C’est le grand jour. Ce soir, nous embarquons. Le bateau de croisière nous attend au port.Ma valise est pliée, Johannah, ma meilleure amie, viendra me chercher d’ici quelques minutes. Ce soir, nous partons pour une croisière de deux mois dans les îles caraïbes. Voyage offert par mon futur époux afin de fêter dignement mon enterrement de jeune fille.Née d’une famille "à l’ancienne", j’ai toujours respecté les bonnes mœurs et les traditions. Je n’ai jamais bu ni fumé. Je ne me suis jamais droguée. Je ne me suis même jamais présentée en soirée autre que les soirées mondaines organisées par des amis de la famille. Je n’ai jamais embrassé personne. Je suis toujours vierge à 20 ans et j’ai accepté de me marier avec la personne que mes parents ont choisie. En effet, Frédéric était très aisé. C’est pour cela que mes parents ont décidé de me marier à lui. Ils pensent qu’il s’agit d’un bon parti et qu’il me traitera comme une reine. Seulement, il est vieux, au moins l’âge d’être mon père. Si ce n’est plus. Il est gras et repoussant. Ses cheveux sont sales et il pue la transpiration à des kilomètres. Bien que je comprenne le respect des traditions, je ne comprends pas comment mes parents peuvent oser me forcer à vivre avec une personne aussi ignoble. Quelqu’un toque à la porte. Avant que je ne puisse ouvrir ou bien répondre, une furie se jette sur moi et me serre dans ses bras. — Margaux ! Je suis contente de te voir ! — Oh... Moi aussi mais tu m’étouffes, doucement ! Johannah faisait partie de ces personnes qui me redonnaient un peu d’air frais dans cette situation difficile. Elle venait d’une famille modeste et très moderne. Le contraire de la mienne. Mes parents pensent qu’elle a une mauvaise influence sur moi. Après tout, Joe était une fille actuelle. Elle porte des vêtements moulants laissant apparaître ses attributs féminins. Elle couchait régulièrement avec beaucoup de garçons. Elle fumait, buvait et mangeait même des "gâteaux de l’espace" comme elle les appelle. Après maintes et maintes négociations, ils ont enfin accepté que ce soit elle qui m’accompagne lors de mon enterrement de vie de jeune fille. Mais avec la condition que quelqu’un soit là pour nous surveiller. Davis. L’homme à tout faire de mon père. Une personne froide, fermée, qui fait toujours la tête et n’a aucune joie de vivre. Autant dire que ce voyage s’annonce génialissime. — Allez Margaux, dépêche ! On va être en retard ! Monsieur connard nous attends dans la voiture. Ne traine pas, me laisse pas toute seule avec cette porte de prison ! "Monsieur Connard", c’était le surnom affectueux de Davis... Ou pas. J’attrape ma valise, claque ma porte et me rue sur le palier. Cet endroit m’étouffe. J’ai besoin de nouveau. Il n’y a pas une minute à perdre !
Quelques heures plus tard Là, en bas, les piétons nous saluent tandis que le bateau quitte le port. On se croirait dans un film. Le vent souffle dans mes cheveux. J’inhale l’air iodé qui remplit mes poumons. Peut-être que ce voyage me permettra de voir les choses différemment et aborder mon futur avec plus d’envie.Il se fait déjà bien tard. La nuit est noire, sans lune. Il n’y a pas grand-chose d’intéressant à voir et je suis épuisée. Je souhaite la bonne nuit à Johannah et Davis et me retire dans le couloir menant aux chambres. Je dois maintenant trouver la chambre 271.
— 269,270,272... Rah elle est où cette maudite chambre ? Je me retourne brutalement *BANG*Je tombe au sol. Ma tête me brûle. Je vois des étoiles passer devant mes yeux. — Mince, excusez-moi mademoiselle ! Je ne vous avais pas vu ! Tout va bien ? Je relève la tête et croise un regard bleu azur. Il était grand, beau, musclé. Sa voix était si douce, si profonde. Ses cheveux semblent si soyeux et agréables au toucher. "Non, ne craque pas. Tu vas te marier enfin ! Quelle sotte !" — Pas grave. Ça va. Merci. Je lui ai répondu d’un ton sec. Presque méprisant. Je lui en veux d’être aussi attirant. Aussi beau. Merde alors. Pourquoi je ressens des fourmillements dans mon bas ventre ? C’est donc ça les fameux papillons de l’amour que je peux lire dans les romans ? — Vous avez besoin d’aide ?— Savez-vous où se trouve la chambre 271 ? Je ne la vois pas ici... Pourtant la 270 est à droite et la 272 juste à côté mais je ne trouve pas cette maudite porte 271. Il sourit. — Elle doit être de l’autre côté du navire. Dans la partie luxe des voyageurs. Je vous y accompagne si vous le souhaitez ?— Merci. Le jeune homme m’accompagne donc à quelques mètres de là. En effet, la partie luxe de ce bateau de croisière n’a rien à voir avec les autres. Tout est plus grand, plus doré, plus luxueux. Je me sens presque oppressée parmi tant de fioritures. La porte de la chambre 271 est bien là. Je presse ma main sur la poignée et me retourne vers lui. — Merci Monsieur.— Avec plaisir. J’espère que l’on se reverra. Vous êtes une personne charmante. Un grand sourire ravageur transperce son visage puis il tourne les talons et repart. Sans dire un mot de plus. Me laissant toute seule, agrippée à ma poignée de porte afin d’avoir un tant soit peu l’impression de rester sur la terre ferme et garder une certaine contenance. Quelle beauté. Je rentre dans ma chambre sans en allumer la lumière. Mes valises sont déjà là. Je n’ai pas envie de déballer mes affaires maintenant. Je veux juste dormir et oublier cette longue journée. Et cette magnifique créature. Je dois me concentrer sur mon mariage. Et uniquement sur celui-ci.
