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Démonstration choc !

Chapitre unique

Hétéro
À l’occasion des vacances de février, Julie et moi, Romain, avons fui Marseille, sa pollution et ses légendaires embouteillages, pour gagner une paisible station du sud des Alpes, où nos amis Laura et Kevin nous ont rejoints. Nous nous sommes retrouvés dans le vaste et confortable chalet de mes parents, qu’ils ont eu la gentillesse de laisser gracieusement à notre disposition pour une semaine.
À ce moment de la soirée, confortablement installés dans des canapés qui se font face, nous mettons à mal une bouteille de génépi en devisant gaiement et bruyamment. Il faut dire que ce digestif vient à la suite d’un dîner copieusement arrosé, qui a été lui-même précédé d’un long apéritif ; bref, nous sommes fin bourrés !
En ce quatorze février, jour de Saint-Valentin, le thème de nos échanges enflammés s’est très vite imposé : l’amour. Le grand, le vrai, l’unique, l’exclusif. Celui que, à l’approche de la trentaine, nous sommes tous les quatre convaincus d’avoir trouvé. Comment le vivre au quotidien, le cultiver, le transcender ?
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Kevin et moi nous connaissons depuis dix ans. Bac en poche, nous avons rapidement sympathisé à l’université en dépit de caractères très différents, voire diamétralement opposés.

Il est aussi calme et réfléchi que je suis impulsif et imprévisible ; aussi réservé et pudique que je suis déluré et exubérant ; aussi cérébral que je suis sensuel ; aussi stable que je suis volatil. Je suis le feu, il est la terre. Une fascination réciproque pour les caractéristiques de l’autre a cimenté une amitié indéfectible.
Durant nos quatre premières années d’études, notre vie amoureuse a été à l’image de nos caractères respectifs : charnelle pour moi, romantique pour lui. Tandis que j’enchaînais les conquêtes sans lendemain, Kevin était déjà, en dépit de son jeune âge, à la recherche de celle qui serait l’unique élue de son cœur.
Malgré notre complicité, nous n’avons que très rarement discuté de notre sexualité. J’ai toujours respecté son extrême discrétion sur le sujet, en prenant sur moi pour museler ma trop grande curiosité. Tout ce que j’ai pu apprendre, c’est qu’il avait en fait assez peu de besoins en la matière… contrairement à moi.
Heureux hasard, nous avons commencé à entretenir une liaison sérieuse au même moment, dans le courant de la cinquième et dernière année de notre parcours étudiant. Moi qui me croyais à l’abri, je suis tombé raide dingue de la brune et sportive Julie, d’un tempérament aussi volcanique que le mien. De son côté, Kevin a acquis la certitude d’avoir trouvé en la personne de la blonde et plantureuse Laura, aussi cérébrale et pondérée que lui, « la femme de sa vie ». Coup de chance, les deux filles sont devenues à leur tour des amies malgré leurs différences.
Cinq ans plus tard, nos amours respectifs ont résisté à l’usure du temps et se sont même renforcés. Notre amitié aussi. Nos vies professionnelles et familiales, aussi prenantes qu’elles soient, n’ont pas réussi à nous éloigner et ce d’autant plus que nous habitons à proximité : eux à Aix-en-Provence et nous à Marseille.
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À cet instant de nos réflexions alcoolisées, deux visions s’affrontent, reflets des convictions et du vécu de chaque couple.
Nos amis défendent l’idée qu’il n’y a d’amour éternel que fondé sur une parfaite entente intellectuelle et un profond respect de la personne de l’autre. Ce préalable implique nécessairement, selon eux, de faire preuve de retenue, de contrôle et de modération en matière de relations sexuelles qui, toujours selon eux, ne sont pas indispensables à la stabilité d’un couple. Toute forme d’exubérance, de dépendance et, évidemment, de soumission de l’un à l’autre est donc à proscrire.
J’observe toutefois avec amusement que c’est Laura, par ailleurs habitée par une certaine idée du féminisme et des relations hommes/femmes, qui défend le plus ardemment le côté platonique de l’amour vrai. Même si je n’ai pas oublié que Kevin n’a pas de gros besoins, je me demande s’il est complétement en phase avec une vision des choses aussi radicale. Il soutient néanmoins les déclarations enthousiastes de sa compagne… tout en y apportant, l’air-de-ne-pas-y-toucher, quelques subtils bémols.
