Le site de l'histoire érotique
  • Histoire érotique écrite par
  • Fantasme
  • Publié le
  • Lue {{{NB_VUES}}} fois
  • 28 J'aime
  • 2 Commentaires

Les amour d'un jeune Grec

Chapitre 1

Gay
Je suis tiré de mon sommeil par une voix qui m’appelle. Mon esprit encore embrumé se demande où il se trouve. Rapidement, l’ombre du chêne-vert, l’herbe sèche sur laquelle je suis couché, les chèvres éparpillées qui broutent non loin de moi me rappellent à la réalité. Un grand soleil brille sur les collines où s’alignent les oliviers. Au loin scintille la mer, devant laquelle s’étalent les blanches murailles de la ville et les toits roses des maisons.   J’ai bien dormi. Le troupeau docile n’a pas profité de mon somme pour s’éparpiller. Qu’iraient-elles d’ailleurs chercher, mes chèvres, elles qui me connaissent depuis leur naissance et chérissent plus que tout la fraîche étable où je les ramène chaque soir ? Je m’assieds en cherchant qui m’a appelé. Un peu en contrebas passe une route. La poussière n’a pas fini de retomber derrière un chariot à l’arrêt, chargé de meubles et de paquets. Un homme tient les rênes tout en me faisant de grands signes. D’après la silhouette et le véhicule, je reconnais Eucratès, le mari de ma grande sœur Cassandre. Je me lève et descends vers lui en trottinant.
— Salut, Polymaque ! me lance-t-il. Comment vas-tu ? Par Hercule, cela fait une éternité que je ne t’ai pas vu !— Salut, Eucratès. Je vais bien, comme tu vois. J’ai été souvent à garder les chèvres de mon père ces temps-ci. Mon précepteur est malade et je préfère passer le temps dans la campagne plutôt que dans la ville.— Tu es original, toi. Un petit poète en herbe ! En tous cas tu ne vas plus t’ennuyer, écoute la nouvelle. Ton oncle Diomède me propose un travail à Apollonia. Je vais donc déménager là-bas. Cassandre restera quelque temps ici à s’occuper des enfants. La bonne nouvelle, c’est que j’ai obtenu la permission de ton père de t’emmener !— Comment ça ? Je dois partir avec toi, maintenant, pour aller à Apollonia ? Et pourquoi ?— Pour m’aider, par Zeus ! Un voyage de plusieurs jours, ce n’est pas très drôle ni très facile, tout seul. De plus ça t’occupera en attendant le rétablissement de ton précepteur. Et ton oncle, qui ne t’a vu que tout bébé, semble impatient de faire ta connaissance. Penses-tu ! Lui qui n’a pas d’enfant, il va être ravi de voir son neveu devenu un grand garçon ! Alors, qu’en dis-tu ?
   Je réfléchis quelques instants. L’aventure me parait audacieuse, moi qui ne me suis jamais éloigné de la ville à plus de soixante stades. Mais ce petit voyage m’excite aussi. Sortir du train-train quotidien n’est pas pour me déplaire, et passer plusieurs jours avec pour seul représentant du monde adulte mon beau-frère assez sympathique me semble de loin préférable à ma situation actuelle.
— Je veux bien, réponds-je enfin en souriant. Le temps de ramener les chèvres à l’étable et de faire mon bagage et j’arrive.— Oh non, ne prends pas cette peine, réplique Eucratès en riant. Garçon ! crie-t-il en se retournant, debout !
   À ces mots, je vois un jeune esclave se relever promptement. Le chargement du chariot me le cachait. Je le reconnais ; il appartient à mon père.
— Va surveiller les chèvres que tu vois et ramène-les ce soir à ton maître. Allez, monte, dit-il en s’adressant de nouveau à moi. Ta mère m’a déjà donné ton bagage. Pas de temps à perdre !
   Un peu étourdi par la soudaineté des événements, je monte m’asseoir à ses côtés. L’esclave est déjà loin, à trotter vers mon troupeau. Eucratès pique les boeufs et nous voilà partis.
— Garder les chèvres est un travail d’esclave ou de paysan, tu devrais laisser ça aux serviteurs de ton père, tu sais.— C’est ce que mon père me dit, mais je préfère cela à passer la journée en ville.— Et pourquoi ? À ton âge, rien ne me barbait plus que les leçons du précepteur, mais dès que je pouvais je courais à la palestre ou au gymnase pour m’amuser avec mes amis ! Pourquoi ne fais-tu pas pareil ? Tu n’as pas d’amis ?— Oh si, j’en ai…

   Je n’arrive pas à en dire plus. Il y a des choses trop difficiles à expliquer. Comment lui dire le malaise qui me prend depuis quelques temps à chaque fois que j’approche du lieu où s’entraînent tous les jeunes garçons de la ville ? Voyant ma mine renfrognée après ma réponse interrompue, Eucratès se penche vers moi, l’air interrogatif.
