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Un si gentil fantôme

Chapitre 1

La visite

Divers
Trois janvier
Visage fermé, traits tirés, teint pâle encore rehaussé par les vêtements sombres qu’elle porte, la femme a les yeux dans le vague. Là sans y être, elle suit, tel un zombie, la cérémonie. Une part d’elle qui s’en va, qu’on lui arrache. Le type en habits d’apparat psalmodie des mots incompréhensibles. Des mots d’amour bien dérisoires face à une situation d’un tragique absolu. Même le ton employé ne saurait dérider ou réconforter qui que ce soit.
Puis la caisse vernie glisse lentement au bout des cordes maintenues par huit bras solides. Machinalement, parce que c’est comme ça, la rose que tient la main menue prend son élan. Elle voltige quelques secondes à la vue de tous et atterrit sur le coffre de bois qui va voler l’amour d’une mère à tout jamais. Les jambes gainées de noires de la femme fléchissent soudain et le plus proche des jeunes hommes, derrière elle se précipite.
Il accroche le bras de la dame, entoure sa taille de toute sa force.
— Venez ! Venez Maryse…
Il aide la malheureuse à faire ces trois pas qui l’éloignent de ce trou béant qui va se refermer sur son enfant. Vient ensuite la longue cohorte des gens qui compatissent. Sauront-ils jamais ce qu’elle éprouve, ce qu’elle ressent en cet instant ? Après son Gabriel, c’est donc au tour de Mathis de l’abandonner. Pas pour les mêmes raisons bien sûr… Du reste Gabriel lui est au bout de la file, qui serre des mains. Il n’a pas fait un geste pour lui témoigner la plus petite parcelle d’attention.
Maryse lève les yeux, cherche un peu d’air. Elle respire un peu plus vite, plus profondément. Elle ne veut pas donner à son ex-mari le bonheur de la voir souffrir. Lui aussi doit avoir sa part de malheur ! Rien n’est moins sûr. Depuis que Mathis a eu huit ans, il n’a plus jamais donné signe de vie à personne. Combien de fois a-t-elle dû, durant toutes ses années d’enfant, puis d’adolescent le rassurer ce petit bonhomme qui lui réclamait son père ?
C’est drôle comme les idées, les pensées les plus folles remontent en masse à la surface d’un cerveau malade de trop de douleur. Elle n’arrive plus à arracher ses regards de cette fosse… qui va avaler, engloutir pour l’éternité ce petit bout d’elle. Un abyme qui ne peut pas et ne pourra jamais se refermer dans son cœur. Une petite voix la ramène à la dure réalité des choses. Sous la brise de cet après-midi ensoleillé, la vie continue pour ces autres qui voudraient la réconforter.
— Je vous présente toutes mes condoléances, Madame !— Merci…
Un long défilé des gens connus, des amis, des jeunes surtout. Ceux qui ont grandi avec Mathis, qui ont partagé les bancs de la communale, puis du collège et lycées. Il y a également ces nouveaux visages, les derniers à l’avoir côtoyé. Les étudiants de la fac, ceux dont elle sait si peu de choses. Son fils était un gamin assez secret. Des garçons et des filles passent, s’arrêtent une seconde et reprennent le cours d’une existence un instant suspendu pour dire au revoir à leur ami. Un jeune comme eux, le sien… qui va lui manquer tellement.
Elle marche dans l’allée qui mène à l’extérieur. Les deux rivières de larmes sont revenues sur son visage et le bruit horrible de la terre qui à chaque pelletée resserre le corps de son fils, c’est bien avec cela qu’elle va devoir vivre désormais. Sur le parking… sa voiture et elle se met machinalement sous le volant. Son visage ravagé n’a plus de larmes à donner. Un véhicule proche quitte doucement sa place. À côté du chauffeur qu’elle reconnaitrait entre mille, une rousse qu’elle voudrait maudire.
Maryse n’a plus la force suffisante pour haïr cette rivale qui vit avec le père de son Mathis. L’histoire ne se réécrit jamais. Elle est morte avec son gamin… il y a quatre jours de cela. Quel effort pour mettre en route le moteur et repartir vers cette maison si silencieuse. Bien entendu que le petit ne revenait plus que pour les vacances, mais cette fois… elle comprend qu’il ne rentrera pas. Frapper sur ce qui l’entoure, se remettre à pleurer ? À quoi cela servirait-il ? Son cœur est sec, comme tout son corps qui n’est plus qu’une enveloppe vidée de tout ce qui faisait sa joie d’avancer.
Six juin
Les mois passent sans atténuer pour autant la douleur. Il arrive aussi que parfois celle-ci se trouve ravivée par des évènements imprévus. Alors ce soir-là, lorsque la sonnette retentit pour avertir Maryse de la venue d’un visiteur, elle vient ouvrir en trainant des pieds. Il y a bien longtemps qu’elle n’a plus envie de recevoir de visite. L’importun qui vient déranger à onze heures du matin ses souvenirs n’est donc pas le bienvenu. Le battant de chêne tourne sans bruit sur ses gonds.
