suis à travers la foret vierge. L’ambiance est surréaliste, j’ai l’impression d’être dans un autre temps, sur une autre planète. La brume noie tout, on ne voit qu’à quelques mètres. Une pluie fine nous inonde, ruisselle sur nos corps. Et nous avançons l’un suivant l’autre, nus comme des vers, enfonçant profondément dans le tapis végétal, une vision de début du monde, comme si nous étions les premiers êtres humains de la planète. Et Tahiarii s’arrête soudain.
C’est le tiare Apetahi. C’est bien lui, avec ses petites fleurs à cinq pétales en éventail. Je m’agenouille a coté de lui. Je n’ose pas le toucher et je ne le veux pas, je n’en ai pas besoin. Je m’imprègne de son énergie, je la laisse fusionner avec la mienne. Il se porte bien, il n’a besoin de rien... et je me sens désemparée !
— Et maintenant, dis-je, que dois-je faire ?— Je ne sais pas Christine, suis ton instinct ?
Maintenant, je ressent des énergies semblables un peu partout autour de moi plus ou moins loin, d’autres tiares. Mais celui que j’ai devant moi à quelque chose de spécial, d’étrange…
— Cet arbre, il me semble qu’il est différent des autres, dis-je. Et… qu’est-ce que c’est que cet objet fiché dans le tronc ? On dirait… une dent de requin ? Qu’est-ce que çà veut dire ?— Ce tiare… c’est tout ce qui reste d’un de mes descendant, une de mes petites filles, ma préférée.— Quoi ?— Oui… C’est une triste histoire. Veux-tu l’entendre ?— Si tu veux bien…
Le colosse s’assied au pied de l’arbre, le regarde avec un mélange de douleur et de tendresse.
— Elle s’appelait Tiaitau. Il y a plusieurs versions de l’histoire qui se sont transmises jusqu’à notre époque, mais voici la mienne. Elle était d’une grande beauté, d’une humeur toujours égale et elle était une immortelle du deuxième cercle. Elle était très douée, elle évoluait rapidement. Je l’adorai et c’était réciproque. Elle était mariée à Tau, un pécheur dont elle était passionnément amoureuse. Mais ce dernier était volage, on ne peut pas dire qu’il l’aimait. Il était infidèle, collectionnait les conquêtes et les aventures. Tout le monde le savait, sauf elle, et je n’osai pas lui briser le cœur en lui révélant la vérité sur son mari. Mais un matin, alors qu’il n’avait pas reparu depuis deux jours, Tiaitau s’inquiéta et partit à sa recherche. Une voisine, sans se douter de la gravité de ce qu’elle allait lui apprendre, lui dit qu’elle l’avait vu partir au petit matin vers le mont Temehani. Tiaitau prit alors le chemin qui conduisait au sommet de la montagne et elle arriva ici même.
— Elle entendit alors des gémissements, des cris de plaisir. Un couple était en train de faire l’amour. Elle s’approcha sans bruit et découvrit alors Tau en train de baiser avec une fille ! Elle n’en croyait pas ses yeux. Elle voyait la fille se tortiller sur le sexe de son mari. Puis ce dernier la basculait à quatre pattes et la pénétrait avec violence, exprimant son plaisir avec forces grognements, tandis que la fille criait sous ses assauts. Tiaitau n’arrivait plus à respirer. Son cœur battait à grands coups, sa tète lui tournait. Incrédule, elle regardait  avec horreur les jeux érotiques du couple. Pire même, la fille faisait à son mari des choses qu’elle n’aurait jamais fait elle même. La fille prenait le sexe de son mari dans sa bouche ou se laissait pénétrer par son trou serré. Jamais Tiaitau n’aurait pu croire de telles choses de son mari. Son monde s’écroulait. A une époque, je lui avait fait cadeau d’une dent de requin. Elle la portait toujours autour de son cou. Elle le prit et la posa sur les veines de son poignet...
— Sa détresse était telle que j’ai senti son désespoir, son désir de mourir. En un éclair, je me suis transporté auprès d’elle. J’ai entendu un bruit de fuite précipitée. Les deux amants s’étaient rendu compte du drame qui se jouait. Elle était effondrée, pale, exsangue, un ruisseau de sang s’écoulant de son bras. Elle m’a jeté un regard suppliant. Je voulais la guérir, mais elle voulait mourir. Elle m’a dit « Tau, il m’a trahie. Pardon grand-père, je dois partir, mais je te laisse un souvenir de moi. Chaque fois qu’une fleur naîtra, ce sera un cadeau de ma part ». Quelques secondes plus tard, elle se métamorphosa en un jeune tiare au moment ou je sentis son esprit la quitter.
