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Eric, Julie et moi

Chapitre 1

Travesti / Trans
1-Eric et moi, nous nous connaissons depuis la fac. De deux ans mon aîné, on s’était rencontré au hasard d’une coloc. J’entrais en IUT d’informatique, lui venait pour commencer une licence dans le même domaine. Dans un sens, c’était plutôt cool : j’avais un prof à domicile en permanence.
La colocation se passa formidablement bien. Aussi timide l’un que l’autre, on n’était pas des fêtards invétérés et on concentrait quasiment tout notre temps aux études. Eric obtint son diplôme d’ingénieur et quitta l’appartement. J’en fis de même pour habiter une petite studette plus proche de la fac.Loin de moi de nourrir un quelconque sentiment amoureux envers mon colocataire, mais après ces trois années ensemble, je me voyais mal repartir avec un autre coloc fort probablement moins sérieux.
Nos diplômes en poche, nous trouvâmes facilement du travail. Mais malgré la distance, lui en Bretagne et moi sur Paris, on restait en contact. On s’appelait régulièrement, racontant nos anecdotes professionnelles, échangeant sur nos compétences.
Notre timidité n’avait pas facilité les rencontres et bien qu’approchant la trentaine, nous étions toujours célibataires. Concernant Eric, je ne savais pas, mais pour moi, j’étais encore vierge à mon âge. J’avais bien envisagé le recours aux professionnelles mais entre le prix et les maladies, sans compter les conditions peu romantiques, j’avais laissé tomber.Mais une chose était sure : j’étais hétéro !Un moment, j’étais inscrit sur un site de rencontre. Sans plus de succès. J’avais bien sûr quelques (rares) amies filles, et surtout des collègues. Mais on ne couche pas avec ses collègues. Surtout quand elles sont mariées.
Mais, malgré mon désir de contact féminin et de câlins qui pourraient en découler, je développais une part de moi-même, une part que tous s’accordent à dire qu’elle existe en petite partie en chacun de nous. Ma part féminine.Je ne saurais dire quand ça a commencé exactement. Quelques petites touches innocentes par-ci par-là durant mon enfance, l’envie de faire comme maman quand elle mettait du rouge à lèvre, de mettre ses chaussures bien trop grandes. Mais quel risque y a-t-il quand on n’a pas encore dix ans.Mais ces jeux devinrent de moins en moins innocents au fur et à mesure que je grandissais. En douce, je piquais les dessous et dessus de maman et je m’admirais dans le miroir de mon armoire. Avec cette boule au ventre d’être pris -prise ?- en flagrant délit.
Durant mes années de colocation, j’avais mis en sourdine mes désirs et penchants. Mais une fois les premiers salaires versés sur mon compte, ma garde robe commença à s’étoffer. Tout comme ma trousse à maquillage.Mais force était de constater que je n’étais pas vraiment doué, autant pour me maquiller que pour m’habiller, mes choix, souvent dictés par le porte-monnaie, n’étant pas toujours du meilleur gout.De fait, je restais ce qu’on appelle un travesti de salon, ne m’aventurant que de rares fois dehors à la faveur d’une nuit sans lune.
Malgré tout, je me contentais de cette situation qui me procurait un plaisir nécessaire et finalement, suffisant. Doucement, je m’améliorais. Mon maquillage ressemblait de moins en moins à celui d’une voiture volée, et mes tenues achetées sur catalogue étaient de mieux en mieux coordonnées. Mais je restais encore sur la caricature féminine avec mes porte-jarretelles et mes talons hauts.
Comme beaucoup de mes consœurs, j’étais présente sur quelques forums. J’échangeais, ou plutôt recevais des conseils. Mais je résistais toujours à faire des rencontres. L’idée de sortir en fille en public me terrorisait.Un jour, je décidai de pousser la porte d’un salon de beauté pour me faire épiler. Ce que la patronne des lieux accepta sans poser trop de questions et se contentant de mes réponses pour le moins évasives. Je fis l’acquisition d’accessoires indispensables : perruques et faux seins. Je pus aussi enfin porter des bas fins ou des hauts plus décolletés, ce que ma pilosité interdisait jusqu’alors.Dès lors, me jugeant bien plus féminine, le désir de sortir en plein jour se fit plus pressant.Ma première sortie fut un succès total. Mais les quelques regards appuyés à mon encontre me firent comprendre que ma féminité n’était pas parfaite.
Je fis aussi quelques sorties en fin d’après-midi hivernales pour aller dans des magasins de chaussures acheter quelques modèles repérés lors de précédents passage en garçon.
Mais les mois, puis les années passèrent sans que j’évolue vraiment. Je fus même courtisée par un homme dont je déclinai poliment les invitations.
Internet, arrivé timidement, proposait désormais pléthore de sites plus ou moins sérieux, plus ou moins minés. Des sites en tout genre : forum, conseils, mais surtout vidéos. La communauté trans porno s’étalait sur la toile, rendant obsolète les sex-shops et leur rayon VHS puis DVD. Cela dit, cela ne m’empêchait pas de visionner régulièrement mes cassettes qui s’empilaient dans un carton depuis des années.
Toutefois, bien que convaincu d’être hétéro, je commençai à me poser des questions. Voyant le plaisir, souvent simulé, des acteurs(-trices), je me demandai quelles seraient les sensations d’avoir un objet dans mon petit trou.Après quelques tentatives avec des objets plus ou moins phalliques, je fis l’acquisition d’un sex-toy réaliste.Et quelques tâtonnements plus tard, mon compagnon de latex me donna un plaisir que je n’aurai jamais soupçonné. Cela dit, il était hors de question d’envisager une vie avec un homme. Je n’avais plus de réticence à me faire sodomiser mais je ne concevais pas ma vie autrement qu’avec une femme. Une femme qui accepterait et surtout encouragerait ma féminité. Autant dire que je n’étais pas prêt de trouver cette perle rare.
J’étais donc bisexuel, ascendant lesbienne et ma vie se résumait donc à métro, boulot, dodo, travelo.
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