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Des vacances voluptueuses

Chapitre 10

Inceste
« Allez, bougez-vous le cul là-dedans ! » cria Théo qui venait d’ouvrir la porte.
    Christopher s’éveilla en sursaut, la tête embrumée par l’alcool qu’il avait consommé la veille, et fut surpris par l’impétuosité de son érection matinal qui soulevait son pénis aussi droit qu’une lance. Emilie, dont la tête était toujours couchée contre le torse du jeune homme ouvrit lentement les paupières et tomba nez-à-nez avec le sexe parfaitement dressé de son partenaire. Encore largement hébétée par le sommeil, elle balbutia à Théo :
    « Laisse-nous au moins dix minutes, le temps de nous lever.    -Aucune chance, tu le suceras une autre fois, grommela Théo en jetant les vêtements des deux adolescents sur le lit. Je vous ai déjà laissé dormir trop longtemps, alors bougez-vous et tout de suite, conclut-il en regagnant le couloir. »
    Emilie ronchonna vivement avant de se lever avec difficulté, bientôt suivie par Christopher. Tous deux avaient le pas lourd et maladroit et traversaient la pièce tant bien que mal à la recherche de leurs vêtements disséminés un peu partout. Si quelques minutes s’étaient déjà écoulées, le sexe du jeune homme se tenait toujours orgueilleusement droit et rigide. Alors qu’elle finissait d’enfiler sa jupe et que Christopher cherchait son slip, elle ne put résister et s’approcha finalement de lui pour murmurer à son oreille :
    « Tu sais quoi ? On se moque pas mal de Théo, j’en ai vraiment trop envie. »
    Sans laisser à Christopher l’occasion de rajouter quoi que ce soit, Emilie s’accroupit à ses pieds et goba son pénis. Rapidement, sa langue tourbillonna autour du sexe du jeune homme tandis qu’elle avançait et reculait sa tête dans un mouvement de va-et-vient. Lorsqu’elle eut terminé de lubrifier la verge de son amant, Emilie entreprit de le masturber avec autant d’ardeur. Ses mains se déplaçaient si vélocement et avec tant d’habilité que Christopher ne put longtemps se retenir et finit par éjaculer un chaud jet de sperme dans la bouche grande ouverte de la jeune fille. Souriante, Emilie recueillit les quelques gouttes qui s’étaient posées sur son visage ainsi que celles qui perlaient encore au bout du sexe de Christopher et avala le tout dans un curieux bruit de déglutition.
    Déjà en retard, les deux amants se rhabillèrent ensuite rapidement. Avant de rejoindre les autres, ils s’étreignirent à nouveau et Emilie susurra à l’oreille de Christopher qu’ils trouveraient durant la fête de Grégoire un endroit tranquille pour poursuivre ce qu’ils avaient commencé le matin. Le jeune homme accueilli cette nouvelle avec allégresse et, avec son amante, il rejoignit Théo, Raphael et Jessica qui se trouvaient déjà sur le pas de la porte d’entrée.
    Devant le regard suspicieux de son hôte, Emilie justifia son retard en prétextant un besoin urgent. Théo ne parut pas dupe, mais il n’ajouta rien, pressé que ses amis ne partent avant que ses parents ne rentrent. Après que tous ont convenu de se retrouver au village afin de partir ensemble chez Grégoire, les quatre adolescents se mirent en route : Raphael se dirigea vers l’est tandis qu’Emilie accompagna Christopher et Jessica jusqu’à la place au nord du village avant de les quitter pour rejoindre sa maison.
    En route, Emilie tenait la main de Christopher qui, s’il était surpris de la tendresse de la jeune fille, n’en était pas moins ravie de cette marque d’affection. Pourtant, la fatigue accablait tant les trois adolescents que le voyage se fit dans un silence relatif. Arrivé sur la place du village, Emilie se jeta au cou de Christopher afin de l’embrasser passionnément, recueillant ainsi l’expression surprise du jeune homme et le regard amusé de Jessica.
