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L'histoire de Muriel

Chapitre 7

Lesbienne
— Bonjour Messieurs. Qu’y-a-t-il ?— Nous sommes bien chez Monsieur et Madame Harasse ?— Oui.— Vous êtes sa fille ? Pouvons-nous voir votre père ?
Cela se confirme. C’est bien Papa qui est en cause.
— Papa est à l’étranger.
Les deux agents se regardent, ils ont l’air embarrassés.
— Vous savez quand il reviendra ?— Non pas du tout.— Ah c’est embêtant !— Maman ne devrait plus tarder, si vous voulez attendre.— Non, Mademoiselle, je pense qu’elle ne rentrera pas, finit par dire un des deux agents.— Comment çà ? Que voulez-vous dire ?— Il lui est arrivé un accident de circulation.
Je sens la terre basculer sous moi. Ma tête semble se vider.
Je reprends connaissance quelques minutes plus tard, allongée sur le lit de Maman. En voyant les deux agents, je me rappelle l’atroce vérité et j’éclate en sanglots.
— Non ! Maman ! Ma petite Maman !
Je pleure pendant plusieurs minutes avant de me retourner vers les agents.
— Que s’est-il passé ?— Elle a brusquement traversé en dehors des clous et a été fauchée par un autobus. Nous sommes désolés— C’est horrible ! Où est-elle ?— À l’Institut Médico-légal. Il faudrait nous y accompagner, si vous vous en sentez la force. Pour la reconnaître formellement et prendre en charge ses effets personnels.— Je vous suis.— Nous sommes en voiture et vous ramènerons à votre domicile ensuite.— C’est gentil, merci.
Je monte à l’arrière de la Dauphine noire et blanche. Des vagues me sanglots me montent à la gorge tout au long du trajet.
Arrivés à l’institut, un des agents et moi entrons dans le bâtiment de briques rouges. L’agent se dirige vers le bureau d’accueil et indique l’identité de ma mère. Un jeun homme en blouse blanche nous conduit aux travers de couloirs lugubres vers une petit salle où il nous demande de patienter.
Il revient au bout de quelques minutes avec un chariot recouvert d’un drap blanc. Il soulève le haut du drap.
— C’est bien votre mère ?
Je reconnais le visage de ma mère qui porte de nombreuses tuméfactions. J’éclate en sanglots. Il me faut m’asseoir sous le coup de l’émotion.
Au bout de quelques minutes, je finis par me calmer un peu.
— Vous ne pouvez pas rester toute seule ce soir. Vous avez de la famille dans le coin.— Ma Tante, la sœur de ma mère, il faudrait que je la prévienne.— Où habite-t-elle ?— à Bures-sur-Yvette. Je dois avoir encore sa carte de visite dans ma poche. Oui, la voilà.— il vaut mieux que ce soit moi qui la prévienne. Docteur, vous avez un téléphone quelque part ?— Oui, vous pouvez venir dans mon bureau. Mais laissez-moi d’abord remettre le corps en place.
Je reste seule dans la pièce pendant une demi-heure et je commence à m’inquiéter. Ne m’a-t-on oubliée ?
Finalement, l’agent revient.
— J’ai eu votre Tante, Mademoiselle. Je lui ai annoncé la triste nouvelle et cela semble l’avoir fortement affectée. Je lui ai proposé que nous vous emmenions chez elle, au moins pour la nuit. Vous serez plus tranquille. Nous ferons juste un crochet par votre appartement afin que vous puissiez prendre quelques affaires. A propos, le médecin légiste a rassemblé dans ce carton les effets personnels de votre mère au moment de l’accident.
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