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Chroniques immortelles - Le voleur de feu.

Chapitre 4

L'immortel

Hétéro
— Mais alors tu devrais être morte ? Mais c’est affreux !— Oui, enfin, si le commanditaire n’avait pas choisi le mauvais cheval, pardon Chris...— Et vous pensez qu’il pourrait se trouver dans le ksar, derrière cette montagne ?
On s’est installées toutes les trois devant la maison à l’ombre d’un oranger et j’ai raconté à Fadila tout ce qui nous a amenées ici. Il fait doux, un petit vent joue dans nos cheveux. Djamila, la petite chèvre préférée de Fadila est venue se coucher juste à mes pieds. « Elle t’aime bien » me glisse Fadila. Elle caresse un lapin blotti contre sa poitrine. Même Christelle joue avec le petit âne. C’est l’image du bonheur. Et nous qui arrivons avec nos histoires de complots et de meurtre. J’ai honte…
— Nous ne le savons pas en fait, intervient Christelle. Des indices nous disent que « peut-être » le commanditaire opère depuis cette région. Mais nous n’en avons pas la preuve. La seule chose que nous savons, c’est qu’il s’y passe des choses horribles ? C’est bien çà ma chérie ?— Oui, je vais vous dire tout çà, mais d’abord toi Fadila, que sais-tu de ce ksar ?— Ils sont mauvais… Avant c’était un village de contrebandiers, mais depuis quelques temps, ils sont devenus djihadistes, affiliés à Daech. Les villageois d’ici disent que beaucoup d’armes transitent là bas. Il y a des mercenaires étrangers qui se sont installés. Mais… ils disent aussi qu’ils font le trafic d’esclaves : des noirs et des touaregs, des maliens capturés de l’autre coté du désert qui sont vendus ensuite dans divers pays, mais aussi des filles et des jeunes enfants enlevés un peu partout y compris en Europe qui transitent là bas avant d’être eux aussi revendus dans le monde entier. Je n’en sais guère plus. Et toi ?— Ce que j’ai vu dans leur esprit confirme ce que tu sais, mais en pire. Il y a ce trafic d’esclave bien sur. Il y a aussi ces jeunes, filles et garçon. Je l’ai vu dans leur esprit. Ils les destinent aux marchés de la prostitution. Ils les droguent, les rendent accro et une fois que c’est fait, les prostituent en échange de leur dose régulière, puis les vendent comme tu dis dans le monde entier. Mais il y a pire…
Je respire un grand coup avant de continuer.
— Il y a aussi un petit bloc opératoire. Ils pratiquent le marché d’organes… Certains de leurs prisonniers sont opérés pour leur retirer, un rein, un foie, ou… un cœur. Les organes sont mis aux enchères sur le Net, le sang vendu aux centres de transfusion un peu partout dans le monde. Parfois même ils travaillent sur commande… D’après ce que j’ai vu dans leur esprit, leurs clients sont des gens fortunés prêts à payer plutôt que d’attendre aléatoirement sur des listes d’attente.
Fadila apparaît décomposée. Elle est horrifiée. Christelle a à peine cillé, mais son regard est devenu glacé. Et ce regard, je le connais, il y a du meurtre dans l’air.
— J’avais déjà entendu des histoires comme çà quand j’étais avec le prince Hassan puis plus tard en Afghanistan, dit-elle froidement. Mais à l’époque je m’en foutais. Bon. Je suppose que peu importe que « mon » commanditaire soit là ou pas. Quand est-ce qu’on y va ?— Je… je ne sais pas. Tout de suite ?
Christelle se met à rire. Mon instinct me pousse à foncer, mais c’est pour se jeter dans un nid de guêpes ! Je réalise que je n’ai pas la moindre idée de la façon de procéder.
