Le site de l'histoire érotique
  • Histoire érotique écrite par
  • Fantasme
  • Publié le
  • Lue {{{NB_VUES}}} fois
  • 173 J'aime
  • 13 Commentaires

Écrit dans les étoiles (Un conte de Noël)

Chapitre 1

L'invitation

Erotique
Une neige fraîche recouvrait le sol, ce qui était assez rare pour être souligné, le faisant reluire grâce au reflet des lumières de la grande ville, et lui donnant, enfin, les aspects que tout un chacun attendait en cette veille de Noël. Les familles allaient se retrouver, les amitiés se raffermir et la trêve de cette période souvent attendue par nombre de mes concitoyens allaient nous rappeler les choses les plus importantes sur Terre. Et tout se ferait dans un décor parfait.

Cependant, je n’en avais cure !

Depuis plusieurs semaines, ma vie était un cauchemar et je n’aspirais qu’à trouver la clé pour m’en sortir.

J’avais perdu mon travail au sein d’une banque d’affaires prestigieuse, par la faute d’une restructuration que je n’avais pas vu venir en m’engageant avec eux l’année précédente au sortir de mes études, si heureux de décrocher mon premier emploi. Ma copine du moment, sur qui je fondais beaucoup d’espoir d’avenir, m’avait alors largué, arguant du fait qu’elle ne se voyait pas m’entretenir et qu’après tout, sa jeunesse lui permettait de batifoler encore un peu avant de se caser définitivement. Mes parents m’avaient annoncé qu’ils émigraient vers un pays plus chaud pour y passer leurs vieux jours et, cerise sur le gâteau, j’avais dû déménager de mon loft parisien duquel je ne pouvais plus me permettre les charges puisque je me retrouvais sur le marché du travail.

Tout allait donc bien dans ma vie, c’était Noël, la période des Miracles et allez tous vous faire foutre !

Pourtant, il paraît que la roue tourne souvent lorsque l’on ne s’y attend pas ? De mon côté, je ne faisais que cela ! Attendre qu’elle tourne. Mes recherches de boulot se soldaient pas un échec systématique et ma situation financière ne s’arrangeait pas. Mes maigres économies fondaient comme neige au soleil et le bout du tunnel ne faisait que s’éloigner à mesure que le train de mon existence avançait.

Mais le Destin, ou la Fortune, appelé cela comme vous le désirez, allait se jouer de moi de la plus belle des façons.

Tandis que je vidais le fond de mon verre rempli d’une bière bon marché achetée en prévision d’une nuit dédiée au dieu Bacchus, mon téléphone sonna.

– Éric ? Samuel ! Comment vas-tu, vieux ?


Samuel était l’un des véritables amis que j’avais rencontré lors de mes études en marketing et en finances. Nous avions découvert que nous possédions plusieurs points communs et une amitié sincère comme durable était née entre nous. Il était le fils unique d’un riche banquier et la fortune paternelle nous avait permis de vivre des études joyeuses et débridées. Il m’avait même introduit auprès de ses parents qui ne tarissaient pas d’éloges à mon propos, surtout sa mère qui m’adorait pour être capable de contenir la fougue et le tempérament fêtard de son rejeton adoré. Elle avait, d’ailleurs, deviné que ses études avaient été florissantes par la grâce de prises de notes tombées régulièrement et miraculeusement sur le bureau de Samuel et elle avait su, avec un tact parfait, m’en remercier lorsque l’occasion se présentait.

– Salut Sam’, super ! Et toi ?
– Tu as raison, ta voix est remplie d’allégresse. Allez ! Raconte à ton pote !
– Que veux-tu que je te dise ? J’ai perdu mon boulot, Catherine s’est barrée et j’ai dû déménager.
– HEIN ? PUTAIN ! POURQUOI NE M’AS-TU RIEN DIT ?
– Tu étais parti en voyage d’affaires et ton boulot te bouffe ton temps. En plus, je n’ai pas besoin de ta pitié.
– Tu es vraiment trop con, par moments !
– Certainement !
– Bon ! On doit se voir, je vais te sortir de là.
– Je n’ai pas besoin de ton aide, Sam’ !
– Allez, arrête ! Tu n’as pas appelé mon père ?
– Je me suis fait tout seul, Sam’ ! Je ne veux pas de passe-droit !

