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Civière en cavale

Chapitre unique

Divers
La COVID-19 affecte tout le monde. Mais ce n’est pas parce qu’on est âgé de cent cinq ans qu’on doit laisser le sexe de côté pour autant !
***
Juillet 2021. Toujours en pleine période de pandémie, le Québec doit maintenant affronter sa quatrième vague de COVID-19. Face à la multiplication des variants (dont ceux provenant particulièrement de la Grande-Bretagne et ceux nouvellement propagés via le site Xstory) ainsi qu’à l’interminable attente des doses de vaccins en provenance du Tiers-Monde (merci monsieur Trudeau !), les urgences de nos hôpitaux québécois sont plus que jamais remplies de patients infectés.

À tel point que l’on peine à contrôler les entrées et les sorties, à établir le nombre de malades admis, transférés sur les étages ou aux Soins intensifs, ou encore le nombre de ceux ayant reçu leur congé. Dans les couloirs, c’est la course folle entre patients ambulants et personnel soignant. On ne sait plus qui est où, ni depuis quand, ni pour combien de temps. Et le virus, lui aussi il court. Ce n’est pas encore la panique, mais c’est la COVID en pique-nique.
C’est dans ce contexte chaotique que travaille aujourd’hui docteure Alicia LeBel, l’urgentologue de l’hôpital Honoré-Mercier à Saint-Hyacinthe. Mais il y a déjà longtemps qu’elle s’y est faite. Cela fait bien maintenant dix-huit mois que la femme aux cheveux noir de jais et aux yeux pers envoûtants se soumet presque quotidiennement à ce rythme de travail éreintant. Elle a donc l’habitude de retrouver momentanément hors de contrôle les activités qu’elle coordonne dans son service mais, comme le dit souvent sa compagne de vie Sophie en parlant d’elle, son gros minet finit toujours par retomber sur ses pattes et par reprendre les rênes de la situation.
Ce matin, les ambulances ont recommencé à faire la fête et Alicia a de plus en plus de difficulté à savoir où donner de la tête.
C’est dans ce joyeux bordel et cette confusion que Geneviève, l’assistante-infirmière-chef du service de l’urgence vient retrouver la femme médecin :
— Oh Ali, te voilà enfin, je te cherchais dans tous les recoins ! Il y a un vieux monsieur qui vient d’arriver, civière 3. Un dénommé Gingras. Pas trop amoché, mais d’apparence un peu déshydraté. Problème abdominal à investiguer. Peut-être un début d’occlusion intestinale. On l’a classé P2 mais pourrais-tu le voir avant qu’il aille trop mal ?
— Vieux, tu dis ? reprend Alicia en replaçant son stéthoscope autour du cou.
— Cent cinq ans, et trois jours environ. Désires-tu davantage de précisions ?
— Bon ça va, j’irai le voir dès que j’ai fini ici avec madame Turgeon.
— Merci, Doc. Le plus tôt sera le mieux ; il n’arrête pas de gesticuler sur son brancard en réclamant de l’assistance, le vieux. Oh, un petit détail...
— Quoi donc ?
— II est sourd comme un pot et ne porte aucun appareil, alors bonne chance à toi ! termine la gestionnaire avec un sourire narquois.

Merde ! fait la praticienne. Comme si en plus j’avais besoin de ça.
La toubib âgée dans la vingtaine se présente à la civière 3. Elle ouvre le rideau et fait la connaissance de son nouveau patient:
— Bonjour, Monsieur. Je suis docteure LeBel. Vous êtes...?
— Quoi ? fait l’homme avec sa voix de grognon. Parlez plus fort, je suis un peu dur de la feuille !
— C’EST QUOI VOTRE NOM ? reprend la femme qui d’une agréable conversation doit faire son deuil.
— Pas si fort ! s’oppose le vieillard. Je suis dur d’oreille, mais pas sourd !
— D’accord. Donc vous êtes monsieur...
— Lange-Gingras. Dieumegarde Lange-Gingras, fils de Yoland Gingras. Et ma mère s’appelait Ellalva Gingras.
— Et vous êtes ici pour...?
— Je ne suis pas assis, je suis couché, vous voyez bien ? rétorque, en haussant légèrement le ton, le vieil homme qui peine à comprendre son interlocutrice.
— C’est quoi vot’ problème ? demande alors l’urgentologue en faisant elle aussi monter d’un cran l’intensité de sa voix.
— J’ai un peu mal au ventre, commence par dire le patient centenaire. Mais en réalité, je crois que c’est le démon.
— Le démon ?
— Le démon du midi, pardi ! Vous, les jeunesses, semblez jamais savoir de quoi on parle, des fois, nous les vieux.
