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Intrusion fraternelle

Chapitre 3

Inceste
Le grand jour est arrivé ! J’observe nerveusement mon reflet dans le miroir ; je vais enfin me marier… et je vais revoir Alexej. Je ne sais pas lequel des deux éléments me stresse le plus. Une boule au ventre me déchire les boyaux. J’avais grande hâte d’épouser Jean ; il est l’homme de ma vie, après tout, mais après ce que je lui ai fait… Mon reflet grimace. Mieux vaudrait ne pas y penser. Aujourd’hui est un nouveau départ. Je peux repartir sur de bonnes bases. Oui, mais il va falloir affronter ce grand frère qu’on m’a imposé. Même s’il n’a donné aucune nouvelle depuis, Alexej a bien affirmé, la dernière fois, qu’il viendrait aujourd’hui. Je prie pour qu’il soit encore parti à l’autre bout du monde et qu’il m’ait oubliée.
Mon Dieu, comment ai-je pu le laisser me dominer ? Qu’est-ce qui m’a pris ? J’ai fait tout ce qu’il m’a demandé, encore et encore, sans montrer la moindre résistance. Ce salaud a abusé de ma faiblesse. Faites qu’on me débarrasse de ce frère encombrant. Faites qu’il disparaisse de ma vie. Je ne veux plus le voir. Il me dégoûte. Je me dégoûte. Pourquoi lui ai-je obéi ? Non, ce n’était pas moi. Je n’aurais jamais pu faire ça à Jean. Je n’aurais jamais pris de plaisir avec cet homme. C’était une autre personne, un reflet comme dans ce miroir, une horrible autre Hélène qu’il a créée un soir sous une tente.
Ne plus y penser, le chasser de mes souvenirs, épouser l’homme de ma vie et vivre heureuse : voilà ce que je dois faire. Aujourd’hui est un nouveau départ. Je me sens déterminée ! Il ne me soumettra plus, s’il paraît. Mais sera-t-il là ? Viendra-t-il pour moi ou laissera-t-il une nouvelle fois planer le spectre de son absence ? Pourquoi diable n’arrivé-je pas à le sortir de ma tête ? Viendra-t-il réclamer son dû ? Je me vois agenouillée devant lui ; une chaleur me picote le ventre. Mon Dieu, comment vais-je bien pouvoir lui résister ? Et l’autre Hélène qui me murmure de le prendre en bouche… Non ! Aujourd’hui est un nouveau départ. Je dois être forte, pour Jean.
Je me prépare dans un silence pesant. Ma mère, Joanna, ainsi que ma meilleure amie sont là pour m’aider. Me voilà en tenue, maquillée et coiffée. Je demande à rester seule quelques minutes avant de partir pour la mairie. J’observe mon image dans le miroir. Mon reflet ne devrait-il pas sourire le jour de son mariage ? Je ne me reconnais pas dans cette tenue immaculée ; je semble si pure… Je suis belle aussi avec ce blanc éclatant, cette dentelle et ce voile qui me couvre les cheveux. La pensée que Jean va fondre devant ma tenue me redonne un sourire passager. Mais ce frère risque aussi d’apprécier. Pourquoi diable ai-je choisi une robe si décolletée ? Je vois déjà son sourire carnassier… Il va m’agenouiller. Une voix me murmure de retirer ma culotte maintenant, que cela lui plaira. « Tais-toi ! »
Il est l’heure, je me mets en route.
Tout le monde est déjà installé quand nous pénétrons, Jean et moi, dans la mairie. Nous avançons lentement vers le maire. Je jette un coup d’œil nerveux sur la foule rassemblée ici mais ne le repère pas. Où est-il ? Le maire commence son speech ; je n’écoute que d’une oreille. Mes yeux continuent leur fouille à la recherche de son regard de lion. Rien ! Il n’est pas là. Une sensation étrange m’envahit. Je n’arrive pas à m’en réjouir. Je repère nombre de visages : des membres de la famille, des amis, des collègues ; pourtant, ils m’ont tous l’air d’étrangers aujourd’hui. Mon regard termine sa course sur mes parents qui m’envoient un sourire encourageant. Je me reprends en main et recentre mon attention sur mon futur mari. Nous échangeons nos vœux. Je lui promets un amour inconditionnel, sans borne. Je lui promets fidélité. Nous scellons cette cérémonie par un baiser. Voilà, c’est fait ! J’ai enfin épousé l’homme de ma vie.
