Le site de l'histoire érotique
  • Histoire érotique écrite par
  • Fantasme
  • Publié le
  • Lue {{{NB_VUES}}} fois
  • 16 J'aime
  • 5 Commentaires

Le cygne noir

Chapitre 8

Apocalypse pour poupée russe

Trash
Apocalypse pour poupée russe


[...] La femme dont nous parlons doit incontestablement braver l’infamie et continuer de vivre comme elle faisait en la risquant ; car elle ne perdra que fort peu de choses en encourant cette infamie, et beaucoup en renonçant à ce qui doit la lui mériter. Il faut donc qu’elle s’y apprivoise, il faut qu’elle la brave, il faut qu’elle se mette au-dessus de ce fardeau imaginaire, qu’elle s’accoutume [...] à ne plus rougir de rien, à fouler aux pieds la pudeur et la honte, qui ne feraient que nuire à ses plaisirs sans rien ajouter à son bonheur. Une fois là, elle éprouvera une chose singulière et pourtant très vraie : c’est que les pointes de cette infamie qu’elle redoutait se métamorphoseront en volupté, et qu’alors, bien loin d’en éviter les blessures, elle enfoncera d’elle-même les dards, elle doublera la recherche des choses qui pourront les mieux introduire, et poussera bientôt l’égarement de l’esprit sur ce point jusqu’à désirer de mettre sa turpitude à découvert.
Histoire de Juliette, Marquis de Sade

___________________


Quel évènement corrompu de sa vie l’avait amenée à cet instant ? Cela faisait près d’une semaine que sa vie avait dérapé, la faisant passer d’employée de bureau avide d’ascension sociale, de reconnaissance, de respect, s’étant tuée à la tâche pour découvrir que son bonheur était tout autre. Là, dans ce donjon, attachée au mur par des fers et de lourdes chaînes, les bras écartés au-dessus de sa tête et les jambes ouvertes, offrant sa vulve à qui voudrait bien la prendre. À sa manière, elle était toujours en quête de reconnaissance et ne boudait pas ses efforts pour mériter son nouveau statut. Ses efforts dans une vie bien rangée avaient muté en une version sauvage et chaotique. Elle n’avait plus vraiment de plan. Sa vie d’avant était prévue sur des années, avec une feuille de route où tout était tracé. Sa vie présente ne lui permettait pas de savoir ce qu’elle allait faire le lendemain ni combien allaient lui passer dessus le soir même.
Tandis qu’elle était attachée au mur, von Rothbart avait disposé autour d’elle une dizaine de bougies blanches et attendait à quelques mètres de distance. Une troupe s’était formée autour d’eux en laissant un espace large autour de lui pour une raison qui échappait encore à Svetlana.Il fouilla dans sa mallette et en sortit ce qu’elle crut pendant un instant être un serpent, mais qui s’avéra être un fouet. Remarquant sa curiosité, il fit les présentations :
— Ceci, Kajira, est un single tail.
En son for intérieur, elle se dit « Au temps pour moi : j’ai cru que c’était un fouet. » Elle sourit de son humour silencieux et attendit la suite.
Von Rothbart agita son fouet dans les airs en lui faisant décrire des courbes qui formaient une lemniscate (le symbole de l’infini) à l’horizontale. Elle se demanda pourquoi il brassait ainsi de l’air, pensant qu’un fouet s’employait différemment. Après quelques tours, il effectua une rapide variation de son mouvement de poignet, et l’extrémité du fouet sembla disparaître tandis qu’un claquement semblable à un coup de feu retentit. Le bruit avait été assourdissant, et Svetlana ouvrait maintenant des yeux écarquillés. À cet instant, elle n’était plus tout à fait certaine de sa position.
— Un souci ?
L’assemblée rigola doucement.
— Pas encore, Monsieur.
Il continua son lent mouvement tel un métronome, et comme la fois d’avant, décrivit un geste brusque. Elle ne sentit qu’un léger mouvement d’air devant elle et constata qu’il venait d’éteindre une des bougies qui se trouvaient à ses pieds ; elle en fut très impressionnée.L’assemblée également sembla apprécier le spectacle, et quelques applaudissements se firent entendre.