Ma détermination et ma fierté m’interdisaient de faire appel à mes connaissances. Mes parents n’étaient pas riches, enseignants à la retraite, et je faisais leur fierté. Ce projet de déménagement à l’étranger était un projet qu’ils nourrissaient depuis plus de vingt ans et qu’ils venaient de réaliser à grand coups d’économies depuis des années. L’opportunité s’était présentée et ils avaient sauté dessus. Aujourd’hui, ils vivaient une retraite méritée sous le soleil du Portugal et je n’allais pas gâcher leur bonheur avec mes problèmes logistiques. Samuel comprit qu’il n’obtiendrait rien de plus de ma part et que ma décision était sans appel. J’étais, parfois, plus têtu qu’une mûle.

Il changea de sujet

– Comme tu veux ! Mais tu sais que je suis là, hein ?
– Merci ! Je le sais, vieux ! Mais cela va aller, ne t’inquiète pas. Juste une question de temps.
– Bon ! Changeons de sujet ! Je t’appelle parce que mes parents veulent que tu te joignes à nous pour le réveillon. Ils savent que tu es seul.
– Je n’ai pas besoin de pitié, Samuel !
– T’es vraiment, vraiment, trop con ! Ce n’est pas de la pitié, c’est de l’amitié. Ils savent que tes parents sont partis et souhaitent simplement que tu ne sois pas seul durant cette période de fêtes. C’est tout ! Maman insiste, vieux !

L’argument ultime.

Il sait que j’adore aussi sa mère qui s’est toujours comportée avec moi comme si elle était la mienne. De plus, elle possède toutes les qualités. Non seulement, elle est belle et d’une élégance rare mais en plus, elle sait conjuguer sa vie de mère, de femme, d’épouse et professionnelle d’un simple claquement de doigts. Un exemple, cette femme ! Je devinais son sourire de l’autre côté du téléphone, car il sait très bien que je ne peux pas lutter contre elle. Cette femme est un fantasme ambulant, faisant tourner les têtes de tous ceux qu’elle croisait sans se rendre compte des sentiments qu’elle crée chez eux, y compris chez moi. Cependant, jamais je n’avais dépassé les regards que la bienséance imposait. Je l’aimais trop pour risquer de tout perdre par une attitude inconvenante. Même si j’avais déjà, quelques fois, rêver d’elle durant mes nuits érotiques. Je me réveillais toujours honteux.

– Ah !
– Eh oui ! Tu es pris au piège, mon pote !
– Bon ! Je n’ai, visiblement, pas le choix ?
– Eh non !
– Pffff... OK ! Je viendrai. Mais je vais devoir faire vite pour les cadeaux !
– Super ! Cache ta joie. Mais tu n’imagines même pas le délai que je t’impose. Je passe te prendre demain vers dix heures du mat’.
– HEIN ? Pourquoi si tôt ?
– Parce que nous ne ferons pas cela à Paris. Nous allons à Chamonix.
– T’es sérieux ? Dans votre chalet ? Dis-je comme un enfant à qui on vient de promettre une glace.
– Yeap ! Un bon bol d’air frais te fera du bien.
– Tu ne m’y as encore jamais emmené !
– Ce sera une grande première alors. Fonce faire tes emplettes et ta valise, je serai à l’heure, sinon ma mère va me tuer ! Dit-il en raccrochant et en riant.

Mon planning professionnel venait de se vider d’un seul coup.
Caustique, en plus ! J’ai décidément toutes les qualités.

Le lendemain, Sam’ était passé à l’heure dite pour embarquer mon sac, contenant les quelques bricoles qui avaient ponctionné mes dernières réserves financières, et son passager. Le trajet se passa dans la bonne humeur et il m’informa des personnes que j’allais rencontrer. Nous serions avec une partie de sa famille qui auraient, aussi, les honneurs de cette demeure, tout en restant évasif, ce qui ne lui correspondait pas du tout.

Pourtant, je ne m’attendais pas à cela.

Le « chalet », comme l’appelait Samuel, était en fait une propriété gigantesque. Le portail devant lequel il s’arrêta me renseigna immédiatement. Lorsqu’il s’annonça à l’huissier électronique, il s’ouvrit pour nous laisser pénétrer sur un sentier en graviers montant le long de l’adret pour aboutir à une demeure sortie d’un film hollywoodien.

Construite en bois, sur deux étages, cette demeure brillait des lumières intérieures se reflétant sur le sol immaculé et donnant à l’ensemble un aspect digne d’un conte de fée. En sortant, mon regard allait de droite à gauche, béat face à un tel déploiement de richesse. Je savais que son père était friqué mais pas à ce point. Les fenêtres étaient ornées de long rideaux ne cachant que le nécessaire du luxe intérieur. Et le balcon gigantesque faisait le tour de l’ensemble du bâtiment si bien que l’on pouvait en sortir par une multitude de portes-fenêtres. C’était tout bonnement la maison la plus incroyable que j’avais vu.

– Tu viens ? Maman t’attend.