    A peine Emilie fut-elle éloignée que les deux adolescents reprirent la route en direction de la villa. Jessica, dont la curiosité ne se pouvait plus contenir, demanda sur un ton malicieux :
    « Alors, c’est sérieux entre vous deux?    -Quoi ? Ah, euh… Eh bien, j’en sais rien, répondit le jeune homme visiblement embarrassé par la question. Je veux dire… tout a été très vite, et j’ignore dans quelle mesure Emilie elle-même prend cette relation au sérieux.    -Oui mais et toi ?    -Moi, moi, moi, répéta le jeune homme sur un ton contrarié. J’en sais rien moi. J’aime beaucoup Emilie, mais il ne s’agira au mieux que d’une amourette de vacances. Je préfère pas trop m’attacher. »

    Jessica ne répondit rien, mais ne parvenait pas à dissimuler un léger sourire, provoquant l’irritation de son petit frère :
    « Qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi tu souris ?    -C’est rien, tu me juste rire à grand coup de « je préfère pas m’attacher » alors que ta seule réaction montre que tu t’y es déjà attaché. T’es un romantique, t’y peux rien.    -Mais je t’en pose, moi, des questions, sur toi et sur Théo ? s’emporta Christopher dans un agacement non feint.     -Oh mais pas la peine de t’énerver, joli cœur. Et si tu veux savoir, rien de sérieux entre moi et Théo. La soirée d’hier soir se prêtait bien à un débordement des sens, mais c’est tout.    -Eh bien tu m’en vois ravi, répondit simplement le jeune homme avant de s’avancer de quelques mètres afin de s’éloigner de sa sœur et mettre fin à la discussion. »
    Le reste du trajet s’effectua silencieusement, alors que Christopher bougonnait et que sa sœur ne parvenait à se débarrasser de son expression amusée face à la réaction excessive du jeune homme. Arrivés à la villa, Christopher monta immédiatement se recoucher, saluant à peine sa mère qui petit-déjeunait dans la cuisine tandis que Jessica, le ventre gargouillant, voulut manger un bout avant de gagner son lit à son tour. Elle se servit donc un bol de céréale et s’assit en face de sa mère. Afin de justifier le fait que tous deux avaient découché, elle raconta à Emma que, devant l’heure tardive de la nuit, elle et Christopher avaient trouvé plus prudent de rester dormir chez leur ami. Elle expliqua ensuite pourquoi ils avaient dû se lever si tôt mais prit toutefois soin de taire le strip-poker et la nuit de sexe qui suivit, de peur d’une réaction négative de sa mère. Son petit-déjeuner pris, Jessica se leva et embrassa sensuellement sa mère, non sans avoir préalablement jeté un regard attentif en direction des escaliers. Emma parut surprise, mais se détendit un peu sans pour autant se défaire de son anxiété et rendit maladroitement ce baiser au terme duquel la jeune fille susurra à l’oreille de sa mère :
    « Désolée, mais je ne pouvais retenir ce baiser, tes lèvres m’avaient trop manquée.    -Ne t’en excuse pas, j’en avais aussi très envie, mais il ne faut plus prendre le risque que Christopher nous surprenne.    -Je suppose que tu as raison, comme toujours. Il me tarde tellement de te refaire l’amour, chuchota la jeune fille avant de s’éloigner en direction des escaliers.    -Moi aussi, ma chérie, moi aussi, murmura Emma à elle-même alors que sa fille disparaissait à l’étage. »
    A peine fut-elle entrée que Jessica se jeta sur son lit. Elle se rappela la nuit fabuleuse qu’elle venait de passer et se réjouit de celle, non moins extraordinaire, qui l’attendrait tout à l’heure. La jeune fille s’assoupit ensuite rapidement sans même enlever ses vêtements, pressée de récupérer le sommeil perdu. Quelques chambres plus loin, Christopher avait mis du temps avant de trouver le sommeil. Sa sœur avait vu juste quand elle avait affirmé qu’il nourrissait des sentiments amoureux à l’égard d’Emilie. Rien qui ne fût de l’ordre du grandiloquent ou de l’excessif, mais une pointe émotionnelle picotait sa poitrine à la pensée de la jeune fille. Epuisée par sa courte nuit, le jeune homme ne mit pas longtemps avant de sombrer dans un profond sommeil, se réjouissant déjà de  retrouver Emilie à la fête de Grégoire.
    Lorsque Jessica et Christopher ouvrirent les yeux, le soleil commençait déjà à tomber vers l’horizon. En bas, ils partagèrent avec leur mère un repas durant lequel celle-ci leur annonça qu’elle souhaitait faire la route afin d’assister à un concert qui se déroulait loin de Provence, à plusieurs heures de là. Puisqu’elle n’aimait pas rouler dans le noir, elle n’excluait pas la possibilité de passer la nuit dans un hôtel après la pièce et de revenir seulement le lendemain si le sommeil la guettait dangereusement. A cette nouvelle, Jessica parut dubitative mais Christopher, au-delà de son incompréhension concernant l’intérêt aussi vif que soudain de sa mère pour ce genre de manifestation, n’avait aucune objection.
    « Justement, ajouta le jeune homme, Jessica et moi sommes invités chez un ami ce soir, et on comptait dormir là-bas. Ça tombe bien, tu n’auras pas à passer une nouvelle soirée toute seule.    -Oh, vraiment ? Et vous comptez découcher comme ça tous les soirs ? s’amusa Emma. Je plaisante, c’est bien que vous vous soyez fait des copains dans la région, vous avez pas l’air de vous ennuyer. »
    Si Emma et Christopher plaisantèrent tout au long du repas, Jessica se montra plutôt taciturne et ne participa que rarement à la discussion, toute plongée dans ses pensées. Lorsque sa mère lui demanda ce qui retenait son attention, la jeune fille se contenta de sourire, prétextant qu’elle était simplement encore mal réveillée. Le repas terminé, les deux adolescents aidèrent leur mère à la vaisselle avant de chacun rejoindre leur chambre en vue de se préparer pour la fête de Grégoire.
    Alors que Jessica sortait de la douche, vêtue seulement d’un essuie de bain, sa mère pénétra dans sa chambre. Voyant sa tenue, elle s’excusa machinalement, recueillant ainsi le rire de sa fille qui arguait qu’elle en avait déjà vu bien plus. Reconnaissant le ridicule de sa réaction, Emma averti la jeune fille que Christopher prenait sa douche et demanda, l’air soudain sérieux, à Jessica si elle pouvait lui parler quelques instants. Jessica, intriguée, invita sa mère à s’asseoir à ses côtés sur le lit avant de commencer son discours. Sans détour, Emma lui expliqua que le concert auquel elle avait prétendu allé n’était qu’un prétexte et qu’elle avait en réalité prévu de revoir Patrick, en précisant avec force qu’il s’agirait de la dernière fois.