— Bonjour Madame… vous êtes bien la maman de Mathis ?— Bonjour… euh oui… c’était mon fils. Mais qui êtes-vous ?— Un ami de Mathis… Gaétan. Nous étions ensemble à la fac et un jour il m’avait parlé de vous, de sa maison. Il avait aussi laissé chez mes parents quelques affaires… nous devions nous retrouver à la fin de ses études… — Vous retrouver ? À la fin de ses études… je ne comprends pas très bien. Il ne me disait pas toujours tout. Mais entrez, entrez… ne restons pas dans le vestibule. — Merci… Je vous ai ramené ce qui se trouvait chez mes parents.— Vous avez un peu de temps ? Ça me fait du bien de rencontrer un ami de mon fils… j’ai si peu de contact avec les derniers qui l’ont côtoyé…— Je n’ai appris son accident qu’en rentrant des États-Unis… je travaille à Boston et nous avions projeté, Mathis et moi, de nous y retrouver pour monter notre boite ensemble.— Vous êtes informaticien ? Mon Dieu… comme je suis heureuse de vous connaitre et surtout que vous êtes venu me parler de lui.— Je vous ai rapporté également ces quelques trucs qui sont à lui… Tout est dans ce sac-là !— Merci… mais vous… vous n’allez pas partir tout de suite ? Vous désirez boire quelque chose ? Comme je suis heureuse enfin de rencontrer…— Ah, pardon peut-être vous a-t-il parfois parlé de moi… Je me prénomme Gaétan, je crois vous l’avoir déjà dit.— S’il l’a fait je n’en ai pas gardé le souvenir… mais il est vrai aussi que depuis son départ, je déraille un peu… voire beaucoup certains jours.— J’ai tout mon temps ! Je suis aussi en vacances pour deux mois et je réside toujours chez mes parents lorsque je rentre. Comme parfois l’ambiance n’est pas ce que j’appellerai de franche camaraderie entre eux… je m’éclipse le plus souvent possible.
Maryse s’est effacée et le jeune homme entre dans la maison. Elle a d’un coup l’impression qu’un petit morceau de Mathis refait surface. Il la regarde avec des yeux d’un bleu profond. Le sac qu’il porte atterrit sur l’assise d’un siège de la cuisine où la femme brune vient de l’inviter à pénétrer. Elle fait un pas vers cette enveloppe de cuir qui contient… des choses oubliées ?
— Je… peux l’ouvrir ?—… Ben oui ! J’ai ramené toutes les affaires de Mathis… de votre fils.
C’est dit d’un ton bizarre. La voix est rauque, comme si les mots s’étranglaient dans la gorge de ce jeune homme. Maryse ne prête guère attention à ces inflexions vocales. Obnubilée uniquement par le contenu du sac, elle pousse la fermeture et en libère l’ouverture. Sa main plonge dans le fatras censé lui rappeler son fils. Un cadre revient à la surface. L’image d’une femme brune entourant par les épaules un gamin de quinze ans. L’esprit de Maryse s’éclipse déjà au jour de cette photo. Un matin d’un bel été, ils étaient heureux.
Puis, dès que la photographie est déposée sur le tablier de bois, les doigts tremblants partent à la recherche de ce que cache toujours la besace. Un livre cette fois en sort. Le préféré de Mathis. Un « Jules Verne » à la couverture sang et or. Vingt mille lieues sous les mers ! Cadeau d’un Noël qui ne reviendra plus que sous forme de souvenirs. Les petites mains déballant le cube de papier, l’émotion des grands yeux de son petit devant les lettres dorées. Après ce premier bouquin, il avait vénéré ces tranches de vie narrées par des auteurs hétéroclites.
Maryse en oublie la présence de ce Gaétan qui demeure planté comme un piquet au beau milieu de sa cuisine. Elle est partie si loin dans sa mémoire… il n’a pas sa place au fond de l’esprit de la brune et il le sait si bien qu’il se tait. Tiré de l’oubli, un chandail de laine que la brune porte immédiatement à ses narines. Les senteurs, le parfum, elle y redécouvre les fragrances délicates de ce jeune homme qui lui manque le plus au monde. Si l’amour a bien une odeur… elle est ancrée dans chacune des fibres de ce vêtement.
Derrière les paupières closes de Maryse, un corps danse. Les muscles sous la seconde peau bougent et le sourire de remerciement de son fils est revenu en force. Son dix-huitième anniversaire et le pull-over que mamie Aline vient de lui offrir… il lui va si bien. Les bras de son petit-fils qui serrent la vieille dame aux cheveux blancs sur sa poitrine. Il fait un clin d’œil à sa mère alors que les lèvres de sa grand-mère claquent sur sa joue dans un bisou sonore. La voix… celle qui lui troue les tympans…
— Madame… ça ne va pas ? Vous ne vous sentez pas bien, Madame ?—…
Oh, que si qu’elle se sent bien. C’est bon ces moments de bonheur que le temps lui restitue. Qui est il celui-là, qui se permet de venir troubler cet instant unique ? Pourquoi l’inconnu qui se tient dans sa cuisine la cramponne-t-il de la sorte ? Elle était si bien, avec Aline sa mère et Mathis son fils. Eux sont ensemble désormais et elle… elle attend l’heure de les rejoindre. Le vertige prend fin.