Un peu intimidé par l’endroit dans lequel je me trouvais, j’entrais avec un peu de retenue dans le salon gigantesque de cette maison au milieu duquel un feu dans un poêle vitré de tous côtés brûlait en dispensant une chaleur pénétrante.

– Éric ! Te voilà enfin !

Une voix féminine m’étreignit et deux mains se nouèrent autour de mon cou.

Hélène, la mère de mon meilleur ami, m’accueillit avec fracas. Elle me lâcha et déclara ensuite

– Bonjour, mon chéri ! Dit-elle à son fils.
– Coucou Maman ! Tu as vu, je te l’ai amené.

Son sourire me rendit ma bonne humeur. J’avais sincèrement beaucoup d’affection pour ce couple qui m’avait souvent accueillit chez eux. Et je savais qu’il me le rendait bien. De plus, elle était très jolie dans son pantalon crème, ses talons hauts et son pull blanc à col roulé englobant une poitrine saillante et gonflée, laissant la trace de sa présence sur le pull tendu. Ses yeux, brillant de malice comme si elle comprenait l’origine de mon trouble, me détaillaient de la tête aux pieds, comme une mère chercherait une blessure sur sa progéniture.

Je m’installais dans un chambre qui m’était réservée et possédant sa propre salle de bain, ce que je considérais comme une marque de déférence. Je pris une douche salvatrice suite au trajet que nous avions effectué d’une traite, nous relayant au volant pour combler la distance. Puis, je descendis pour retrouver mes hôtes en ayant fait un effort d’élégance, sachant à quel point ce sujet était sensible pour Hélène qui ne supportait pas le laisser-aller vestimentaire. J’avais revêtu un jeans sur un pull côtelé à col roulé. Simple mais élégant.

Hélène me fit asseoir à ses côtés, dans un canapé gigantesque et m’annonça ce qu’elle avait prévu pour le réveillon mais sans entrer dans les détails.

– Éric, je suis heureuse que tu sois là.
– Moi aussi, Hélène. Je vous remercie pour l’invitation.
– Rien de plus normal. Thierry m’aurait étranglée s’il avait appris que tu passais Noël tout seul.
– Comment êtes-vous au courant ? Dis-je en connaissant déjà la réponse.
– Parce que ta mère m’a appelée, quelle question ?

Mes parents avaient rencontré ceux de mon meilleur ami, par le plus grand hasard. Mais les deux femmes s’étaient entendues comme larrons en foire et ne passaient plus une semaine sans s’appeler. Hélène et son mari iraient, d’ailleurs, les voir au Portugal avant moi. Je le savais puisque Maman me l’avait annoncé.

Je n’osais imaginer la teneur de la conversation qu’elles avaient pu avoir me concernant. Et sans trop savoir pourquoi, je commençais à soupçonner un traquenard savamment imaginé et préparé par ces deux femmes qui m’aimaient réellement. Encore heureux que je ne leur avais pas parlé de ma situation actuelle, un typhon ressemblerait à une petite brise dans ce cas de figure.

Je n’eus pas le temps de réfléchir qu’un homme entra dans la pièce, l’écrasant de sa présence physique et morale.

Son allure contrastait cependant avec sa bonhomie et sa gentillesse. Son ventre, un peu arrondi par le temps, lui donnait un air de Père Noël, ce qui était de saison, tout comme sa barbe qui blanchissait un peu mais qui était parfaitement entretenue. Sa voix de basse résonna dans la pièce

– Mon fils et Éric ! Vous êtes enfin arrivés, les garçons !
– Bonjour Papa !
– Bonjour Monsieur ! Répondis-je, toujours un peu intimidé par sa présence malgré le fait que je le connaisse, à présent, très bien.

Ne vous arrêtez pas à la description que je viens d’en faire. Thierry, le père de Samuel, est un homme d’affaires redoutable et un négociateur hors pair, craint par ses concurrents et respecter par l’ensemble de la profession. Mais lorsqu’il quitte son bureau, il oublie cette facette austère de sa personnalité pour ne se consacrer qu’à l’amour des siens. Il m’en donna, à nouveau, la preuve

– Je t’ai déjà dit de m’appeler par mon prénom, Éric !
– Je sais, Monsieur, mais je n’y parviens pas, que voulez-vous ?
– Mais que tu y parviennes, parbleu ! Rit-il. Bon, on boit un verre ?

La soirée se passa calmement. J’étais ravi de me retrouver parmi eux et, finalement, j’étais bien mieux que chez moi, entre mes quatre pauvres murs.