    « Je me disais bien que cette histoire de concert ne tenait vraiment pas la route, sinon pourquoi nous prévenir seulement quelques heures avant de partir ? Mais peu importe. C’est complètement stupide, s’étrangla subitement Jessica en prenant garde à ne pas hausser le ton. Pourquoi le revoir après le mal qu’il t’a fait ? C’est lui qui t’a forcé ?    -Non, bien sûr qu’il ne m’a pas forcé. Ecoute, Jessica : entre Patrick et moi, c’est une vieille histoire pleine de déraison. J’ai toujours pris soin de vous cacher son existence, mais il fut important dans ma vie. Alors, tu comprends, je dois au moins le laisser s’expliquer. Et puis, il ne s’agit que d’un diner, rien de plus.    -J’ai appris l’existence de ce type il y a deux jours, et tu me dis que c’est une vieille histoire entre vous deux ? Mais depuis quand ?    -Je… ce serait trop long de t’en faire le récit maintenant, notre relation semble remonter à des lustres… disons simplement que cela fait plusieurs années qu’il est mon amant. Mais crois-moi, je suis déterminée à mettre fin à cette relation.    -Drôle de manière de rompre que de passer la nuit avec lui, répondit cyniquement Jessica.    -Comment ça, passer la nuit ? Oh, poursuivit-elle après une courte pause, tu veux parler du fait que j’aie émis l’hypothèse de passer la nuit là-bas. Je ne sais pas, je… tu sais, reprit-elle sur un ton étonnamment tranquille, je préférais juste prévoir toute possibilité. Mais je saurai être ferme avec lui et il s’agira seulement d’un dîner d’adieu. »
    Devant l’invincible sérénité de sa mère, Jessica se rejeta en arrière et soupira longuement :
    « Je suis pas sûre de te comprendre… mais peut-être que je ne connais pas tes raisons, c’est vrai, puisque justement tu as pris soin de nous cacher l’existence de ton amant durant tout ce temps. Je ne sais pas si tu devrais y aller, mais si tu crois que c’est le bon choix, alors je m’incline. De toute façon, tu sembles déjà décidée, alors mon avis…    -Je le suis : ce n’est pas une décision prise à la légère, tu sais… »
    L’essuie qui couvrait Jessica avait légèrement glissé lorsque celle-ci s’était rejetée en arrière, dévoilant ainsi la naissance de sa poitrine. Désireuse de s’alléger du poids de la culpabilité que faisait peser sur elle le regard de sa fille, et aguichée par l’érotisme simple d’un tel spectacle, Emma se pencha vers Jessica pour l’embrasser passionnément. La jeune fille, dont la première réaction fut de refuser ce baiser déculpabilisant, ne put longtemps retenir son désir et sa langue se lia à celle de sa mère dans une danse fragile et voluptueuse.   Dans le mouvement de leur étreinte, l’essuie de la jeune fille glissa complètement et dévoila totalement sa poitrine à sa mère qui en empauma tendrement le sein droit. De leur côté, les mains de Jessica avaient glissé le long des hanches d’Emma et lui massaient désormais  longuement les fesses à travers son jean. Lentement et sans cesser de l’embrasser, Emma renversa sa fille sur le lit avant de faire glisser sa main jusque l’entrejambe de Jessica. De ses doigts, elle dessina de petits cercles sur le haut de la vulve de la jeune fille qui laissa s’échapper quelques plaintes de plaisir presque inaudibles. Enfiévrée de passion, Jessica s’apprêta à déboutonner le jean de sa mère afin de lui rendre le même plaisir, mais celle-ci refusa d’un signe de tête :
    « Ton frère va bientôt sortir de la douche, il pourrait nous surprendre à tout moment. Non, vraiment, ce ne serait pas raisonnable.    -C’est vrai, mais c’est toi qui m’as excitée et qui frustres maintenant mon désir. J’espère que tu te rends compte qu’il faudra me rembourser ce plaisir avorté, dit-elle en adressant un sourire à la fois amusé et sensuel. Et avec des intérêts.    -Ne crains rien pour cela, tu ne seras pas déçue, conclut-elle en embrassant une dernière fois la jeune fille avant de se diriger vers la porte.    -Maman ! s’écria la jeune fille alors que la main de sa mère était sur la poignée. Je désapprouve complètement ta décision, mais fais attention à toi.
    Pour seule réponse, Emma adressa à Jessica un sourire étincelant et assuré avant de refermer doucement la porte derrière elle. Seule dans sa chambre, Jessica, toujours allongée sur son lit resta pensive un long moment. D’un côté, elle se sentait bien impuissante à convaincre sa mère, et de l’autre, elle devait bien reconnaitre que la décision lui appartenait pleinement et qu’elle ne semblait guère sous l’influence de la contrainte. En outre, Emma était bien libre de faire ce qu’elle voulait, et sans doute la jeune fille s’inquiétait pour rien. Et pourtant, si elle parvenait à se rassurer quelque peu, Jessica ne pouvait occulter une légère anxiété qui la pressait incessamment, aussi irrationnelle qu’elle fût.
    Moins d’une demi-heure plus tard, Emma souhaita, du bas des escaliers, une bonne soirée à ses enfants. Ceux-ci la remercièrent et entendirent la porte d’entrée claquée derrière son passage. A nouveau, Jessica sentit poindre quelque peur qu’elle-même trouvait irraisonnée, mais à mesure que le temps la rapprochait de la fête de Grégoire, toutes ses anxieuses pensées se trouvaient noyées dans un flot d’images plus agréables. En effet, Jessica attendait impatiemment cette soirée et comptait bien en profiter pour se délivrer un moment de ses songes moroses. Elle s’attela donc avec une joie croissante à poursuivre ses préparatifs en vue de la fête de Grégoire. La jeune fille ne mit guère plus d’une heure pour se préparer et rejoint son frère, déjà prêt, dans le salon.
