Nous étions réunis dans la pièce commune. Tout le monde était présent. Léodegran commença : — Chers camarades challengers du péril, une nouvelle mission s’offre à nous.— Arrête de faire ton paladin, dit Sourisse, on va juste faire notre travail. Andgaar reprit : — Ce matin, alors qu’elle était allée cueillir des plantes dans les collines, Astrid la fille de Mermehd le marchand a été enlevée.— En est-on sûr ?— Oui, des paysans dans les champs en contrebas ont aperçu les orcs commettre cette exaction. Ils étaient une dizaine.— La pauvre, quelle idée d’aller seule dans les collines... — On ne le dira jamais assez... Andgaar interrompit cette conversation de comptoir de taverne : — Nous nous équiperons dès la fin du briefing et partirons aussitôt prêts. Selon les renseignements recueillis, ce sont les orcs du clan des rats qui ont fait le coup. Ils ont un campement à dix lieues d’ici.— Ça fait loin, dit Garmil.— Mégane, dit Léodegran, as-tu pu recevoir ta formation dans ta guilde la semaine dernière ?— Oui et je confirme savoir désormais téléporter un groupe de huit personnes, dont moi-même.— Chance, dit Andgaar.— Il me faut visualiser les lieux d’atterrissage du groupe.— Nous avons déjà fait un coup de force l’an dernier au fort du clan des rats, tu t’en souviens ? demanda Andgaar.— Oui.— Saurais-tu nous transporter à un demi-lieu du fort ?— Oui, il y aux bois en lisière, cela sera discret.
Andgaar poursuivit : — La nuit est sans lune et avec une bonne couverture nuageuse, nous devrions pouvoir nous approcher discrètement du fort depuis la lisière où nous nous serons matérialisés.— D’après nos renseignements, la garnison actuelle est de cinquante orcs, dit Sourisse.— Ah oui, quand même dis-je.— Il y a une garde active de douze orcs, sur les miradors et les remparts. Il faudra les neutraliser discrètement, l’idéal serait de le faire simultanément, ajouta Andgaar.— J’ai ma nouvelle arbalète multi-flèche, dit Garmil, je peux en tuer deux ou trois l’un après l’autre si je m’occupe d’un des murs.— Les murs sont en bois, demandais-je ?— Oui, dit Sourisse, et ils sont récents.— Tu crois que le bois est encore vert ?— Le mur du sud a brûlé récemment, le bois du mur a dû être coupé il y a peu, me répondit-elle.— Mégane, tu crois que je pourrai faire une croissance végétale pour piéger les orcs sur ce rempart ?— Il y a cinquante pour cent de chances que cela marche... c’est pas top...— Tant pis, on prend le risque, dit Andgaar, donc Aldvin en charge des orcs du mur du Sud, Garmil, mur de l’Est.— Je peux balancer une illusion sur un des murs pour faire croire que tout est normal, elle durera dix minutes, pas plus.— Ça marche, dit Andgaar, Mégane, mur de l’ouest. Reste le mur du Nord.— Je peux escalader les remparts et neutraliser un garde, dit Sourisse, je sais faire.— Il en reste potentiellement deux sur le mur du Nord.— OK Léodegran, et moi avec chacun un arc aussi sur le mur du Nord, on couvrira de plus Sourisse qui pourra ensuite nous ouvrir la porte Nord. Garmil, Aldvin et Mégane, dès vos gardes neutralisés vous nous rejoignez côté Nord.— D’accord, répondîmes-nous en chœur.— Ah j’oubliais, dit Andgaar, enduisez les flèches et les carreaux de poison pour les tirs à l’arc et à l’arbalète. Mégane surtout pas de boules de feu à ce stade, cela ruinerait notre effet de surprise. Il est probable que la fille soit retenue dans le bâtiment principal, nous ne savons pas combien ils seront à l’intérieur, peut-être pas loin d’une quarantaine...— Pas sûr dit Sourisse, les orcs dorment aussi la nuit. — Attaque vers minuit, dit Andgaar. La salle principale donne sur la cour du fort. Une fois entrés dans la cour du fort, Sourisse fait le tour des remparts pour égorger les orcs immobilisés par Aldvin et Mégane, puis on passe en assaut renforcé sur la salle principale au centre du fort : on ouvre la porte, on entre, boules de feux au maximum, combat en trinôme Aldvin Léodegran et moi, Garmil reste avec Mégane pour la défendre au cas où et reste près de la porte.