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Un jour de chance en Enfer !

Chapitre 7

Déclencheur, résurrection et ... !

Hétéro
Il me fallut toute la volonté du monde pour ne pas m’écrouler moralement en remontant les escaliers et en pénétrant dans mon salon. 

J’avais l’impression d’avoir eu la bonne réaction en laissant à Sylvain le droit de fréquenter Arwen intimement et de m’effacer pour lui puisqu’il avait su la séduire et obtenir d’elle, les faveurs qu’une femme peut offrir à un homme. J’étais fier de les avoir présentés, sans pour autant me rendre compte de la situation dans laquelle je me trouvais, aveugle et sourd à mes propres sentiments qui, pourtant, me tiraillaient comme je ne l’avais été qu’une seule fois durant mon existence. Ce qui aurait dû, si je m’étais réellement écouté, m’alerter sur la nature même de mes sentiments envers Arwen. Mais, comme toujours, par habitude ou par paresse, appelez cela comme vous le voulez, je me morfondais encore et toujours dans ma douleur et ma dépression.

Cependant, je ressentais un vide immense au creux de la poitrine, exactement le même que le jour où j’avais enterré mon épouse. Le sentiment d’un vide qui, plus jamais, ne se comblerait. La comparaison me frappa et je compris qu’Arwen était parvenue, en quelques semaines, à prendre une place considérable dans ma vie. Au point de tenir la comparaison avec celle que j’avais tant aimé et qui hantait toujours mon âme.    

Mais, comme je l’ai dit, toujours à cause ce deuil qui ne me permettait pas de comprendre parfaitement les tenants et aboutissants de mes réactions, je me posais à nouveau en victime expiatoire des malheurs que je vivais. Arwen et Sylvain seraient heureux et je continuerai à me morfondre sur un sort que le Destin avait décidé pour moi. 

Tout était donc pour le mieux dans le pire des mondes, chacun à la place qui devait être la sienne.  

Fort de ces considérations morbides et apaisantes pour mon esprit malade, je me préparais à redescendre vers mes amis pour terminer notre soirée de retrouvailles dans l’apaisement des sens et des idées pour un moment festif ensemble. 

Mais ma tranquillité fut de courte durée. Arwen fit irruption dans la grande pièce de vie, toujours vêtue de son bikini blanc et de son paréo, me cherchant d’un regard un peu hagard, semblant déboussolée et perdue dans un espace qu’elle ne maîtrisait plus.  

Mon Dieu, que cette fille était belle. Sa longue chevelure rousse sur sa peau qui avait profité d’une journée au soleil lui donnait un éclat inégalable. Sylvain était véritablement le mec le plus chanceux de la journée. Je devais admettre, qu’en temps normal, je n’aurai jamais pu résister à une telle créature, tout comme mon épouse n’y aurait résisté, d’ailleurs. Mais j’étais heureux de savoir, qu’avec Sylvain, elle resterait proche de moi. Cependant, son regard retint mon attention. Ses yeux brillaient de larmes qu’elle ne pouvait contenir, rivière inarrêtable, torrent impétueux.  

Mais elle n’était pas seule. Nathalie et Corinne l’accompagnaient.


 - ON PEUT SAVOIR CE QUE C’EST QUE CE NOUVEAU NUMÉRO DE MARTYR ? Explosa Nathalie.

 - PUTAIN ! T’ES VRAIMENT TROP CON BORDEL, CONRAD ! TON VEUVAGE T’A RENDU DÉBILE OU QUOI ? Hurla une Corinne que je n’avais jamais vue dans cet état.   

Je ne comprenais pas ces attaques. J’écartais les mains et secouais la tête en signe d’incompréhension.

À mon air ahuri, elles se calmèrent et Nathalie reprit de plus belle mais avec, cette fois, une douceur incomparable.

— Tu ne comprends pas, c’est ça ?

— Comprendre quoi ?