— J’ai cru que vous alliez tomber… je vous demande de me pardonner de vous avoir un peu… retenue.—… ? Merci. Vous avez raison, ces objets sont tellement chargés d’émotions. Merci de m’avoir rapporté tout ceci. Mais je manque à tous mes devoirs… et puis vous allez bien rester déjeuner avec moi ? Vous pourrez me parler de… lui. Vous étiez donc proche pour qu’il laisse certaines de ses affaires chez vos parents ?— Oui ! Nous avions même un projet professionnel tous les deux. Curieux qu’il n’en ait pas fait état devant vous…— Je suppose qu’il avait ses raisons ! Mais dites-moi tout… depuis le début.— Ça risque donc de prendre du temps…— Du temps… c’est ce qui me manque le moins, vous savez… Alors c’est oui ? Vous voulez bien déjeuner avec la vieille folle que je suis ?— Oh ! Maryse… c’est bien votre prénom n’est-ce pas ? Maryse… vous n’avez pas l’air d’une vieille et encore moins d’une folle. Et rien ne saurait me faire plus plaisir que de parler un peu de Mathis… il me manque aussi, vous ne pouvez pas savoir !
La dinette se déroule bien. Cette femme est agréable et si elle ne sourit guère, les évènements tragiques de son existence y sont pour beaucoup. Elle papote gentiment, sans montrer sa peine qui pourtant est latente. Lui n’a pas les mots pour consoler le cœur de cette maman. Mais il la sent heureuse de parler à un des amis de son fils… un de ceux qui ont connu un autre visage que celui qu’il montrait à la maison. Et après un repas riche en émotions, il repart vers sa famille.
Dix juin
Il est revenu. Gaétan est de retour, apportant dans son sillage une bouffée d’air frais. Il pleut depuis ce matin sur la ville, sur la vie de Maryse aussi. L’eau du ciel rend tout gris et sinistre. De toute manière, tout l’est depuis si longtemps !
— Oh ! Gaétan… Je suis heureuse de vous revoir. — Je… pardon ! Mais je ne savais pas trop où aller. Chez moi le temps est de nouveau à l’orage. Un jour ou l’autre il faudra bien que mon père et ma mère comprennent que la cohabitation n’est plus possible.— Vous… vous pensez que c’en est à ce point ? Pauvres gens… j’ai déjà vécu ce genre de drame…— Vous aviez votre fils pour…— Oui ! Oui, c’est vrai.— Je n’ai pas envie de rentrer aux « States ». J’aime notre pays et avec l’idée que Mathis ne viendra plus, mon projet n’est plus aussi… sympa.— Vous n’avez donc pas d’ami pour reprendre le flambeau ? Ou une petite amie pour vous accueillir pour ces moments passés ici ?— Ben… non et pour les filles comme pour les garçons, vous savez… je ne suis pas très sociable.—… vraiment ? Je n’avais pas remarqué… mais je ne dois pas être d’une compagnie très agréable. Je n’ai plus de vie réelle. Je suis dans mon monde de souvenirs.— Je comprends… je vous dérange ? Je vous laisse alors.— Mais où allez-vous aller, qu’allez-vous faire ?— Oh ! Ne vous tracassez pas pour cela. Je vais prendre une chambre dans un petit hôtel… pour les quelques jours, semaines qui me restent de congés.— Vous… puisque vous étiez un ami de mon Mathis… je pourrais peut-être vous proposer ma chambre d’ami… pas celle de mon…— Vous feriez cela ? Vous êtes une fée pour moi. — Si vous étiez son ami, c’est donc qu’il vous appréciait… alors sans doute serait-il heureux de vous savoir « chez nous ».— Merci… merci du fond du cœur… — Venez et ne me remerciez pas. J’ai peur de la solitude et puis… nous pourrons encore et encore parler de ces rêves que vous partagiez. Vous avez des affaires ? La chambre possède sa propre salle de bains. Pas de problème donc.—… je ne sais comment vous… le dire…— Eh bien ! Taisez-vous tout simplement. Chut ! C’est tout.
La chambre est un cocon indépendant du reste de la maison. Elle possède même une entrée autonome et le garçon y trouve un nid douillet. Il fait le moins de bruit possible. Quant à Maryse, il l’entend de temps à autre qui ouvre ou ferme une porte. Puis en fin de soirée, elle frappe discrètement deux petits coups dans sa porte.
— Vous êtes là, Gaétan ?—… oui, oui madame ! J’arrive.
Elle se tient devant lui, dans l’entrebâillement de l’huis.
— Vous viendrez diner avec moi ? Nous nous sentirons moins seuls, non ?— Vous… êtes déjà si gentille. Je ne voudrais pas abuser de la situation…— Mais c’est moi qui vous invite. Alors… vous ne pouvez pas me refuser ce petit moment de dialogue. J’ai besoin de renouer avec mon fils. Bien sûr qu’il ne sera plus jamais là, mais à travers ses amis, il revit toujours un peu… J’ai besoin de vous !—… Bien entendu… j’arrive Maryse.