La suite des événements s’enclenche comme un engrenage. Nous sommes acclamés à notre sortie de la mairie. Nous entamons une longue et pénible séance de photographies de mariage. J’assiste à tout cela avec l’étrange impression d’être ailleurs. Jean me demande si je vais bien ; je lui mens pour le rassurer, mais je ne peux m’empêcher de vérifier à chaque instant qu’Alexej est toujours absent. Son spectre me hante. Je n’arrive pas à me détendre.
Les invités passent les uns derrière les autres pour nous féliciter. Mes parents me prennent dans leurs bras. Mes beaux-parents se réjouissent que j’aie rejoint leur famille. Je me force à sourire à tous. C’est au tour de Nataša et de son nouveau mari, Dominik – un vieux Tchèque riche sur qui elle a mis le grappin – de nous congratuler. Je ne sais plus vraiment qui a eu la sotte idée de les inviter, mon mari ou mon père, et pourquoi j’ai accepté. Nataša est toujours aussi magnifique. Nous discutons plusieurs minutes avec eux. Dominik tient apparemment une maison de disques à Prague. Il est millionnaire. Nataša a vraiment tiré le gros lot ! Malgré son grand âge, l’homme ne manque pas de charme. Il a aussi cet air sauvage si caractéristique d’Alexej ou de Nataša. Est-ce commun à tous les Tchèques ? La mère de mon demi-frère repère un de mes coups d’œil sur la foule.
— Ne t’inquiète pas, ma belle, ton frère a du retard mais il viendra, m’affirme-t-elle en tchèque.— Il vous a dit qu’il viendrait ? m’inquiété-je.— Non, mais je suis sûre qu’il viendra. Je te l’ai déjà dit auparavant : quand Alexej prend quelque chose, il ne la lâche pas.
Me voilà pas rassurée du tout. Mon ventre se tortille. Une nouvelle fois, Jean n’a rien compris de nos échanges en tchèque, mais ce n’est pas le cas de Dominik qui arbore un sourire moqueur ; jusqu’à quel point est-il au courant de ma relation avec Alexej ?
La soirée tombe vite. Nous rejoignons la salle des fêtes pour la dernière partie de soirée. Toujours pas de frère. Mais où est-il, bon sang ? Elle a dit qu’il viendrait. Alors, que fait-il ? Pourquoi diable fait-il durer le supplice ? S’amuse-t-il à me torturer par son absence ? S’il doit vraiment venir, autant qu’il vienne maintenant plutôt que de me laisser dans le doute, dans l’espoir.
Le repas commence. Les plats sont succulents mais l’appétit me manque. Quelques bouchées, et j’ai l’impression d’avoir le ventre plein. J’ai plutôt envie de boire pour me détendre, mais je devrais éviter l’alcool pour garder mes moyens, au cas où... Jean, au contraire de moi, se gave. Son bonheur me fait tout de même sourire. Je suis heureuse de pouvoir être sa femme. L’ambiance est bonne : la musique anime, les rires résonnent, les échanges vocaux assourdissent. C’est un joyeux brouhaha ! Ils sont tous venus pour nous, pour fêter notre amour. Cette pensée me réconforte ; je m’autorise un succulent verre de vin.

Le repas se poursuit et je parviens à me détendre. L’appétit me vient enfin, alors j’enchaîne les délices. Finalement, j’avais tort de m’inquiéter : Alexej ne viendra sûrement pas, sinon il se serait déjà montré. Le vin commence à me monter à la tête et je me sens gaie.
