Le site de l'histoire érotique
  • Histoire érotique écrite par
  • Fantasme
  • Publié le
  • Lue {{{NB_VUES}}} fois
  • 6 J'aime
  • 2 Commentaires

La journaliste

Chapitre 12

Divers
12/ En isolement
L’hélico fait du sur place au dessus du tarmac de l’aéroport de Nice et se pose enfin, je tressaute.. et sors enfin... la jeune femme me prend le bras et me conduit à l’écart, dans un grand bâtiment vide.
Un homme en uniforme, un autre en civil, costume sombre, je comprends que c’est un flic. Le lieutenant salue son supérieur et se retire. je lui fais un petit signe amical de la main et reste immobile, respirant fort. Les deux hommes me conduisent dans une petite salle, me donnent un café. Le policier m’explique. Mon reportage est classé secret défense pour le moment, je ne pourrais rien dire, rien publier. Je l’écoute, la tête vide, les mots valdinguent dans ma tête, s’entrechoquent, formant un brouhaha, je fais celle qui comprend et signe un papier qui atteste que j’ai tout compris.
Le policier en civil m’accompagne dans le grand hall de l’aéroport, je suis surprise de la foule et je me crispe... apeurée d’un coup. et je l’aperçois, accompagné d’un autre flic. Je ne bouge pas... tétanisée par l’émotion qui me submerge. Je reste immobile, ayant du mal à me tenir debout.
Damien pâlit en me voyant, mon drôle de crane, ma mine défaite et s’avance, lentement, ne voulant pas brusquer notre rencontre et pose ses mains sur mes épaules et me serre contre lui.
Je m’écroule d’un coup, mes jambes ne me soutiennent plus et je ne tombe pas uniquement grâce à son soutien.
Le policier, resté en retrait, fait signe à un homme qui s’approche de nous, me place sur un fauteuil roulant et nous sortons, je ne vois plus rien, tout est brouillé dans mes yeux, dans ma tête, je me retrouve allongée dans une ambulance et sirène hurlante nous arrivons sur une piste annexe de l’aéroport de Nice où nous attend un petit Falcon, affrété par les bons soins de la Direction du journal
Un toubib, spécialiste des états d’urgence en descend, suivie d’une jeune infirmière et me prennent en charge. Damien reste avec moi, me tenant la main, j’entends sa voix sans rien comprendre à ce qu’il me dit et je ferme les yeux, laissant aller mon esprit qui s’envole à nouveau, se détache de mon corps allongée.

Base Aérienne de Solenzara. Début d’après-midi. Depuis le salon VIP, le préfet voit arriver l’hélicoptère de retour de Nice, il consulte sa montre, l’hélico est à l’heure. Il réfléchit à sa mission, “J’espère que les dispositions ont été aussi prises pour la blonde, il paraît qu’elle vaut le détour...”, se remémorant le compte rendu que lui a fait l’équipe d’interception sur la vedette. Au travers de la façade vitrée du salon VIP, Il voit une fine silhouette sortir d’un pas rapide de l’hélicoptère et se diriger vers le salon, casque à la main. La porte du salon s’ouvre, le préfet sourit, “une jolie rousse, j’ai de la chance... pour mon voyage retour. ”Elle le salue … “Monsieur le préfet, Lieutenant Lepin, nous vous ramenons sur Toulon. Vous êtes prêt ?”
A ce moment là, le portable du Préfet sonne, le lieutenant recule de, le préfet lui fait signe de ne pas bouger … il prend la communication. C’est le Cabinet du Premier Ministre. “Monsieur le Chef de Cabinet ... oui … c’est réglé, le Sieur Linus est en route pour Calvi, sous la surveillance du 2ème REP, là bas aucun risque de complicité, il n’a pas de relation au sein de la Légion, on ne devrait plus entendre parler de lui pour un mois ou plus... oui …” Le préfet écoute puis reprend “Excellent, votre deal, vraiment parfait, Proposez à son canard, une interview exclusive du nouveau Président un mois après sa prise de fonction en échange de la mise hors circuit de la Bimbo, bien joué … avec ce nouveau job elle va être occupée pour quelques semaines, et en plus elle va prendre du galon … c’est parfait, elle le mérite d’après les infos qu’avaient lâché Linus, elle a fait un bon boulot et en plus elle est solide... vous êtes machiavélique, son abonnement internet résilié par erreur et sa carte SIM de son GSM bloquée... Cela ne va pas l’aider dans sa recherche de son complice … Happy end alors … Au revoir. ”
Pendant deux heures, les petites routes dans les montagnes de la Haute Corse, se suivent et se ressemblent, virages après virages. Les Légionnaires parlent entre eux, ignorant leur prisonnier, faisant tourner en boucle et à tue tête le dernier Cd à la mode, en écoutant le morceau “L’Ange.” et commentant le scandale médiatique autour de ce morceau. Jean lui, ne peut s’empêcher de penser à son ange blond, avec qui il aurait tant aimé traversé la Corse au mois de mai. Il commence à gamberger “ Si il arrive à sortir de ce bourbier, Si …”, puis ce dit que il a complètement foiré son coup avec Betty de A à Z, de La Serbie, à la Grèce en passant par la Méditerranée. C’est pas demain que tu vas la retrouver, tu perds la main, Jeannot …. “
Le véhicule pénètre dans l’enceinte du Camp Raffalli et se gare devant le Centre de Commandement. Un Légionnaire descend du véhicule lui fait signe de le suivre … Un couloir, puis toque à une porte marquée “Colonel André Bollot des Moulins”. Jean reconnaît le nom d’un ancien de la KFOR, la Kosovo Force de l’OTAN.
“Entrez … un échange de salut bref, c’est bon Caporal, vous pouvez nous laisser …”.
“Alors Monsieur Linus, je devrai dire l’ex Commandant Linus, on se retrouve... Je vais faire simple. De ma propre initiative, je vais aménager votre détention, Interdiction de sortie du camp, pas de téléphone, Internet ou autres moyens de communication, pas de discussion avec mes hommes. Pour le reste vous êtes mon invité, vous avez une chambre individuelle d’officier, vous mangerez au mess, et vous suivrez l’entraînement avec nous. Je respecte l’homme mais pas le soldat, le temps des corsaires, c’est fini. J’ai votre parole que vous respecterez notre contrat ?” Jean hoche la tête et lâche un Oui clair. De toute façon, il sait qu’il n’a pas le choix, il n’a aucune chance de s’évader.
Le Colonel termine “Sinon, je vous mets au trou comme on me l’a demandé. Vous êtes ici au secret pour trois mois, je préfère que nous collaborions. Le légionnaire Dupuis va vous accompagner à votre chambre. “ Il ouvre la porte, dernier point, ici on est à la légion, pas une bande de mercenaire, votre tenue doit être irréprochable, et vous passerez d’abord chez le coiffeur? Compris Légionnaire Dupuis, amenez Monsieur chez le coiffeur puis prendre son paquetage et enfin dans sa chambre. et se tournant vers Jean soyez au mess à 18h45. “ … puis il se replonge dans sa paperasserie.
Décidément c’est retour vers le passé, se dit Jean. Le barbier lui applique la coupe réglementaire “Légion”, tout ce qui dépasse de l’épaisseur du peigne est ratiboisé à la tondeuse électrique. Pour sa barbe de trois jours, c’est le rasage à l’ancienne, au rasoir “coupe chou”. Sa peau est impeccablement lisse. Le coiffeur se recule, et lance, amusé, “Cela vous rajeunit Monsieur, au moins 5 ans de moins, vous en aviez besoin”. Il se distrait en pensant à Betty, qui savourerait ce juste retournement.
Jean rejoint sa chambre. Le lit standard, une petite pile de vêtements, treillis, slip, chaussettes, tee-shirts, tout couleur kaki, et une paire de rangers. Voila son univers pour les trois mois à venir. Heureusement sa chambre est au 2ème étage, il a une vue dégagée sur les montagnes de Haute Corse.
Tous les jours se suivent, et se ressemblent, la routine, confiné dans le camp, lever , entraînement, repas sur le terrain, entraînement, dîner, coucher … Tout cela sans lien social, le personnel de la base sait qu’il est interdit de lui parler. Comme seule distraction, la télé et les quelques journaux ou revues du Mess des Officiers. Et ce qui n’arrange rien, son inquiétude croît concernant le sort de Betty, avec ce qu’elle avait subi, le pire est possible, la maladie, la dépression. Son corps parfumé, blotti contre lui manque, ses petites fesses douces, sa bonne humeur communicative, sa naïveté feinte, même son côté Miss Catastrophe…
Je me réveille dans une chambre luxueuse de l’Hôpital Américain de Paris, la bouche pâteuse, un mal de crane atroce. Je suis seule, une perfusion sur le bras gauche, en chemise de nuit fleurie. Je m’assois sur le lit, regardant autour de moi... triste et soulagée.