— Eh bien, petit frère ? Que se passe-t-il ?
   C’est le terme affectueux dont il m’a affublé depuis qu’il a épousé ma sœur, il y a cinq ans. J’aime lorsqu’il prend ce ton protecteur, et son beau visage inquiet m’encourage. À lui je peux dire les choses qui m’alourdissent le cœur.
— Ce n’est pas facile à dire, grand frère. En fait, je n’ai plus envie de voir certaines personnes.— Quelles personnes ? Quelqu’un t’a fait du mal ? Dis-moi, je ne laisserai pas ça passer !— Oh, non, personne ne m’a fait de mal ! Et pourtant j’ai peur de revoir quelqu’un. Quelqu’un devant qui je tremble et me sens comme paralysé.— Tu te sens donc menacé ? Par qui ? Pourquoi ?— Ce n’est pas une menace que je ressens. Pas tout à fait. Dis-moi, Eucratès, quelle est la fois où tu as été le plus angoissé dans ta vie ?
   Son visage s’éclaire.
— Ah, cette fois-là, je m’en souviendrai toute ma vie ! C’est lorsque j’ai réussi à trouver un moment où ta sœur était seule pour venir lui parler et lui dire que je l’aimais. Ce jour-là, je t’avoue, j’avais l’estomac tellement noué que j’ai cru tomber par terre à chaque pas que je faisais vers elle. Et puis j’ai tout dit, je l’ai regardée, elle m’a souri, et à ce moment-là ta mère est entrée. Elle a hurlé de surprise en voyant un homme dans le gynécée, ça a rameuté toute la maison ! Heureusement, ton père a écouté mon histoire et l’a très bien pris. Il en rigole encore quand je lui en parle.
   Il éclate de rire à ce souvenir. Je souris, mais mon silence finit par l’étonner. Alors il comprend.
— Oh, mais… c’est cela dont tu veux parler ? Alors tu es amoureux ?
   Je suis content de ne pas avoir eu à le dire moi-même. Soulagé, je réponds par l’affirmative.
— Et… de qui ?
   Je prends une grande inspiration.
— Il s’appelle Alexandre. C’est le troisième fils de l’archonte.— Par les couilles de Zeus ! s’exclame-t-il en ne pouvant retenir sa surprise. Eh bien, mon gars, tu ne vises pas la moindre des poulettes !
   Le ton familier qu’il a pris par réflexe me fait rire. Tout comme la comparaison de mon Alexandre avec une poulette.
— Alors ça ne t’étonne pas que j’aime un garçon ?— Écoute, non. Je l’ai déjà vu aux jeux, je comprends qu’on puisse avoir le béguin pour un garçon aussi bien foutu. Mais lui, il sait que tu l’aimes ?— Non. Je ne lui ai rien dit. Tu imagines ? Le fils d’un petit bourgeois, pas très beau ni très intelligent, qui déclare au bel et brillant Alexandre, fils du richissime archonte, qu’il l’aime, alors qu’en plus il préfère sans doute les filles, il y a de quoi rire !— Vu comme ça…
   Il se tait, pensif. Résumer ainsi mes malheurs me remet un goût amer dans le cœur. 
— Tu sais, je ne dis pas ça pour te consoler… enfin un peu… Mais tu vois, rien ne nous dit qu’il ne t’aime pas… ou qu’il ne t’aimerait pas si tu lui disais. Bien sûr, c’est difficile à avouer, on a peur de se prendre un râteau. Mais tu n’es pas si mal, tu sais. Tu es même plutôt beau. Ton père m’a dit que d’après ta mère, il y a plusieurs filles qui en pincent pour toi, et leurs mères n’y voient pas trop d’objection, même de plus riches que nous. Souviens-toi du concours de déclamation, l’année dernière. Tu as fait pleurer tout le monde avec ton élégie. C’était digne d’un aède professionnel ! Je pense que beaucoup de filles ont des sentiments pour toi.— Je me fous des filles, c’est Alexandre que je veux.— Mauvaise tête, va ! Je te fais des tas de compliments et tu joues à la princesse entêtée. Ce que je voulais dire, c’est qu’il n’est peut-être pas indifférent. Mais le seul moyen de le savoir, tant qu’il ne t’a rien montré, c’est de lui demander toi-même.— Hélas ! Sur la vie des Grecs, je n’aurai jamais le courage.— Alors il faudra jouer la séduction et guetter les petits signes qui te diront s’il est tombé amoureux.— Tu sais, toi, comment on séduit un garçon ?
