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Dans mes cordes

Chapitre 1

Erotique
Cela fait des années que j’ai découvert grâce à un de mes amants le bondage. J’utilise sciemment ce terme. A cette époque je n’étais pas aussi bien informée que maintenant.A cette époque, ma connaissance du sujet était absolument sommaire. Ma conception de cette pratique se limitait comme beaucoup à un vulgaire moment d’entrave pour s’envoyer en l’air, a une pratique destinée au SM. D’ailleurs j’ai découvert bien plus tard la signification de BDSM (Bondage et Discipline, Sadisme et Masochisme).
  Ainsi, quand Luc m’a proposé de me faire découvrir le bondage, je n’ai pas été super emballée. Il m’a proposé d’y aller doucement, de façon à me familiariser avec les cordes.  Je ne vous cache pas que j’étais un peu entre la peur d’avoir mal et la peur panique d’être attachée. J’ai déjà du mal à me laisser étreindre par quelqu’un plus de 5 minutes … Alors des cordes… imaginez !
  Un week-end d’automne, alors que nous sommes dans son petit appartement, Luc sort un sac d’une armoire. Le pose sur le canapé à côté de moi.   Comme je suis incurablement curieuse, je m’empresse d’ouvrir. Je découvre dedans des cordes de toutes les tailles. Leur texture est rêche sous ma main. Je sors une à une les cordes bien pliées. Elles sont, cela se voit à leur épaisseur, de tailles différentes.   Luc ne bouge pas. Il me regarde faire.  Une fois que j’ai sorti tout ce que son sac contenait, je me tourne vers lui.
  - Ok… Tu as de l’équipement dis-moi… Et on en fait quoi de tout ça ?
  Il s’assoit et entreprend de m’informer.   Je l’écoute attentivement m’expliquer en long, large et en travers ce qu’il est possible de faire avec ces cordes sur mon corps.   Il m’explique que cela va me permettre de « lâcher prise » et que cela aura une incidence sur nos ébats, qui seront différents et plus intenses.   Il me parle d’érotisme, je réponds sadisme… Nous avons un peu de mal à trouver un terrain d’entente. Mais il se veut rassurant malgré mes doutes.  Je dois avouer que l’idée ne m’emballe que très moyennement. Mais je suis joueuse et ça a l’air de lui tenir à cœur.   Alors je dis un simple « Ok ! » en guise d’accord.
  Il commence par me demander de me déshabiller puis de m’installer sur une couette qu’il dispose à même le sol. Je m’exécute. Avant de commencer à manipuler la moindre corde, il me demande de l’avertir dès que j’ai un souci, que quelque chose ne me convient pas ou que j’ai mal.   Il entreprend de passer une corde autour de ma cheville droite et de la nouer. Puis il fait plusieurs fois le tour de mon mollet droit avec ce même lien, jusqu’à atteindre mon genou. J’ai l’impression d’avoir une chaussette haute toute en corde ou d’être l’amarre d’un bateau, j’hésite… Le contact est désagréable. Mais je ne dis rien. J’essaye de comprendre.  Sa corde étant longue, il entreprend de joindre mon autre mollet au premier. Sa corde serre, juste en dessous de mes articulations, mes deux jambes entre elles et reprend son manège en colimaçon autour de mon autre mollet. Il termine en liant entre elles, mes jambes, juste au-dessus de mes chevilles.  Il me regarde attentivement. Il glisse un doigt entre la corde et mes mollets. On dirait qu’il scrute les signaux de mon corps que je ne verbalise pas. Les réactions de mes muscles.