Damien revient et me sourit tendrement, s’installant à mes côtés. je blottis ma tête contre son torse sans un mot... Il me caresse les joues, ne me demande rien, me parle gentiment, doucement. Je ferme les yeux, me laisse aller à la douceur de ses propos.
Je ne sais pas combien de temps j’ai dormi, ils ont du me donner un calmant et je redresse la tête à l’arrivée d’un toubib, un jeune docteur, l’air sûr de lui, un large sourire aux lèvres.
“Bonjour mademoiselle Duval, nous venons de recevoir les résultats des analyses, tout est correct, vous êtes en bonne santé, il faut, pour le moment, vous reposer, vous allez rester un jour ou deux ici. Monsieur, puis je vous parler s’il vous plaît...” prenant le bras de Damien, il le conduit sur dans le hall. Je respire fort... les regarde sortir, inquiète.
“Nous allons devoir procéder à un avortement, désolé, je vous laisse le soin de lui dire, ensuite il y autre chose...” il hésite, visiblement mal à l’aise...”heu c’est un peu gênant de devoir vous dire cela... vous nous aviez parlé de viol n’est ce pas Monsieur?”
“Heu oui, elle m’a tout dit, ce qu’elle a subi, des viols à répétitions, pourquoi cette question docteur?”
Le toubib hésite... et reprend...”Nous avons bien vu qu’elle était dilatée mais elle n’a aucune lésion intime, ni dans son vagin ni côté rectal, nous ne comprenons pas, elle a du être soignée sur place, je ne sais pas ce qu’elle c’est passée mais efficace en tout cas”.
Damien ne veut plus rien entendre et retourne dans la chambre, laissant en plan le jeune docteur. Je lui prends la main... le regarde... et souris en me redressant sur le lit.. me sentant mieux à présent..
“Bonjour mon chéri.. que t’a dit le docteur?” je lui serre la main un peu plus... la rapproche de mon visage en la respirant... je frisonne, son odeur, ça me fait un bien fou... je la hume fort en fermant les yeux pour bien m’en imprégner.
“il ne voulait pas te le dire en face, il était gêné ma puce, tu es enceinte et il propose un avortement assez rapidement pour que tu puisses oublier”. Il tire sa main avec la mienne vers sa bouche et me la couvre de baiser en me regardant fixement
“J’ai eu si peur pour toi ma chéri, si tu savais comme je m’en veux de t’avoir envoyer seule dans ce pays de fou...” Je lui caresse le visage en souriant... “. C’est fini maintenant Damien... fini tu m’entends, je ne veux plus en parler... une fois que l’avortement sera passé, viens serre moi fort maintenant, j’ai besoin de te sentir contre moi mon chéri”
Deux jours plus tard, Damien vient me chercher et me conduit dans notre appartement sur les quais de Seine. Je fais les cents pas, ayant perdu mes repères... seule dans ce grand appartement luxueux.
Je me regarde dans le miroir de mon petit boudoir... triste en caressant ma tête qui est recouverte de petit duvet blond... Cela me va pas si mal quand même et je me fais une grimace... Damien est au journal ce matin et file prendre un bain.. je me prélasse dans l’eau chaude.
Il fait chaud ce matin là sur Paris et je choisis une petite robe printanière que j’enfile sur un joli ensemble sexy. Je sors, voulant marcher sur les quais, je me promène, respirant l’atmosphère si particulière de Paris, je feuillette des bouquins dans les petites échoppes qui serpentent le long des murets des quais, le docteur m’a prescrit un arrêt de 15 jours et je compte bien le mettre à profit pour me ressourcer dans cette ville que j’aime tant.
Mes pas me mènent juste devant le Palais Royal et je souris, retrouvant machinalement le chemin du journal. L’hôtesse d’accueil me sourit à mon arrivée et je lui rends, me rendant directement à l’étage des grands reporteurs et je souris à l’accueil qui m’est réservé.
Damien est dans son bureau, je tapote à la porte vitrée et mon sourire se fige à la vue d’Aurélie, son assistante qui me fait un large sourire de circonstance.
“Ha Betty, ma chérie, tu n’as pas pu t’empêcher de venir, laissez nous Aurélie, merci...”
Damien vient vers moi et me fait un tendre baiser sur la bouche, je me laisse guider par sa main sur ma taille, évitant le regard de son assistante qui sort sans un mot. Je m’assois à son invitation, le fixe de mes grands yeux, le détaille, il est dans son élément et répond à son portable qui n’arrête pas de sonner. Je souris, me lève, voyant visiblement que je le dérange... Il me retient de la main en le mettant une bonne fois pour toute sur silencieux et me prend dans ses bras en déposant un gentil baiser sur le cou.
“La direction me demande des comptes Betty, tu vas pouvoir écrire ton reportage?” Je me dégage, la mine défaite. J’hésite longuement, reculant... “C’est impossible Damien, j’ai signé une clause de confidentialité; c’est secret défense ce qui s’est passé là bas.. je suis désolée...” baissant les yeux, essayant de chasser à nouveau les images qui défilent dans ma tête.
Il comprend à mon regard et s’en veut de m’avoir posé la question et s’approche, tendre, me caresse le visage...
“C’est rien, ne t’en fais pas ma puce... il vaut mieux après tout... au fait, en parlant des militaires, une certaine Corine Lepin, Lieutenant a chercher à te contacter au journal, elle est de Solenzara, tu la connais? elle a laissé son téléphone... mais où je l’ai mis nom de dieu...” il fouille dans ses papiers et en sort une fiche qu’il me tend, je la regarde, sans vraiment comprendre, un doute en moi...
“Heu je crois, oui.. il me semble que c’est le lieutenant qui était dans l’hélico, elle t’a rien dit sur ce qu’elle voulait me dire?”
“Chérie, ne m’attend pas pour déjeuner, je déjeune avec le staf, je leur expliquerai, rentre, va faire du shopping, n’oublie pas ce soir, nous sommes invités, à la soirée de l’Ambassade de Croatie, il y aura du beau monde, fais toi belle comme tu sais le faire ma chérie...” il m’embrasse tendrement.
“J’allais oublier le plus important Laurent, le Directeur de la Publication tient absolument à te voir, Betty, c’est urgent m’a t-il dit. J’appelle son assistante … Je suis avec Betty Duval, Laurent souhaitait la voir … C’est parfait... Je vous l’envoie”.
Surprise, émue, je respire, un entretien chez le patron, je ne me suis pas préparée. Son assistante m’accueille, charmante, avenante.
“Ah Melle Duval, nous sommes tous heureux de vous retrouver parmi nous … nous avons eu très peur.”
Elle ouvre la porte du Bureau Directorial. Laurent s’est levé, me serre la main, une poignée franche. Nous nous installons autour de sa petite table de réunion face à face. Il prend de mes nouvelles, s’inquiète de ma santé, de mon prochain mariage puis me fait parler sur mon aventure … Il sait me mettre à l’aise.
“Voilà Melle Duval, nous avons décidé d’une promotion pour vous, même si votre reportage a été mis au secret pour le moment, le Chef de Cab du Premier Ministre m’a appelé, il a été hautement élogieux sur vous, il ne m’a donné aucun détail. Pour marquer sa reconnaissance au Journal, nous aurons une interview exclusive du Président, juste un mois après son élection. Vous concernant je vous ai choisi pour le poste de Responsable Déléguée de la Rubrique “Monde” et pour vous mettre le pied à l’étrier vous partez pour le Vietnam, la semaine prochaine puis vous enchaînerez puis le Pakistan et l’Inde, je vais prévenir Damien. Vous serez de retour à temps pour le mariage, c’est début Juillet je crois. C’est l’occasion pour vous de tourner la page Melle Duval et pour nous de vous remercier. Et pas de souci de sécurité, tout est prévu. J’ai honte de vous avoir laissé partir seule là bas. “
La porte du bureau s’ouvre, l’assistante entre
“Votre visiteur est là, Monsieur …”
Il termine
“Bien Betty désolé, mon emploi du temps est bousculé, je tenais absolument à vous voir … et bon voyage … J’oubliais pour votre nouveau salaire, c’est réglé, vous verrez nous reconnaissons nos meilleurs éléments”.
Il se lève et me guide vers la sortie.
