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Fantasme au bord de la piscine

Chapitre 1

Erotique
Les deux femmes qui étaient amies depuis longtemps, déjeunèrent sans faire de cuisine, un repas à base de salade, de pâté, saucisson, fromage et pain, parlant de choses et d’autres dans la semi-obscurité causée par les nuages chargés qui cachaient le soleil. Puis elles prirent place dans les fauteuils du salon, un peu grisées par les quelques verres de rosé qu’elles avaient bus. Le silence régna plusieurs minutes. Mogwai se sentait peu à peu prise par le sommeil lorsque soudain la voix de Charlotte la tira de sa torpeur.
    — Pourquoi tu t’es mises nue à la piscine devant moi avant-hier ? Tu aimes les femmes ? Tu te rends compte, te masturber …..
  Mogwai ouvrit les yeux. Caroline conservait les siens fermés.
    — Je ne sais pas. L’envie de sentir le soleil sur mon corps…    — Oui, mais j’étais là !    — Un peu d’exhibitionnisme, peut-être…    — As-tu eu envie de moi ?
  Question dangereuse. Répondre oui ou non aurait des conséquences immédiates et irréversibles.
    — Je n’en sais rien. Ou plutôt… c’est-à-dire… Cela fait un temps que je pense que peut-être, avec une femme… mais pas obligatoirement avec toi… Mais c’est un pas dur à franchir…    — Tu n’es pas claire.    — Après l’échec de mon mariage, j’ai un peu peur des hommes. Alors je me demande « avec une femme, est-ce que ça serait différent ? » Mais j’ai encore plus peur…    — Tu n’as jamais rien fait avec une femme ?    — Non. Et toi ?    — Ah non, certainement pas ! fit Caroline avec un petit rire. Manquerait plus que cela !    — En fait, une amie m’a embrassée, un jour… Mais j’ai refusé d’aller plus loin, fit Mogwai à voix plus basse, rabaissant les paupières.    — Embrassée… embrassée ?    — Juste un poutou sur les lèvres. Elle a un peu insisté, j’ai cru qu’elle voulait y mettre la langue, mais je ne l’ai pas laissée faire.    — Ah…
  Le silence revint entre les deux femmes qui avaient maintenant toutes les deux les yeux fermés, comme si de ne pas se voir les rendaient plus libres de s’exprimer.

    — Et puis, continua Mogwai, disons que je me mette à draguer une autre femme, elle accepte mais à ce moment-là je bloque ? Je vais passer non seulement pour une allumeuse, mais pour une gouine allumeuse… ou pour une idiote. Alors que faire ? Mais je dois avouer qu’hier, j’ai eu un peu envie de te choquer. Il y avait un risque que tu me rejettes, que tu me méprises… Il y avait la honte, et surtout le fait de surmonter cette honte, et c’était très excitant. C’était un peu comme si je me soumettais à toi puisque tu pouvais m’interdire de jouir, tout en t’obligeant à regarder quelque chose qui pouvait te déplaire, ce qui me faisait te dominer à mon tour. Ce n’est pas clair, hein ? Je dois un être un peu perverse ! Je suppose que tu ne vois pas de quoi je veux parler ?    — Peut-être plus que tu ne le penses…    — Oh ? fit Mogwai en ouvrant très discrètement un œil.    — Moi aussi, j’ai des fantasmes.    — Ça, je n’en doute pas ! Mais quel genre ? Deux hommes sur toi ? Deux hommes entre eux ?
  Caroline mit quelques secondes à répondre.
    — En fait, je n’ai jamais eu envie d’une femme. Jamais. Je n’ai jamais regardé aucune amie en me disant « et si je l’embrassais ? Et si elle me caressait ? Comment sont ses seins ? Est-ce qu’elle se rase la… le sexe ? ».    — Alors c’est quoi ? Insista Mogwai.    — Une fois, alors que je faisais l’amour avec Mike, j’étais à cheval sur lui. Au moment de jouir, il m’a dit « imagine qu’il y a une autre femme derrière toi, elle te tient les seins, elle te griffe les fesses, elle appuie sur tes reins pour m’enfoncer encore plus en toi… ».