J’ai la gorge serrée. La tristesse de Tahiarii me fait mal. Je voudrai faire quelque chose pour lui. Alors une idée me vient.
— Mais c’est simple, il suffit que tu lui redonnes une apparence humaine ?— Hélas non Christine. Son esprit est parti. Je pourrai effectivement lui rendre la vie, mais ce serait un autre esprit, celui d’un nouveau-né qui n’aurait plus rien de commun avec ma petite fille. Cet arbre, c’est tout ce qui me reste d’elle, juste un souvenir…— Et le deux amants, que sont-ils devenus ?
Le regard du dieu se fait dur.
— Quelques jours plus tard, Tau est parti pécher avec elle, sans le moindre remord. Alors qu’ils plongeaient pour ramasser des coquillages, j’ai appelé des requins…
J’ai un frémissement… C’est un meurtre. Il a tué de sang froid… Je ne veux pas le juger. De quel droit ? Je me rappelle alors m’être lamentée auprès de maître Wong/Ares que tous les dieux étaient des meurtriers, ce à quoi il m’a fait une réponse qui m’a fait frémir : « Mais toi aussi tu tueras Christine, comme tous les autres immortels. Tu tueras ». Je regarde à nouveau le tiare. Puis fixe Tahiarii droit dans les yeux.
— Je comprends pourquoi tu as affronté le cyclone, dis-je en souriant. Tu avais peur pour lui, que la tempête le brise, n’est-ce pas ? Je suis heureuse d’avoir pu t’aider. Dire que je m’étais juré de ne plus utiliser mes pouvoirs ! Quelle conne j’ai été ! Ce ne sont pas nos pouvoirs le problème, mais la façon dont certains les utilisent. Mais c’est fini désormais, j’utiliserai moi aussi mes pouvoirs sans retenue pour le bien être des populations.— Eh bien tu vois, lance soudain une voie féminine derrière moi, ce n’était pas si difficile !
Tahiarii ouvre des yeux ronds. Je sursaute et me retourne d’un bloc. Qui a pu ???
— Gaïa !
Derrière nous, une silhouette lumineuse s’est matérialisée. Dans un geste plein de respect, Tahiarii met un genou à terre alors que folle de joie je bondis dans les  bras de la déesse, je me blottis contre elle. Quel bonheur. Et quelle étrange sensation. Elle n’est pas matérielle, et pourtant, je la sens contre mon corps, je sens sa joue contre la mienne, ainsi que sa main qui caresse mes cheveux.
— Oh mère, comme je suis heureuse de te voir !— Moi aussi Christine, et encore plus que tu aies pleinement retrouvé la confiance qui t’avait quitté. Relève toi Tahiarii, çà me gène. Et puis je suis chargée de vous féliciter de la part d’Ouranos : il a eu presque du mal à vous résister…— Que veux-tu dire ?
Je m’écarte légèrement d’elle.
— Oui… Je comprends à présent, dis-je. Il a généré un cyclone uniquement pour m’obliger à utiliser mes pouvoirs, me prouver que ces pouvoirs peuvent être bénéfiques. Et c’est toi qui m’a incitée à suivre Tahiarii... En me confiant cette mission, sauver les tiares Apetahi, ce n’était pas les tiares que je devais sauver… C’était moi…
Putain ! Je ne me suis rendue compte de rien. La déesse mère me sourit avec bienveillance.
— Mais… pourquoi ici ? Pourquoi Raiatea ?— Parce que tu avais perdu confiance envers les immortels. Tu les voyais corrompus, violents, avides de puissance. Ouranos a pensé qu’il serait bien de te faire constater par toi-même que tous ne sont pas du même genre.— Effectivement, ils ne sont pas tous pareils, dis-je en regardant le colosse.
Et soudain, une idée me traverse.
— Mais en attendant, je n’ai pas rempli la mission, dis-je avec un grand sourire. Et je sais ce que je dois faire !