— On va se calmer ma chérie, reprend Christelle. Impossible d’y aller avec la voiture, on se ferait repérer tout de suite. Il faut savoir à quoi on a affaire, reconnaître le terrain avant de décider quoi faire. Fadila, on peut atteindre le ksar en passant par la montagne ?— Oui, je connais plusieurs sentiers, je vous guiderai, répond solennellement la marocaine.— Non Fadila, dis-je. Cette affaire n’est pas la tienne, je ne veux pas que…
— Si, çà me concerne, répond-elle fermement. Je connais la montagne, ses sentiers, ce village, ce ksar. Pas vous. Et c’est mon pays. Je ne veux pas que des choses pareilles se passent prés de chez moi. C’est ma décision et elle irrévocable.— Bééééé… rajoute la petite chèvre
Je suis saisie, impressionnée. Fadila fait preuve d’une détermination dont je ne la croyais pas capable. J’hésite. Il y aura sûrement du danger et je répugne à l’impliquer davantage. J’interroge Christelle du regard.
— Nous avons besoin de Fadila, dit-elle. D’accord ma chérie, tu viens avec nous. Il faut nous préparer. Il faudrait arriver demain matin.— Alors il faut partir ce soir, répond-elle.
Nous sommes sur le pied de guerre. Nous sortons des sacs à dos du 4x4, les bourrons de nourriture, d’eau et de bricoles diverses. Christelle et moi nous remettons en short et tee-shirt, mais Fadila refuse obstinément de quitter sa djellaba.
— J’ai trop l’habitude, tu comprends ? Me dit-elle. Et puis comme çà je passe inaperçue. Alors que vous…
Elle a raison. Par précaution, nous emmenons deux djellabas de plus. Christelle se transforme en guerrière et je ne peux m’empêcher de sourire : elle s’est natté les cheveux, elle a ses deux revolvers dans leurs gaines solidement accrochés à ses cuisses. Avec son sac à dos, et ses rangers aux pieds, elle ressemble à Lara Croft !
— Tu as quoi dans ton sac à dos ?— Deux revolvers de plus, les munitions, des silencieux, du C4, des détonateurs, quelques grenades... Les bricoles habituelles, quoi.— Oh putain...
Quant à moi, après une brève hésitation, j’enfile les bijoux apportés par Haemon : la bague, le collier et le bracelet. Je ne sais pas à quoi ils vont pouvoir servir, mais Antinea ne m’a pas fait parvenir çà pour rien. Je suis prête. Christelle aussi, son fusil à la main. Fadila ferme la porte de son grand enclos. Le soleil va bientôt se coucher.
— Tu ne rentres pas les animaux ? Dis-je.— Les chèvres ne risquent rien, répond-elle, il n’y a pas de gros prédateur par ici. Il y a des renards, mais les lapins et les poules seront à l’abri dans le grand enclos. Tout ira bien, ne t’inquiète pas.
L’obscurité arrive alors que nous attaquons la montagne. Nous progressons rapidement, Fadila en tète. Nous avons décidé de forcer nos capacités physiques pour arriver le plus vite possible. Nous ne ressentons aucune fatigue. Christelle par contre ne peut que jouer de ses propres forces, même si elle peut effacer sa fatigue. Mais c’est une dure, tonique et vigoureuse et elle suit le rythme, même si je dois la décharger d’une partie de son équipement.
Il doit être une ou deux heures du matin. Nous sommes proches de la ligne de crête. Il fait froid. Nous nous accordons une pause pour une rapide collation pendant laquelle Christelle nous briefe rapidement. C’est d’accord, à partir de maintenant, Fadila et moi, nous nous reposons sur son expérience et nous suivrons ses ordres. C’est alors que…
— Qu’est-ce que c’est ? Dis-je. Il va y avoir de l’orage ?
Fadila a aussi entendu. Nous poussons notre audition. On entend des grondements dans le lointain, des chuintements…
— Explosions et tirs d’armes automatiques, intervient Christelle la mine tendue. On se bat de l’autre coté de la montagne. Je n’aime pas çà. D’accord, vous êtes immortelles, mais…— Pas éternelles ? Je sais… On va avancer sur la pointe des pieds. Il faut savoir ce qui se passe là bas. Pour le reste, on te fais confiance Chris.
Un peu plus d’une heure après, nous avons franchi la ligne de crête. Le bourg et son ksar se devinent en contrebas. Nouvelle pause. Nous scrutons soigneusement les alentours. Rien de visible. Mais Christelle a sorti des lunettes infrarouges et nous alerte soudain.