Julie et moi nous montrons curieux de savoir comment ils mettent en pratique leurs principes au quotidien. Détendus et désinhibés par l’excès d’alcool, ils se laissent aller à quelques confidences sur le terrain de leur vie sexuelle. Elle se révèle effectivement être aussi sage et épisodique que la nôtre est débridée et régulière.
À les écouter, ils n’éprouvent tout simplement pas le besoin d’une union physique pour cultiver leur amour, qu’ils nourrissent quasi-exclusivement par la voie spirituelle. Leurs rares rapports sont de nature purement biologiques, comme manger ou dormir, suscités par la nécessité, pas par l’envie de partager des instants d’intimité. Fréquentation de cercles de réflexion, intense activité culturelle, pratique du yoga et de la méditation tantrique font partie des activités qui leur permettent de se rapprocher, de se connecter, de se nourrir.
Dans l’état d’ébriété avancé qui est le nôtre, nous faisons nos meilleurs efforts pour tenter de comprendre, quelque peu incrédules, en nous gardant bien de les juger. Mais c’est totalement inconcevable pour nous, pour qui avoir des relations physiques quotidiennes et intenses est absolument nécessaire.
Nous soutenons donc a contrario la thèse que, sans une très régulière fusion charnelle des corps, il ne peut y avoir d’union durable.
— Et comment faites-vous pour parvenir à une telle… fusion ? nous demande alors une Laura ironique - et tout aussi éméchée que nous - en détachant ce dernier mot avec une moue dédaigneuse, dans laquelle je crois percevoir également une forme de dégoût.— Abandon total et réciproque des corps et de l’esprit, de toute pudeur, de toute retenue. Une disponibilité totale et permanente aux désirs de l’autre. Un renoncement.
Ma réponse fuse, volontairement provoquante au vu de sa réaction. Elle choque une Laura qui se braque et déclenche une réplique énergique :
— Mais… c’est impossible. Inimaginable. Ce serait la négation de l’individu, l’aliénation de sa liberté, son asservissement. Un avilissement. Vous poursuivez une chimère ! conclut-elle, méprisante.
Les sens exacerbés et le jugement obscurci par les vapeurs d’alcool dont, fidèle à mon tempérament enclin à l’outrance, j’ai certainement été le plus gros consommateur ce soir, cette dernière réflexion m’irrite au plus haut point. Je change subitement de ton en m’adressant sèchement à Julie :
— Montre-leur.
Elle sursaute à côté de moi. Nos regards se croisent quelques secondes. L’assurance dont elle fait habituellement preuve l’a désertée. Elle me sonde pour être certaine qu’elle a bien compris, que je me rends bien compte des conséquences de ce que je lui demande dans l’état où je me trouve. Je confirme d’un hochement de tête bravache. Elle se lève alors à contrecœur et se plante devant moi sans me quitter des yeux, tournant ainsi le dos à nos amis. Bras le long du corps, elle reste figée.
Tout son être m’adresse une supplique implorante qui résonne dans ma tête : s’il te plaît, ne me demande pas ça ! Je connais son corps par cœur ; les pointes de ses seins libres de toute entrave, qui semblent subitement vouloir percer le tissu ; la chair de poule qui recouvre ses bras ; l’imperceptible frisson qui la parcourt… Je peux ressentir ses doutes et son stress, son angoisse même.
Je reste inflexible en la fixant. Elle peut lire la détermination dans mon regard. Résignée, elle soulève lentement les pans de sa robe sous laquelle elle ne porte rien, jusqu’à exhiber ses fesses.
Un cri horrifié s’échappe de la bouche de Laura :
— Mon Dieu ! Mais qu’est-ce que…
Je sais ce qui vient de la stupéfier : les zébrures écarlates, violacées et bleu foncé qui maculent son postérieur. D’un nouvel hochement de tête, j’enjoins Julie de fournir des explications. Horriblement gênée, elle prend une grande inspiration pour se donner du courage et parle d’une toute petite voix tremblante et hésitante.