Von Rothbart continua son mouvement en se rapprochant tout doucement, et étendit son bras un peu plus en avant. Désormais, à chaque passage vers le centre, l’extrémité de la lanière léchait sans douleur la peau de Svetlana. C’était comme des pichenettes, et au moment où elle pensa qu’il pourrait finir par la chatouiller s’il faisait la même chose sur ses côtes, un autre mouvement furtif du poignet déclencha une vive morsure à l’intérieur de sa cuisse. Elle étouffa un cri. Ce qui venait de se produire était incroyable à ses yeux : elle avait ressenti une sorte de décharge électrique intense et localisée. Lorsqu’elle regarda l’endroit incriminé, elle ne vit qu’un petit trait sur sa peau, presque un point. La sensation était celle d’une piqûre douloureuse. Elle retrouvait son souffle que déjà une autre morsure lui attaquait la cuisse opposée, respectant une symétrie parfaite.
Ce jeu continua longtemps. Les coups de fouet pleuvaient en suivant une progression lente et symétrique le long de son corps. Il monta doucement le long de son ventre pour continuer son dessin sur ses seins qu’il fouettât chacun de chaque côté, l’obligeant parfois à se décaler légèrement d’un côté ou de l’autre pour rester précis. Il redescendit au centre de son ventre et parvint même à donner quelques coups – plus mesurés – sur ses grandes lèvres, puis il recommença son circuit jusqu’à ce qu’une ligne de zébrures rouges se dessinât peu à peu sur le corps torturé.
De son côté, Svetlana avait transformé la douleur. Elle était montée petit à petit, et tandis qu’elle fermait les yeux, chaque décharge augmentait son plaisir. Ce n’était pas un plaisir simplement cérébral, mais bien un plaisir physique, comme une progression lente vers un orgasme global de tout son corps. Elle se sentait flotter, elle était bien, elle ne comptait plus les coups, elle s’enveloppait dans sa douleur, dans ses coups de fouet comme elle l’aurait fait d’une couverture. Elle sentait la chaleur sur sa peau, et cette sensation nouvelle était enivrante. Et puis... le fouet s’arrêta. Elle ouvrit les yeux.
Von Rothbart s’avançait vers elle. Lorsqu’il fut arrivé à son niveau, il inspecta sa chatte : elle ruisselait littéralement. Des gouttes de cyprine pendaient de sa vulve gonflée ; le spectacle était à la fois excitant et désolant. Cet animal blessé réclamait une mise à mort violente qu’il ne pourrait jamais obtenir. Ce sexe semblait se nourrir de la douleur et de l’humiliation sans jamais pouvoir apaiser sa faim.
Le tortionnaire s’empara d’une première bougie et l’approcha de la peau de sa victime pour inspecter le fruit de son travail : toutes les marques sur sa peau étaient autant de coups de pinceau qu’il se devait de contrôler. À la lueur d’une bougie, son dessin était encore plus beau. La flamme s’approchait parfois davantage du corps de Sveti qui pouvait sentir la chaleur lécher puis mordre ses tétons puis son sexe.
D’un coup vif qu’elle ne vit pas venir, il décida d’éteindre la bougie dans sa chatte. L’ayant rapprochée en un éclair, il appuya la mèche contre sa peau. La douleur fut vive ; la brûlure de la cire était intense, et tandis qu’elle criait de douleur, son corps se mit à trembler et son cri changea. Von Rothbart s’en aperçut et en profita pour pincer son clitoris, de plus en plus fort, tandis qu’elle s’effondrait sous l’effet d’un orgasme incontrôlable. Son corps continuait à s’agiter, elle semblait dans les vapes. Sa conscience semblait ne tenir qu’à un fil.Il la saisit par la gorge et planta son regard et son sourire dans ses yeux. Elle lui répondit :
— ... En... core ?
Il rit de sa supplique et s’accroupit pour se mettre à son niveau. Il approcha son visage, mais au moment où elle pensait qu’il allait l’embrasser, il lui cracha dessus.
— On dit « Encore, s’il vous plaît, Monsieur. »
Si son corps en avait été capable, elle aurait joui une seconde fois, mais cette jouissance sembla ne rester circonscrite qu’à son mental. Elle avait l’impression d’être un morceau de glace et qu’il était du plasma en fusion. Elle se liquéfiait à son contact.