— Il y a des sources de chaleur au dessus du ksar à onze heures. Il y a du avoir des feux. Je distingue des silhouettes humaines qui s’en éloignent et descendent vers le ksar.
Instantanément, je fais mes « yeux de chat » et détecte aussitôt des traces brûlantes.
— Tu as raison, je les vois aussi.— Moi aussi, enchaîne Fadila— Bééééé…
Nous sursautons toutes les trois ! Une petite chèvre s’est arrêtée sans bruit à coté de nous !
— D’où sort cet animal ??? dis-je en chuchotant.— Djamila ! s’exclame Fadila. Mais qu’est-ce que tu fais ici ??? Elle a du nous suivre ! Je suis désolée Christelle. Djamila, tu es une vilaine ! Rentre vite à la maison !— Non, laisse là, tant pis, elle  servira de prétexte à notre présence. Putain ! J’ai failli faire une crise cardiaque !— Venez les filles, reprend Christelle, allons voir ce qui a pu se passer. Il y a eu une bataille ici, j’en mettrai la tète de la chèvre à couper !— Hé ? Ça va pas non ?
Nous descendons lentement un long moment. Nous atteignons l’endroit des feux. On dirait qu’il y a eu un incendie. On distingue encore quelques braises rougeoyantes. Nous nous sommes légèrement écartées les unes des autres tous les sens aux aguets. Et Fadila étouffe un cri !
— Par Allah ! Venez voir ici, vite !
Christelle et moi la rejoignons en trois bonds. Terrible… Au milieu d’un espace brûlé baigné d’une odeur de viande cramée, on distingue les restes carbonisés de trois… non, quatre personnes… Fadila et moi nous sommes arrêtées, horrifiées devant ce spectacle. Même en tant que pompier volontaire, je n’ai jamais eu à voir une telle horreur. Mais Christelle n’en a cure et s’étant approchées des corps, me fait signe d’approcher. Je laisse Fadila tremblante et la rejoins d’un pas mal assuré.
— Regarde, me dit-elle. D’après ce qui reste, on dirait qu’ils portaient des tenues militaires. Et ils ont été tués probablement au lance-flamme. Mais je n’ai jamais vu un tel niveau de carbonisation, même quand les américains balançaient du napalm. Les corps ont été incinérés jusqu’à l’os. C’est incroyable. Et regarde le crane de cet homme : il n’y a rien qui t’étonne ?
Je me force à regarder l’horrible spectacle. Les os du squelette sont quasiment à nu, cuits par une intense chaleur. Presque toute la chair a été réduite en cendre. Le crane, me dit-elle ?
— Par tous les dieux ! Dis-je. C’était un vampire !!!
Un vampire ! Il n’y a pas de doute, les longues canines sont bien là, identiques à celles si caractéristiques de la communauté du comte Dracula que j’ai rencontrée en Bulgarie. Et soudain, nous entendons un léger gémissement plus haut dans la colline. Christelle nous fait signe de la suivre. Malgré l’angoisse du moment, je suis admirative. Elle se déplace rapidement, souplement, parfaitement à l’aise, elle est dans son élément, dans une ambiance de guerre, de violence, brrr…
Il y a un corps, atrocement brûlé, moins touché que les quatre autres cadavres. Et je me retiens de crier lorsque je le vois remuer faiblement !
— Par tous les dieux ! Il est vivant ! Dis-je.— Comment est-ce possible ? Demande Christelle. Il devrait être mort ???— C’est un vampire ! Il est en train de se régénérer lentement ! Le malheureux…
Alors j’agis. Une pensée. Mon énergie se déverse dans le corps de l’homme. Il ne faut que quelques secondes pour que le corps retrouve son intégrité, et l’homme laisse échapper un grand soupir avant d’ouvrir des yeux étonnés.
— Qui… qui êtes vous ? Comment m’avez vous fait çà ?— Je m’appelle Christine. Voici mes amies Fadila et Christelle. Et vous, qui êtes vous ? Un vampire, mais d’où venez-vous ?