   Silence méditatif. Il reprend en souriant.
— Tu sais, j’ai beau aimer les filles, il m’est arrivé des choses quand j’avais ton âge. Je passais mon temps au gymnase avec mes copains. J’adorais le sport, et aussi rigoler avec eux. On parlait des filles de temps en temps, bien sûr, mais comme elles étaient toutes bien tenues par leurs mères et que le mariage signifiait pour nous la fin de la liberté, on s’en passait assez bien. Et puis il y avait ce copain, tu le connais, Léandre, le marchand d’amphores, avec qui je m’entends encore assez bien. Un rigolo, celui-là ! Nous étions tout le temps fourrés ensemble à faire les quatre-cent coups. Un jour, on s’est dit que ce serait marrant d’essayer des choses ensemble… Nous étions tous les deux attirés par les filles, je te jure ! Mais nous étions de bons copains, et à notre âge nous avions envie de découvrir ce que ça faisait que de faire l’amour. Alors on l’a fait plusieurs fois ensemble. C’étaient de merveilleux moments. Qu’est-ce qu’on s’est fait plaisir tous les deux ! Pendant un ou deux ans ça nous a tenu lieu d’une fille, et puis j’ai repris le métier de mon père, j’ai commencé à commercer avec le tien, j’ai rencontré ta sœur et je l’ai aimée.
Du même coup, je n’avais plus besoin de ce genre de choses avec Léandre, qui a lui aussi trouvé sandale à son pied. Mais je ne regrette pas du tout cette période de ma vie.   Je suis tout retourné par cette histoire. Une vague de chaleur est remontée de mon estomac jusqu’à mes joues qui doivent être écarlates. Je sens que mon sexe a durci. C’est la première fois que mon beau-frère me parle de sa vie sexuelle, et j’en suis tout émoustillé.
— Et alors ? articulé-je avec un peu de difficulté. Comment cela m’aide-t-il pour séduire Alexandre ?
   Il me jette un sourire en coin.
— Ça montre que les garçons ne fonctionnent pas qu’à l’amour. Tu ne peux pas décider de faire tomber quelqu’un amoureux. C’est Eros qui décide de ça, précise-t-il en pointant le ciel. Mais ce que tu peux faire, c’est devenir son ami, un ami si proche qu’un jour ça l’amusera peut-être de faire des choses plus coquines avec toi.— Il ne me plaît pas, ton plan. Tu veux dire qu’il faudra que je cache mes sentiments, que j’essaie de devenir seulement son ami, en espérant qu’il lui prenne soudain l’envie de goûter au garçon ? Ce n’est pas simplement de lui faire l’amour que j’ai envie, c’est qu’il m’aime comme je l’aime !— Ha ! C’est drôle, comme tu t’emballes. Écoute, joli cœur immature, as-tu seulement un fois discuté avec ton bel éphèbe ? Sais-tu ce qu’il aime, ce qui l’intéresse, ce qu’il veut faire plus tard ? Connais-tu ses amis proches ? Connais-tu autre chose de lui que ce que ta petite imagination en chaleur a inventé lorsque tu te masturbais en le regardant en cachette ? Redescends sur terre, petit frère. Tu es tombé amoureux d’un jeune corps blond et musclé, mais pas d’Alexandre. Tu ne le connais pas, Alexandre. Ce que tu appelles amour, ce n’est rien d’autre que ton corps qui désire un beau corps pour se satisfaire. Ça ne va pas plus loin. Alors ne rêve pas de passer ta vie avec ce garçon, parce que ça n’arrivera jamais, et que le mieux qui peut t’arriver, c’est d’avoir la chance de devenir suffisamment son ami pour que ça le fasse rigoler un jour de se frotter à toi. Tu m’entends ?
   J’ai l’impression d’une douche froide. Le ton ferme qu’il a employé ne dissimule pas la vérité de ses paroles et le souci qu’il se fait pour moi. Vexé de voir ainsi déprécier mon amour, mais en même temps ébranlé dans mes convictions, je croise les bras et boude.
Diffuse en direct !
Regarder son live