— Putain, mais c’est pas vrai ! Me répondit-elle.

— Tu veux bien te calmer et m’expliquer ce que me vaut ces insultes ?

— Mais...Conrad ? Tu ne vois rien ou bien tu es devenu complètement idiot ?

— Tu l’as bien regardée ? Me demanda une Corinne au bord de la crise de nerf.   

Je me tournais vers Arwen en laissant mon regard sur Nathalie qui avait visiblement l’intention de m’égorger si je baissais ma garde. Puis, rassuré par le fait qu’elle ne bouge pas, je posais mes yeux sur une Arwen en larmes.  

 - Arwen ? Mais...que... ?

 - IL NE PIGE PAS ! PUTAIN, JE VAIS ME LE FAIRE ! Hurla à nouveau Nathalie.   

Je battis en retraite derrière mon canapé qui me semblait une protection bien insuffisante contre la furie qui s’était invitée dans mon salon. Je décidais de me focaliser sur Arwen.

— Arwen ? Mon Dieu, mais que se passe-t-il ? Où est Sylvain ? Et les garçons ?

Elle leva un visage ravagé par les larmes. Je n’avais jamais vu une femme avec une peine si palpable qu’elle aurait pu être découpée à distance. Je ne tins plus et me précipitais pour la prendre dans mes bras.

— Arwen ? Parles-moi. Je t’en prie. Que t’arrive-t-il ? C’est Sylvain ?

Elle articula alors quelques mots au milieu de sanglots qui déchirèrent mon âme.

 - Tu ne m’aimes donc pas ?

Je ne comprenais rien. Que voulait-elle dire ? Bien sûr que je l’aimais. Mon amie était en détresse et je ne savais pas comment réagir. Je venais de l’accepter définitivement parmi les miens, de la laisser vivre son idylle avec mon meilleur ami, je l’avais accueillie et intronisée dans mon groupe le plus fermé et j’avais passé l’éponge sur sa colère suite à ma visite chez elle. Que voulait-elle de plus ?

Je tournais mon regard, à nouveau, vers Nathalie et Corinne, qui comprirent enfin que je ne comprenais absolument rien.  

Corinne souffla de désespoir en frappant son visage avec sa main dans un signe de totale abandon.

— Je rends mon tablier. Il ne voit rien ! Dit-elle.

— Conrad ! As-tu entendu ? Demanda Nathalie.

— Oui ! Je ne suis pas sourd. Mais...

La Vérité me frappa à cet instant.  

J’eus l’impression de tomber dans le vide et que ma chute serait éternelle. Le sentiment que donne un vertige soudain, un looping dans un manège à sensations, l’accélération dans un avion à réaction, un saut en parachute. 

Toutes mes tergiversations, mes hésitations, mes questionnements, ma jalousie, et tous les sentiments que j’avais vécus et redécouverts depuis son entrée fracassante dans la salle des profs, un matin béni, se mirent en place. Le rideau de mon aveuglement se déchira de haut en bas pour faire apparaître ce que tous et toutes avaient compris depuis longtemps. 

Mais pas moi !

Je baissais mon regard vers elle qui avait le visage tourné vers moi. Dans ses yeux, je vis un sentiment que j’avais oublié en cette soirée funeste où un inconnu l’avait arraché à mon coeur en même temps que mon épouse. Et il m’envahit avec une force que je pensais éteinte à jamais, s’emparant de mon âme et de mes sens.  

Je baissais la tête et mes lèvres touchèrent les siennes pour le première fois de mon existence.  

J’entendis Nathalie et Corinne souffler de satisfaction en me regardant. J’entendis également les garçons entrer dans la pièce à cet instant. Mais plus rien n’existait que le baiser qu’elle me donnait.

Ses lèvres, les plus douces que j’ai eu l’occasion d’embrasser, s’ouvrirent lentement et sa langue força avec une suavité inégalée les miennes pour entamer un ballet dans lequel je pus ressentir toute la puissance de ce sentiment.  