— J’ai reçu une punition la veille de notre départ.— Dis-leur pourquoi.— J’avais… pris la tête à Romain pour une broutille. Il m’a demandé de le… sucer pour mettre fin aux échanges et me faire taire. J’ai fait exprès de bâcler le… travail, par pure mesquinerie.
Je veux enfoncer le clou.
— Sois plus précise sur la punition.— Romain m’a fait… mettre à quatre pattes et m’a administré… vingt coups de badine en rotin sur les fesses.— Et c’est tout ?
Julie inspire à nouveau profondément avant de poursuivre avec difficulté, en butant sur les mots.
— Non. Juste après, il m’a… procuré du plaisir.— Comment ?— En m’enculant brutalement !
Elle a fini par lâcher crûment à toute vitesse, dans un murmure à peine perceptible, ce qu’elle a tenté d’éviter d’avouer. Je prends le relais.
— Sa souffrance et mon plaisir se sont mélangés dans un violent orgasme commun, au cours duquel nous avons ressenti la même chose, ajouté-je. Comme si nous n’étions qu’un.
Bouche grande ouverte, yeux écarquillés, nos amis restent figés et muets. Sans réaction.
D’une voix maintenant apaisée, je demande calmement à Julie de raconter pourquoi et comment nous avons évolué pour en arriver là, notre parcours.
Elle réfléchit quelques secondes à la façon de présenter les choses. Puis, en libérant sa robe, elle se tourne vers eux. Tête baissée, mains croisées dans le dos, elle, qu’ils connaissent si fière, si jalouse de son indépendance et de sa liberté, débute son récit dans la position d’une parfaite soumise, d’une voix mal assurée mais de manière maintenant très fluide.
— Après quelques mois, malgré une vie amoureuse très intense, des rapports sexuels quotidiens et très variés nous procurant énormément de plaisir, il nous manquait quelque chose. Une sorte de frustration nous habitait. Pendant longtemps, chacun de nous deux a gardé ça pour lui, de peur de faire de la peine à l’autre. Et puis un jour, nous avons découvert ensemble, par hasard, le mythe d’Aristophane. Ça a été comme une révélation. Au cours des échanges passionnés qu’il a suscités, nous en sommes venus à partager posément notre propre ressenti et nous avons compris : notre désir l’un pour l’autre - notre besoin impérieux de l’autre même - allait beaucoup plus loin que la simple attirance physique. Nous avons soudainement acquis ensemble la conviction que nous étions comme deux moitiés séparées, qui n’aspiraient qu’à reconstituer leur unité originelle.
Julie marque un temps d’arrêt pour reprendre son souffle. Nos spectateurs, sidérés, restent silencieux. Malgré le choc que provoquent ces révélations, ils semblent impatients d’entendre la suite. Comme rassurée, elle poursuit :
— Il nous restait à trouver le chemin. Nous nous sommes alors lancés dans une véritable quête. Dans le strict cadre de notre couple, nous avons exploré des facettes de la sexualité que nous n’avions jamais envisagées auparavant. Les plus hard - les plus trash aussi – afin de renoncer à toute intimité, à toute pudeur, de manière que plus aucune barrière, corporelle comme psychique, ne se dresse entre nous et ne fasse obstacle à cette fusion que nous appelions de nos vœux. Les pratiques sadomasochistes ont évidemment fait partie de nos expérimentations. Dans les deux sens. Nous nous sommes très vite rendu compte que la soumission et l’abandon, la souffrance et la frustration, en décuplant les sensations, favorisaient la communion à la fois des corps et des esprits.
C’est maintenant la plus totale incompréhension qui se dessine sur leurs visages. Et du dégoût en ce qui concerne Laura, j’en suis désormais convaincu. Sans leur laisser le temps de réagir, Julie enchaîne :
— Tout naturellement, un équilibre s’est progressivement installé entre nous : Romain s’est montré beaucoup plus à l’aise dans le rôle du dominant et moi, à ma grande surprise, dans celui de la soumise. C’est dans cette configuration que nous parvenons à aboutir à ces précieux instants durant lesquels nous ressentons avec une acuité incroyable tout ce que l’autre ressent, la douleur comme le plaisir, avec la sensation incomparable d’avoir franchi les limites de nos corps respectifs et de fusionner nos consciences.— Voilà, vous savez tout, ajouté-je en guise de conclusion.