L’homme met quelques secondes pour réaliser ce qui se passe et comprendre qu’il n’a pas en face de lui de simples mortelles.
— Je suis le chevalier Vassili M. dit-il. Vous m’avez guéri ? Mais alors… vous êtes une déesse ? Christine… Êtes vous Christine Gautier ?— Oui, c’est bien moi.— Zeus soit loué ! Nous étions inquiets pour vous. Je fais partie des services spéciaux de Monsieur Kostia. Je suis de la branche « action » de ces services.— Mais que faites-vous ici ?— Mes camarades et moi escortions les furies. Elles étaient chargées de procéder à l’arrestation de l’immortel qui a commandité les meurtres récents y compris le votre.— Quoi ??? Les furies sont ici ? Et c’est un immortel la cause de tout ceci ???— Oui madame. Mais cet homme est d’un niveau bien supérieur à ce que nous pensions. Nous avons été attaqué. Nous devions investir le ksar cette nuit et l’arrêter, mais… il nous a trouvé avant, je veux dire que les gardes du ksar nous ont repéré. Puis çà a été l’enfer. Mes compagnons ont été… brûlés par un feu lancé par cet homme et les trois furies ont été capturées sans pouvoir résister. J’ai eu la chance de ne pas être touché directement. C’est hallucinant ! Il est au moins du quatrième cercle, si pas plus.
Je suis abasourdie. Les immortels du quatrième cercle sont rarissimes. D’où sort celui-là ? Je consulte Christelle du regard.
— On remonte se planquer un peu plus haut, dit-elle. Ici c’est trop risqué. Ces gardes peuvent revenir à tout instant.
Le jour se lève lentement et nous trouve à quelques distances du lieu de la bataille. Par précaution, j’ai mis mon énergie sur « off ». J’en ai fait autant pour Fadila qui ne maîtrise pas ce talent, pendant que Vassili achève son compte rendu. Les services vampires de la branche « renseignement » ont été efficaces et ont remonté très vite la piste, bien plus vite que nous et identifié sa nature probable. Ils étaient douze en comptant les trois femmes et Vassili est le seul survivant. Il nous apprend également qu’avant de succomber, ses compagnons ont eu le temps d’appeler à l’aide. Des renforts ne devraient pas tarder. De mon coté je lui résume ce que j’ai lu dans l’esprit de nos trois baiseurs de la veille. Que fait-on ?
— On observe, me répond Christelle. On attend les renforts et on se tient prêts à déguerpir si les gars du ksar décident de s’intéresser à nous. Pas question de se tirer j’imagine ? De toute façon, nous sommes presque aussi vulnérables ici que dans la maison de Fadila.
Le lever du jour nous trouve embusqués dans un petit bosquet. Christelle a positionné son fusil prêt à tirer et elle équipe Vassili. Deux revolvers emportés en réserve et une paire de jumelles ultra-puissantes.
— Les revolvers sont chargés à balles explosives. Voici des chargeurs de rechange.— Vous aviez prévu de déclencher la troisième guerre mondiale ? Demande le vampire impressionné.— Prends cette paire de jumelle. Tu vas me servir d’observateur s’il faut faire le coup de feu. Les filles, on se contente d’observer, je compte sur vos œils d’aigle pour détecter tout mouvement. Ça ira ?— OK Chris.— Pas de problème.— Bééééé...
Nous pouffons de rire. Nous sommes tous les quatre à plat ventre. La petite chèvre est venue s’allonger entre Fadila et moi, et elle me pousse du museau, quémandant mes caresse.
— Elle t’aime vraiment beaucoup, me dit Fadila avec un grand sourire.— Elle veut peut être que tu lui fasses minette, répond Christelle avec un petit rire.— Ah non, dis-je, on a trop peu de temps pour les loisirs !
On étouffe toutes les trois notre envie de rire.