Onze juin
La dinette de la veille a montré au jeune homme le degré de perturbation de la maman inconsolable. Il lui est arrivé à diverses reprises de se tromper de prénom. Gaétan devenait dans sa tête Mathis ? Il n’a jamais cherché à rectifier… à quoi bon, puisqu’en ces instants-là, elle souriait. Pour la fin de soirée dans la chambre qu’elle lui met à disposition, il écoute les bruits de cette belle demeure. Tout ici est silence, mais quelques craquements viennent perturber ce calme reposant. Le garçon s’endort avec des rêves bizarres dans la tête.
Une bonne odeur de café se répand dans le couloir qui jouxte la cuisine. Le dormeur s’étire, se lève, prend une douche et après s’être vêtu, il se dirige vers ces effluves attirants. Dans sa cuisine la femme est alerte. Elle vaque à ses occupations, semblant aérienne, légère. Sur la table, enfin un simple prolongement à angle droit du dernier meuble bas des éléments qui la composent, deux bols, une brioche, un beurrier, des pots de confiture. Gaétan s’attarde, immobile dans l’embrasure de la porte de communication ouverte.
Soudain, un sursaut lui fait savoir qu’elle vient de se rendre compte de sa présence. Immédiatement, il remarque certains détails qui la rendent différente de la veille au soir. Sa coiffure en premier lieu. Puis sa façon d’être vêtue également. De quoi laisser perplexe ce jeune homme, invité impromptu.
— Tu as faim ? Le café est prêt. À défaut de pain frais, j’ai de la brioche… elle est toujours faite « maison ».
Le garçon saisit le tutoiement qu’elle adopte. Puis ses cheveux noués en un chignon presque parfait, elle porte une robe qui lui colle à la peau. Son visage, maquillé de manière très simple, c’est un rayon de soleil dans le ciel de ce jeune qui ne dit pas un mot.
— J’espère que tu as bien dormi ? Qu’est-ce que tu aimerais faire aujourd’hui ? Tu m’as manqué, tu le sais ?—… Maryse… — Oui ? Il fait un grand soleil, tu aimerais que nous allions marcher ? La forêt est belle en ce moment. Assieds-toi que nous en discutions.—… mais… je ne suis pas…— Oui. Tu es en vacances, je le sais bien ! Mais j’ai besoin de vivre un peu, de te savoir heureux. Alors, raconte-moi… je veux tout savoir, tout sur ton projet avec ton ami. Ne sois pas surpris, je sais bien que tu vas repartir… bientôt. Profitons de ces plages qui n’appartiennent qu’à nous.— Maryse… à qui donc vous adressez-vous ?— Mais à toi, voyons… nous ne sommes que tous les deux dans la maison !—…
Lui n’ose plus poser la question qui lui brule les lèvres. Sait-elle qui il est ? Le prend-elle pour son fils de retour ou bien veut-elle tout bêtement ne rien montrer de son chagrin en dialoguant avec le meilleur ami de Mathis ? Elle lui fait griller une large tartine qu’elle beurre généreusement. Dans ses prunelles, des étoiles ont l’air de danser. Le sourire qu’elle arbore n’est pas vraiment celui de la veille. Elle est radieuse. Le doute n’en est que plus prononcé.
— Alors ? L’appel des grands bois ne te tente pas vraiment ?— Si, mais...— Qu’est-ce qu’il y a ? Tu es libre de dire non si ça ne te plait pas. Alors, ne sois pas aussi indécis.— D’accord… pour une promenade donc.
Le visage s’illumine d’un autre sourire, large, heureux. Gaétan reste sur l’expectative. À qui Maryse parle-t-elle ? À lui ou à cet absent qui lui manque ? Pas moyen de le savoir, lui demander serait peut-être la renvoyer vers son enfer. Hésitant, il abonde dans son sens. Mince alors… chez lui c’est la guerre entre son père et sa mère et ici, il risque bien de se retrouver dans une situation inconfortable. De plus… malgré sa quarantaine plus que vraisemblable, elle est d’une beauté à couper le souffle.
Elle bouge en mangeant et sa poitrine flirte avec le tablier de bois où sont posés les ingrédients qu’ils dégustent. Drôle comme le regard masculin s’accroche aux formes souples qui tressautent lorsqu’elle remue le haut de son corps. Porte-t-elle un soutien-gorge ? Merde ! Une pareille question ne devrait jamais effleurer l’esprit d’un invité. Pourtant c’est une femme, lui un homme et mon Dieu, que c’est compliqué.
Il songe à filer à l’anglaise. Ça non plus ne devrait pas seulement être envisagé. Pourquoi n’a-t-il pas le simple courage d’affronter avec elle ses vieux démons ? Mathis… Mathis, lorsque celui-ci parlait de sa mère, jamais il n’avait avancé des arguments pareils. Ça tourne et roule dans la cervelle du jeune homme. Il se remet en mémoire les paroles passées. Bien sûr que son ami ne parlait pas de sa maman autrement que dans des termes d’amour… filial. Mais lui, Gaétan… il n’est pas du sang de celle qui est là !