Le lendemain, alors que j’avais un peu paressé dans le grand lit qui m’avait été dévolu, Samuel m’emmena passer la journée avec lui dans le but de m’apprendre les rudiments de la science du ski. Mais rapidement, il s’avéra que je ne serais jamais un grand scientifique, à la grande hilarité de mon meilleur ami. Même les beautés fluo hantant la station ne me permirent pas de me montrer à mon avantage et j’en déduisis que ma vie n’était, définitivement, pas faite pour la lumière et les strass, à l’opposé de Samuel qui emballa sans histoire deux des canons de la station en leur faisant promettre de se revoir dès les lumières du réveillon éteintes.

– Il faut vraiment que je fasse tout pour toi, hein ? Rit-il tandis que nous rentrions au chalet de ses parents à bord d’un petit tracteur à chenilles en faisant allusion aux filles qu’il venait de draguer ouvertement.
– Tu sais bien que je ne suis pas un séducteur-né, Sam’ !
– Tu manques simplement de la plus élémentaire confiance en toi, mon vieux. Ce qui m’a toujours intrigué, d’ailleurs. T’es plutôt pas mal dans ton genre à en croire les canons qui te tournent autour et ton cerveau est dans un état impeccable, j’en sais quelque chose. Mais c’est pour cela que je m’occupe de ce côté imparfait de ton existence ! Rit-il un peu plus fort mais en me donnant une tape amicale sur l’épaule.

Nous arrivâmes à destination et, bizarrement, je sentis une forme de tension naître chez Samuel. Ce qu’il me confirma alors que nous montions vers l’entrée principale

– Écoute, vieux, je ne devrais pas te le dire mais tu es mon meilleur ami, comme mon frère. Alors je ne peux pas me taire. Si ma mère sait que je t’en ai parlé, elle va m’arracher les couilles. Mais tu dois savoir qu’elle a prévu de te demander un service un peu particulier le soir du réveillon. Je voulais que tu le saches avant qu’elle ne te tombe dessus.
– De quoi parles-tu ?
– Je ne peux pas te le dire, sincèrement. Parce que je ne connais pas les détails. Je voulais juste que tu le saches. Elle te le demandera ce soir et je sais que cela lui tient à cœur. Tu comprends ?
– Que si je n’accepte pas, elle me vire de chez elle ? Dis-je mi figue, mi-raisin.
– Non ! Pas à ce point, rassure-toi ! Mais... bref ! Je voulais que tu sois au courant.
– OK ! Merci ! Dis-je sans bien comprendre le sens de la conversation que nous venions d’avoir mais dont j’étais certain que Sam en savait plus qu’il ne voulait me le faire croire, ce qui ne manqua pas de m’inquiéter encore un peu plus car ce n’est pas son genre de cacher une information capitale en sa possession.

Aussi, après une bonne douche, je redescendis dans la gigantesque salon où Samuel, sa mère et son père m’attendaient. Et si mon ami ne m’avait pas prévenu, j’aurais flairé l’embrouille rien qu’à la tête inquiète d’Hélène.

– Samuel m’a dit que tu étais devenu un vrai professionnel du ski ? Me demanda-t-elle avec sérieux.

Je regardais mon ami qui pouffait de rire et je compris qu’il ne lui avait rien dit concernant mon lancer de bâton digne des Bronzés.

– Disons que je préfère la luge, Hélène, répondis-je en riant.
– Comme moi, alors ! Tu veux un verre ?
– Volontiers.

Je sentais que l’atmosphère venait de changer. Mais en femme de tête, elle ne se déroba pas et attaqua directement sur le sujet dont elle souhaitait m’entretenir.

– Éric, je vais avoir besoin de tes services !

Simple, net et direct !

– De quoi s’agit-il ?
– De ma filleule. Elle va venir pour le réveillon et je souhaiterais, si tu es d’accord, que tu te charges d’elle. De lui changer les idées, de lui permettre de passer un Noël agréable en famille. Rien de bien compliqué, en somme.
– Et Samuel ? Demandé-je curieux. C’est sa famille, après tout, non ?
– C’est son cousin. Il sera là, bien sûr. Mais elle vient de sortir d’une relation un peu compliquée et elle n’est pas bien. Nous voudrions qu’un visage nouveau l’aide à passer un réveillon à peu près normal. Tu comprends ?
– Oui ! Parfaitement.
– Et tu acceptes d’aider Samuel ?
– Bien sûr, répondis-je avec sincérité, puisque c’est pour cela que je suis là ! Dis-je en me rendant compte de la grossièreté de ma remarque.

Mais Hélène ne releva pas et justifia alors ma présence auprès d’eux.

