Jacques se tenait toujours tout près de moi. J’étais toujours sonné par ce qu’il venait de se passer et le sens de ses paroles que je savais vraies.Je ne pouvais rien lui faire, il était membre éminent de cette oligarchie au pouvoir et il avait littéralement droit de vie et de mort sociale sur moi et Véronique. — Ne soyez pas inquiet. Il ne vous arrivera rien si vous faites ce que je vous dis et si vous ne révélez rien à Véronique. Je lui demandai alors ce qui allait se passer, voyant les médecins s’agiter autour d’elle. — Ils vont aller lui prélever les vingt-deux follicules ovariens identifiés arrivés à maturation et ils vont récupérer une partie du sperme que j’ai éjaculé dans votre femme. Ils vont les placer chacun dans une éprouvette et ils vont relâcher mes spermatozoïdes sur les ovocytes de Véronique. Bien sûr, il y aura quelques échecs, mais selon les statistiques modernes, elle sera ainsi fécondée dix-huit fois. Toujours à moitié sonné, une part de mon esprit dans le déni, je voulais lui dire que ce n’était pas possible d’être enceinte dix-huit fois.Il devinait ce que je voulais dire, car il enchaîna immédiatement : — Les embryons seront implantés dans dix-huit mères porteuses de bas rang social dont le seul rôle sera de mettre au monde mes enfants. Elles seront toutes noires et endettées. Leur seul salut pour éponger une partie de leurs dettes sera d’accoucher d’un enfant sain. De mon enfant. Vous vous dites que c’est peut-être immoral, mais sachez que c’est le choix de ces femmes. Un choix économique. — Mais... pourquoi alors ne pas les mettre enceintes elles ?? lui demandai-je.— Ne soyez pas stupide. Ceci est une affaire de génétique. Nous avons identifié votre femme comme étant une femelle pure et d’ADN de qualité exceptionnelle. Véronique possède une anatomie européenne presque parfaite selon nos standards. C’est donc normal qu’elle ait été choisie pour être fécondée par un winner moderne. C’est par la sélection technologique que nous créerons des humains de plus en plus beaux et intelligents. Votre femme est née pour être fécondée par un ADN supérieur, le mien. Votre rôle est d’accepter cet état de fait, de l’observer et je rajouterai même de l’encourager, dit-il convaincu de ses paroles.— Au par ailleurs, nous avons aussi besoin d’êtres de rang social plus bas pour créer des humains métissés dont le caractère principal retenu sera la soumission. Vous faites partie de cette caste, monsieur Olivier, d’une caste soumise qui se complaît dans la soumission et je dirais même qui jouit de vivre cette soumission. Votre ADN parle pour vous. L’ADN ne ment jamais. Les médecins venaient de terminer la récupération des follicules de Véronique et je les voyais de loin transférer chacun d’eux dans une éprouvette et un assistant, avec une pipette, récupérer la semence de Jacques et ensuite en arroser de quelques gouttes le contenu de l’éprouvette. Ma femme se faisait multi-féconder sous mes yeux, et paradoxalement, l’impuissance de cette situation odieuse me procurait un plaisir pervers interne intense.Se pouvait-il que Jacques ait raison et que je me complaise dans ce genre de situations ?? Une part de moi restait dubitative, mais je sentis soudainement que ma queue devenait de plus en plus raide sous ces pensées. J’essayais de réprimer ce sentiment alors que Jacques me regardait en disant : — On est comme on est. Il faut accepter qui on est et accepter sa position sociale pour ne pas risquer de tout perdre. Je vais vous expliquer ce que j’attends de vous : vous allez repartir chez vous avec Véronique et vous lui direz que tout s’est bien passé. Vous lui direz que l’on a inséminé votre sperme en elle pendant sa connexion Neuralink avec le système. Nous appellerons dans une semaine pour dire d’une manière ou d’un autre que cela n’a pas fonctionné et que nous devrons attendre le prochain cycle de fertilité de votre femme. Cela permettra au corps de votre femme de se remettre pendant trois semaines, et puis vous recommencerez les injections pour multiplier les follicules en elle. Le gynécologue d’état vérifiera votre femme tous les trois jours et vous reprendrez rendez-vous au centre. Sans nouvelles de votre part d’ici maximum un mois et demi, j’enverrai les forces policières du nouvel ordre mondial. Je vous rappelle à tout hasard que tout moyen de partir hors des frontières est impossible conformément au Code mondial procréatif art. 5 bis. et que tout manquement à cette obligation entraîne la mort sociale, la mise au ban de la société du nouvel ordre mondial, confiscation de tous vos biens et un blâme envers vos familles qui pourraient être inquiétées. Mais nous savons déjà vous et moi que vous ne le ferez pas, encore une fois, car vous savez maintenant qui vous êtes vraiment. Nous étions pris au piège, pris au piège par le système, et je ne savais plus faire machine arrière. — Oh, j’allais oublier. Votre femme va revenir d’un instant à l’autre, nous avons coupé le lien Neuralink avec l’IA du centre. Elle va revenir avec un outil qui a su faire ses preuves pendant des siècles et des siècles : une ceinture de chasteté, améliorée certes. Vous lui expliquerez vous-même pourquoi elle va devoir la garder, je suis persuadé que votre explication sera plus pertinente que celle que nous pourrions lui donner par la suite. Je fournirai une clé au gynécologue d’Etat pour qu’il puisse effectuer ses vérifications et son travail. Le lien électronique ne pourra pas excéder quinze minutes, sans quoi une patrouille d’Etat sera immédiatement envoyée à la géolocalisation de la ceinture. Vous concernant, monsieur Olivier, vous avez l’interdiction de vous masturber avant la date du rendez-vous. Nous saurons si vous ne respectez pas les termes. Suis-je clair ? Je ne pouvais que répondre par l’affirmative, son ton m’avait complètement dominé et j’étais à présent complètement dépassé par la situation... Reconduit dans une salle d’attente, quelques instants plus tard, Véronique apparût soigneusement rhabillée, magnifique comme à son habitude, mais l’air dépité en me désignant l’engin qu’on lui avait mis, ne comprenant pas le pourquoi. — Je t’expliquerai, lui dis-je, la prenant par la main et nous dirigeant vers la sortie...