— Pourquoi ? Reprend Christelle. Tu n’as jamais baisé avec un animal ?— Oh là là, si tu savais, dis-je en pensant à mes années passées au jardin d’Éden. Et toi ?— Oui, quand j’étais dans « le métier », répond-elle. La première fois c’était avec un chien, un labrador. Son maître m’avait mis un collier, une muselière, une laisse pour que je sois la chienne de son animal. Et il avait adoré çà le clébard ! Qu’est-ce que j’avais pris ! Mais merde, çà payait bien. Et toi Fadila ?— Oui… quelque fois, répond la marocaine en rougissant. Mon petit âne… Vous voyez ?— Ah… je me disais aussi qu’il était bien affectueux…
Cette fois, nous pouffons franchement ! C’est absurde. On parle zoo alors que l’on s’apprête comme dit Vassili à la troisième guerre mondiale. Je croise son regard. Il est médusé de ce que nous venons de dire. Mais il nous ramène soudain à la réalité.
— Ça bouge là bas…
Nos regards se portent en contrebas, l’un avec ses jumelles, l’autre à la lunette de son fusil, Fadila et moi en poussant notre vision. Je regarde, sans vraiment observer, mais les deux « militaires » ont vite fait l’état des lieux.
— Je compte au moins six gardes armés, murmure Christelle, dont un qui surveille vers ici, deux sur le village.— Oui, et les trois autres guettent sur les autres cotés, rajoute Vassili. La terrasse ! Regardez ?— Deux mecs qui prennent un petit déjeuner, continue Christelle, sous la protection de deux autres gardes. Ma tète à couper que ce sont les patrons, les autres leur témoignent trop de déférence.— Vous pensez que « l’immortel » est l’un d’eux ? Dis-je.— Bééééé….— Impossible à dire, répond Vassili. L’un d’eux est certainement un européen : blond, teint clair, comment savoir ?
Je prends alors une décision conforme à mon habitude : complètement stupide.
— Putain ! Je veux savoir. Christelle, garde les bijoux envoyés par Antinea. Je vais voir.
Je ne peux les garder sous une forme animale. Sous les yeux étonnés de mes compagnons, je retire rapidement tous mes vêtements, je me mets à poil et je me métamorphose en faucon.
— Ne fais pas çà, me dit Christelle, c’est imprudent ! Oh merde…
Mais je ne veux plus rien entendre. La trop longue attente a usé mes nerfs. Je prends mon essor et plonge droit vers le ksar.
Une tonnelle surplombe la terrasse ou déjeunent les deux hommes qui nous intriguent. Mais derrière moi, se produit un évènement qui m’échappe. Me voyant plonger dans la direction du bourg, la petite chèvre bondit soudain de sa cachette à ma poursuite et s’élance en trottinant dans la pente !
— Djamila ! Reviens ! Lance Fadila d’un ton pressant. Ne va pas rejoindre Christine ! Oh là là ! Ce n‘est pas possible, elle veut la suivre, elle veut suivre son amie ! Djamila !
Mais l’animal fait la sourde oreille et au petit trot s’éloigne rapidement. Alors Fadila fait elle aussi quelque chose de stupide. Elle se redresse et quitte la cachette.
— Fadila ! Mais qu’est-ce que tu fais ???— Je dois la rattraper et la ramener. Si elle tombe sur des hommes mauvais, ils vont lui faire du mal !— Mais enfin tu ne vas pas risquer ta vie pour une chèvre ???— C’est mon amie, répond doucement la marocaine.
Et sans hésiter, elle se lance à son tour dans le sentier.
— Merde ! Lance Christelle. Voilà ce que c’est de travailler avec des amateurs ! Ces deux folles vont se faire tuer !
Le hasard dit-on est l’allié des policiers et des enquêteurs. Aujourd’hui je peux rajouter : et des blondes écervelées. Je me pose sur un des montants de la tonnelle à quelques mètres des deux hommes en train de déjeuner, assez prés pour entendre distinctement leur conversation.