  Il me demande ce que je ressens.   Fidèle à moi-même, je ne peux m’empêcher de faire un trait d’humour :
  - « Je comprends les veaux dans les rodéos… »
  Mais aussitôt dit, je regrette ma boutade. C’est important pour lui.  Je corrige le tir en lui expliquant que je trouve le contact désagréable, mais que pour le moment rien de bien oppressant.   Je l’invite à continuer.  Il prend une autre corde, plus courte cette fois, et me demande de joindre mes poignets devant moi. Je m’exécute. Il plie sa corde en deux et l’entoure avec précaution autour de mes avant-bras, mes paumes de mains se faisant face. Je le regarde faire.   Je me régale du spectacle que m’offre son visage concentré, du balai de ses yeux sur les zones qu’il lie. Je me demande quelles sont les sensations qu’il ressent à ce moment-là.   Quand il a fini de nouer entre eux mes avant-bras, il se saisit d’une nouvelle corde extrêmement longue.   A nouveau, il s’enquiert de mon état et me demande si tout va bien. J’aime qu’il soit si précautionneux avec moi. Je lui fais signe que oui.   Il m’aide alors à m’asseoir. Ses mains expertes guident mes avant-bras de façon qu’ils viennent reposer sur mon torse, écrasant mes seins. Il se saisit de la corde qu’il avait déjà sortie. Quand il passe ses bras derrière moi, il voit cette ombre dans mes yeux. Je suis légèrement inquiète. Sa voix se fait douce et rassurante. Il m’explique qu’il va venir créer un cocon autour de mon dos et de mes bras pour me tenir lovée sur moi-même. Dit comme ça, je trouve que c’est joli, presque rassurant.  Ses cordes glissent sur ma peau. Je me suis maintenant familiarisée avec la texture, je trouve ça moins désagréable. Cependant la peau de mon dos est beaucoup plus fine et j’ai peur que les cordes ne me brulent en passant. De sa voix la plus douce il m’explique que je n’ai rien à craindre mais que si jamais cela venait à être douloureux, je dois le lui dire immédiatement.  Parfois au contact d’une corde je me redresse spontanément, et sans mot dire, il ajuste, dessert, remonte, descend légèrement l’entrave. Je ne sens pas de tensions dans les liens, c’est appréciable.  J’aime le regarder faire. J’aime les traits de son visage. J’aime cette extrême vigilance qu’il déploie pour être à mon écoute. Je me dis que cela doit être passionnant de veiller autant au bien-être de l’autre.  On dirait – si je devais le comparer – un peintre devant son tableau. Il scrute les zones vides, regarde les réactions de ma peau, écoute ma respiration. Il ajuste. Défait, refait…  Une fois qu’il en a terminé, je suis emprisonnée dans un cocon de corde qui m’enserre le dos et les bras.   Je suis dans une position qui me déplait au plus haut point. Je me regarde et je me demande quelle idée étrange j’ai bien pu avoir de lui dire oui.
  Luc lui a l’air satisfait de son macramé. Au moins ça.  Je lui demande ce que nous sommes censés faire maintenant. Je vois à sa mine désabusée que je n’ai pas compris le principe et que ma réaction n’est pas la bonne.  Il fait pourtant preuve d’une grande patience.   Il m’aide à m’allonger et me demande alors de fermer mes yeux. Après une seconde d’hésitation, je les ferme.   Là il me demande de me focaliser sur les sensations de mon corps.   Je m’exécute. Sa main caresse mon épaule.  Le silence se fait et mon esprit peu à peu oubli les cordes, les entraves.   Peu à peu, j’oublie presque que j’ai un corps. Je fais le vide. C’est très étrange et pas trop désagréable.   Mais… Au bout de quelques toutes petites minutes, mon esprit se remet en marche. Instinctivement. Impossible de rester dans cet état d‘offrande. Luc s’en rend compte et essaye de me convaincre de me laisser aller.   Je n’y arrive pas. Je m’agite.  Comme un instinct de survie qui me rattrape... Je me focalise malgré moi sur chaque passage de corde. Je sens que ça tire, que ça gratte… Je sens mes bras qui se contractent, se débattent dans les liens, comme si j’essayais de briser les cordes…   Une vague d’effroi s’empare de moi. Je sens la panique qui me gagne. Je tremble.  Je voudrais arracher les cordes, les ronger avec mes dents… Me libérer.   Je l’entends qu’il insiste de sa voix douce « Fais le vide ».   Mais rien à faire… Je m’agite, je panique.   Je lui demande de me détacher. Les secondes me semblent durer des heures.   Alors j’exhorte « détache-moi bordel ! ».   Je ne comprends pas ma réaction, mais je n’arrive pas à me contrôler. Je suis totalement terrorisée.  Le visage de Luc est figé de stupeur. Il défait aussi vite que possible les cordes, mais mes mouvements ne lui facilitent pas la tâche.  Une fois qu’il a terminé, je regarde mon corps. On dirait un morceau de pâte à modeler qui est passé sous ces drôles de petits rouleaux qui impriment des formes.   Je me sens comme un animal pris au piège. Je cherche du regard une couverture, n’importe quoi pour me cacher dedans.  Je me lève d’un bon, sans mot dire, j’évite avec beaucoup de souplesse ses bras qui veulent me retenir. Je ressens le besoin de le fuir.  Je m’enferme dans la salle de bain, ouvre l’eau chaude et me glisse dessous.