Chacun des mouvements de cette femme l’oblige à baisser les yeux. Mais comment résister à cette croupe qui danse devant l’évier ? Comment ne pas caresser du regard ce corps qu’elle ne masque par aucun artifice ? Le jeune homme voit poindre la fin d’un petit-déjeuner aussi cauchemardesque que paradisiaque. Sentiment mitigé que celui d’imaginer une promenade dans un lieu isolé avec cette… mère attentive et prévenante. Ça lui rappelle que la sienne n’est pas de ce style-là ! Maryse revient à la charge.
— On part avec le pique-nique ? Ça te dirait un déjeuner sur l’herbe ?—… ! Ben… on fait comme vous voulez ! Je ne suis que votre invité.— Arrête, veux-tu ! Tu sais bien que le plaisir d’être ensemble prime sur tout le reste. Et je me sens heureuse. Regarde, il fait beau, le ciel est sans nuages. Profitons de ce qui nous est offert, tu ne crois pas ?—…
Drôles de paroles qui jaillissent de cette bouche légèrement rougie par un gloss brillant. Il y a dans ses traits et sur son visage un rayonnement intense. Cette femme n’a plus rien de commun avec celle qui l’a reçu lors de sa première visite. Il ne s’en sent pas plus rassuré pour autant. Elle est là qui va, vient, sautille avec grâce. Une aisance qui donne faim de bien d’autres choses que de nourriture alimentaire. Pourquoi dans sa foutue caboche de mâle, l’idée de la toucher s’imprime-t-elle avec une telle insistance ?
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La longue trace où se mêlent humus, herbe fraiche et ornières traverse les grands chênes et les hêtres. Ici tout chante et nombreux sont les oiseaux qui filent à l’approche des deux visiteurs. Ils marchent sur ce paisible sentier et la femme s’arrête de temps à autre pour admirer, Dieu seul sait quoi. Au détour d’une boucle dont s’orne le chemin, un bruit la fait sursauter. Sans doute un écureuil ou un animal quelconque fuyant devant ces intrus.
— Tu as entendu ? Qu’est-ce que ça peut bien être ?—… une bestiole que nous aurons dérangée !— Oui ? Tu as sans doute raison. J’aime le bois en cette saison. Ça sent bon. Mais tu ne dis plus rien… tu es déçu de te retrouver ici en ma compagnie ?— Non… pourquoi dites-vous cela ? J’apprécie également ces vastes espaces et le bruit du vent dans les branches.— Tu te souviens lorsque nous venions ici en sortant de chez grand-mère ?—… je crois que vous me prenez pour…— Enfin ! Bon sang, je ne veux que te savoir près de moi, te garder encore un moment. Que le temps qui me coule entre les doigts ne me vole pas ton visage, tes traits. Je te veux avec ta main dans la mienne, comme au temps des jours heureux. Tu peux comprendre cela ? Je veux être pour toujours… une maman, ta maman peut-être.—… Maryse, je ne suis pas…— Je sais bien ce que tu n’es pas, mais je sais aussi ce que tu peux être… alors pour l’amour du ciel, ne parle plus. Donne-moi juste ta main pour ce bout de chemin qui mène à la ville, à la vie.—… !
Sans se préoccuper de ce qu’il pense, la brune saisit sa patte dans la sienne et ils avancent sur la sente aux parfums boisés. De nouveau, elle marque une courte pause, s’assied sur un tronc d’arbre mort et d’un geste maternel, elle lui caresse la joue.
— Tu as de la barbe maintenant ! J’en oubliais que tu as tellement grandi. Tu es un homme… mon homme. Enfin, le seul qui compte dans mon existence. Alors grand méchant, tu ne me laisses plus aussi longtemps sans nouvelles.—… Maryse ! Je ne suis pas votre fils.— Bien sûr… rentrons, j’ai besoin de me reposer. Oui ! Tu m’as trop manqué.
Le parcours prend fin avec le retour à la voiture. En silence, ils rentrent vers sa maison et lui se demande de plus en plus s’il doit rester ou prendre ses jambes à son cou. Il sait qu’elle est dans sa folie ordinaire, que dans son cerveau un fusible a cessé de jouer son rôle. Comment la faire revenir à la raison ? Comment l’abandonner aussi à son sort ? Il se sent en partie responsable de cet état dans lequel elle plonge de plus en plus vite. Sa conscience lui ordonne de ne pas la laisser.
Ils dinent de nouveau dans un face à face éprouvant. Elle ne fait plus la différence entre l’ami et le fils. Il est tantôt l’un, puis l’autre. C’est ainsi que la soirée traine en longueur et que le garçon ne sait plus comment se sortir de ce carcan qui l’oppresse. Cruel dilemme qui le surprend, le broie également. Elle semble cependant très détendue, souriante, arborant un air doux et joyeux. Mais ce n’est qu’une façade qui masque le malaise profond.