  Mogwai ne disait plus un mot pour éviter d’effaroucher Caroline. Mais, le silence s’éternisant, elle souffla :
    — Et alors ?    — Et alors l’idée d’avoir une femme autoritaire qui m’obligerait à faire des choses que normalement je refuserais… m’a fait partir dans les cieux. J’ai joui comme une folle.    — Et Mike ?    — Il n’a rien su. Je ne lui ai pas dit que c’était sa phrase qui m’avait… déclenchée. Il a cru que c’était sa… son sexe.
Le silence régna de nouveau dans la pièce.
    — Dis-m ’en plus, insista Mogwai. Pourquoi vouloir être soumise à une femme et non à un homme ?    — Je ne sais pas. Parfois, j’ai envie que Mike me prenne comme une pute, qu’il me jette sur le lit et m’utilise. Mais quand je pense à une autre femme, c’est plus subtil, plus délicat… Et plus cruel, aussi. J’ai la sensation qu’une femme saurait me forcer à dépasser certaines limitations, certains blocages. Un homme, je sais ce qu’il veut, toujours. Une femme m’en apprendrait plus sur moi-même…    — L’idée d’être cette femme me plairait bien… fit Mogwai à mi-voix.
  Caroline ne répondit pas.
    — Je crois que nous pourrions peut-être… envisager la chose, continua Mogwai. Mais… je ne te garantis pas du tout que je vais faire l’amour avec toi. J’ignore si j’en suis capable. Ni te toucher, ni te laisser me toucher. Mais je sais que je peux me montrer très… exigeante avec un homme. Alors je dois être capable de l’être aussi avec une femme.
  Caroline ne répondait toujours rien. Mogwai s’en inquiéta et regarda plus attentivement son amie. En réalité, Caroline ne l’avait probablement pas entendue. Elle était à moitié endormie et apparemment en plein fantasme : tout son corps s’était relâché, sa bouche était entrouverte, ses cuisses elles aussi bâillaient légèrement. Sous la mince toile de sa robe, les pointes de ses seins étaient fièrement dressées. Ses yeux étaient toujours fermés et ses deux mains tenaient serrés les brins de la frange du plaid étendu sur le sofa. Mogwai se leva, s’approcha, contourna le canapé, se plaçant en surplomb de l’autre femme.
   — Caroline… Veux-tu m’obéir ?
  Caroline répondit à voix basse, sans ouvrir les yeux.
    — Je ne sais pas.    — Si tu le veux, si tu te décides, j’aurai plaisir à faire de toi une femme à mon service. Mais il n’y a pas de retour possible ! J’ai peur que cela casse quelque chose entre nous, mais j’en ai quand même très envie ! Non de toi, pas encore, mais de ce que tu peux m’offrir. Veux-tu que nous essayions ?    — Je ne sais pas, répéta la femme.    — Lâche le plaid, s’il te plaît. Pose tes mains sur tes cuisses.
  Après quelques secondes, Caroline relâcha le tissu qu’elle froissait et ses mains se posèrent à plat sur ses jambes.
    — Tu ne vas pas m’obliger à faire des choses… Des choses ?    — Je ne sais pas… C’est la première fois. Mais j’ai soudain envie de te voir nue pendant que je me touchais. Je m’en rends compte, hier, devant la piscine, j’aurais voulu que tu te déshabilles. Ouvre ton décolleté, s’il te plaît…
  Caroline porta la main à l’un des boutons qui fermaient sa robe, le défi, s’arrêta, puis ouvrit soudain les yeux. Elle eut un sourire gêné.
  — Excuse-moi, ça ne va pas aller. D’un coup, je me sens ridicule. Allons, arrêtons ça et oublions tout.
