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Hugo, son dernier vol

Chapitre unique

Divers
Hugo aéro-postier mon dernier vol, avant ma disparition fatale.
Moi c’est Hugo, je suis aéro-postier sur Bordeaux, nous sommes le 14 mai 1965, j’ai trente-cinq ans, je fréquente Annie âgée de vingt-cinq ans (elle est au tri postal depuis deux ans). Quand j’ai vu cette jolie rousse, j’ai su que c’était la femme de ma vie, mais je ne lui ai pas encore déclaré ma flamme, sans doute suis-je trop timide. Cela fait presque dix ans que je livre le courrier par les airs, nous sommes encore peu nombreux dans cette profession. Il est vrai que nos avions (ou coucous comme l’on dit dans notre jargon) ne sont pas vraiment fiables, peu d’entre nous n’ont jamais eu d’accident grave ou mortel.
Pour ma part, je n’ai eu que deux accidents (dits majeurs dans notre profession), le premier deux ans après mon tout premier vol, une panne d’essence suite à une durite coupée d’où s’est échappée une grande quantité d’essence, j’aurais pu finir en flamme ce jour-là, heureusement pour moi, à ce moment-là, je survolais un petit lac et j’ai pu y amerrir certes le courrier et l’avion ont été fichus, mais moi je m’en suis sorti presque indemne hormis un mois à l’hôpital, avec quelques coupures, un peu brûlé aux jambes, une jambe cassée et une épaule démise, heureusement rien de trop grave.
Et le deuxième, il y a un an et demi, je commençais juste à fréquenter Annie, une fois ma livraison de courrier faite, au moment de me poser sur la piste de l’aérodrome, le train d’atterrissage s’est brisé, ce qui fait que l’avion a atterri sur le ventre, heureusement rien de trop grave, ni pour le coucou ou moi le pilote, juste une bonne trouille, Annie a cru me perdre ce jour-là.
Bien qu’elle m’ait dissuadé de reprendre mes vols, c’est plus fort que moi, il me faut cette sensation d’adrénaline, mais rien ne peut m’arrêter. Aujourd’hui est un jour particulier, ce soir je l’invite au restaurant et vais lui demander sa main, depuis le temps qu’elle l’attend. Elle aura une sacrée surprise, j’ai acheté la bague hier, je ne sais si elle est trop grande ou petite quand la vendeuse m’a demandé la taille de son doigt, je n’en avais aucune idée, de toute façon on ira ensemble la faire ajuster si nécessaire ou changer si elle ne lui plaît pas.
Il est trois heures du matin, quand je suis allé voir Annie, nous ne vivons pas encore ensemble, comme presque tous les matins, nous prenons le petit-déjeuner, quand elle me dit :
— Hugo mon chéri, je sens que quelque chose de terrible va t’arriver, tu ne devrais pas voler aujourd’hui, dis-leur que tu es malade.— Tu sais ma chérie, mon avion sort de révision, et tu t’inquiètes toujours pour rien.— Et quand tu as amerri sur le lac, c’était rien ?— Non, mais c’était il y a longtemps, tu sais la fiabilité des avions a été améliorée depuis. (Ce qui est totalement faux, mais j’ai essayé de la rassurer comme j’ai pu).— Je te crois à moitié, mais je sais que je ne peux t’empêcher de voler, c’est plus fort que toi.— Bon je vais être en retard pour la livraison et toi pour le tri du courrier.— Oui tu as raison.— Tiens ce soir, je t’invite au restaurant (En même temps, je lui ferais sans doute la demande de sa main, si encore une fois ma timidité ne l’emporte pas, mais non voyons j’ai acheté la bague).
On s’est embrassé longuement, je suis allé à la tour de contrôle prendre mes instructions, m’informer de mon trajet et de la météo, rien de particulier un temps mitigé, risque de pluie, mais rien de vraiment alarmant, mon coucou sort juste de révision, donc aucun problème à envisager, bref un petit trajet des plus classiques.