— Tu regardes le film avec moi ?—… Je crois que je vais aller me coucher. Notre promenade m’a vanné…— Après tout, je crois que c’est toi qui es dans le vrai. Je vais prendre une douche et me coucher. Une bonne nuit de sommeil et demain, tout sera… plus détendu. — Bonne nuit alors, Maryse !— Tu ne m’embrasses pas avant d’aller dormir ? Ce n’est pas bien ça !— Ah ! Oui, si, si !
Gaétan se retourne. Elle est debout à deux pas. Il avance son visage et ses joues sont d’une douceur sans égale. Ce n’est pas permis de rêver de cela. C’est déjà la tromper que de lui laisser croire qu’il est Mathis… mais impossible de lui sortir de la caboche ce fils qui la déboussole. Merde. Cette peau lui donne des pensées impures. Il se sent attiré par cette femme qui promène sous son nez des appâts… tentants. Vite ! Quitter ce salon, rentrer dans sa piaule et fermer les yeux, il ne voit que cette solution.
— Bonne nuit mon chéri. Fais de beaux rêves !—…
Mince alors ! Des songes, il en a plein la tête, mais pas sûr qu’elle apprécierait les images qui défilent sous sa tignasse. Il s’enfuit presque pour éviter de montrer son trouble. Mais dans la chambre, c’est encore pire. Cette fois son imagination se met en route. Elle est là avec son joli minois, et il la rêve tout éveillée. Sous la douche, elle a bien dit « la douche » ? Non ! Il ne peut, ne doit pas même y réfléchir… ce n’est pas normal, pas raisonnable.
Dans ce couloir qui va au salon, il y a bien la chambre de Maryse. La salle de bain est en face et elle y est puisqu’il entend le bruit des robinets qui coulent. Les pieds nus sur le carrelage frais de ce corridor, le voici qui s’avance vers cette porte fascinante. Elle est fermée, mais le trou de la serrure l’invite fiévreusement. Il se courbe et son œil plonge vers la lumière de l’endroit interdit. D’abord, il n’y a rien à voir. Puis au bout de longues minutes de patience, la forme nue sort de la cabine.
Maryse est à poils. Les quinquets du jeune homme accrochent alors deux pamplemousses haut perchés. Puis ils glissent sur un ventre légèrement bombé et atterrissent sur une toison rappelant furieusement sa chevelure. Sans conteste, une véritable brune qui s’essuie en fredonnant. Gaétan se trouve d’un coup bien moche. C’est triste d’en arriver là ! Cette dame pourrait être sa mère, et elle est la maman de son meilleur ami. Désolant de se savoir voyeur qui reluque en douce cette hôtesse dévouée.
Alors, il se fait violence, et réintègre la chambre d’ami. Mais le mal est fait. Il bande pour ces formes aperçues à travers un œilleton improvisé et c’est bien simplement la femme avec un « F » majuscule qui trottine dans son esprit une bonne partie de la soirée. Pour s’endormir, il n’a d’autre choix que de se soulager avec des images inimaginables de ce corps qui se baladent dans une autre pièce, pas très loin de là. Un vrai calvaire, et ça ne facilite pas les choses. Finalement, son kleenex reçoit l’offrande de son vit chauffé à blanc. Enfin le sommeil arrive.
Douze juin
Réveil douloureux pour Gaétan qui d’emblée se retrouve immergé dans ses visions nocturnes. Dans sa cuisine, son hôtesse, toujours guillerette n’est pas sortie de ses brumes familiales. De suite, elle sourit à l’arrivée du garçon pour lequel elle a préparé un autre petit-déjeuner. Mais lui garde malgré les vêtements qu’elle porte, les images de deux seins bien ronds et surtout de ce buisson aguicheur. Pas moyen d’en extirper le souvenir. Tout est là qui revient derrière son front et il doit ne rien laisser paraitre.
Le miel qui coule de sa tartine à sa gorge lui offre une diversion bienvenue. Bien entendu qu’elle ne sait pas ce qu’il a aperçu. Du reste quelles seraient ses réactions ? Serait-elle offusquée ? En colère ? Il ne cherche pas à minimiser ses responsabilités et sait qu’il est fautif. Loin pourtant de l’éloigner d’elle, cette culpabilité engendre un désir plus trouble. Malsain serait plus juste et il en a parfaitement conscience en avalant goulument sa bouchée de bonheur beurrée et emmiellée. De plus, il scrute chaque mouvement de son chemisier, prélude à un petit paradis.
— Tu sais, j’ai adoré notre forêt. Je t’ai revu courir dans les feuilles, cueillir des mures ou des chanterelles… c’est si bon ce retour aux sources, mon chéri.— Maryse… je ne suis pas et ne serai jamais Mathis ! Je suis juste son ami… Gaétan, rien de plus.— Je ne comprends rien à ce que tu me racontes. Pourquoi cherches-tu à me faire mal ? J’ai été trop longtemps privée de ta présence, mon chéri… laisse-moi digérer ce petit bonheur de t’avoir rien qu’à moi pour ces quelques jours de vacances.—… mais !