  Elle se leva d’un bond, se détourna d’Mogwai, fit trois pas vers le frigo qu’elle ouvrit, saisit une bouteille d’eau, se tourna à demi vers son amie qui n’avait pas bougé et lui lança :
    — Tu en veux ?
  Mogwai fit à son tour les pas qui la séparaient de Caroline, prit la bouteille d’eau des mains de celle-ci, la posa sur l’évier, referma le réfrigérateur du coude, saisit l’autre femme eux épaules et la fit se retourner.
    — J’ai dit que je voulais te voir nue !

  Joignant le geste à la parole, elle défit rapidement trois des boutons de la robe, saisit les épaulettes et les fit descendre le long des épaules bronzées. Les seins de Caroline apparurent dans toute leur beauté.
    — Ils sont magnifiques, fit Mogwai, éblouie. Mike a de la chance de pouvoir en jouir !    — Mogwai, non, ne fais pas ça !    — Faire quoi ? Je ne vais pas te toucher. Je veux juste te voir nue… Et obéissante. L’idée m’a soudain très excitée. Et j’ai envie de me caresser comme hier. Mais ce coup-là, tu n’auras pas besoin de me regarder. C’est moi qui vais te mater, dans les deux sens du terme. Déshabille-toi ! Vite !
  Caroline chercha le regard d’Mogwai, et le soutint d’un air de défi.
    — Non !    — Baisse les yeux ! Je ne te donne pas le droit de me regarder en égale ! Je commande, tu obéis, donc tu restes à ta place ! Vite !
  Caroline eut un mouvement de recul. Alors Mogwai saisit la bouteille d’eau glacée sur le bord de l’évier et appliqua fermement l’objet très froid sur la pointe de l’un des seins de Caroline qui lâcha un petit cri.
    — Je vais te verser tout ça sur le corps si tu ne fais pas ce que je dis !
  La menace était ridicule, Mogwai le savait, mais elle savait aussi que Caroline prendrait toute menace comme une bonne excuse pour obtempérer. Et Caroline porta la main aux boutons encore fermés de sa robe qui, en quelques secondes, vint faire un petit tas autour de ses pieds.
    — La culotte, maintenant.    — Non…    — La culotte ! Délicatement ! Essaie de me séduire ! Nous ne sommes pas chez le médecin !
  Alors Caroline, découvrant puis cachant puis de nouveau révélant son intimité, retira peu à peu sa culotte. Elle se prenait au jeu. Elle eut soudain un regain de fierté et avec un rire qui sonnait un peu faux elle fit tourner son léger sous-vêtement autour de son index et le jeta à travers la pièce.
    — Baisse les yeux !
  La voix d’Mogwai claqua l’ordre et Caroline obéit. Mais maintenant Mogwai ne savait absolument plus que faire. Peut-être commencer par le commencement ? Mogwai saisit le menton de Caroline entre deux doigts, lui releva le visage, se pencha et l’embrassa. Un baiser sec, presque forcé. Caroline ne réagit pas vraiment, ne rendit pas le baiser. Ses lèvres étaient serrées, elle se laissait faire mais ne répondait pas.  Mogwai laissa glisser ses mains sur les épaules de l’autre femme, descendit, ses paumes passèrent sur les pointes des seins découverts qu’elle sentit douces, mais non tendues. Elle-même ne retira de ce geste aucune sensation.  La situation lui avait totalement échappé. Elle ne savait pas comment séduire cette femme pour satisfaire Mike, et encore moins ce qu’une femme qui recherchait la soumission pouvait désirer ! Mogwai avait bien sûr lu plusieurs de ces pseudo « mémoires » très à la mode de femmes se vantant d’avoir concédé tout et plus à leur Maître. Des femelles qui proclamaient avoir accepté les pires humiliations et les plus atroces douleurs pour le simple plaisir de recevoir une caresse sur la tête et un su-sucre de leur amant… Et ces histoires finissaient presque toutes par un coup de pied au cul, l’esclave étant jetée par un homme fatigué de tant de bassesse. Parfois, la soumise finissait simplement livrée par son propriétaire à tous ses copains, amis, parents, relations, employés, patrons, amants, SDF, hommes, femmes, chiens, entre autres…  Il lui fallait donc improviser, car marquer Caroline au fer rouge de but en blanc aurait été très certainement exagéré ! Elle avait en réalité envie de la prendre tendrement dans ses bras, mais ce n’était probablement pas ce que l’autre femme attendait. Mogwai quant à elle ne se sentait pas prête à un rapport homosexuel assumé. Elle saisit donc les poignets de Caroline et repoussa celle-ci contre la paroi la plus proche, lui maintenant les bras en croix.