Après ce point final à l’explication, j’attrape délicatement Julie par le poignet pour l’attirer vers moi. Elle vient se réfugier sur mes genoux, se love dans mes bras et enfouit son visage dans mon cou, comme pour cacher sa gêne, sa honte peut-être.Si Kevin garde le silence, semblant digérer les incroyables révélations qu’il vient d’entendre, Laura se mure dans le déni et s’emporte.
— Mais enfin, Julie, ce n’est pas possible que tu acceptes ça ! Pas toi ! Je n’en crois pas un mot. Je pense que tu cherches à couvrir ses… exactions. Tu es victime de violences conjugales inacceptables ! Tu dois les dénoncer !
Avant que je n’aie eu le temps de réagir, Julie se redresse et plante ses beaux yeux sombres dans les miens, un sourire étrange sur les lèvres. Son visage affiche désormais une sérénité étonnante. Je peux lire dans ses pensées. Je sais ce qu’elle projette de faire. D’un hochement de tête perceptible uniquement par elle, je lui fais part de mon assentiment.
Elle se dégage alors de moi lentement et vient se positionner à genoux entre mes jambes. Sans se presser, elle enlève la chaussure et la chaussette de mon pied droit avant de l’embrasser, puis de me sucer longuement les orteils un par un. Elle gratifie l’autre pied du même traitement suivant le même cérémonial, sans hâte.
Yeux fermés, tête renversée sur le dossier du canapé, je me laisse aller. En fait, dans cette situation comme dans celles que nous connaissons quotidiennement, il n’y en a plus un qui domine l’autre. Nous avons dépassé ce stade. Chacun s’abandonne délibérément, à sa manière, en franchissant les barrières de son propre corps et en projetant son esprit dans celui de l’autre.
J’essaie donc de me connecter à ma moitié malgré ces circonstances très inhabituelles ; c’est la première fois que nous procédons en public. Je ne sais pas ce que vont faire nos amis et je m’en moque éperdument à cet instant. Il est trop tard pour revenir en arrière. Alea jacta est.
Quand elle en a fini avec le dernier petit orteil, elle s’attaque tout aussi cérémonieusement à la ceinture de mon pantalon avant de le dégrafer. Quand elle décide de le faire glisser sur mes chevilles afin de m’en libérer, je soulève les fesses pour lui faciliter la tâche. La vue de mon pénis en complète érection lui arrache un grognement de satisfaction.
Lorsque je sens un fourreau chaud et humide enserrer la totalité de mon membre, je manifeste à mon tour bruyamment mon contentement. Pendant un long moment, Julie me garde au plus profond de sa gorge sans bouger, en apnée, uniquement en jouant des muscles de son pharynx et de sa langue.
Elle ne procède à un très lent retour en arrière, tout en continuant son fantastique massage, que pour reprendre son souffle avant de recommencer. De ses mains, elle me caresse délicatement le scrotum tout en faisant rouler mes testicules entre ses doigts. Comme à chaque fois, je suis aux anges. Je ne me lasserai jamais de cette technique si particulière, qu’elle a volontairement acquise à l’issue d’un long et éprouvant entraînement.
Après quelques minutes de ce traitement, les signes annonciateurs d’un orgasme proche commencent à apparaître. Je sais que Julie les ressent également. Quand ma queue se retrouve à l’air libre et ses mains abandonnent mes bourses, je ne bronche pas mais je ne peux m’empêcher de pousser un gémissement de dépit.
Après quelques secondes qui me paraissent une éternité, je commence à m’impatienter. Sa voix me fait sursauter.
— Encule-moi, s’il te plaît.
J’ouvre les yeux et je la découvre à quatre pattes, entièrement nue, cul tourné vers moi, cuisses écartées au maximum, cambrée à mort. Elle fait face à nos amis et les regarde fixement. Je craignais qu’ils ne soient partis se réfugier dans leur chambre, mais ils sont toujours là, tétanisés, totalement ébahis par la demande de Julie et comme hypnotisés par le spectacle qu’elle offre sans aucune pudeur.