  Comme si cette eau qui ruisselle sur ma peau avait ouvert la voie, je me mets à pleurer avec une intensité que je ne me connais pas. Je ne comprends pas pourquoi je suis dans cet état.   Comment des cordes et un jeu érotique ont pu chambouler mon état émotionnel à ce point ?
  Ce n’est que des années plus tard, que j’apprendrais que le modèle peut subir de plein fouet ses émotions. L’art Shibari, quand il est bien orchestré, demande au modèle de lâcher prise totalement et de ne pas retenir ses émotions et ses sensations. A priori je ne sais pas le faire et cela entraine une réaction disproportionnée.
  Quand je ressors de la douche un quart d’heure plus tard, Luc a rangé toutes ses cordes. Il voit bien que cette petite initiation n’a pas eu l’effet escompté. Il est déçu. Je suis déçue pour lui, j’aurais aimé lui offrir ce plaisir.
  Il me prend dans ses bras, et doucement il entreprend de caresser mon corps. Je cède à sa douceur. Si je devais résumer cet homme en un mot, ce serait « délicatesse ».   Ses mains m’effleurent à peine, ses lèvres sont douces et précautionneuses. Sa peau est en soie précieuse, tellement douce sous mes mains… Nous nous enlaçons jusqu’à ne faire plus qu’un, parfaitement emboités l’un dans l’autre. Ses mouvements sont d’une lenteur telle qu’un escargot pourrait sembler courir un « cent mètres » à toute vitesse à côté de nous.   J’adore cette indécente nonchalance dont il m’honore, cette indolence qu’il met dans chacun de ses mouvements. Nos corps allongés sur le flan, mes jambes autour de sa taille liées comme ses cordes tout à l’heure. Je m’abandonne à toute cette douceur. Notre jouissance ne se fait pas attendre et dans un soupir profond nous unissons nos regards.  Il reste en moi tant que sa hardiesse le lui permet, puis une fois qu’il est congédié de mon corps, je récupère ma jambe engourdie et me tourne. Je viens doucement me coller dans ses bras en cuillère. Une longue bataille se tient entre lui et mes cheveux. Quand enfin ils trouvent un compromis, il pose sa joue sur mon oreille.
  Je sens son souffle dans mon cou, il murmure :  - Parle-moi des cordes…  - Tu veux savoir quoi ?  - Qu’as-tu ressenti ?  Je marque un long silence.  - J’ai eu envie de les arracher. J’ai perdu le contrôle.  - Tu n’as pas réussi à passer outre les cordes ? A te résigner à ta capture ?  Je mets un temps d’arrêt puis réponds  - C’est exactement ça ! Je n’ai pas supporté de me sentir captive.   Nouveau silence.  - En revanche, j’ai aimé te regarder faire. J’ai aimé cette attention que tu portais à mes réactions. J’ai aimé tes gestes… (silence) Je crois que je t’enviais. Oui c’est ça… J’aurais aimé être à ta place. Mais pas saucissonnée… ça, je ne l’ai pas supportée. Vraiment pas.
  La discussion se poursuit un peu, puis je m’endors.  Quand j’ouvre à nouveau les yeux, il est déjà affairé. Il a ressorti ses cordes et les a posés les unes à côté des autres sur la table. Je le regarde surprise. Je croyais qu’il avait compris. Mais son sourire m’indique qu’il a une idée derrière la tête.  Je m’enroule dans le drap et le rejoins.
  - J’ai une super idée ! lance-t-il fièrement.  A la vue de mes yeux, aussi vides que ceux de Tamtam, le combattant dans son aquarium, il poursuit :  - Je vais t’apprendre !  - M’apprendre quoi ?  - L’art d’attacher !
  Et voilà comment j’ai débuté dans cet art magnifique.