Je me retire, un étrange malaise en moi.. je ne ressens plus la même chose avec Damien, je l’aime encore bien sur, il me rassure, mais ce n’est plus la même passion. Et cette nouvelle proposition, je suis prise au dépourvue …Je sors, triste et me retrouve dans la rue, happée par la foule, je me laisse conduire, ne sachant pas où et me décide à appeler cette Corine Lepin. Bizarement, mon portable affiche, “Erreur 404 - Carte SIM Corrompue”.
Je râle et entre aussitôt dans une boutique, acheter un portable sans abonnement, nerveuse, me doutant de l’importance de cet appel. Et personne ne va pouvoir me joindre.“Allo? Lieutenant, bonjour, c’est Betty Duval...”
“Bonjour Melle Duval, je ne peux pas vous parler...” elle me parle à voix basse, j’ai du mal à comprendre...” Je vous rappelle un peu plus tard, sur le numéro qui s’est affiché...” et elle raccroche immédiatement... Je reste perplexe, indécise, ne comprenant pas, ne voulant pas comprendre l’objet de l’appel alors que je le sens bien au fond de mes tripes...
Je continue de marcher sans but dans les rues de Paris, sans cesse agressée par les bruits de la circulation et enfin un peu de tranquillité dans les petites rues du Marais. Je déambule, furète, chine dans les boutiques sans rien acheter et je m’installe à la terrasse d’un petit bistrot, commande une verveine en allumant une cigarette.
“Melle, excusez moi, auriez vous du feu je vous prie?”, une voix m’interpelle dans mon dos, je tourne la tête, souris à un jeune homme qui me le rend et lui tends mon briquet sans vraiment le regarder, me concentrant sur le charmant spectacle d’un couple d’amoureux qui se promène, tendrement enlacé
“Merci Melle..” il me rend le briquet et je frémis, il vient d’allumer un cigarillo, l’odeur me vient aux narines... je frissonne... “Jean... pourquoi... pourquoi tu ne m’as pas laissé le choix...” j’enfouis mon visage entre mes mains... ferme les yeux...et sursaute à la sonnerie de mon portable. Je me reprends et décroche. L’agréable voix de la militaire fait remonter un peu plus mes pensées et je dois faire un effort sur même pour lui répondre.
“Ecoutez moi sans m’interrompre, je vais être brève mademoiselle...”
Je tremble à l’idée de ce que je vais entendre, pourquoi tant de mystère?
“Je n’ai pas pu vous appeler plus tôt, désolée, j’étais en mission... le capitaine Linus.. ils l’ont mis au secret..., près de Calvi, en Haute Corse, sous la garde du 2ème REP, le Régiment Etranger Parachutiste, il a besoin de votre aide, je ne peux pas vous en dire plus Mademoiselle, désolée, bonne chance Betty...”
Et elle raccroche immédiatement sans me laisser le temps de la questionner.
Le Colonel Bollot des Moulins passe dans la chambre de Jean, juste avant le repas du soir. Il le trouve allongé sur le lit, pensif, le regard fixant par la fenêtre la ligne de crêtes. “Le préfet Maritime de Toulon a appelé. Il voulait avoir un point vous concernant. Je l’ai rassuré sur votre bon comportement, que vous respectiez bien notre accord. Pour votre info, le point positif, cela se tasse en Serbie, l’approche des Jeux Olympiques, l’Euro de foot même si ils ne sont pas qualifiés, la Presse a zappé votre affaire ... Le mauvais point, en France, le nouveau gouvernement avec l’approche des législatives ne veut pas de couac diplomatique, et idem pour juillet - août, c’est la période creuse et ces foutus journalistes sont prêts à tout pour gonfler l’actualité. Vous resterez avec nous jusqu’à la mi-septembre.”
Bien qu’à moitié surpris, Jean accuse le coup et sait que cela ne sert à rien d’argumenter. D’un certain côté, il ne s’en sort pas trop mal, on aurait pu l’envoyer moisir quelques années au fin fond de la forêt Amazonienne en Guyane ou dans une geôle à Djibouti.
En sortant, la main sur la poignée de la porte, le Colonel ajoute, “Je me permets un conseil à l’ex-commandant Linus, vous êtes un grand professionnel, mais trop sentimental pour faire ce boulot. C’est la deuxième erreur que vous commettez, je crains qu’à la troisième vous n’y laissiez votre peau... On ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs . A tout à l’heure au Mess. Jean réplique, ironique “Je vois les oeufs cassés, mais où est votre omelette ?“. Le colonel sort en secouant la tête, pensant que son client est irrécupérable.
Je tremble... affolée...me demandant ce que je peux faire... me sens démunie, seule et j’ai du mal à retenir mes larmes. Je reprends ma marche, réfléchissant sans cesse à ce que je peux faire... je me morfonds, perdue dans mes pensées et je retourne en fin d’après midi à l’appartement, ayant marché une bonne partie de la journée, fatiguée mais contente de m’être dégourdie les jambes, de ne pas être restée seule dans cet appartement.
J’allume le PC de la maison, voulant voir ou se trouve ce camp et râle, voyant le sablier et cette satané page qui ne s’affiche pas... pleure devant mon impuissance... en me levant d’un bond...
La maison est silencieuse, je m’entends respirer... ça me donne la chair de poule et je m’écoute un disque... le dernier tube à la mode.. achat de Damien pendant mon absence, une certaine Lady Heather, avec son tube phare qui passe en boucle sur toutes les ondes, “L’ange”.
Je souris à l’écoute de cette ode à la vie, réalise que je lui ressemble étrangement... et cela me réchauffe un peu le coeur... et je me décide à m’activer, l’heure passant, Damien va bientôt rentrer pour cette soirée.
Je file prendre un bon bain, délicieusement parfumé et me laisse aller, essayant d’oublier un moment cet appel au secours... La porte d’entrée, je souris, me disant que Damien devrait la graisser tant elle fait du bruit. Il entre dans la salle de bain, et me dépose un baiser sur le front, je redresse la tête, la mousse lui masque mes seins et il rit en soufflant dessus.
Je pouffe de rire en lui envoyant un peu de mousse et sors... souriante, m’offrant à son regard... nous n’avons pas encore fait l’amour et je lis dans ses yeux qu’il a envie de me prendre immédiatement. Il reste immobile, contenant son envie, me détaille et me donne gentiment une serviette pour me draper avec. “Merci mon chéri...” l’embrassant délicatement sur la joue, touchée de sa délicatesse et file choisir une tenue dans l’immense dressing.
Je l’entends se doucher, et ris sottement en l’entendant chantonner “L’Ange”. J’hésite et choisis une longue robe en satin rouge, les deux bandes étroites couvrent ma poitrine de façon pas très catholique et je la retire, ne voulant pas être trop sexy à cette soirée et j’enfile une charmante robe raz du cou en soie noire, dos et bras nus, élégante et charmante et qui reste discrète. J’enfile une paire d’escarpins assortis, souriant à mon reflet et renonce à mettre une perruque, bien décidée à assumer ce que j’ai subi. Je me passe de bas, la soirée s’annonçant douce en ce printemps et sors rejoindre Damien qui finit de se préparer, charmant dans son sobre smoking.
Il déglutit en me voyant.. la soie se colle à mes seins, les dessine harmonieusement dans les moindres détails faisant un jeu d’ombre et de lumière et il remarque que je n’ai pas la moindre marque sur la taille, me sourit tendrement en posant sa main sur ma hanche.
“Tu es nue dessous chérie?” je glousse, jouant ma midinette en me dégageant sans répondre...posant un vison court sur mes épaules nues. “Je suis prête mon chéri.. on y va?” lui prenant le bras en souriant.
Nous arrivons bras dessus, bras dessous devant l’immense entrée du Palais Royal où se tient la réception. Laurent, le patron direct de Damien, nous aperçoit et s’approche, souriant, appréciant visiblement ma tenue.
“Betty, vous êtes la reine de la soirée, venez, je vais vous présenter à l’Amiral de la flotte de Méditerranée, il a entendu parler de vos exploits.. et tient absolument à vous saluer.”
Je me laisse conduire, à l’aise, dans mon monde, gardant mon sourire de femme du monde, ayant bien mûri depuis mon séjour dans l’enfer Serbe, n’étant plus cette Bimbo de 26 ans.
“Amiral.. je vous présente Betty Duval, notre journaliste vedette du moment”.
Il me pousse du plat de la main vers un “grand père” au visage amical qui me sourit tendrement
“Bonjour mademoiselle Duval, je viens justement de parler de vous avec mon aide de camp...” il me sourit en me tendant sa main ridée. Me serrant la mienne franchement, je sens en lui un brave homme et lui sourit, jouant de mon regard, l’air espiègle.