Après un temps d’hésitation, je viens me positionner debout derrière elle. Je fléchis les genoux et, en m’aidant d’une main, je positionne fermement mon gland sur son anus. Dans cette position, même s’ils n’ont pas une vue directe sur le cul de Julie, Laura et Kevin ne peuvent avoir aucun doute sur la voie que je m’apprête à emprunter. Une fois mon membre bien en place, je m’agrippe à ses hanches et la pénètre à fond d’une seule poussée en poussant un han de bûcheron.
À leur tour, nos spectateurs tressaillent. Laura pousse un cri dont je ne sais s’il exprime plus la surprise ou l’horreur. Julie, quant à elle, émet un long râle de satisfaction. Après un court temps d’arrêt, je me mets à la pilonner sans ménagement. Je sais ce dont elle a besoin à cet instant. Non, en fait, je le ressens.
De son côté, elle passe une main entre ses cuisses et se met à se caresser vigoureusement le clitoris. Il ne faut pas attendre bien longtemps pour qu’un même orgasme nous submerge, à la fois féminin et masculin : les vagues qui parcourent Julie se propagent en moi et elle ressent les spasmes localisés mais violents qui provoquent mon éjaculation. Nous ne connaissons pas un simple orgasme simultané, mais commun. Une communion de nos corps et de nos esprits. Nos amis ne peuvent pas ne pas s’en rendre compte.
Quand nous nous apaisons enfin, Julie se laisse glisser sur le ventre. Toujours planté en elle, je l’accompagne et me retrouve allongé sur son dos. Les délicieuses ondes de plaisir s’estompent progressivement. Nous savourons cet instant fusionnel si particulier, que nous prolongeons toujours le plus longtemps possible, jusqu’à ce que chacun retourne dans sa propre enveloppe charnelle et que nous redevenions deux êtres distincts.
C’est un Kevin horriblement gêné et déstabilisé qui rompt le silence en premier, après avoir recouvré difficilement un peu de ses esprits. Il nous ramène à la réalité.
— Je… Je crois qu’il est plus que temps d’aller nous coucher, lance-t-il.
En tentant de se donner une contenance, il se lève et empoigne une Laura mutique, complètement perdue.
— Oui, tu as raison.
Tout en lui répondant, alors qu’ils nous tournent le dos pour se diriger vers leur chambre, je libère à regret le cul de Julie, dans lequel je me serais volontiers attardé encore un peu. Je me redresse et l’aide à se lever. Main dans la main, dégrisés et penauds, nous rejoignons à notre tour la nôtre en gardant le silence. Après une rapide toilette, nous nous endormons aussitôt la tête posée sur l’oreiller, entièrement nus et intimement enlacés. Comme toujours.
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Le lendemain matin, je me réveille avant Julie, avec ce qui ressemble à une bonne gueule de bois. Je me lève sans bruit pour ne pas la réveiller, j’enfile une tenue décente et me dirige vers la cuisine, guidé par l’odeur d’un café salvateur.

J’y trouve Kevin en train de boire le sien. Vu sa tête, il ne doit pas être beaucoup plus frais que moi.
— J’ai fait du café serré pour tout le monde.— J’ai senti ça. Et tu as bigrement bien fait !
Après m’en être servi une généreuse rasade, je m’assois face à lui, le nez dans mon mug, un peu honteux. C’est lui qui rompt le silence.
— Votre… exhibition d’hier soir ne m’a pas laissé insensible. Pour être très clair… je bandais comme un âne.
Cet aveu semble lui coûter. Je le laisse poursuivre à son rythme, trop heureux qu’il ait abordé lui-même le sujet.
— J’ai essayé de le cacher à Laura car je craignais qu’elle ne comprenne pas ma réaction alors qu’elle était révoltée. Je me suis précipité dans la salle de bains pour enfiler mon pyjama, puis je suis allé me coucher en évitant de la croiser. Ça ne voulait pas retomber… Après qu’elle m’a rejoint dans le lit, elle a hasardé une main sur mon membre. Quand elle s’est aperçue de mon état – ou peut-être parce qu’elle s’en était aperçue auparavant malgré mes précautions – elle m’a timidement demandé si je voudrais bien lui faire l’amour. Tu parles si je voulais !
Un sourire gêné éclaire son visage pour la première fois.
— Nous avons ôté nos pyjamas…
Il marque un temps d’arrêt et avale une gorgée de café, comme pour se donner du courage. Ainsi ils portent un pyjama pour dormir, ne puis-je m’empêcher de penser de mon côté, tiraillé entre pitié et tristesse.