Je redécouvrais ce sentiment égaré. Je redécouvrais le bonheur qu’octroie l’Amour à ceux qu’il prend en otages. Celui qui est tellement évident qu’il en paraît irréel.  

Arwen venait de m’offrir son coeur et plus jamais je n’allais le laisser s’échapper.  

Quelques secondes suffirent pour que nous soyons certains, l’un comme l’autre, de cet Amour qui naissait entre nous, de cette évidence qui faisait que nous ne pouvions nous échapper de l’emprise de l’autre.  

Je me reculais doucement tandis qu’elle me souriait avec une bienveillance et un désir évident.  

Ce n’est qu’à cet instant que je pris conscience du monde qui m’entourait.  

Mon premier regard se tourna vers les filles qui pleuraient de bonheur. Elles se jetèrent vers nous et nous prîmes dans leurs bras.

 - OH CONRAD ! MON DIEU QUE JE SUIS HEUREUSE ! Cria Nathalie.

 - C’EST MOI LE PLUS ! Cria une Corinne hilare de bonheur.   

Les deux garçons hurlèrent à leur tour, en mode mec. Me sifflant et me tapant dans le dos.  

Arwen, elle, me dévorait du regard. Je me perdis à nouveau au plus profond de ses yeux et j’eus l’impression de m’y noyer. Mais je ne voulais pas respirer et risquer de remonter à la surface. Si je devais ressentir ce sentiment encore une fois mais en mourir, je me donnais volontiers à la faucheuse qui ne tarderait plus à me prendre.  

Elle me sourit et me dit  

 - Je t’aime, Conrad ! Comme je t’aime !

Je ne répondis pas. 

Non pas que je ne ressentais pas un violent désir de lui faire comprendre ce qui m’étreignait, mais une part de moi restait encore, malgré tout, fidèle au souvenir d’une épouse qui me souriait par au-delà de mon imagination ainsi qu’au souvenir de ma découverte de l’après-midi. Elle disait m’aimer mais s’était faite baiser par un Sylvain qui n’en demandait visiblement pas tant.   

Je revins à l’instant présent pour me tourner vers un Sylvain dont les larmes m’émurent.  

 - Je suis désolé, mon vieux ! Mais nous devrons parler ! Lui dis-je.   

 - Mec, tu n’imagines même pas comme c’est une évidence que vous soyez ensemble. Je suis si heureux, Conrad. Si heureux.   

 - Mais...toi et elle ?

 - Arrête, Conrad. C’était juste sur le moment. Je ne l’ai même pas embrassée. Si tu veux tout savoir, elle m’a dit qu’elle s’était trompée sur toi et qu’elle avait besoin d’exorciser son mal-être. Je ne te l’ai pas dit, en bas, parce que cela ne me paraissait pas indispensable. Mais maintenant que je vous regarde, tu dois l’entendre. Parce que c’est uniquement pour cela que nous avons... Enfin, bref ! Tu sais que je ne peux résister à une belle femme et celle-ci, pardonne-moi d’en parler ainsi, est juste atomique. Elle ne m’a pas vraiment laissé le choix, en plus. N’est-ce pas, Arwen ?— J’étais en colère ! Et non, je ne t’ai pas laissé le choix, effectivement, si ce n’est celui de dire "non", comme tout un chacun. Mais tu n’en avais visiblement pas la moindre envie ! Dit-elle en baissant un peu les yeux, connaissant visiblement son pouvoir de séduction sur les hommes. — Comme si on pouvait te résister, sorcière ! Mais je m’en veux tout de même un peu, surtout au regard des événements de la soirée. Mais on ne refera pas le passé, Conrad ! Considère que je fais partie de sa vie d’avant, de ses expériences de jeune femme. Maintenant, je te dirais la même phrase que celle que tu m’as balancée. Rends-la heureuse et surtout, rends-toi heureux, mon ami.   