La petite main de Maryse est venue clore un débat qui s’annonce compliqué. Sur la bouche du jeune homme, elle le fait taire sans violence. Cette fois, à n’en plus douter, elle est dans son monde. Un univers parallèle dont Gaétan ne détient pas les clés. Il en est un des acteurs, mais il lui semble impossible de la faire revenir dans la vie quotidienne. En éprouve-t-il le besoin en plus ? Pas si sûr que cet intermède lui soit si déplaisant. Se laisser vivre, dorloter a du bon et pourquoi tenter l’impossible ?
Autant qu’elle soit heureuse si finalement ça lui fait du bien, ça ne saurait lui faire du mal à lui. Donc, il prend son parti de continuer le jeu. Ne plus essayer de la détromper et voir ce qu’il adviendra. Et c’est donc ainsi que la matinée se déroule pour ces deux êtres qui vivent en vase clos. Une histoire hors du commun pour ce jeune qui se berce d’illusions en procurant à cette belle dame des rêves dont elle sortira bien quand elle le voudra. Et c’est tellement… merveilleux de sentir une main qui lui lisse la joue ou ébouriffe ses cheveux.
Ça devient vite plus qu’un jeu et il y va de sa petite folie. Lui aussi se grise de cette ambiance bizarre, étrange et pas très saine en fin de compte. Ils passent ensemble une bonne moitié de l’après-midi sur le canapé. Elle assise et le garçon avec sa tête sur ses genoux. Son souffle qui court sur son visage alors qu’elle se plie en deux pour l’embrasser, ça lui donne de nouveau des sensations démesurées. Et elle caresse son torse sur sa chemise, un câlin tout maternel qu’il apprécie au plus haut point.
Une ombre au tableau… son envie toute masculine se traduit par… une érection monumentale. Et pas facile de camoufler la déformation de sa braguette. Nul doute qu’elle sait, qu’elle voit qu’il bande. Si évidemment cette situation le gêne, le dérange un peu, elle ne lui en apporte que plus de piquant. Il se révèle d’un coup bien plus pervers qu’il ne veut le dire. Inimaginable d’avoir envie de la mère de son meilleur pote. Et la situation est très ambigüe, bien que les caresses soient excessivement agréables.
Le repas du soir succède à ces papouilles qu’elle a jugé légitimes et que lui a reçues avec ferveur. Elle n’a pas dépassé dans ses attouchements la limite symbolique du tissu. Et la soirée qui se prépare dans le salon n’a rien de plus charnel, il va de soi. Gaétan espère-t-il un peu plus ? Elle ne songe qu’à ce fils que son cerveau malade lui fait entrevoir pour une courte durée. Concilier amour filial et amour physique tout court ne quitte cependant pas la caboche du jeune homme.
Lui n’a pas d’attache particulière avec celle qui pour lui, représente la féminité à l’état pur. Ses genoux sont bienfaisants pour sa tête et il s’y love avec délectation. Aux mêmes causes, les mêmes effets et il est certain que pour la seconde fois de la journée, il bande pour elle. À moins que ce ne soit par elle, plus exactement. C’est pourtant elle qui met un terme à ces chatouilles qui lui donnent chaud.
— Mon chéri, je vais prendre ma douche et me mettre en robe de chambre. Je vais revenir… tu ne vas pas aller te coucher tout de suite ?— Non ! Je vous attends… Vous allez revenir au salon ?— Oui, j’ai envie d’être le plus longtemps possible près de toi. Regarde la télé… je reviens vite mon cœur.
Il n’y a pas grand-chose à ajouter à cette remarque. Il se redresse et la voit quitter les lieux. Mais loin de calmer les ardeurs du jeune homme, il l’imagine nue et ça ne fait que redoubler son désir d’elle. Jamais il n’aurait pu penser qu’un jour, il ait des idées pareilles au fond du crâne. Mais c’est vrai que cette femme… c’est un appel au sexe. Tous ses désirs refoulés remontent en surface et le pire, c’est que l’obscur objet de son érection n’est qu’à quelques mètres, juste séparés du salon que par quelques minces cloisons.
Alors ? Pourquoi lutter contre ce qui est naturel chez ce jeune ? Il attend plusieurs minutes, puis sans bruit, se dirige vers son poste de guet improvisé. Mais cette fois, elle n’a pas tiré sa porte et par l’entrebâillement il peut deviner la forme rose qui se frictionne sous le jet d’eau. Pourquoi fait-il ce pas qu’il juge de trop ? Pour l’heure, elle lui tourne le dos. Mais si elle fait volte-face ? Que va-t-il se passer ? Gaétan n’a plus la capacité de raisonner logiquement et il reste planté là à trois mètres d’un spectacle vivant.
Les mains dansent sur le corps de la naïade qui se frotte à l’aide d’un gant. Celui-ci, enduit d’un gel odorant la couvre de mousse. Et cette pellicule faite de milliers de bulles la rend encore plus… attirante. Enfin, elle s’ébroue puis se rince sous l’œil attentif du gaillard qui ne peut s’empêcher de saliver. Il ne fait que deviner le devant de la scène, puisqu’elle lui tourne le dos. Mais… comme la veille il a déjà aperçu l’ensemble de ce côté face… il serre les poings en se mordant les lèvres.