— Quand je l’ai enlacée pour l’entraîner dans notre traditionnelle position du missionnaire, elle m’a arrêté et m’a dit « non, pas comme ça ». Elle s’est dégagée et s’est placée à quatre pattes sur le lit sans rien rajouter. Il faut savoir que c’est une position que nous ne pratiquons quasiment jamais. Laura la trouve… humiliante, dégradante pour une femme. Et indigne de notre conception de « l’amour courtois ».
Il y a comme du regret dans sa voix, quand il lâche ces deux derniers mots sur un ton ironique, qui trahit certainement quelques doutes sur cet aspect de leur relation. Peut-être même une forme de rancœur. Je me garde bien de relancer le débat de la veille.
— Je ne me suis pas fait prier et je l’ai pénétrée, avec beaucoup plus de précautions que toi… et pas par la même voie que toi, évidemment, rajoute-t-il avec un sourire triste. Nous n’avons jamais pratiqué la… sodomie, poursuit-il d’une voix lasse, de plus en plus mal à l’aise sur un terrain qui n’est pas le sien. Il ne m’est jamais venu à l’idée de le lui proposer… même si je dois avouer y avoir pensé plus d’une fois, à ma grande honte. Mais qui sait si ce n’est pas de ça dont elle avait envie à cet instant ?
L’image du couple épanoui, dans un scrupuleux respect de la personne de l’autre et dans une forme de chasteté revendiquée, commence à se fissurer.
— Quand je me suis mis en action, sa main droite a rejoint son clitoris, d’abord timidement. Puis elle s’est branlée de plus en plus vigoureusement, jusqu’à connaître un orgasme qu’elle a étouffé dans l’oreiller, comme si elle voulait le cacher. Si je peux en juger par ses réactions inhabituelles, ça a eu l’air violent. Et très long. Son plaisir a déclenché le mien. Nous avons joui simultanément… mais séparément, contrairement à ce que j’ai pu percevoir de Julie et toi. Je crois que j’ai compris à ce moment-là ce que vous avez essayé de nous expliquer de manière très… démonstrative.
Cette confession me rassure. Non seulement Kevin n’a pas l’air de nous en vouloir mais, au contraire, il semble que nous ayons créé chez lui une sorte d’électrochoc. Mais qu’en pense sa compagne ? Comme s’il avait lu dans mes pensées, il poursuit :
— Je ne voudrais pas trop m’avancer mais je suis convaincu qu’il en va de même pour Laura, même si elle aura sans doute du mal à l’admettre. Jamais elle ne m’avait demandé de la prendre à quatre pattes. Les très exceptionnelles fois où nous avons pratiqué cette position, ça a toujours été sur mon insistance, quand j’éprouvais le besoin mettre un coup de soupape pour libérer de la pression. Et encore avec un fort sentiment de culpabilité. Jamais elle ne s’était masturbée devant moi ou pendant que nous faisions l’amour. Jamais, tu m’entends, jamais ! Je ne sais même pas si elle le fait seule, c’est dire... Nous ne parlons pas de ces choses. Alors je crois qu’il s’est passé quelque chose pour elle aussi.
Je sens de la détresse dans sa voix. Il a haussé le ton, accéléré le débit et serré les poings. Il appuie la fin de sa confession en martelant la table. Il est au bord des larmes.
— Je l’espère de tout mon cœur. Mais la leçon que je retiendrai quoiqu’il en soit, c’est qu’il faudra à l’avenir éviter d’évoquer certains sujets quand on aura trop picolé ! rajouté-je pour tenter de détendre une atmosphère devenue très pesante.
Nous partons tous deux dans un petit rire crispé. Tout en poursuivant l’absorption de mon breuvage réparateur en silence, songeur, j’appréhende le retour de Laura et la confrontation avec Julie.