Après le dessert, vient le moment d’ouvrir les cadeaux de mariage. Parmi les robots ménagers et autres accessoires indispensables pour une vie de couple, nous avons la surprise de découvrir le cadeau de Dominik et Nataša : un voyage de noces à Prague dans un hôtel cinq étoiles. Je remercie tout le monde pour leur générosité, et spécialement le couple tchèque. J’ai beau avoir beaucoup de réticences envers Alexej, je me suis toujours sentie plus en phase avec Nataša.
— C’est beaucoup trop ! leur lancé-je. Je ne sais pas comment vous remercier…— Tu sais, ma belle, me sourit Nataša, moi je n’y suis pas pour grand-chose : c’est surtout Dominik qu’il faut remercier.— Ce n’est rien ! me rassure Dominik. Et puis je suis sûr que tu trouveras un moyen de me montrer ta reconnaissance.— Tu vois, je t’avais bien dit qu’il fallait les inviter, me lance Jean discrètement peu après.
Puis nos témoins organisent des petits jeux pour animer la soirée. Celui des chaises musicales sera le premier, auquel participent une bonne dizaine de nos invités. Plusieurs d’entre eux sont visiblement bien éméchés ; mon père manque même de se ramasser par terre : je me surprends à éclater de rire. Le grand vainqueur est finalement un cousin qui remporte une invitation future de notre part au restaurant.
— Pour le prochain jeu, nous aurons besoin des mariés, déclare notre témoin.— Quoi ? fais-je, surprise. Non, non, non, j’n’ai pas envie de jouer ; je préfère regarder. Je laisse aux autres le soin de se ridiculiser.— Allez, chérie, ça va être drôle. Allez, viens !
La salle nous encourage et je me laisse convaincre. Jean, qui a l’air bien excité, me traîne au centre de la pièce. Il ne semble pas surpris par ce petit jeu. Était-il au courant ? Je soupçonne que oui. On me met alors un bandeau sur les yeux, et me voilà plongée dans le noir.
— Nous allons vérifier que la mariée connaît bien son homme, explique notre témoin. Juste par le toucher, elle va devoir reconnaître son époux parmi trois hommes. Je vais donc avoir besoin de deux volontaires pour compléter le trio masculin.— Quoi ? Vous vous moquez de moi, je ne vais pas faire ça ! protesté-je en riant nerveusement.— Allez, chérie, entends-je mon mari, joue le jeu.
Bon, OK. Jouons ! Cela pourrait se révéler intéressant. Je me demande qui sont les deux volontaires que je vais devoir palper en plus de mon mari. On m’approche du premier. Sans avoir à le toucher, je sais déjà que ce n’est pas mon homme : une forte odeur de whisky se dégage de lui, or Jean n’en boit pas. Je joue quand même le jeu. Un gros ventre, une barbe épaisse : je reconnais un oncle de Jean. Je passe au deuxième. Lui me pose plus de difficultés ; il semble avoir la même carrure que Jean. J’hésite un instant, mais un examen plus poussé de son visage me révèle que ce n’est pas mon homme. Je pense reconnaître un de mes collègues.
Logiquement, Jean est forcément le troisième. On m’approche de lui. Un sourire ivre déforme mon visage. Je pose mes mains sur son ventre pour caresser ses abdos et remonte doucement vers ses pectoraux en essayant de le chauffer un peu au passage. C’est lui qui a voulu jouer, après tout ! Je me rends soudain compte que quelque chose cloche : l’homme que je viens de caresser est plus musclé que Jean. Il a l’air plus grand aussi. Merde !
— Aucun des trois n’est Jean ! déclaré-je à l’assemblée.— Tu es sûre ? demande notre témoin. Tu devrais vérifier.