Il saisit d’autres bougies et laissa la cire couler sur son corps. C’est à peine si elle le sentit encore. Les gouttes blanches dont il la parsemait couvraient ses tétons, son clitoris : l’artiste continuait son œuvre en y ajoutant du blanc. De loin, ces gouttes pouvaient ressembler à du sperme. Svetlana chuchota ; c’était tout ce dont elle se sentait capable en cet instant :
— Monsieur, pourquoi je me sens aussi bien ?— Parce que, Kajira, l’orgasme est une décharge d’endorphine. L’endorphine, si tu écoutes bien, a un nom qui ressemble à une autre substance : la morphine. Les deux ont une structure moléculaire assez proche, d’où ton état. Tu es en ce moment shootée à l’endorphine parce qu’il y a deux moyens pour un corps de sécréter de l’endorphine : par l’orgasme ou par la douleur. Le plaisir est un anti-douleur. En réponse à la douleur, ton corps va sécréter de l’antidouleur qui va finir par atteindre une dose suffisante pour te faire avoir un orgasme forcé. Et ton état actuel s’appelle le subspace.
Après cette explication, von Rothbart alla chercher ce qui ressemblait à un gode d’un aspect étrange et revint près de Svetlana. Aidé par l’un ou l’autre acolyte de l’assistance, il l’attacha une nouvelle fois au mur, cette fois, les jambes accrochées au même endroit que ses mains, ce qui la maintenait dans une position plus horizontale. Il inséra avec facilité l’objet dans sa chatte : il s’agissait d’un plug tunnel, autrement dit un plug percé en son centre d’un large trou qui permettait, en y regardant, de voir jusqu’au col de l’utérus. Désormais ouverte comme jamais, sa mouille coulait de plus belle sur le sol. Le plug étant énorme, l’évidement en son centre était suffisamment grand pour qu’un homme puisse y glisser son sexe. Il prit son téléphone et alluma la lampe torche pour éclairer l’intérieur de son vagin, présentant son œuvre comme il l’aurait fait d’un tableau :
— Vous pouvez voir en elle plus profondément qu’aucun auparavant...
Chacun se pencha pour regarder en elle, qui ne s’en rendit qu’à moitié compte ; cela ne la dérangeait aucunement, de toute manière. Elle flottait.
Von Rothbart sortit son sexe et l’inséra dans le plug tunnel ; tout en maintenant Svetlana par les hanches, il l’empalait sur lui. Le plug l’empêchait de sentir le sexe de son tortionnaire aller et venir en elle, ce qui la frustrait, mais l’insertion de ce plug faisait d’elle un trou presque mécanique, et cette idée lui était très excitante. Il la baisa quelques minutes, parfois en lui pinçant le clitoris comme il aimait le faire. La douleur n’était déjà plus la même qu’avant et elle se sentait revenir ; elle aurait aimé qu’il lui fasse encore plus mal pour repartir encore. Il continua jusqu’à atteindre l’orgasme et se vida sans un bruit au plus profond de sa matrice. Il éclaira le résultat : un tunnel débordant de sperme et l’orifice de son utérus maculé. Elle se vidait au goutte-à-goutte.
— À qui le tour ?
Tandis que plusieurs hommes lui passaient dessus (avec des capotes, en revanche), von Rothbart en profita pour se faire nettoyer la queue par la bouche de Svetlana qui le suçait, dans un état de régression qui la ramenait loin en arrière. Il continuait à lui gifler les seins, lui pincer la chatte, parfois à l’étrangler un peu, ce qui la remit sur les rails pour un second orgasme dans lequel elle perdit conscience de ce qu’il se passait autour d’elle.
* * *


Elle se réveilla quelques heures plus tard, toujours au club, dans les bras de son tortionnaire. Elle était toujours nue et il la doigtait distraitement comme il l’aurait fait en caressant un chat.