“j’espère en tout bien tout honneur Amiral”
Laissant ma main dans la sienne en le regardant fixement.
Il sourit, lâchant ma main en me prenant le bras pour marcher un peu avec moi.
“Oui tout a fait, je viens de lire le rapport de la vedette de Solenzara, vous connaissez la Corse mademoiselle?”
Je me crispe un peu en me forçant à paraître détendue. “Heu non Amiral, pas du tout, j’espère qu’après mon mariage, nous pourrons y aller en vacances une année”.
Je reste suspendu à ses lèvres, m’attendant qu’il parle de Jean... mais rien ne vient, il me complimente, me rassure. Je regarde autour de moi… m’assure que personne ne peut entendre et lui demande de ma petite voix, me faisant douce, gentille.
“Vous avez des nouvelles du capitaine Linus Amiral?”
La pression de ma main se fait plus forte sur son avant bras et ce qu’il lit dans mes yeux lui fait penser à sa fille, il prend un air avenant, m’entraîne un peu plus à l’écart sans rien dire.
Je n’en mène pas large, me laisse conduire et nous nous retrouvons sur une terrasse, je frissonne, il fait frais, il me fixe dans les yeux. Je n’ose pas interrompre le silence. Il se dégage de ma main.. recule d’un pas, reprenant son allure militaire.
“L’ex Capitaine de vaisseau Linus, vous voulez dire, vous devez savoir que tout ceci est classé secret défense, mademoiselle Duval, une sale affaire.”
Sa phrase reste en suspend, je m’accroche à sa bouche du regard.
“Ce que je peux vous dire seulement c’est qu’il est mis aux arrêts, au secret, avec son passé et vu l’enjeu des relations Franco - Serbe, nous n’avons pas le choix...”.
Je me sens défaillir et me retiens de justesse à la rambarde...
“Mais pourquoi, il n’a rien fait, il m’a aidé, il m’a sauvé…”
Me parlant à moi même en retenant mes larmes. L’amiral me fixe de ses yeux francs et comprend dans mon regard les sentiments que j’éprouve..
“La seule chose que je puisse faire mademoiselle, pour vous être agréable c’est d’aménager sa peine, mais je ne vous garantis rien, je vais essayer, vous comprenez n’est ce pas? C’est une affaire d’état..”
Sa main se fait tendre sur mon avant bras, je frissonne, redresse la tête, le remercie de mon regard et l’embrasse tendrement comme une fille à son père.
“Venez, rentrons, ce ne serait pas convenable si nous restons plus longtemps seul à seul, et puis, j’aurais du mal à résister à votre charme Mademoiselle Duval”
Me conduisant à nouveau dans le salon. Il rajoute avant de franchir la porte vitrée
“et si vous voulez aider plus votre ami...”
Il hésite, me regarde fixement...
“Il n’y qu’une seule personne qu’il faut contacter, ....je ne peux rien de plus...”
Laissant sa phrase non terminée.
Je me sens perplexe et un peu soulagée et souris à Damien qui me voit revenir de la terrasse au bras de l’Amiral. “Amiral, je vous présente Damien d’Urville, mon fiancé” Délicat, le militaire le complimente sur ma beauté et se retire non sans me gratifier d’un large sourire amical qui me réconcilie avec la gente militaire.
Je tressaute, un flash m’aveugle, le photographe du journal vient de nous prendre tous les trois en photo. Je fais mon plus beau sourire, me tenant aux bras de ses deux hommes, il nous mitraille. Damien me prend par le bras et m’entraîne un peu à l’écart.
“Ça va aller ma chérie? tu veux qu’on rentre? tu es toute pâle...”
Je lui souris tendrement et le rassure.
“Viens ma puce, je vais te présenter à Dermonti, le nouveau responsable politique du journal” me tirant doucement par le bras en se faufilant au milieu de la foule des invités. Ça gesticule dans un coin, un homme parle fort, avec ses mains... Avec une petite cour de jeunes femmes autour de lui. Damien reste en retrait, attendant que le sieur finisse de parler. Celui-ci n’en finit pas, se gausse, se moque ouvertement du nouvel ambassadeur.
Damien me murmure à l’oreille.
“C’est un proche de Buisson, une girouette, il est dans les petits papiers du pouvoir en ce moment et également de Solférino... méfie toi de lui, mais il est incontournable au journal pour l’instant c’est le seul à être accrédité à l’Elysée”.
Je le fixe, écoutant Damien, l’homme me déplaît fortement, et en plus il sent fort la transpiration. Il termine enfin et se tourne vers nous, un large sourire d’hypocrite aux lèvres.
“Damien.. mon ami... come stai?”
Lui tapant fort sur l’épaule en me fixant de ses grands yeux noirs. Me détaillant longuement, sans nullement se gêner de la présence de mon fiancé. Je me force à lui sourire.
“Clémenté, je te présente Betty, ma compagne et la nouvelle...”
Il l’interrompt en lui tapant à nouveau sur l’épaule ce qui fait tressauter Damien qui a horreur que l’on soit si familier avec lui.
“Je sais qui est ce Dam... tout le monde en parle... pas mal mon ami, pas mal du tout...”
Je tends ma main, retenant de justesse une envie de le gifler et me forçant à garder un air avenant.
“Damien, peux tu venir un moment s’il te plaît?”
Laurent lui prend le bras, me souriant amicalement.
“Je vous l’enlève dix minutes Betty”
Je les regarde s’éloigner, et tressaute alors que le “rital” me prend le bras...
“Alors? comment ça se passe?”
“Je suis encore en arrêt, et je pars la semaine prochaine à Hanoï, ça devrait aller, c’est un reportage facile, le pays est tranquille depuis un moment.”
“Si vous avez besoin d’un coup de main, n’hésitez pas ma jolie...”
Son regard de carnassier me fait frémir... et je repense d’un coup à ce que m’a dit l’Amiral... Je pose ma main sur son avant bras... le regardant dans les yeux...
“Oui j’aurais besoin d’un petit coup de pouce Clémenté...”
Le fixant, déterminer...
“Et cessez de m’appeler “ma jolie””
Mon regard lui fait bien comprendre que je ne suis plus la petite bimbo qu’il pensait que j’étais. Il éclate de rire...
“Alors? que puis je pour toi Bella Ragazza?”
Je ne peux retenir un petit sourire, c’est un incorrigible dragueur...
“La prochaine conférence de presse du Président, c’est bien demain non?, je voudrais y participer...”
Je le sens hésiter.. il me fixe...je m’attends au pire...sa main sur mon avant bras se fait plus pressante. Il sourit
“Ok Bella.. ok... nessun probléma Bella... tu as bien fait de demander à tonton Clémenté”.
J’aperçois Damien qui revient, me souriant du fond de la salle.
“Viens à 15 heures, je t’aurai obtenu un sésame, on se retrouve au Bugsy’s, on ira à pied ensuite, c’est mieux...”
Je lui fais comprendre de ne rien dire alors que Damien revient entre nous. Et nous retournons vers le buffet pour déguster les petits encas.
“Viens, on rentre...”
Il me prend le bras, je frémis, le regarde et me laisse conduire vers la sortie.
Nous sommes venus à pieds et la fraîcheur de la nuit me surprend, je frissonne, serre le vison sur ma poitrine en marchant, silencieuse.
Enfin, nous retrouvons notre appartement. Il me retire le vison tendrement et le dépose sur un dossier en me prenant par la taille, je tremble, comprends son envie dans ses yeux.. je me crispe un peu, il me soulève et m’allonge tendrement sur notre grand lit... j’ai du mal, je ne sais plus où j’en suis et le repousse doucement alors qu’il pose sa bouche sur la mienne, me caressant le front en me fixant dans les yeux.
“Ça ne va pas ma chérie?”
Je lis l’incompréhension dans ses yeux. J’ai du mal à me retenir de pleurer et enfouis ma petite tête sur son épaule... me renverse en arrière en me tendant, respirant fort alors qu’il dégrafe la robe sur ma nuque, la fait glisser sur mon ventre, libérant ma poitrine. Je frisonne au contact de sa bouche sur mes seins. Je ferme les yeux, évitant de penser, faisant le vide en moi mais le repousse, je ne peux pas, je ne peux pas... et pleure en me tournant. Il reste sans voix... et se couche à mes côtés, silencieux en me caressant le dos...
Je murmure faiblement “excuse moi mon chéri, c’est trop, je ne peux pas, je suis désolée... excuse moi...” fermant les yeux en me blottissant contre lui.
