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De Corps et d'Âme

Chapitre 1

Erotique
"De Corps et d’Âme" - Nouvelle érotico-fantastique en 7 chapitres - Théo Kosma
Chapitre 1 – La lettre
Lorsqu’une jeune fille est encore au lit à une heure tardive, seule, effondrée, tenant une lettre entre ses mains, il s’agit généralement d’un chagrin d’amour. Le courrier d’Amaury, pourtant, ne comportait aucun mot de rupture. Au contraire, tout n’était que paroles d’amour. Sandrine était tantôt couchée, se retournant sur elle-même telle une petite fille faisant un cauchemar, tantôt à genoux serrant la feuille contre son cœur comme une religieuse priant avec son crucifix. Tantôt enfin assise, lisant, relisant sans arrêt chaque phrase. Depuis ce matin se déroulait le même petit manège pathétique. C’était inutile, elle le savait bien. S’imprégner de cette feuille jusqu’à la savoir par cœur n’avait rien de sain. Tout psychologue le lui aurait dit, tout ami l’aurait prise par la main pour l’emmener dehors. Bouger, s’aérer, voir du monde.
Son mobile était coupé, quant au fixe elle ne répondait pas lorsqu’il sonnait. La jeune fille avait tout juste eu la force de prendre sa douche et de se sécher. Désormais, elle ne se sentait plus capable de rien, pas même d’aller fermer les rideaux ou les volets. Si ça se trouve on la voyait, qu’importe. En fait, en cet instant plus rien ne lui importait. Dans l’immeuble, on aurait crié à l’incendie qu’elle ne sait même pas si elle aurait tenté de fuir. Pour un œil pervers, la scène devait avoir une note d’érotisme.
L’étudiante se répétait qu’elle ferait mieux de ranger le papier au fond d’un tiroir. Pour peut-être le ressortir un jour, lorsqu’elle aurait fait son deuil. Pour l’heure, elle ne parvenait à s’y résoudre. La plaie était trop vive, et surtout bien trop fraîche. Amaury était porté disparu depuis à peine trois jours, et cela faisait tout juste vingt-quatre heures que sa mort était certaine. Tout le monde n’était pas encore au courant, elle n’avait pas le courage de passer tous les coups de fil qu’il fallait. Ni l’indécence de publier un billet sur son réseau social. Ils sauraient bien, de toute façon. Avec le journal, la radio, les amis d’amis, la triste nouvelle se propageait en ce moment même comme une traînée de poudre. Pour preuve, le fixe avait sonné une bonne vingtaine de fois aujourd’hui.
Elle ne mettait aucun tabou sur le mot. « Décès » serait le terme de circonstance destiné à la famille et aux amis. À elle, ce terme semblait bien trop doux pour une réalité si atroce. En principe, tout un protocole devait à présent s’engager. Appeler tout le monde, se rendre au samu, s’informer du rapatriement du corps, organiser les obsèques avec la famille. Pour l’heure, Sandrine en était totalement incapable. Au moins dans le cocon de sa chambre, le silence et l’enfermement apaisait peu à peu la douleur. Ou tout du moins ne la faisait pas empirer.
Vingt-deux ans à peine, c’est vraiment trop tôt pour perdre à jamais l’amour de sa vie. Certains auraient considéré que c’était trop tôt pour une relation aussi sûre, à l’âge où on a tendance à enchaîner les petits copains sans se poser de questions. Seulement ces choses-là on ne les décide pas, elles surviennent ou ne surviennent pas, tout simplement. Lorsque ça arrive, cela tombe du ciel. Jusqu’à ses vingt ans, Sandrine était effectivement comme ses copines : elle ne se posait pas de questions. Elle couchait selon son envie, pour un coup d’un soir ou d’un après-midi.
