Le réveil sonne au quarante et un de la rue Charles de Gaulle, du côté d’Orléans. Il est aux alentours de sept heures du matin, Sonia et Tonio se réveillent en douceur. C’est enfin le jour du départ en vacances. Cela fait environ deux ans que cela ne leur est pas arrivé, depuis la naissance de Tatiana. Leur fille a désormais deux ans, du coup, ils peuvent se permettre de partir vers un horizon un peu plus ensoleillé.Direction, le bassin d’Arcachon, plus précisément Andernos-les-Bains, une commune agréable qui permet aux enfants et parents de vaquer à des activités multiples et variées. En ce samedi, il fait déjà vingt et un degré, le couple met les valises dans le coffre de la voiture fraîchement révisée.Et c’est le départ. Tonio se dirige vers l’autoroute, la circulation est assez dense, mais pas désagréable. Il y a environ cinq heures de route. L’ambiance est plutôt agréable dans le couple, et leur fille dort déjà les poings fermés.Au bout de deux heures, ils s’arrêtent dans une station-service, prennent un café, puis reprennent aussitôt la route. Il serait bien dommage d’arriver en retard dans la maison de location qui leur est louée par des amis.La petite famille est heureuse, elle va profiter de quinze jours de paix et surtout de repos. Tonio travaille dans le bâtiment, alors que Sonia est secrétaire médicale dans un établissement de soin. Mais la naissance de Tatiana a un peu troublé leur quotidien, du coup, le couple est un peu surmené, entre les allers-retours chez la nounou, et le travail. Le planning de la semaine est assez chargé. Il est aux alentours de dix-heures, le couple aborde le secteur le plus pénible de leur trajet. Ils sont désormais à proximité de la rocade bordelaise. Elle est régulièrement embouteillée, et en ce samedi de départ en vacances, cela ne change pas. Les voitures se collent sur des dizaines de kilomètres.Un véritable enfer, sachant que la chaleur est beaucoup plus forte qu’à Orléans. L’affichage informatif indique quarante-cinq minutes pour sortir de la rocade et rejoindre la route correspondant à leur destination.Quand soudain, une sorte de claquement métallique se fait entendre dans la voiture. Sonia est prise de panique, alors que Tonio ne s’en inquiète pas plus que ça, il rassure sa compagne en lui disant que la voiture a été révisée par son mécanicien habituel. Après quelques kilomètres, le bruit ne se fait plus entendre. La jeune femme de trente ans se tranquillise.Le trio sort enfin de la rocade, ils sont sur l’A 63, plus que trente minutes et ils seront enfin en vacances. En prenant de la vitesse, la voiture fait quelques soubresauts, puis se met à produire une fumée blanchâtre qui n’annonce rien de bon. La prochaine aire de repos est toute proche, ils s’arrêtent à Cestas. Sonia entre dans une colère incroyable, tandis que Tonio agit toujours avec un flegme incroyable.Il ouvre le capot de la voiture, et une odeur de métal brûlé s’échappe du moteur. Il prend la décision d’appeler l’assistance dépannage, il y a environ trois heures d’attente. Que faire sur une aire de repos pendant autant de temps. Par chance, cet endroit permet de faire une réelle pause. Il y a des jeux pour enfants, un vrai restaurant, et un hôtel.Pour se détendre, Sonia part avec sa fille dans la boutique, elle achète quelques aliments histoire de combler la faim de ce midi qui approche. Le trio se retrouve sur une table de camping. Sonia reproche à son compagnon le flegme habituel qu’il peut avoir. Le stress étant présent, la tension électrique entre les deux adultes est palpable, au point que Tatiana le fait ressentir en pleurant à chaudes larmes.Comme convenu, la dépanneuse arrive, sort du véhicule un homme assez classe, il a un tatouage sur le long de son bras. Il démarre la voiture du couple, entend le claquement métallique, et une mauvaise odeur s’échappe du moteur. Visiblement, c’est un problème de bielle. En gros, le véhicule est hors service, c’est réparable, mais la réparation est longue. Par chance, Antoine, le dépanneur, connaît un garagiste qui peut aider le couple. Il passe un coup de téléphone, et son ami lui indique qu’il peut effectuer la prestation sur le véhicule, mais que cela prendra environ quatre jours.Malheureusement, ce dernier n’a pas de véhicule de courtoisie. Tonio appelle son assurance afin de connaître les modalités potentielles sur le prêt d’un véhicule, mais cette option n’est pas validée dans le contrat, la seule solution actuelle est de dormir dans l’hôtel de l’aire de repos le temps que la réparation soit effectué.Tonio informe sa compagne de la mésaventure, et bien entendu cette dernière entre dans une colère noire. Passer quatre jours dans l’hôtel d’une aire de repos autoroutière n’était pas prévu au programme. Son compagnon tente de la calmer, mais c’est impossible. Seule la proposition d’Antoine d’aller boire un café, lui permet de remettre les pieds sur terre.Son compagnon part pendant ce temps-là à l’accueil de l’hôtel, par chance, il y a de la place, du coup, il sélectionne une chambre, pour une durée de quatre jours. Du côté de la machine à café, le dépanneur est étonné par le côté enflammé