— ...mais ne crains-tu pas une autre attaque de tes ennemis ? Ne devrais-tu pas trouver une autre cachette ?Demande le marocain.— C’est inutile, reprend calmement l’européen. Ils m’ont localisé, ils ne me lâcheront plus. Mais c’est sans importance, je suis à présent plus fort que n’importe lequel d’entre eux. Je les vaincrai tous, les uns après les autres. Dis moi plutôt : tes hommes en Grèce ont-ils confirmé la mort de Christine Gautier ?— Oui, c’est confirmé. Mes correspondants sur place ont vu un grand brasier sur l’île de ton ennemi.— La crémation, oui, c’est la coutume chez les olympiens.— Et quand tu les auras vaincu, tu me fera le don de l’immortalité ?— Tu as ma parole, toi, tes hommes, ta famille, leurs familles. T’ai je déjà menti ? Il est temps de frapper plus haut et plus fort, au sein même des fondateurs. Dionysos est la prochaine cible. Puis ce sera au tour des deux filles de Zeus, Aphrodite et Athéna. Et puisqu’elle s’est si bien acquittée de la tache, passe le contrat avec la même tueuse que pour Christine Gautier.
En entendant ces terribles paroles, j’en reste le bec ouvert et je ne peux m’empêcher de pousser un petit cri. L’homme lève la tète, me voit et sursaute !
— Qu’est-ce que c’est que cet oiseau ? Crie t-il d’une voix presque tremblante. Vous savez que je les déteste ! Abattez moi çà !
Je sursaute, mais ne reste figée qu’une fraction de seconde. Et bien m’en prend ! Alors que je quitte précipitamment mon perchoir, un bruit saccadé se fait entendre. Je plonge afin de prendre le plus de vitesse possible, saluée par le miaulement des balles. Et soudain, alors que je vire pour disparaître entre deux maisons, une boule de feu me passe au ras des plumes !
Le cœur battant - et Dieu sait qu’un cœur d’oiseau çà bat vite ! - je parviens à échapper au tir de mes assaillants. Je remonte la pente en volant au ras du sol, slalomant au milieu des buissons et parviens à me poser sans encombre auprès de Christelle et Vassili.
— Putain ! J’ai eu chaud aux plumes ! Dis-je en reprenant forme humaine. Où… où est Fadila ?— Partie en courant à la poursuite de sa chèvre, répond Christelle. Elle a voulu te rejoindre et Fadila l’a suivie vers le ksar !— QUOI ??? Mais c’est une catastrophe ! Ce type est bien l’immortel que nous recherchons, je l’ai bien entendu ! Et pour balancer des boules de feu comme çà, c’est un immortel du quatrième cercle ! Si çà tourne mal, Fadila n’a aucune chance face à lui ! Merde !
Je prends alors une décision encore plus stupide. Je remets rapidement les bijoux à leur place, bague, collier et bracelet, je reprends le physique de la « cousine » de Fadila, et enfile une des djellabas apportées en réserve.
— Je vais la chercher ! Couvrez moi si çà tourne mal !— Non Christine, ne fais pas… Et puis flûte… Vassili, pince moi, j’y crois pas.
Je dégringole la colline. J’ai conscience que les gardes m’ont sûrement repérée en train de courir, mais je me dis aussi que Fadila doit l’être aussi. Et déjà, j’échafaude une histoire à dormir debout pour nous sortir de là. Mais manque de pot, quand je la rejoins, elle a été interceptée par un trio de gardes… que je reconnais.
— Et tu dis que tu es venue jusqu’ici pour récupérer ta chèvre ? Que faisais-tu de ce coté-ci de la montagne ?— L’herbe est plus tendre, répond timidement Fadila.— Et puis j’avais envie de vous revoir, dis-je en me découvrant. Comment çà va les hommes, toujours aussi gaillards ? Vous avez récupéré depuis hier ?— Leila… fait l’américain, toi aussi ?— Fadila m’a raconté tellement de choses sur vos exploits, dis-je enjôleuse, que j’ai voulu voir ou vous habitiez.
C’est alors que trois autres marocains en armes et à la mine sévère arrivent à leur tour.
— Qui sont ces femmes, que font-elles ici ? Lance celui qui les dirige.— Oh c’est rien, c’est juste la pute de l’autre coté de la montagne et sa cousine, répond l’américain. Ce sont de bons coups !— Elles n’ont pas à être là ! D’ailleurs elles ne devraient même pas sortir sans être accompagnées. Ou sont leurs frères ou leurs maris ? Et pour commencer, voilez vous, pécheresses !