Durant notre échange, Arwen avait posé sa tête contre mon torse et me serrait comme si elle refusait de me voir m’échapper. Elle sourit à Sylvain qui déposa un baiser sur sa joue. J’étais l’homme le plus chanceux du monde d’avoir des amis de cette qualité. Ils n’avaient jamais baissé les bras, avaient enduré mes remontrances, mes colères, mes sarcasmes, et parfois ma méchanceté pour ne se souvenir que d’une seule chose. Ils étaient mes amis, à chaque instant et quelques soient les écueils.  

 - Bon ! On vous laisse, les amoureux. Nous, on se casse ! Je pense que vous avez d’autres chats à fouetter, si j’ose m’exprimer ainsi ! Décréta une Nathalie euphorique.

 - Pas question ! Dis-je. Je veux que vous restiez ! La soirée n’est pas terminée et je veux que nous lui disions tout.   

Pierre et Sylvain se regardèrent puis, ils haussèrent simultanément les épaules, résignés par mon attitude mais souriants comme des étudiants qui viennent d’être diplômés. Nathalie et Corinne se positionnèrent de chaque côté du binôme collé-serré que je formais avec Arwen pour nous enlacer. 

Corinne dit, au creux de l’oreille d’Arwen

 - Je ne sais pas si c’est une bonne idée, mais elle me tente vachement ! Tu es prête pour la grande révélation ?

 - De quoi parlez-vous ? Me demanda-t-elle, intriguée.

    

Je la considérais, pour la première fois, comme la compagne qui me donnerait la joie nécessaire au reste de ma vie. Mais en la regardant, je sus que je devais lui poser une question.  

 - Avant d’en arriver là, je voudrais te demander une faveur, Arwen ?

 - Tout ce que tu veux, Conrad ! Me répondit-elle, amoureuse.   

 - Pourquoi avec Sylvain cet après-midi et que, le soir, tu cries être amoureuse d’un autre ?

Ma question désarçonna notre entourage mais pas Arwen. Cependant, elle baissa la tête, comme une gamine prise en défaut. Ce qui ne l’empêcha pas de me répondre avec sincérité.

— Je te l’ai dit, Conrad ! J’étais en colère. Furieuse contre toi. Quand tu m’as abandonnée aux mains de tes amis, je ne me suis jamais sentie aussi seule de toute mon existence. Autant que lors de l’événement funeste dont je t’ai parlé. Tu comprends ce que je veux dire et le mal que j’ai pu ressentir lorsque tu es parti pour des broutilles et un simple manque de communication ?
— Je comprends très bien, Arwen ! Dis-je en comprenant la référence à son jumeau, hélas, décédé. 
— Alors, j’ai voulu te faire mal à ton tour. Parce que je ne voulais pas être la seule à souffrir et que je pensais que je n’avais aucun intérêt à tes yeux, si ce n’est celui de rester à jamais une amie parmi d’autres. Ce que je ne voulais à aucun prix. Depuis que je t’ai rencontré, j’ai souhaité devenir celle qui ferait battre ton coeur, Conrad. Celle pour qui tu ferais tout et n’importe quoi. Je ne connaissais pas ton état de veuf, ce qui m’a fait comprendre que je faisais fausse route. J’ai oublié mes sentiments pour apprendre à te connaître et profiter de ta présence. Mais au fur et à mesure que nous nous apprivoisions, mes sentiments sont, non seulement revenus, mais se sont amplifiés. Tu es tellement parfait, Conrad ! N’importe quelle femme au monde serait honorée que tu baisses tes yeux sur elle. Alors, lorsque j’ai ressenti cet abandon, je me suis offerte au premier qui voudrait de moi, par expiation de ma stupidité ou de ma jalousie, choisi ce que tu veux. Pardonne-moi, Sylvain et pardonne le mauvais tour que je t’ai joué. Je t’apprécie énormément et tu es un garçon bien. Mais...— Ne te tracasse pas, Arwen ! J’ai compris ! Répondit-il dans un sourire. Je l’ai compris à l’instant même où tu t’es offerte à moi. Mais, si je suis un gars bien, comme tu dis, je n’en demeure pas un homme simple. Alors, j’ai profité d’une situation à laquelle je ne m’attendais pas et, je me répète, qui pourrait résister à tes charmes lorsque tu les offres de cette façon ? Pourtant, je me suis comporté comme un vulgaire mec ne pensant qu’avec son sexe et pas sa tête alors que la situation aurait dû me sauter aux yeux. C’est à moi de te demander pardon, ainsi qu’à mon ami. Pas l’inverse.   