  Il a commencé par s’excuser. Il avoue avoir pris des raccourcis et jure qu’il va tout m’expliquer. Il commence par me raconter l’histoire de ces liens.   Je suis embarquée dans les guerres Japonaises, des histoires de Samouraïs et leur art de la torture si unique. Que les techniques de liens étaient gardées jalousement et que les connaître pour des non-initiés était impossible. J’apprends que lier des cordes avait été banalisé depuis la disparition des Samouraïs, mais que cela est considéré comme un art réel dans la culture Japonaise.  Il m’explique que normalement les femmes ne sont pas les attacheurs.   Qu’historiquement les Geishas ne participaient pas aux actes de guerre mais uniquement à ceux de l’amour. Qu’avec la fin des conflits et surtout la disparition des Samouraïs, l’art de la torture sans traces, avait doucement trouvé un lit dans les maisons des Geishas où elles s’adonnaient à cette pratique pour sublimer leur amour avec les derniers Samouraïs.   Plus tard, ces pratiques ont été exportées vers l’occident. Les puristes se sont faits rares et le Shibari est devenu vulgairement le Bondage. Mais certains véritables amateurs de cet art le pratiquent aujourd’hui encore dans les règles de l’art.   Son discours dure plus d’une heure. Je suis subjugué. Je bois ses paroles.   Quand il en a terminé avec la partie « historique », il décide de tester mes connaissances en termes de nœuds. Car la base est de savoir nouer.  Il se rend très vite à l’évidence : je n’y connais absolument rien ! Malgré les tentatives vaines de mon père plus jeune pour m’initier aux joies de la navigation.  Ma deuxième leçon est donc d’apprendre à faire des nœuds. Nous avons passé l’après-midi, entre fous rires et crises de nerfs, à nouer des cordes autour des chaises de l’appartement. J’aime ce moment de partage. Il m’entraine dans son monde, mais en respectant mes envies.
  Le soir venu, il me lance : « Fais-toi belle. Je te sors. ».   Alors, pour lui faire plaisir et aussi parce que j’ai énormément apprécié qu’il prenne le temps de m’emmener dans son monde, je me fais un devoir d’être magnifique pour lui.  J’opte pour une jupe crayon noir dont la taille est très haute et qui descend juste en dessous de mes genoux, elle est fendue derrière, suffisamment pour être provocante mais pas trop. Un chemisier satiné crème et une ceinture noire qui met très bien en avant l’étroitesse de ma taille. On dirait une tenue des années cinquante. J’accompagne le tout de talons aiguilles noir.  Un collier, une paire de boucles d’oreilles et un maquillage discret.
  Quand nous sommes prêts, nous nous engouffrons dans un taxi et partons en direction du centre-ville. J’essaye de savoir où il m’emmène mais il reste absolument muet.  Soudain le chauffeur s’arrête devant une galerie d’art.   Je suis surprise, nous n’allons que trop peu dans ce genre de lieu. Il me sourit et me tend un prospectus.   Je lis dessus un nom qui ne m’est absolument pas familier, puis dessous « photographies d’art Shibari »  L’image qui est sur ce prospectus est sans équivoque. Une femme est enveloppée totalement de corde, couchée a même un sol poussiéreux. L’image est belle. L’expression d’abandon de cette femme est sublime…   Nous entrons. Il s’agit du vernissage de l’exposition. Il y a beaucoup de monde et j’en suis intimidée. Luc me propose d’aller nous chercher une coupe de champagne, j’accepte volontiers.
  En l’attendant je pose mon regard sur l’exposition dans son ensemble. Je vois différentes zones, des photographies couleurs, des photographies en noir et blanc. Je regarde les personnes qui sont venues voir ces images. Je me demande un bref instant si ce sont des pratiquants…   C’est Luc qui me sort de ma rêverie :  - Je voudrais te présenter l’artiste qui a réalisé ces photos, me dit-il. Lili voici Philippe, un ami. Philippe je te présente ma Lili ! dit-il fièrement.   Nous nous saluons poliment et trinquons à son exposition.  - Vous connaissez l’art Shibari ? me demande Philippe.  - Absolument pas ! Luc m’initie depuis ce week-end. C’est une découverte.  - En ce cas, je vais vous laisser regarder les images. Vous me ferez part de vos ressentis après, si vous voulez bien… Cela promet d’être intéressant.
  Nous démarrons notre tour. Les premières images ne m’inspirent pas grand-chose. Les tons sont dorés, chauds. Ce sont des femmes liées soit entièrement, soit partiellement. Leurs corps sont nus.   Sur les premières images je ne porte pas vraiment attention aux cordes.   Puis en découvrant cette image de femme suspendue, j’ai un moment d’arrêt. J’entends une dame à côté de moi qui souligne la qualité des nœuds, des formes, la symétrie parfaite des liens…  Alors je regarde plus attentivement. Et là… Je commence à voir, à comprendre. Ce n’est pas seulement le fait d’avoir un corps attaché qui est beau. C’est la manière. Je comprends à ce moment-là que mon regard doit aussi détailler les liens.