C’est alors que « je pète un plomb ». J’ai les nerfs en pelote, j’en ai marre !
— Eh du calme grand-père, je me voile si je veux, je baise qui je veux et si je veux, et c’est pas toi qui va me donner des ordres !— Tais-toi fille de chèvre ! Lance t-il menaçant.— Vieux porc ! Dis-je en proie a un début de colère.
L’homme s’est approché pendant l’échange et lève la main pour me frapper. Mais les leçons de maître Wong reviennent instantanément, et lorsque la main s’abat, je lui prends le bras et lui inflige un kata guru-ma qui l’envoie rouler sur le sol !
Je me rends compte alors qu’emportée par mon impétuosité, j’ai fait une erreur tactique car aussitôt, trois kalachnikov se dressent et me mettent en joue. Le temps semble se suspendre une éternité pendant que l’homme se redresse péniblement. Je ne sais pas que plus haut sur la montagne, Christelle est à un doigt de presser la détente de son fusil. Mais une apparition soudaine change la donne.
— Qu’est-ce qui se passe ici ?
La voix a été calme, mais ferme, sans tonalité particulière. C’est lui… C’est l’immortel. Il s’avance tranquillement, blond, bronzé, un petit sourire au coin des lèvres . Je sens son énergie incroyable, au moins aussi forte que la mienne ! Il ne la dissimule même pas ! J’en frissonne. Cette énergie, je sens sa signature: c’est un olympien ! Et je me félicite d’avoir mis celle de Fadila et la mienne en sommeil. Il se dégage une autorité et un charisme naturel de sa personne, et je décide de jouer profil bas.
— Une petite visite Monsieur, reprend l’américain. Ce sont les deux filles à qui nous avons rendu visite hier.— Ah… bien. Et que veulent-elles ?— Apparemment récupérer leur chèvre, et d’après celle-ci, dit-il en me désignant, pour vérifier si on est en état de les baiser à nouveau. Elles sont vraiment bonnes Monsieur !— Ah ? Vraiment ?
Son regard se vrille sur moi, semble me transpercer. Je perçois la convoitise dans son regard. C’est un immortel, et comme tout immortel qui se respecte, celui là a des désirs exacerbés. Je perds (apparemment) ma contenance. L’homme est incroyablement sur de lui et de sa force, je dois me montrer désarmante.
— Oui… enfin, c’était façon de parler Monsieur, dis-je timidement.
Il continue à me fixer. Je baisse les yeux. J’attends, soumise.
— Conduisez les dans mes appartements, dit-il d’un ton sans réplique.
Nous pénétrons dans la cour du ksar. Je jette un coup d’œil rapide vers la montagne. Je fais « non » discrètement de la tète. Je sais que Christelle est prête à agir. Et pour l’instant, je veux en savoir plus. Mais Fadila est inquiète…
— Fais simplement tout ce qu’il voudra, lui dis-je discrètement. Ne fais rien d’autre.
Nous sommes introduites dans un appartement confortablement meublé à l’européenne. Lui seul y pénètre avec nous et il referme la porte derrière lui.
— Alors il paraît que vous êtes excellentes en amour ? Bien, nous allons voir cela…
Nous hésitons. Apparemment. Ce serait une réaction normale de notre part.
— Votre petite chèvre est au mains de mes gardes, reprend l’homme en nous voyant hésiter. Faites ce que je vous dis et vous repartirez avec elle, toutes trois bien vivantes. Mais si vous refusez, elle finira sur une broche.
Fadila prend un air effrayé qui n’est pas feint. Pour sauver sa chèvre elle est prête à n’importe quoi. Je hoche la tète en signe d’acceptation. Il tend son bras vers moi et me fait signe d’approcher.
— A genoux, femme, me dit-il.
Inutile de se demander ce qu’il veut. J’ouvre lentement son pantalon, découvre une bite de belle taille qui prend rapidement de la raideur. Il ne fait aucun geste. Il me regarde, il attend. Je m’exécute, prends son membre en bouche et je le reconnais, il a bon goût. Au point ou j’en suis… Je lui fais une fellation dans les règles, alternant les pénétrations profondes et les petits coups de langue sur la hampe et le gland. Je le branle aussi sans brusquerie, caresse ses couilles bien fermes. Ce ne serait pas la situation inquiétante, ce serait un vrai plaisir !