– Non, Éric ! Tu es là parce que nous tenons à toi et qu’il est hors de question que tu passes Noël seul dans ton appartement. Je te demande cela uniquement parce que j’ai une confiance absolue en toi. Je ne demanderais jamais cela à une autre personne que toi.
– Je riais, Hélène. Il est évident que je vais tenir compagnie à votre filleule puisque vous me le demandez. Vous savez bien que je ne peux rien vous refuser, dis-je en mimant un clin d’œil trop appuyé.

L’atmosphère s’allégea d’un seul coup et elle sourit, comme son mari, à mon sous-entendu. Il faut dire qu’elle était, à nouveau, torride. La chaleur ambiante de la pièce lui permettait de ne porter qu’un caraco serré autour de sa taille, faisant saillir sa poitrine merveilleuse tandis que ses jambes, gainées de nylon, étaient un délice visuel. Ses mules à talons hauts complétant le paysage. Elle était superbe. Tout simplement. Et elle le savait. Mais mes yeux restèrent sagement à leur place. Je vous l’ai dit, cette femme est comme un mère pour moi, ce qui ne m’empêche pas de reconnaître la vraie beauté lorsque je la croise. Et je suis certain qu’Hélène comprenait mon tourment mais aussi ma volonté de rester à la place qui était la mienne.

Je ne comprenais, cependant, pas les précautions oratoires pour une demande, somme toute assez légitime, ni pourquoi Sam’ avait dû me prévenir de cette requête ? Un élément m’échappait encore.

Néanmoins, le sourire ravageur d’Hélène et la bonhomie de Thierry emportèrent immédiatement mes cogitations et je n’y pensais plus. Après tout, jamais ces personnes ne pourraient me mettre dans une situation délicate volontairement.

Le lendemain, ce fût, pourtant, le branle-bas de combat.

Hélène, levée tôt, s’était mise aux fourneaux en compagnie d’Annie, sa fidèle aide-cuisinière, pour réaliser le repas de fête qui devrait sustenter l’ensemble des invités prévus. De son côté, Thierry nous réquisitionna pour aller couper le bois nécessaire à l’entretien des cheminées de la maison, le rentrer et préparer le traditionnel sapin, décorum indispensable d’un Noël réussi.

Lorsqu’elle vint s’inquiéter de sa réalisation, Hélène insista pour poser l’étoile au sommet de l’arbre odorant. Je lui tins l’échelle et, sans se rendre compte de ce qu’elle faisait, heureuse de la joie régnant dans sa maison, monta en me permettant de plonger littéralement sous l’espace de sa petite robe pour apercevoir le haut de ses cuisses musclées par ses séances quotidiennes de fitness et enjolivées par des bas noirs dont la dentelle marquant la séparation de sa peau me frappa en plein cœur. Je ne suis qu’un homme comme les autres et distinguer subrepticement les froufrous féminins me rend stupide et sans cerveau. Mais c’est tellement grisant et excitant.

J’en restais ébahi et cette vision, à laquelle je n’étais pas préparé, me rappela ma situation amoureuse. J’étais, depuis plusieurs semaines, en sevrage sexuel et Hélène venait de me réveiller sans en prendre conscience.

Ne vous méprenez pas ! Je vous l’ai déjà signalé.

Je n’ai jamais ressenti d’attirance déplacée pour cette femme et ce n’est pas plus le cas en ce jour. Mais tout homme possède ce petit côté voyeur qui lui permet de faire monter la température dans des moments inopportuns, y compris avec des femmes de son entourage. Cela avait été le cas avec Hélène qui, je vous l’ai dit, aurait fait tourner la tête de n’importe qui.

Elle nous félicita, lorsqu’elle fut redescendue de son perchoir révélateur des secrets cachés, pour l’élégance de la réalisation de son sapin et nous embrassa affectueusement, Samuel et moi.

En fin d’après-midi, alors que nous venions de dégainer nos portables pour profiter d’un dernier moment de répis, elle nous congédia et nous demanda d’aller prendre une bonne douche, de nous préparer et de passer nos vêtements de fête, dans cet ordre-là.

– Éric, j’ai pris la liberté de te préparer un petit quelque chose ! Me dit-elle énigmatique avec un grand sourire enjôleur.

En fait de « petit quelque chose », un smoking neuf et complet, ainsi qu’une chemise à col cassé et un nœud papillon trônaient, fiers et repassés, sur un mannequin de bois. Un petit mot, qui accompagnait le tout, disait :

« Thierry et moi sommes si heureux de t’avoir à demeure pour Noël, Éric ! Nous te remercions, également, de l’aide que tu as accepté de nous fournir ce soir. Considère ce smoking comme le premier cadeau que nous te faisons. Je suis certaine qu’il te mettra en valeur et que tu seras le plus bel homme de la soirée !