    Christopher portait une chemise noire ainsi qu’un jean de la même couleur, tenue générique qu’il enfilait à chaque soirée, ne possédant aucun habit particulier pour l’occasion. Il pensait de toute façon qu’il s’agissait d’une soirée entre adolescents, et que même si la plupart étaient aussi fortunés et maniérés que Grégoire, il s’en trouverait bien qui ne porteraient pas de costume. Pour sa coiffure, le jeune homme avait tenté d’ébouriffer ses cheveux d’une façon un tant soit peu élégante quoiqu’il n’était pas parvenu au résultat escompté, portant au final la même coupe que d’habitude. Il s’était enfin aspergé du seul parfum qu’il possédait, jugeant que cela serait bien suffisant et avait enfilé une paire de chaussure en cuir qu’il n’avait presque jamais mise car celles-ci étaient un peu trop petite pour ses pieds. Jessica, elle, portait une robe bleue bustier drapée et ceinturée juste au-dessous de la poitrine, faisant ainsi ressortir ses seins sans pour autant tomber dans la vulgarité. La robe lui tombait au-dessus du genou en élégantes dentelles et elle portait deux talons tout justes assez épais pour lui permettre de marcher sans perdre l’équilibre. Dans ses cheveux, la jeune fille avait fait un élégant chignon, laissant seulement deux boucles retomber de chaque côté de son visage. Enfin, elle s’était sobrement maquillée et portait pour unique bijou deux boucles d’oreilles vertes dont les reflets renforçaient encore la profondeur de son regard.
    Après des courtoisies de bon ton, les deux adolescents se mirent en route pour rejoindre Emilie, Raphael et Théo au village. Avant de partir, Jessica prit une bouteille d’alcool fort qu’elle avait gardée au frigo pour l’occasion et en but une large lampée avant de la tendre à son petit frère.
    « Quoi, déjà ? s’indigna faussement Christopher. La fête n’a même pas encore commencé.    -Hey, t’es là pour t’amuser ou pour faire chier ? rétorqua la jeune en criant exagérément fort.    -En tout cas, toi, je vois que ton choix est fait, s’amusa le garçon. Allez, tu as raison, fit-il après une  pause, passe-moi cette bouteille : il est jamais trop tôt pour commencer de toute façon.    -Voilà ! Là, je reconnais bien mon bon petit frère alcoolique.    -Je t’emmerde, Jess, répondit-il en riant. »
    A son tour, Christopher but une grosse gorgée et rendit la bouteille à sa sœur. Tous deux se mirent alors immédiatement en route vers le village afin d’y retrouver Emilie, Raphael et Théo. La voyage fut extrêmement gai, le cœur des deux adolescents étant à la fête, a tel point que lorsqu’ils arrivèrent au village, la bouteille n’était déjà plus qu’au trois quart. Théo, Raphael et Emilie étaient déjà sur la place quand Christopher et Jessica arrivèrent. Les cinq adolescents se resaluèrent et se complimentèrent, comme la coutume le voulait, sur leur tenue. Emilie portait une robe décolletée qui lui descendait jusqu’au bas du genou, sans manche et de couleur métallique ainsi que des talons beige de courte taille. Christopher admira un moment sa poitrine car s’il avait eu l’occasion de la voir nue, cette robe lui moulait divinement les seins et les faisait paraitre encore plus gros et plus rond. Emilie avait laissé pendre ses cheveux sur son côté gauche et portait un large pendentif qui plongeait en direction de sa poitrine. Raphael était affublé d’un costume un peu trop large pour lui mais dont il s’accommodait visiblement assez bien. Il avait laissé ses cheveux aussi ébouriffés qu’à l’accoutumée. Théo, quant à lui, avait mis, comme Christopher, une chemise noire, mais portait en bas un pantalon gris et des chaussures en cuir.  
    « Je vois que vous avez pensé à tout, dit Théo en regardant la bouteille que tenait Jessica. Tu te rends compte qu’il va falloir la finir avant d’arriver chez Grégoire    -Eh ! qu’est-ce que tu crois, rétorqua Jessica en montrant une certaine fierté. C’est bien pour ça qu’on est cinq, ajouta-t-elle en tendant la bouteille à Théo »
    Le jeune homme but à son tour une lampée, tendit la bouteille à Emilie et ouvrit ensuite la marche en direction de la maison des Montalent. Alors que la nuit commençait à tomber, Théo, en tête du groupe avec Raphael et Jessica, pressa quelque peu le pas, laissant ainsi Christopher et Emilie légèrement en retrait. Tous deux, comme le matin même, se tenaient amoureusement la main et marchaient silencieusement jusqu’à ce qu’Emilie susurre à l’oreille du jeune homme :
    « Je n’ai pas oublié ma promesse de ce matin, et je compte bien te faire l’amour ce soir. »
    Le jeune homme rougit d’abord maladroitement devant la franchise impudique d’Emilie ainsi que sa sincérité confondante, mais se reprit immédiatement et, la regardant droit dans les yeux, il lui répondit, avant de l’embrasser passionnément :
    « Oh mais j’espère bien, je n’attends que ça »    Emilie sentait bien que l’assurance du jeune homme était quelque peu forcée, mais elle appréciait grandement ses efforts. Dans l’idée de l’encourager, elle poursuivit en caressant doucement le sexe de Christopher à travers son jean :
    « J’en ai même très envie maintenant…    -Emilie ! Chris ! cria Théo à l’avant du groupe, on arrive chez Grégoire : la fin de la bouteille est pour vous. Et arrêtez de trainasser.    -On arrive, répondit la jeune fille en criant. Dommage, on dirait qu’il va falloir remettre cela à plus tard. Rejoignons-les, il nous restera encore toute la nuit pour en profiter, conclut avec un clin d’œil appuyé. »
    Christopher eut bien du mal à cacher sa déception, car s’il comptait d’ordinaire la patience parmi ses vertus, son excitation présente le disposait peu à l’attente. Il dut pourtant bien se résoudre à reporter cette fellation et, avec Emilie, ils achevèrent la bouteille d’une grande gorgée chacun avant de rejoindre leur trois amis devant la porte des Montalent. Le jeune homme pouvait déjà sentir les vapeurs de l’alcool brouiller agréablement son cerveau et lui conférer un intense sentiment de bien-être alors même que la soirée n’avait pas même commencé.