  Alors je détaille…   Les cordes représentent des formes parfaitement symétriques sur la peau dorée de cette femme. Les liens sont placés à des endroits où ses chairs ne peuvent pas sentir de douleurs mordantes. J’observe avec quel talent le lieur a entouré les jambes, arcboutées dans son dos, la manière dont les cordes forment un harnais parfait. Ses seins volumineux sont sous des liens, compressés comme dans un corset parfaitement à sa mesure.  Je suis subjuguée par l’expression que cette femme porte sur son visage, par le mariage réussi de ses attaches et de ses muscles. Elle semble ailleurs, transportée. Sereine.  Luc place ses mains autour de moi et m’enlace. Il voit que cette photo ne me laisse pas indifférente.  Nous continuons notre visite. Je glisse à Luc que je regrette de ne voir que des femmes liées. Mais son sourire me fait espérer quelques corps d’hommes. Il prend ma main et m’entraine un peu plus loin. Au détour d’un mur, je devine des images en noir et blanc. Curieuse, je me faufile.   Et je découvre des images que je n’oublierai plus. Il s’agit je crois de la plus belle rencontre artistique de ma vie.
  La première image laisse penser à une scène de corrida. On dirait une arène. Le sol est de sable. Les lumières dessinent des ombres intenses et mordantes.   Et ce corps… Un Adonis.   Il est couché à même le sol sur le ventre, totalement nu, mais on ne voit pas son sexe. Son torse, masqué à notre vue, est relevé par ses avant-bras sur lesquels il repose. Ses jambes pliées, de façon que ses talons touchent presque ses fesses, sont habillées et maintenues par des cordes.   Une corde est enroulée autour de son bras gauche. Son dos est un tableau de figures en corde fine, les liens passent autour de ses aisselles, le long de ses flans... On dirait un cadran solaire… C’est sublime. Tous les muscles de ce corps sont mis en exergue.   Je suis troublée, sexuellement troublée.   J’aurais presque envie de caresser la photo, comme si cette image était une invitation. Cet homme ainsi mis en scène m’excite terriblement. Et Luc le voit.   Il se penche à mon oreille et me dit « Je crois que je vais être jaloux… » Je souris. Et me dirige vers la photo suivante.  Là je découvre en toile de fond des jambes féminines habillées de bas. On ne voit rien d’autre que ses jambes et ses talons hauts. Au premier plan, un homme assis à genoux de dos. Ses bras sont croisés dans son dos de façon que ses avant-bras soient l’un sur l’autre.   Le schéma qui est dessiné sur son dos par les cordes me subjugue et me fascine.   Outre le fait que ses bras soient liés entre eux, on devine que les cordes entourent aussi son ventre car on les voit disparaitre sur ses flans. Le long de sa colonne vertébrale, en plein centre du cadre formé par les cordes, des nœuds imbriqués les uns dans les autres se succèdent pour former une sorte de natte, semblable à celles que l’on peut réaliser sur le crin d’un cheval. L’homme a la tête baissée. On le devine de profil. Son visage semble si doux. On voudrait passer la main sur sa joue avec tendresse comme sur celle d’un enfant.   Les jeux de lumière sont captivants : les cordes sur la peau du sujet semblent d’une blancheur de craie, les noirs qui habillent la femme en fond la rendent si distante et si présente en même temps… Les contrastes vantent ces deux corps.  Je suis emportée dans cette image. A tel point que je ne vois pas le temps passer.   Nous terminons notre expédition dans le dédale de ces images de corps habillés de corde, sans vulgarité, puis nous excusons auprès de Philippe.  - Alors, votre avis ? me demande-t-il  - Je n’ai pas de mots. Je suis émerveillée. Vos images sont magnifiques, vous montrez la beauté et la complexité des jeux de cordes. Je ne m’attendais pas à ça. Vraiment…  Il semble satisfait de ma réponse et nous le quittons.