H. »

Comment ne pas sourire et ne pas obtempérer ?

Après une douche revigorante, je passais le vêtement pour me rendre compte qu’il m’allait comme un gant. Bon sang, c’était du sur-mesure. Je n’eus pas longtemps à réfléchir à la source de l’information et le visage de ma mère, souriante, m’apparut. En descendant, j’étais, toutefois, un peu anxieux de la réaction de mes hôtes. Car si je me trouvais, pour une fois, pas trop mal, je n’étais pas le meilleur juge de mon image.

Mais Hélène me rassura immédiatement en descendant à son tour.

– Mon Dieu, Éric ! Tu es magnifique, mon chéri ! Tu fais plus âgé et tu ressembles à James Bond. Me dit-elle en posant ses mains sur le nœud papillon pour le redresser alors qu’il n’en avait absolument pas besoin, réflexe tellement féminin et tellement adorable.
Son sourire si franc et son regard posé sur moi, tel celui de ma mère, furent ma plus belle récompense et la preuve de sa sincérité.

– Merci, Hélène ! Dis-je en ne pouvant détacher mes yeux de son corps. Vous êtes magnifiques également.

Elle était vêtue d’une robe noire à paillettes, fendue le long de ses cuisses que je devinais gainées de noir, une mignonne petite attache s’étant subrepticement montrée lors de sa descente des escaliers.
Je savais donc qu’elle était adepte des jarretelles, symbole éternelle de féminité et d’élégance, de raffinement et de coquetterie ce qui me la rendit encore plus merveilleuse. Son décolleté, simple et provoquant dans la limite de la bienséance, mettait sa merveilleuse poitrine en avant. Ses cheveux, coiffés avec un volume impressionnant, entourait son beau visage. Enfin, des escarpins noirs complétait une tenue parfaite.

Cette femme était belle.

Thierry arriva, suivi de son fils, tous deux vêtus d’un smoking identique au mien. J’oubliais que, dans ce genre de soirée un peu mondaine, ce sont les femmes qui sont le centre de l’attention et les hommes se fondent dans un paysage similaire sans faire de vague aux dames qui rivalisent d’élégance et de féminité.

– Tu portes parfaitement le smoking, Éric ! Tu es très élégant, me dit Thierry.
– Merci pour ce magnifique cadeau, Thierry ! Dis-je en prononçant son prénom pour la première fois.
– On dirait que l’habit fait le moine. Tu prends de l’assurance, c’est bien, fils ! Me répondit-il. Je suis heureux de te faire ce petit plaisir.

Nous n’eûmes pas le temps de deviser plus loin, les premiers invités furent annoncés. Ils arrivèrent régulièrement et j’attendais, avec impatience, l’arrivée de celle dont je devais devenir le chevalier servant durant la soirée.

J’aidais Hélène à s’occuper du service lorsqu’un cri retentit à la porte.

– SAAAAAMMMM’ !

Quelques instants plus tard, une jeune femme entra à son tour dans la pièce, à présent, bondée de monde.

Mais j’eus l’impression qu’elle était seule face à moi, les autres ayant disparu de ma vision.

Cette fille était la réincarnation d’une déesse.

Samuel s’était bien gardé de me prévenir de la beauté surnaturelle de sa cousine adorée. Il m’avait juste gratifié d’une remarque disant, en gros, que je verrai bien mais que je ne devais pas m’attendre à tomber des nues. Et je compris, à cet instant, leurs précautions oratoires et le cinéma qu’ils avaient fait pour me préparer à la demande d’Hélène.

En me voyant, il me sourit. S’approcha de moi et, juste avant de faire les présentations, je lui murmurais

– Tomber des nues, hein ?
– Quoi ? Tu es tombé de bien plus haut, non ? Tomber des nues, c’est juste pour une fille plutôt jolie. Elle, c’est Miss Monde ! Rit-il.

Puis, il enchaîna

– Sabrina, je te présente mon meilleur ami, Éric. Éric, je te présente Sabrina, ma cousine adorée.

Nous nous regardâmes quelques secondes mais j’eus l’impression de recevoir une décharge électrique. Ni elle, ni moi, ne fîmes un seul geste, tétanisés, visiblement, l’un par l’autre.