Parfois des rapports plus construits et réguliers, cependant toujours teintés de légèreté. Ses études lui donnaient alors tout juste le temps de s’amuser un peu. Et puis un beau jour, au lendemain d’une classique histoire de cul, elle avait eu envie de revoir le garçon. Et cette envie était partagée. Plus curieux encore : le revoir pour se balader ou prendre l’air frais, sans songer directement au sexe. Et ce, malgré la fabuleuse partie de jambes en l’air qu’ils s’étaient offert la veille. Jour après jour, puis semaine après semaine, l’aventure s’était métamorphosée en vraie belle relation. L’air de rien et sans crier gare, sans même qu’elle ou lui ne s’en rende bien compte. On dit que de nos jours l’amour surgit souvent ainsi, de façon bien moins attendue qu’autrefois.
Ce que la jeune fille tenait entre ses mains était une denrée rare : une lettre de papier, rédigée à l’encre d’un noir profond. Presqu’une sorte d’antiquité, à l’heure du tout S.M.S. Certaines copines faisaient mine de trouver ça ringard et vieux jeu pour cacher leur jalousie. D’autres, plus sincères, lui disaient qu’elle avait tiré le bon numéro. Son ami avait toujours aimé écrire. Amateur de bibelots, fouineur de brocantes et de vide-greniers, il possédait dans sa collection un encrier des années cinquante et une belle plume de cygne gris. Chaque semaine, il en trempait le bout dans l’encre de Chine et délivrait un petit message à sa bien-aimée, aussi doux que sulfureux. Non, ça n’avait rien de vieux jeu.
Un garçon vieux jeu vous offre des fleurs au premier rendez-vous et vous complimente d’emblée sur vos fringues. Un homme ringard commande du champagne dès le premier soir pour vous épater ou joue au macho trop sûr de lui. Non, les correspondances de son chéri se situaient bien au-delà. De telles lettres, rédigées d’une belle écriture sur du papier parchemin, semblaient plutôt provenir d’une autre dimension.
Celle qu’elle tenait entre ses mains serait la toute dernière. La beauté de l’écriture lui faisait encore plus mal. Chez ce garçon, tout était beau. Chaque geste, chaque parole, chaque création. Même le matin mal réveillé et mal rasé, elle le trouvait magnifique. « Aucun doute », lui avait dit sa copine Vanessa lorsqu’elles en avaient discuté, « c’est bien de l’amour. C’est à partir de là qu’on sait qu’on est amoureuse. Quand tu n’as même plus à te demander s’il est réellement beau ou non dans la réalité : ça n’a plus d’importance, car pour toi ça reste le plus chouette garçon du monde ».
Pourtant, cette lettre était toute simple. L’amour est aussi simple que le sexe : inutile de calculer ou de faire des plans. Juste quelques phrases douces, de celles qu’il lui écrivait avant ses départs. Comme à peu près une fois par mois, Amaury avait prévu de partir quelques jours pour une vadrouille en montagne. Enfant des Alpes, rester plus d’un mois dans la capitale sans voir de roches lui donnait la sensation d’étouffer. La randonnée et l’escalade étaient pour lui des activités vitales, une sorte de traitement qui le conservait en bonne santé.
Du reste, la petite amie ne pouvait qu’y apporter sa bénédiction : son copain en revenait toujours gonflé à bloc, le teint frais, muscles mieux dessinés pour avoir été mis à l’épreuve tout le week-end, heureux comme un roi. Leurs meilleures nuits étaient toujours marquées par ces retours. En temps normal, le jeune homme était déjà fort bon amant. Lorsqu’il revenait de ces petits voyages, il la comblait bien plus encore. Son bassin était infatigable, insatiable. Il la pénétrait doucement, vivement, parfois avec force, toujours avec tendresse. Et ne cessait de la surprendre. Même après avoir joui une fois dans sa bouche et une autre sur ses seins, il possédait encore toutes les ressources pour lui faire l’amour autant qu’elle le voulait.