    « Mes amis ! s’exlama Grégoire en ouvrant la porte. Entrez, entrez, je suis tellement heureux de vous voir. »
    Très enjoué, Grégoire serra la main des garçons et baisa celle des femmes puis les guida tous dans le salon où se déroulait la fête. Une centaine d’invités trouvait place dans la grande pièce et formait plusieurs groupes de conversation. Dès leur arrivée, les cinq adolescents se firent servir une coupe de champagne tandis que Grégoire se retira pour accueillir d’autres invités.
    Dans cette grande pièce aux murs richement garnis, le temps semblait s’écouler plus lentement. A travers les fenêtres, les derniers faisceaux du jour vacillaient avec le soleil tandis que les lampes artificielles commençaient à baigner la salle d’une faible lueur dorée. La musique, en fond, se propageait dans toute la pièce et semblait soutenir de ses accords le brouhaha produit par les invités. Ceux-ci étaient nombreux et bien habillés : parmi les femmes, la plupart portaient d’élégantes robes aux riches couleurs ainsi que quelques bijoux; chez les hommes, le costume était de mise et quelques-uns l’ornaient même d’une cravate ou d’un nœud-papillon, mais nombreux étaient également ceux qui ne portaient qu’une simple chemise. Christopher s’étonna de l’ambiance et du style friqué de la soirée, assez inhabituelle.
    La première partie de la soirée se partagea entre la descente d’alcool dont l’abondance et la gratuité encourageait les excès et plusieurs rencontres avec différents invités. Jessica, qui semblait toujours aussi enfiévrée, avait bu son verre d’une traite et demandait déjà à ce qu’un nouveau lui soit servi. En réalité, la jeune fille toujours encore d’avoir laissé sa mère aller à ce rendez-vous avec Patrick et elle était bien déterminée à continuer à boire jusqu’à ce que ces pensées disparaissent.
    « Mais tu ne t’arrêtes jamais, toi, s’amusa Emilie, en regardant le verre vide de Jessica.    -C’est plutôt vous, les provençaux, qui m’avez l’air un peu mou, à vrai dire.    -Alors là, si tu me provoques… s’emporta Emilie en mimant une fausse colère et en achevant son verre d’une gorgée. Alors, qu’est-ce que tu en dis ?    -Pas mal, pas mal, mais qui a parlé d’un seul verre ? »
    Tandis que Raphael et Théo s’entretenaient avec de vieilles connaissances, Christopher observait les deux jeunes filles s’adonner à ce jeu qu’il trouvait un peu puéril. Si son caractère introverti l’empêchait d’aborder facilement la conversation avec les autres invités, le jeune homme fut bien aise de ce que ceux-ci, malgré leur allure bourgeoise et quelque peu condescendante, avaient le contact facile, à tel point qu’ils s’adressaient à lui avec beaucoup de naturel, comme s’il s’agissait de vieux amis. Ils étaient tous affables et ne manquaient jamais de bons mots, rendant les conversations très agréables, si bien que Christopher se retrouva rapidement aspiré dans un nouveau groupe avec lequel il bavarda un moment. Leur discussion tournait principalement autour de la question de l’art, principalement pictural ou musical, et, bien que Christopher ne se sentait pas du tout connaisseur dans ce domaine, les invités semblaient faire grand cas de son avis. Finalement, le jeune homme discuta un long moment avec eux, à tel point que lorsqu’il se retourna afin de rejoindre ses amis, il ne les aperçu même plus.
    Alors que la nuit ne faisait que commencer, la foule était déjà dense et les invités semblaient encore arrivés par dizaine, rendant la recherche difficile. Désormais isolé, Christopher tenta de balayer la pièce du regard afin d’apercevoir ses amis et sa sœur, sans pour autant parvenir à passer outre les invités les plus grands. En réalité, c’était surtout Emilie que le jeune homme espérait trouver, tant il mourrait d’envie de lui refaire l’amour. Il poursuivit sa recherche durant un moment mais dut l’interrompre soudain car il fut pris d’une nausée causée tant par l’alcool qu’il avait bu sans discontinuer depuis qu’il était arrivé que par l’étouffante et moite chaleur dégagée par la foule dans le salon. Il décida donc de sortir dehors afin de prendre une grande bouffée d’air frais.