Il me couvre tendrement m’embrasse sur le front.
“Ce n’est rien, rien du tout ma chérie, je t’aime...”
Se levant pour aller se servir un verre.

Le lendemain, l’aide de camp, comme promis, appelle le Cabinet du Premier Ministre, plaidant l’aménagement de la mise aux arrêts de l’ex Commandant Linus. L’échange est bref, l’écoute minimale, le chef de cab explique “un, la priorité c’est les législatives et deux, votre rebelle borderline qui a mis la Serbie à feu et à sang, il peut attendre quelques jours, il n’est pas au goulag que je sache. Ceci étant on va s’en occuper.”

J’ai du mal à me lever le lendemain, je me sens lasse, épuisée, je pense à Damien, à ma réaction et je m’en veux. Je traîne toute la matinée, mélancolique... retenant de justesse des larmes qui n’arrêtent pas de vouloir me submerger et je dois faire un gros effort pour me préparer, pour me doucher, avalant sur le pouce de quoi tenir jusqu’au soir.
Je choisis avec soin ma tenue de l’après midi...J’étais un peu résignée à l’idée de ne pas obtenir de rendez vous avec ce “grand homme” mais je me devais de tout faire pour l’obtenir et un dernier petit coup d’œil à ma tenue et je file prendre un taxi qui me dépose devant le bar.
Je tire un peu sur la petite jupe qui a une fâcheuse à tendance à remonter sur les lisières des bas de soie qui soulignent à merveille mes longues jambes et fais signe à Clémenté qui me sourit en me voyant si craquante dans mon petit tailleur jaune.
“Belle ragazza... un carinino piccolo... un adorable petit canari...” je souris en me laissant conduire, ayant un peu de mal à le suivre avec mes talons aiguilles. Les gendarmes, en faction, restent de marbre et nous laissent passer devant les deux cartons que nous leurs montrons...
La foule des grands jours est là, les journalistes se pressent, une marée de caméras emplissent le fond de la grande pièce, je me serre à ce grand dadais qui profite du moindre prétexte pour effleurer mes fesses. je ne proteste pas vraiment, me contentant de lui faire les gros yeux tant que cela se limite à ça.
Il me guide vers notre place, je me réjouis dans ma tête, nous sommes installés dans les premières rangées, bien en vue de la petite tribune et je m’assois, patiente, regardant tout ce remue ménage, impressionnée... J’ai le ventre noué, je ne sais absolument pas comment je vais m’y prendre, ignorant tout des déroulements bien huilés des conférences de presse présidentielles.
Ça bouge enfin vers la droite. Des jeunes gens en costumes sombres, hum pas mal, visiblement des gardes du corps ou des agents spéciaux, je m’imagine, me fais des films dans ma petite tête et il entre. Le président s’approche d’un pas décidé, je le sens sûr de lui, il fait des petits signes à des journalistes qu’il connaît sûrement personnellement et je réalise qu’il adresse un large sourire amical à Clémenté qui acquiesce de la tête, me donnant du coude pour bien se faire mousser.
Je n’en reviens pas, je ne pensais pas qu’il était si petit mais l’homme en impose, je le sens quand même un peu nerveux alors qu’il fait son discours, résumant rapidement la situation économique et égratignant au passage d’un trait d’humour bien senti son futur adversaire.
Je prend des notes, le bloc sur mes cuisses, fébrile, impressionnée, intimidée, les mains moites. Son regard, sur Clémenté... non c’est moi qu’il fixe, j’en suis sure.. ne pas le fixer dans les yeux, regarde ailleurs Betty... je m’affole. Je croise les jambes... redresse la tête et lui décroche un sourire. il m’a vu... je pouffe de rire dans ma tête...
“Bien Mesdames, Messieurs, si vous avez des questions..”
Un brouhaha sans nom, des mains se lèvent, je vois visiblement qu’il prend plaisir à choisir, les gentils qui vont pouvoir le questionner, les méchants qui vont rester sans réponse. Je n’en reviens pas, l’observe bien, reste assise, sans bouger, profite d’un blanc pour me lever d’un bond, voulant poser une question à mon tour, renversant le gros micro, qu’avait posé mon voisin de devant, sur le dossier de sa chaise. Un effet Larsen assourdissant empli la pièce... et tous les regards se tournent vers moi. Clémenté a du mal à contenir un fou rire mais je reste stoïque, fixant le président de mes grands yeux..
“Oui Melle Duval?”
Je n’en reviens pas, il connaît mon nom, ça me déstabilise et j’en bafouille un peu...
“Heu.. merci de me donner la parole Monsieur le Président...”
Je prends une grande respiration en le fixant...et le questionne sur la Serbie, les réseaux d’ancien criminel de guerre. Il me fixe, je sens qu’il n’apprécie pas ma question et hésite à répondre puis répond, de façon sibylline sans vraiment y répondre, passant à la suivante non sans me jeter un regard noir.
Je râle, m’en veux, j’ai l’impression que j’ai tout gâché. et une heure plus tard la conférence se termine.
Damien, de son côté, assiste à la conférence du bureau des transmissions du journal et sursaute en entendant Laurent crier “Mais qu’est ce qu’elle fout la?” En gros plan, la miss canari, le vacarme, tous éclatent de rire, sauf lui qui se demande bien ce que je fais là.
Clémenté me plaisante en se redressant de sa chaise.
“Ben t’as fais ton petit effet, c’est ce que tu voulais je pense?” pas dupe de mon petit jeu, m’ayant bien vu faire tomber volontairement le micro.
Je souris, amusée de sa remarque et me lève à mon tour, laissant un court instant la jupe remontée sur les lisières des bas comme si je voulais le remercier ainsi.
“Allez viens, je te paye un verre Bella; tu l’as mérité”
Et d’un claquement de main sur mes fesses il me pousse en avant.
Je pouffe de rire, un peu frustrée quand même mais sachant bien que je n’avais guère de chance de pouvoir lui parler seule à seule, je le laisse me prendre le bras.
“Mademoiselle Duval.. attendez!!” je sursaute, tourne la tête, surprise.. un homme m’interpelle du fond, de la droite. Je ne le connais pas.
“Durandal, ne te fie pas à son aspect, c’est l’âme damné du président”
Clémenté me renseigne à l’oreille, je regarde approcher le petit homme; me disant qu’il s’est entouré d’une armée de nains
“Le Président souhaite vous voir immédiatement Mademoiselle Duval…”
Je n’en reviens pas, regarde Clémenté et le suis au travers les couloirs luxueux du palais.
Il m’ouvre une immense porte, et reste en retrait, me laissant entrer seule, je frissonne, n’en mène pas large en entrant. Personne dans ce bureau au luxe inouï, j’ai un sentiment étrange de plonger dans l’histoire de France, Louis XIV va rentrer par cette porte, emperruqué, fardé, j’en suis sure et moi je suis la comtesse de Pompadour. Perdue dans mes pensées je n’entends pas la porte, dans mon dos, s’ouvrir.
“Le verso est aussi avenant que le reste mademoiselle Duval.”
Je sursaute, surprise de la remarque et manque de faire tomber une statuette de bronze, la retenant de justesse avant qu’elle ne s’écrase sur le marbre.
“Heu hihi monsieur le président!!” gloussant, pivotant sur mes talons aiguilles... lui faisant face… rougissant de sa remarque.
Il s’approche, un large sourire aux lèvres, je frissonne, me force à rester calme, mon cœur s’emballe.
“Mais qu’est ce tu fais la, t’es folle!”
“Bonjour Monsieur le Président... Betty Duval...”
Lui tendant la main. Il la prend, me fixant toujours de son regard de prédateur, de winner. “Venez, asseyez vous ma chère... je sais très bien qui vous êtes...”
Il me désigne un large fauteuil empire et je m’installe, faisant en sorte de bien tenir ma jupe courte, évitant de faire vulgaire, gardant mon sourire de femme du monde.
Il reste debout, je souris dans ma tête, voulant sûrement me dominer ainsi.
“J’aimerais avoir une femme telle que vous dans mon équipe Betty, vous permettez que je vous appelle Betty?” me fixant, me détaillant.
“heu oui bien sur Monsieur le Président... heu je ne suis pas libre pour le moment vous savez, je dois partir lundi pour Hanoï, pour un mois environ et ensuite, il y a...”
Hésitant de parler de mon mariage... le fixant à mon tour, je le sens nerveux, sa main droite bouge sans cesse... ne voulant pas lui dire non, sachant très bien ma réponse dans ma tête...