Cette femme, il la voudrait pour de bon. Il pressent combien ce doit être terrible de faire l’amour à une beauté telle que celle-là ! Mais encore faut-il oser faire ce pas qui pourrait bien l’entrainer dans une succession d’ennuis et créer un vrai malaise. Il se retire avant qu’elle ne ferme l’eau et c’est du couloir qu’il entend la paroi de verre de la cabine s’ouvrir. Il file vers le salon. L’a-t-elle vu ? Sait-elle qu’il l’a épiée alors qu’elle se lavait ? Et c’est bien en ces instants-là qu’il se traite de sale type et de voyeur.
Les remords n’engendrent pas forcément de regrets. Les pas feutrés de pieds nus sur le sol, lui rappellent qu’elle revient.
— Je n’ai pas été trop longue ? Je suis heureuse que tu ne sois pas encore endormi. Qu’est-ce que tu nous as dégoté comme film ?—… oh ! Je ne sais pas trop. Je vais bientôt filer au lit.— Déjà ? Tu n’es donc pas bien avec ta vieille maman ?—… Maryse…— J’adore ta voix lorsque tu prononces mon prénom. Mon amour… tu veux bien me faire plaisir… et veiller un peu avec moi ?— Ben…— Cette fois c’est moi qui pose ma tête là ! D’accord ? J’ai besoin de te sentir proche de moi et mon Dieu, comme c’est bon d’être ensemble.—…
Elle n’a pas attendu et sa nuque est plaquée sur les cuisses du garçon assis. Les paupières closes, elle garde son énigmatique risette qui lui donne un air facétieux.
— Comme c’est agréable de pouvoir se reposer sur son grand garçon…— Maryse… bon sang… comment vous le dire ? Je ne suis pas…— Tais-toi ! Ne dis plus rien. Donne-moi ta main.
Sans faire de mouvements inconsidérés, elle lève délicatement son bras. De ses doigts délicats, en tâtonnant dans le vide, elle attrape ceux de Gaétan, les tirant vers sa figure. Pas moyen d’échapper à cette quête de câlins. À quoi bon résister ? C’est un combat perdu d’avance. Les rôles sont inversés. Il effleure maintenant ces joues qui sont veloutées à souhait. Les premiers frissons lui parcourent l’échine en suivant les pentes gracieuses d’une aile de nez ou d’un lobe d’oreille.
De fil en aiguille, les pattes s’enhardissent, passent et repassent sur des chemins de traverse aux dessins si tendrement prononcés. Maryse ne bronche absolument plus, statue de marbre que des mains câlinent allégrement. Sous la robe de chambre dont l’encolure ne masque plus tout à fait la nuisette, Gaétan devine deux masses qui montent et descendent au rythme d’une respiration bien dosé. Pas de soupir, pas de crainte, elle est en confiance. Oser davantage au risque de tout briser ? Ne pas tenter et se sentir envahi par les regrets ? Cruelle joute qui se noue en cet instant.
Choisir entre ces deux options aussi éloignées l’une de l’autre n’est guère aisé. Ne sent-elle pas que son sexe est de nouveau enflé ? Pourtant sous sa nuque, elle devrait se rendre compte qu’il bande. Alors pourquoi ne réagit-elle absolument pas ? Un fils ne devrait jamais avoir de tel choix à faire… et il sourit soudain à sa réflexion saugrenue. Elle n’est pas, ne sera jamais sa maman à lui. Qu’elle le prenne pour son fils le rend-il coupable d’inceste ? Incroyablement complexe comme situation à vivre, pour un jeune dans la force de l’âge !
Il n’a donc que la fuite en avant pour se sortir de ce pétrin. Et c’est bien par une pirouette qu’il s’en dépêtre encore.
— Bon… Maryse, je crois qu’il est l’heure d’aller me coucher !— Oh déjà, mon chéri ? Enfin, fait comme tu veux. J’y vais aussi… mais j’ai vraiment apprécié cette belle journée rien qu’à nous deux. — Bonne nuit Maryse.— Attends ! Mon bisou, s’il te plait !
Deux bouches se bécotent la joue simultanément. Et n’est ce qu’une impression ou les commissures des lèvres étaient-elles à ce point si proches que la tentation d’y adjoindre la langue s’est fait trop présente chez le jeune homme ? Il ne résiste que par un sursaut de conscience. Le bien, le mal, si ancrés dans sa mémoire lui permettent de sursoir à l’exécution de cette manœuvre imbécile. L’honneur est sauf ! Mais pour combien de temps ?
— Bonne nuit mon cœur !— À vous également… faites de beaux rêves.
Nouvelle nuit plutôt agitée pour le gars qui dort dans la chambre d’ami. Il faut dire que cette fée qui le garde sous son toit a de quoi lui remuer le sang. Et comme c’est toujours dans les terminaisons des membres qu’il se rassemble et bien, il a dû se masturber pour parvenir à retrouver paix et sérénité. Il n’a pas été bien long à souffler sur la bougie ou plus exactement à branler la chandelle pour que le feu qui couve en lui s’apaise.
À suivre…
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