Elle se dirigea vers lui et déposa un baiser sur sa joue en disant

— J’ai raison ! Tu es un mec bien. Pardon, Sylvain !
— De rien, ma belle ! Répondit-il dans un sourire.   
— Je ne serai pas ta sexfriend, dirait-on ? Déclara-t-elle en riant sans savoir qu’elle venait de mettre les pieds dans le plat tandis qu’elle se blottissait dans mes bras et que je souriais à mon ami, en guise de pardon éternel.   

Face à notre réaction silencieuse mais rieuse, elle resta un instant interdite, comprenant probablement que mon pardon envers lui n’était dicté uniquement que par l’amitié sincère que je portais à ce garçon, surtout suite aux dernières paroles de Corinne au creux de son oreille.  

Je la pris par la main et la lui mis dans celle de Corinne en lui disant,  

— Tu veux bien aller l’installer en bas avec Corinne ? J’arrive de suite.

Elle emmena doucement Arwen à la suite des autres, mais cette dernière se retourna immédiatement vers moi, inquiète de me voir partir. Comme si elle ne supportait plus de ne plus me toucher ou d’imaginer que je puisse m’éclipser à nouveau. Je la rassurais alors

— J’arrive, Arwen ! Je prends deux petites choses et je reviens vers toi.

— Tu me le promets ?

— Je te le promets. Je ne te laisserai plus jamais !

— Je t’attends, Conrad !

Je me dirigeais rapidement vers mon bureau ainsi que dans la cuisine. Puis, je redescendis, presque en courant, les escaliers devant me mener à la piscine. Elle me manquait déjà !

Comme la vie peut être étrange ! 

Tout bascule en une seconde et elle prend un tournant auquel on ne s’attend pas.  

C’est ce qui était arrivé avec mon épouse lorsque je l’ai rencontrée, lorsqu’elle m’a transformé, ou lorsque je l’ai perdue en un instant. Et, à présent, Arwen qui entre dans ma vie d’une manière que, aveuglé par mon chagrin, je n’avais pas envisagée mais qui me paraît, à présent, inéluctable et totalement normale.  

Certes, je la trouvais, auparavant, superbe, d’agréable compagnie, terriblement séduisante et d’une sincérité assez rare que pour lui avoir fait confiance. Mais, mis à part dans les rêves que je faisais et qui ne prêtaient, selon moi, pas à conséquence, je ne l’avais jamais vue comme une compagne potentielle.  

Il m’avait fallu une série importante d’électrochocs pour comprendre le cheminement qui avait été le mien. L’arrivée d’Arwen avait été le déclencheur de cette série qui venait de me mener directement dans ses bras, pour mon plus grand bonheur.  

Ce jour où elle poussa la porte de la salle des professeurs de mon établissement avait été mon jour de chance en Enfer, selon la formule consacrée par cette chanson des Eels « Your lucky day in Hell ». J’en faisais, à présent, mon credo.  

Arwen m’attendait, assise sur une chaise, fébrile, le regard un peu vide, inconsciente que sa beauté était encore plus frappante mais certainement inquiète de ne pas me voir arriver. Lorsqu’elle m’entendit, elle se leva directement et se jeta dans mes bras, blottie dans cet espace qui devenait le sien pour le reste de ses jours.  