Sans perdre davantage de temps, Alicia amorce l’examen sur les lieux.
— Hey, qu’est-ce que vous faites ? demande l’homme en opposant un léger mouvement de défense.
— Je vous examine, monsieur Gingras. Du moins je pense, se dit la doc en elle-même.
— Mais je le vois bien que vous êtes une gamine, pas besoin de me le dire ! Vous avez le droit de me tripoter de la sorte ?
— Je suis le docteur, je vous examine ! précise tout haut la femme qui ne s’emporte.
— C’est vrai que vous avez pas bonne mine. Vous y allez pas un peu trop fort avec le taf, peut-être ?
— Prenez-vous des médicaments ? demande la femme en ignorant la question, tout en poursuivant ses manipulations.
— Des pilules ? Ah oui, beaucoup ! Je prends Lipitor pour le cholérol, Maalox pour l’estomac, Norvasc pour la pression, Glucophage pour ma diabète, du charbon pour mes pets et un autre médoc pour la mémoire, mais lui, je me rappelle pas du nom.
Doucement, Ali commence à palper le ventre de ce corps séculaire.
— Vous me faites penser à ma chatte quand elle pousse ses petites pattes contre ma bedaine, remarque l’individu.
— Eh bien, voyez-vous, c’est peut-être pour ça que ma meuf m’appelle son gros minet. Bien vu !
— Oh excusez-moi, monsieur. Je vous avais pris pour une femme.
— Mais je SUIS une femme ! Alicia corrige-t-elle son patient.
— Ah ben, ça parle au maudit ! Vous êtes une vraie femme aux femmes ? Sapristi !
— Tout à fait. Ça ne vous dérange pas trop ?
— Au contraire ! Moi qui pensais qu’il y avait juste des hommes aux hommes. Eh bien, j’ai tout vu, je pourrai enfin mourir !
— Y a pas de presse, vous savez ! En fait, vous ne mourrez pas, du moins je pense pas aujourd’hui.
Lentement, consciencieusement, l’examen se poursuit.
— J’ai toujours mal à un œil lorsque je prends une gorgée de café, Docteur. Est-ce que c’est grave, d’après vous ? questionne le vieux patient de meilleure humeur.
— Hum... Ça dépend. Pensez-vous à enlever la cuillère de temps en temps ?
Moment de silence. Affable, Alicia tente de reprendre la conversation:
— Vous devez être une des plus vieilles personnes du monde entier ?
— Quoi ? Vous êtes à la veille de perdre votre dentier ? lui répond l’autre. Alors je vous donne un truc: laissez toujours votre dentier au même endroit en vous couchant le soir, mam’zelle. Une fois je l’avais confondu avec mon œil de verre alors le lendemain matin je me suis mordu la joue. Depuis ce temps ma devise est œil pour œil, dentier pour dentier.
Alicia s’est gantée, sur le point d’approfondir son investigation.
— Je vais à présent vérifier vos organes.
— Votre nom c’est Morgane ? Moi c’est Dieumegarde Lange-Gingras, reprend l’homme âgé. Mon ancêtre est arrivé en Acadie en 1769 ; son nom était Jay Labite-Haché. Il n’a pas eu beaucoup d’enfants, allez donc savoir pourquoi. Ensuite, avec le temps, Haché a donné Agin puis finalement Gingras.
— Tournez-vous sur le côté, monsieur Gingras.
— Hey, mais qu’est-ce que vous faites là?
— Je procède à votre toucher rectal.
— Pour sûr que me toucher comme ça, c’est mal. Vous en avez du culot ! Me faire ça, à mon âge !
— Bon, fait la femme toubib au terme de son évaluation. J’ai vérifié vos parties génitales et...
L’homme la coupe:
— Oui, oui, au final, je vous trouve pas trop géniale. Alors qu’est-ce que j’ai, Doc ?
— Vous avez juste besoin d’un petit... soulagement.
— Quoi, d’un soulèvement ?
Exaspérée, Alicia lève la tête en roulant les yeux vers le ciel.
— Effectivement, vos testicules sont dus pour être vidés, mon bon monsieur !
Menute là! s’offusque le vieillard. Appelez-moi pas ti-cul, OK ? J’ai quatre fois votre âge et je suis pas dû pour être viré. Vous allez d’abord vous occuper de moi !
— Vous êtes en manque de SEXE, c’est cela que je veux dire. Vos couilles sont dures !
— Ben oui, s’accorde finalement à dire le singulier et maigrichon patient. Avec le cyranovirus, on ne peut plus sortir, avoir de la bonne compagnie, voir de belles femmes. Ni même aller visiter les filles de joie... Je crois bien avoir les couilles pas mal pleines à cause de tout ça ! Ah Docteur, avez-vous un p’tit r’mède pour moi ?