— Ah, te revoilà parmi nous...— Oui, c’est une habitude chez moi de tomber dans les vapes... Monsieur.— J’ai été satisfait de cette soirée.— J’ai mérité ma récompense, Monsieur ?— Oui.— Puis-je vous poser une question, Monsieur ?— Vas-y.— Si je vous avais dit que j’avais besoin de l’adresse de votre fille pour aller me venger ou pour m’en prendre à elle, m’auriez-vous tout de même donné l’adresse ?— Évidemment que non !— Mais notre arrangement, alors ?— Je l’aurais rompu.— Mais vous m’aviez donné votre parole que si j’endurais tout, j’aurais ma récompense. Vous m’auriez fait faire tout ça pour rien ?— Pour rien ?
Il éclata de rire.
— De mémoire d’homme, jamais personne n’avait exalté son plaisir autant que ce que tu viens de faire. Je vais t’appeler un taxi. Je te donne l’adresse avant ton départ, et tu y trouveras aussi mes coordonnées au cas où ce que tu as vécu ce soir te donnerait envie de recommencer... Je peux te donner l’adresse de qui tu veux, si cela peut t’aider à croire que tu fais ça pour obtenir autre chose qu’un plaisir transcendantal.— Merci, Monsieur.
Après s’être assuré qu’elle tenait sur ses jambes, il l’aida à s’habiller et l’accompagna à l’accueil. Il écrivit l’adresse sur un bout de papier qu’il mit dans une enveloppe. Trop fatiguée pour vérifier, elle partit en même temps que lui dans une direction opposée. Elle viendrait chercher sa voiture le lendemain, n’en étant pas capable ce soir. Elle vit von Rothbart s’éloigner après lui avoir adressé un simple signe de tête. Elle prit son taxi de son côté et rentra chez elle.Sa nuit fut bercée de rêves érotiques et de cauchemars délicieux.
* * *


Lorsqu’elle se réveilla, la télévision montrait le même foutu documentaire que la veille.
— Mais ils ont rien d’autre à diffuser ou quoi ?!
La voix off continuait son récit :
— Huginn et Muninn, les corbeaux d’Odin, sont ses plus fidèles alliés et signifient respectivement « la pensée » et « la mémoire ». Tous deux s’envolent au matin pour parcourir les neuf mondes et revenir le lendemain pour raconter au dieu ce qu’ils ont vu et entendu...
Alors qu’elle se levait du canapé sur lequel elle avait manifestement dormi, elle se rendit compte que sa chatte n’avait pas encore fini de dégorger de la veille.
— Et un canapé de foutu...
Elle allait se débarbouiller au lavabo lorsqu’elle se rappela ce qu’il s’était passé la veille. Elle se précipita sur l’enveloppe et tomba sur le mot griffonné par von Rothbart.
Le sol se déroba sous ses pieds.
— PUTAIN ! MAIS QUEL CONNARD !!
L’adresse écrite était la sienne. Svetlana était furieuse : il avait abusé d’elle comme personne ne l’avait fait, pas même Odile ! Ils avaient un marché qu’il avait trahi. Il avait dû se rendre compte de qui elle était et avait profité de la situation. Elle s’en voulut d’avoir été aussi bête. Son corps était encore dans un sale état. Heureusement, il avait également écrit ses propres coordonnées, sans doute pour la narguer une fois qu’elle aurait découvert le pot-aux-roses.
Elle composa le numéro et s’apprêtait à l’incendier quand elle sentit une présence dans son dos. Elle se retourna et tomba nez à nez avec Odile. Elle en eut le souffle coupé. La jolie brunette était là, comme une fleur, devant elle, avec sa monture de lunettes noires qui lui donnait cet air sévère, son parfum sucré, son décolleté ravageur, sa jupe trop courte : elle était là en chair et en os ! Svetlana raccrocha.
— Tu... t’es là ? T’es revenue ?— Je suis désolée de t’avoir laissée, Sveti. Vraiment désolée.— Pourquoi t’es partie ?
Elle sentit les larmes monter instantanément, envahie par une tristesse immense comme elle en avait rarement ressenti dans sa vie.
— Quand j’ai vu ce que je te faisais vivre, l’impact que j’ai eu dans ta vie, j’ai eu peur de t’avoir manipulée, de t’avoir poussée trop loin, de t’avoir rendue folle. J’ai pensé qu’en te laissant retrouver ta vie, ça irait mieux pour toi.— Mais, putain, avant de prendre une décision comme ça, parle-moi ! Je suis là ! J’ai le droit de choisir ma vie !— C’est vrai, tu as le droit de choisir ta vie.— T’es partie avec une pauvre lettre de merde ! J’ai failli crever de désespoir, moi !— Je suis désolée, Sveti. Carl m’a raconté ce qu’il s’est passé, et j’ai eu encore plus de remords.— Je m’en fous de tes remords !— Alors, qu’est-ce que tu veux ?— Je veux...