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La première à nous rejoindre est ma chérie, toute pudeur semble-t-il évanouie. Alors que, les jours précédents, elle avait revêtu un sage pyjama exclusivement dédié à cet usage, elle a juste passé un de mes amples et longs débardeurs très échancré à l’effigie de mon équipe de NBA favorite, qui peine à couvrir ses fesses et ses seins. Ou alors, elle ne se rend pas bien compte car elle n’a pas l’air plus fraîche que nous…

Le regard admiratif de Kevin, qui ne la quitte pas des yeux pendant son approche, m’amuse. Je ne suis pas d’un naturel jaloux. Mais surtout, j’ai une absolue confiance dans la force du lien qui nous unit. Après avoir déposé un tendre baiser sur ma joue, elle s’assied sur la chaise à côté de moi. Je ne suis pas vraiment sûr qu’elle ait encore ouvert les yeux…
— Je te sers un café ?— Mmm…— Je prends ça pour un oui, répliqué-je en rigolant et en me dirigeant vers la cafetière.
Après quelques gorgées, Julie semble reprendre vie. C’est à ce moment que Laura nous rejoint, engoncée dans son horrible pyjama.
Tout aussi au radar que son amie, elle s’assoit à côté de son homme, qui se lève en silence sans rien lui avoir demandé avant de revenir avec un grand bol de café fumant qu’il pose amoureusement devant elle. À son tour, elle émerge progressivement au fur et à mesure que la caféine produit ses effets bénéfiques.
Julie l’observe discrètement en se tortillant sur sa chaise, mal à l’aise, comme si elle voulait dire quelque chose, sans y parvenir. Je décide de voler à son secours :
— Je tiens à vous présenter nos excuses pour hier soir. Notre conduite a été indigne, inqualifiable. Nous sommes allés beaucoup trop loin. Nous n’avions pas à vous donner une quelconque leçon. Il faut mettre ça sur le compte de l’abus de boisson… surtout en ce qui me concerne. J’espère que vous arriverez à nous pardonner.
Julie me jette un regard reconnaissant, soulagée par mon initiative. C’est Laura qui prend alors la parole :
— Ne vous excusez pas. Quand vous nous avez exposé votre point de vue, c’est moi qui me suis conduite comme une imbécile. Je n’ai même pas essayé de comprendre. Puis, quand j’ai vu les fesses de Julie, j’ai été sincèrement choquée. Malgré vos explications, je vous ai jugés et condamnés sans chercher à comprendre. Mais votre… démonstration a été très instructive pour moi. Elle va m’obliger à réfléchir à un certain nombre de choses. Avec Kevin, s’il en est d’accord.
En prononçant ces derniers mots, elle pose sa main sur la sienne et le regarde timidement. Je ressens la force de leur amour mais aussi leur désarroi à cet instant. En l’attirant vers lui, celui-ci lui répond simplement :
— Évidemment que je suis d’accord. Moi aussi j’ai été… secoué et je crois que nous devons discuter très sérieusement tous les deux. Sans œillères, sans a priori et sans dogmatisme. On verra ce qu’il en ressortira et où ça nous conduira. Probablement pas au stade où vous êtes, lance-t-il à notre endroit… même si quelque part ça fait envie ajoute-t-il doucement, sur un ton rêveur, comme s’il se parlait à lui-même.
Puis en nous regardant alternativement après quelques secondes d’hésitation, il hasarde :
— Peut-être accepteriez-vous de nous aider à trouver notre voie, de nous accompagner… de nous coacher en quelque sorte ? En tout bien tout honneur, évidemment.
Julie et moi sommes surpris par cette proposition. Après nous être concertés d’un simple regard, sans avoir besoin de parler, nous attendons la réaction de Laura. Après quelques secondes de réflexion, cette dernière réagit d’une voix lasse mais non dénuée d’un certain espoir.
— Pourquoi pas, c’est une bonne idée. Vous pourriez nous aider à trouver notre propre équilibre, car je me rends bien compte que nous sommes loin de l’avoir atteint. Nous nous masquons la réalité depuis bien trop longtemps.
Julie lui répond joyeusement :
— Alors c’est d’accord. Topons-là !
Nos quatre mains droites se rejoignent et s’étreignent, comme pour sceller un accord, un pacte. Je ne sais pas quelles formes prendra ce coaching, mais la perspective de pouvoir enfin partager nos secrets avec nos meilleurs amis tout en les aidant à consolider leur couple, qui paraît fondé sur de nombreux malentendus, mais surtout sur un amour sincère, me soulage autant qu’elle me ravit.
Quelle belle Saint-Valentin !
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