de Sonia, ils discutent brièvement. Il en profite pour prendre son numéro afin de la tenir informé sur l’avancée des travaux qu’il y aura sur la voiture.La jeune femme retrouve son compagnon, le couple prend ses aises dans la chambre. Ce n’est pas le confort absolu, mais ça fera l’affaire. Tonio essaye d’entreprendre une conversation avec sa chérie, mais cette dernière continue de bouder. Il est aux alentours de dix-neuf heures, c’est l’heure d’aller dîner dans le fameux restaurant d’autoroute, par chance, il y a un buffet. Le trio mange un morceau, Sonia n’a pas forcément faim avec tous les évènements de la journée. Elle prend une petite salade au poulet. Tandis que Tonio lui, se sert copieusement comme s’il n’avait pas mangé depuis une semaine.Après une bonne heure, la petite famille rejoint sa chambre, épuisé après autant de tension Tatiana s’endort rapidement, Tonio ne tarde pas à suivre, seule Sonia n’arrive pas à dormir. Il y a eu trop d’électricité dans l’air. Elle en profite pour prendre une douche, et enfile une robe d’été légère.Pour ne pas réveiller sa fille, elle part à la station, achète un paquet de cigarettes, elle, qui avait arrêté depuis trois ans, se retrouve avec une blonde au bord de la bouche. Elle s’assoit sur un banc en bois. Cette première clope calme la jeune femme de trente ans, puis elle en allume une seconde quasiment aussitôt.Soudain, un homme l’aborde, il lui demande une cigarette dans un Français assez médiocre. Audacieusement, il s’assoit à côté d’elle. Il entame un monologue. Sonia apprend qu’il est polonais, son prénom est Miroslav et qu’il fait des livraisons à l’internationales. La femme se prend au jeu, et se dévoile aussi. Elle explique son métier, et surtout la galère qu’elle vient de subir avec son compagnon.Le jeune homme effectue une petite tape sur l’épaule de la jeune femme pour la rassurer, puis lui propose d’aller boire quelque chose à la boutique de la station. Le caissier annonce.que la bière ne peut plus être vendue à partir de vingt-deux heures. Déçu, Miroslav propose à Sonia de le suivre à son camion, car il a une petite réserve de bière. Elle le suit, elle n’est pas rassurée, car elle le connaît que depuis quelques minutes, mais elle a bien envie de boire un coup. Il prend un pack, puis le duo retourne sur le banc. Elle prend une première bière, avec lui, et trinque. Ils continuent de discuter, il explique malicieusement, qu’il n’a pas vu sa femme depuis quatre jours, qu’il est triste de cette situation. Sonia, affichant une certaine sympathie pour ce compagnon d’infortune, le prend par la main afin de le rassurer.Le côté malheureux de Miroslav a du mal à disparaître. Sonia tente d’apaiser ce mal, explique au garçon de vingt-cinq ans, qu’il va la retrouver dans quelques jours, et qu’il pourra de nouveau être dans les bras de sa tendre et douce.Le duo reprend une bière, Sonia arrive enfin à se détendre. La tension électrique s’échappe enfin. Les deux protagonistes rallument une cigarette. Le jeune Polonais tente une petite approche en posant sa main sur le bas de la cuisse dénudée de la jeune femme. Elle est surprise par cette action, mais ne le repousse pas pour autant. Ce geste amical la rassure encore plus.Miroslav sent qu’il a une opportunité d’aller un peu plus loin, son côté un peu timide s’est totalement échappé. Avec ses doigts, il effectue des papouilles discrètes qui ne manquent pas de créer des frissons à Sonia.Elle retrouve un brin de lucidité et indique à son compagnon d’infortune qu’il ne faut pas aller plus loin. Elle n’est certes pas mariée, mais est en couple depuis environ quatre ans avec Tonio. Il répond le plus simplement du monde que le simple contact de sa main avec une peau féminine le comble totalement. Néanmoins, il arrête tout de même son activité, puis passe son bras autour du cou de la jeune femme.Une brise légèrement fraîche crée un rapprochement inattendu. En effet, Sonia se blottit quelques instants dans le creux de l’épaule du jeune homme. Du coup, la main de ce dernier se retrouve sur la hanche de celle-ci. De loin, on pourrait presque croire qu’ils sont en couple. La jeune femme semble se laisser aller à ce moment de tendresse, elle tourne sa tête une première fois en direction de Miroslav, lui offre un bisou sur la joue. Il apprécie bien entendu ce geste de tendresse, et fait de même avec elle. Cet échange brise un tant soit peu la glace. Le temps se mettre en pause.C’est à ce moment que le jeune homme retente une approche un peu plus audacieuse. Il caresse un temps le haut de l’épaule dénudée de la jeune femme, il fait de même avec la partie dénudée de la cuisse. Vu qu’il ne rencontre pas d’opposition. Il continue son activité. Sonia se laisse aller à ce moment de tendresse. Avec Tonio, les relations se passent plutôt bien, mais la routine est malheureusement présente comme dans la plupart des couples.Le duo reprend une bière, allume une cigarette, puis continue de profiter de ce moment. Soudain, Miroslav effectue une légère pression sur la tête de Sonia, les deux visages se font face à face. Ils se regardent brièvement dans les yeux, puis s’embrassent.