— Ne me lâche pas, Conrad ! Je t’en prie, ne me lâche plus jamais !

— Je ne le ferai plus, Arwen. Reste à côté de moi, s’il-te-plaît !

— Tout ce que tu veux, mon amour.   

Les sentiments qui m’assaillirent en l’entendant m’appeler ainsi furent intenses.  

Non seulement parce que la dernière femme qui m’avait appelé ainsi n’était plus de ce monde mais surtout parce que c’est ce qu’elle aurait tant désiré que je reçoive à nouveau alors que je pensais ne plus pouvoir les supporter.  

Comme je l’ai dit, la vie est caustique et aime se jouer de nous.  

En l’entendant m’appeler ainsi, de nouvelles larmes coulèrent le long des joues de Nathalie qui n’en pouvait plus des montagnes russes émotionnelles qu’elle vivait. Mon épouse avait été sa meilleure amie et elle lui manquait probablement autant qu’à moi. Mais je compris aussi, à cet instant, que mon bonheur et le respect de ses volontés étaient, pour elle, fondamentales.  

Nathalie était, simplement, heureuse de me voir à nouveau heureux. Et elle ne se privait pas de me le faire savoir. Son propre cœur était brisé et saignait en repensant à son amie qui occupait la place d’Arwen tout en éclatant d’un bonheur indescriptible de me voir répondre aux volontés de notre chère disparue en retombant amoureux d’une femme, tout aussi exceptionnelle qu’elle l’avait été.   

Je me dirigeais sans quitter Arwen du regard, vers la cuisine extérieure jouxtant la piscine pour récupérer quelques verres et ouvrir la bouteille de champagne que je venais de récupérer dans mon frigo.  

Je servis chacun de mes amis puis, je levais mon verre

 - Mes amis ! Je n’aurai jamais le temps nécessaire pour vous remercier comme il se doit de votre patience et de votre fidélité à mon égard. Beaucoup de temps s’est écoulé depuis la tragédie qui nous a frappés. J’ai été aveuglé par mon chagrin et je me suis vautré dans un deuil qui ne me quittera jamais, vous en êtes tous conscient.

Je laissais mes paroles pénétrer chacun d’entre eux tandis que je continuais à regarder Arwen dont les yeux, remplis d’un amour infini, ne me quittaient plus. Puis je repris

 - Il y a quelques mois, j’ai eu la chance d’être assis au bon endroit, au bon moment. Une jeune femme magnifique et merveilleuse est entrée dans ma vie comme un ouragan ravage une plage. Ce jour restera à jamais gravé dans ma mémoire comme mon jour de chance dans l’Enfer de ma vie. Celui qui a changé ma vision des choses et celui qui m’a fait renaître. Alors ce soir, comme preuve de ma volonté d’aller de l’avant et pour me faire pardonner de toutes mes erreurs de jugement, je tiens à faire profil bas et à ne rien cacher à celle qui m’a fait l’honneur de me confier son amour. À ARWEN !

 - À ARWEN ! Répondirent-ils tous en choeur.   

Je m’assis à ses côtés et elle déposa un tendre baiser sur mes lèvres.

Puis, en exemple parfait de la gente féminine, elle me demanda à la volée

 - Bon ! C’est quoi cette révélation ? J’en peux plus, moi !

 - Es-tu certain de vouloir le lui dire, Conrad ? Me demanda Pierre avec sérieux. Nous pourrions en rester là, tu le sais !   

 - Oui ! Mais je ne veux rien occulter.   

 - Ok ! Comme tu veux. C’est ta copine après tout !

 - Vous m’inquiétez, là ! Dit-elle soudain frileuse de ce que j’allais dévoiler.   