J’ai reconnu les deux précédents, mais qui est cet homme ? Suis-je trop ivre pour ne pas reconnaître mon homme ? Je repose mes mains sur ce mystérieux torse masculin. Oui, ses pectoraux sont plus massifs que ceux de Jean. Même chose pour ses biceps. Pas de doute à avoir, ce ne peut être Jean. Mais cette carrure me dit quelque chose. Son odeur m’est familière aussi. Qui cela peut-il bien être ? Il ne me reste plus qu’à toucher son visage pour identifier l’homme ; une barbe naissante, une mâchoire carrée, un nez saillant… Mes mains restent paralysées, mon cœur bat la chamade. Je retire violemment mon bandeau pour vérifier mes craintes. Oui, c’est bien lui : Alexej est là, un sourire carnassier sur les lèvres !
— Bonsoir, petite sœur. Félicitations pour ton mariage, et désolé pour mon retard.— Surprise ! crie jovialement Jean dans mon dos.— Je… je…
J’en reste sans voix.
— Je savais, même si tu ne le disais pas, que tu attendais ton frère impatiemment, explique Jean. J’ai mis en scène son arrivée pour te faire la surprise.
Les larmes me montent aux yeux. Je ne sais pas exactement ce qu’il m’arrive. Un torrent d’émotions contradictoires m’envahit : joie, peur, colère, excitation, dégoût… Il est enfin là ! Merde !
— Allez, dans mes bras, ma petite sœur adorée ! me lance Alexej.
Je joue le jeu pour ne pas décevoir Jean. Mon frère me serre contre lui, contre son corps puissant, ce corps qui m’a par le passé imposé sa volonté. Son odeur m’envahit les narines. La douleur dans mon ventre se réveille et se met à me brûler. Après de trop longues secondes, il me libère enfin de son étreinte.
— Tu es finalement venu… réussis-je à marmonner en tchèque. Je pensais que tu ne viendrais pas.— Bien sûr que je suis venu, me répond-il dans la même langue ; ne t’avais-je pas dit que je voulais me faire sucer par la mariée ?
Il n’a pas changé ! Je fronce les sourcils de colère. C’est tout ce que je représente pour lui ? Il vient profiter un instant de moi et après il disparaîtra, sans donner signe de vie, comme la dernière fois. Pour lui, je ne suis rien d’autre qu’un corps à baiser. Il me dégoûte. En revanche, l’autre Hélène en moi s’extasie.
Jean l’invite à venir se restaurer avec les restes du repas. Alex s’installe à table et se sert. Mon mari et moi nous asseyons à ses côtés pour prendre de ses nouvelles. Le voilà parti dans un de ses longs palabres. Une nouvelle fois, mon homme boit ses paroles. Je suis sûre que la moitié de ce qu’il raconte est inventée. Nous sommes bientôt rejoints par mes parents, Dominik et Nataša. Cette dernière étreint chaleureusement son fils. Alexej sort d’un sac une bouteille de Becherovka ; la chose semble ravir Dominik. Il en propose à tout le monde. Jean, qui a déjà pas mal bu, tout d’abord refuse mais finit par céder devant l’insistance. J’en prends un fond par politesse, mais n’ai pas l’intention d’y toucher. Maintenant qu’Alexej est là, mieux vaut rester prudente…
— Tu es très charmante dans cette robe, petite sœur ! me lance Alexej en tchèque. Et quel décolleté appétissant…— Garde tes compliments pour toi, rougis-je. Je ne vais pas marcher dans ton jeu. Pas cette fois.— Ah oui ? Vraiment ? Nous verrons bien. Que se passe-t-il ? Tu m’en veux pour mon retard ?— Je suis une femme mariée, pesté-je, toujours dans sa langue maternelle.— Je ne vois pas ce que cela change, sourit-il, toujours sûr de lui. Dis donc, tu sembles avoir fait des progrès en tchèque. Félicitations !— J’ai pris des cours sur Internet, avoué-je.
Finalement, ma meilleure amie me donne l’excuse rêvée pour quitter la table : elle souhaite me parler. Je la suis. Elle me pose plein de questions sur mon frère, me demande s’il reste longtemps en France et s’il a quelqu’un dans sa vie. Non, ce n’est pas vrai… Elle ne va pas s’y mettre elle aussi !
