Ivre,À l’orée du momentOù je voudrais l’écrire Ivre,Pour autantD’étranges souvenirs La charnière du mondeSubissantL’impétueuse pousséeD’un homme qui s’élève etQui,Étendant les deux ailes de votre voluptéVeut hurler son bonheur en vous empoignant — La charnière du mondeA cédé Aussi, Ivre,À peine l’aurore ensanglantéeDe la rougeur de vos joues,Frappées,Les poèmes où vous étiez,Où vous étiez, quoiqu’étrangèreMon actrice porno,
Ma traînée,Ma putain, ma rêverie Préférées Cette étrange amitiéScellée par nos instinctsAux arches des symboles,Des significationsCommunes,Comme nos sueurs mêlées,Liée,Comme le sontVotre envie de me voirVous cracher dans la bouche,Liée,Comme le veulentLa sainte comme la féeQui sont l’unique vous,La chienne et la princesse etLa pensive et farouche,Douce mais souveraine etLa soumise d’un roi,D’un empereur, d’un dieu,Que vous élisez,Liée,Liée encore et toujours,Bouche ouverte, à genoux,Liée enfin par l’anneau d’acierQui, depuis le ruban de cuir De votre cou lacé,Lie d’une chaînette argentéeParsemée de grelots pourS’enfoncer en votre anus —Ô bouton parfumé —Par le bijouDu sang violet de l’Améthyste,Prépare mon sanctuaire ;Cette étrange amitié, dis-je,Qui ne souffre Ni du pâle et long matin de l’hiver,Ni des fumées des toits,Ni des neiges souillées,Ni d’Océan, l’Atlante,Ou tout être sans regard,À nos fronts prosternés l’un vers l’autreEt pourtant,Cette amitié sans fard,Blessante et pensive,Je la chéris Comme les plâtres à l’humideLes vertus dépérissentEn l’ennui des médiocres :Ils ne se croient plus vivre autrement qu’en tuantIls oublient Ce qu’est la gravitéLa gravure des gestes dans l’épaisseur des chairsLe moment n’est pour euxQue ce qui vient après ce qui venait,Avant ce qui viendra,Ô soleil des landes,À la bouche en fruit rougeQue je veux déguster Mais vous qui savezChanter, rire et crier,Vous qui savez hurlerLorsque je vous encule,Et vous qui de nos vicesJouissez,Vous savez ce qu’est vivreEt ce que c’est qu’attendre Mes mains qui marquerontVos deux joues et vos seins,Quand leurs tétons pincés, Quand vos lèvres fouettées,Vous feront tournoyerAlors vous goûteraiÀ ce que j’appelleIvre Mes mains dominerontVotre sexe luisant, Votre bouche gonflée,Votre gorge enserrée,Votre souffle étranglé,Et vos fesses bleuies,Votre anus dilaté, Ouvert et rougi,Vous serez ma prêtresse etVous me réclamerez que je peigne en dedansLa blancheur, votre corpsEn le meurtrissant,Que je morde, que je brûle,À la flamme,À l’orgueil,Et le Verbe qui s’épancheComme le sang qui s’ébatDans nos souffles mêlés,Engendrera le monde Pour mieux le consumer ;Mes mains qui marquerontEt couteaux manierontPour tracer sur la peau d’un dos lisse et muscléLes gravures secrètes Des clefs de nos symboles — Ô fleur à peine éclose — Je vous enchaînerai Ivre,Et pourtant je goûteraiÀ ce que vous me ferezÊtreJe vous asserviraiPar tout ce qui boueDe fluide Ivre nous seronsDe cet étrange élanEt de l’étrange élan,Ivre, pour autant,Je me rappelleraiCe que c’est qu’être ivre Les floraisons déjà fanées,Tous les deuils que je contiens,Le caveau qui m’incarne,Et les promesses contemplées,Le oraisons que je prépare —Car je refuse à quiconque De donner à ma mort une voix —L’escalier gis de mon squeletteEt toutes les marches arpentées,Toutes les cordes, tous les marteaux qui sont fêlés,Revivent au sang de cette épongeQui fait de moi votre servantQui fait de vous celle que je prends Je songe en vous,Je vois comme au miroirEn vousLes mots sont des totems En vous,EtNos totems sont nos désirs etNos désirs sont ces élansDont nous nous décrivonsIvres, pour autant Poursuivons l’ombre et le cheminAlors que le murmureDes angoisses brutalesAccableCeux qui vivent pour demainCeux qui cherchent lumièreAilleurs que dans leurs yeux(Ceux qui cherchent du bruit Ailleurs que dans la musique)Poursuivons-nous pour avancerIvres Ivre, pour autant,Comme l’aurore qui va, qui vient,Je vous devine et je vous saisToujours fuyante maisPour autantSoumise dèsQueSe pose ma main sur votre nuque Ou dèsQueS’enfoncent mes doigts dans votre culAvant que vous ne les suciezAvec cet œil gourmand —Ivre — Ou même quandVous savez que je vais prendre,Tout au fond.,Là où naissent vos larmes,Votre salive et l’étaler Sur ce visage que j’aimeGifler et insulter La douceur matinale du soleil Dans vos cheveux constellésDu final nocturne — Et les parfums de nos offrandeEt les tâches sous les morsures — M’enivrera tout doucement Tout doucementCommeLa lenteur profonde de mon désirQui vous ouvre les fesses CommeLes pétales en velours deL’étui du violonDépliéAfin qu’il vienne s’y blottirFermementDans son écrin de chairL’instrument des ténèbres — Ô prêtresse de Paganini —Tout doucement, je reprendraiUn peu d’alcool de nos nuits Ivre, pour autant…