La question l’a pris de court. Que voulait-elle ? À cet instant, elle n’en savait plus rien. Elle aurait voulu la frapper autant que se mettre à genoux et l’implorer de la prendre comme esclave. Cette contradiction était telle qu’elle ne pouvait répondre. Elle s’effondra sur le sol en sanglots.Odile la secourut et la prit dans ses bras pour la bercer.
— Chut... Là... ça va aller.— Nan, ça va pas aller !— Et puis d’abord, qu’est-ce qui t’a mise dans cet état ?
Cette nouvelle question lui valut un moment d’absence et d’effroi. Elle n’était pas en état d’expliquer à sa déesse qu’elle venait de passer la nuit à se faire baiser par son père et que le sperme qui maculait encore ses lèvres à cet instant était le sien.
— J’ai... je t’ai cherchée.— Je suis là maintenant.
Quelqu’un toqua à la porte.
— Ouvre-moi !
Le tambourinement était très fort, et la voix était celle de Carl.Odile aida Svetlana à se relever.
— Va lui ouvrir.
Svetlana lui ouvrit et Carl posa les yeux sur son corps martyrisé. Il sembla encore deux fois plus furieux. Il déboula comme une bombe dans le salon.
— PUTAIN DE MERDE, MAIS QU’EST-CE QUE T’AS FOUTU ?— Je... j’étais juste...— Je viens d’avoir von Rothbart qui m’a parlé d’une chienne rencontrée en club hier soir.— Ouais, ben il s’est bien foutu de moi...
Odile semblait surprise.
— Attends, c’est mon père qui t’a fait ça ?!
Carl enchaîna :
— Regarde-moi quand je te parle ! Qu’est-ce qui t’a pris de faire ça ?— Mais... quand tu m’as donné l’endroit où il serait, je pensais que tu savais ce que j’allais y faire.— Mais je ne t’ai rien donné du tout !
Odile se glissa derrière elle et chuchota à son oreille :
— C’est moi qui t’ai donné l’info.
La nouvelle assomma Svetlana. Odile s’était introduite il y a plusieurs jours dans son appartement pour lui dire où trouver son père pour que Svetlana puisse aller le soudoyer pour la retrouver ?
— Tu voulais que je couche avec von Rothbart ?
Carl semblait confus et répondit juste avant Odile :
— Jamais de la vie !
Odile quant à elle sourit et répondit calmement :
— Oui.
Svetlana avait la tête qui lui tournait. Elle s’assit sur le canapé, ignorant dorénavant les taches de sperme. Odile s’adressa à Carl :
— Explique-lui.
Carl semblait dépassé et anxieux ; il se tenait la tête dans les mains et était manifestement en prise avec l’angoisse.
— Écoute, Sveti... je t’ai suivie dans plein de délires, mais là tu as dépassé une limite. Je ne sais pas si c’est la meilleure chose à faire, mais je dois te parler.— Je t’écoute.— As-tu une fiche de paye ici ?— Quoi ?— Je te demande d’aller me chercher ta dernière fiche de paye ou ton dernier document officiel.— Mais pour quoi faire ?— Vas-y, je te dis.
Elle s’exécuta et fouilla dans ses papiers soigneusement rangés pour en extraire une fiche de paye qu’elle déposa sur la table du salon.
— Et alors quoi ?— Lis.
Sur le document était écrit « Bulletin de salaire, adressé au xx rue xxxxxx Paris, Mlle... »
— Mais pourquoi tu me demandes ça ?— Lis, je te dis.
Elle poursuivit sa lecture : « Mlle Odile von Rothbart ». Elle ne comprit pas. Cela n’avait pas de sens.
— Qu’est-ce que...— Va lire le nom sur ta sonnette.
Svetlana ne comprenait pas ce qu’il se passait, mais se leva pour aller voir. Sur sa porte était indiqué « Von Rothbart ». Déboussolée, elle revint dans le salon.