    A l’extérieur, nombre d’invités avaient pris place devant la maison et aux alentours de la piscine. Christopher s’installa lui aussi au bord de celle-ci, certain que la sérénité de l’eau lui ferait tout de suite passer son étourderie. En Provence, le vent des douces nuits d’été charrie une odeur caractéristique, mélange de lavande et d’une certaine fraicheur bucolique, qui vint remplir les poumons du jeune homme d’un air salutaire et revivifiant. Le spectacle autour de Christopher n’était pas moins paradisiaque : sous la lumière argentée de la lune se présentait à la droite du jeune homme une grande et large forêt tandis qu’il pouvait observer les vastes champs de la famille des Montalent à sa gauche. La piscine elle-même, dans le relaxant mouvement de ses ondes et le pâle reflet de sa surface participait à rendre ce tableau d’autant plus idyllique. Alors qu’il se laissait aller à ses rêveries, Christopher aperçut, non loin de lui, un groupe d’adolescents qui l’invitaient à se joindre à eux afin de ne pas rester seul.
    Déjà ravivé par l’air salutaire des soirs de Provence, le jeune homme accepta l’invitation et les rejoint. Le groupe était constitué de deux filles et de trois garçons, visiblement tous déjà largement alcoolisés au vu de la spontanéité et de l’intensité de leurs fous rires. Tous se présentèrent, bien que Christopher, le cerveau ralentit par l’alcool, ne pût retenir aucun de leur nom, excepté celui du garçon qui l’avait appelé et qui était le plus loquace : il s’appelait Mathieu et semblait ne jamais s’arrêter de parler. Lorsqu’il laissa à Christopher la possibilité de répondre, celui-ci lui raconta qu’il était venu avec sa sœur et des amis et qu’il était à leur recherche. Aucun des membres du groupe de Mathieu n’avait vu quiconque correspondant à la description faite par Christopher parmi la foule des invités, mais tous lui proposèrent vivement de rester un moment avec eux, arguant que le jeune homme finirait bien par apercevoir l’un de ces compagnons sortir de la maison à un moment donné. Devant la pertinence de l’argument et surtout la démotivation de passer sa soirée à chercher ses amis, Christopher accepta et tous s’assirent en cercle non loin de la piscine, où les spots de la maison donnaient encore une vive lumière.
    A peine le jeune homme fut-il assit que Mathieu rentra à l’intérieur de la maison et en revint avec des verres d’alcool fort pour chacun des adolescents, verres qui se vidèrent lentement au fil d’une conversation tantôt plate et prosaïque, tantôt forte et élevée. Ce nouveau verre embruma l’esprit de Christopher plus encore qu’il ne l’était déjà et sa perception commença à se brouiller, ralentissant ses capacités cognitive et son élocution. Rapidement, ses pensées revinrent se fixer sur son désir à l’égard d’Emilie et le jeune homme ne parvenait plus vraiment à s’en défaire. Christopher ne fut tiré de sa rêverie que lorsqu’il s’aperçut que Mathieu le regardait avec insistance, attendant visiblement une réponse de sa part. Il s’excusa alors, prétexta une gorge asséchée et prévint Mathieu qu’il rentrait chercher à boire pour le reste du groupe.
    En réalité, si Christopher avait effectivement la gorge sèche, il avait surtout cherché une excuse afin de se retirer du groupe et de se remettre à la recherche d’Emilie. A l’intérieur, il trouva l’ambiance plus érotique qu’auparavant. La musique, en effet, s’était faite plus langoureuse à ses oreilles et il croyait voir des groupes informes émerger des couples harmonieux et sensuels. Plus déterminé que jamais à retrouver Emilie, il la chercha donc ardemment des yeux, mais la foule s’était encore densifiée et le jeune homme ne l’aperçut même pas, au point qu’il se demandât si elle se trouvait toujours dans cette pièce. Plein de frustration, Christopher se dirigea vers le bar afin d’assouvir au moins, faute de mieux, sa soif.
    De son côté, Jessica avait également fini par perdre le reste du groupe. Après qu’Emilie a abandonné la partie, elle-même avait décidé de faire une pause tant ces nombreux affonds avaient brouillé sa perception et rendait son équilibre difficile à maintenir. Elle avait alors à son tour rejoint les groupes de discussions éparses qui semblaient se former spontanément, jusqu’à ne plus savoir où se trouvaient son frère et ses trois amis. Bien plus extravertie que son petit frère, Jessica parlait avec familiarités aux différents invités, s’amusant follement du regard plein de désir que certains garçons posaient sur elle. La jeune fille cherchait ses quatre compagnons depuis un temps quand l’un des invités vint l’aborder. Il s’appelait Gabriel, ou du moins Jessica avait cru l’entendre parmi le brouhaha de la foule, et, quand la jeune fille lui eut expliqué son problème, il se proposa de l’aider dans sa recherche. Il était blond aux cheveux courts et relevés et portait un costume-cravate ainsi que des chaussures de cuir. Jessica le trouva fort séduisant, davantage encore que la plupart des invités présents dans la salle et c’était avec un plaisir non désintéressé qu’elle poursuivit la conversation avec lui. Le jeune homme avait l’éloquence habile et la culture étendue, si bien que Jessica le trouvât quelquefois trop pompeux dans ses propos; mais il ne manquait jamais de quelque bon mot pour l’amuser. Tous deux discutèrent quelque instants et bien qu’il fût tout à fait gentleman, Jessica se flattait de voir le regard de Gabriel se perdre parfois dans son décolleté qu’elle avait, il est vrai, particulièrement soigné. Ils inspectèrent les environs, mais à mesure que le temps passait, Jessica accordait de moins en moins d’importance à la recherche de ses amis, pensant qu’elle ne les retrouverait jamais et tout à fait satisfaite  de ce qu’elle venait de s’en faire un nouveau. En outre, comme elle l’avait souhaité, la jeune fille se trouva débarrassée de toute pensée concernant sa mère, l’alcool brouillant chacun de ses souvenirs, et son esprit étant désormais totalement fixé sur Gabriel.