Je prends une grande respiration, me décidant enfin, le sentant prêt à m’écouter malgré son regard sur mes cuisses, sur mes seins.
“Je peux vous demander un grand service monsieur le président?”
Lle fixant, affolée, respirant fort... croisant lentement mes jambes, faisant crisser les bas dans le silence du bureau... il suit mon mouvement, se délecte de la vision des lisières des bas qui s’offre à ses yeux.
“Oui bien sur...je vous écoute; si je peux vous aider ma chère...”
Je serre fort mes cuisses croisées, le fixe...
“Monsieur Linus... le Capitaine Linus.. il est au secret, sur Calvi, vous le savez je suppose..” Betty tu es folle... je le fixe... et décroise lentement mes jambes... Il ne dit rien, son regard fixe sur mes cuisses qui se décroisent comme au ralenti, dévoilant une jarretelle rouge, en dentelle.
“Vous pourriez faire un geste de clémence... c’est un homme libre... il m’a sauvé la vie à plusieurs reprises”. Je cesse de bouger les jambes, restant en suspend à ses lèvres.
Il reste silencieux...
“Ce que vous demandez est énorme, vous en êtes consciente je suppose Melle Duval” revenant à mademoiselle, “la contre partie est importante.. vous comprenez qu’il y a toujours une contre partie, n’est ce pas?”.
Je rougis, tremblante... le corps noué de trouille “Oui monsieur le président...” le fixant, ayant du mal à calmer ma respiration qui s’accélère...
“C’est une affaire d’état, ce n’est pas pour rien qu’il est au secret.. cela dépasse largement les frontières.
Je me sens ridicule en cet instant, et je le fixe... tremblante...
“J’en suis consciente monsieur...”
Je m’adresse à l’homme...
“il a risqué sa vie pour moi.. je vous en prie...”
Je retiens à peine les larmes qui coulent de mes grands yeux bleus, j’ai du mal à contenir le flot d’émotion qui me submerge en pensant à Jean...
Il semble réfléchir, ne cessant de fixer mes cuisses que je resserre, tremblante…
“Vous accepteriez de faire partie de mon équipe?”
il s’approche, je tremble, vends mon âme en le regardant... bafouillant un petit oui faiblement, baissant les yeux. Je tressaute, sa main sur ma joue je redresse les yeux vers lui... tremblante... son regard.. ho mon dieu... il me veut, pas que dans son équipe... je suis folle... perdue et je pose mes mains sur son bas ventre, sans un mot, défaisant lentement sa ceinture alors qu’il caresse ma joue fardée.
Je redresse la tête, le fixe... respirant fort… laissant en suspend mon geste...sans bouger, attendant une réponse de sa part.
“Il sera libre mercredi au plus tard je vous l’assure”
Je déglutis... et continue, honteuse de ma conduite... et une main se glisse dans son boxer... je frémis, sa verge est encore molle, je la sors, tremblante et tends mon visage vers elle, fermant les yeux, me dégoûtant de ce que je fais et ouvre la bouche, la gobe, tremblante, écœurée et m’active, docile, faisant durcir son sexe dans ma bouche tiède, humide, il râle, je frémis, le sentant de suite prêt à exploser.. il se crispe sur ma nuque et en quelques secondes se répand sur ma langue en soufflant. Je n’ose pas bouger, sa queue ramollie de suite… et je redresse la tête, rouge de honte, confuse de ce que je viens de faire et me lève, tremblante, les jambes flageolantes... évitant de le regarder...
“Après votre séjour au Vietnam, contactez moi par Clémenté, il a mon portable direct... je vous donne un mois de plus pour le faire, ensuite vous serez dans mon équipe...” il se re-braguette, l’air content de lui.
“Bien monsieur le président...” m’apprêtant à sortir; un goût de vomi à la bouche.
Sa main m’arrête, je le fixe, respirant fort...
“Il va de soi que rien ne s’est passé ici, n’est ce pas?”
Je rougis, voulant m’enfuir, partir, oublier...
“Oui monsieur le président, oui.“
Baissant les yeux en m’éloignant, ayant du mal à marcher, reconduite par son homme de confiance.
Clémenté me fait signe en me voyant approcher, il réalise, à la vue de ma mine défaite qu’il a du se passer quelque chose et contrairement à son habitude, il reste silencieux, me prenant le bras comme un ami et me conduit vers le bar où nous avions rendez vous.
Je m’installe, en silence, face à lui, perdue dans mes pensées les plus sombres alors qu’il commande deux thés sans me poser de question.. Je redresse les yeux vers lui et le remercie d’un large sourire, faisant un effort sur moi même pour faire bonne figure.
“La rue d’Auteuil? c’est loin?” réalisant l’heure, m’étant décidé de prendre rendez vous avec la psychiatre que m’avait recommandé Jean... ne voulant plus repousser à nouveau Damien dans ses élans d’amour.
Trois heures plus tard je sors de chez cette femme, une grande écoute, je me sens mieux et me déride en marchant, décidant de rentrer à pied malgré l’humidité qui commence à tomber.
Damien est déjà là, il a sa tête des mauvais jours et me questionne sans relâche, me fait même une scène de jalousie, connaissant la réputation de coureur de jupon de Clémenté et pour la première fois on se dispute comme un vieux couple et je m’enferme dans la chambre pour bouder, le laissant à ses doutes. Et je vomis ce que j’ai bu dans l’après midi en repensant à ce nain de jardin...
Je ne regrette rien malgré mon dégoût de moi même, repensant à Jean, il me manque, j’aimerais tant qu’il me prenne dans ses bras en ce moment, sa force me rassure, sa simplicité sa présence et je m’écroule en larme, allongée sur le grand lit...
Je finis par me calmer un peu et prends une douche, j’entends Damien qui regarde la télé. Je sors, drapée d’un peignoir de bain et m’assois à ses côtés, voulant faire la paix avec lui. J’appuie mon visage sur son épaule et guide son visage vers le mien, l’embrassant tendrement, les yeux mi clos puis me lève pour préparer le repas du soir.
Il se lève en me regardant m’activer dans la cuisine et s’approche de moi dans mon dos sans un mot, me serre dans ses bras, je frémis, tourne la tête et l’embrasse, ouvre ma bouche et me détends, pivotant sur mes pieds nus en me tendant pour mieux l’embrasser, je me colle contre lui, la tête contre son épaule...
“Ne crains rien ma chérie, tout est fini maintenant, je suis là, je vais m’occuper de toi, je vais partir avec toi au Vietnam, j’ai l’autorisation de Laurent et ensuite nous nous occuperons du mariage...”
Je lui souris, sans retenir les larmes qui coulent de mon corps et sanglote dans ses bras... fermant les yeux en me laissant aller, laissant échapper le trop plein qui déborde.
“Excuses moi Damien, mais je n’ai pas faim, je vais me coucher, excuses moi...”
Me dégageant à regret, en douceur, lui souriant tristement, malheureuse, ne pouvant pas me contrôler, faire semblant et je file dans notre chambre. Je reste un long moment immobile dans le lit... le regard fixe vers le plafond, les yeux grands ouverts sans rien voir, aveugle et voyante.
Peu à peu je me ressaisis et une envie furieuse d’appeler ma copine de toujours, Nicole, ma complice de lycée, ma confidente que j’ai perdue de vue depuis que je suis au journal, depuis qu’elle s’est marié en province, dans le nord, ayant deux enfants coup sur coup
Je pouffe de rire dans ma tête en me disant.. une vrai poule pondeuse...
Ça sonne dans le vide.. je jette un petit coup d’oeil à ma montre, il n’est pas trop tard encore... je crains que ce soit son mari qui réponde... “Allo?” je soupire.. sa voix me réconforte...
“Allo Nicole.. bonjour ma chérie, c’est Beth...” Un cri strident à l’autre bout, je ris en l’entendant, elle n’a jamais fait dans la discrétion concernant ses sentiments et je suis ravie de sentir son plaisir, sa joie de m’entendre...
On papote comme si on ne s’était jamais quittées, des futilités de filles, des banalités, elle me raconte sa vie, ses enfants, ses chérubins d’amour, j’évite de me raconter, lui parle du Président, ne raconte pas tout bien sur...
“Je peux venir demain? c’est Samedi.. je pars Lundi pour le Vietnam, je ne pourrais plus après... s’il te plaît, j’ai envie de te voir, de te parler en face à face.
Elle hurle, à nouveau, de joie, à ma proposition...
Chaque jour, Jean épluche la presse Parisienne et nationale, quotidienne et hebdomadaire et rien sur Betty, son reportage, la Serbie. Il donnerait tout ce qu’il a pour lui passer un coup de fil, entendre sa voix, savoir ce qu’elle devient. .