— Je ne te le conseille pas, m’agacé-je. Il a peut-être l’air charmant comme ça, mais ce n’est pas le genre très fréquentable.— Oh, tu sais, pour une nuit ça peut le faire !
Elle m’irrite et je profite de la première occasion pour la quitter. Je fais le tour des invités pour me changer les idées. Tout le monde me pose des questions sur Alexej ; son arrivée n’est pas passé inaperçue. Ils veulent tous connaître plus de détails sur mon frère tchèque. Mais merde ! Ouvrez les yeux, bon sang ! Pourquoi suis-je la seule à voir ce qu’il est vraiment ? Et quel con, Jean, de l’avoir mis sur le devant de la scène. C’est toujours pareil : dès qu’Alexej est là, tout le monde n’a plus d’yeux que pour lui. Ce soir, c’est mon mariage, et pourtant rien ne change. Maudits soient-ils ! Et lui qui en profite et se pavane devant tout le monde…
Je le surveille du coin de l’œil. Il a quitté la table et s’approche de moi. Mon cœur bat la chamade. Mon ventre me brûle. Mes mains tremblent. Que va-t-il faire ? Je suis paniquée. Mais il se contente de passer juste à côté de moi sans montrer le moindre intérêt. Vraiment ? Je pensais qu’il allait encore tenter une approche. Une pointe de déception pique mon ego.
Le voilà maintenant qui parade devant deux de mes cousines du côté de ma mère, des jumelles. Ces dernières sont déjà prises dans sa toile et jouent les charmeuses à leur tour. Elles rient comme des bécasses. Quelles crétines ! Je m’avance près d’eux, exaspérée.
— Ne sont-elles pas un peu trop jeunes pour toi ? harangué-je Alexej dans sa langue.— Elles ne sont pas plus jeunes que tu ne l’étais sous la tente.— Mais toi, tu es plus vieux qu’à cette époque !— Et alors ? Tu es jalouse ?
Quoi ? Moi, jalouse ? Il se moque de moi ! Énervée, je tourne les talons. Il m’énerve. Tout allait si bien avant son intrusion… Je me sens soudain à l’étroit. J’ai envie de crier ma rage. Il faut que je prenne l’air, que je me retrouve un peu seule. De toute façon, personne ne fera attention à mon absence.
L’air frais me fait du bien, le calme aussi. Je m’assois sur une marche d’escalier. Les pensées se bousculent dans ma tête. Je le maudis, ce fumier. Qu’il aille baiser mes cousines si ça lui chante ! De toute manière, il n’est venu que pour se vider les couilles ! Il n’y a que ça qui l’intéresse. Ce n’est pas mon frère, non : un véritable frère s’intéresserait vraiment à moi. Un véritable frère se serait donné la peine de venir à l’heure à mon mariage. Un véritable frère ne m’aurait pas abandonnée sans donner de ses nouvelles après m’avoir baisée tout un week-end. Des larmes se mettent lentement à couler.
Non ! Je ne vais pas me mettre à ressasser encore ça. Ce n’est pas moi. C’est l’autre Hélène qui le désirait encore plusieurs jours après son départ. Elle s’est sentie frustrée, vide, délaissée. Elle s’est crue, un instant, importante pour son frère mais s’est bien trompée. Elle s’imaginait coucher avec Alexej quand c’était Jean. Elle s’est laissé prendre un week-end, et soudain tout s’est arrêté. Elle cherchait à revivre les mêmes sensations sans y parvenir. Moi, je suis celle qui le déteste, celle prise de remords et de honte, celle qui est follement amoureuse de Jean.