    Alors qu’elle s’apprêtait à abandonner la recherche, Jessica aperçut, non loin de l’entrée, Emilie, qui embrassait langoureusement un jeune homme. Elle fut d’abord surprise de constater que ce garçon ne fût pas Christopher, mais elle pensa après tout qu’Emilie était bien libre d’embrasser qui elle voulait, même si elle aurait préféré qu’elle soit honnête avec son petit frère. Jessica ne put s’empêcher de l’observer quelques instants, tant la jeune fille, dans un simple baiser pouvait faire preuve d’une torride passion. Très vite, pourtant, ce baiser sembla ne plus la satisfaire, et elle guida les mains du garçon, l’une sur ses fesses, l’autre sur ses seins. Jessica pensa que les invités jugeraient l’attitude de son amie indécente, mais nul ne semblait l’avoir même remarqué. Après qu’Emilie a elle-même commencé à caresser le sexe du garçon à travers son pantalon de costume, les deux amants se dirigèrent vers le fond de la salle et disparurent de la vue de Jessica en passant une porte à la droite de la pièce. La passion dont avait fait preuve Emilie, et l’absence complète de réaction autour d’elle causait un sentiment ambigu chez la jeune fille. D’un côté, elle ne pouvait s’empêcher de penser à la tristesse que ressentirait son petit frère s’il l’avait vue, mais d’un autre côté, ce spectacle plein de sensualité et d’érotisme éveillait en elle une excitation vive et langoureuse. Lorsque la jeune fille retrouva ses esprits, elle rejoint Gabriel qui l’attendait à l’extérieur.
    « Tu t’étais perdue à l’intérieur ? demanda le jeune homme en souriant quand il vit Jessica.    -En quelque sorte... Il fait merveilleusement beau, reprit-elle en inspirant profondément. Que dirais-tu qu’on s’assoit un moment au bord de la piscine ?    -Je veux bien, mais et tes amis, et ton frère ?   -Bah, ils auront eux aussi fait quelque connaissance et auront arrêté de me chercher. Et puis, ils finiront bien par passer ici. J’aimerais simplement m’assoir un peu, maintenant. »
    La proposition de Jessica tenait tant à sa démotivation généralisée qu’à sa difficulté à se tenir debout en équilibre. En effet, la jeune sentit tomber comme une masse les effets de l’alcool et se rendit compte qu’il était temps pour elle de faire une courte pause. Gabriel accepta la proposition de la jeune fille, visiblement heureux lui-même d’arrêter les recherches, et tous deux s’installèrent au bord de la piscine où Jessica en profita pour enlever ses chaussures qui lui serraient désagréablement les pieds. Jessica appris que le jeune homme étudiait l’histoire de l’art et qu’il se passionnait pour la musique. Il jouait d’ailleurs du piano depuis sa plus tendre enfance et se débrouillait assez bien. Même si ses références tournaient plutôt autour de la musique classique, tandis que Jessica s’intéressait davantage à la musique populaire, ils se trouvèrent beaucoup de goûts communs, qu’ils fussent rock ou baroque. Mais leur ressemblance ne se limitait pas à la musique, car tous deux partageaient également la passion de la politique et du débat.
    A mesure que le temps avançait, les deux adolescents se montraient de plus en plus familiers et Jessica pouvait percevoir une étincelle de désir croître dans l’œil de Gabriel. Si les jeux étaient déjà faits et qu’elle était toute prête à s’abandonner dans les bras du garçon, elle s’amusait beaucoup de ce flirt et comptait bien voir comment son nouvel ami s’y prendrait pour la séduire. Elle-même se trouvait fort charmée par l’assurance et la tranquille beauté du jeune homme et appréciait d’autant plus cette conversation. Outre la séduction qu’opérait le jeune homme sur Jessica, l’alcool avait toujours eu pour effet de la débrider complètement et d’accroître furieusement sa libido. Et depuis deux heures que la jeune fille était arrivée, elle avait ingéré largement plus d’alcool que de raison et si elle en sentait déjà les effets néfastes sur son élocution et sur son équilibre, ceux-ci se manifestaient aussi dans cet impérieux désir qui l’animait lorsqu’elle observait Gabriel. En réalité, elle se retenait de tout son être d’embrasser le jeune homme, de peur de paraître une fille facile ou de manquer au jeu de la séduction, mais elle parvenait de moins en moins à contenir son désir.
    Les deux adolescents discutèrent encore longuement, distillant lentement les graines de leur envie, quand un garçon vint à leur rencontre. La faible lueur de la lune permettait à peine de le distinguer : le jeune homme était assez grand et avait de longs cheveux qui semblaient lui tomber jusqu’au bas de son cou. Parmi la pénombre, ses yeux d’un sublime bleu céruléen resplendissaient d’une aura vive et apaisante. Comme la majorité des invités, il portait un élégant costume, mais pas de cravate, ainsi que des chaussures de ville. Il se lamentait longuement de ce que ses amis l’avaient abandonné à son sort, conscient sans doute qu’il en rajoutait beaucoup, et demanda aux deux adolescents s’ils l’accueilleraient dans leur groupe. Tant Jessica que Gabriel hésitèrent un instant, mais la jeune fille finit par accepter vivement la demande du nouveau-venu et, souriante, elle l’invita à s’assoir à leur côté. Gabriel approuva la décision de Jessica, même s’il parût se forcer quelque peu. Reconnaissant, le garçon s’assit et se présenta : il s’appelait Mathieu et poursuivait ses études avec Grégoire. De plus près, Jessica s’attarda plus longuement sur son visage et se trouva charmée par les grands yeux ainsi que par le sourire retenu du jeune homme. En comparaison avec Gabriel, Mathieu ne manquait pas d’atours et tous deux, jugea Jessica, étaient de séduisants garçons. Il s’agissait en réalité du même Mathieu qui avait fait connaissance avec Christopher quelques temps auparavant, même s’il n’avait aucune idée qu’il parlait en ce moment avec la sœur de celui-ci.