— Je peux tenter de trouver ici une volontaire pour régler votre problème. Ce sera peut-être difficile. Je vais voir si une infirmière ne voudrait pas sacrifier sa période de pause pour vous ’soulager’.
Quelque peu désespérée mais néanmoins heureuse d’avoir pu établir son diagnostic, Alicia se dirige vers la salle de repos du personnel. Seule l’infirmière Catherine Blondin est assise à la table, sirotant tranquillement son café en lisant son cartable.
— Cathy, j’aurais un service à te demander. Si tu acceptes, je crois qu’une civière sera rapidement libérée.
La jolie blonde se fait brièvement dresser le tableau et apprend en quoi consistera son intervention auprès du vieux snoreau.
— Pas de souci, ma belle Ali, accepte sans tarder sa collègue de l’urgence. Je suis prête à n’importe quoi et ferai diligence. Je termine mon café et à la tâche je vais m’atteler !
C’est dix minutes plus tard que notre infirmière se retrouve au chevet du patient centenaire.
— Monsieur Gingras, je suis Catherine. Donc on m’a dit que vous aviez un problème de trop-plein ?
— Pas vraiment, non. Peux pas dire que je vais trop bien. La femme toubib m’a touché partout puis elle est partie.
— Voulez-vous que je vous taille une pipe ?
— C’est ça, oui: elle a vu la taille de ma bite et elle s’est enfuie. Pas surprenant d’elle: c’est une femme aux femmes !
- Mais il est complètement sourd, le bonhomme ! se rend finalement compte le belle blonde. Je ferais mieux de m’exécuter sans attendre davantage et sans ambages.
— Oh, comme c’est bon, mam’zelle ! se réjouit le vieillard alors que son infirmière a débuté sa délicate besogne thérapeutique en suçant doucement un membre séculaire.
Mais au bout d’une minute:
— Pourriez pas grimper et me rejoindre sur le brancard, ma garde ? demande le vieux monsieur. J’ai un peu froid à force de me faire ainsi pomper le chibre tout à découvert.
Répondant au désir de son client, Catherine s’empresse de monter sur la civière et s’étend sur son patient. Elle se couvre d’un drap et s’est tue, non sans s’être au préalable entièrement dévêtue.
Trente minutes sont passées. Ayant tout juste terminé une nouvelle consultation, Alicia retourne en direction du cubicule occupé par son patient à l’âge honorablement avancé. Une vive surprise l’attend cependant une fois arrivée.
Que s’est-il passé? Doux Jésus, la civière a disparu !
Un bref et rapide regard circulaire : rien, aucune trace de monsieur Gingras ni de son infirmière Catherine. Une pensée angoissante traverse alors son esprit en sourdine :
Merde ! Je me souviens d’avoir légèrement déplacé la civière afin de pouvoir mieux circuler autour, mais je ne me rappelle pas d’avoir réappliqué les freins. Par tous les saints !
Entretemps, sur l’autoroute 20 en direction de Québec, les agents Serge-André Leloup et son collègue Patrick de la Sûreté du Québec sont appelés à intervenir en interceptant un véhicule suspect roulant à basse vitesse:
— Je dois procéder à un contrôle car vous semblez en infraction en lien avec plusieurs articles du Code de la Sécurité routière, annonce un des officiers en s’adressant à un premier occupant du véhicule pris en défaut. Tout d’abord votre véhicule ne semble pas immatriculé. Vous, ainsi que votre passagère, n’êtes pas attachés et vous roulez bien en deçà de la vitesse minimum permise qui est de 60 km/hre.
— Nous allons devoir vous escorter jusqu’au prochain poste de police car à cause de la COVID, on ne peut vous embarquer dans notre voiture-patrouille. Vous allez donc continuer dans la même direction pendant trois kilomètres. Après avoir traversé la rivière Yamaska, vous emprunterez la prochaine sortie. Nous vous suivrons de près dans notre propre véhicule.
Un spectacle surréaliste s’offrira ainsi aux autres usagers de la route : sur l’autoroute 20 reliant Montréal à Québec, une civière aperçue se déplaçant vers l’avant à coups de trente centimètres à la fois, ses deux occupants cachés sous un drap blanc, le tout sous l’escorte d’une voiture-patrouille de la Sûreté du Québec les suivant à pas lents, tous gyrophares clignotant. On racontera plus tard que l’événement aura suscité la formation sur la route de dix kilomètres de bouchon.
Voilà bien de quoi alimenter une conversation !
FIN
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