Je me calais confortablement dans mon fauteuil et j’attendis que tous soient assis pour débuter.  

 - Arwen ! Tu es une jeune femme qui me semble assez intelligente et assez ouverte d’esprit pour entendre ce que je vais te révéler. Tous, comme tu l’as compris, sommes liés par le souvenir de mon épouse. Je t’ai descendu la photo qui trône sur mon bureau et qui est celle qui la représente le plus.
Elle prit le cadre de mes mains et regarda intensément celle qu’elle pourrait, peut-être, un jour remplacer dans ma vie. Mon épouse était entièrement nue, quelques gouttes d’eau ruisselant sur son corps bronzé, couchée sur le dos, arquée et ne reposant que sur ses fesses et ses épaules. Sa poitrine arrogante pointant vers le ciel tandis que son visage était tourné vers l’objectif, souriant et moqueur, comme à son habitude. Cette photo, qui me déchirait l’âme, était celle qui me permettait de garder en mémoire qui elle était vraiment. Je respirais un grand coup puis, je continuais mon explication
— Je te présence celle qui nous a emmené vers des cieux que nous ne pouvions imaginer. Comme tu l’as constaté, nous avons une liberté de moeurs assez étonnante pour le commun des mortels. Tu as pu t’apercevoir, cet après-midi, que la nudité ne nous gêne pas le moins du monde.

 - Vous êtes nudistes ? Et alors ? Me coupa Arwen.   

 - Ce n’est pas aussi simple. Si Pierre et Nathalie ont l’habitude des plages du Cap d’Agde, ils sont aussi des habitués des pratiques qui s’y déroulent chaque jour. Tu vois de quoi je parle ?   

 - Ainsi que tu l’as dit, je ne suis pas une grenouille de bénitier. Oui, je comprends qu’ils ont les pratiques de ceux qui se rendent sur ces plages. C’est-à-dire une ouverture d’esprit concernant le sexe et ses pratiques. Et alors ? Chacun fait ce qu’il veut de son corps tant qu’il ne fait de mal à personne, non ?   

 - Exactement ! Mais ces pratiques, comme tu les nommes, ne sortent pas du néant. Tu ne te dis pas un jour « Tiens ? Et si nous allions nous promener à poils sur les plages d’Agde ? ».   

 - Que veux-tu me faire comprendre, Conrad ?

 - Que ces pratiques viennent de cette maison !

Je lui laissais le temps d’intégrer cette première information. Elle me fixa intensément puis regarda chacun de ses nouveaux amis avec le même regard. Ensuite, elle prit la parole

 - Donc, vous avez l’habitude de vous baigner nus dans cette piscine. Wouaw, le scoop !

 - Effectivement, vu ainsi, cela paraît un peu idiot de faire tout ce cirque ! Dis-je en riant.   

Elle rit mais elle était la seule. Corinne et Nathalie esquissèrent bien un sourire mais de pure forme. Les garçons restèrent sérieux. Elle comprit alors que je n’avais encore rien dévoilé.  

 - Ah ! Ce n’est pas cela dont tu voulais me parler, c’est ça ?

 - Ce serait beaucoup de bruits pour pas grand-chose, effectivement. Tu ne devines pas avec ce que je viens de te dire ?

 - Non ? Ou plutôt, j’entrevois une perspective mais je ne suis pas vraiment certaine que cela soit de cela que tu parles.

 - Dis-moi !

 - C’est un peu gênant, Conrad !

 - Dis-moi à quoi tu penses, Arwen !

 - Pierre et Nathalie sont échangistes ? Dit-elle en riant encore pour masquer son trouble.   

Je laissais un blanc s’installer. Je bus une gorgée de mon excellent champagne Krug pour lui laisser le temps d’associer son idée avec mes paroles. Car elle avait oublié un point essentiel.  

Soudain, elle dit plus fort

 - NOOON ! Ce n’est pas...Conrad ? Noooon...