    — Écarte un peu les jambes. Abaisse-toi en pliant les genoux.
  Mogwai avança alors sa cuisse entre les jambes de l’autre femme, sans aller jusqu’à la toucher.
    — Tu vas te frotter sur ma cuisse et tu vas jouir ! fit la brune jouant les dominatrices.
  La blonde la regarda, surprise. Mogwai ne pensa même pas à exiger qu’elle baissât le regard.
    — C’est tout ? fit Caroline.    — Pour commencer !    — Tu… ne te déshabilles pas ?    — Je ne sais pas si j’ai vraiment envie de toi. Peut-être ai-je seulement envie de te voir m’obéir.
  La phrase sonnait comme un défi aux oreilles de Caroline qui soudain sentit une pointe de colère remplacer la sensation de gêne qui l’habitait depuis qu’Mogwai avait pris le contrôle du jeu.  « Ah c’est comme ça… Tu veux me dominer, mais sans savoir si cela te plaît ? pensa la blonde, se sentant mise au défi. Eh bien on va voir si tu me résistes… »  Et soudain le sexe de Caroline vint au contact de la jambe fuselée d’Mogwai. Le jean empêchait celle-ci de ressentir le contact de la peau intime de l’autre femme, mais Caroline, quant à elle, reçut une sensation très forte de la toile rêche qui rebroussait sa toison intime, claire à en être presque blanche.  Pendant de longs instants, la blonde se frotta sur la cuisse de l’autre femme qui ne bougerait pas, retenant toujours sa candidate à la soumission par les poignets. Mais bientôt Caroline laissa échapper un petit râle. Mogwai pensa à un début d’orgasme mais les mots que prononça Caroline la détrompèrent.
    — Je fatigue !
  Mogwai eut une petite moue. Pour elle aussi, tenir la position devenait inconfortable. Les deux femmes se redressèrent ensemble. Elles se regardèrent, eurent un petit sourire gêné.
    — Bon, ben…    — Bref, n’en parlons plus…
  Elles se regardèrent comme deux chiens de faïence. Puis l’une eut un petit rire qui aurait pu se transformer en fou-rire nerveux mais qui mourut en trois secondes…
    — Hem.    — Oui, hem !    — Et on fait quoi, là, pour ne pas avoir l’air de deux cruches ?    — On remballe tout et on en parle plus ?    — C’est ça. Fini, motus, silence et oubli…    — D’ailleurs, j’ai du linge à ranger, conclut Caroline.    — Et moi, je vais aller dehors regarder voir si l’herbe pousse correctement…
  Les deux femmes hochèrent la tête et se détournèrent l’une de l’autre, Caroline remettant sa robe puis traversant la pièce pour aller ramasser sa petite culotte.  Lorsqu’il revint avec les enfants, Mike aperçut de loin Mogwai debout à la limite du jardin, respirant l’air encore humide de la dernière pluie. Il s’approcha d’elle, l’œil brillant, mais elle le calma très vite d’un petit mouvement négatif de la tête. Il soupira profondément, haussa imperceptiblement une épaule et guida son petit troupeau vers l’intérieur.  Le soir même, les trois adultes étaient installés dans le salon. Après un dîner léger, la vaisselle faite, ils s’étaient assis, se regardant, sans un mot. Ils paraissaient goûter au silence de la maison. Les enfants étaient partis à un anniversaire chez des voisins. Plus tard dans la soirée, il faudrait aller les chercher.  En fait, les trois amis paraissaient s’ennuyer ferme. La conversation démarrait, tournait autour de sujets sans importance puis s’éteignait. Ils semblaient ne plus rien avoir à se dire. Du moins ouvertement, car en réalité les pensées de chacun naviguaient sur des flots d’érotisme. Mike dans sa frustration, Mogwai dans ses interrogations, Caroline dans ses découvertes…  Les deux femmes échangèrent un regard. Mogwai eut un soupir. Les évènements de l’après-midi lui revinrent en mémoire. C’était un échec total. Elle n’avait pas su séduire Caroline. En avait-elle réellement eu envie ? Elle ne saurait le dire…
   — Bon, ben on pourrait se coucher tôt… Ah non, c’est vrai, les enfants… fit Mogwai.