  Dans le Taxi, je ne décroche pas un mot. Luc est perdu, Il n’arrive pas à me déchiffrer… Je sens qu’il s’interroge. Quand nous passons la porte de son appartement il me demande :
  - Alors… Qu’en as-tu pensé ?
  Comme s’il venait de défaire la corde invisible qui me tenait muette jusque-là, je me retourne vers lui et dans une frénésie absolument dingue, je me jette sur lui.   Je déclare la guerre à sa chemise qui me résiste, puis je menace d’une invasion violente si son pantalon ne rend pas les armes séances tenante…   Mes lèvres se mettent à parcourir la totalité de son corps avec avidité, j’ai envie de conquérir son corps.  Je me reprends, calme mes ardeurs. Il est nu dans l’entrée et je le regarde.  Son trouble et le plaisir que cela lui procure sont difficilement camouflables. Son sexe cherche frénétiquement a attiré mon attention, comme ces enfants dans les classes d’école qui passent leur temps à lever le doigt.  Je le regarde et je lui tourne autour. Mes mains effleurent son corps, il ne bouge pas, il se laisse faire. Je le vois fermer les yeux. Il s’offre à mon regard.   J’ai envie de lui. Envie de ce corps que je regarde comme si je ne l’avais jamais regardé avant.   Je l’imagine comme ces hommes sur les photos.  Cette nuit-là, il s’est livré à moi sans aucune retenue, sans réserve.   Je n’ai jamais été aussi attentive au plaisir de l’autre. Pour la toute première fois de ma vie, je me retrouve à être la seule responsable de son plaisir, de notre plaisir.   Nous passons de longs moments à essayer des figures simples sur son corps avec les cordes. J’apprends très vite et ça l’amuse.   Et quand au bout de quelques heures, mon tableau de corde me plait, je l’admire.   Il est beau. Mon Dieu qu’il est beau offert comme ça. Je garde aujourd’hui encore, près de 15 ans plus tard, cette image bien ancrée en moi.  Sa peau satinée ressort encore plus que d’habitude, elle brille divinement surtout aux abords des cordes. L’odeur de sa peau se mélange avec celle du jute des cordes et de son parfum, cela m’enivre jusqu’au tréfonds de mon ventre. J’admire ses muscles compressés dans les cordes, sa tête renvoyée en arrière, ses lèvres juste entre-ouvertes… Je le trouve divinement façonné. Je ne le vois pas comme je le connais. Je le découvre, sans barrière, sans fioritures.   Que cette scène est troublante. Excitante. Intense.  Je me penche vers lui, et lui demande si je peux prendre en bouche son sexe qui est libre de toute entrave et qui a priori réclame mon attention. Il me sourit.   Avec une douceur et une lenteur frôlant l’indécence, je pose son gland sur mes lèvres humides.   Je fais soigneusement glisser son sexe sur mes lèvres comme s’il cherchait à me pénétrer. Doucement j’entrouvre mes lèvres, instinctivement son gland s’y engouffre. Je garde mes lèvres serrées, et tandis que son gland fait son entrée dans ma bouche j’entends un râle profond sortir de sa bouche. L’empêchant d’aller plus loin, je laisse ma valseuse téméraire se mettre en route. Ma langue doucement entreprend de tourner autour de cette chair qui vient lui rendre visite. Lentement, suavement. Elle joue de son rythme pour extirper à cet homme offert, mon homme offert, des râles de plaisir intenses.   Son gland glisse plus avant. Ma langue et mes joues se font douces et je sens son sexe se raidir encore. Sa respiration m’indique que le plaisir est presque au paroxysme. Son plaisir devint le mien. J’ai l’impression de ressentir sur ma peau chaque frisson qui court sur son corps. Mon bas ventre se crispe au rythme de ses râles. Plus son sexe entre en moi plus il lâche prise, plus j’ai de plaisir.  Puis sous un dernier assaut de mes lèvres, il cède. Je sens qu’il ne peut plus retenir son plaisir. Dans une jouissance extrême, il a définitivement rendu les armes.   Une fois libéré de son entrave, on dirait que son corps a subi les attaques d’une aiguille de tatoueur tellement sa peau porte les traces des cordes. Je m’en excuse, il sourit. « Ça va disparaitre dans très peu de temps » me rassura-t-il en me serrant contre lui.   Je ne crois pas que nous ayons beaucoup parlé cette nuit-là.   Nous avons fait l’amour plusieurs fois, comme si notre envie avait été décuplée.
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