L’attaché du chef de Cabinet du premier Ministre appelle la préfecture Maritime de Toulon. “Monsieur le Préfet, on est intervenu en haut lieu, sur le dossier Linus, pourriez vous aménager sa peine, oui le cadrage est il reste dans le coin de Calvi, on n’entend plus parler de lui et il ne contacte aucun de ses anciens amis jusqu’à mi septembre. Pour le reste on s’en fout, il peut aller à la pêche … Et si il ne respecte pas le deal, c’est direct, l’enfer vert, en Guyane et pas pour trois mois. D’après le Colonel Bollot, Linus a compris mais je me méfie de l’eau qui dort, garder un oeil sur lui.
C’est compris, je ferai le nécessaire lundi matin, et pour la surveillance j’ai une idée, il faut que je vérifie que c’est faisable. ”.
Damien fait un peu la tête alors que je lui annonce mon intention de passer le week-end sur Lille mais il se résout à cet idée, pensant que de revoir ma copine me ferait le plus grand bien avant de partir pour un nouveau reportage, se disant qu’il aura le temps au Vietnam, de renouer les liens qu’il sent distendus.
Et le samedi, je roule sur l’autoroute du nord, perdue dans mes pensées. Nicole m’a indiquée son adresse que j’ai réussi, non sans mal, avec une pensée émue, au souvenir de mon premier contact avec ces foutus engins, à introduire dans le GPS flambant neuf qui trône sur le pare brise face à moi.
Je suis à la lettre les indications de la voix féminine et je stoppe le moteur de la petite Mercedes devant une coquette maisonnette dans une rue où s’aligne une myriade de maisons identiques. Je sors, le coeur noué à l’idée de la revoir et sonne à la petite sonnette de l’entrée.
On se jette dans les bras l’une et l’autre et c’est à celle qui pleure le plus... Je ris, heureuse de la revoir et elle me conduit dans le salon.. Je souris, reconnaissant son style discret dans l’ameublement et elle me fait un thé en papotant, me disant que ses enfants sont à la crèche, son mari étant, une fois de plus en déplacement, il devrait rentrer vers 15 heure, voulant être toute à moi pour me recevoir.
Elle me propose d’aller les chercher une fois que nous aurons fini le thé et je la suis, lui tenant le bras. Je m’installe à ses côtés dans la Citroén Picasso familiale. Je la regarde, souris, elle a un peu grossi, même beaucoup me dis je en moi même, devenant silencieuse, lui prenant la main, l’arrêtant dans son geste d’ouvrir la portière devant la crèche municipale.
Elle me fixe de ses grands yeux amicaux, tendres et sincères
“Qu’est ce qu’il y a Beth..? ça va pas? je le sens...”
Elle serre ma main, me fixe.. je me laisse aller et pleure sur son épaule, en silence... elle me caresse la joue... sans un mot, me laissant me répandre. Je me redresse; elle m’embrasse tendrement en essuyant mes larmes
“Voyons Beth, tu es affreuse tu sais quand tu pleures, ou alors il faut pas que tu te maquilles ma chérie...” baissant le miroir de courtoisie en me tournant le visage et je souris tristement à la vue de cette poupée dégoulinant de larmes.
“Hihi tu as raison...” je pouffe de rire.. la regarde... “Comme dab!!” et la tapote de mon petit poing fermé en riant. “Je sais plus où j’en suis Nicole... je suis perdue...”
“Et si tu me racontais tout du début ma puce, je pourrais peut être comprendre... et peut être t’aider...” la bise qu’elle me fait sur le front me réchauffe le cœur et je me redresse, la regarde et commence mon récit, lui raconte tout dans le moindre détail, sans rien omettre de ce qui s’est passé vraiment, pas à elle, je ne pourrais pas lui mentir et je vide mon cœur, le déballe.
Je parle pendant une heure, sans m’arrêter... d’une voix claire et sans hésiter une seule fois mais lorsque j’arrive à la fin, je stoppe, la regarde...
“je l’aime tu comprends, je ne peux pas m’en empêcher, il me manque...”
Elle agrée, me caresse la joue à nouveau.. me tend un mouchoir...
”Tiens, essuie toi et remaquille toi, je ne veux pas que mes enfants te voient ainsi... je veux que tu sois la plus belle, comme tu l’as toujours été...”
Je souris, l’écoute, rassurée de son écoute, elle ne m’a pas interrompu un seule fois.
Nous récupérons les deux petits monstres qui emplissent l’espace de la voiture, occupent toute l’attention de Nicole, je suis contente de la voir ainsi, elle est belle comme mère… elle rayonne et mon cœur de femme la comprend
Nous retournons chez elle, je prend la petite fille, Alice dans mes bras, tandis qu’elle porte Kevin d’une main et de l’autre son gros sac.. la petite me fait de tendre sourire, s’amuse avec mes cheveux qui commencent à pousser, je me sens bien avec elle et je joue avec, la chatouille, l’embrasse, je me repais de son odeur et nous passons un bon moment en riant tous les quatre.
Le repas de midi est une fois de plus l’occasion d’une bonne rigolade, les deux chérubins s’en mettent plein la bouche, les joues et éclatent de rire.
Ce dimanche 27 mai, plutôt que de passer encore une soirée, à ruminer ayant du mal à trouver le sommeil, malgré l’exercice physique qu’il s’impose, Jean s’est installé au fond du salon télé du mess des officiers pour voir le premier match préparatoire de l’équipe de France en vue de l’Euro 2012. France - Islande à Valenciennes. Distraitement, il pioche dans une pile de magazines oubliés sur une table.
Il feuillette machinalement un Nouvel Obs, il avait cru comprendre que c’était pour cet hebdo que Betty devait faire son reportage. Son regard est accroché par une photo dans la page People. Sur la photo, Betty, superbe, dans une petite robe noire sage et coquine, entourée d’un jeune homme, sûrement le fameux Damien et bien droit, un Amiral en grand uniforme.
Il lit l’entrefilet, “Melle Betty Duval, notre nouvelle responsable déléguée de la Rubrique Monde entourée de son futur époux Damien d’Urville et de Victor de Malville, Amiral en charge de la région Méditerranée, lors d’une réception donnée à l’Ambassade de Croatie. Nous souhaitons nos meilleurs vœux de bonheur aux futurs époux Betty et Damien.”
Jean scrute la photo, Betty est rayonnante. Il est rassuré. Quant au texte, il se dit que les choses sont rentrées dans l’ordre, que la vie a repris son cours normal, qu’il a pris une sage décision en re expédiant Betty vers Paris, vers sa vie parisienne ...
Ces justifications ne l’empêchent pas de réprimer un pincement de cœur et il ressent un serrement la gorge. Il quitte discrètement la salle, déchirant la page pour garder la photo de Betty dans sa petite robe noire. “Heureusement que Bollot ne me voit pas, il dirait que je sombre encore dans le sentimentalisme” et part marcher dans le camp, respirant profondément l’air de la Haute Corse. Il aurait bien grillé un cigarillo mais au moins sa mise aux arrêts aura eu du bon, il a arrêté le tabac et il ne va pas repiquer. Ce sera donc Viña del Mar, il va falloir trouver un moyen de confirmer son intention d’achat … On verra dans la semaine ...
Lundi matin, le préfet appelle d’abord le camp Raffalli, “Oui, Colonel André Bollot des Moulins, ici le Préfet Maritime de Toulon, Oui sur ordre du Cabinet du Premier Ministre, une huile est intervenu pour ce Monsieur Linus, oui voilà le deal que vous pouvez lui proposer. Et il lui répète les conditions fixées et “je me répète à la première incartade, il se retrouvera chez vos collègues à Kourou. Bien sûr, tout cela sera à ses frais, à lui de se trouver une petite bicoque dans un rayon de 10 kilomètres autour du camp. Il devra venir vous voir deux fois par semaine. C’est clair ? Parfait alors, je vous laisse lui annoncer...”.