Une main chaleureuse se pose sur mon épaule ; je sursaute : il est là. Je le regarde, interrogative. Il s’assied à mes côtés et me prend dans ses bras. Je me laisse faire et éclate en sanglots. Il me faut plusieurs minutes pour me calmer. Sa chaleur apaisante m’envahit. Il me fixe dans les yeux. Son regard est intense. J’ai l’impression de me noyer. Mon cœur bat la chamade. Ses lèvres se posent sur les miennes. Je ne fais rien pour le repousser. Merde ! Sa langue s’insinue dans ma bouche et la mienne lui répond. Merde ! Une main se pose sur ma cuisse, l’autre me palpe un sein ; mon corps s’embrase. Merde ! Je reprends le contrôle un instant, le repousse et me relève, fais quelques pas, prête à fuir.
— Si je suis venu, c’est pour toi, ma douce petite sœur française ; n’aie pas de doute à ce sujet. Tes cousines ne m’intéressent absolument pas : c’est toi que je veux à genoux.
Il s’approche de moi lentement, comme pour ne pas m’effrayer. Je fais quelque pas en arrière mais je suis rapidement bloquée par une rambarde. Son regard se fait imposant. Intimidée, je baisse les yeux. Je suis une femme mariée, j’aime Jean de tout mon cœur ; je devrais fuir, mais l’autre Hélène se bat pour prendre ma place et m’empêche de bouger. Une nouvelle fois, mon frère me paralyse. Je ne vais pas pouvoir lui résister, je le sens. Me voilà présentée sur un plateau d’argent, il n’a plus qu’à se servir.
Son corps se colle au mien. Sa bouche m’embrasse dans le cou. Ses mains s’emparent de mes seins ; je ne peux m’empêcher de pousser un gémissement. Je n’arrive pas à croire que je suis en train de le laisser une nouvelle fois profiter de moi. Bientôt il va me demander de m’agenouiller, je le sais, et je vais le faire. Je vais le prendre en bouche et le faire jouir, ici, alors que des dizaines de personnes sont en train de fêter mon mariage avec Jean à l’intérieur.
Mon corps ne me répond plus ; il réagit aux attouchements d’Alex, en réclame davantage. Chaque caresse m’électrise. Chaque baiser m’enflamme. Des picotements me déchirent le ventre. Mon esprit est embrumé. Je ne suis plus sûre de ce que je veux vraiment. Ai-je vraiment voulu rester fidèle à Jean ? Ai-je vraiment souhaité qu’Alexej ne vienne pas me prendre ce soir ?
Mon frère me prend la main et la pose sur son sexe, puis remonte le bas de ma robe. Je le caresse à travers son pantalon. Il est dur. Tous les souvenirs de nos précédentes aventures me reviennent en tête. Elle est là, cette queue si dure qui m’a fait tant de bien, juste séparée par quelques couches de tissu ; je n’ai qu’à faire quelques gestes pour la libérer et la laisser profiter de moi. Dieu, comme j’en ai envie… Pendant ce temps-là, Alexej a passé ses mains sous ma robe et me masse les fesses.
— Hum, dommage ; je t’imaginais nue là-dessous.— J’ai hésité, reconnais-je. Retire-la-moi.
Il sort un canif de sa poche, la découpe et me l’enlève. Il porte le tissu à son nez et en inhale le parfum.
— Hum, quelle odeur délicieuse ! Je vois que je t’ai manqué, que tu avais hâte que je revienne m’occuper de toi. Cela donne très envie d’aller s’abreuver à la source…
Il repasse ses mains sous ma robe. Deux doigts n’ont aucun mal à s’introduire dans mon sexe détrempé. Je continue à lui pétrir le sien à travers son pantalon et réponds à ses baisers. Je sens ses doigts me fouiller la chatte et agacer mon clitoris. Un autre force le passage de mon fondement. Ce contact me rend folle, et des flots se mettent à couler abondamment le long de mes cuisses. J’ai hâte qu’il m’ordonne de passer à la suite ; peu importe ce qu’il a en tête, je suis prête à tout accepter.
— Oh ! s’étonne une voix.
Je suis surprise et tourne les yeux pour découvrir le visage décomposé de ma mère. Je n’ai pas le temps de réagir qu’elle retourne rapidement à l’intérieur. Merde, c’est une catastrophe ! Cette fois, j’ai tout gâché.
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