  Son cousin haussa légèrement les épaules.
    — Je vous en prie, répondit Mike, allez donc vous coucher toutes les deux, j’attendrai ici, j’irai les chercher…
  Mogwai le regarda.
    — Tu es gentil, mais ne dis pas cela sous cette forme, on croirait que tu nous invites à aller nous coucher ensemble… fit-elle.
  Mike eut un petit sourire presque triste. Il paraissait non seulement être déçu mais aussi avoir perdu tout espoir de voir son rêve se réaliser.
    — Ça serait trop beau…
  Il se reprit
    — Euh, je voulais dire…
  Mogwai rit :
    — Allons, je me doute bien que comme tous ces cochons de bonshommes, tu as envie de voir deux femmes se faire des mignardises ! Le contraire serait étonnant.
  Caroline intervint.
    — Tu peux le dire ! C’est son fantasme préféré…    — Sans blague ? fit Mogwai, jouant les innocentes. Comme ça, ton mari voudrait voir deux femmes se faire des choses ? Je comprends maintenant pourquoi il bande en nous regardant toutes les deux…
  Le regard de Caroline descendit vers le pantalon de son mari. Aucun doute : le sexe tendu déformait la toile.
    — Dis donc, fit Caroline mi-furieuse mi-amusée. Tu bandes sur ta cousine, espèce de porc !    — Euh…    — Non, il bande sur toi, Caroline, fit Mogwai. Le fait est que par hasard je suis la deuxième femme présente, mais je suis persuadée que la situation serait la même avec toute autre participante. Quoique la réaction de l’autre femme ne serait peut-être pas aussi cool que la mienne. Je crois que tu devrais peut-être faire quelque chose pour le calmer… Je vais vous laisser… termina-t-elle en se levant.
  Caroline garda le silence. La conversation devenait un peu trop libérée à son goût. Mais, d’un autre côté, son mari bandait comme un âne et la regardait d’un air si suppliant qu’elle se sentit fondre. Et puis, dans l’après-midi, n’avait-elle pas déjà touché des lèvres la bouche d’Mogwai ?  Alors Caroline se leva à son tour, s’approcha de la cousine de son mari, lui prit gentiment le visage entre les mains et, délicatement, déposa un baiser sur les lèvres douces. Elle entendit le rugissement que Mike n’avait pu contenir. L’idée de transformer son homme en un être lubrique et sauvage fit battre le cœur de la jeune femme et presque instantanément, inonder son intimité. Alors elle insista sur le baiser et lorsque, enfin, Mogwai entrouvrit les lèvres, Caroline lui envahit la bouche de sa langue et les deux femmes, sans plus se contenir, échangèrent un vrai baiser.  Lorsque, après un temps qu’aucune des deux ne pouvait définir, elles reprirent un peu conscience de leur situation, elles s’aperçurent que Mike, les yeux exorbités, les regardait fixement. Il avait la bouche ouverte et le pantalon aussi. Son sexe tendu et violacé dépassait de son jean. Il tenait ses mains bien écartées de son corps car il savait qu’à la vue de ce fantasme en réalisation il ne tiendrait pas longtemps s’il se touchait, et qu’au premier contact son sexe se mettrait à dégorger son jus. Mogwai regarda Caroline.