Elle portait une petite robe noire évasée sur ses cuisses, également gainées de noir. Son décolleté était moins sage que celui de sa marraine mais sa jeunesse lui permettait toutes les folies. Et, d’ailleurs, je ne vois pas pourquoi elle aurait dû se priver de nous offrir un tel spectacle. Ses cheveux étaient noués en un chignon savamment étudié et son cou était orné d’un collier en or dont les motifs se répétaient sur ses oreilles. Mais ce furent ses yeux qui m’anéantirent. Son maquillage était si bien étudié que j’eus l’impression qu’ils mangeaient son visage. Pourtant, je me perdis dans les prunelles noires qui m’engloutirent sans me donner la moindre chance de leur échapper. Je tombais instantanément sous son charme ravageur, pauvre mortel que j’étais face à la réincarnation de Vénus.

– Vous me mettrez un petit de côté ? Dit Sam en nous regardant.
– Hein ? Dis-je en me tournant vers lui.

Sabrina sourit et lui tapa sur l’épaule. La soirée pouvait commencer.

Je redescendis sur Terre en me rappelant qui j’étais et ce que j’étais. Fils d’enseignants, chômeur malgré un beau diplôme et vivant dans un appartement aussi grand qu’un placard à balai, Samuel m’avait appris que ses parents étaient, tous deux, chirurgiens et qu’elle vivait dans un penthouse d’un arrondissement parisien dans lequel je ne pourrais jamais faire que passer par accident. D’ailleurs, nous aurions dû la prendre avec nous mais elle avait été retenue et était venue avec sa propre voiture.

Je n’avais pas la moindre chance face à une femme pareille. Comment une telle déesse pouvait-elle poser les yeux sur un simple mortel comme moi. Tout ce que j’avais à faire, c’était faire bonne figure et remplir la mission qui était la mienne en tentant de ne pas passer pour le blaireau de service.

J’en appris un peu plus sur elle. Malgré ses vingt-trois ans, elle était en dernière année de médecine et allait débuter, prochainement, son internat dans un hôpital forcément renommé. Ses parents y veillaient. Elle faisait du sport, joueuse de tennis et nageuse, et parla même du sujet qui fâchait.

Sam’ m’avait prévenu qu’elle sortait d’une rupture difficile avec un homme plus âgé qu’elle mais qui s’était comporté tel un goujat. J’appelle cela, de mon côté, un enfoiré. Il l’avait mise sous sa coupe, trop heureux qu’une fille pareille tombe dans ses bras, et avait voulu lui faire participer, après quelques semaines de romance, à une tournante dont ses amis seraient les bénéficiaires, bavant sur elle depuis le premier jour. Malgré les mises en garde de Samuel vis-à-vis de ce type qu’il connaissait, elle n’avait rien voulu entendre, amoureuse pour la première fois de sa vie. Il avait fallu cet épisode cruel pour qu’elle ouvre les yeux et, avec la complicité d’une amie présente, s’échappe de ce traquenard pour rompre tout contact avec lui et lui faire une réputation épouvantable.

Ainsi, elle en parla mais rapidement, je compris que le sujet était encore délicat. Nous discutions, apprenant à nous découvrir et je tentais, avec une vaillance et une force morale qui me surprit de ne pas me repaître de la vision parfaite qui était en face de moi, je veillais à son bien-être en m’occupant de remplir son verre lorsqu’elle en faisait la demande. Et surtout, je laissais, entre elle et moi, une distance physique et morale salutaire pour ma survie. Je m’intéressais à elle mais en gardant l’espace suffisant afin qu’elle ne prenne pas mon intérêt sincère pour une forme quelconque d’attirance. C’était l’enjeu de la soirée, jouer à l’équilibriste des sentiments et du physique.

Elle me posa, alors, des questions.

Je répondis honnêtement sur ma situation, un peu gêné face à elle qui semblait réussir tout ce qu’elle entreprenait. Mais elle ne s’en formalisa pas et compatit avec sincérité à ma situation professionnelle, me souhaitant de trouver rapidement un emploi dans lequel enfin m’épanouir complètement. Nous n’évoquâmes que rapidement ma situation amoureuse. Je n’en avais pas la moindre envie alors je lui inventais une copine partie en vacances avec ses parents pendant la période des fêtes. Comme si, en lui disant que je venais de me faire larguer comme un pauvre hère, elle allait à nouveau être émue de mon état ? J’étais certain que sa question n’était que pure rhétorique et qu’elle ne pouvait porter un quelconque intérêt à la vie sentimentale d’un pauvre terrien, elle qui devait vivre dans les cieux.

La soirée battait son plein et l’ambiance devenait de plus en plus joyeuse même si je sentis une forme de tension du côté de Sabrina. Mais sa parfaite éducation l’empêchait, visiblement, de laisser trahir une forme de détresse trop palpable. Je me dis que ses mauvaises pensées devaient encore, par moments, l’assaillir, ce qui m’avait été demandé, expressément de lui éviter.