 - Vas-y !

 - Ton épouse ?   

 - Continue !

 - Elle vous a appris à...

 - Oui !

 - Oh merde !   

 - Comme tu dis !   

 - Là, ça dépasse tout ce que je pouvais imaginer. Vous...

 - Ouiiii ? Demandé-je joueur.   

Elle but une gorgée à son tour sous les sourires de tous les participants à la conversation. Puis, se lança pour énoncer notre secret à tous.

 - Ton épouse vous a appris le libertinage !

 - BINGO ! Cria Nathalie.   

 - Ah ! Fut la réponse d’Arwen.   

Elle me fixa un instant puis me dit le plus naturellement du monde

 - C’est tout ?

 - Oui ! C’est tout. Mais je trouve que c’est déjà pas mal. Tu comprends peut-être, maintenant, pourquoi ton écart avec Sylvain, cet après-midi, s’il m’a touché, n’en reste pas moins un non-événement dans mon esprit et que cet homme restera éternellement mon ami.   

 - Mwouai. Je m’attendais à pire, figure-toi !   

 - Cela ne te choque pas ?

 - Je comprends effectivement la rapidité avec laquelle tu as balayé ce que tu appelles pudiquement un écart. Pour le reste, vous étiez tous consentants ? Vous êtes tous majeurs ? Alors, tout va bien. Je vous l’ai dit, chacun fait ce qu’il veut de son corps.   

 - Très bien ! Et toi ?

C’est peu dire qu’elle eut du mal à terminer ce qu’elle venait d’avaler. Pour la taquiner, je lui dis

 - C’est moi qui vais prendre ton verre, cette fois, si tu ne fais honneur à mon champagne !

Elle rit en se souvenant de ma première soirée chez elle. Mais elle en profita

 - Tu penses que cela pourrait m’intéresser, Conrad ? C’est bien le sens de ta question ? Savoir si la pratique de l’échangisme au sein d’un couple pourrait être une éventualité que je pourrais prendre en considération ?

 - Non ! Ce n’est pas ce que je veux savoir, Arwen !

Là, je venais de frapper les esprits. Alors que tous s’attendaient probablement à ce que je lui propose de reprendre le rôle de mon épouse au sein de notre groupe, ce n’était pas mon intention. Mais j’avais une idée en tête. À présent que mon esprit était de nouveau opérationnel, j’entrevoyais une possibilité basée sur une hypothèse qui, je dois l’avouer, me tentait bien.  

 - Ah ? Alors, je ne comprends pas le sens de ta question.

 - Qu’en penses-tu ? C’est tout simple. Cela te paraît-il honteux ? Dégradant ? Infâme ? Dégoûtant ? Ou une pratique banale ? Un choix ?   

 - Je dirais un choix de vie entre deux personnes consentantes. Si vous étiez heureux ainsi, libre à vous. Personnellement, puisque c’est le sens de ta question, je ne me suis jamais posée la question. Enfin...

 - Oui ?

 - Ce n’est pas tout à fait exact. Disons que c’est une expérience à laquelle je n’ai pas été confrontée dans mon existence pour diverses raisons. J’ai une sexualité plutôt classique. Cela te convient ?

 - Je n’ai pas de réponse définie, Arwen. La sincérité est toujours la meilleure réponse. Disons que j’ai entendu ce que je souhaitais entendre.   

 - Ben tu as de la chance, répondit Pierre. Parce que moi, je n’ai rien compris.   

 - De toutes façons, tu ne comprends pas souvent grand-chose ! Répondit son épouse dans un grand sourire en le taquinant, ce qui fit rire l’ensemble de l’assemblée.   

Sauf moi !

Parce qu’en me répondant de cette façon, et en associant les informations dont je disposais la concernant depuis notre rencontre, je savais, à coup pratiquement certain, qu’Arwen venait de me mentir en conscience.  

Et je voulais savoir pourquoi !
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