— Eh, ça va, protesta cette dernière, je ne suis pas en sucre et j’ai ma dague et mes sorts !— Il n’en demeure pas moins que tu es la plus vulnérable d’entre nous...— C’est toujours pareil, ajouta-t-elle.— Et bien entendu, je fais mes affaires moi-même, dit Sourisse. Bon, vous savez que je prépare ma qualification d’assassin...— On espère par cet assaut avoir neutralisé la majeure partie des orcs. Espérons aussi que la jeune fille sera là. On la récupère et on dégage.— Et si elle est blessée et pas en état de se déplacer ? dit Mégane. Je ne peux pas faire ma téléportation, de retour comme ça sur un claquement de doigts, en plus je serai en limite de potentiel magique en termes de rechargement des sorts...— Bien vu, dit Andgaar. Une fois l’assaut terminé et la fille récupérée et si elle n’est pas en état de se déplacer, je prends les armes de Léodegran et il porte la donzelle.— Et pourquoi moi ? demanda Léodegran.— Tu le sais très bien, tu es le plus costaud d’entre nous.— Ce plan m’a l’air très bien, dit Mégane. Nous acquiesçâmes. Je le trouvai quand même un peu rentre-dedans.Le briefing terminé, nous nous équipâmes donc et nous rassemblâmes dans la cour. Mégane se concentra un long moment puis prononça un chant elfique. Ma vue se brouilla et j’eus le sentiment d’être tiré dans tous les sens. Alors que mes sens revenaient, je vis mes compagnons autour de moi. Nous étions en lisière d’une forêt. A environ une demi-lieue, nous apercevons dans la prairie les lumières du fort du clan des rats. Notre progression fut lente et discrète. Nos habits étaient sombres, nos peaux claires enduites de charbon de bois et nos armes au fourreau. Nous étions très peu visibles et heureusement pour nous les orcs avaient des yeux comme ceux des humains, ne voyant pas la chaleur des corps. Arrivés à proximité du fort, nous nous répartîmes vers les murs qui nous avaient été assignés. J’étais seul face au mur dont j’avais la responsabilité. J’eus le sentiment de jouer le succès de mon sort aux dés*... Je psalmodiai mon chant tout doucement pour ne pas être entendu. Pourvu que le bois soit encore vert ! J’avais réussi, les orcs étaient maintenant entourés de fines branches qui les entouraient. Je rejoignais la porte du mur Nord. Sourisse avait ouvert la porte du fort. Elle revit vers nous et essaya sa dague sur un chiffon.Léodegran donna le signe de la progression vers la salle centrale. Sourisse ouvrit la porte. Mégane envoya trois boules de feu simultanées. Nous entrâmes selon l’ordre prévu. Les orcs avaient été sonnés par les boules de feu et il nous fut aisé de les passer un par un par le fil de l’épée. Nous en tuâmes vingt-quatre. Le dernier fut tué par Andgaar. La fille était inconsciente et avait dû subir des mauvais traitements. Les orcs n’avaient eu que ce qu’ils méritaient. Léodegran l’enveloppa dans une couverture et la mit sur son dos avec grande facilité. Nous sortîmes dans la cour, puis du fort. Pas d’autres orcs en vue. Nous allâmes jusqu’à la lisière du bois. Mégane avait les batteries à plat, avait besoin de se recharger**. Nous attendîmes deux heures que notre magicienne retrouve suffisamment de potentiel pour faire sa téléportation de retour.Une fois à la maison, Garmil examina la jeune fille, toujours inconsciente. — Je peux la soigner, mais pas seul, je dois l’emmener au temple. Nous pouvons la reconstruire...— D’accord, dit Sourisse, nous t’accompagnons.— Désolé, j’irai seul, portez-la jusqu’à la carriole. Une fois de plus, Garmil faisait des mystères vis-à-vis de son temple...Garmil Parti, nous nous fîmes tous l’accolade pour nous féliciter du succès de l’opération. Andgaar dit : — J’aime les plans sans accrocs ! Je lui répondis : — Et si on changeait le nom du groupe : « agence tous risques » cela sonnerait mieux, non ?— D’où tu sors ça ? dit Léodegran.— Je ne sais pas, c’est venu comme ça... Nous étions fatigués. La nuit serait réparatrice.(à suivre) — clin d’œil aux techniques de jeu de Donjons & Dragons...—*Désolé, c’est venu comme ça...