Profitant du fait que Samuel devait aller aider sa mère en cuisine, il me laissa m’occuper de sa cousine. Je lui proposais d’aller prendre un peu l’air sur la terrasse, ce qu’elle accepta avec plaisir.

— Nous pourrons essayer d’admirer les lumières de Chamonix ? Et qui sait, peut-être un premier feu d’artifices ? Cela te dit ?
— Oh oui ! Volontiers. Allons-y. J’étouffe un peu dans cette atmosphère.

Je pris deux coupes passant à portée et, en chevalier servant, je lui ouvris la porte qui donnait sur l’immense terrasse surplombant la vallée en contrebas.

Les lumières de la ville scintillaient contre le blanc immaculé de la neige et les montagnes environnantes semblaient protéger l’ensemble de leur masse immortelle. Les sapins voisins, recouverts de neige, s’agitaient au gré du vent comme si une caresse sensuelle venait de les toucher. Nous étions en pleine carte postale mais je me rendis compte que la température devait mordre la peau fine de ma compagne dont les épaules nues n’allaient pas tarder à frissonner. Je posais ma coupe et enlevais ma veste pour la lui poser sur les épaules. Je sentis le froid mais il n’était pas aussi mordant que je l’aurais pensé.

– Oh ! Merci, Éric ! C’est gentil. Tu es un homme très galant.
– Je t’en prie.
– Mais cela n’empêche pas que ce geste ne t’exonérera pas de ton attitude déplacée.

Je restais un instant stupéfait, en me demandant si j’avais bien compris ce qu’elle venait de me dire. Face à mon regard incrédule, elle reprit

– Que penses-tu ? Que je n’ai pas remarqué tes coups d’œil dans mon décolleté ? Tu as une petite copine et dès qu’elle n’est pas là, tu mates, pas très discrètement d’ailleurs, les autres filles ? Tu n’es pas différent des autres malgré les airs que tu prends. Tu n’es qu’un mec qui pense avec autre chose que son cerveau, prêt à se jeter sur tout ce qui possède une paire de seins pas trop moches, je me trompe ?

Ce ne fut pas tellement les mots employés qui me firent le plus de mal, mais son ton. Le dédain et le mépris qu’elle affichait était clairs et limpides. Je n’étais qu’un abruti comme les autres, peut-être même pire.

Alors que j’avais tout fait pour me montrer courtois et serviable, j’avais, visiblement, commis un impair impardonnable. Oui, j’avais une fois louché sur sa poitrine lorsqu’elle était entrée et que je l’avais détaillée. Mais comme on détaille une personne que l’on rencontre pour la première fois et j’avais pris garde, comme je l’ai expliqué, de ne pas recommencer afin, justement, de ne pas m’attirer ses foudres suite à ce qu’elle avait vécu. Mon regard aurait-il pu se perdre malgré moi ? Et quand bien même ? Elle me les avait mis sous le nez, ses seins merveilleux. Après tout, quel est le mal à admirer, une fois ou deux, un paysage magnifique tant que cela reste de l’admiration et non de la concupiscence ?

Samuel arriva sur ces entre-faits et se rendit compte qu’il y avait un malaise.

– Je suis content que tu arrives, je dois aller aux toilettes ! Dis-je avec un trémolo dans la voix et les yeux qui s’embrumaient dangereusement face à l’injustice dont je faisais, à présent, les frais car je n’ai jamais supporté la mauvaise-foi. Encore plus lorsque j’en suis victime.

Sans leur laisser le temps de répondre, je tournais les talons pour m’engouffrer dans la demeure.

Sans tenir compte de l’appel d’Hélène qui me vit passer ni des autres invités, je montais dans ma chambre et me jetais sur mon lit en hurlant dans le coussin.

Cette veillée de Noël aurait dû m’apporter un peu de joie et de calme dans ma vie détruite. Au lieu de cela, je venais de recevoir un coup de marteau, injuste, qui m’enfonçait encore un peu plus.

Les larmes vinrent, sans que je ne puisse rien y faire. Le barrage de ma fierté et de mon orgueil venait de rompre. J’avais accumulé trop d’échecs enfouis dans mon cœur et dans mon âme depuis quelques semaines que cet épisode venait de marquer la fin de ma résistance. Je détachais mon nœud papillon, et ouvris trois boutons de mon col. La soirée était terminée pour moi. Et dès demain, je rentrerais par le premier train en direction de Paris.

Je n’avais plus rien à faire ici, au milieu de ces gens friqués et inbus d’eux-mêmes qui ne pouvaient comprendre les tourments et la misère de ma vie personnelle.

Et pourtant, c’est moi qui étais loin d’avoir tout compris !
Diffuse en direct !
Regarder son live