Puis il compose le numéro du chef de la base aérienne de Solenzara. “Bonjour, je ne vous dérange pas, ici le Préfet Maritime de Toulon, Vous allez bien … oui, j’ai une demande est un peu délicate, un peu touchy”, il est gêné. “Vous vous rappelez le dossier Linus, … Oui tout à fait, un huile est intervenu pour aménager ses conditions de détention, mais je me méfie du bonhomme, un corsaire reste un corsaire. J’aurai voulu le faire surveiller discrètement sans qu’il se doute de quelque chose... Voilà, quand je suis rentré sur Toulon la semaine dernière, j’ai été accompagné par votre Lieutenant, une rousse, Karine Lupin, je crois un nom comme cela … Oui Corine Lepin c’est elle. Mon idée, vous allez lui donner une semaine de permission “gratuite”, elle devra se faire passer pour une cadre parisienne qui vient se ressourcer en Corse pour évacuer le stress de son boulot... Oui il va s’installer dans une petite maison à proximité du Camp Raffalli... Non, non, pas de coucherie, je lui demande juste de nouer connaissance, parler avec lui... cela devrait être facile en jouant les demoiselles en détresse, en plus, il n’a pas pu parler à quelqu’un depuis son arrivée à Calvi. De mémoire votre lieutenant sera parfaite pour ce job. Juste pour quelques jours... Je vous laisse la convaincre, elle sera prioritaire pour une nouvelle affectation, j’ai bien conscience de l’effort que va représenter pour elle ma demande. Oui le plus tôt sera le mieux. Bonne Journée.”
Le Colonel Bollot intercepte Jean qui partait pour rejoindre l’entraînement matinal. “Un moment Monsieur Linus”, le prenant à l’écart, il précise, ”Je vois que vous bénéficiez d’appuis puissants pour un mercenaire, le préfet maritime m’a appelé ce matin …”. Jean retrouve le sourire, une pensée émue pour Betty, son côté énergique, volontaire. qui a dû réussir à actionner je ne sais quel levier. “Linus, on ne s’emballe pas, votre détention est aménagée mais vous êtes toujours assigné à résidence à Calenzana. La différence, vous pourrez quitter le Camp et vous installez dans une location, ce sera plus sympa. Tout cela à vos frais bien sûr. Vous devrez venir pointer à mon bureau deux fois par semaine. Vous retrouverez votre liberté de mouvement mi septembre. J’ai votre parole, le pacte de bonne conduite vous le respecterez ?, je vous le conseille, car j’ai cru comprendre que certains de vos ex amis ne vous veulent pas que du bien, alors à bon entendeur salut. “
“Merci Bollot, je ne vous créerai pas d’ennui d’ici septembre. “
Le colonel lui rend son portefeuille. “C’est parfait, si cela vous dépanne, j’ai un charmant Pailler Corse avec jardin à Calenzana, je peux vous louer pour 750€ la semaine. Ce n’est pas grand mais pour une personne seule c’est parfait. 50 m2 habitables, deux pièces dont une chambre. Un petit jardin. C’est dans un état impeccable, nous venons de tout refaire, la plomberie, l’électricité. Entre mer et montagne comme on dit ici, dans la garrigue. En plus, ce n’est pas très loin du départ du GR20, au calme et vous pourrez aller au village ou au camp à pied. “
Jean ne discute pas, il veut faire simple et si en plus il se met dans les bonnes grâces du Colonel c’est tout bénef. “Tope là, je vous règle tout d’avance jusqu’à septembre et encore merci pour votre accueil”.
Le Colonel lui remet une carte avec la localisation précise de la maisonnette et un jeu de clés. “Bon séjour et n’oubliez pas, on se voit deux fois par semaine. Vous pouvez garder votre bardas, vos tenues, c’est compris dans le forfait”.
“Je peux vous demander une dernière faveur, je voudrai envoyer un SMS, à celle qui je pense est ma bienfaitrice. “ “Pas de problème, Linus, je ne suis pas un sauvage” et lui tend son Smartphone. Jean pianote “Merci Betty, grâce à toi je quitte le camp, pour 3 mois de vacances à Calenzana B-) Je t’ai vu en photo avec l’Amiral. PS: tu es superbe. Meilleurs voeux de bonheur”. Il appuie sur la touche ENVOI. Toujours précautionneux de nature, il supprime le message et rend l’appareil en ponctuant son geste d’un “A jeudi alors.”
Après quelques échanges de fax, entre Calvi et Toulon puis vers Solenzara, Corine Lepin, décrypte une carte grande échelle de Calenzana, la maisonnette est clairement identifiée. “Parfait, c’est à côté du départ du GR20, cela va faciliter mon entrée en matière”.
Elle monte dans sa DS3 Black Edition, sa folie, et rentre chez elle pour se préparer. Une semaine de perm à l’œil, l’occasion de sortir de la routine et tout cela en plein milieu du printemps Corse, la vie est belle. Et qui sait où va conduire cette rencontre avec une “légende vivante.”.
Corine rentre chez elle, contente, une semaine sans subir l’atmosphère macho de la base, où elle est la seule femme officier. Elle se met dans le rôle du personnage, une bobo Parisienne, cadre dans une boîte de conseil, venant se détendre une semaine en faisant de la rando seule en Corse. Elle se déshabille, prend une douche, se lave ses cheveux, pour renforcer ses boucles naturelles. Elle se sèche devant sa grande glace, et en riant pense “Gare à toi la légende vivante, méfie toi du charme des rousses …”.
A regret, pour cadrer avec son personnage de parisienne, cadre bobo solitaire, et en vadrouille, elle renonce à tout maquillage et même à se parfumer.
Sa condition physique est parfaite, son allure sportive tout en restant féminine, elle fait la moue, juste cette poitrine un petit 85B et ses fesses un peu plates, son complexe secret. Nue, elle remplit son sac à dos avec soin, deux chemises écossaises un peu épaisses, deux chemisiers sans manche, un vert anis, l’autre orange flashy, une polaire, les nuits peuvent être fraîches. Elle ajoute un jean épais noir et un bermuda beige. Puis finir, des petites culottes fleuries, en coton, elle hésite et rajoute deux parures plus sexy en dentelle et soie, l’une vert amande, l’autre crocus, un mauve pastel, et son dernier achat compulsif, un maillot de bain une pièce orange fluo et pour terminer un pyjama court bien sage.
Elle finit de compléter son barda. Et enfin, choisit avec soin sa tenue, qui sera celle de sa rencontre avec l’ex commandant, pour rentrer dans son rôle, culotte confortable et soutien gorge assorti rose pastel,, bermuda noir, chaussettes de marche, et une chemise épaisse d’homme. Elle enfile enfin sa veste de randonnée, “vert perroquet”.
“Parée Corine en route pour la gloire”, se dit elle, elle a préparé son approche, se garer discrètement à L’île Rousse, se mêlant aux premiers touristes, profiter de la mer l’après midi. Et le lendemain matin, elle fera le chemin à pied jusqu’à Calenzana, une bonne vingtaine de kilomètres. Son allure après ces quatre heures de marche, cela devrait crédibiliser son histoire.
En treillis, le sac à dos rempli de sa maigre dotation, Jean quitte sans regret le Camp Raffalli, se dirigeant vers son Pailler, un peu à l’extérieur de Calenzana. Il pense à Betty et se dit qu’il vient de foirer sûrement l’occasion de sa vie. Il n’a pas oublié les deux “Je t’aime” de Betty. Il ne va pas rester les bras croisés, 3 mois à poireauter sous le soleil Corse. Il a besoin d’agir. Première étape réactiver son réseau, collecter des informations pour y voir plus clair et ensuite aviser.Au bord du chemin, il voit arriver en face de lui deux jeunes mères de famille, chacune guidant sa poussette. Il se dirige vers elles, les aborde, prenant un accent anglais, se donnant un air triste. Il les sent se raidir, surprises, inquiètes. Il débite sa légende, faisant semblant de jeter un regard inquiet vers le Camp. “Excuse Madame, ici on prend téléphone, ma fiancée téléphoner, aide me ? two minuts, please” et il lève deux doigts. Les deux jeunes femmes craquent devant ce grand dadais au crane rasé, et l’une d’elle lui tend son portable “You can, no problem...”.
“Oh merci, thanks.” et lui donne une grande accolade. Jean rappelle sa commanditaire pour l’opération Serbe, elle lui doit bien un service, la disparition du Général n’a pas été pour leur déplaire. Il pianote, puis une conversation en anglais. Il raccroche l’air épanoui, rend le téléphone à la maman; réjouie à l’idée d’avoir fait une bonne action, et rajoute un billet de 20 €, “For the baby, thanks” et il montre le bébé du doigt.
L’échange a dépassé ses espérances, il va recevoir sa commande demain : Smartphone, tablette 3G+, des fringues potables, de bonnes chaussures de rando adaptées à la région, une méthode d’apprentissage du Corse et il a pu faire lancer une discrète enquête sur Damien et la famille d’Urville. plus la surprise, il a touché le jackpot, 500 000 $, pour la malencontreuse disparition du Général, un don d’un milliard
Diffuse en direct !
Regarder son live