L’idée me vient de rechercher dans les noms propres. Adam ? Manque de pot, il est vêtu d’une peau de bête ! Éros ? Non, pas d’image ! Zut alors ! J’aimerais bien voir à quoi cela ressemble ! Je reviens en arrière de quelques pages... Ah, ça y est ! J’en vois une ! Une photo du David de Michel-Ange. Mais comme elle est petite, sagement assise sur les testicules, qui quant à elles semblent assez imposantes ! Immédiatement, l’image me fait de l’effet ! Je sens que je mouille ma chaise. Je me mords les lèvres de désir devant ce corps d’éphèbe ! Tant d’harmonie. Seul le sexe de la statue me déçoit un peu ! Je l’espérais nettement plus grand. Est-ce que l’érection augmente-t-elle vraiment la taille de la verge ? Revenons vers le dictionnaire des noms communs. Érection : Mise en place d’un monument – Mise en place d’une institution – État de turgescence de l’organe sexuel mâle. Bon, je reste sur ma faim quant à savoir quelle taille cela peut atteindre ! Je regarde distraitement l’heure : deux heures du matin ! Bon sang ! Je vais être dans quel état demain matin ? Je range rapidement mes affaires, j’éteins la lumière et je me glisse silencieusement dans la chambre. Lima ne bouge pas et semble être confortablement installée dans les bras de Morphée. Je me couche à côté d’elle sans qu’elle ne réagisse. Je n’ose me blottir contre elle et je reste couchée sur le dos pendant plusieurs minutes à ressasser les événements de ces derniers jours. Je n’étais pas une petite fille modèle, soit. Mais je n’avais jamais eu d’expérience sexuelle autre que mes propres caresses. Et voilà qu’en quelques heures, tout a basculé. J’ai multiplié les rapports sexuels avec des jeunes femmes. Je sens que quelque chose s’est créé avec mon amie Catherine. Je me trouve des complicités avec une inconnue dans le métro, puis avec ma voisine. Et maintenant, je me trouble à l’idée d’une verge en érection ! Où est-ce que cela s’arrêtera ? Je repense à la proposition de ma tante Christine d’arranger la perte de mon pucelage. Cela me paraît insensé qu’elle ait pu me proposer une pareille chose ! Mais j’en ai terriblement envie également ! Quand cela se passera-t-il ? Je porte ma main à ma vulve et je touche délicatement mon hymen. Effectivement, cela doit faire mal de déchirer ce lambeau de chair ! Mais une fois déchiré, il me permettra sans doute de découvrir d’autres sensations. Je me tourne pour tenter de chasser toutes mes idées et me laisser gagner par le sommeil. Le tic-tac du réveil matin s’obstine pourtant à me tenir éveillée. Les aiguilles lumineuses affichent bientôt trois heures du matin. Je pense que je vais finir par passer une nuit blanche. Blanche comme le marbre de la statue de David auquel je repense. C’est drôle ! Cette statue a été érigée mais elle n’est pas en érection ! David semble maintenant sourire à ce jeu de mots. Qu’il est beau ainsi ! Michel-Ange avait-il un modèle vivant quand il a sculpté ce chef-d’œuvre ? La statue s’avance vers moi désormais. Le corps de David grandit devant moi mais son sexe reste petit sur les bourses qui ballottent en fonction de la marche de la statue. Il penche la tête vers moi en me souriant et sa main vient se poser sur ma tête. Je lui souris à mon tour puis mon regard se porte à nouveau vers son bas ventre, vers ce petit rouleau de chair. Qu’il est mignon. J’avance ma main et je vais le toucher. Je le touche ! Et le signal d’alarme retentit alors ! Qu’ai-je fait ? J’ai bravé l’interdit en touchant le pénis de la statue ? — Oh Muriel, tu peux arrêter ?— Je n’ai rien fait ! Je ne le toucherai plus !— Arrête-le donc, ce satané réveil ! Réveil ? Réveil ! Je me dresse en sursaut dans le lit, effarée, en sueur ! Après quelques secondes, j’émerge, j’éteins brutalement le réveil qui continuait à émettre sa sonnerie stridente. Je me tourne enfin pour m’asseoir sur le lit. Je prends ma tête à deux main. Les bribes de mon rêve s’estompent déjà mais j’en garde quelques images fortes en tête et la moiteur de mon sexe rappelle son érotisme prononcé. Je soupire et me lève enfin. J’ai la tête bien embrumée ce matin ! Les restes du Pisco Sour ? Je me rappelle Renée. Est-elle à sa fenêtre ? J’ouvre les volets et je la voie en face. Ce matin elle est nue, elle aussi. Elle m’adresse un baiser puis porte sa main droite à son sexe alors que sa main gauche se place sur sa poitrine. Je la vois se caresser pour moi, m’offrir son plaisir qui croit sous ses doigts. Je vois son joli corps se cambrer et je commence à me caresser également pour elle. Elle ralentit son rythme. Elle semble m’attendre dans sa montée au Paradis. Je suis avec elle. Nos images, d’une fenêtre à l’autre, nous permettent de nous unir dans la recherche du plaisir charnel. Je respire de plus en plus fort et je crois entendre que sa respiration est synchronisée avec la mienne. Mon Dieu, que c’est bon ! Mon sexe semble se liquéfier sous mes doigts. Je pince un de mes tétons. Je me mords les lèvres. Je vois soudain le rictus de Renée, indiquant l’éclatement du plaisir en son corps. Je la rejoins rapidement. Nous restons ainsi en face l’une de l’autre, nues et tremblantes, jambes écartées, pendant quelques dizaines de secondes. Elle retire la main de son sexe, lèche ses doigts puis souffle en ma direction comme pour me transmettre le fruit de sa jouissance. Je lui envoie des baisers de mes doigts couverts de ma propre cyprine. Je me détourne enfin de la fenêtre et me dirige vers la cuisinière pour commencer à préparer le petit déjeuner. Je fais chauffer le four pour tenter de réchauffer un peu de pain de la veille.