Il a fait un signe à Fadila, la fait s’agenouiller à coté de moi. Elle se met à l’ouvrage après que nous ayons échangé un regard. Surtout, rester soumises ! Et je commence à perdre la tète, il émet des tonnes de phéromones ! Malgré moi, je me frotte lascivement contre son torse, contre ses cuisses, fait courir mes mains sur son corps. Il me rend dingue ! Je me demande juste à quel moment il va devenir brutal…
Mais ce n’est pas le cas… Au contraire, il caresse nos cheveux, nos joues avec une extrême douceur. J’en ai des frissons de partout ! Alors que Fadila poursuit sa fellation, il me fait redresser.
— Déshabille toi, dit-il d’un ton simple.
J’ai du mal à ne pas me précipiter ! Je retire lentement ma djellaba, me mets à nu. Il m’attire contre lui, me presse, avance son visage du mien. Putain, j’ouvre ma bouche malgré moi ! Et il m’embrasse, comme peut être jamais un homme ne m’a embrassé, une langue incroyable qui me pénètre là ou aucune autre langue n’a eu l’idée de pénétrer ! Et là encore, il a un goût des plus suaves… Oh putain !
Il redresse Fadila, la fait se déshabiller pareillement. Elle m’envoie un regard étonné. Elle non plus ne s’attendait pas à une telle douceur. Pourvu que çà dure ! Nous sommes à présent complètement nus tous les trois, et il nous entraîne vers un grand lit, nous invite à nous y allonger. J’ai la chatte en feu, détrempée, je veux qu’il me prenne ! J’ondule sur le lit, lascive, tout en  lui jetant des regards suppliants. Comment cet homme pourrait-il chercher à me tuer ? C’est invraisemblable ! Et puis merde Christine ! Profite de l’instant !
— Vous pouvez vous mettre en soixante-neuf, les filles ? Nous demande t-il.
Et en plus il nous demande la permission ? Mais c’est qui ce gars là ??? J’attire Fadila sur moi. Je la sens aussi troublée que moi. Elle s’allonge sur mon corps, tète bêche. Elle est détrempée ! Je bois goulûment à sa source un moment, puis je vois le sexe de l’homme approcher, se positionner et la pénétrer avec une infinie douceur. Je sens Fadila trembler de plaisir au fur et à mesure de la pénétration, et plus encore lorsque l’homme commence son lent mouvement de va-et-vient. Cette fois c’est carrément des petits jets qui s’échappent de la chatte de mon amie. Je bois tout, j’avale tout, m’interrompant de temps en temps pour mordiller les bourses de l’homme ou son sexe tout entier quand il se retire plus franchement pour m’en faire profiter.
Fadila est arrivée à deux doigts de la jouissance. C’est le moment qu’il choisit pour se retirer, le salaud ! Il se déplace sur le lit, quelque part entre mes jambes, et enfin, je le sens me pénétrer doucement, attentif a la moindre de mes réactions. J’en peux plus, j’en peux plus, jamais on ne m’a baisé comme çà ! Je suis arrivée moi aussi au bord de l’explosion ! Mais il s’est retiré, oh noooon !
Nous sommes à présent à quatre pattes, l’une contre l’autre, échangeant des baisers langoureux. De ses mains, il fiste nos chattes, les pénétrant chaque fois un peu plus loin, un peu plus fort. La tète me tourne. Je ressens des caresses sur tout le corps, mon dos, mes seins, mes hanches, mon ventre, des sensations comme des mains glissent dans mon cou, co… comment fait-il çà ? Alors je vois, stupéfaite, des ondes lumineuses courir sur nos corps, s’insinuer dans le moindre recoin de nos organismes, de la lumière solide comme celle que j’ai connu entre les mais de Gaïa ! C’est impossible, un immortel ne peut pas faire çà ??? Et soudain, juste avant que j’explose, je comprends !
Il est du cinquième cercle ! C’est un titan !
A suivre…
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