Je me met à genoux dans la litière humide, les mains sur le tapis végétal. Je l’ai senti au premier contact avec ce qu’il reste de Tiaitau. Autour de moi, partout sur le plateau et aux alentours, il y a des centaines de graines enfouies qui attendent un signal, un rayon de soleil, l’action d’un insecte pour germer. Alors, je laisse diffuser mon énergie. Des dizaines de graines germent, de jeunes pousses s’élèvent… Je leur transmet mon énergie, je les rends forts. Le plateau se couvre de nombreuses petites étoiles banches. Les botanistes ne comprendront jamais comment tous ces jeunes pieds ont échappé à leurs recherches.
J’ai du mal à m’en rendre compte, mais ma mission est terminée. Tahiarii et moi avons effectué un long vol plané vers l’hôtel ou nous avons été accueillis avec des sourires goguenards. Un peu avant de quitter Gaïa, celle-ci m’a demandé de ne pas révéler l’existence de Tahiarii aux autres dieux.
— Ils ignorent son existence ? Pourquoi ?— Parce que trop d’entre eux ont un instinct belliqueux qui risquerait de déclencher des conflits, me répond-elle. Puis-je compter sur toi ?— Bien sur, mère.
Un secret de plus pour mes frêles épaules... Mais je n’ai pas pu le cacher à Alex.  Il a bien senti le déchaînement de puissance lorsque nous avons combattu le cyclone. Il a compris tout de suite que deux immortels luttaient contre les éléments dont un du cinquième cercle. Il n’a rien d’un imbécile mon Alex. J’étais l’un deux, donc Tahiarii… il gardera le secret, je le sais, il a toute ma confiance, mon Alex….
Les jours suivants, je fête ma renaissance. Je me métamorphose au gré de mes humeurs et de mes envies. En noddis bruns, Alex et moi nous jouons comme des gosses à nous poursuivre entre les cimes des cocotiers. Je deviens dauphin, raie manta ou je m’impressionne moi-même. Avec Tahiarii, je deviens un requin, faisant s’écarter prudemment le reste de la faune sous-marine. Et je baise amoureusement avec Alex chaque fois que c’est possible.
Nous passons aussi un long moment chez le tatoueur. Nous ne pouvions pas faire autrement ! Le jour de notre départ, Alex affiche un grand requin stylise sur l’ épaule droite et j’arbore une superbe raie manta qui me couvre tout le bas du dos et une fleur de tiare Apetahi au dessus du sein gauche, coté cœur. Car il faut penser au retour. Et l’avant-veille de notre départ, Tahiarii nous fait une requête.
— Voilà : nous avons coutume à l’hôtel en fin de session touristique de mettre en scene un mariage polynésien. En général, on choisit un couple parmi les estivants selon quelques critères, leur humeur, leur gentillesse, leur jeunesse… Voulez-vous jouer le rôle demain ?
Comment refuser. Et je me sens tellement honorée ! Et ainsi… Le lendemain, Oronui viens chercher Alex pendant que Ohana en fait autant pour moi. J’ai noué un paréo façon robe de soirée, croisé devant, noué sur la nuque. Une couronne de fleur est posée sur ma tète, puis je suis embarquée sur une pirogue, juste de quoi faire un petit crochet dans le lagon avant de revenir vers la plage de l’hôtel.
Tahiarii va jouer le rôle du maître de cérémonie. Il attend au bord de l’eau vêtu d’un somptueux costume traditionnel en compagnie d’Alex, paréo autour des reins et couronne de fleurs lui aussi. Un groupe de danseuses s’agitent dans leurs plus beaux atours accompagnées de chants et du rythme lancinant des ukulélés, des tambours et des to’eres. Alex vient me prendre dans ses bras afin que je n’ai pas à marcher dans l’eau. Puis des garçons entraînent Alex d’un coté, je pars d’un autre avec les danseuses vers un faré.
Quelques minutes plus tard, toujours escortée des danseuses, je reparais portant une de ces incroyables coiffures polynésiennes traditionnelles et d’un large collier de fleurs. Alex revient pareillement paré sur la pirogue qui m’a amenée tout à l’heure. Et nous nous retrouvons main dans la main devant Tahiarii…
Le roi requin est magnifique. Et solennel. Il ne sourit pas, il ne rigole pas. En dialecte polynésien , il appelle la bénédiction des dieux sur notre union et officialise notre mariage. Mais un trouble intense s’empare de moi.