— Mais qu’est-ce que ça veut dire ?! Vous êtes en train de me voler ma vie !
Odile revint dans la pièce à cet instant.
— Nan, Sveti. C’est toi qui me voles ma vie.
Carl continua :
— Sveti... tu es malade. Tu souffres d’une maladie psychiatrique grave qui, pour faire simple, te donne des hallucinations, un dédoublement de personnalité et des pertes de mémoire.— Qu’est-ce que c’est que ces conneries... vous voulez me faire croire que je suis folle ?— Svetlana, tu es une nouvelle personnalité d’Odile.— ...— Tu t’es mise à exister il y a quelques semaines. Tu as pris de plus en plus de place et tu as éclipsé Odile qui s’est mise à vivre au travers d’hallucinations dans ta vie.— ...
Svetlana était effondrée. Elle ne pouvait pas croire cela.
— Tu veux me faire croire que je n’existe pas ?— As-tu un souvenir qui date d’il y a plus de quelques mois ?— Evidemment !— Lequel ?— ... Je...
Elle fut prise de spasmes. Carl vint la maintenir. Il l’aida à se calmer.
— Alors... Odile est la vraie moi ? Et moi je n’existe pas ?— Si, tu existes dans le sens où tu es une partie d’elle.— Et elle peut m’effacer ?— Pour l’instant, vous vivez à deux dans un corps ; vous le partagez, en quelque sorte. D’où ta fatigue.— Mais je l’ai vue faire des choses, parler aux gens ! Nous étions plusieurs dans la pièce... elle te parlait à toi et tu lui répondais !— C’était toi qui parlais. C’était toi qui encourageais les autres à te faire ce que tu as subi. Tu l’as organisé avec moi. La moitié du temps, tu planifiais, et l’autre moitié, tu vivais ce que tu avais planifié. J’ai joué le jeu avec toi au début parce que c’était le souhait de ton père qui m’a engagé. Il pensait qu’il était préférable de te permettre de vivre dans ton monde avec ma supervision plutôt que d’envisager des solutions plus contraignantes. Ton père a beaucoup d’argent, et il a arrangé les choses de son mieux.— Et pour mon père, que je me fasse baiser par des hordes de mecs et par des chiens, c’est pas un problème ?— Non : tant que tu te protèges – ce qui a été le cas – et tant que cela n’affecte pas négativement la vie de quelqu’un, tu étais libre d’accomplir tous tes fantasmes. Jusqu’à maintenant.— Comment ça ?— Tu t’es fait passer pour une autre, et tu as couché avec lui.— ...
Von Rothbart était son père. Elle avait couché avec son père. C’était lui qui lui avait fait subir tous ces traitements plus avilissants les uns que les autres. C’était lui qui lui avait procuré les sensations les plus incroyables de sa vie.
— Tu as dépassé la limite de ne pas faire du mal à autrui.— Il est au courant que c’était moi ?— Pas encore. Mais il est en chemin et arrivera d’une seconde à l’autre.— Ne lui dis pas ! Je t’en prie, ne lui dis pas !— C’est nécessaire, Svetlana.
Odile revint dans la conversation.
— Calme-toi, Sveti. T’as pris le plus grand pied de ta vie, et il semble qu’il n’était pas en reste. Où est le mal ?
Elle n’avait pas la force de se lancer dans un tel débat à cet instant. Carl alla faire du thé pour tout le monde après avoir avait fait patienter Svetlana dans une pièce à côté. Von Rothbart arriva au moment où il servait le thé. Carl lui ouvrit la porte et lui expliqua la situation, d’abord seul à seul. Svetlana n’entendait pas bien leur conversation, mais il lui sembla que von Rothbart restait remarquablement silencieux. Elle l’entendit l’appeler :
— Svetlana ! Viens ici, s’il te plaît.
Elle sortit de sa chambre et s’avança en regardant ses pieds. Carl n’était plus présent dans la pièce et semblait être parti.
— Alors c’était vraiment toi...— Je suis désolée, Monsieur.
Il avala une gorgée de son thé. Il semblait calme, mais pensif.— Nous devons parler.
Diffuse en direct !
Regarder son live