Tout en m’installant dans le siège, j’ai ressenti quelque chose d’étrange à ce moment-là, je ne saurais vraiment le définir. Ce matin, j’ai de la chance, je ne fais que livrer des colis sur Perpignan, c’est rapide, je n’ai eu aucun souci. Le vol de retour sur Bordeaux se passe sans aucun problème, il me reste encore une vingtaine de kilomètres à parcourir. Quand on m’appelle à la radio.
— Hugo c’est la tour de contrôle, tu m’entends ?— Oui Léon, fort et clair, qu’est-ce qui se passe ?— Tu te diriges en plein sur un gros orage.— OK, merci, dans ce cas, je vais longer le bord de l’océan.— Gaffe Louis m’a dit qu’il y a un épais brouillard.— OK pas de souci, je suis là dans quinze minutes.— OK à toute, terminé « roger ». (Terme d’aviation).— Terminé « roger ».
Je regarde ma montre, dix heures, je touche ma combinaison dans la petite poche intérieure, j’ai la bague, rien ne peut donc m’arriver, le ciel est un peu couvert, mais aucun signe de brouillard, j’ai à peine parcouru trois kilomètres, qu’une épaisse masse brumeuse m’envahit, je tire le manche vers moi pour voler au-dessus des nuages, je sais que mon coucou en est capable. Quand j’émerge enfin de cette satanée purée de pois (ou brouillard), je vois au loin une forme noire étrange arriver, ça crie, je comprends tout de suite que c’est un vol d’oiseaux des étourneaux. Ils sont des centaines, je tire le manche pour descendre en piqué dans l’épais brouillard, afin de leur échapper. Mais, juste un peu trop tard, ils sont bien plus rapides que mon coucou, ils s’encastrent dans la verrière de mon cockpit la faisant exploser, les étourneaux se fracassent sur les instruments de bord, d’autres sont aspirés par mon hélice, le moteur ne tiendra plus longtemps, j’ai des plaies sur les mains et le visage.
Je ne peux même pas demander de l’aide, la radio est morte, je n’ai plus rien pour me diriger, avec cette purée de pois qui m’envahit je ne sais où aller, le moteur commence à s’étouffer. Je sais que cette fois-ci, je n’aurais pas la chance d’y survivre, mon nom sera rajouté à la longue liste de mes camarades morts pour livrer le courrier. Ça y est, le moteur vient de s’éteindre, c’est le grand silence, hormis le vent et le bruit des vagues, je n’entends rien d’autre, je commence à avoir froid.
J’aurais dû écouter Annie, le restaurant de ce soir et ma demande en mariage ne se feront jamais. Arrêter de voler, rester au sol, toujours dans le milieu postal, la demander en mariage, lui faire de merveilleux enfants, bref vivre à ses côtés, mais maintenant c’est trop tard, le bruit des vagues est plus fort, mais je ne vois toujours rien, est-ce que je me rapproche de la côte ou au contraire me dirige vers le large ? Mes dents claquent, je grelotte, avais-je une chance ? Je suis mort sur le coup, quand mon avion s’est abimé en plein océan.
L’aérodrome a signalé ma disparition, pendant trois jours, des bateaux et avions ont été mobilisés, pour me rechercher, ils n’ont trouvé que des débris d’avion à dix kilomètres de la côte, mais jamais mon corps. Ce fut donc un cercueil vide qui fut enterré. Annie a eu du mal à se remettre de ma disparition, pendant un peu plus de trois ans, elle est restée seule, mais elle a fini par rencontrer un charmant dentiste, avec qui elle a eu quatre merveilleux enfants, son premier elle lui a donné comme prénom Hugo, elle ne m’a jamais oublié, je suis toujours resté dans son cœur à jamais, jusqu’à sa mort de vieillesse, à quatre-vingt-seize ans, elle fut même arrière mamie.
Sans doute que dans quelques instants, je la reverrai ici, que l’on surnomme gentiment le paradis.
Fin.
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