    — Et on fait quoi, maintenant ? demanda-t-elle.    — Maintenant, j’ai envie de toi, lui répondit l’autre femme. Mais surtout, j’ai envie de rendre mon mari fou de désir.
  Les deux femmes s’approchèrent de Mike qui les regardait sans oser croire à son bonheur. Comme tout homme réalisant un tel fantasme pour la première fois, il oscillait entre l’envie que cela dure le plus longtemps possible et celle de jouir immédiatement, de peur que tout ne soit qu’un rêve et que l’éveil ne le surprenne avant le plaisir…  Les deux femmes se penchèrent sur le sexe tendu, puis elles échangèrent un sourire, et, à quelques centimètres devant les yeux de l’homme, elles recommencèrent à s’embrasser. Mike les contemplait, fou de bonheur et d’excitation. Mogwai aurait souhaité prendre en bouche le superbe membre en pleine gloire mais cela aurait peut-être braqué Caroline. Ses craintes se révélèrent bientôt infondées lorsqu’elle sentit son poignet pris par la main de l’autre femme et dirigé sur le sexe de l’homme. Séparant ses lèvres de celles d’Mogwai un court instant, l’épouse s’adressa doucement à son mari :
    — Regarde bien ce que je fais…
  Et elle plaça la main d’Mogwai au contact du membre dressé. Les doigts féminins s’emparèrent de la colonne de chair. Vaincu par l’image de cette main de femme qui allait lui donner du plaisir sur l’invitation de sa propre épouse, Mike ne put se retenir et jouit à longs jets, la semence habilement recueillie servant de lubrifiant aux doigts qui trayaient savamment son organe. Il cria très fort. Les deux femmes se séparèrent.
    — Le voilà plus calme, fit Caroline. Maintenant, nous allons pouvoir nous occuper de nous-mêmes.
  Elles se détournèrent et abandonnèrent l’homme affalé sur le sofa, dont les vêtements portaient les traces humides de son plaisir, car Caroline, tenant toujours le poignet d’Mogwai, avait fait celle-ci déposer le jus recueilli sur la toile du pantalon. En quelques pas, elles atteignirent la chambre de l’invitée. La porte se referma et on entendit nettement le verrou être actionné de l’intérieur. Puis des gémissements de plus en plus forts traversèrent aisément le fin panneau.  Mike se leva à son tour. Le plaisir foudroyant qu’il avait ressenti n’avait pas été suffisant pour compenser des années de fantasme et de frustration. Il voulait maintenant voir ces deux superbes femmes se donner du plaisir. Totalement. Les voir nues, se frotter l’une à l’autre, se sucer les seins, se lécher le sexe… Et il voulait participer, bien entendu.  Il s’approcha de la porte close. Il entendait au travers du panneau la bande-son d’une grande et intense scène de sexe. Mais sans l’image ! Il frappa doucement. Puis plus fort. Puis encore. Jusqu’au moment où les gémissements s’interrompirent quelques secondes à l’intérieur, et où la voix de Caroline lança :
    — Tu te changes et tu vas chercher les enfants. Donne-nous encore une bonne heure avant de revenir, j’ai très envie de jouir très bruyamment…    — J’aimerais vous regarder…    — Chaque chose en son temps ! Tu as déjà eu un cadeau aujourd’hui. Demain, plus tard peut-être, tu en verras plus. Maintenant laisse-nous tranquilles ou tu ne verras jamais plus rien…
  Mike réfléchit rapidement. La chose était claire : il lui fallait maintenant jouer le jeu selon les règles de Caroline s’il voulait que cette nouvelle façon de vivre se prolonge et se répète. Plus tard dans la soirée, il pourrait demander à Caroline d’alléger ses envies. Il ne la verrait pas faire l’amour avec Mogwai, du moins pas ce soir-là, mais il pourrait lui demander de lui raconter… À cette pensée, son sexe reprit de la vigueur. Alors il sourit, passa dans sa chambre, changea ses vêtements tachés et sortit de la maison. Marchant vers sa voiture, il entendit en passant devant les volets de la chambre d’Mogwai l’une des deux femmes lâcher un grand cri. Il sourit, heureux.