    A l’intérieur, alors qu’il avait bu encore bien des verres, Christopher se demandait si cela était dû à son excitation ou son état d’ébriété, mais l’atmosphère lui parut encore un peu plus érotique qu’auparavant. Comme si un cap avait été franchi, des couples s’embrassaient, non plus avec l’élégante retenue que le jeune homme avait perçue au début de la soirée, mais avec une passion presque bestiale. Cette ambiance nouvelle était source d’une puissant amertume dans le cœur de Christopher, qui cherchait Emilie encore plus vivement mais, comme ce fut le cas auparavant, sans même l’apercevoir. Cependant, alors qu’il commençait à perdre espoir, il vit Grégoire, au milieu de la pièce, qui semblait occupé à discuter avec quelques invités. Sans autre solution, Christopher s’approcha de lui afin de lui demander s’il savait ou était Emilie. Grégoire sembla mettre du temps à comprendre ce que lui disait le jeune homme, tant à cause de la musique, désormais plus forte qu’au début de la soirée, qu’à cause de l’alcool qu’il avait visiblement ingéré. Mais lorsqu’il eut compris, il cria à Christopher :
    « Emilie ? Surement en train de se faire tringler dans un coin. »    Christopher, surpris d’une part de la familiarité toute récente de Grégoire, et d’autre part de la teneur de ses propos, peina quelques instants à parler, avant de demander, naïvement :    « Comment ça ?         -Je l’ai vue embraser un type tout à l’heure. Enfin, embrasser, c’est tout juste s’ils ne faisaient pas l’amour au milieu de la pièce. C’était il y a quelque temps, maintenant. Donc je suppose qu’elle doit être en train de baiser quelque part dans la maison. »
    Puis, voyant la mine déconfite de Christopher, il ajouta :
    « Pourquoi tu fais cette tête ? Vous sortiez pas ensemble de toutes façon, si ? »    Christopher se rendit compte à l’instant que Grégoire avait raison. Il se rappela la nuit passée, durant laquelle il fit l’amour avec Emilie, et il se souvint qu’aucune fois il ne fut question qu’ils sortissent ensemble. Malgré tout, il reprocha à Emilie l’ambigüité de sa position ainsi que son manque de franchise. Christopher fut sorti de ses lamentations lorsqu’il s’aperçut que Grégoire le fixait, attendant visiblement sa réponse.    « Non… non, répondit Christopher, pas du tout.    -Eh bien alors ? On s’en fout d’Emilie, s’enjoua Grégoire. Regarde autour de toi : c’est pas la gente féminine qui manque. Et crois-moi tu ne risques pas de le regretter.    -Tu… tu as raison, répondit Christopher, mollement.    -Bon, je vais te donner un coup de main. »
    Grégoire scruta la salle quelques instants et invita une amie qui se trouvait non loin à les rejoindre. La jeune fille était petite, près d’une tête en moins que Christopher, et délicieusement fine. Ses cheveux étaient roux, d’un rouge intense et ardent, qui rappelle la fureur d’une éruption. Elle portait au milieu du visage deux yeux d’une noirceur d’ébène, dont le maquillage qui les encadrait renforçait encore la profondeur. Ses cheveux, légèrement bouclés, s’abattait sur ses épaules, tandis qu’une mèche venait quelquefois cacher son œil gauche. Ce qui laissa pourtant Christopher béat, ce fut un sourire des plus vifs et des plus spontanés qu’il avait jamais pu voir, et dans lequel il n’observait pas la fadeur habituelle des canons de beauté, mais quelque chose qui tenait de l’élan vital, et qui le fascinait.
    Lorsque la jeune fille fut arrivée au niveau des deux garçons, le propriétaire de la maison la présenta brièvement à Christopher. Celle-ci s’appelait Charlotte et poursuivait des études de droit. Une fois le dialogue installé, Grégoire invoqua quelque devoir à remplir et se fondit parmi les invités, laissant désormais seuls les deux adolescents. Si la pensée d’Emilie occupait toujours l’esprit de Christopher, il devait bien reconnaitre que la splendeur de Charlotte ne le laissait pas indifférent. Pourtant, il peinait bien à assurer la conversation, intimidé par la beauté tranquille de Charlotte, qui semblait ne même pas se rendre compte de l’effet qu’elle produisait sur le jeune homme. Heureusement, la jeune fille semblait, à la manière du reste des invités, naturellement affable et ne manquait jamais d’histoire afin de soutenir la conversation, si bien que ce fut elle qui monopolisa une bonne partie de la conversation dans un premier temps. Mais à mesure que la soirée avançait, et que les verres se vidaient, Christopher parvenait, malgré sa timidité, à se montrer tout aussi naturel que la jeune fille et lui-même se relâcha pour se montrer bien plus agréable. C’était pour le jeune homme une première partie de soirée bien étrange, puisqu’à l’amertume d’avoir perdu Emilie se superposait la joie d’avoir rencontré Charlotte.
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