Ses missives, le jeune homme prenait toujours la peine de les monter au quatrième étage pour les glisser sous la porte plutôt qu’en bas dans la boite de la loge, tel un amant ne voulant pas éveiller l’attention du gardien. Ce courrier-ci ressemblait à bien d’autres. Il avait dégotté un co-voiturage pas cher et un hébergement à l’œil, pile là où il désirait se rendre. Comme de coutume, Marco l’accompagnait. Il n’avait pas eu le temps de la prévenir et s’en excusait, bien qu’ils se laissaient une entière liberté l’un à l’autre. Il serait tout à elle d’ici trois jours, et ne manqua pas de lui décrire quelques petites choses qu’il avait hâte de lui faire. Le petit ami ne s’encombrait pas d’un langage ampoulé ou soutenu : il ne souhaitait pas lui en mettre plein les mirettes. La sincérité suffisait amplement pour entretenir l’amour qu’ils se portaient et exciter considérablement sa belle, laquelle allant jusqu’à se caresser en le lisant. Après la signature, il s’était fendu d’un post-scriptum : « Je compte les minutes d’ici lundi soir… ». Des points de suspension qui en disaient long. Des derniers mots remplis de sous-entendus, au sens éminemment sexuel.
Lundi soir, c’était le soir qu’ils se réservaient. Leur soir à eux. Malgré les emplois du temps chargés, il leur fallait au minimum une nuit par semaine, tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre. L’université de Sandrine et le travail d’Amaury ne leur permettaient pas encore de faire autrement. En semaine, ils se croisaient sur la capitale au gré des envies et des possibilités. Parfois pour une exposition ou un verre, parfois pour une ballade, parfois pour un désir à assouvir discrètement dans une ruelle ou derrière un buisson de square. Cela devait être au tour de l’amant de venir cette semaine-ci. Du premier jour de leur rencontre, ils n’avaient pas manqué un seul de ces rendez-vous.
Plus d’un an déjà… la date lui semblait si loin, si proche. Tout avait débuté de façon si crue, dans une parfaite entente sexuelle. Les gestes, les mouvements étaient harmonieux dès leur première nuit, et ni l’un ni l’autre ne voulait se priver de revoir le coup du siècle. Et puis, ils prirent aussi de plus en plus plaisir à parler, sortir. Pour trois fois rien… faire quelques pas, regarder passer les nuages ou se faire un ciné. Une relation somme toute très classique, mais qui était à leurs yeux exceptionnelle.
Les nuits passées ensemble restaient parmi les souvenirs les plus fous. Dans leurs moments d’intimité, leurs corps n’étaient plus les mêmes. Comme aimantés, ils pouvaient batailler l’un contre l’autre des heures durant, sans même sentir la fatigue. L’esprit ne contrôlait plus les mouvements, l’excitation emportait tout sur son passage et les emmenait jusqu’au bout de la nuit. Au commencement de leur histoire, l’amante en avait des courbatures pour la semaine entière. Pas pour lui, sportif depuis son plus jeune âge. Elle se dit tout d’abord qu’ils lèveraient le pied les nuits suivantes. Cela leur avait été impossible. Aussi s’était-elle remise à la gymnastique, au yoga et à la course à pieds. Outre le fait que cela préparait ses membres à ce qui allait survenir, cela la détendait et lui faisait le plus grand bien.
Désormais, elle organisait ses exercices physiques en fonction de l’arrivée du lundi. Parmi ceux-ci, un seul était secret : le dimanche matin, sous les draps, la jeune fille enfonçait son majeur le plus loin possible en son sexe, puis l’agitait frénétiquement dix bonnes minutes durant avant de reproduire le geste sur son clitoris. Le mouvement, exécuté ainsi, n’avait rien d’excitant et n’était pas même une caresse. C’était un exercice d’endurance, afin que ses parties intimes soient prêtes et n’aient pas ensuite rougeurs et irritations. Le reste de la semaine, le yoga la détendait après une grosse journée de cours. Là encore un sens inavouable s’y cachait : car Sandrine avait choisi chaque manœuvre en fonction d’une position coïtale. Il lui fallait travailler l’écartement des cuisses, l’ondulation des hanches et du dos… et même la souplesse de la nuque, afin de tenir le rythme des plaisirs qu’elle donnait avec sa bouche. Au fond le sexe restait son sport favori, l’activité physique qu’elle pratiquait le plus intensément. Si en semaine l’étudiante était une sportive du dimanche, la nuit du lundi au mardi la transformait en une sportive experte et passionnée.
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