  Dans la chambre, son sexe convenablement traité par la bouche et les doigts de Caroline, Mogwai jouissait.  Demain, elle déciderait de la suite à donner à cette aventure. Continuerait-elle à voir Mike sans que Caroline le sache ? Ou Caroline en cachette de Mike ? Peu probable, dans les deux cas. Le mariage entre son cousin et l’amante qu’elle se donnait à cet instant paraissait stable et destiné à durer, surtout si les deux époux continuaient à mettre en pratique et en commun leurs fantasmes. Tant qu’ils se parleraient et tant qu’ils liquideraient ensemble leurs frustrations, rien ne pourrait les atteindre ou les séparer.  Mogwai n’était pas pressée de prendre une décision : après l’aventure avec Mike, après l’expérience qu’elle vivait à cet instant avec une Caroline déchaînée qui se révélait une amante enthousiaste quoique encore inexpérimentée, il lui restait encore à faire l’amour avec le couple. Jouir de la queue de l’homme tout en plongeant ses lèvres dans le sexe de la femme, ou sucer la langue de Mike tandis que Caroline la pénétrait de ses doigts dans ses deux orifices…  Et peut-être même sauraient-ils ensemble découvrir de nouvelles formes d’amour ? Son beau cousin serait-il partant pour de nouvelles expériences ? Naviguant sur les bords de l’orgasme, sentant la langue de Caroline s’insinuer au plus profond de son sexe, Mogwai joua avec l’idée d’un homme suffisamment excité pour se prêter à des combinaisons plus osées… Une image s’imposa bientôt à elle, celle de Mike, debout, nu, le sexe tendu, un autre homme à genoux devant lui… À cette pensée, Mogwai bascula de nouveau dans le plaisir, tenant fermement la tête de Caroline entre ses cuisses.  Quelques minutes plus tard, alors que de ses doigts agiles elle emmenait Caroline à son tour vers l’orgasme, Mogwai déposa un baiser sur les lèvres encore humides de son amie puis lui chuchota à l’oreille :
    — Alors, demain, Mike sera avec nous ?    — Si tu acceptes… Il en a tellement envie ! Mais c’est ton cousin… Tout à l’heure, j’ai pensé que tu risquais de ne pas vouloir le… toucher.    — C’est un bel homme… Ne t’en fais pas. Je l’aime beaucoup…    — Alors oui… J’ai envie de lui entre mes jambes, bien profond en moi, et toi par-dessus, pesant pour le forcer à me pénétrer encore plus… Tu me baiseras avec sa queue…
  Les derniers mots de Caroline furent étouffés par les lèvres d’Mogwai qui l’embrassait à pleine bouche. Quelques secondes plus tard, la brune reprit son exploration des fantasmes de son amie.
    — Et est-ce que tu aimerais voir ton mari se faire sucer par un autre mec ?
  Caroline, dont la respiration heurtée dénonçait l’approche du climax, eut comme un rugissement.
    — Oui ! Et qu’il lui explose dans la bouche ! Oh oui, je le veux, je veux voir ça !    — Alors je te promets que nous lui trouverons un amant et qu’il se fera sucer devant nous… Et peut-être pire encore…

  Son imagination fouettée par le fantasme imaginé par son amante, son intimité envahie par les doigts féminins qui l’entraînaient inexorablement vers le plaisir, Caroline bascula à son tour dans la jouissance avec un long gémissement. Et Mogwai, toute au plaisir de donner du plaisir, pensa qu’il lui faudrait dès le lendemain réfléchir au moyen de tenir cette nouvelle promesse…
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