Alex m’a serré la main. Lui aussi est troublé. Cette situation me rappelle étrangement le mariage auquel j’avais assisté chez le cheikh Hussein en compagnie d’Antinea. Nous échangeons un regard empreint de perplexité. Et j’ai des frissons… Antinea, ma chérie… Ou est-elle ? Qu’est-ce qu’il nous arrive ?
Une noix de coco a été brisée, son lait versé sur nos mains jointes. Et si tout ceci était autre chose qu’une simple mise en scène ? Je regarde Alex, MON Alex, si beau, si doux… Je me rends compte que je n’ai plus le même regard  envers lui que lors de nos premières aventures et il a le même regard que moi… Alors nous échangeons un doux baiser, un long et tendre baiser pendant qu’une intense vague de chaleur me court de la tète aux pieds.
On nous a mis un long manteau sur les épaules qui nous couvre tous les deux, puis nous sommes montés sur une chaise à porteur que de solides polynésiens promènent le long de la plage. Mais ce n’est pas fini, certes non ! L’heure est à la fête ! Et lorsque les danseurs et les estivants attaquent le mouvement de danse qu’on apprenait au petit matin, nous nous lançons avec enthousiasme au milieu du groupe. Et cette fois, je fais concurrence à Ohana, car, dois-je l’avouer ? J’ai activé mes facultés pour être à son niveau et je pratique à présent le tamure à un niveau à faire pâlir de jalousie les concurrents du « Heiva i Tahiti » annuel !
Dans l’avion qui nous ramène en Europe, je repasse le film des évènements de ces quelques jours dans ma tète tout en somnolant, blottie tendrement dans les bras d’Alex. Mon Alex… Comment décrire les sentiments qui m’animent, la contradiction voire la lutte dans mon esprit entre ce que je ressens pour lui, et ce qui me pousse vers Antinea ? Oh Antinea, comme tu me manques ! Et comme j’aime Alex ! Oui, je… je l’aime, bien plus qu’un ami, bien plus qu’un frère, mais avec Antinea… c’est autre chose. Putain ! J’ai la tète en vrac…
Ah oui j’oubliais, bien sur on a partouzé avec Tahiarii et sa famille. Et j’étais aux anges, entre Denise Maimiti une vraie femme à l’humeur toujours égale, mon Alex si beau, si parfait et si fort, Oronui est ses manières douces et efféminées, et Ohana la rae-rae, tellement entreprenante et délurée. Et Tahiarii aussi évidement avec son physique hors norme, le treizième titan. Bah… j’espère que vous ne serez pas trop déçus de zapper ce passage. Ce que vous lisez par ailleurs vaut bien tout ce que j’aurai pu vous raconter de ce moment. J’espère que vous ne m’en voudrez pas ? Je me rattraperai une prochaine fois, promis…
— Oh putain !!!
J’ai sursauté, me relève brutalement sur mon siège . Je me suis écriée tellement fort que nombre de passagers se sont tournés vers moi et qu’une hôtesse vient me voir.
— Ça va mademoiselle, quelque chose ne va pas ?— Euh… non, non, excusez moi, j’ai du faire un cauchemar.
Alex qui somnolait pareillement me regarde avec curiosité. Je laisse le calme revenir dans l’avion puis lui parle à voix basse.
— Alex, dis-moi : dans la mythologie grecque, Ouranos et Gaïa ont eu douze enfants que l’on appelle les titans.— Oui, sauf qu’en réalité ils n’étaient que sept dont seulement quatre, voire trois vivent encore aujourd’hui comme tu le sais. Le reste est une invention des hommes. Pourquoi cette question ?— A cause d’un truc que m’a dit Tahiarii le jour du cyclone. S’ils n’étaient que sept, pourquoi Ouranos lui a t‘il proposé d’être le TREIZIÈME titan ?— Mais… je ne sais pas ? Fait-il décontenancé.— Pour qu’il y ait un treizième, il a fallu un douzième… Les dieux actuels ignorent l’existence de Tangaroa. Alex, et si les cinq titans « imaginaires » avaient réellement existé ?— …………………………………………………..

Fin de l’épisode

*** Bonus***Caserne des pompiers, Digne les bains, quelques jours plus tard.— Eh Christine, tu nous chantes « la bite à Dudule » ?— Va te faire enculer !
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